<p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:right"><span style="font-size:12pt">Sondes ben abdallah, LLACS - EA 4582, Universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry (Montpellier)</span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <ol start="2" style="list-style-type:lower-roman"> <li value="1">&nbsp;</li> </ol> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Le paradigme</span> <span style="font-size:12.0pt">historique patriarcal s&rsquo;est toujours auto-attribu&eacute; l&rsquo;acte de la &laquo;&nbsp;cr&eacute;ation&nbsp;&raquo; (limitant le r&ocirc;le de la femme &agrave; la procr&eacute;ation). On a donc consid&eacute;r&eacute; comme &laquo;&nbsp;cr&eacute;ation&nbsp;&raquo; tout acte de production. Cette conception de la cr&eacute;ation/production a abouti non seulement &agrave; la n&eacute;gation de la nature, mais aussi &agrave; la n&eacute;gation de l&rsquo;histoire, puisqu&rsquo;elle consid&egrave;re que toute &laquo;&nbsp;chose&nbsp;&raquo; ant&eacute;c&eacute;dente n&rsquo;a pas de valeur, pas de signification et donc pas de droits. Ainsi, en voulant tester ses limites en termes de &laquo;&nbsp;cr&eacute;ation&nbsp;&raquo;, le d&eacute;veloppement patriarcal est un processus qui a n&eacute;cessit&eacute; une certaine destruction de l&rsquo;histoire culturelle et naturelle. D&egrave;s lors, l&rsquo;homme pouvait consid&eacute;rer ses invasions comme des &lsquo;d&eacute;couvertes&rsquo; et ses colonisations comme une &laquo;&nbsp;cr&eacute;ation&nbsp;&raquo; d&rsquo;une civilisation. </span><span style="font-size:12.0pt">Theodore Roosevelt<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[1]</span></a> c&eacute;l&eacute;brait, en 1889, l&rsquo;invasion des terres d&rsquo;Am&eacute;rique et le pillage des populations originaires en ces termes&nbsp;: &laquo;&nbsp;ce grand continent ne pouvait pas continuer &agrave; &ecirc;tre seulement un parc de jeux pour les sauvages.&nbsp;&raquo; Cinq cents ans apr&egrave;s cet &eacute;v&eacute;nement, le pouvoir patriarcal continue de consid&eacute;rer tout ce qui est &laquo;&nbsp;originaire&nbsp;&raquo; comme sauvage.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt">&nbsp;<span style="font-size:12.0pt">Des &eacute;tudes r&eacute;centes nous montrent que la tradition de la <em>chasse aux sorci&egrave;res </em>n&rsquo;&eacute;tait pas, comme les historiens veulent bien nous le faire croire, le r&eacute;sultat d&rsquo;un &laquo;&nbsp;moyen &acirc;ge sombre et superstitieux&nbsp;&raquo; mais le point de d&eacute;part &laquo;&nbsp;d&rsquo;un &Acirc;ge nouveau de modernit&eacute;, l&rsquo;&egrave;re des d&eacute;couvertes et des inventions, de la science et de la technologie modernes.&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[2]</span></a> </span><span style="font-size:12.0pt">Consid&eacute;r&eacute;e comme un chaos &agrave; ordonner, la nature a toujours &eacute;t&eacute; investie de valeurs li&eacute;es &agrave; la f&eacute;minit&eacute; : sa colonisation ne pouvait &ecirc;tre possible sans la colonisation simultan&eacute;e de la femme.</span> </span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Cet article tente d&rsquo;expliquer l&rsquo;influence du processus colonial sur les identit&eacute;s politiques, socio-&eacute;conomiques et culturelles des femmes en introduisant une r&eacute;flexion &eacute;cof&eacute;ministe et postcoloniale. </span><span style="font-size:12.0pt">Les femmes en situation coloniale et post-coloniale ont &eacute;t&eacute; doublement n&eacute;glig&eacute;es : d&rsquo;abord comme <em>sujets de l&rsquo;histoire</em> par les colonisateurs et puis comme <em>sujets d&rsquo;&eacute;tude</em> par les historiens. Quelle est donc la v&eacute;ritable exp&eacute;rience f&eacute;minine face &agrave; la guerre ? Et comment la raconter ? Et puis, quel impact a la colonisation sur le syst&egrave;me du genre ? </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <ol> <li style="text-align:justify"><span style="font-size:24pt"><span style="font-size:12.0pt">L&rsquo;exp&eacute;rience des femmes face &agrave; la guerre </span></span></li> </ol> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Loin des champs de bataille, des armures et des mitraillettes, les femmes ne sont pas moins au c&oelig;ur de l&rsquo;exp&eacute;rience coloniale. L&rsquo;exp&eacute;rience de la guerre ou de la colonisation provoque un repli d&eacute;fensif de la soci&eacute;t&eacute; et donc de la famille sur elle-m&ecirc;me, ce qui renforce l&rsquo;enfermement de la femme. La femme du Sud, souffrant &agrave; la fois d&rsquo;une oppression patriarcale et coloniale, d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; perd progressivement son identit&eacute; culturelle, de l&rsquo;autre r&eacute;prouve l&rsquo;identit&eacute; f&eacute;minine du Nord car issue du monde colonial. </span></span></p> <h2 style="margin-left:28.8pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:16pt"><span style="font-family:Arial,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt">1.1 </span><span style="font-size:12.0pt">Coloniser &agrave; travers le corps de la femme </span></span></span></h2> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Depuis Marco Polo, cartes postales, romans et affiches ont particip&eacute; &agrave; la cr&eacute;ation d&rsquo;un imaginaire colonial sexualis&eacute; autour des femmes de &laquo; l&rsquo;ailleurs &raquo;. Les femmes colonis&eacute;es ont toujours &eacute;t&eacute; l&rsquo;objet de l&rsquo;imaginaire des conqu&ecirc;tes occidentales. D&rsquo;ailleurs, elles ont toujours repr&eacute;sent&eacute; la m&eacute;taphore parfaite pour symboliser ces terres orientales et africaines exotiques : les photographies orientalistes des femmes ont servi &agrave; d&eacute;finir <em>l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; :</em> durant la p&eacute;riode coloniale, la notion d&rsquo;un Orient qui attend d&rsquo;&ecirc;tre <em>p&eacute;n&eacute;tr&eacute;</em> par l&rsquo;Occident &eacute;tait pr&eacute;dominante dans l&rsquo;art, notamment la peinture, la photographie et la litt&eacute;rature. De plus, la f&eacute;minisation du territoire liait m&eacute;taphoriquement la conqu&ecirc;te des femmes colonis&eacute;es &agrave; la conqu&ecirc;te du territoire indig&egrave;ne inscrivant ainsi les notions sexu&eacute;es de conqu&ecirc;te et d&rsquo;assujettissement dans les fantasmes coloniaux. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><img src="/img/3/images/10_1_La%20plus%20grande%20France.jpg" style="float:left; height:340px; width:221px" /></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><img alt="Cuadro de texto: Illustration 1:« La plus grande France » Affiche pour l’exposition coloniale internationale de 1931 à Paris " src="file:///C:UsersAntoAppDataLocalTempmsohtmlclip11clip_image003.png" style="float:left; height:485px; width:83px" /><span style="font-size:12.0pt">Sur cette affiche, pr&eacute;sent&eacute;e &agrave; Paris en 1931 lors de l&rsquo;Exposition Coloniale Internationale, les femmes sont utilis&eacute;es pour symboliser les espaces g&eacute;ographiques colonis&eacute;s par la France. Trois jeunes femmes symbolisent respectivement l&rsquo;Afrique noire, le Maghreb et l&rsquo;Asie. L&rsquo;Afrique domine l&rsquo;all&eacute;gorie tenant dans sa main une sculpture. Au premier plan, assise sur le sol, une indochinoise.&nbsp; Au milieu, une jeune femme arabe symbolisant le Maghreb. </span><span style="font-size:12.0pt">Les degr&eacute;s de civilisation sont symbolis&eacute;s par la nudit&eacute; ou la pudeur de chaque personnage. On notera que l&rsquo;Africaine est pratiquement nue. On notera &eacute;galement que ces trois femmes sont profond&eacute;ment distinctes ; leurs cultures et leurs origines sont compl&egrave;tement diverses. Pourtant, elles sont imbriqu&eacute;es les unes dans les autres pour symboliser l&rsquo;Empire colonial fran&ccedil;ais</span>.