<h1 class="MsoTitle" style="text-align: center;">Du génome aux individus : représentations phonologiques et variations dans le diasystème occitan</h1> Quentin Garnier ReSO – Université Paul Valéry <h2 style="text-align: justify;">Introduction</h2> La fréquente confusion des termes langue et dialecte alimente la perception d’une « hyper-dialectisation » de l’occitan et brouille le débat lié aux questions de normativisation de la langue. Cette confusion est due, selon Hendschel (2001) aux deux types de critères retenus dans la définition de ces notions : d'une part des critères qu'il nomme « internes » c'est à dire métalinguistiques (phonétiques, syntaxiques, morphologiques...) et d'autre part des critères « externes »<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a> que sont les considérations idéologiques, le poids des  politiques linguistiques, etc. Kloss (1967) propose deux concepts, qui se répondent (et s'entretiennent l'un l'autre) :  celui de langue par distance équivalent à la notion de « diasystème » qui désigne un système linguistique défini par des usages oraux mutuellement intelligibles et  celui de langue par élaboration équivalent à ce que Hendshel (ib.) nomme « langue-koinè » qui désigne une variété (au sein d’un diasystème) choisie, promue et développée en réponse aux besoins de certaines exigences sociales (notamment politiques et culturelles). Dès lors, l’étude et la caractérisation des dialectes oraux, constitutif d’un diasystème, ne peuvent en être qu’affectées puisque soit se superposent deux structures linguistiques distinctes si la confusion identifiée plus haut n’est pas écartée, soit, si elle l’est, elle entraîne bien souvent une vision très localiste, enfermant l’occitan dans un état de fragmentation dialectal surévalué. Nous montrerons dans ce qui suit que la phonologie plurilinéaire propose une approche intéressante de la réalité dialectale, complémentaire aux descriptions issues de la dialectologie traditionnelle. Dépassant les limites de cette dernière, qui échoue parfois à inscrire une variété dans l’articulation globale de la langue occitane, ces propositions permettent de dégager les fonctionnement diatopiques spécifiques depuis une structure phonologique sous-jacente commune, ou du moins, largement partagée (Lieutard, 2016) dépassant ainsi à la dualité chairs~ossature (proposée par exemple par Bec (1973)) comme représentation classique du diasystème.   <h2 style="text-align: justify;">Génome, syllabes et mutations</h2> La langue d’oc est traditionnellement divisée en 6 dialectes, regroupés en 3 ensembles : au sud-ouest, le gascon (entité originale, à plus d’un égard, au sein du diasystème), au sud-est l’occitan méridional ou moyen (formé du languedocien et du provençal) et dans une large frange septentrionale le nord-occitan (avec d’ouest en est, le limousin, l'auvergnat et le vivaro-alpin). Cette structuration diatopique de l’espace occitan a été bâtie au cours du développement des études romanes, sur le référencement de traits linguistiques distinctifs, parler par parler. Mais d’autres considérations (notamment géographiques et historiques) ont influencé la définition des entités dialectales dont les désignations  portent les traces, et ce dès le début de la dialectologie comme le souligne Sumien (2009) avec Mistral et sa proposition de dialectes dans Lou Tresor dóu Felibrige. Reprise et documentée exhaustivement par Ronjat (1930-1941) puis fixée par Bec (1968), cette classification s’est aujourd’hui imposée tant dans les milieux universitaires que militants, et a été prise en compte dans le processus de normalisation graphique dit pluricentrique. Dans cette optique, le diasystème occitan est un corps occitan c’est-à-dire un domaine linguistique naturel dont les chairs, les différents parlers, connaissent de fortes variations (phonétique, morphologique, lexicales) mais partagent une ossature commune, définissable comme l’ensemble minimal des traits linguistiques partagés, s’il en est un, distinguant cet espace des autres diasystèmes romans. Mais le poids de ces chairs fragmentées, efface, parfois, la réalité de cette ossature et questionne aussi dans les pratiques didactiques et les initiatives normatives, leur pertinence. Le vivaro-alpin (Garnier, 2020)  est un exemple parlant : il s’agit d’un espace dialectal fortement morcelé, dont les quelques caractéristiques communes, échouent globalement, selon nous, à rendre compte de cette identité dialectale postulée. Conscient de cette limite, Bec (1968) esquisse parallèlement une organisation complémentaire du diasystème – reprise puis développée ultérieurement (Bec, 1972, 1973) – qualifiée de supra-dialectale qui réévalue les ensembles dialectaux au prisme des acquis de la phonologie. Dans cette logique, Lieutard (2016) propose une conception intéressante de la langue occitane : il la définit comme une structure phonologique abstraite (« non directement perceptible ») dont les différentes expressions actualisées en surface, reflètent les contraintes environnementales particulières s’appliquant sur chaque variété. Cette structure profonde peut être comparée, trivialement, à un génome présentant quelques variations dont chacune représente un génotype (dialecte) qui s’exprime, en fonctions des contraintes, par un phénotype c’est-à-dire par la somme des caractères observables de chaque individu (parler). La langue n’est plus un corps articulé autour d’une ossature, mais une espèce biologique dont la diversité des individus est due, premièrement, aux différents agencements du génome et, deuxièmement, à ses possibilités d’expression. Pour la première source, nous considérons les éléments de divergences anciens c’est-à-dire les évolutions diachroniques qui se sont inscrites irréversiblement et qui ont mené à l’apparition de différents génotypes. C’est le cas, par exemple, de certaines mutations consonantiques qui se sont lexicalisées, comme la lénition des dentales intervocaliques romanes en vivaro-alpin ou encore le passage de la labiodentale [f] à la glottale [h] en gascon. Quant aux possibilités d’expression, nous allons le voir, elles correspondent aux diverses modalités de réalisations, environnementales, liées aux formats syllabiques et aux