<p><em>Par Alya Ben Hamida</em></p> <p><em>Universit&eacute; Paul Val&eacute;ry &ndash; Montpellier III/LLACS</em></p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-indent:35.4pt; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">Associer le rire &agrave; Miguel de Unamuno, penseur espagnol c&eacute;l&egrave;bre pour son angoisse opini&acirc;tre&nbsp;face &agrave; la mort, peut sembler paradoxal. Mais le rire, en tant que ph&eacute;nom&egrave;ne proprement humain, s&rsquo;inscrit d&rsquo;abord dans l&rsquo;anthropologie philosophique unamunienne. Par ailleurs, sa duplicit&eacute; intrins&egrave;que, qui convoque le corps et engage l&rsquo;esprit, lui octroie une place de choix dans l&rsquo;exp&eacute;rience (m&eacute;ta)physique de vertige et de confusion &agrave; laquelle Unamuno convie son lecteur. </span></span></span></span></p> <p style="text-indent:35.4pt; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">Le rire en effet est un ph&eacute;nom&egrave;ne double, caract&eacute;ris&eacute; par l&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute; et la dualit&eacute;. Cette complexit&eacute;&nbsp;inh&eacute;rente explique la raret&eacute; des ouvrages philosophiques qui lui sont consacr&eacute;s et la m&eacute;fiance avec laquelle il est parfois re&ccedil;u. Michel Delon, auteur du &laquo;&nbsp;Rire sardonique ou la limite du rire&nbsp;&raquo;, explique que, chez Montesquieu, le rire se pr&eacute;sente comme une r&eacute;action de d&eacute;fense devant ce qui offense&nbsp;: &laquo; L&#39;homme ne rit jamais qu&#39;en vertu d&#39;un retour flatteur sur lui-m&ecirc;me et d&#39;une comparaison plus ou moins orgueilleuse qu&#39;il fait de lui &agrave; l&#39;objet ridicule &raquo; (Delon, 2000 p. 259). Pour Bergson [1900], auteur du <i>Rire&nbsp;: essai sur la signification du comique</i>, il agit comme une forme de punition sociale qui suspend l&rsquo;empathie du rieur et connote une infraction. De plus, la folie, la marginalit&eacute; et la condamnation religieuse n&rsquo;en sont jamais tr&egrave;s &eacute;loign&eacute;es. Dans</span><span style="background:white"><span style="font-family:Times"><span style="color:black"> &laquo;&nbsp;</span></span></span><span style="font-family:Times">Une enqu&ecirc;te sur le rire&nbsp;&raquo;, Jacques Legoff souligne que&nbsp;: </span></span></span></span></p> <p class="MsoNoSpacingCxSpFirst" style="text-align:justify; margin-top:32px; margin-right:60px; margin-left:60px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:Times">&laquo;&nbsp;L&rsquo;exclusion par l&rsquo;&eacute;glise des com&eacute;diens des cimeti&egrave;res est un cas spectaculaire de cette exclusion du rire du monde des honn&ecirc;tes gens, des gens s&eacute;rieux, des gens convenables et de la culture reconnue.&nbsp;&raquo; (Legoff, 1997, p. 454)</span></span></span></span></p> <p class="MsoNoSpacingCxSpLast" style="text-align:justify; margin-right:60px; margin-bottom:32px; margin-left:60px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif">&nbsp;</span></span></p> <p style="text-indent:35.4pt; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">Par ailleurs, le rire ajoute &agrave; son ambigu&iuml;t&eacute; et &agrave; son incongruit&eacute; la multiplicit&eacute; des formes qu&rsquo;il peut rev&ecirc;tir et la diversit&eacute; des champs d&rsquo;action dans lesquels il peut intervenir&nbsp;: arts picturaux et visuels, litt&eacute;rature, discours et relations sociales. Sa porosit&eacute; constitutive et la complexe appr&eacute;hension de sa nature justifient que son analyse repose g&eacute;n&eacute;ralement sur la relation &agrave; ses antagonistes traditionnels, les larmes et le s&eacute;rieux.</span></span></span></span></p> <p style="text-indent:35.4pt; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">Toutefois, pour Unamuno, ce rire prot&eacute;iforme, si semblable &agrave; l&rsquo;humain auquel il &eacute;chappe, ne s&rsquo;oppose pas au pathos, &agrave; la trag&eacute;die ou &agrave; la philosophie, voire il les annonce et s&rsquo;y m&ecirc;le. </span></span></span></span></p> <p style="text-indent:35.4pt; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">Dans les romans d&rsquo;Unamuno, rire et connaissance&nbsp;s&rsquo;entrem&ecirc;lent, d&rsquo;abord par le biais de l&rsquo;ironie. B&eacute;n&eacute;dicte Vauthier (2014) rel&egrave;ve que l&rsquo;ironie tient une place pr&eacute;pond&eacute;rante dans la dialectique unamunienne. Cette derni&egrave;re se donne dans le dialogue, dans la confrontation r&eacute;flexive et le d&eacute;doublement de la conscience. L&rsquo;ironie unamunienne se veut socratique, dans la mesure o&ugrave; elle invite le lecteur &agrave; une ma&iuml;eutique. Pour Unamuno, il existe donc une &eacute;troite relation entre l&rsquo;ironie comme &eacute;l&eacute;ment discursif et une forme de connaissance d&eacute;bouchant sur un savoir dialogique. Or, cette m&eacute;thode suppose de cr&eacute;er un malaise, de susciter le trouble de l&rsquo;auditeur ou du lecteur. En effet, l&rsquo;ironie implique une duplicit&eacute; de la part de l&rsquo;&eacute;metteur, une feinte na&iuml;vet&eacute; trompeuse et qui se veut plus ou moins manipulatrice. Le rire qu&rsquo;elle suscite rev&ecirc;t donc une dimension s&eacute;rieuse, voire cruelle, tout en &eacute;tablissant une connivence entre &eacute;metteur et r&eacute;cepteur, une complicit&eacute; n&eacute;cessaire &agrave; la compr&eacute;hension du discours. Comme le r&eacute;sume Leo Strauss&nbsp;: </span></span></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align:justify; margin-top:32px; margin-right:60px; margin-bottom:32px; margin-left:60px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:Times">&laquo;&nbsp;L&rsquo;ironie est donc la noble dissimulation de sa propre valeur, de sa propre sup&eacute;riorit&eacute;. [&hellip;] La forme la plus &eacute;lev&eacute;e de sup&eacute;riorit&eacute; est la sup&eacute;riorit&eacute; en sagesse. Par cons&eacute;quent, la forme la plus &eacute;lev&eacute;e d&rsquo;ironie sera la dissimulation de sa propre sagesse, c&rsquo;est &agrave; dire la dissimulation de ses sages pens&eacute;es<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[1]</span></span></span></span></span></a>.