</span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Les m&eacute;canismes de colonisation cherchent souvent &agrave; d&eacute;truire l&rsquo;identit&eacute; des peuples en s&rsquo;appropriant les terres et les femmes. Les hommes sont tu&eacute;s tandis que les terres et les femmes deviennent des <em>lieux</em> sans identit&eacute;, sans expression culturelle et donc des <em>lieux neutres</em>, pr&ecirc;ts &agrave; &ecirc;tre colonis&eacute;s. L&rsquo;&Eacute;tat Islamique en Irak et en Syrie (appel&eacute; Daesh) essaye de d&eacute;truire les minorit&eacute;s ethniques ou religieuses sur les territoires &agrave; conqu&eacute;rir dans le Proche-Orient. Les djihadistes attaquent les r&eacute;gions o&ugrave; vivent, par exemple les kurdes, les yazidis, les druzes ou les isma&eacute;liens, tuent les hommes et enl&egrave;vent les femmes dans le but d&rsquo;en faire des esclaves sexuelles. Les djihadistes cherchent &agrave; &eacute;liminer l&rsquo;identit&eacute; de ces peuples pour en &eacute;liminer l&rsquo;existence politique ou religieuse. Les femmes, d&eacute;sormais sans identit&eacute;, perdent leur appartenance, leurs familles, leur langue et m&ecirc;me leurs noms (on leur attribue des noms islamiques apr&egrave;s les avoir oblig&eacute;es &agrave; se convertir &agrave; l&rsquo;Islam). </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Les droits des femmes sont de plus en plus souvent invoqu&eacute;s comme justification des interventions militaires ou humanitaires occidentales dans le Sud. Pourtant, les violences contre les femmes provoqu&eacute;es par ces guerres sont consid&eacute;rables, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de violences sexuelles, d&rsquo;exode forc&eacute; et plus g&eacute;n&eacute;ralement de destruction du syst&egrave;me &eacute;conomique et social, appauvrissant drastiquement les femmes.</span></span></p> <h3 style="margin-left:36pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:14pt"><span style="font-family:Arial,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt">1.2 La prostitution coloniale </span>&nbsp;&nbsp;&nbsp;</span></span></h3> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Durant la colonisation fran&ccedil;aise du Maghreb, des maisons closes appel&eacute;es alors des &laquo;&nbsp;quartiers r&eacute;serv&eacute;s&nbsp;&raquo; ont &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;es sp&eacute;cialement pour les fran&ccedil;ais, avec un contr&ocirc;le administratif, sanitaire et policier. Les prostitu&eacute;es, qui sont en g&eacute;n&eacute;ral des indig&egrave;nes, sont recrut&eacute;es d&egrave;s l&rsquo;&acirc;ge de 12 ans et peuvent subir jusqu&rsquo;&agrave; 70 rapports sexuels journaliers. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Au Maroc, &agrave; Casablanca, le &laquo; quartier r&eacute;serv&eacute; &raquo; est &agrave; la nouvelle M&eacute;dina ; le quartier Bousbir comptera, sur un espace de 24 000 m&sup2;, entre 600 et 900 prostitu&eacute;es qui y vivent perp&eacute;tuellement comme en prison. Les guides touristiques de l&rsquo;&eacute;poque en parlent assez abondamment : &laquo; Les touristes amateurs d&rsquo;&eacute;tudes de m&oelig;urs sont invit&eacute;s &agrave; gagner la ville close de Bousbir, quartier neuf r&eacute;serv&eacute; aux femmes publiques [&hellip;] Un cadre qui ne manque pas de po&eacute;sie. &raquo;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[3]</span></a></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <h3 style="margin-left:36pt; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</h3> <h3 style="margin-left:36pt; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</h3> <h3 style="margin-left:36pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:14pt"><span style="font-family:Arial,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt">1.3 Le viol</span></span></span></h3> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Le viol constitue une v&eacute;ritable arme de guerre pour les colonisateurs. Bien qu&rsquo;interdit par le droit international, le viol semble pourtant admis en p&eacute;riode de conflits politiques. Lors de l&rsquo;offensive contre Berlin par les sovi&eacute;tiques, environ 125 000 femmes ont &eacute;t&eacute; viol&eacute;es dans le seul Grand Berlin. Lors de la guerre de lib&eacute;ration du Bangladesh en 1971, les soldats du Pakistan occidental violent entre 200 000 et 400 000 femmes bengalis pour repeupler le Pakistan oriental de musulmans &laquo;&nbsp;purs&nbsp;&raquo;.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="/img/3/images/10_4_R%C3%A9fugi%C3%A9s%20palestiniens%20lors%20de%20l%E2%80%99exode%20de%201948.jpg"><img alt="Cuadro de texto: Illustration 4: Réfugiés palestiniens lors de l’exode de 1948 Source : Wikimediahttps://en.wikipedia.org/wiki/1948_Palestinian_exodus " src="/img/3/images/10_4_R%C3%A9fugi%C3%A9s%20palestiniens%20lors%20de%20l%E2%80%99exode%20de%201948.jpg" style="float:left; height:270px; width:279px" /></a><span style="font-size:12.0pt">Selon les colonisateurs, la reconstruction de la nation passe par le corps des femmes. Lors de son processus de &lsquo;nettoyage ethnique&rsquo; en vue d&rsquo;un &laquo; settlement &raquo; colonial juif (implantation), l&rsquo;arm&eacute;e isra&eacute;lienne a proc&eacute;d&eacute; en 1948 &agrave; l&rsquo;ex&eacute;cution de femmes enceintes sur la place publique, dans le village de Deir Yassine [ce qu&rsquo;on appelle historiquement le &laquo;&nbsp;massacre de Deir Yassine&nbsp;&raquo;]. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt">&nbsp;</span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Dans le m&ecirc;me processus d&rsquo;implantation raciale, les dirigeants isra&eacute;liens offraient des r&eacute;compenses aux femmes isra&eacute;liennes ayant eu leur dixi&egrave;me enfant. Ainsi le sionisme, comme tant d&rsquo;autres m&eacute;canismes d&rsquo;invasion, a toujours utilis&eacute; l&rsquo;agression contre le corps des femmes comme un moyen infaillible pour &eacute;vacuer les habitants indig&egrave;nes de leurs villages natals. Selon le Minist&egrave;re Palestinien des Prisonniers, depuis 1967, environ 12 000 femmes palestiniennes ont &eacute;t&eacute; arr&ecirc;t&eacute;es par les autorit&eacute;s isra&eacute;liennes et purgent des peines qui vont jusqu&rsquo;&agrave; 20 ans d&rsquo;emprisonnement. La plupart d&rsquo;entre elles ont &eacute;t&eacute; emprisonn&eacute;es en juin 1967 (pendant ce qu&rsquo;on appelle la guerre de 6 jours qui opposa Isra&euml;l &agrave; l&rsquo;&Eacute;gypte, la Syrie et la Jordanie) et ont eu leurs enfants &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur des prisons. </span></span></p> <h2 style="margin-left:28.8pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:16pt"><span style="font-family:Arial,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt">1.4.</span><span style="font-size:12.0pt"> Femmes du Sud face aux d&eacute;g&acirc;ts environnementaux </span></span></span></h2> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">En temps de paix comme en temps de guerre les femmes sont actrices du changement social&nbsp;; elles contribuent au bien-&ecirc;tre de leur communaut&eacute; ainsi qu&rsquo;&agrave; la pr&eacute;servation de la biodiversit&eacute;, au d&eacute;veloppement social et &eacute;conomique et &agrave; la continuit&eacute; biologique et culturelle. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Pour les femmes du Sud, les d&eacute;g&acirc;ts environnementaux constituent, non seulement un probl&egrave;me &eacute;cologique, mais aussi la perte de leur patrimoine culturel. Dans plusieurs pays du Sud, les femmes sont perp&eacute;tuellement en contact avec l&rsquo;environnement naturel, et la biodiversit&eacute; constitue parfois leur seule source de connaissance (en ce qui concerne la m&eacute;decine, la cuisine, l&rsquo;&eacute;conomie etc &hellip;). Les colonisateurs, en confisquant les terres cultivables et en obligeant les femmes &agrave; devenir des femmes au foyer les privent de leur expression culturelle fondamentale qui est l&rsquo;expression &eacute;cologique. Les connaissances traditionnelles de ces femmes risquent de s&rsquo;&eacute;teindre en faveur de l&rsquo;expansion de la culture du colonisateur. Par exemple, les connaissances traditionnelles des femmes paysannes en ce qui concerne les herbes m&eacute;dicinales et autres rem&egrave;des naturels, sont de plus en plus faibles face &agrave; la croissance de l&rsquo;industrie pharmaceutique. Il s&rsquo;agit pour ces femmes de perdre tout un &laquo; <em>patrimoine culturel oral et immat&eacute;riel </em>&raquo;.