<p class="x" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="border:none windowtext 1.0pt; font-size:14.0pt; padding:0cm"><span style="color:#242424">Abstract</span></span></b></span></span></span></p> <p class="x" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="border:none windowtext 1.0pt; color:#242424; padding:0cm">In the 21st century, Carlos Fuentes&#39; latest novels are marked by horror and pessimism. The violence, above all vertical, but also horizontal (in the words of Ariel Dorfman), which gangrenes Mexico, then transforms Fuentesian writing. </span><span lang="ES" style="border:none windowtext 1.0pt; color:#242424; padding:0cm">The penitentiary universe becomes the common thread of the enunciation, from La silla del &Aacute;guila (2002) to Federico en su balc&oacute;n (2012). </span><span style="border:none windowtext 1.0pt; color:#242424; padding:0cm">The prison, a postmodern space as it were, translates the confinement and suffocation of a country. Inspired by A. Dumas, C. Fuentes becomes an architect of imaginary prisons, and more generally, he multiplies enclosed spaces.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</span></span></span></span></p> <p class="x" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="border:none windowtext 1.0pt; color:#242424; padding:0cm">Not only will it be necessary to study the very nature of these prisons imagined by C. Fuentes (in particular the presence of a murderous swimming pool in the heart of the prison of San Juan de Arag&oacute;n in The Will and Fortune (2008)) but we will also have to question the need to make these spaces omnipresent. Indeed, enclosed spaces create a spatial and thematic coherence in the collection of short stories Carolina Grau (2010). Ideological scepticism, stylistic millenarianism and social concern therefore mark the last phase of C. Fuentes&#39;s novels, and prison is perhaps its most significant reflection. It is therefore particularly interesting to question the prison space to consider the last writing project of the great Mexican writer.</span></span></span></span></p> <p class="x" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="border:none windowtext 1.0pt; color:#242424; padding:0cm">Keywords</span><b><span style="border:none windowtext 1.0pt; color:#242424; padding:0cm">:</span></b><span style="border:none windowtext 1.0pt; color:#242424; padding:0cm">&nbsp;Carlos Fuentes, prison, confinement, pessimism, society</span></span></span></span></p> <p class="standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Du <i>Si&egrave;ge de l&rsquo;aigle</i> (2002) &agrave; <i>Federico &agrave; son balcon</i> (2012), son roman posthume, Carlos Fuentes revient &agrave; ses premiers int&eacute;r&ecirc;ts, les romans urbains et politiques. Il y multiplie les espaces clos, &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de la ville &eacute;touffante qu&rsquo;est devenue la capitale mexicaine, pour mieux souligner le mal du monde contemporain et citadin. Le pays, la ville, le foyer d&eacute;crits durant cette derni&egrave;re d&eacute;cennie, &eacute;rigent des murs qui s&eacute;parent irr&eacute;m&eacute;diablement les &ecirc;tres humains. Plus insidieusement encore, la prison, pr&eacute;sente de fa&ccedil;on r&eacute;currente dans l&rsquo;&oelig;uvre narrative tardive de l&rsquo;&eacute;crivain mexicain, devient l&rsquo;embl&egrave;me de la soci&eacute;t&eacute; contemporaine qu&rsquo;il s&rsquo;applique &agrave; d&eacute;cortiquer et &agrave; critiquer. </span></span></p> <p class="standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">D&eacute;j&agrave;, dans <i>La plus limpide des r&eacute;gions </i>(1958), la pr&eacute;sence d&rsquo;une ge&ocirc;le souligne que ce lieu de d&eacute;tention va de pair avec les grandes lignes du roman social. Feliciano S&aacute;nchez apparait dans l&rsquo;index parmi le groupe des &laquo;&nbsp;r&eacute;volutionnaires&nbsp;&raquo;, et en tant que tel, il appr&eacute;hende le monde du roman depuis