<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" times="">Le pr&eacute;sent num&eacute;ro d&eacute;montre &agrave; quel point la diversit&eacute; culturelle de la M&eacute;diterran&eacute;e est synonyme de diff&eacute;rence de points de vue, c&rsquo;est-&agrave;-dire de perception des signes, des symboles et des sens dans l&rsquo;espace et dans le temps. En d&rsquo;autres termes, les moyens d&rsquo;expression auxquels recourent les membres de chaque communaut&eacute; de cette zone g&eacute;ostrat&eacute;gique du monde ont tendance &agrave; traduire des relations de proximit&eacute; et d&rsquo;&eacute;loignement, de ressemblance et de diff&eacute;rence, d&#39;influence et de domination, de pouvoir et de non pouvoir, de force et de faiblesse, de guerre et de paix, etc. L&rsquo;h&eacute;ritage colonial et postcolonial, toujours pr&eacute;sent dans les pratiques et les discours des uns et des autres, reste l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment central et le moteur inspirateur de ces relations contradictoires, voire conflictuelles mais essentielles pour garantir une continuit&eacute; au bon voisinage, qui a tellement marqu&eacute; les soci&eacute;t&eacute;s de la zone et qui se traduit dans les rapports individuels et collectifs des populations de cet espace.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" times="">Cet h&eacute;ritage est esquiss&eacute; dans l&rsquo;article de <b>Paulette AYOUB, </b>qui soul&egrave;ve la question des genres textuels dans l&rsquo;enseignement de la langue fran&ccedil;aises au Liban. L&rsquo;enqu&ecirc;te sociolinguistique men&eacute;e par l&rsquo;auteure tente de r&eacute;v&eacute;ler l&rsquo;attitude des apprenants envers l&rsquo;exploitation des genres textuels en classe, et de rendre compte de leur efficacit&eacute; dans le d&eacute;veloppement du langage oral et &eacute;crit. Dans cette contribution, l&rsquo;accent est mis sur la contexte linguistique libanais caract&eacute;ris&eacute; par la diglossie, la pluriglossie et le plurilinguisme, repr&eacute;sent&eacute;s par l&rsquo;existence simultan&eacute;e de l&rsquo;arabe <i>fusha</i> ou standard et l&rsquo;arabe dialectal, d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, et des autres langues &eacute;trang&egrave;res, notamment le fran&ccedil;ais qui renvoie au pass&eacute; colonial du pays&nbsp;; cela fait de la langue fran&ccedil;aise, &agrave; c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;anglais et de l&rsquo;arabe, une des langues &eacute;trang&egrave;res dominantes dans le syst&egrave;me &eacute;ducatif libanais.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" times="">La question des genres concerne aussi le genre dans le sens de <i>gender</i>. La contribution d&rsquo;<b>Evy Johanne H&Aring;LAND,</b> qui relie le pass&eacute; au pr&eacute;sent en adoptant une m&eacute;thodologie combinant enqu&ecirc;te de terrain et &eacute;tudes des sources anciennes, aborde ce type de genres. L&rsquo;objectif principale de cette recherche serait de d&eacute;construire les croyances forg&eacute;es depuis la Gr&egrave;ce antique, par une vision masculine, sur les rites de gu&eacute;rison pratiqu&eacute;s jusqu&rsquo;&agrave; aujourd&rsquo;hui par les femmes grecques dans la sph&egrave;re domestique.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" times="">C&rsquo;est justement ce rapport femme/homme impliquant aussi oral/&eacute;crit que l&rsquo;article de <b>Sakina AMOURAK</b> propose de mettre en exergue, ce en pr&eacute;sentant des r&eacute;sultats de recherches <span style="color:black">psycho-socio-linguistiques sur la place de la femme jeblie dans la conservation de la langue, notamment l&rsquo;usage de l&rsquo;arabe marocain montagnard (jebli) dans un espace convoit&eacute; par l&rsquo;emploi d&rsquo;autres langues &agrave; causes des d&eacute;placements des locuteurs de et vers les zones urbaines. Elle rend compte des particularit&eacute;s des locuteurs jeblis au sein de leur environnement, interrogeant ainsi les rapports de genres et de sexes dans leurs pratiques socio-discursives. </span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" times="">Les &eacute;tudes de genre se bifurquent sur celles de l&rsquo;identit&eacute; au sein d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; pr&eacute;cise. Une identit&eacute; qui se construit par le biais d&rsquo;un changement spatiale et/ou temporel. L&rsquo;&eacute;migration compte souvent parmi les facteurs de cette &eacute;volution. <b>Christine BUISSOU</b> propose en ce sens une &eacute;tude de corpus multiforme tir&eacute; de m&eacute;dias traditionnels, de m&eacute;dias num&eacute;riques et de r&eacute;alisations th&eacute;&acirc;trales. Cette recherche se situe dans un contexte m&eacute;diterran&eacute;en et a pour objectif de mettre au go&ucirc;t du jour des principes d&rsquo;individuation du f&eacute;minin, de questionner le rapport intersubjectif au sein de l&rsquo;exp&eacute;rience culturelle et de l&rsquo;identit&eacute; en construction.