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">L&rsquo;ironie appara&icirc;t donc li&eacute;e &agrave; une forme particuli&egrave;re, le dialogue, fer de lance de l&rsquo;&eacute;criture unamunienne et &eacute;tablit dans son &oelig;uvre un lien ontologique entre la philosophie comme recherche de la connaissance et la litt&eacute;rature. Dans <i>Niebla</i> [1914], l&rsquo;ironie est omnipr&eacute;sente, ainsi que le rel&egrave;ve </span><span style="font-family:Times">Manuel Cifo Gonz&aacute;lez (2000)&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align:justify; margin-top:32px; margin-right:60px; margin-bottom:32px; margin-left:60px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:Times">&laquo;&nbsp;L&rsquo;un des &eacute;l&eacute;ments qui attire le plus puissamment l&rsquo;attention dans la structure narrative de <i>Niebla</i> est l&rsquo;emploi de l&rsquo;ironie, pas seulement dans le sens de donner &agrave; comprendre le contraire de ce qui est dit ou pens&eacute;, mais aussi dans le sens de la plaisanterie fine et dissimul&eacute;e. C&rsquo;est pourquoi nous la verrons utilis&eacute;e aussi bien par le narrateur que par des personnages du roman</span></span><a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span lang="ES-TRAD" style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:Times"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span lang="ES-TRAD" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[2]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:Times">.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">En effet, d&egrave;s le prologue de l&rsquo;&oelig;uvre, Unamuno manie l&rsquo;ironie en r&eacute;affirmant son personnage, Victor Goti comme auteur du prologue, allant jusqu&rsquo;&agrave; lui reprocher de d&eacute;voiler des pens&eacute;es r&eacute;serv&eacute;es au cercle intime&nbsp;: </span></span></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align:justify; margin-top:32px; margin-right:60px; margin-bottom:32px; margin-left:60px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:Times">&laquo;&nbsp;Et Goti a commis dans son prologue l&rsquo;indiscr&eacute;tion de publier certains de mes jugements, que je n&rsquo;avais pas l&rsquo;intention de rendre publics. Ou pour le moins je n&rsquo;ai jamais voulu qu&rsquo;ils soient publi&eacute;s de mani&egrave;re aussi crue que lorsque je les exposais en priv&eacute;</span></span><a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span lang="ES-TRAD" style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:Times"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span lang="ES-TRAD" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[3]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:Times">.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">Au travers de l&rsquo;ironie, Unamuno m&ecirc;le d&rsquo;embl&eacute;e r&eacute;alit&eacute; et di&eacute;g&egrave;se en invitant son personnage &agrave; le rejoindre dans la sph&egrave;re historique. Il r&eacute;affirme de ce fait l&rsquo;autonomie, voire la primaut&eacute; du personnage de fiction sur son auteur. L&rsquo;ironie unamunienne se veut donc p&eacute;dagogique&nbsp;; sa duplicit&eacute; cherche, &agrave; troubler le lecteur&nbsp;; le rire qu&rsquo;elle peut susciter veut emporter son adh&eacute;sion pour le confronter &agrave; la n&eacute;cessit&eacute; de repenser son rapport &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre litt&eacute;raire et &agrave; la r&eacute;alit&eacute; dans laquelle il &eacute;volue. </span></span></span></span></p> <p style="text-indent:35.4pt; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">Si Unamuno recourt &agrave; cette vertu didactique de l&rsquo;ironie, c&rsquo;est que le rire agit comme un d&eacute;voilement de la v&eacute;rit&eacute;. Ainsi, dans <i>Vida de don Quijote y Sancho</i> [1<span style="color:black">905]</span>, &nbsp;Unamuno &eacute;crit&nbsp;: &laquo;&nbsp;le barbier se retient de rire pour ne pas &ecirc;tre reconnu. Il sait que le rire, en nous arrachant le masque du s&eacute;rieux, nous met &agrave; d&eacute;couvert<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[4]</span></span></span></span></span></a>&raquo;. Le rire d&eacute;chire&nbsp;le &laquo;&nbsp;voile de Maya&nbsp;&raquo; de Schopenhauer [1819], le voile de l&rsquo;illusion et expose la chose &laquo;&nbsp;en-soi&nbsp;&raquo;, &laquo; la v&eacute;ritable et unique r&eacute;alit&eacute; des choses &raquo;, au-del&agrave; des ph&eacute;nom&egrave;nes, de ce qui se laisse observer.&nbsp; </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; N&eacute;anmoins, si pour Unamuno le rire peut enseigner et dire le vrai, il cherche &eacute;galement &agrave; provoquer et d&eacute;noncer. Ainsi, &agrave; la suite <i>d&rsquo;Amor y Pedagog&iacute;a</i> [1902], Unamuno int&egrave;gre des notes pour un trait&eacute; de cocotologie, manuel de fabrication de cocottes en papier, pr&eacute;sent&eacute; comme une &oelig;uvre in&eacute;dite d&rsquo;Entreambosmares, personnage de l&rsquo;&oelig;uvre sus-cit&eacute;e. Selon Jos&eacute;-Carlos Mainer (2010) cet ajout consiste en :</span></span></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align:justify; margin-top:32px; margin-right:60px; margin-bottom:32px; margin-left:60px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:Times">&laquo;&nbsp;Une raillerie compl&egrave;te de l&rsquo;ambition humaine de tout r&eacute;duite &agrave; une m&eacute;thode ou &agrave; un syst&egrave;me, comme le fit Ram&oacute;n Llull, mais aussi Krause et son disciple Juli&aacute;n Sanz del R&iacute;o, Comte et Spencer, les titans du XIXe contre lesquelles se dresse tout le livre</span></span><a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span lang="ES-TRAD" style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:Times"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span lang="ES-TRAD" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[5]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:Times">.