<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[4]</span></a>&nbsp; </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">La r&eacute;flexion &eacute;cof&eacute;ministe lie directement le processus de colonisation militaire &agrave; la subordination de la femme &agrave; l&rsquo;homme et de la nature &agrave; l&rsquo;usage humain. Globalement, le mouvement &eacute;cof&eacute;ministe pr&eacute;sente l&rsquo;analyse interconnect&eacute;e des luttes de classe, de genre et de race comme le moyen de se battre contre le syst&egrave;me capitaliste, colonial et patriarcal. Vandana Shiva qualifie de <em>mal-d&eacute;veloppement</em> le processus socio-&eacute;conomique qui a succ&eacute;d&eacute; &agrave; la colonisation des pays du Sud.&nbsp; Dans son livre <em>Staying alive</em><a href="#_ftn5" name="_ftnref5" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[5]</span></a>, elle montre de quelle mani&egrave;re le d&eacute;veloppement export&eacute; de l&rsquo;Occident, en plus d&rsquo;&ecirc;tre un projet postcolonial, augmente souvent le malaise de ces populations. Au nom d&rsquo;un progr&egrave;s euro-centrique et autor&eacute;f&eacute;rentiel, ce <em>mal-d&eacute;veloppement</em> cr&eacute;e des formes de pauvret&eacute; jusque-l&agrave; inconnues, en &eacute;liminant les conditions qui garantiraient des styles de vies plus durables et en d&eacute;truisant les cultures et les structures sociales qui rendent moins conflictuel l&rsquo;antagonisme humanit&eacute;-nature et homme-femme. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><img alt="Cuadro de texto: Illustration 6: «Alep : les survivants du génocide arménien en 1915)Source : Wikimediahttps://commons.wikimedia.org/wiki/File:Armenian_woman_kneeling_beside_dead_child_in_field.png" src="/img/3/images/10_6_Alep_les%20survivants%20du%20g%C3%A9nocide%20arm%C3%A9nien%20en%201915.png" style="float:left; height:392px; width:206px" />Dans les pays en guerre, les femmes luttent, entre autres, pour une justice environnementale. Les d&eacute;g&acirc;ts environnementaux pr&eacute;sentent une menace contre leurs familles et contre la sant&eacute; de leurs enfants. Il s&rsquo;agit pour ces femmes d&rsquo;une lutte de survie, et leur d&eacute;sir d&rsquo;int&eacute;grit&eacute; &eacute;cologique est simplement l&rsquo;expression d&rsquo;exigences socio-&eacute;conomiques urgentes.</span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt">&Agrave; Naplouse, une importante ville palestinienne, des milliers d&rsquo;oliviers sont d&eacute;truits chaque ann&eacute;e.&nbsp; Pour les femmes paysannes, ces oliviers repr&eacute;sentent la seule source de survie.&nbsp;&nbsp; Pour beaucoup de femmes du Sud, les probl&egrave;mes &eacute;cologiques li&eacute;s &agrave; la guerre ne signifient pas seulement la pollution de l&rsquo;air et de l&rsquo;eau &agrave; cause des gazs toxiques et chimiques mais aussi une exploitation effr&eacute;n&eacute;e de leur force de travail au sein des industries &eacute;mergentes pendant des heures excessives et sous-pay&eacute;es. En Afrique et en Asie, &agrave; cause de la destruction des zones foresti&egrave;res, les femmes doivent maintenant chercher leur bois de cuisson de plus en plus haut dans les collines. </span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><strong><span style="font-size:12.0pt">1.5 La d&eacute;gradation du r&ocirc;le social et &eacute;conomique de la femme colonis&eacute;e</span></strong></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt">Les th&eacute;ories traditionnelles du f&eacute;minisme occidentalocentrique (et ethnocentrique) ont contribu&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;un f&eacute;minisme colonial qui a justifi&eacute; l&rsquo;assujettissement des femmes colonis&eacute;es. <span style="color:black">&nbsp;Le f&eacute;minisme, dans sa version orientaliste, &eacute;tait une forme d&rsquo;exercice du pouvoir colonial. Plus tard, e</span><span style="color:black">n Inde, en &Eacute;gypte, en Alg&eacute;rie et ailleurs, les f&eacute;ministes n&eacute;o-orientalistes ont fait de la question des femmes musulmanes &laquo;&nbsp;l&rsquo;un des enjeux de leur &laquo;&nbsp;mission civilisationnelle&nbsp;&raquo; et de leurs politiques assimilationnistes.&nbsp;&raquo;</span><a href="#_ftn6" name="_ftnref6" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[6]</span></a><span style="color:black"> Dans les pays musulmans, les femmes &eacute;duqu&eacute;es sous la religion pr&eacute;sent&eacute;e comme fondamentaliste sont consid&eacute;r&eacute;es comme &laquo;&nbsp;des &ecirc;tres &eacute;voluant&nbsp;dans&nbsp;un temps ahistorique.&nbsp;&raquo; Elles n&rsquo;ont litt&eacute;ralement pas d&rsquo;histoire et toute&nbsp;analyse du changement serait donc impossible. D&rsquo;ailleurs, le discours f&eacute;ministe sur les femmes du Moyen-Orient et de l&rsquo;Afrique du Nord refl&egrave;te, plus qu&rsquo;autre chose,<em> l&rsquo;interpr&eacute;tation propre aux th&eacute;ologiens au sujet des femmes dans l&rsquo;islam</em>.<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">[7]</span></span></a></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Dans le discours colonial traditionnel, les femmes du Sud sont cens&eacute;es subir une &lsquo;initiation au progr&egrave;s&rsquo;. Il s&rsquo;agit plut&ocirc;t d&rsquo;un conditionnement aux valeurs et r&eacute;f&eacute;rences culturelles occidentales. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><img alt="Cuadro de texto: Illustration 7: «Jeunes laveuses revenant de l’oued »(1908-1910)Etienne Dinet (1861-1929)Huile sur toile, 79 x 65 cm/ Gros et Delettrez, hotel Drouot " src="/img/3/images/10_7_Jeunes%20laveuses%20revenant%20de%20l%E2%80%99oued.jpg" style="float:left; height:367px; width:185px" /><img alt="Cuadro de texto: Illustration 8: «Jeunes porteuses d’eau » (1907)Etienne Dinet (1861-1929) Huile sur toile, 64 x 73 cm/ Société Nationale des Beaux-Arts " src="/img/3/images/10_8_Jeunes%20porteuses%20d%E2%80%99eau%20%C2%BB%20%281907%29.jpg" style="float:left; height:291px; width:214px" /><span style="font-size:12.0pt">Durant la colonisation fran&ccedil;aise, les petites filles alg&eacute;riennes &eacute;taient oblig&eacute;es de prendre des cours de &laquo; morale &raquo; (chr&eacute;tienne), de cuisine (fran&ccedil;aise) et de couture. Le but &eacute;tant d&rsquo;en faire de bonnes &eacute;pouses ou des domestiques et des gouvernantes comp&eacute;tentes et bien enracin&eacute;es dans la culture du colonisateur. Ainsi, le discours &laquo;&nbsp;civilisateur&nbsp;&raquo;, qui se veut &eacute;mancipateur pour les femmes, renforce la domestication et la d&eacute;pendance &eacute;conomique des femmes colonis&eacute;es. Il y a donc une contradiction entre les objectifs affich&eacute;s du colonisateur et les pratiques. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Les historiens et les &eacute;tudes f&eacute;ministes ont n&eacute;glig&eacute; le degr&eacute; d&rsquo;influence sociale que les femmes du Sud poss&eacute;daient v&eacute;ritablement et n&rsquo;ont pas pr&ecirc;t&eacute; attention &agrave; la d&eacute;gradation de leur statut suite aux invasions et colonisations occidentales.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Les femmes paysannes (qui repr&eacute;sentaient la majorit&eacute; &eacute;crasante de la population musulmane f&eacute;minine au dix-neuvi&egrave;me si&egrave;cle), nomades, celles qui vivent dans des tribus ou celles appartenant aux couches populaires urbaines, exer&ccedil;aient une activit&eacute; &eacute;conomique. En &Eacute;gypte, par exemple, </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">leurs activit&eacute;s &eacute;conomiques &eacute;taient soutenues par les r&eacute;seaux locaux et informels des femmes plus ais&eacute;es. Ces r&eacute;seaux ont &eacute;t&eacute; d&rsquo;ailleurs largement affaiblis suite &agrave; l&rsquo;int&eacute;gration de l&rsquo;&eacute;conomie &eacute;gyptienne dans le march&eacute; europ&eacute;en. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt">Au dix-neuvi&egrave;me si&egrave;cle, et contrairement &agrave; leurs homologues europ&eacute;ennes, les femmes musulmanes restaient propri&eacute;taires de leurs biens et continuaient &agrave; les contr&ocirc;ler apr&egrave;s le mariage. Les femmes ais&eacute;es ne sortaient certes pas de chez elles du fait de leur rang social mais interagissaient avec la soci&eacute;t&eacute; y compris&nbsp; avec les produc<span style="font-size:12.0pt">teurs et les commer&ccedil;ants. La pr&eacute;sence de ces femmes &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur du foyer &eacute;tait assur&eacute;e par leurs &oelig;uvres caritatives : la construction des fontaines, l&rsquo;&eacute;tablissement des &eacute;coles religieuses ou des bains publics qui portaient leurs noms. Il s&rsquo;agissait donc d&rsquo;une autre m&eacute;thode &agrave; travers laquelle les identit&eacute;s des femmes orientales entraient dans l&rsquo;espace public.