sa cellule (Fuentes, 1958&nbsp;: 435). Dans <i>Terra Nostra</i> (1975), l&rsquo;espace carc&eacute;ral est &eacute;galement pr&eacute;sent, de mani&egrave;re symbolique, puisqu&#39;il appara&icirc;t &agrave; travers une digression de &laquo;&nbsp;la c&aacute;rcel de amor&nbsp;&raquo; m&eacute;di&eacute;vale. Plus tard, dans <i>Christophe et son &oelig;uf</i> (1989), C. Fuentes insiste encore sur l&rsquo;enfermement, en pr&eacute;sentant les habitants de la capitale mexicaine comme des &laquo;&nbsp;prisioneros adentro, expulsados afuera&nbsp;: la ciudad de M&eacute;xico&nbsp;&raquo; (Fuentes, 1989&nbsp;: 304). D&rsquo;autre part, dans ses nombreux r&eacute;cits fantastiques, le maestro mexicain joue inlassablement avec des int&eacute;rieurs angoissants, des manoirs gothiques qui emprisonnent litt&eacute;ralement les plus cart&eacute;siens de ses personnages pour mieux les plonger dans le doute face &agrave; l&rsquo;irrationnel. Ceux-ci se voient alors confront&eacute;s aux monstres fantastiques du bestiaire fuentesien sans pouvoir jamais s&rsquo;en &eacute;chapper. L&rsquo;emprisonnement se place au service de l&rsquo;action et permet de cr&eacute;er un face &agrave; face entre raison et imagination&nbsp;: pour induire ainsi une exploration int&eacute;rieure du personnage. </span></span></p> <p class="standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">On a donc affaire &agrave; un int&eacute;r&ecirc;t ancien de C. Fuentes, et qui s&rsquo;est d&eacute;velopp&eacute; de mani&egrave;re exponentielle dans les diff&eacute;rentes productions de &laquo;&nbsp;L&rsquo;&acirc;ge du temps&nbsp;&raquo;, jusqu&rsquo;&agrave; devenir l&rsquo;une des pr&eacute;occupations les plus tenaces de ses derni&egrave;res productions. En effet, dans la derni&egrave;re p&eacute;riode fuentesienne, l&rsquo;univers carc&eacute;ral est le fil conducteur du r&eacute;cit et est le centre de l&rsquo;espace. Ce lieu est ainsi extr&ecirc;mement symbolique. Le Mexique, dans son ensemble, appara&icirc;t alors comme une prison de prisons. Un pays &eacute;touff&eacute; et &eacute;touffant. Mais &agrave; quel niveau&nbsp;? Au niveau spatial, la surpopulation a fait de sa capitale l&rsquo;embl&egrave;me des maux de la postmodernit&eacute;. Au niveau social, le monde carc&eacute;ral est le reflet d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; malade et exclusive, &eacute;go&iuml;ste et s&eacute;gr&eacute;gative. Au niveau psychologique enfin, celui-ci est la m&eacute;taphore de complexes int&eacute;rieurs, chacun se sentant enferm&eacute; dans sa peau et poursuivant inlassablement l&rsquo;intention de se lib&eacute;rer de son existence. Ainsi, Michel Foucault, dans son incontournable essai, <i>Surveiller et punir. Naissance de la prison</i>, souligne que cet espace particulier rel&egrave;ve &laquo;&nbsp;d&rsquo;une technologie politique du corps&nbsp;&raquo; (Foucault, 1990&nbsp;: 35). Entre ces murs, r&eacute;els ou symboliques, le mouvement du corps de l&rsquo;individu est minime et plut&ocirc;t circulaire, une r&eacute;volution au sens premier du terme comme C. Fuentes s&rsquo;attelle &agrave; le d&eacute;montrer dans son roman posthume. Le mouvement cherche &agrave; franchir un seuil, qui semble avoir disparu au profit d&rsquo;un cycle &agrave; la fois spatial et temporel. La prison est alors l&rsquo;int&eacute;rieur de l&rsquo;int&eacute;rieur, la mise en abyme de l&rsquo;espace ferm&eacute; qu&rsquo;est d&eacute;j&agrave; la ville. </span></span></p> <p class="standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mais que nous dit cette obsession pour l&rsquo;enfermement sur l&rsquo;id&eacute;ologie de C. Fuentes&nbsp;? Il semble effectivement pertinent d&rsquo;interroger l&rsquo;espace carc&eacute;ral pour envisager le dernier projet d&rsquo;&eacute;criture du grand &eacute;crivain mexicain.