&nbsp;&raquo; </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">Le rire na&icirc;t alors de la satire. En effet, en impliquant une prise de distance critique et en suspendant l&rsquo;empathie du rieur, le rire marque symboliquement une transgression. Pour Schopenhauer (1984), il signale une incongruit&eacute;&nbsp;; &laquo; le rire se produit donc toujours &agrave; la suite d&rsquo;une subsomption paradoxale, et par cons&eacute;quent inattendue, qu&rsquo;elle s&rsquo;exprime en paroles ou en action. Voil&agrave;, en abr&eacute;g&eacute;, la vraie th&eacute;orie du rire &raquo; (p. 93). </span></span></span></span></p> <p style="text-indent:35.4pt; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">Le rire r&eacute;v&egrave;le donc la perception subite d&rsquo;une inad&eacute;quation entre un concept et l&rsquo;objet qu&rsquo;il sert &agrave; repr&eacute;senter. C&rsquo;est le cas dans <i>Amor y Pedagog&iacute;a,</i> o&ugrave; il est provoqu&eacute; par la fa&ccedil;on dont le personnage Avito Carrascal choisit d&rsquo;organiser l&rsquo;ensemble de sa vie et l&rsquo;&eacute;ducation de son fils selon les principes r&eacute;gulateurs de la raison. Il d&eacute;cide par exemple de faire le choix d&rsquo;un mariage rationnel, &laquo;&nbsp;d&eacute;ductif&nbsp;&raquo; qui &eacute;choue finalement face &agrave; son attirance toute physique pour Marina. Dans cette &oelig;uvre, les maximes g&eacute;n&eacute;rales rationnelles s&rsquo;opposent aux nuances propres &agrave; la vie&nbsp;; ce d&eacute;calage cr&eacute;e le ridicule <s>l</s>e rire. Mais sa dimension pol&eacute;mique est ici entach&eacute;e de m&eacute;lancolie puisque rire d&rsquo;Avito Carrascal, c&rsquo;est souligner en d&eacute;finitive l&rsquo;impossible ad&eacute;quation entre l&rsquo;id&eacute;al et la vie, &agrave; l&rsquo;origine d&rsquo;un &eacute;chec sans cesse renouvel&eacute;.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dans <i>Niebla</i>, comme le remarque&nbsp;Manuel Cifo Gonz&aacute;lez, une longue&nbsp;partie du Chapitre XXIII est une satire du personnage d&rsquo;Antol&iacute;n S&aacute;nchez Paparrig&oacute;pulos, reflet litt&eacute;raire de Marcelino Men&eacute;ndez Pelayo, auteur et &eacute;rudit fort critiqu&eacute; par la G&eacute;n&eacute;ration de 98 et en particulier par Unamuno qui lui reprochait son traditionalisme. C&rsquo;est lui qu&rsquo;Augusto consulte lorsqu&rsquo;il d&eacute;cide de s&rsquo;adonner &agrave; l&rsquo;analyse de&nbsp;la psychologie f&eacute;minine et &agrave; la r&eacute;daction de deux monographies, oubliant que le savant se consacre certes &agrave; l&rsquo;&eacute;tude des femmes, mais &laquo;&nbsp;plus dans les livres que dans la vie&nbsp;&raquo;. Son ami Goti, dans une emphase comique, tente de le dissuader de se risquer &agrave; une vaine&nbsp;exp&eacute;rimentation :</span></span></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align:justify; margin-top:32px; margin-right:60px; margin-bottom:32px; margin-left:60px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:Times">&laquo;&nbsp;Toute personne qui cherche &agrave; exp&eacute;rimenter quelque chose, mais en restant en retrait, sans se br&ucirc;ler les ailes, ne sait jamais rien avec certitude. Ne te fie jamais &agrave; un autre chirurgien qu&rsquo;&agrave; celui qui s&rsquo;est lui-m&ecirc;me amput&eacute; d&rsquo;un membre, ni &agrave; un psychiatre qui ne soit fou<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[6]</span></span></span></span></span></a>.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">Et c&rsquo;est bien Augusto qui sera le cobaye de cette &eacute;trange exp&eacute;rience de dissection&nbsp;: &laquo;&nbsp;je deviens la grenouille<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[7]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. Le rire intervient ici pour tourner en d&eacute;rision et d&eacute;noncer les pr&eacute;tentions philosophico-scientifiques &agrave; une analyse non empirique de l&rsquo;existence. Car toute forme d&rsquo;absolu, d&rsquo;id&eacute;al ou de syst&eacute;matisation est pour Unamuno condamn&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;chec parce que r&eacute;ductrice. L&rsquo;homme ou la femme ne peuvent &ecirc;tre appr&eacute;hend&eacute;s selon le seul principe de la raison, dans une version abstraite et &eacute;th&eacute;r&eacute;e. Et Unamuno en apporte la preuve&nbsp;: Augusto, qui recherche l&rsquo;&acirc;me universelle de la femme, en vient &agrave; perdre la sienne. Ce processus, dont l&rsquo;issue est certes tragique, reste risible en raison de l&rsquo;inversion, l&rsquo;un des cinq ressorts principaux du comique d&eacute;finis par Bergson dans le<i> Rire</i>, le rire qui d&eacute;nonce, d&eacute;forme son objet et provoque le lecteur, d&rsquo;o&ugrave; sa dimension pol&eacute;mique et subversive qui n&rsquo;est pas exempte de risques. En effet, la d&eacute;nonciation par le rire, qui suppose une infraction, appelle &agrave; une condamnation. Chez Miguel de Unamuno, &agrave; l&rsquo;instar de