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">D&rsquo;ailleurs la colonisation n&rsquo;a fait que pervertir la condition de ces femmes. En Afrique noire, les femmes travaillaient la terre et jouissaient d&rsquo;une certaine autonomie financi&egrave;re, en gardant les b&eacute;n&eacute;fices. Les colonisateurs ont refus&eacute; de reconna&icirc;tre leur r&ocirc;le sur le plan &eacute;conomique et politique.</span> <span style="font-size:12.0pt">Elles furent priv&eacute;es des formes de</span><span style="font-size:12.0pt"> pouvoir politique dont elles jouissaient avant la colonisation. De plus, les nouveaux administrateurs marginalis&egrave;rent ces femmes qui occupaient une place fondamentale dans la production agricole. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Les colonisateurs, tout en exaltant &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;mancipation&nbsp;&raquo; et l&rsquo;intellectualisation de leurs femmes apr&egrave;s des si&egrave;cles d&rsquo;obscurantisme, continuent &agrave; vouloir maintenir les femmes colonis&eacute;es dans une condition de subordination, en les for&ccedil;ant &agrave; abandonner leur travail dans les champs et &agrave; devenir des femmes au foyer.&nbsp; Les viols fr&eacute;quents commis par les arm&eacute;es occidentales dans le Sud et en Orient, citons le cas des soldats am&eacute;ricains en Irak et en Afghanistan, les isra&eacute;liens en Palestine, les fran&ccedil;ais en Afrique (Burkina Faso, Djibouti, Mali, Tchad, Gabon, etc. ) dans le cadre d&rsquo;op&eacute;rations de lutte antiterroriste, montrent non seulement l&rsquo;atrocit&eacute; physique et morale&nbsp; du processus colonial mais aussi la schizophr&eacute;nie du colonisateur premier d&eacute;fenseur, chez lui, des droits humains et de l&rsquo;&eacute;mancipation f&eacute;minine.</span><strong> </strong></span></p> <h1 style="margin-left:21.6pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:24pt"><span style="font-size:12.0pt">2. </span><span style="font-size:12.0pt">Pour un f&eacute;minisme postcolonial</span></span></h1> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm">&nbsp;</p> <ol> <li style="list-style-type:none"> <ol start="12" style="list-style-type:lower-alpha"> <li style="text-align:justify" value="50"><span style="font-size:16pt"><span style="font-family:Arial,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt">femme du Sud dans le discours orientaliste&nbsp; </span></span></span></li> </ol> </li> </ol> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt">&nbsp;<span style="font-size:12.0pt">Dans un article qui explore la notion de <em>f&eacute;monationalisme</em><a href="#_ftn8" name="_ftnref8" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[8]</span></a> face aux identit&eacute;s des femmes musulmanes vivant en Occident, on peut lire : &laquo; L&rsquo;accent mis sur le <em>d&eacute;voilement</em> des femmes musulmanes en Europe semble combiner, d&rsquo;une part, le r&ecirc;ve des hommes occidentaux de <em>d&eacute;couvrir</em> la femme de l&rsquo;ennemi ou du colonis&eacute; et, d&rsquo;autre part, la volont&eacute; de mette fin &agrave; l&rsquo;incongruit&eacute; d&rsquo;un corps f&eacute;minin cach&eacute; comme une exception &agrave; la r&egrave;gle g&eacute;n&eacute;rale selon laquelle celui-ci devrait circuler nu, comme <em>monnaie courante</em><em> </em>&raquo;.<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[9]</span></a></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Dans son livre <em>L&rsquo;orientalisme : l&rsquo;Orient cr&eacute;&eacute; par l&rsquo;Occident</em> paru en 1978, Edward Sa&iuml;d analyse la &laquo; <em>construction id&eacute;ologique de l&rsquo;Orient en tant que l&eacute;gitimation de l&rsquo;imp&eacute;rialisme occidental</em>. &raquo; Il y explique, en effet, comment les nations colonisatrices emp&ecirc;chent les nations colonis&eacute;es de d&eacute;velopper leurs propres points de vue. Dans ce sens, le f&eacute;minisme orientaliste (c&rsquo;est-&agrave;-dire le f&eacute;minisme occidental qui essaie d&rsquo;interpr&eacute;ter l&rsquo;exp&eacute;rience f&eacute;minine oriental, y compris l&rsquo;exp&eacute;rience coloniale) risque d&rsquo;&eacute;touffer les voix de ces femmes en tentant justement de &laquo; parler &raquo; pour elles. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Le f&eacute;minisme postcolonial<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">[10]</span></span></a> appelle &agrave; <em>d&eacute;coloniser</em> la pens&eacute;e f&eacute;ministe occidentale en remettant en cause la d&eacute;finition ethnocentrique du sujet politique du f&eacute;minisme. Il</span> propose de r&eacute;examiner l&rsquo;histoire de l&rsquo;oppression, le parcours de lutte et les objectifs &agrave; atteindre pour chaque groupe de femmes, dans son contexte racial, culturel, g&eacute;o-politique et &eacute;conomique. </span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt">Gayatri Chakravorty Spivak, th&eacute;oricienne du f&eacute;minisme postcolonial, invite la critique f&eacute;ministe &agrave; consid&eacute;rer les femmes du Sud non comme &laquo; objet &raquo;<em> </em>de critique mais comme &laquo; sujet &raquo; de leur propre histoire au lieu de les consid&eacute;rer du point de vue du &laquo; sujet &raquo; f&eacute;minin occidental. <span style="color:black">Dans un essai intitul&eacute; &laquo;&nbsp;<em>Can the subaltern speak&nbsp;?</em>&nbsp;&raquo; (<em>Les subalternes peuvent-elles parler </em>?) et publi&eacute; en 1988, elle propose une analyse alternative des rapports entre le discours de l&rsquo;Occident et la possibilit&eacute; pour les <em>subalternes</em>, en particulier &lsquo;les femmes subalternes&rsquo;, de parler : &laquo;&nbsp;Faire quelque chose, travailler pour la subalterne, cela signifie l&rsquo;amener dans le discours... On ne donne pas de voix &agrave; la subalterne : on travaille pour cette foutue subalterne ! &raquo; <a href="#_ftn11" name="_ftnref11" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">[11]</span></span></a>&nbsp;</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt">Ainsi, le f&eacute;minisme postcolonial est une alternative politique et philosophique au <em>f&eacute;monationalisme</em>&nbsp;et &agrave; la pens&eacute;e f&eacute;ministe n&eacute;olib&eacute;rale: il transmet, &laquo; sans construction dichotomique de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, ni instrumentalisation raciste du genre &raquo;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[12]</span></a>, la voix des femmes colonis&eacute;es, noires, asiatiques, arabes, indig&egrave;nes et autres qui n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; prises en consid&eacute;ration dans les th&eacute;ories f&eacute;ministes occidentales. Le f&eacute;minisme postcolonial &eacute;tudie la situation des femmes des Suds en liant leur oppression, pas seulement au patriarcat, mais aussi &agrave; un pass&eacute; ou &agrave; un pr&eacute;sent colonial.</span></p> <ol> <li style="list-style-type:none"> <ol start="2"> <li style="text-align:justify"><span style="font-size:16pt"><span style="font-family:Arial,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt">.2.</span> <span style="font-size:12.0pt">La femme du Sud et l&rsquo;&Eacute;tat-nation: de la colonisation &agrave; l&rsquo;<em>int&eacute;gration</em></span>&nbsp;<span style="font-size:12.0pt">?</span></span></span></li> </ol> </li> </ol> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Le &lsquo;colonialisme culturel&rsquo; est utilis&eacute; comme moyen d&rsquo;invasion et d&rsquo;ali&eacute;nation massive des pays colonis&eacute;s en faveur de l&rsquo;expansion g&eacute;opolitique du colonisateur.