contraintes de sonorité pesant sur les segments. Cette conception « biologique » permet ainsi de penser le diasystème comme une réalité physique, c’est-à-dire l’ensemble des individus dont les caractères apparents peuvent être très dissemblant, mais unis par la même structure profonde, cette « forme de langue phonologique » – constitutive de « l’espèce occitane » – dont nous proposons d’en fixer quelques contours dans ce qui suit. Pour développer nos propos et les illustrer, nous avons utilisé les données disponibles dans les Atlas linguistiques et ethnologique par région ainsi que celle obtenues lors d’enquêtes personnelles menées entre 2018 et 2020. Quatre variétés dialectales ont été sélectionnées : le languedocien occidental D1 (autour de Belcastel, Tarn), le provençal rhodanien D3 (autour de Boulbon, Bouches-du-Rhône), et deux parlers vivaro-alpins : l’alpin D2<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title="">[2]</a> (autour de Risoul, Hautes-Alpes) et le vivaro-vellave (autour de Colombier-le-Vieux, en Ardèche)<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title="">[3]</a>. À la suite des travaux de Sauzet (1993, 1999, 2001) et Lieutard (2004, 2016) la syllabe, élément central de l’analyse, est organisée hiérarchiquement : ses différents constituants n'ont pas le même poids, dans le sens où les différents phénomènes qui affectent les segments sont conditionnés par la position qu'ils occupent (organisation de type syntaxique). L'organisation de la syllabe en constituants organisés se fait par un algorithme de syllabation : celui-ci interprète le matériau phonologique amorphe, de droite à gauche, assignant à chaque segment une position sur le patron syllabique, le rendant ainsi interprétable phonétiquement. Le résultat observable de l'algorithme (i.e. la réalisation phonétique ou forme de surface) dépend donc du patron canonique de la syllabe occitane mais aussi des contraintes pesant sur les sonorités respectives de chaque segment en fonction de leur position comme nous le verrons plus loin.   (1)       p-a-I-r-e-Nom<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title="">[4]</a> « paire »                         Résolution :    (r(e°))                                                (p(a°j))(r(e°)) désyllabation de /I/ par gouvernement de /a/   Cette approche s'écarte donc la théorie CV stricte dans laquelle la syllabe n'est plus un objet hiérarchisé, mais elle admet néanmoins l'existence de noyaux nuls capables de légitimer la formation d'une syllabe. Comme souvent la syllabe est constituée d'un noyau, la tête syllabique N (constituant minimal nécessaire pour bâtir une syllabe correctement formée (non-dégénérée)), suivi d'une coda C et précédé par une attaque A. Au sein de la rime R, le noyau entretien avec la coda une relation de gouvernement alors que l'attaque n'est qu'une simple adjonction : l'asymétrie des relations entre les différents constituants est révélée par l'étude des formes phonétiques diatopiques, qui indiquent que les processus affectant les segments en position de coda sont plus importants (et plus nombreux) que ceux affectant les segments en position d'attaque. Pour établir la structure générique d’organisation de la syllabe, il est nécessaire de s’interroger sur le nombre de points squelettaux qui peuvent être associées à chaque constituant.   <table align="center" class="Table" style="border-collapse:collapse;" title="Tableau 1 : consonnes finales " width="511"> <tbody> <tr> <td style="width:86px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white">   </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> D1 </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> D2 </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> D3 </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> D4 </td> <td style="width:86px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white">   </td> </tr> <tr> <td style="width:86px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> rat </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> rːˈat </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> ʀˈat </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> ʀˈa </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> rˈa </td> <td style="width:86px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> < ratt- </td> </tr> <tr> <td style="width:86px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> lop </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> lˈup </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> lˈup </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> lu </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> lu </td> <td style="width:86px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> < lŭpus </td> </tr> <tr> <td style="width:86px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> verd </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> bˈert </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> vˈɛʀt </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> vˈɛʀ </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> vˈɛː </td> <td style="width:86px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> < vĭrĭdis </td> </tr> <tr> <td style="width:86px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> mes </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> mˈes </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> mˈes </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> mˈɛs </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> mˈe </td> <td style="width:86px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> < mensis </td> </tr> <tr> <td style="width:86px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> urós </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> erˈus </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> eʀˈus </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> eʀˈus </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> e(j)rˈu </td> <td style="width:86px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> < -ōsus </td> </tr> <tr> <td style="width:86px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> bòsc </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> bˈɔsk </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> bˈɔsk </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> bwˈɔs </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> bˈɔː </td> <td style="width:86px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> < *bosk </td> </tr> <tr> <td style="width:86px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> peis </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> pˈejs </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> - </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> pˈɛj </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> - </td> <td style="width:86px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> < pĭscis </td> </tr> <tr> <td style="width:86px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> (di)jòus </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> diʦˈɔws </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> (di)ʤjˈos </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> diʤˈɔw </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> (di)ʣˈoː </td> <td style="width:86px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:white"> < jŏvis </td> </tr> <tr> <td style="width:86px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> prat<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title="">[5]</a> </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> prˈat </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> pʀˈa </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> pʀˈa </td> <td style="width:85px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> prˈa </td> <td style="width:86px; padding:0cm 0cm 0cm 0cm; background-color:#bdd6ee"> < prātum </td> </tr> </tbody> </table> [Tableau 1] Segments finaux réalisés en occitan Le comportement de certaines constrictives pousse à les considérer comme n'étant pas des codas puisqu’elles sont systématiquement absentes dans une syllabe interne, et ce, quel que soit le parler considéré : il s’agit des occlusives [p k t] et de l’affriquée [ʧ]. D1 et D2 leur offrent une réalité phonétique en final de mot puisqu’ils reconnaissent un statut légitime à un noyau nul (une voyelle vide) qui est ainsi pris en compte dans la syllabation. Ces consonnes finales, extrasyllabiques, sont alors interprétées comme les attaques d’une syllabe vide de contenu vocalique et ainsi linéarisées alors qu’elles demeurent latentes en D3 et D4. Il faut noter que le cas de /s/ est particulier : comme nous le verrons plus loin, celui-ci peut être associé en position de coda mais en comparant D1 et D3, nous pouvons supposer qu'il peut aussi prendre la place du segment extrasyllabique puisque maintenu en D3 dans « mes » ou « bòsc », il s'efface dans les formes présentant des diphtongues fermantes (« dijòus, peis »). S’il est associé à une position extrasyllabique, c'est qu'il lui est impossible de s'associer à la position de coda puisque celle-ci est déjà occupée (en l'occurrence par un glide). La rime ne peut donc contenir que deux positions : soit c’est une configuration de type diphtongue, majoritaire, dans laquelle le second élément est associé à la coda (2a), soit c’est un noyau long (2b)<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title="">[6]</a>. Le patron syllabique de la syllabe occitane (maximal) est constitué d'une attaque et d'une rime, chacun de ces deux constituants pouvant au maximum s’associer à deux, et seulement deux positions<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title="">[7]</a>. Les modalités d'association possibles avec le contenu mélodique sont discutées plus loin.   <img alt="(2) Patrons maximaux de la syllabe " src="https://www.numerev.com/img/ck_87_3_Capture d’écran 2022-03-23 à 17.10.26.png" style="width: 700px; height: 192px;" /> À propos du maintien – ou non – des consonnes extrasyllabiques finales, revenons brièvement sur ce que nous avons nommé précédemment une variation de génotype, une mutation. En comparant D1 et D2, nous pouvons constater une forme similaire pour « rat » mais différente pour « prat » car l’alpin ne présente pas l’occlusive finale :  l’amuïssement complet du segment à une date ancienne s’est lexicalisé, celui-ci ne fait plus partie du matériau phonologique disponible pour la syllabation.   (3) Comparaison du matériau phonologique avant syllabation en D1 et D2 a)         [kantˈat] « cantat » (languedocien)               b)         [ʧantˈa] « chantat » (alpin)                         > k-a-n-t-a-t-V                                                           > ʧ-a-n-t-a-V   <h2 style="text-align: justify;">La coda : contraintes et expressions</h2> Si la capacité de syllaber des segments en position extrasyllabique permet déjà d'identifier deux fonctionnements (languedocien et alpin d’un côté, provençal et vivaro-vellave de l’autre) c'est l’étude de la coda qui permet de mettre en lumière un nombre importants de phénomènes variationnels diatopiques constatés dans le domaine occitan. Deux cas de figure doivent être pris en compte : la coda en position interne (tableau 2) c’est-à-dire coïndicée par une syllabe (ou du moins une attaque) à leur gauche et la position en fin de morphème (tableau 3).  L’occitan présente en position de coda interne la fricative /s/ (c’est une exception puisque les occlusives et les fricatives sont toutes exclues de cette position<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title="">[8]</a>), les nasales (sauf palatale), la latérale /l/, la vibrante /r/ et les semi-consonnes /j/ et /w/ que nous pouvons considérer comme les codas légitimes de l’occitan (Lieutard, 2016). <table align="center" class="Table" style="width:511px" width="510"> <tbody> <tr> <td style="width: 85px; padding: 2px 3px; height: 21px; background-color: white; text-align: center;" valign="bottom"> </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> D1 </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> D2 </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> D3 </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> D4 </td> <td style="width: 85px; padding: 2px 3px; height: 21px; background-color: white; text-align: center;" valign="bottom"> </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> urós </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> erˈus </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> eʀˈus </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> eʀˈus </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> e(j)rˈu </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> < -ōsus </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> rastèl </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> rːastˈɛl </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> ʀastˈɛw </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> ʀastˈɛw </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> raːtˈɛ </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> < rastellus </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> c(h)anson </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> kãnsˈu </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> kãnsˈũ(n) </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> ʧãnsˈũŋ </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> tsãsˈu </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> < cantio </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> fum </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> fˈỹn </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> fỹm </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> f&oelig;̃ŋ </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> fỹn </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> < fūmus </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> c(h)alor </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> kalˈu </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> ʧalˈuʀ </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> kalˈu </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> tsalˈu </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> < calor </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> mai </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> mˈaj </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> mˈaj </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> mˈaj </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> mˈaj </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> < maius </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> clau<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title="">[9]</a> </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> klˈaw </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> klˈaw </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> klˈaw </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> kʎˈaw </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> < clavis </td> </tr> </tbody> </table> [Tableau 2] Codas internes Les codas coïndicées par une attaque linéarisée sont mieux maintenues que celles placées en fin de morphème. La nécessaire coindexation de la coda pour qu’elle puisse entrer légitimement dans le processus de syllabation est depuis longtemps connue en vertu du coda licencing principle (Kaye, 1990) dans lequel une attaque « autorise » l’association de coda (à laquelle elle est adjointe à droite) sur une position squelettale<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" title="">[10]</a>. Mais les modalités de ce licenciement ne sont pas identiques dans les 4 parlers et impactent la syllabation de la coda. Le languedocien et l’alpin (D1 et D2), qui reconnaissent une légitimité à un noyau nul, peuvent syllaber un segment extrasyllabique qui est alors considéré comme une syllabe correctement formée qui exerce son licenciement comme une syllabe pleine. Mais le rhodanien (D3), qui ne linéarise pas les segments extrasyllabiques, présente néanmoins des codas dont les formes de surface correspondent majoritairement aux formes abstraites sous-jacentes : la présence d’une attaque, même si elle n’est pas linéarisée, permet le licenciement de la coda, c’est-à-dire l’association non-altérée de la mélodie à la position. Ce n’est pas entièrement le cas du vivaro-vellave (D4) pour qui le licenciement opéré par une attaque non-syllabée est effectif mais ne permet pas l’expression de tous les éléments intra-segmentaux : cette sous-spécification de la coda entraine généralement la formation de diphtongues ou de noyaux lourds à la rime (voir les exemples « bòsc », et « verd » du tableau1) et nous y reviendrons plus loin. Lorsque la syllabe suivante présente un noyau légitime, la réalisation en surface de la coda correspond peu ou prou à la forme abstraite postulée et ce dans la majorité des parlers. Dans le cas des nasales, Sauzet (1988) a montré que lors de l’association à la coda, le segment assimile l’élément d’articulation principal<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" title="">[11]</a> de l’attaque linéarisée à sa gauche. La nasale, dans le matériau phonologique disponible avant linéarisation est sous-spécifiée : c’est au moment de la construction de la syllabe, en fonction de la syllabe qui lui est adjointe à sa gauche, qu’elle sera actualisée comme segment labial, coronal ou vélaire. C’est ce qu’illustrent les exemples du tableau 3. L’absence en surface d’une consonne nasale dans le cas de D4 n’est pas une exception, mais un cas particulier de nasalisation complète disponible dans ce parler pour /e/ et /a/<a href="#_ftn13" name="_ftnref13" title="">[12]</a> : l’élément N sous l’effet branche sur la tête syllabique et se dissocie du segment en coda. Ce dernier, dépourvu de contenu mélodique, se dissocie à son tour de sa position et se trouve dès lors dans l’incapacité de fournir un support d’accueil matriciel pour l’assimilation de l’élément articulatoire principal de l’attaque qui lui est coïndicée. <table align="center" class="Table" style="width:539px" title="Tableau 3" width="539"> <tbody> <tr> <td style="width: 85px; padding: 2px 3px; height: 21px; background-color: white; text-align: center;" valign="bottom"> </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> D1 </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> D2 </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> D3 </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> D4 </td> <td style="width: 113px; padding: 2px 3px; height: 