tout autre ph&eacute;nom&egrave;ne humain, il renferme un enjeu &eacute;thique et se caract&eacute;rise par sa porosit&eacute; et son ind&eacute;finition. </span></span></span></span></p> <p style="text-indent:35.4pt; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-indent:35.4pt; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">Certes, on retrouve chez lui une classique typologie des rires, qui distingue d&rsquo;abord le rire de la moquerie, dans <i>Vida de don Quijote y Sancho</i><b>. </b></span></span></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align:justify; margin-top:32px; margin-right:60px; margin-bottom:32px; margin-left:60px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:Times">&laquo;&nbsp;La malignit&eacute; humaine ne se retrouve en rien plus que dans la moquerie et le d&eacute;mon est le plus grand des moqueurs, l&rsquo;empereur et le p&egrave;re de tous les moqueurs. Et si le rire peut &ecirc;tre saint, lib&eacute;rateur et enfin, bon, il n&rsquo;est pas provoqu&eacute; par la moquerie mais par le contentement<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[8]</span></span></span></span></span></a>.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">Si donc la moquerie condamne et humilie, le rire sauve et lib&egrave;re. Contagieux, il entra&icirc;ne l&rsquo;adh&eacute;sion du rieur et, de ce fait, une forme de de lib&eacute;ration&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align:justify; margin-top:32px; margin-right:60px; margin-bottom:32px; margin-left:60px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:Times">&laquo;&nbsp;Gr&acirc;ce au rire tu les entra&icirc;nes &agrave; ta suite, ils t&rsquo;admirent et t&rsquo;aiment. [&hellip;] &ldquo;Voici l&rsquo;homme&rdquo;, dirent-ils en se moquant &agrave; J&eacute;sus Christ notre Seigneur, &ldquo;voici le fou&rdquo;, diront-ils de toi, mon seigneur don Quichotte, et tu seras le fou, le seul et unique, le Fou<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[9]</span></span></span></span></span></a>.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></p> <p style="text-indent:35.4pt; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">Pour Unamuno, le rire survient quand l&rsquo;homme s&rsquo;&eacute;mancipe de la logique. Il est la marque du plaisir que procure cette lib&eacute;ration. C&rsquo;est le combat de don Quichotte qui &eacute;rige la d&eacute;raison en valeur &eacute;thique et se caract&eacute;rise par son refus de se soumettre aux lois logiques, rationnelles ou empiriques. Don Quichotte provoque le rire car il place son imagination et sa volont&eacute; au-dessus de la dictature du r&eacute;el. Unamuno le d&eacute;crit comme un &laquo;&nbsp;Chevalier qui fit rire tout le monde, mais qui ne plaisanta jamais. Il avait l&rsquo;&acirc;me trop grande pour plaisanter. Il fit rire avec son s&eacute;rieux<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[10]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">Mais&nbsp;cette r&eacute;bellion contre la logique est in&eacute;vitablement &eacute;ph&eacute;m&egrave;re&nbsp;: l&rsquo;esclave retourne &agrave; ses cha&icirc;nes et s&rsquo;il rit c&rsquo;est pour ne pas pleurer. Le rire unamunien rev&ecirc;t un caract&egrave;re &eacute;minemment tragique, puisqu&rsquo;en lib&eacute;rant le rieur, il le renvoie dans le m&ecirc;me temps &agrave; la prise de conscience&nbsp;de sa condition d&rsquo;esclave de la logique. Car le rire poss&egrave;de une dimension s&eacute;rieuse, voire m&eacute;lancolique. Richter, qui influa fortement sur la th&eacute;orie unamunienne du rire, suppose que l&rsquo;humour d&eacute;coule de l&rsquo;inversion ou de l&rsquo;annihilation du sublime&nbsp;: l&rsquo;humour exalte la petitesse et rabaisse la grandeur. Don Quichotte est pour Unamuno un mod&egrave;le de bouffon tragique qui voit continuellement s&rsquo;affronter les nobles concepts chevaleresques h&eacute;rit&eacute;s de ses lectures et la r&eacute;alit&eacute; mesquine, basse de l&rsquo;existence. Dans le second livre, c&rsquo;est de cette divergence que jouent le Duc et la Duchesse pour tourner en ridicule don Quichotte et Sancho. Unamuno juge cet &eacute;pisode pr&eacute;tendument comique particuli&egrave;rement cruel et tragique. </span></span></span></span></p> <p style="text-indent:35.4pt; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">C&rsquo;est le cas &eacute;galement de la figure du clown dans <i>San Manuel Bueno, m&aacute;rtir </i>[1933],<i> </i>qui conte l&rsquo;histoire d&rsquo;un pr&ecirc;tre, don Manuel, un saint homme, incapable de trouver la foi.<i> </i>Le personnage tragique du clown, qui pr&eacute;sente son spectacle pendant que sa femme meurt en couches, agit en miroir de Manuel. En effet, pr&ecirc;tre et clown cherchent &agrave; r&eacute;pandre la joie, plong&eacute;s eux-m&ecirc;mes dans la plus profonde d&eacute;sesp&eacute;rance&nbsp;: &laquo; Je suis ici pour faire vivre les &acirc;mes de mes paroissiens, pour les rendre heureux, pour faire en sorte qu&rsquo;ils se r&ecirc;vent immortels et non pour les tuer<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[11]</span></span></span></span></span></a>&raquo;, affirme don Manuel. La f&eacute;licit&eacute; qu&rsquo;ils s&rsquo;attachent &agrave; r&eacute;pandre leur inspire une reconnaissance mutuelle&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;on a raison de dire Monsieur le cur&eacute;, que vous &ecirc;tes un saint&nbsp;&raquo;. &laquo;&nbsp;Le saint c&rsquo;est toi, honorable clown, r&eacute;pond don Manuel, &laquo;&nbsp;je t&rsquo;ai vu &oelig;uvrer, et j&rsquo;ai compris que tu ne travaillais pas seulement pour donner du pain &agrave; tes enfants, mais aussi pour donner de la joie &agrave; ceux des