<p style="border: medium; text-align: justify; margin-top: 7px; margin-bottom: 7px;">Il existe dans la r&eacute;gion de Thrace en Gr&egrave;ce, une minorit&eacute; musulmane compos&eacute;e de Tsiganes, de Turcs (comprendre Grecs turcophones) et de Pomaques, ces derniers constituant une population &quot;atypique&quot; car ses caract&eacute;ristiques identitaires sont mal connues (Markou, 2002). Cette minorit&eacute;, officiellement reconnue comme telle par l&#39;Etat grec, a acquis des droits sp&eacute;cifiques lors du Trait&eacute; de Lausanne de 1923, qui, aux articles 37 &agrave; 45, obligeait &agrave; des d&eacute;placements de population entre la Gr&egrave;ce et la Turquie sur la base de la religion. Le trait&eacute; l&#39;exemptait de son d&eacute;placement en Turquie (Histoire de la Nation grecque, 1978, pp 260-271). Elle constitue d&eacute;sormais une communaut&eacute; plurilingue &agrave; laquelle notre recherche s&#39;est int&eacute;ress&eacute;e. Son plurilinguisme est li&eacute; au fait qu&#39;elle peut b&eacute;n&eacute;ficier d&#39;un programme &eacute;ducatif sp&eacute;cifique en turc et en grec (&Alpha;skouni, 2006). Ce plurilinguisme se caract&eacute;rise d&#39;un m&eacute;lange de langues (code mixing) et des alternances des codes (code switching) entre grec, turc et/ou pomaque (Markou 2002).</p> <p style="border: medium; text-align: justify; margin-top: 7px; margin-bottom: 7px;">Dans cette configuration, nous &eacute;tudions la repr&eacute;sentation langagi&egrave;re des mots morphologiquement complexes en grec, chez les Pomaques et les turcophones de cette minorit&eacute;, qui en repr&eacute;sentent respectivement le tiers et la moiti&eacute; (Sella-Mazi, 2015). Inspir&eacute;s par des &eacute;tudes pr&eacute;c&eacute;dentes (par ex. en grec L2, Voga, Nikolaou &amp; Anastassiadis-Sym&eacute;onidis 2018; en grec L1, Voga &amp; Anastassiadis-Sym&eacute;onidis, 2017), nous avons mis en place des exp&eacute;riences qui emploient le protocole d&#39;amor&ccedil;age masqu&eacute; (masked priming, Forster &amp; Forster, 2003) dans le but d&#39;&eacute;tudier le traitement et la repr&eacute;sentation des mots suffix&eacute;s en -&iota;&kappa;ό&sigmaf; /ikόs/ &#39;-ique&#39; (ex. &alpha;&lambda;&lambda;&epsilon;&rho;&gamma;&iota;&kappa;ό&sigmaf; /allergikόs/ &#39;allergique&#39;) et en -&iota;&sigma;&tau;ή&sigmaf; /istίs/ &#39;-iste&#39; (ex. &omicron;&pi;&tau;&iota;&mu;&iota;&sigma;&tau;ή&sigmaf; /optimistίs/ &#39;optimiste&#39;), autrement dit la connaissance des mots, dans leur forme et leur sens (ex. Corbin, 1987; Booij, 2010). L&#39;&eacute;tude se base sur le recueil de donn&eacute;es comportementales, portant sur l&#39;acquisition et le traitement langagier des mots morphologiquement complexes.&nbsp; Dans cette optique, nous &eacute;tudions puis analysons les r&eacute;sultats d&#39;une exp&eacute;rience, afin de d&eacute;crire le traitement des mots morphologiquement complexes, et de d&eacute;terminer le r&ocirc;le et l&#39;influence des variables choisies, comme la fr&eacute;quence ou la saillance du suffixe (Voga &amp; Giraudo, 2017), avec une attention particuli&egrave;re aux parcours des locuteurs.</p>