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" times="">Alors que les travaux de Bouissou articulent sensibilit&eacute; et rationalit&eacute;, <b>Imane JOTTI</b> propose &agrave; travers une analyse des &oelig;uvres de Mohammed JAAMATI (2016) une ext&eacute;riorisation de l&rsquo;&eacute;motion envers une femme vagabonde d&rsquo;origine maghr&eacute;bine que l&rsquo;artiste repr&eacute;sente dans des portraits artistiques. De cette mani&egrave;re, ce dernier <span style="background:white"><span style="color:black">partage avec son public amateur d&rsquo;art plastique sur son r&eacute;seau social le go&ucirc;t de l&rsquo;amertume et de la tristesse ressenties dans le temps et dans l&rsquo;espace. Il reproduit cette forte &eacute;motion ressentie dans une s&eacute;rie de tableaux, ce qui incite &agrave; d&eacute;couvrir le sens invisible du perceptible et situe l&rsquo;&eacute;tude dans le domaine de la s&eacute;miotique et de la ph&eacute;nom&eacute;nologie structurales. Cela participerait &agrave; la structuration du sens &agrave; partir d&rsquo;indices manifestant un langage diversifi&eacute; reliant l&rsquo;image aux mots, et &agrave; travers des strat&eacute;gies persuasives &eacute;veillant la conscience individuelle et collective vis-&agrave;-vis de cette femme laiss&eacute;e &agrave; son sort dans les rues&nbsp;du d&eacute;sespoir, alors que les valeurs socioculturelles ancestrales surestiment la femme, la valorisent comme le socle de la soci&eacute;t&eacute; et imposent sa protection au sein de son entourage familial pour la pr&eacute;servation des prog&eacute;nitures.&nbsp; </span></span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" times="">Si l&rsquo;expression en aquarelle se transmet par l&rsquo;image, le septi&egrave;me art permet de mettre en &eacute;vidence des repr&eacute;sentations audio-visuelles d&rsquo;une r&eacute;alit&eacute; sociale pouvant combiner trois types de messages&nbsp;: symbolique, psychique et linguistique (Barthes, 1964). La contribution de <b>Raja TAWIL</b> propose ainsi d&rsquo;&eacute;tablir le constat de Hayssam KOTOB (2007) sur l&rsquo;emploi des mots &eacute;trangers au sein du parler arabe libanais. Il s&rsquo;agit ici d&rsquo;une transposition cin&eacute;matographique d&rsquo;une pratique sociolinguistique pour rendre compte de son r&ocirc;le dans l&rsquo;att&eacute;nuation de la charge s&eacute;mantique des propos sexuels dans le cin&eacute;ma libanais. Vu sous cet angle, il importe de souligner le r&ocirc;le des productions artistiques dans la description d&rsquo;un ph&eacute;nom&egrave;ne social pouvant alimenter ou d&eacute;construire des st&eacute;r&eacute;otypes. Autrement dit, une production artistique constitue un m&eacute;dium contribuant &agrave; forger la doxa, tout comme un corpus m&eacute;diatique. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" times="">Dans cette optique, l&rsquo;&eacute;tude de <b>Mohamed-Chawki BEN HASSEN</b> tente d&rsquo;expliquer &agrave; quel point le roman <i>Hot Maroc</i> de Yāsīn ʿAdnān (2016) parvient &agrave; cr&eacute;er un trait d&rsquo;union entre </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" times="">l&rsquo;univers litt&eacute;raire et celui du journalisme. L&rsquo;analyse de BEN HASSEN tente aussi de souligner la particularit&eacute; de ce roman de d&eacute;crire le r&ocirc;le du journalisme &eacute;lectronique d&rsquo;un point de vue soci&eacute;tal et non pas &agrave; travers les coulisses du journalisme. Cette &oelig;uvre est &agrave; la fois le fruit d&rsquo;une exp&eacute;rience personnelle au sein de la soci&eacute;t&eacute; marocaine et d&rsquo;une connaissance r&eacute;elle du milieu, puisque Yāsīn ʿAdnān est journaliste de profession. La richesse de ce parcours hybride lui permet de bien identifier son lectorat, d&rsquo;aborder les sujets qui le pr&eacute;occupent et d&rsquo;employer les mots qui le captivent. &nbsp;Ces crit&egrave;res parmi d&rsquo;autres sont des ingr&eacute;dients n&eacute;cessaires &agrave; la production d&rsquo;un discours qui vise &agrave; convaincre pour pouvoir gouverner. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" times="">Dans cette perspective, l&rsquo;analyse texto-m&eacute;trique du discours du pr&eacute;sident &eacute;gyptien Abdelfattah AL-SISSI, par <b>Yacine BOULAGHMEN</b>, met en lumi&egrave;re l&rsquo;usage d&rsquo;un nombre de formules devant une audience nationale et internationale, dans un contexte g&eacute;opolitique secou&eacute; depuis d&eacute;cembre 2010, par une vague de r&eacute;voltes populaires sans pr&eacute;c&eacute;dent dans le monde arabe. Cette recherche part du principe que l&rsquo;usage des mots en politique doit se mettre au diapason des besoins du moment en mati&egrave;re de gouvernance, dans un monde interconnect&eacute; par le truchement de la technologie.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" times="">Les huit contributions de ce num&eacute;ro portant sur les genres en M&eacute;diterran&eacute;e et dans la sph&egrave;re arabe repr&eacute;sentent un panorama socio-linguistique et un <i>patchwork</i> culturel de la r&eacute;gion &eacute;tudi&eacute;e. Les r&eacute;sultats des travaux pr&eacute;sent&eacute;s constituent une mati&egrave;re premi&egrave;re destin&eacute;e &agrave; des recherches pluridisciplinaires ult&eacute;rieures, ayant pour objectif d&rsquo;&eacute;tudier de plus pr&egrave;s les genres, les pratiques et les repr&eacute;sentations&nbsp;qui caract&eacute;risent les identit&eacute;s arabes et m&eacute;diterran&eacute;ennes.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p>