autres<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[12]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. Faire rire les hommes, les rendre heureux c&rsquo;est donc se comporter en sain, ce qui conduit &agrave; penser que le rire poss&egrave;de une puissante vertu &eacute;thique. </span></span></span></span></p> <p style="text-indent:35.4pt; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">Ces exemples montrent &eacute;galement combien rire et larmes s&rsquo;entrelacent et r&eacute;v&egrave;lent l&rsquo;attrait de l&rsquo;auteur pour la confusion. Dans <i>Niebla</i> il d&eacute;finit sa philosophie du vertige&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align:justify; margin-top:32px; margin-right:60px; margin-bottom:32px; margin-left:60px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:Times">&laquo;&nbsp;Il faut confondre. Confondre surtout, confondre tout. Confondre le r&ecirc;ve avec l&rsquo;&eacute;veil, la fiction avec la r&eacute;alit&eacute;, le vrai avec le faux&nbsp;; tout confondre dans un m&ecirc;me brouillard. La plaisanterie qui n&rsquo;est ni corrosive ni cruelle ne sert &agrave; rien. L&rsquo;enfant rit dans la trag&eacute;die&nbsp;; le vieillard pleure dans la com&eacute;die</span></span><a href="#_ftn13" name="_ftnref13" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="ES-TRAD" style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:Times"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="ES-TRAD" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[13]</span></span></span></span></span></span></span></a><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:Times">.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">&Agrave; la s&eacute;curit&eacute; de l&rsquo;analyse qui cat&eacute;gorise, Unamuno oppose une volont&eacute; de synth&egrave;se. Il cherche &agrave; confondre, refuse la d&eacute;finition, dans sa pens&eacute;e comme dans son &eacute;criture, ce qui m&egrave;ne son personnage Victor Goti &agrave; affirmer de lui qu&rsquo;il a la &laquo; pr&eacute;occupation du bouffon tragique&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[14]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;, et &agrave; remarquer &laquo;&nbsp;la volont&eacute; confusioniste et ind&eacute;finitioniste de don Miguel<a href="#_ftn15" name="_ftnref15" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[15]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;ensemble de sa production litt&eacute;raire et philosophique tend &agrave; confondre les contraires, &agrave; d&eacute;passer la m&eacute;di&eacute;t&eacute; aristot&eacute;licienne pour arriver &agrave; une appr&eacute;hension enti&egrave;re de l&rsquo;homme qui vit et ressent, l&rsquo;homme de &laquo;&nbsp;<i>carne y</i> <i>hueso</i>&nbsp;&raquo;, bien loin des id&eacute;aux philosophiques. Ainsi, alors qu&rsquo;Augusto est au plus profond du drame, abandonn&eacute; par sa promise et aux portes du suicide, Victor Goti ne renonce pas &agrave; l&rsquo;humour, affirmant m&ecirc;me&nbsp;:&nbsp;&laquo; voil&agrave; le moment de plaisanter [&hellip;] C&rsquo;est pour de telles occasions que la plaisanterie a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;e<a href="#_ftn16" name="_ftnref16" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[16]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. De la m&ecirc;me fa&ccedil;on, dans<i> Vida de Don Quijote y Sancho</i>, Unamuno d&eacute;finit le chef d&rsquo;&oelig;uvre de Cervant&egrave;s comme&nbsp;: </span></span></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align:justify; margin-top:32px; margin-right:60px; margin-bottom:32px; margin-left:60px"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:Times">&laquo;&nbsp;Une &oelig;uvre de d&eacute;rision qui condensa le fruit de notre h&eacute;ro&iuml;sme. [&hellip;] Dans une &oelig;uvre de d&eacute;rision l&rsquo;on peut d&eacute;chiffrer l&rsquo;essence de notre philosophie espagnole, [&hellip;]. Et cette &oelig;uvre de d&eacute;rision est la plus triste histoire jamais &eacute;crite, il est vrai, mais &eacute;galement la plus consolatrice pour ceux qui savent appr&eacute;cier dans les larmes de joie la r&eacute;demption de ce mis&eacute;rable bon sens auquel l&rsquo;esclavagisme de la vie pr&eacute;sente nous condamne<a href="#_ftn17" name="_ftnref17" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[17]</span></span></span></span></span></a>.&nbsp;&raquo;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">Rires, larmes, com&eacute;die, trag&eacute;die et philosophie partagent donc pour Unamuno la m&ecirc;me nature. A l&rsquo;image de l&rsquo;homme qui les vit ou les provoque, ils se caract&eacute;risent par leur ind&eacute;finition et la porosit&eacute; des fronti&egrave;res qui les s&eacute;pare.&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; En d&eacute;finitive, le rire s&rsquo;int&egrave;gre &agrave; merveille au projet unamunien et &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience &agrave; laquelle il entend convier son lecteur. Comme le rel&egrave;ve Valentino Bompiani, auteur d&rsquo;un <i>Diccionario de Autores</i>, &laquo;&nbsp;sa pr&eacute;occupation &eacute;tait que tous vivent inquiets et avides, et il fustigea avec acharnement tout ce qui supposait conformisme, indiff&eacute;rence ou fausset&eacute;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[18]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. Dans ce cadre, le rire et l&rsquo;humour sont chez lui des outils classiques pour emporter l&rsquo;adh&eacute;sion du lecteur, le provoquer ou d&eacute;noncer des paradigmes qu&rsquo;il consid&egrave;re comme erron&eacute;s ou dangereux. Mais surtout, le rire est une mani&egrave;re d&rsquo;appr&eacute;hender l&rsquo;humain r&eacute;el, de chair et