&nbsp; En Tunisie, en Alg&eacute;rie, et dans la majorit&eacute; du territoire marocain, appel&eacute; alors &laquo;&nbsp;l&rsquo;Afrique Fran&ccedil;aise du Nord&nbsp;&raquo;, le discours de la condition f&eacute;minine a parfaitement servi la France pour asseoir sa sup&eacute;riorit&eacute; culturelle en mettant en valeur le traitement pr&eacute;tendument favorable accord&eacute; aux femmes occidentales et en d&eacute;valorisant la mani&egrave;re dont &laquo; l&rsquo;autre &raquo;, l&rsquo;Orient, traite sa population f&eacute;minine. L&rsquo;image de la femme musulmane, repr&eacute;sent&eacute;e alors comme une manifestation de l&rsquo;inf&eacute;riorit&eacute; culturelle des pays colonis&eacute;s, a fonctionn&eacute; comme un symbole n&eacute;gatif qui justifiait l&rsquo;invasion culturelle des colons europ&eacute;ens. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Aujourd&rsquo;hui encore, tout comme on expose, pour la Journ&eacute;e de la terre, des images sentimentales des terres abandonn&eacute;es, des champs souill&eacute;s ou des d&eacute;chets p&eacute;troliers ravageant la mer dans les pays du Sud, pendant la journ&eacute;e internationale de la femme, des centaines de documentaires sont projet&eacute;s dans la plupart des pays occidentaux pour d&eacute;noncer la polygamie, le viol et toute sorte de violences commises &agrave; l&rsquo;encontre des femmes du Sud. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">La mondialisation n&eacute;olib&eacute;rale qui a succ&eacute;d&eacute; aux guerres mondiales et au processus de d&eacute;colonisation militaire des pays des Suds continue de maintenir les syst&egrave;mes de subordination existants au sein du syst&egrave;me patriarcal en les d&eacute;guisant. L&rsquo;<em>&eacute;conomie du genre </em>permet de fournir aux pays occidentaux une main d&rsquo;&oelig;uvre f&eacute;minine issue des ex-colonies et pouvant assurer des services de plus en plus &laquo;&nbsp;racis&eacute;s&nbsp;&raquo;.&nbsp;&nbsp; Des chercheurs en <em>&eacute;conomie du genre</em> qualifient ces femmes migrantes de &laquo; femmes globales &raquo; utiles au march&eacute;. Ces femmes, souvent &laquo; migrantes internationales ou post-coloniales sont devenues essentielles dans un v&eacute;ritable processus d&rsquo;internationalisation de la reproduction sociale &raquo;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[13]</span></a>, une sorte de strat&eacute;gie socio-politique pour l&eacute;gitimer la mondialisation.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">&Agrave; ce propos, nombreux chercheurs ont not&eacute; que l&rsquo;int&eacute;gration effective de la femme occidentale dans le syst&egrave;me de march&eacute; capitaliste et l&rsquo;importation n&eacute;olib&eacute;rale de &laquo;&nbsp;femmes de services&nbsp;&raquo; des pays du Sud allaient de pair avec la multiplication des &laquo;&nbsp;hommes en armes.&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[14]</span></a></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Dans l&rsquo;histoire occidentale, les t&acirc;ches de <em>care</em> (<em>care-domestic-sector</em>)<a href="#_ftn15" name="_ftnref15" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[15]</span></a> ont &eacute;t&eacute; traditionnellement le travail des esclaves, des domestiques et des femmes, selon les castes. Dans la soci&eacute;t&eacute; n&eacute;olib&eacute;rale o&ugrave; le travail du <em>care</em> est relativement dissimul&eacute; ou rendu invisible, sa r&eacute;partition sur l&rsquo;&eacute;chelle sociale n&rsquo;est pas moins stigmatisante. Dans les pays occidentaux, les emplois qui rel&egrave;vent du domaine des soins sont occup&eacute;s, de mani&egrave;re disproportionn&eacute;e, par ceux qui sont relativement d&eacute;pourvus de pouvoir ; les emplois de nettoyage, de gardes d&rsquo;enfants, des soins aux infirmes et aux personnes &acirc;g&eacute;es, et la majorit&eacute; des emplois de &lsquo;services aux particuliers&rsquo; sont occup&eacute;s par des citoyens de couleur et des immigr&eacute;s et en particulier des femmes. L&rsquo;&eacute;mancipation de la femme occidentale, notamment son int&eacute;gration notoire dans les syst&egrave;mes de production capitaliste a &eacute;t&eacute; accompagn&eacute;e par des strat&eacute;gies socio-politiques d&rsquo;importation de main d&rsquo;&oelig;uvre f&eacute;minine des pays du sud pour &laquo; assurer les t&acirc;ches que l&rsquo;&Eacute;tat abandonnait [...] et que les femmes (occidentales) ne parviennent plus gu&egrave;re &agrave; les <em>concilier</em> avec le reste.&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[16]</span></a> Ces strat&eacute;gies de f&eacute;minisation des flux migratoires ont un objectif purement instrumental car la grande partie des soins fournis dans les secteurs de service &laquo;&nbsp;<em>n&rsquo;a de valeur que dans la mesure o&ugrave; ils permettent &agrave; ceux dont les besoins sont les plus compl&egrave;tement satisfaits de poursuivre d&rsquo;autres fins</em>. &raquo;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[17]</span></a> <span style="color:black">Selon la Banque Mondiale, les pays pauvres sont les premiers fournisseurs d&rsquo;aide-m&eacute;nag&egrave;res et de nourrisses aux pays riches. Les migrations f&eacute;minines ont intens&eacute;ment augment&eacute; pendant les derni&egrave;res d&eacute;cennies en r&eacute;ponse au besoin grandissant en travailleurs dans le domaine domestique dans les pays occidentaux. Ces femmes immigr&eacute;es sont sollicit&eacute;es par l&rsquo;&Eacute;tat-nation occidental qui leur offre non seulement l&rsquo;opportunit&eacute; de trouver un emploi dans le pays d&rsquo;accueil, mais aussi l&rsquo;occasion d&rsquo;&eacute;chapper &agrave; une r&eacute;alit&eacute; patriarcale qui les opprimait. L&rsquo;&Eacute;tat-Nation r&eacute;cup&egrave;re ainsi les id&eacute;es f&eacute;ministes de &laquo;&nbsp;lib&eacute;ration&nbsp;&raquo; pour les adapter &agrave; son discours multiculturaliste, d&rsquo;int&eacute;gration, et particuli&egrave;rement celui de la guerre contre le patriarcat. </span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt">&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></p> <ol start="3"> <li style="text-align:justify"><span style="font-size:24pt"><span style="font-size:12.0pt">Et apr&egrave;s les guerres, que deviennent les femmes colonis&eacute;es</span> <span style="font-size:12.0pt">?</span></span></li> </ol> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Bien que la Convention sur la protection et la promotion de la diversit&eacute; des expressions culturelles de l&rsquo;Unesco publi&eacute;e en 2005 reconnaisse que &laquo; la diversit&eacute; culturelle est une caract&eacute;ristique inh&eacute;rente &agrave; l&rsquo;humanit&eacute; &raquo;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[18]</span></a>, qu&rsquo;elle devrait &ecirc;tre &laquo; c&eacute;l&eacute;br&eacute;e et pr&eacute;serv&eacute;e au profit de tous &raquo; y compris les expressions culturelles &laquo; des personnes appartenant aux minorit&eacute;s et celles des peuples autochtones &raquo;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[19]</span></a>, il est facile de remarquer, dans le sch&eacute;ma multiculturel dominant, la supr&eacute;matie de certaines cultures sur d&rsquo;autres, voire la marginalisation totale des cultures minoritaires. La guerre et la colonisation sont parmi les raisons fondamentales de la perte de la diversit&eacute; culturelle dans le monde.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Lanc&eacute;e en 1975, la D&eacute;cennie pour les Femmes, un programme financ&eacute; par les Nations Unies et qui visait &agrave; suivre, pendant dix ans,&nbsp; le statut des femmes pauvres dans des pays du tiers-monde ayant obtenu leur ind&eacute;pendance politique, a montr&eacute; que, pendant ces dix ann&eacute;es, les conditions de vie de beaucoup de femmes pauvres s&rsquo;&eacute;taient plut&ocirc;t aggrav&eacute;es puisqu&rsquo;elles devaient subir non seulement les effets du d&eacute;clin &eacute;conomique caus&eacute; par une longue phase de colonialisme mais aussi les nouvelles contraintes du n&eacute;ocolonialisme. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><img alt="Cuadro de texto: Illustration 10 : Vandana Shiva, philosophe et militante écoféministe indienne. " src="/img/3/images/10_10_Vandana%20Shiva.jpg" style="float:left; height:215px; width:189px" /></span></p> <ol> <li style="list-style-type:none"> <ol> <li style="text-align:justify"><span style="font-size:16pt"><span style="font-family:Arial,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt">Reconstruire la Nation &agrave; travers les corps des femmes&nbsp; </span></span></span></li> </ol> </li> </ol> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Selon Vandana Shiva, une militante &eacute;cof&eacute;ministe indienne, &laquo;&nbsp;Les hommes font la guerre, les femmes sont cens&eacute;es restaurer la vie apr&egrave;s les guerres.