21px; background-color: white; text-align: center;" valign="bottom"> </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> montar </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> mũntˈa </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> mũntˈa </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> mũntˈa </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> mũntˈa </td> <td style="width:113px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> < *montāre </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> vendre </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> bẽndre </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> vˈẽndre </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> vˈẽndre </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> vˈɛ̃dre </td> <td style="width:113px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> < vēndĕre </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> encara </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> eŋkˈarɔ </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> ãŋkˈarɔ </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> ẽŋkˈarɔ </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> ɛ̃kˈarɔ </td> <td style="width:113px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> < hinc +horam </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px" valign="bottom"> camba </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px" valign="bottom"> kˈambɔ </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px" valign="bottom"> ʤˈãmbɔ </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px" valign="bottom"> kˈãmbɔ </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px" valign="bottom"> ʦˈɑ̃bɔ </td> <td style="width:113px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px" valign="bottom"> < camba </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> font, fònt </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> fˈũn </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> fˈwɔ̃t </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> fwɒ̃ </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> fũn </td> <td style="width:113px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> < fons </td> </tr> </tbody> </table> [Tableau 3] Nasales en coda Cette capacité d’assimilation semble être une caractéristique spécifique des nasales, puisqu’elles sont les seules à présenter aussi clairement une corrélation entre leur articulation et les caractéristiques de l’attaque suivante. Il est néanmoins possible que ce soit aussi le cas pour la vibrante, oscillant entre une articulation coronale (dans « pòrta » [pˈɔrtɔ]) et une articulation dorsale (qu’il conviendrait d’étudier avec plus de précisions dans une forme comme « perqué »). Une consonne roulée labiale précédent une consonne de même articulation n’est, à notre connaissance, pas attestée en occitan : si nous suivons les propositions de Backley (2011 : 109) le mouvement de |U| (élément labial assimilé puisque élément articulatoire unique des consonne /p b/) au sein de la vibrante permet le passage d’une articulation labiale impossible en occitan */ʙ/ à une articulation uvulaire /ʀ/ légitime en occitan (du moins dans certains dialectes). Il faut noter que certains parlers orientaux (dont D2 et D3) ont dans leurs formes abstraites la vibrante uvulaire en place de la coronale puisqu’elle est présente en position d’attaque de manière systématique<a href="#_ftn14" name="_ftnref14" title="">[13]</a>. Partout, la latérale /l/ se vocalise en [w] quelle que soit l’attaque à sa droite : cette tendance à la vélarisation est expliquée par Lieutard (2004 : 126) dans le cas du languedocien de Graulhet comme l’interprétation d’une forme abstraite de latérale vélarisée /ɫ/. Ce décalage est probablement commun à toutes les variétés d’occitan considérées puisque la vocalisation est partagée par tous les dialectes ; Martel (1983 : 20) évoque le cas de parlers nord-alpins (Oisans, Val Cluson) dont [ɫ] est attestée en attaque (intervocalique). Néanmoins certains parlers languedociens (gévaudanais, rouergat) et alpins peuvent maintenir en coda une réalisation coronale [l] notamment quand l’attaque suivante présente aussi cette articulation. Quant à la fricative /s/ elle se réalise sans altération en D1, D2 et D3 où sa constitution particulière empêche toute altération : tout porte à croire que la présence de l’élément consonantique lié à l’aspiration (|H|) bloque toute possibilité de substitution de ses éléments. Seule l’assimilation du voisement (élément |L|, positionné en tête) est acceptée puisqu’il ne change pas fondamentalement ni l’articulation ni le mode : une forme abstraite telle que /desbarkar/ (« desbarcar ») sera souvent diatopiquement réalisée en [dezbarkˈa]. De plus en, vivaro-vellave, la constitution du segment (par conséquent l’élément |H|) empêche une linéarisation acceptable, d’un point de vue sonore, de la coda. Lors du processus de syllabation, la présence d’une attaque à droite licencie la position de coda (association constituant-position-mélodie) mais la tête syllabique est dans l’incapacité de gouverner le segment qui a été licencié. Le contenu mélodique – par sa composition intrinsèque - est dissocié de la position qui se voit alors colonisée par celle du noyau comme l’illustre l’exemple 4). (4) a)         D4 : Syllabation de f-e-n-ɛ-s-t-r-ɔ-Nom [fenˈɛːtrɔ] « fenèstra » Résolution :    (trɔ°) syllabation de la dernière syllabe *(n(ɛ°s))(trɔ°) la sonorité de /s/ bloque  la syllabation (n(ɛ°ː))(trɔ°) branchement de la mélodie de tête sur la position de coda (fe°)(n(ɛ°ː))(trɔ°) fin du processus   <img alt="Forme non acceptable en D4" src="https://www.numerev.com/img/ck_87_3_Capture d’écran 2022-03-23 à 17.10.51.png" style="width: 700px; height: 192px;" /> C’est dans les conditions de syllabation où s’exerce un licenciement (une coindexation) qu’un segment consonantique peut s’associer à la rime pour être gouverné par le noyau si leurs sonorités respectives le permettent. Comme nous l’avons dit précédemment, le licenciement ne se met pas en place sur les mêmes conditions suivant le parler considéré : quel que soit le statut du segment suivant (attaque d’une syllabe pleine, segment extrasyllabique linéarisé ou non) il se déroule normalement en D1, D2 et D3 ce qui n’est pas le cas en D4. En effet, seuls les segments linéarisés peuvent développer un licenciement dans les conditions décrites plus haut ; lorsqu’ils restent sous-jacent le licenciement qu’ils établissent avec la coda à leur gauche est restreint. Si les nasales, de par leur constitution intrinsèque lorsqu’elles sont en coda, et la latérale qui se vocalise toujours sont licenciées, ce n’est pas le cas de la vibrante /r/. En effet le licenciement du constituant en coda n’est pas suffisant pour permettre à son contenu mélodique une association à sa position : ainsi, comme dans le cas de /s/ c’est le noyau qui branche sur la position de la coda (exemples : [vˈɛː] « vert » et [bˈɔː] « bòsc »). Plus le licenciement est faible, plus le segment en coda doit avoir une sonorité élevée pouvoir être syllabé.   