d&rsquo;os, dans ses manifestations empiriques et quotidiennes, dans ses troubles et ses contradictions. Toujours entach&eacute; de m&eacute;lancolie ou d&rsquo;amertume, pour Unamuno le rire est un pendant &agrave; la d&eacute;sesp&eacute;rance, lui qui &eacute;crivait en hommage &agrave; Clar&iacute;n&nbsp;: &laquo;&nbsp;Rions donc, puisque nous sommes n&eacute;s pour souffrir&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></p> <p align="center" style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2>Bibliographie</h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">Bergson, H. (2005). <i>Le rire&nbsp;: Essai sur la signification du comique</i>, Paris, Presses Universitaires de France, (ouvrage original publi&eacute; en 1900). </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span lang="ES" style="font-family:Times">Carlos Mainer, J. (2010). Modernidad y nacionalismo. In : Mainer, J-C. (dir.), Pont&oacute;n, G. (coord.), <i>Historia de la literatura espa&ntilde;ola</i> <i>(1900 - 1939</i>), </span><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">Madrid, Cr&iacute;tica.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span lang="ES" style="font-family:Times">Cifo Gonz&aacute;lez, M. (2000). Humor, burla, iron&iacute;a y s&aacute;tira en <i>Niebla </i>: algunas propuestas para la lectura de la nivola unamuniana. <i>Cuad. C&aacute;t. M. de Unamuno</i>, 35, Salamanca, Editciones de Salamanca.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteTextCxSpFirst" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span lang="ES" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">Delon<span style="font-variant:small-caps">,</span> M. (2000). </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">Le rire sardonique ou la limite du rire. <i>Dix-huiti&egrave;me Si&egrave;cle, </i>n&deg;32, 255-264. </span></span></span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteTextCxSpLast" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">Legoff, J. (1997)</span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times"><span style="color:black">. </span></span></span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">Une enqu&ecirc;te sur le rire. <i>Annales. Histoire, Sciences Sociales</i>. 52</span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">ᵉ</span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times"> ann&eacute;e, n&deg;3, 449-455.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span lang="ES" style="font-family:Times">Sampablo, E. (2001). Miguel de Unamuno. In : Bompiani<span style="font-variant:small-caps">, </span>V. (dir.), <i>Diccionario de Autores</i>. </span><span style="font-family:Times">Tomo V, Barcelona, Hora, 1963 p. 2825 &ndash; 2829.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">Schopenhauer<span style="font-variant:small-caps">,</span> A. (1984). <i>Le monde comme volont&eacute; et comme repr&eacute;sentation</i>. A. Burdeau (trad.), Paris, PUF, (ouvrage original publi&eacute; en 1819).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span style="font-family:Times">Strauss<span style="font-variant:small-caps">,</span> L. (1987).&nbsp;Sur la R&eacute;publique de Platon. In <i>La cit&eacute; et l&rsquo;homme</i>, Paris, Agora.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">Unamuno (de), M. (1999a). <i>Amor y pedagog&iacute;a</i>. </span><span style="font-family:Times">Caball&eacute;, A. (ed), Madrid, (ouvrage original publi&eacute; en 1902). </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">Unamuno (de), M. (1999b).<i> San Manuel Bueno, m&aacute;rtir</i>. Vald&eacute;s, M. (ed.), Madrid, C&aacute;tedra, Espasa-Calpe, </span><span style="font-family:Times">(ouvrage original publi&eacute; en 1933)</span><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">Unamuno (de), M. (2012).<i> </i></span><i><span lang="ES" style="font-family:Times">Niebla</span></i><span lang="ES" style="font-family:Times">. </span><span style="font-family:Times">Vald&eacute;s, M. J. (ed.), Madrid, C&aacute;tedra, (ouvrage original publi&eacute; en 19014).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">Unamuno (de), M. (2014). </span><i><span lang="ES" style="font-family:Times">Vida de don Quijote y Sancho</span></i><span lang="ES" style="font-family:Times">. Madrid, C&aacute;tedra, </span><span style="font-family:Times">(ouvrage original publi&eacute; en 1905).</span> </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Garamond, serif"><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">Vauthier, B. (2004).</span><i><span lang="ES" style="font-family:Times"> Arte de escribir e iron&iacute;a en la obra narrativa de Miguel de Unamuno. </span></i><span lang="ES" style="font-family:Times">Salamanca, Ediciones Universidad Salamanca, 2004.</span></span></span></span></p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <h2>Notes</h2> <p class="MsoFootnoteTextCxSpFirst" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-family:Times"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[1]</span></span></span></span></span></span></a> <span style="font-family:Times">Strauss (1987, p. 69), cit&eacute; par Vauthier (2014 p. 316).