&nbsp;&raquo; </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">En effet, m&ecirc;me apr&egrave;s les guerres, l&rsquo;identit&eacute; culturelle des femmes sera toujours exploit&eacute;e. Un pays appauvri &eacute;conomiquement par la guerre ou par la colonisation cherchera &agrave; exploiter la force humaine locale et en premier lieu celle des femmes. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Apr&egrave;s la r&eacute;unification de l&rsquo;Allemagne en 1990, les femmes furent les premi&egrave;res &agrave; &ecirc;tre licenci&eacute;es en Allemagne de l&rsquo;Est suite &agrave; la fermeture des usines. En 1992, il y avait 3,2 millions de ch&ocirc;meurs en Allemagne, 50% d&rsquo;entre eux &eacute;taient des m&egrave;res c&eacute;libataires, divorc&eacute;es ou trop &acirc;g&eacute;es pour retrouver un emploi. Les femmes avaient eu un r&ocirc;le d&rsquo;avant-garde dans le mouvement de protestation en Allemagne de l&rsquo;Est ainsi qu&rsquo;un r&ocirc;le crucial lors de la table ronde des n&eacute;gociations en RDA avant l&rsquo;unification. Mais quand l&rsquo;unit&eacute; politique fut r&eacute;alis&eacute;e et quand la distribution du nouveau pouvoir fut &agrave; l&rsquo;ordre du jour de l&rsquo;histoire, les femmes furent renvoy&eacute;es &agrave; la maison par l&rsquo;&Eacute;tat Nation pour s&rsquo;occuper des &laquo; <em>kinder und k&uuml;che &raquo;</em> (enfants et cuisine). Beaucoup de militantes ont d&ucirc; vivre l&rsquo;exp&eacute;rience du &laquo;&nbsp;retour au foyer&nbsp;&raquo; (<em>housewification</em>). Simultan&eacute;ment, des nouvelles lois se sont instaur&eacute;es pour organiser la capacit&eacute; et la force-travail des femmes, en contr&ocirc;lant leur fertilit&eacute;, leur sexualit&eacute; : c&rsquo;est ce que l&rsquo;&Eacute;tat-nation appelle la politique familiale. Dans des cas extr&ecirc;mes, les femmes employ&eacute;es font l&rsquo;objet d&rsquo;une surveillance de leur cycle menstruel dans leur environnement de travail pour &eacute;viter toute perturbation qui pourrait compromettre leur prestation.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><img alt="Cuadro de texto: Illustration 11 : « Nourriture pour les groupes vulnérables) Source : (United Nations and Bangladesh UN-Bd.org) http://www.un-bd.org/Timeline/Timeline.html " src="/img/3/images/10_11_Nourriture%20pour%20les%20groupes%20vuln%C3%A9rables.jpg" style="float:left; height:270px; width:210px" /><span style="color:black">D&rsquo;un autre c&ocirc;t&eacute;, m&ecirc;me en ayant eu leur ind&eacute;pendance politique, des pays du Sud continuent &agrave; subir des pressions occidentales pour leur contr&ocirc;le d&eacute;mographique. Les gouvernements africains et asiatiques, sous la pression de la Communaut&eacute; Internationale, ont recours &agrave; des mesures contraceptives et &agrave; des campagnes de st&eacute;rilisation massives des femmes.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><img alt="Cuadro de texto: Illustration 12: « Soins pré/post-natals pour les mamans et les bébés d’Orissa. (Inde)Source : DFID - UK Department for International Developmenthttps://commons.wikimedia.org/wiki/File:Changing_lives_Ante_and_post_natal_care_for_mums_and_babies_in_Orissa_(6835364123).jpg " src="/img/3/images/10_12_Soins%20pr%C3%A9%20post-natals.jpg" style="float:left; height:383px; width:301px" /></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Au Bangladesh, on utilise l&rsquo;aide alimentaire r&eacute;serv&eacute;e aux femmes les plus d&eacute;favoris&eacute;es comme moyen de chantage pour leur faire accepter une st&eacute;rilisation en &eacute;change de quelques kilos de froment (bl&eacute; tendre). Les responsables occidentaux de ce programme, appel&eacute; le Programme d&rsquo;Alimentation de Groupes Vuln&eacute;rables (<em>Vulnerable Croup Feeling Programme VIF</em>) d&eacute;livrent aux femmes qui ont subi une st&eacute;rilisation un certificat sur lequel on peut lire &laquo;&nbsp;Peut recevoir de la nourriture &agrave; charge du gouvernement.&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">[20]</span></span></a></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt">Les &eacute;tudes environnementales, men&eacute;es dans les pays du Nord ont tendance &agrave; rendre les pays du Sud, et plus sp&eacute;cialement les femmes, responsables d&rsquo;une surpopulation qui serait la principale cause de la crise environnementale. En pol&eacute;mique avec cette affirmation, des chercheurs en &eacute;cologie sociale et en &eacute;cof&eacute;minisme consid&egrave;rent que dans certaines soci&eacute;t&eacute;s des Suds, les femmes, n&rsquo;ayant pas acc&egrave;s aux m&eacute;thodes de contraception, ne peuvent <span style="color:black">&laquo; </span>r&eacute;gulariser <span style="color:black">&raquo; </span>leur force productive.<a href="#_ftn21" name="_ftnref21" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[21]</span></a></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Selon Vandana Shiva, la solution aux probl&egrave;mes environnementaux actuels ne peut pas r&eacute;sider dans la rupture avec des croyances et des modes de vies intrins&egrave;ques &agrave; ces peuples: </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-size:12.0pt">Les peuples dits </span><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">&laquo; </span></span><span style="font-size:12.0pt">primitifs </span><span style="font-size:12.0pt"><span style="color:black">&raquo;</span></span><span style="font-size:12.0pt"> ont toujours poss&eacute;d&eacute; un sens de la cosmologie plan&eacute;taire, comme si chacune de leurs actions impliquait la plan&egrave;te tout enti&egrave;re. M&ecirc;me les communaut&eacute;s les plus isol&eacute;es ont toujours eu une vision cosmique de notre plan&egrave;te et d&rsquo;un certain &eacute;quilibre &agrave; pr&eacute;server. En ce sens, le local a toujours englob&eacute; le plan&eacute;taire. Il est immoral de priver les communaut&eacute;s locales de leur conscience plan&eacute;taire</span><span style="font-size:12.0pt">.<a href="#_ftn22" name="_ftnref22" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[22]</span></a></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <ol> <li style="list-style-type:none"> <ol start="12" style="list-style-type:lower-alpha"> <li style="text-align:justify" value="50"><span style="font-size:16pt"><span style="font-family:Arial,sans-serif"><span style="font-size:12.0pt">femmes : Militantes non reconnues ? </span></span></span></li> </ol> </li> </ol> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">En 1960, le g&eacute;n&eacute;ral Parquette, commandant de la 13&egrave;me division d&rsquo;infanterie fran&ccedil;aise en Alg&eacute;rie, affirmait : &laquo;&nbsp;l&rsquo;aide apport&eacute;e par les femmes alg&eacute;riennes &agrave; la r&eacute;bellion constitue &agrave; n&rsquo;en pas douter un obstacle de plus en plus s&eacute;rieux sinon nouveau dans notre lutte contre l&rsquo;infrastructure rebelle.&nbsp;&raquo;</span> <span style="color:black">En effet, d&rsquo;apr&egrave;s les archives du Minist&egrave;re Alg&eacute;rien de la Guerre, 11 000 femmes se sont engag&eacute;es dans la guerre aupr&egrave;s du FLN (Front de Lib&eacute;ration National de l&rsquo;Alg&eacute;rie). 11 000 est le nombre de femmes ayant eu une attestation de militarisme entre maquisardes (r&eacute;sistantes), fidayates, moudjahidates et moussebilates. De fait, les femmes alg&eacute;riennes ont eu un r&ocirc;le majeur dans l&rsquo;Ind&eacute;pendance de l&rsquo;Alg&eacute;rie. Pourtant, aucune d&rsquo;entre elles n&rsquo;a acc&eacute;d&eacute; apr&egrave;s la guerre, &agrave; un r&ocirc;le de responsabilit&eacute;. Apr&egrave;s l&rsquo;Ind&eacute;pendance, lorsqu&rsquo;on fit appel aux combattants de la guerre de Lib&eacute;ration pour &eacute;difier le nouvel &Eacute;tat, 9 femmes sur 194 membres &eacute;taient &eacute;lues &agrave; l&rsquo;Assembl&eacute;e Nationale Constituante. Les &eacute;lections suivantes &eacute;taient pires : seulement 2 femmes furent &eacute;lues.