Un dernier point reste à éclaircir, celui de la coda finale qui ne contient aucune structure syllabique à sa droite (du moins, lorsque le morphème est pris indépendamment ou en fin d’énoncé). <table align="center" class="Table" style="width:15cm;" title="Tableau 4" width="0"> <tbody> <tr> <td style="width: 85px; padding: 2px 3px; height: 21px; background-color: white; text-align: center;" valign="bottom"> </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> D1 </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> D2 </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> D3 </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> D4 </td> <td style="width: 85px; padding: 2px 3px; height: 21px; background-color: white; text-align: center;" valign="bottom"> </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> urós </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> erˈus </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> eʀˈus </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> eʀˈus </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> e(j)rˈu </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> < -ōsus </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> rastèl </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> rːastˈɛl </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> ʀastˈɛw </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> ʀastˈɛw </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> raːtˈɛ </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> < rastellus </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> c(h)anson </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> kãnsˈu </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> kãnsˈũ(n) </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> ʧãnsˈũŋ </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> tsãsˈu </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> < cantio </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> fum </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> fˈỹn </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> fỹm </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> f&oelig;̃ŋ </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> fỹn </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> < fūmus </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> c(h)alor </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> kalˈu </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> ʧalˈuʀ </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> kalˈu </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> tsalˈu </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> < calor </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> mai </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> mˈaj </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> mˈaj </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> mˈaj </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> mˈaj </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="bottom"> < maius </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> clau<a href="#_ftn15" name="_ftnref15" title="">[14]</a> </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> klˈaw </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> klˈaw </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> klˈaw </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> kʎˈaw </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="bottom"> < clavis </td> </tr> </tbody> </table> [Tableau 4] Codas finales Le tableau 4 offre un aperçu des formes relevées et met en évidence un paradoxe : si le licenciement est responsable de la syllabation de la coda, alors pourquoi toutes les variétés présentent au moins un segment réalisé en coda finale ? La possibilité d’un contenu extramétrique (qui ne peut pas être syllabé) située à gauche du matériel phonologique avant syllabation (et qui pourrait correspondre soit à l’information de fin de morphème soit à celle de l’indexation à la catégorie syntaxique) pouvant légitimer – ou non – une coda finale est proposée par Sauzet (1988). Latérales, vibrantes et nasales ont besoin d’être neutralisées c’est-à-dire substituer à leur élément d’articulation principal par celui de l’élément extramétrique pour pouvoir entrer dans le processus de linéarisation. Ainsi si le languedocien de D1 dispose d’un élément par défaut extramétrique coronal, cela explique l’absence de linéarisation des formes abstraite /r/ et /n/ et la linéarisation de /ɲ/, /m/ et /ʎ/ en respectivement [n], [n] et [l] sur ce point voir (Lieutard, 2004)). Ce fonctionnement est adopté par le languedocien et par le provençal qui présente un élément extramétrique vélaire (ce qui explique la réalisation vélaire de /n/ et l’absence de /ʀ/). Au vu des résultats, nous pouvons faire l’hypothèse que l’alpin dispose aussi d’un élément  et que celui-ci ne correspond pas à élément articulatoire mais à un élément consonantique : celui de l’occlusion |?