</span> </span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteTextCxSpMiddle" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-family:Times"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[2]</span></span></span></span></span></span></a> <span lang="ES" style="font-family:Times">&ldquo;</span><i><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">Uno de los elementos que m&aacute;s poderosamente llama la atenci&oacute;n en la estructura narrativa de Niebla es el uso de la iron&iacute;a, no s&oacute;lo en su acepci&oacute;n de dar a entender lo contrario de lo que se dice o se piensa, sino m&aacute;s bien en el sentido de burla fina y disimulada. As&iacute; es como la podemos ver empleada tanto por parte del narrador como por parte de algunos de los personajes de la novela</span></i><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">&rdquo;</span><span lang="ES" style="font-family:Times">&nbsp;(</span><span lang="ES" style="font-family:Times">Cifo Gonz&aacute;lez, 2000, p. 44). </span></span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="MsoFootnoteTextCxSpMiddle" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-family:Times"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[3]</span></span></span></span></span></span></a> <span lang="ES" style="font-family:Times">&ldquo;<i>Y Goti ha cometido en su pr&oacute;logo la indiscreci&oacute;n de publicar juicios m&iacute;os que nunca tuve intenci&oacute;n de que se hiciesen p&uacute;blicos. O por lo menos nunca quise que se publicaran con la crudeza con que en privado los expon&iacute;a</i>&rdquo; (Unamuno, 2012, p. 83).</span></span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="MsoFootnoteTextCxSpMiddle" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-family:Times"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[4]</span></span></span></span></span></span></a> <i><span lang="ES" style="font-family:Times">El barbero disimula la risa para no ser conocido. Sabe que le risa, arranc&aacute;ndonos la m&aacute;scara de la seriedad, </span></i><span lang="ES" style="font-family:Times">[&hellip;]<i>, nos pone al descubierto</i>&rdquo; (Unamuno, 2014, p. 276). </span></span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="MsoFootnoteTextCxSpMiddle" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-family:Times"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[5]</span></span></span></span></span></span></a> <span lang="ES" style="font-family:Times">&ldquo;<i>Una completa burla de la ambici&oacute;n humana de reducir todo a m&eacute;todo y sistema, tal como hizo Ram&oacute;n Llull </i>[&hellip;]<i>, pero como tambi&eacute;n hicieron Krause y su seguidor Juli&aacute;n Sanz del Rio, Comte y Spencer, los titanes decimon&oacute;nicos contra los que se endereza todo el libro</i>&rdquo; (Mainer, </span><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">2010, </span><span lang="ES" style="font-family:Times">p. 254).&nbsp;</span></span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p class="MsoFootnoteTextCxSpMiddle" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-family:Times"><span class="Caractresdenotedebasdepage" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[6]</span></span></span></span></span></span></a> <span lang="ES" style="font-family:Times">&ldquo;<i>Todo el que se mete a querer experimentar algo, pero guardando la retirada, no quemando las naves, nunca sabe nada de cierto. Jam&aacute;s te f&iacute;es de otro cirujano que de aquel que se haya amputado a s&iacute; mismo alg&uacute;n propio miembro, ni te entregues a alienista que no est&eacute; loco</i>&rdquo; (<span style="color:black">Unamuno, 2012,</span><i> </i><span style="color:black">p. 227).</span> &nbsp;&nbsp;&nbsp;</span></span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p class="MsoFootnoteTextCxSpMiddle" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-family:Times"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[7]</span></span></span></span></span></span></a><span style="font-family:Times"> &ldquo;<i>Estoy haciendo de rana</i>&rdquo; </span><span lang="ES" style="font-family:Times">(<span style="color:black">Unamuno, 2012,</span><i> </i>p. 231).</span></span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p class="MsoFootnoteTextCxSpMiddle" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-family:Times"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[8]</span></span></span></span></span></span></a> <span lang="ES" style="font-family:Times">&ldquo;<i>Porque en nada como en la burla se conoce la maldad humana y el demonio es el gran burlador, el emperador y padre de los burladores todos. Y si la risa puede llegar a ser santa y liberadora y, en fin, buena, no es ella risa de burla, sino risa de contento</i>&rdquo; (Unamuno, 2014,<i> </i>p. 393).</span></span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p class="MsoFootnoteTextCxSpMiddle" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-family:Times"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[9]</span></span></span></span></span></span></a> <span lang="ES" style="font-family:Times">&ldquo;<i>Con la risa los llevas tras de ti, te admiran y te quieren. </i>[&hellip;]<i> &laquo;He aqu&iacute; el hombre&raquo;, dijeron en burla a Cristo Nuestro Se&ntilde;or; &laquo;he aqu&iacute; el loco&raquo;, dir&aacute;n de ti, mi se&ntilde;or Don Quijote, y ser&aacute;s el loco, el &uacute;nico, el Loco</i>&rdquo;<i>&nbsp;</i> (Unamuno, 2014, p. 278). </span></span></span></p> </div> <div id="ftn10"> <p class="MsoFootnoteTextCxSpMiddle" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-family:Times"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[10]</span></span></span></span></span></span></a> <span lang="ES" style="font-family:Times">&ldquo;</span><i><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">Caballero que hizo re&iacute;r a todo el mundo, pero que nunca solt&oacute; un chiste. Ten&iacute;a el alma demasiado grande para parir chistes. Hizo re&iacute;r con su seriedad</span></i><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">&rdquo;</span> <span lang="ES" style="font-family:Times">(Unamuno, 2014, p. 143). </span></span></span></p> </div> <div id="ftn11"> <p class="MsoFootnoteTextCxSpMiddle" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-family:Times"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[11]</span></span></span></span></span></span></a> <span