&nbsp; Dans un premier temps, nous verrons que notre auteur n&rsquo;h&eacute;site pas alors &agrave; se r&eacute;f&eacute;rer &agrave; la tradition litt&eacute;raire, en particulier &agrave; Alexandre Dumas, pour traiter de cette th&eacute;matique. Il se fait architecte machiav&eacute;lique car il imagine des endroits mur&eacute;s o&ugrave; l&rsquo;&eacute;touffement est pluriel. Ensuite, nous explorerons la vie recr&eacute;&eacute;e &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de ces espaces clos imagin&eacute;s. Enfin, et c&rsquo;est l&agrave; l&rsquo;enjeu de notre travail, nous nous interrogerons sur les raisons de l&rsquo;omnipr&eacute;sence des prisons dans la production tardive du romancier mexicain</span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><b><span style="font-size:14.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Construire des prisons&nbsp;: l&rsquo;architecte Fuentes</span></span></b></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><strong><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><i><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Reconstruire ou r&eacute;&eacute;crire</span></i></span></span></strong></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">C. Fuentes, grand lecteur, et amateur de l&rsquo;intertextualit&eacute; construit des prisons existantes, des prisons qui nourrissaient d&eacute;j&agrave; les romans d&rsquo;&eacute;crivains admir&eacute;s. Ainsi, il revient &agrave; ses lectures de jeunesses pour fermer son cycle litt&eacute;raire&nbsp;: A. Dumas, et en particulier <i>Le comte de Monte-Cristo,</i> est en toile de fond du <i>Si&egrave;ge de l&rsquo;aigle</i> ou de <i>Carolina Grau </i>(2010). L&rsquo;id&eacute;e qu&rsquo;il avait nourrie &agrave; l&rsquo;&acirc;ge de 14 ans avec l&rsquo;un de ses compagnons arrive donc &agrave; maturation vers la fin de sa vie&nbsp;:</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span lang="ES" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pero, &iquest;por d&oacute;nde empezar? Torreti y yo &eacute;ramos, al igual que nuestra fraternidad literaria en Grange School, &aacute;vidos lectores de Alejandro Dumas padre. Desde nuestro punto de vista, una novela que se respetara ten&iacute;a que comenzar en Marsella, con una vista plena del Castillo de If y el martirio de Edmundo Dant&eacute;s.<span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="ES" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1</span></span></span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En effet, dans le recueil hybride de 2010, nous assistons &agrave; une r&eacute;&eacute;criture du roman du XIX&egrave;me, &agrave; partir de la premi&egrave;re nouvelle &laquo;&nbsp;El prisionero del Castillo de If&nbsp;&raquo; (r&eacute;&eacute;criture) et l&rsquo;avant-derni&egrave;re &laquo;&nbsp;El arquitecto del castillo de If&nbsp;&raquo; (explication m&eacute;talitt&eacute;raire de cette r&eacute;&eacute;criture et extrapolation fantastique). Dans le premier r&eacute;cit, l&rsquo;alternance des pronoms personnels &agrave; la premi&egrave;re personne du singulier (&laquo;&nbsp;yo&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;t&uacute;&nbsp;&raquo;) n&rsquo;est pas sans rappeler la technique du monologue int&eacute;rieur de l&rsquo;inoubliable Artemio Cruz. Comme J.L. Borges et son <i>Pierre M&eacute;nard, auteur du Quichotte</i>, C. Fuentes s&rsquo;attelle &agrave; r&eacute;&eacute;crire la c&eacute;l&egrave;bre &oelig;uvre de Dumas en modifiant ironiquement l&rsquo;histoire. L&rsquo;&eacute;vasion, que sous-tendent les meilleures fictions sur le monde carc&eacute;ral, n&rsquo;est plus ici &agrave; la charge d&rsquo;Edmond Dant&egrave;s mais de l&rsquo;abb&eacute; Faria, &agrave; la poursuite de Carolina Grau, l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne n&eacute;e de l&rsquo;imagination de C. Fuentes. Cette femme envo&ucirc;tante change donc la ligne directrice du r&eacute;cit original et permet au romancier du XXI&egrave;me si&egrave;cle de jouer avec les limites de l&rsquo;intertextualit&eacute;. Elle devient alors le myst&egrave;re du ch&acirc;teau d&rsquo;If et l&rsquo;obsession