| qui ouvre les possibilité de licenciement à tous les segments (privées d’information articulatoire, les nasales se réalisent donc avec l’articulation qui leur est assignée abstraitement). Quant à D4, cet élément est, comme en languedocien coronal<a href="#_ftn16" name="_ftnref16" title="">[15]</a> mais il n’ouvre pas le licenciement à d’autres segment que les nasales. Le vivaro-vellave est donc la variété la plus contrainte vis-à-vis de la sonorité et des possibilités de licenciement, à l’inverse de l’alpin. <table align="center" class="Table" style="width:14.0cm" width="529"> <tbody> <tr> <td style="width: 85px; padding: 2px 3px; height: 21px; background-color: white; text-align: center;" valign="top"> </td> <td style="width:86px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="top"> D1 </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="top"> D2 </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="top"> D3 </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="top"> D4 </td> <td style="width: 104px; padding: 2px 3px; height: 21px; background-color: white; text-align: center;" valign="top"> </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="top"> paire </td> <td style="width:86px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="top"> pˈajre </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="top"> pˈajʀe </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="top"> pˈajʀe </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="top"> pˈajre </td> <td style="width:104px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="top"> < pater </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="top"> maid, fais </td> <td style="width:86px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="top"> fajs </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="top"> majt </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="top"> faj </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="top"> maj </td> <td style="width:104px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="top"> < magis, fascis </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="top"> grapaud </td> <td style="width:86px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="top"> (k/g)rapˈawt </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="top"> kʀˈapawt </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="top"> gʀapˈaw </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="top"> krapˈaw </td> <td style="width:104px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="top"> < *krappa </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="top"> buòu </td> <td style="width:86px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="top"> bjˈɔw </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="top"> bˈuw </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="top"> bjˈɔw </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="top"> bˈew </td> <td style="width:104px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:white" valign="top"> < bovis </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="top"> mai </td> <td style="width:86px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="top"> mˈaj </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="top"> mˈaj </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="top"> mˈaj </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="top"> mˈaj </td> <td style="width:104px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px; background-color:#bdd6ee" valign="top"> < maius </td> </tr> <tr> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px" valign="top"> clau<a href="#_ftn17" name="_ftnref17" title="">[16]</a> </td> <td style="width:86px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px" valign="top"> klˈaw </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px" valign="top"> klˈaw </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px" valign="top"> klˈaw </td> <td style="width:85px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px" valign="top"> kʎˈaw </td> <td style="width:104px; padding:2px 3px 2px 3px; height:21px" valign="top"> < clavis </td> </tr> </tbody> </table>  [Tableau 5] Glides en coda Un mot pour finir sur les glides : d’un point de vue intra-segmental ils sont dépourvus de tout élément consonantique (| ? H L|). Ainsi leur licenciement est toujours possible quelle que soit l’information à leur droite et ce, dans les 4 variétés. Au cours de la syllabation ils perdent leur potentiel statut de tête syllabique en devenant second élément d’une diphtongue dont le maintien est par la suite dépendant du gouvernement du noyau (certains parlers occitans, notamment les plus septentrionaux présentent une tendance marquée à la monophtongaison).   <h2 style="text-align: justify;">Conclusion</h2> Appréhender la variation diatopiques à travers les formats de syllabe et les possibilités de linéarisation de ses différents constituants dégage des mécanismes communs à l’occitan mais dont les modalités de mise en &oelig;uvre diffèrent diatopiquement. Une telle approche par la phonologie autosegmentale permet donc de compléter les descriptions traditionnelles de la dialectologie et de dessiner de nouveaux espaces dialectaux : si le vivaro-vellave et l’alpin sont deux sous-ensembles du dialecte vivaro-alpin, ils ne sont pas moins, parmi nos exemples, les deux parlers les plus éloignés. Le diasystème devient un génome occitan, constitué d’un matériel phonologique abstrait commun, doté d’un même patron syllabique et du même mécanisme de syllabation mais dont l’actualisation vers les formes des surfaces est dépendante du contexte syllabique et des sonorités des différents segments. Ces contraintes, qui constituent une pression environnementale portant sur l’expression du génome offrent à l’occitan l’une des sources de sa diversité phénotypique. Considérer l’occitan non plus comme un corps mais comme un ensemble d’individu de la même espèce partageant une structure profonde commune, imperceptible en surface nous parait une conception prometteuse à développer pour mieux décrire et représenter ce diasystème roman.   <h2 style="text-align: justify;">Bibliographie</h2> Backley P., 2011, An Introduction to Element Theory, Edinburgh, Edinburgh University Press. Baggioni D., 1995, « Normalisation/standardisation des langues nationales dans l’espace européen », La genèse de la norme, Colloque de SHESL, 11, p. 73-86. Bec P., 1968, La langue occitane, Paris, Presses Universitaires de France (Que-sais-je ?). Bec P., 1972, « Per una dinamica novèla de la lenga de referéncia : Dialectalitat de basa e diasistèma occitan », Annnales de l’institut d’études ocitanes, 6, 2, p. 39-62. Bec P., 1973, Manuel pratique d’occitan moderne, Paris, Picard (Connaissance des langues). Calvet M., 1969, Le système phonétique et phonologique du parler provençal de Saint-Victor en Vivarais., Grenoble, Faculté des lettres et sciences humaines de Grenoble, 253 p. Garnier Q., 2020, « Le vivaro-alpin : progrès d’une définition », Géolinguistique, 20. Hendschel L., 2001, « Langue, dialecte, idiome : la terminologie et le fond », La revue toudi. Kaye J., 1990, « ‘Coda’ licensing », Phonology Yearbook, 7, 1, p. 301-330. Kloss H., 1967, « Abstand Languages and Ausbau Languages », Anthropological Linguistics, 35, 1/4, p. 158-170. Lieutard H., 2004, Phonologie et morphologie du parler occitan de Graulhet (Tarn) : structure, contenu et rôle de la syllabe, Thèse de doctorat, Montpellier 3. Lieutard H., 2016, Du dialecte à la langue, de la langue à l’histoire de la langue, HDR, Montpellier, Université Paul Valéry. Martel P., 1983, « L’espandi dialectau occitan alpenc : assag de descripcion », Novel Temps, 21, p. 4-36. Ronjat J., 1930–1941, Grammaire istorique [sic] des parlers provençaux modernes, Montpellier, Société des Langues Romanes. Sauzet P., 1988, « Geminates and constituency », Rivista della facoltà di lingue e letterature straniere dell’università de Venezia, XXVII, 4, p. 287-330. Sauzet P., 1993, Attenance, gouvernement et mouvement en phonologie : les constituants dans la phonologie et la morphologie de l’occitan, These de doctorat, Paris 8. Sauzet P., 1999, « Linéarité et consonnes latentes », Recherches linguistiques de Vincennes, 28, p. 59-86. Sauzet P., 2001, « Variation des finales occitanes et format de la syllabe », dans Nouveaux départs en phonologie : les conceptions sub- et suprasegmentale, Tübingen, Gunter Narr Verlag, p. 33-48. Sheer T., 2015, Précis de structure syllabique, Accompagné d’un apparat critique, ENs Éditions, Lyon (Languages), 320 p. Sumien D., 2009, « Classificacion dei dialèctes occitans », Linguistica occitana, 7, p. 56.   <div>  <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title="">[1]</a> Baggioni (1995) parle aussi de critères métalinguistiques (internes) et épilinguistiques (externes). </div> <div id="ftn2"> <a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title="">[2]</a> Intra-alpin selon la terminologie employé par Martel (1983). </div> <div id="ftn3"> <a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title="">[3]</a> Cette variété est l’objet de nos enquêtes personnelles. Toutes les formes relevées sont identiques (au lexique et gallicismes près) à celles relevées à Saint-Victor par Calvet (1969) : Colombier-le-Vieux et Saint-Victor étant limitrophes, nous admettrons ici que les effets diachroniques sont négligeables entre la langue des années 70 et la langue actuelle. </div> <div id="ftn4"> <a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title="">[4]</a> L’indexation à la catégorie nominale permet de proposer l’effet morphologique comme le résultat « de l’interprétation phonologique de configurations syntaxiques » (Sauzet, 1999). </div> <div id="ftn5"> <a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title="">[5]</a> De haut en bas : rat, loup, vert, mois, heureux, bois, poisson, jeudi, pré. </div> <div id="ftn6"> <a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title="">[6]</a> Les patrons syllabiques admettant des noyaux longs sont beaucoup plus fréquents dans les parlers les plus septentrionaux. </div> <div id="ftn7"> <a href="#_ftnref7" name="_ftn7" title="">[7]</a> Les attaques complexes sont attestées dans tous les dialectes occitans (Ronjat, 1930–1941).  La possibilité d’une troisième configuration dans laquelle l’attaque n’est associée qu’à une seule position, laissant trois positions disponibles pour la rime doit être discutée. Minoritaire si elle existe, elle serait théoriquement formée d’un noyau double contenant deux segments syllabiques distincts (« vraie diphtongue »). </div> <div id="ftn9"> <a href="#_ftnref9" name="_ftn9" title="">[8]</a> Outre les phénomènes de gémination, observés principalement en languedocien, qui doivent faire l’objet d’un traitement différent. </div> <div id="ftn10"> <a href="#_ftnref10" name="_ftn10" title="">[9]</a> De haut en bas : heureux, râteau, chanson, fumée, chaleur, mai, clef. </div> <div id="ftn11"> <a href="#_ftnref11" name="_ftn11" title="">[10]</a> Les grandes lignes de ce principe se retrouvent, reformulées, dans la théorie CV dans laquelle un noyau vide (et donc son attaque) est licencié par la syllabe directement à sa droite uniquement si celle-ci est pourvue d’un noyau plein (Sheer, 2015). </div> <div id="ftn12"> <a href="#_ftnref12" name="_ftn12" title="">[11]</a>  Initialement ce sont les traits articulatoires qui sont assimilables ; le passage aux éléments ne change en rien la pertinence de la proposition. Dans ce qui suit nous parlerons d’éléments articulatoires pour désigner les éléments vocaliques (|A I U|) impliqués dans la constitution des consonnes et d’éléments consonantiques (|H L ?| qui portent l’information de mode) ceux qui sont propres aux consonnes. </div> <div id="ftn13"> <a href="#_ftnref13" name="_ftn13" title="">[12]</a> Ce sont les voyelles contenant l’élément |A| qui sont systématiquement nasalisées en vivaro-vellave. </div> <div id="ftn14"> <a href="#_ftnref14" name="_ftn14" title="">[13]</a> Comme second élément d’une attaque complexe la vibrante assimile le trait du premier élément (voir « grapaud » et « fenèstra ») : ainsi ce segment est sensible, d’un point de vue articulatoire, à la fois au licenciement dû à sa position de coda qu’à sa relation à la première consonne d’une attaque complexe. </div> <div id="ftn15"> <a href="#_ftnref15" name="_ftn15" title="">[14]</a>  De haut en bas : heureux, râteau, chanson, fumée, chaleur, mai, clef. </div> <div id="ftn16"> <a href="#_ftnref16" name="_ftn16" title="">[15]</a> Comme le montre le comportement des nasales. </div> <div id="ftn17"> <a href="#_ftnref17" name="_ftn17" title="">[16]</a> De haut en bas : paire, maie, fagot/fardeau, crapaud, b&oelig;uf mai, clef. </div> </div>