&nbsp; En 1966, Germaine Tillion, ethnologue et sociologue sp&eacute;cialiste de l&rsquo;Afrique du Nord, constate : </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">&Agrave; notre &eacute;poque de d&eacute;colonisation g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e, l&rsquo;immense monde f&eacute;minin reste &agrave; bien des &eacute;gards une colonie. Tr&egrave;s g&eacute;n&eacute;ralement spoli&eacute;e malgr&eacute; les lois, vendue quelques fois, battue souvent, astreinte au travail forc&eacute;, assassin&eacute;e presque impun&eacute;ment, la femme m&eacute;diterran&eacute;enne est un des serfs du temps actuel.</span></span></p> <ul> <li style="text-align:justify">&nbsp;</li> </ul> <ol start="51" style="list-style-type:lower-roman"> <li style="text-align:justify" value="13887757782666">&nbsp;</li> </ol> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Le colonialisme militaire est l&rsquo;une des raisons essentielles de la disparition de la diversit&eacute; des expressions culturelles dans le monde. Mais il existe d&rsquo;autres m&eacute;canismes de domination qui participent &agrave; ce dispositif d&rsquo;assimilation comme la colonisation spirituelle (l&rsquo;&Eacute;vang&eacute;lisation ou l&rsquo;islamisation), la colonisation intellectuelle (l&rsquo;imposition du rationalisme europ&eacute;en comme base de r&eacute;flexion universelle) ou la marginalisation effective des patrimoines culturels minoritaires (populations autochtones) par des populations majoritaires se consid&eacute;rant de culture sup&eacute;rieure et demeurant sur le m&ecirc;me territoire. Pour le patrimoine culturel des groupes colonis&eacute;s, le seul avenir possible est la disparition, non par extinction physique, mais par assimilation culturelle. Et pour maintenir leur identit&eacute; culturelle, ces minorit&eacute;s n&rsquo;ont plus qu&rsquo;&agrave; jouer de la marge de libert&eacute; possible dans les dispositifs de domination qui leur sont impos&eacute;s. &Agrave; travers l&rsquo;histoire, la libert&eacute; de quelques-uns a souvent &eacute;t&eacute; accompagn&eacute;e par la d&eacute;n&eacute;gation de la subjectivit&eacute; et de la libert&eacute; d&rsquo;un autre groupe. Les femmes, la nature et les peuples consid&eacute;r&eacute;s comme &laquo;&nbsp;inf&eacute;rieurs&nbsp;&raquo; ont &eacute;t&eacute; transform&eacute;s en &laquo;&nbsp;objets&nbsp;&raquo; dans le processus d&rsquo;&eacute;mancipation des sujets vainqueurs. Pour ces &laquo;&nbsp;autres&nbsp;&raquo;, il est d&eacute;sormais impossible d&rsquo;atteindre le m&ecirc;me niveau de &lsquo;libert&eacute; mat&eacute;rielle&rsquo; que ceux qui ont en ont b&eacute;n&eacute;fici&eacute; en &eacute;chappant au domaine de la n&eacute;cessit&eacute;. Colonis&eacute;s, exploit&eacute;s et naturalis&eacute;s, ces peuples ne peuvent esp&eacute;rer une autre forme de libert&eacute; que celle qui &eacute;mane d&rsquo;une perspective de subsistance, &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur des limites de la n&eacute;cessit&eacute;, une libert&eacute; qui implique donc, et principalement, leur base de survie. L&rsquo;histoire nous apprend aussi que pour les groupes ex-colonis&eacute;s (pays du Sud, femmes, paysans, etc.), il devient difficile de red&eacute;finir et de red&eacute;velopper leur propre identit&eacute; qu&rsquo;ils &eacute;taient contraints de d&eacute;nigrer suite &agrave; une longue tradition de colonisation. Et si la subordination des femmes continue aujourd&rsquo;hui, dans les Suds pourtant d&eacute;colonis&eacute;s, c&rsquo;est que l&rsquo;imaginaire patriarcal et colonial a trouv&eacute; (et continue &agrave; trouver) de nouvelles lin&eacute;atures.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:70.9pt; margin-right:70.85pt; text-align:justify">&nbsp;</p> <div>&nbsp; <hr /> <div id="ftn1"> <p style="margin-left:16.95pt; margin-right:0cm"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[1]</span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Theodore Roosevelt (junior) fut le vingt-sixi&egrave;me pr&eacute;sident des &Eacute;tats-Unis de 1901 &agrave; 1909. R&eacute;publicain, explorateur et militariste, il obtint en 1906 le prix Nobel de la paix, ce qui fut fortement contest&eacute;. &nbsp;</span></p> </div> <div id="ftn2"> <p style="margin-left:16.95pt; margin-right:0cm"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[2]</span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Vandana Shiva, Maria Mies, <em>Ecof&eacute;minisme</em>, l&rsquo;Harmattan, Paris, 1998, p. 167.</span></p> </div> <div id="ftn3"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[3]</span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">Christelle Taraud,&nbsp; <em>La prostitution coloniale. Alg&eacute;rie, Tunisie, Maroc (1830-1962), </em>Payot, Paris, 2003.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[4]</span></a><em><sup>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </sup></em>&laquo; Les formes traditionnelles d&rsquo;apprentissage sont souvent utilis&eacute;es pour transmettre le patrimoine culturel oral et immat&eacute;riel d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; : connaissances artistiques, scientifiques, religieuses, par exemple. Ce sont les formes de connaissances les plus fragiles, car elles reposent sur les capacit&eacute;s physiques et intellectuelles d&rsquo;un nombre restreint de personnes. Leur pr&eacute;servation peut impliquer soit leur collecte et leur archivage &ndash; elles risquent toutefois de n&rsquo;&ecirc;tre bient&ocirc;t plus que connaissances mortes, sans personne pour en expliquer l&rsquo;usage &agrave; la g&eacute;n&eacute;ration suivante &ndash; soit leur maintien sous leur forme vivante et leur transmission &agrave; la g&eacute;n&eacute;ration suivante. C&rsquo;est l&agrave; que le projet &laquo; Tr&eacute;sors humains vivants &raquo; de l&rsquo;UNESCO devrait se d&eacute;velopper. &raquo; (Texte fondamental de la Convention de 2005 sur la protection et la promotion de la diversit&eacute; des expressions culturelles, Unesco, 2013, p. 3<em>).</em></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[5]</span></a><sup>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </sup>Vandana Shiva, <em>Staying alive : Women, Ecology and Survival in India, Kali for women</em>, New Delhi, 1988.</span></p> </div> <div id="ftn6"> <p style="margin-left:16.95pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[6]</span></a><sup>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </sup>Azadeh Kian, &laquo;&nbsp;Genre et perspectives post/d&eacute;-coloniales&nbsp;&raquo;, dans &laquo;&nbsp;Genre et pespectives postcoloniales&nbsp;&raquo;,&nbsp; <em>Les cachiers du CEDREF</em>, n<em> </em>&deg;17, 2010, p.5.</span></p> </div> <div id="ftn7"> <p style="margin-left:16.95pt; margin-right:0cm"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[7]</span></a><sup>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </sup>Marina Lazreg, <span style="color:#00000a">&laquo;&nbsp;</span><span style="color:#00000a">F&eacute;minisme et diff&eacute;rence&nbsp;: les dangers d&rsquo;&eacute;crire en tant que femme sur les femmes en Alg&eacute;rie</span><span style="color:#00000a">&nbsp;&raquo;</span><span style="color:#00000a">, </span><span style="color:#00000a">dans </span><em><span style="color:#00000a">Les cahiers du CEDREF</span></em><span style="color:#00000a">, </span><span style="color:#00000a">ibid., </span><span style="color:#00000a">p.14.</span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p style="margin-left:16.95pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[8]</span></a><sup>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </sup><span style="color:black">Le &laquo;f&eacute;monationalisme&raquo;, compris comme la mobilisation contemporaine des id&eacute;es f&eacute;ministes par les partis nationalistes et les gouvernements n&eacute;olib&eacute;raux sous la banni&egrave;re de la guerre contre le patriarcat suppos&eacute; de l&rsquo;Islam en particulier, et des migrants du Tiers monde en g&eacute;n&eacute;ral, constitue la strat&eacute;gie discursive complexe que cet article vise &agrave; d&eacute;construire.</span> </span></p> </div> <div id="ftn9"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[9]</span></a><sup>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </sup>S<span style="color:black">ara Farris, &laquo;Femonationalism and the &ldquo;Reserve&rdquo; Army of Labor Called Migrant Women&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>History of the Present</em>, 2(2), 2012, p.