de ses habitants. C&rsquo;est pourquoi, dans la deuxi&egrave;me nouvelle, le ch&acirc;teau d&rsquo;A. Dumas se transforme en l&rsquo;anachronique &laquo;&nbsp;c&aacute;rcel de amor de Cayo Morante [l&rsquo;architecte] et Carolina Grau&nbsp;&raquo; (Fuentes, 2010: 144). Dans un va-et-vient litt&eacute;raire et temporel, l&rsquo;&eacute;nonciation, que nous pourrions situer dans une &eacute;poque contemporaine, appara&icirc;t comme post&eacute;rieure &agrave; l&rsquo;&eacute;criture du <i>Comte de Monte-Cristo</i>, tandis que la tradition espagnole des prisons d&rsquo;amour (cette fois, Carolina Grau devient Andalouse) fait r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la litt&eacute;rature m&eacute;di&eacute;vale. Cayo Morante, hant&eacute; par la femme myst&eacute;rieuse, recherche l&rsquo;herm&eacute;tisme parfait pour opposer au monde une fronti&egrave;re protectrice de son couple. En effet, il construit une prison pour s&rsquo;emmurer vivant avec la femme aim&eacute;e. L&rsquo;obsession m&eacute;ticuleuse de l&rsquo;enfermement, d&eacute;peinte par le rythme binaire des travaux architecturaux, &laquo;&nbsp;ladrillo tras ladrillo, Argamasa y argamasa. Muro tras muro, el castillo se encerr&oacute; en el castillo&nbsp;&raquo; (148), est la r&eacute;ponse &agrave; la position paralys&eacute;e du h&eacute;ros du premier r&eacute;cit. L&rsquo;enfermement devient un d&eacute;sir et une n&eacute;cessit&eacute; pour le personnage qui construit son propre pi&egrave;ge architectural. Il refl&egrave;te, pour le lecteur, l&rsquo;aveuglement spirituel d&rsquo;un personnage rationnel (un architecte) qui a perdu, par l&rsquo;amour, le discernement et qui pr&eacute;cipite, par l&agrave; m&ecirc;me, le r&eacute;cit, vers le doute propre au fantastique. </span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">De la m&ecirc;me fa&ccedil;on, notons succinctement que chez C. Fuentes, le traitement des bas-fonds de la soci&eacute;t&eacute; et le th&egrave;me de prisonniers politiques n&rsquo;est pas sans rappeler certaines pages de <i>El se&ntilde;or presidente</i> de Miguel Angel Asturias. D&rsquo;autre part, <i>Le prince</i> de Machiavel est une source d&rsquo;inspiration pour ses romans urbains o&ugrave; le Pouvoir et la Justice pr&eacute;cipitent certains personnages vers des prisons impitoyables. </span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><strong><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><i><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Des prisons implacables et assassines</span></i></span></span></strong></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Comme dans <i>Terra Nostra </i>(o&ugrave; des miroirs r&eacute;fl&eacute;chissaient les prisonniers, leurs reflets omnipr&eacute;sents et obs&eacute;dants devenant ainsi leur propre torture), la th&eacute;matique des prisons chez C. Fuentes couple la dialectique de l&rsquo;int&eacute;rieur/ext&eacute;rieur &agrave; la notion de punition (plus que de peine). Les barreaux ne symbolisent</span> plus le supplice (la n&eacute;gation de la libert&eacute;) mais la protection. Il faut donc imaginer d&rsquo;autres sources de ch&acirc;timent (ch&acirc;timent corporel ou mental). En effet, selon M. Foucault, les punitions et la prison &laquo;&nbsp;rel&egrave;vent d&rsquo;une technologie politique du corps&nbsp;&raquo; (Foucault, 1990&nbsp;: 35) et c&rsquo;est ce que le romancier mexicain imagine dans les espaces qu&rsquo;il construit. </span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:">L&rsquo;exemple le plus frappant, et que nous allons &eacute;tudier ici, est le concept d&rsquo;espace p&eacute;nitencier imagin&eacute; par C. Fuentes dans <i>La volont&eacute; et la fortune</i> (2008). <span new="" roman="" style="font-family:" times="">D&rsquo;abord, au niveau g&eacute;n&eacute;ral, Machiavel, avatar de l&rsquo;histoire, devient le narrateur du roman pour quelques pages, et s&rsquo;&eacute;rige en architecte symbolique de la prison universelle. Il