lang="ES" style="font-family:Times">&ldquo;</span><i><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">Yo estoy aqu&iacute; para hacer vivir a las almas de mis feligreses, para hacerlos felices, para hacerles que se sue&ntilde;en inmortales y no para matarlos</span></i><span lang="ES" style="font-family:Times">&rdquo; (Unamuno, </span><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">1999b</span><i><span lang="ES" style="font-family:Times">, </span></i><span lang="ES" style="font-family:Times">p. 143). </span></span></span></p> </div> <div id="ftn12"> <p class="MsoFootnoteTextCxSpMiddle" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-family:Times"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[12]</span></span></span></span></span></span></a> <span lang="ES" style="font-family:Times">&ldquo;</span><i><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">Bien se dice, se&ntilde;or cura, que es usted un santo El santo eres t&uacute;, honrado payaso; te vi trabajar, comprend&iacute; que no solo lo haces para dar pan a tus hijos, sino tambi&eacute;n para dar alegr&iacute;a a los de los otros</span></i><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">&rdquo;</span> <span lang="ES" style="font-family:Times">(</span><span lang="ES" style="font-family:Times">Unamuno, </span><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">1999b</span><span lang="ES" style="font-family:Times">, p. 127 &ndash; 128). </span></span></span></p> </div> <div id="ftn13"> <p class="MsoFootnoteTextCxSpMiddle" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-family:Times"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[13]</span></span></span></span></span></span></a><i> </i><span lang="ES" style="font-family:Times">&ldquo;</span><i><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">Y hay que confundir. Confundir sobre todo, confundirlo todo. Confundir el sue&ntilde;o con la vela, la ficci&oacute;n con la realidad, lo verdadero con lo falso&nbsp;; confundirlo todo en una sola niebla. La broma que no es corrosiva y contundente no sirve para nada. El ni&ntilde;o se r&iacute;e en la tragedia; el viejo llora en la comedia</span></i><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">&rdquo; (Unamuno<i>, </i>2012,<i> </i></span><span lang="ES" style="font-family:Times">p.&nbsp;248). </span></span></span></p> </div> <div id="ftn14"> <p class="MsoFootnoteTextCxSpMiddle" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-family:Times"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[14]</span></span></span></span></span></span></a> <span lang="ES" style="font-family:Times">&ldquo;<i>preocupaci&oacute;n del bufo tr&aacute;gico</i>&rdquo;<i> </i></span><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">(Unamuno<i>, </i>2012</span><span lang="ES" style="font-family:Times">, p. 77).</span></span></span></p> </div> <div id="ftn15"> <p class="MsoFootnoteTextCxSpMiddle" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-family:Times"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[15]</span></span></span></span></span></span></a> <span lang="ES" style="font-family:Times">&ldquo;<i>el &iacute;mpetu confusionista a indefinicionista de don Miguel</i>&rdquo; </span><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">(Unamuno<i>, </i>2012</span><span lang="ES" style="font-family:Times">, p.82). </span></span></span></p> </div> <div id="ftn16"> <p class="MsoFootnoteTextCxSpMiddle" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-family:Times"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[16]</span></span></span></span></span></span></a><span lang="ES" style="font-family:Times">&nbsp;&ldquo;<i>esta es la ocasi&oacute;n de bromas. [&hellip;] Para estas ocasiones se ha hecho la burla</i>&rdquo;<i> </i></span><span lang="ES-TRAD" style="font-family:Times">(Unamuno<i>, </i>2012</span><span lang="ES" style="font-family:Times">, p. 247).</span></span></span></p> </div> <div id="ftn17"> <p class="MsoFootnoteTextCxSpMiddle" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref17" name="_ftn17" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-family:Times"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[17]</span></span></span></span></span></span></a> <span lang="ES" style="font-family:Times">&ldquo;<i>En una obra de burlas se condens&oacute; el fruto de nuestro hero&iacute;smo; </i>[&hellip;]<i> en una obra de burlas se cifra y compendia nuestra filosof&iacute;a espa&ntilde;ola, </i>[&hellip;]<i>.</i> <i>Y esa obra de burlas es la m&aacute;s triste historia que jam&aacute;s se ha escrito; la m&aacute;s triste, s&iacute;, pero tambi&eacute;n la m&aacute;s consoladora para cuantos saben gustar en las l&aacute;grimas de la risa la redenci&oacute;n de la miserable cordura a que la esclavitud de la vida presente nos condena.&rdquo;</i> (Unamuno, 2014, p.</span>&nbsp;<span lang="ES" style="font-family:Times">434). </span></span></span></p> </div> <div id="ftn18"> <p class="MsoFootnoteTextCxSpMiddle" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Garamond, serif"><a href="#_ftnref18" name="_ftn18" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-family:Times"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Times">[18]</span></span></span></span></span></span></a> <span lang="ES" style="font-family:Times">&ldquo;<i>Fue su preocupaci&oacute;n que todos vivieran inquietos y anhelantes, y fustig&oacute; encarnizadamente todo cuanto supon&iacute;a conformismo, indiferencia, o falsedad</i>&rdquo; (Sampablo, 2001, p. 2825). </span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteTextCxSpLast" style="text-align:justify">&nbsp;</p> </div> </div>