&nbsp;184-199.</span> </span></p> </div> <div id="ftn10"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[10]</span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le f&eacute;minisme postcolonial s&rsquo;inscrit dans la filiation des &eacute;tudes postcoloniales (Postcolonial studies) anglosaxonnes dont Edward w. said, Homi Bhabha et Gayatri Chakravorty Spivak furent les pionniers. C&rsquo;est la parution du livre <em>Orientalisme</em><em> </em><em>: l&rsquo;Orient cr&eacute;e par l&rsquo;Occident</em> d&rsquo;Edward Said en 1978 qui est consid&eacute;r&eacute; comme le moment fondateur du postcolonialisme.&nbsp; </span></p> </div> <div id="ftn11"> <p style="margin-left:16.95pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[11]</span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <span style="color:black">Leon De Kock, &laquo; Interview With Gayatri Chakravorty Spivak : New Nation Writers Conference in South Africa &raquo;, dans <em>A Review of International English Literature(ARIEL)</em>, </span><a href="http://ariel.synergiesprairies.ca/ariel/index.php/ariel/issue/view/175" style="color:navy; text-decoration:underline"><span style="color:black">Vol. 23, n&deg; 3, 1992,</span></a><span style="color:black"> p.46.</span></span></p> </div> <div id="ftn12"> <p style="margin-left:16.95pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[12]</span></a><sup>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </sup>Sabine Masson, &laquo;Sexe/genre, classe, race: d&eacute;coloniser le f&eacute;minisme dans un contexte mondialis&eacute; &raquo;, Nouvelles Questions F&eacute;ministes, vol. 25, n&deg;3,mars 2006, p. 56-75: &laquo;&nbsp;Appliqu&eacute;e au f&eacute;minisme, la pens&eacute;e de la d&eacute;colonisation apporte une conception non monolithique du genre, capable d&rsquo;en explorer les contradictions internes et d&rsquo;en finir une fois pour toutes avec le mythe selon lequel la lib&eacute;ration des femmes d&eacute;coulerait du passage de la &laquo;communaut&eacute;&nbsp;&raquo; (tradition) &agrave; la soci&eacute;t&eacute; (modernit&eacute;).&nbsp; [....] On peut alors commencer &agrave; &laquo;&nbsp;comparer v&eacute;ritablement&nbsp;&raquo; [....] les f&eacute;minismes entre eux, sans construction dichotomique de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, ni instrumentalisation raciste du genre, et dans l&rsquo;id&eacute;e que &lsquo;toutes les cultures, y compris la &laquo;&nbsp;n&ocirc;tre&nbsp;&raquo;, sont patriarcales &ndash; pas plus ou moins mais diff&eacute;remment patriarcales&nbsp;&raquo;.</span></p> </div> <div id="ftn13"> <p style="margin-left:16.95pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[13]</span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Jules Falquet, &laquo; Ce que le genre fait &agrave; l&rsquo;analyse de la mondialisation n&eacute;olib&eacute;rale&nbsp;: l&rsquo;ombre port&eacute;e des&nbsp; syst&egrave;mes militaro-industriels sur les femmes globales &raquo;, <em>Regards crois&eacute;s sur l&rsquo;&eacute;conomie</em>&nbsp;: <em><span style="color:black">Regards crois&eacute;s sur l&rsquo;&eacute;conomie, </span></em><span style="color:black">n&deg; 15<em>, </em></span><span style="color:black">2014/2</span><em><span style="color:black">, </span></em>&nbsp;p. 341.</span></p> </div> <div id="ftn14"> <p style="margin-left:16.95pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[14]</span></a><em>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </em>Jules Falquet, &laquo; Ce que le genre fait &agrave; l&rsquo;analyse de la mondialisation n&eacute;olib&eacute;rale&nbsp;: l&rsquo;ombre port&eacute;e des&nbsp; syst&egrave;mes militaro-industriels sur les femmes globales &raquo;, <em>op.cit. p&nbsp;?</em></span></p> </div> <div id="ftn15"> <p style="margin-left:16.95pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[15]</span></a><sup>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </sup>Dans un article intitul&eacute; &laquo;&nbsp;N&eacute;olib&eacute;ralisme, femmes migrantes et marchandisation du care&nbsp;&raquo;, Sara R. Farris d&eacute;crit les effets du n&eacute;olib&eacute;ralisme sur le travail des femmes &agrave; savoir <em>&laquo;&nbsp;la marchandisation du secteur des services &agrave; la personne (care-domestic sector) et sa constitution en tant que march&eacute; du travail genr&eacute; et racialis&eacute;</em><em>&nbsp;&raquo;, Vacarme</em> 2013/4, n&deg; 65, p.107-116.</span></p> </div> <div id="ftn16"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm"><span style="font-size:12pt"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[16]</span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <span style="font-size:10.0pt">Jules Falquet, &laquo;Ce que le genre fait &agrave; l&rsquo;analyse de la mondialisation n&eacute;olib&eacute;rale&nbsp;: l&rsquo;ombre port&eacute;e des&nbsp; syst&egrave;mes militaro-industriels sur les &lsquo;femmes globales&rsquo;&raquo;, <em><span style="color:black">op.cit.</span></em><span style="color:black">, p. 341.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn17"> <p style="margin-left:0cm"><a href="#_ftnref17" name="_ftn17" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[17]</span></a><sup>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </sup>Joan Tronto, <em>Un monde vuln&eacute;rable, pour une politique du care</em>, La d&eacute;couverte, Paris, 2009, p. 224.</p> </div> <div id="ftn18"> <p style="margin-left:16.95pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref18" name="_ftn18" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[18]</span></a><sup>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </sup>Texte fondamental de la Convention de 2005 sur la protection et la promotion de la diversit&eacute; des expressions culturelles, Unesco, 2013, p. 3. </span></p> </div> <div id="ftn19"> <p style="margin-left:16.95pt; margin-right:0cm"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref19" name="_ftn19" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[19]</span></a><em>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ibid.</em></span></p> </div> <div id="ftn20"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><a href="#_ftnref20" name="_ftn20" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:12.0pt">[20]</span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">Vandana Shiva, Maria Mies, <em>Ecof&eacute;minisme</em>, op.cit., p. 214.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn21"> <p style="margin-left:0cm; text-align:justify"><a href="#_ftnref21" name="_ftn21" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[21]</span></a><sup>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </sup><span style="color:black">Vandana Shiva, <em>Staying alive: Women, Ecology and Survival in India, </em>Kali for women, New Delhi, 1988, p. 47: &laquo; <em>De Beauvoir subscribes to the myth of man-the-hunter as a superior being. She believes that instead of being the providers in hunting-gathering societies, women were a liability to the group because &rsquo;closely spaced births must have absorbed most of their strength and time so that they were incapable of providing for the children they brought into the world&rsquo;.<sup> </sup>That traditional and tribal women, without access to modem contraception, could not regulate the number of their children and the number of births is turning out to be a commonly accepted patriarchal myth. Similarly, the myth of female passivity and masculine creativity has been critically analysed by recent feminist scholarship, which shows that the survival of mankind has been due much more to &lsquo;woman-the-gatherer&rsquo;&nbsp; than to &lsquo;man-the-hunter.&rsquo;&raquo;</em></span></p> </div> <div id="ftn22"> <p style="margin-left:16.95pt; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><a href="#_ftnref22" name="_ftn22" style="color:navy; text-decoration:underline" title=""><span style="font-size:10.0pt">[22]</span></a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <span style="color:black">Judithe Bizot, </span><span style="color:black">&laquo;&nbsp;</span><span style="color:black">Entretien avec Vandana Shiva</span><span style="color:black">&nbsp;&raquo;</span><span style="color:black">, <em>Le courrier de l&rsquo;Unesco</em>, mars 1992, p. 8.</span></span></p> </div> </div>