pr&eacute;sente l&rsquo;essentiel de ce que doit &ecirc;tre ce lieu punitif, &agrave; la fois labyrinthe et pi&egrave;ge&nbsp;:</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span lang="ES" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Leones de piedra, miradas. Puentes de piedra, suspiros. Muros de piedra, encierro. Bloques de piedra, c&aacute;rceles. Introducir&eacute; en el espacio de la prisi&oacute;n m&aacute;quinas y cadenas [&hellip;] para una c&aacute;rcel sin entradas ni salidas, la prisi&oacute;n perfecta, la c&aacute;rcel dentro de la c&aacute;rcel dentro de la c&aacute;rcel. </span></span><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Profusi&oacute;n de escapes&nbsp;: no llevan a ninguna parte. (Fuentes, 2008&nbsp;: 225).</span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Si C. Fuentes choisit de laisser la parole &agrave; un double de Machiavel ici, c&rsquo;est que la prison est le reflet (ou l&rsquo;expression) du pouvoir exerc&eacute; sur la nation. Un pouvoir tout aussi bien totalitaire (puisqu&rsquo;il punit) que s&eacute;gr&eacute;gatif (car cette punition est arbitraire), et m&ecirc;me un pouvoir absent (car la d&eacute;linquance et la criminalit&eacute; naissent de l&rsquo;abandon de l&rsquo;Etat). </span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Puis, c&rsquo;est aux c&ocirc;t&eacute;s de Josu&eacute;, narrateur homodi&eacute;g&eacute;tique du r&eacute;cit, que nous d&eacute;couvrons le myst&eacute;rieux et redoutable &eacute;difice de la prison des mineurs de San Juan de Arag&oacute;n, dans le centre de la capitale mexicaine. Symboliquement, pour son stage d&rsquo;&eacute;tudiant en droit, le cart&eacute;sien Josu&eacute; fait un premier pas dans l&rsquo;Apocalypse comme les h&eacute;ros des r&eacute;cits fantastiques franchissaient le seuil du monde surnaturel. Mais ici, c&rsquo;est le reflet des erreurs gravissimes de son pays, aussi bien politiques, qu&rsquo;&eacute;conomiques, qu&rsquo;il va d&eacute;couvrir. Explorateur des bas-fonds de la soci&eacute;t&eacute;, il a devant lui en vitrine tout ce qu&rsquo;il y a de plus cach&eacute; et de plus honteux d&rsquo;un Mexique &agrave; deux visages et &agrave; deux vitesses&nbsp;:</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span lang="ES" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">El sepulcro de los vivos. La casa de los muertos, s&iacute;. La Siberia mexicana, un p&aacute;ramo dentro del p&aacute;ramo, una cueva dentro de otra cueva, un laberinto con muchas entradas y ninguna salida [&hellip;]. La met&aacute;fora de nuestra vida encarcelada en el vientre al principio, en la mortajada al final, en los secretos mayores de la c&aacute;rcel hogare&ntilde;a entre rumba y tumba. </span></span><span style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">(119).</span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;&eacute;tablissement p&eacute;nitentiaire est &agrave; la fois reflet des maux du pays, lieu de torture et transposition de notre conscience int&eacute;rieure. Ici, Josu&eacute;, prisonnier de ses doutes de jeune adulte, doit faire face &agrave; l&rsquo;enfer incarn&eacute;, les derni&egrave;res fronti&egrave;res de son pays, ses prisons. </span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ayant toujours consid&eacute;r&eacute; que Mexico est une ville faite de couches superpos&eacute;es, C. Fuentes en joue pour y construire une prison souterraine en son sein. Alors que dans <i>Le si&egrave;ge de l&rsquo;aigle</i>, le fort se trouvait &agrave; la p&eacute;riph&eacute;rie du pays, puisqu&rsquo;au large du port de Veracruz (mettant ainsi en corr&eacute;lation les diff&eacute;rentes marges de la soci&eacute;t&eacute;), dans <i>La volont&eacute; et la fortune</i>, la prison se d&eacute;place &laquo;&nbsp;en el centro del centro&nbsp;&raquo; (129), c&rsquo;est-&agrave;-dire au c&oelig;ur de la capitale. La vision de la soci&eacute;t&eacute; pr&eacute;sent&eacute;e par C. Fuentes a rapidement &eacute;volu&eacute; vers l&rsquo;expression d&rsquo;un pessimisme angoissant&nbsp;: aucun recoin du monde n&rsquo;est plus &eacute;pargn&eacute;, m&ecirc;me son noyau le plus prot&eacute;g&eacute; h&eacute;berge le mal en son sein. </span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ainsi, l&rsquo;architecte C. Fuentes imagine un lieu de captivit&eacute; o&ugrave; les murs seraient protection et le reste serait torture. Ce lieu est d&rsquo;abord symboliquement souterrain pour repr&eacute;senter cet inframonde aussi bien social que litt&eacute;raire</span></span></span><sup>2.</sup><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Au centre, &laquo;&nbsp;una gran piscina subterr&aacute;nea de cemento en la entra&ntilde;a obcena del Distrito Federal&nbsp;&raquo;, nous projette directement dans une dynamique apocalyptique. La prison est meurtri&egrave;re, pire, elle discrimine plus encore que ne le fait la soci&eacute;t&eacute;. C. Fuentes invente, de cette mani&egrave;re, un centre de r&eacute;tention monstrueux et exterminateur &agrave; l&rsquo;aide du mythe du d&eacute;luge&nbsp;: une &laquo;&nbsp;alberca-prisi&oacute;n&nbsp;&raquo; comme m&eacute;taphore des relations sociales au sein des prisons, et par extension, de la vie dans la capitale mexicaine. A cet effet, l&rsquo;&eacute;crivain affirme qu&rsquo;il a voulu donner une &laquo;visi&oacute;n g&oacute;tica y t&eacute;trica&nbsp;&raquo;</span></span></span><sup>3&nbsp;</sup><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">de la r&eacute;alit&eacute; mexicaine. Ceux qui survivent &agrave; cet enfer enferm&eacute; sont litt&eacute;ralement ceux qui savent nager, les autres, les faibles, seront les premiers &agrave; succomber et &agrave; &ecirc;tre sacrifi&eacute;s (&laquo;&nbsp;&iquest;Y los que saben nadar&nbsp;? &ndash;As&iacute; controlamos el exceso de la poblaci&oacute;n penitenciaria.&nbsp;&raquo; (125)). La loi du plus fort est implacable et refl&egrave;te les relations sociales d&rsquo;aujourd&rsquo;hui que l&rsquo;&eacute;crivain engag&eacute; d&eacute;nonce. La roue de la fortune a lieu au bord de la piscine assassine&nbsp;: &laquo;&nbsp;Escogen al azar [&hellip;] Este se queda en la c&aacute;rcel. Este otro se queda en la alberca&nbsp;&raquo; (514). La s&eacute;gr&eacute;gation sociale est alors montr&eacute;e sous son jour le plus sombre gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;imagination et &agrave; l&rsquo;extrapolation. </span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">De plus, les sons de la vie qui arrivent aux oreilles des d&eacute;tenus, amplifi&eacute;s par des haut-parleurs, leur rappellent de fa&ccedil;on lancinante leur exclusion. Torture sonore pour ses habitants, il y a d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; &laquo;&nbsp;el tumulto urbano&nbsp;&raquo; de la ville libre, et de l&rsquo;autre, &laquo;&nbsp;las profundidades de esa c&aacute;rcel de c&aacute;rceles&nbsp;&raquo; (120). Le contraste est sournois. Cette prison d&eacute;veloppe sa propre punition&nbsp;: elle ouvre une fen&ecirc;tre sur la proximit&eacute; du monde libre et insiste sur les reflets d&rsquo;une vie pass&eacute;e et d&eacute;sormais interdite (une fois encore chez C. Fuentes, les murs deviennent des fronti&egrave;res de verre). Les sons ext&eacute;rieurs, plus forts encore dans les cellules des d&eacute;tenus les plus dangereux, sont la seule chose capable de traverser les murs. </span><span lang="ES" new="" roman="" style="font-family:" times="">La texture sonore de la vie appara&icirc;t comme des ponts torturants entre les deux espaces : &laquo;&nbsp;recog&iacute;an con minucia los rumores de la ciudad exterior, verdadera urbe de las libertades y la alegr&iacute;a en comparaci&oacute;n con la dantesca ciudad del dolor&nbsp;&raquo; (130). </span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le rythme binaire renforce l&rsquo;id&eacute;e du foss&eacute; abyssal d&eacute;crit par C. Fuentes pour repr&eacute;senter les in&eacute;galit&eacute;s sociales de son pays. Les sons soulignent des vies parall&egrave;les qui se pressentent sans jamais cohabiter. </span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La prison, construite par C. Fuentes comme un labyrinthe et un lieu de torture est malgr&eacute; tout un lieu de vie et l&rsquo;&eacute;crivain se pla&icirc;t &agrave; recr&eacute;er la naissance d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute;, cette fois derri&egrave;re les barreaux.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><b><span style="font-size:14.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Derri&egrave;re les barreaux, la noirceur d&rsquo;un monde</span></span></b></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les deux influences litt&eacute;raires mentionn&eacute;es plus haut pointent deux perspectives distinctes, la prison comme cons&eacute;quence du pouvoir corrompu et occulte (Dumas et Asturias), et la prison comme microcosme p&eacute;riph&eacute;rique de la mis&egrave;re humaine (Asturias). En effet, dans le cas de notre &eacute;crivain, la pr&eacute;sence de cet espace clos, dans le cadre de son r&eacute;cit, est la cons&eacute;quence directe de la corruption et des strat&eacute;gies occultes de la politique</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><strong><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><i><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Contre les murs, les contre-pouvoirs</span></i></span></span></strong></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans <i>Le si&egrave;ge de l&rsquo;aigle</i>, C. Fuentes r&eacute;investit les lieux c&eacute;l&egrave;bres de l&rsquo;histoire mexicaine&nbsp;: la prison du ch&acirc;teau de Ul&uacute;a, &laquo;&nbsp;un islote prohibitivo&nbsp;&raquo; (Fuentes, 2002&nbsp;: 77), &agrave; la fois &laquo;&nbsp;jaula, castillo y prisi&oacute;n&nbsp;&raquo; (100). Dans un roman sur la structure du pouvoir proprement mexicain, faire le choix de situer son histoire dans ce fort embl&eacute;matique est hautement symbolique. Car en revenant au premier &eacute;difice &eacute;rig&eacute; par Cort&eacute;s en terre mexicaine, le pouvoir revient &agrave; son origine et ferme un cycle. Il est alors enferm&eacute; l&agrave; o&ugrave; il a trouv&eacute; son point de d&eacute;part pour commencer &agrave; conqu&eacute;rir et &agrave; vaincre. Ici, la forteresse renferme le secret le mieux gard&eacute; du pays en enfermant vivant un ex-candidat &agrave; la pr&eacute;sidence, officiellement assassin&eacute;. Ainsi, la prison (espace ferm&eacute;) de Veracruz (un port comme une porte ouverte) symbolise le visage le plus occulte du pouvoir au Mexique, sa corruption et sa violence inh&eacute;rente, son paradoxe aigu (ou cohabitent les champs ferm&eacute;s, l&rsquo;ill&eacute;galit&eacute;, avec les champs ouverts, l&rsquo;apparence). </span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">De plus, elle est le support, au sein du roman, du suspense de la fiction&nbsp;: la personne que ses murs enferment pourrait, selon les indices dispers&eacute;s, changer le cap politique du pays. Pour son habitant au nom &eacute;vocateur et utopique, Tom&aacute;s Moctezuma Moro, son enfermement, apr&egrave;s une mort officielle, se g&eacute;n&eacute;ralise &agrave; tous les niveaux, et l&rsquo;enfermement spatial, dans le labyrinthe de la forteresse, semble bien le moins douloureux. Celui-ci perd, en effet, son identit&eacute; et son propre visage (lequel est cach&eacute; derri&egrave;re un masque), il est d&eacute;pourvu de sa propre v&eacute;rit&eacute; et est d&eacute;fait de sa libert&eacute; d&rsquo;expression, &agrave; cause des symboliques &laquo;&nbsp;cadenas de garganta&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;fierros en vez de palabras&nbsp;&raquo; (306). Le silence est la punition ultime pour C. Fuentes (&laquo;&nbsp;Estaba encerrado en el silencio&nbsp;&raquo; (306)), car non seulement il emp&ecirc;che une &eacute;volution naturelle dans le temps et dans l&rsquo;espace, mais il renie l&rsquo;essence m&ecirc;me de chaque &ecirc;tre humain&nbsp;: un &ecirc;tre social. Tom&aacute;s Moctezuma Moro vit un isolement complet, avec les autres comme avec lui-m&ecirc;me. C&rsquo;est l&agrave; le comble du r&eacute;cit &eacute;pistolaire&nbsp;: il est ainsi coup&eacute; de la narration plurielle. Dans un cadre extra di&eacute;g&eacute;tique, le silence impos&eacute; au prisonnier transpose la censure artificielle impos&eacute;e par l&rsquo;unique Parti au pouvoir (le PRI en l&rsquo;occurrence) &agrave; l&rsquo;opposition et aux forces subversives. </span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><strong><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><i><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;univers carc&eacute;ral, sympt&ocirc;me de la soci&eacute;t&eacute; moderne</span></i></span></span></strong></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;avatar de Machiavel de <i>La volont&eacute; et la fortune</i> laisse une question en suspens&nbsp;: &laquo;&nbsp;&iquest;El mundo es una c&aacute;rcel&nbsp;? &iquest;La c&aacute;rcel es un mundo&nbsp;?&nbsp;&raquo; (Fuentes, 2008&nbsp;: 225). C&rsquo;est ce que nous souhaiterions d&eacute;montrer ici. Ces murs, C. Fuentes les situe &agrave; tous les niveaux pour d&eacute;montrer que n&rsquo;importe quelle libert&eacute; a des limites arbitraires con&ccedil;ues par les humains. La prison fuentesienne, comme monde imaginaire et reflet de la conscience sociale, est une mise en abyme de l&rsquo;ali&eacute;nation de la soci&eacute;t&eacute; civile. En effet, elle d&eacute;veloppe un monde souterrain, qui survit parall&egrave;lement &agrave; la r&eacute;alit&eacute; ext&eacute;rieure.&nbsp; </span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;espace de d&eacute;tention est &agrave; la marge des marges, mais C. Fuentes le place, ironiquement nous l&rsquo;avons vu, au centre de la ville et au centre du pays. Au sein m&ecirc;me de ce &laquo;&nbsp;pa&iacute;s de paredes&nbsp;&raquo;, on trouve un inframonde, frontalier et marginal. De cette fa&ccedil;on, la prison se pr&eacute;sente comme une all&eacute;gorie de la soci&eacute;t&eacute; et c&rsquo;est pourquoi C. Fuentes y puise sa derni&egrave;re inspiration. Elle constitue une autre couche de cette ville fragment&eacute;e et aux multiples facettes. En effet, constamment, cet espace projette la r&eacute;alit&eacute; de la ville en la concentrant entre quatre murs, en g&eacute;n&eacute;ralisant cette sensation claustrophobe de l&rsquo;enfermement, &laquo;&nbsp;como si M&eacute;xico DF no le concediera la paz ni a los prisioneros, ni a los muertos&nbsp;&raquo; (480). La prison est un laboratoire social qui condense les exc&egrave;s du monde moderne.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Notre &eacute;crivain mexicain a toujours essay&eacute; de comprendre les obstacles int&eacute;rieurs des personnages libres. Exceptionnellement, dans <i>La volont&eacute; et la fortune</i>, il arr&ecirc;te l&rsquo;action pour tenter de p&eacute;n&eacute;trer la conscience des prisonniers, priv&eacute;s de l&rsquo;espace ext&eacute;rieur. Moyennant une s&eacute;rie de multiples portraits de jeunes prisonniers et de prisonni&egrave;res, il en arrive &agrave; la conclusion que chaque d&eacute;tenu se prot&egrave;ge en conservant chichement sa propre zone sacr&eacute;e, celle-l&agrave; m&ecirc;me qui les s&eacute;pare du narrateur homodi&eacute;g&eacute;tique Josu&eacute;, repr&eacute;sentant du monde libre. Soudain, le h&eacute;ros partage la folie de La Chuchita, l&rsquo;asexualit&eacute; d&rsquo;Alberto ou d&rsquo;Albertine, la mis&egrave;re de Ceferino, la d&eacute;ficience mentale de Merl&iacute;n, l&rsquo;obsession de la ni&ntilde;a Isaura, mais ne p&eacute;n&egrave;tre jamais dans leur &laquo;&nbsp;rec&aacute;mara secreta, un recinto sagrado de su existencia&nbsp;&raquo; (120). Se d&eacute;taille alors l&rsquo;id&eacute;e foucaultienne de la prison comme &laquo;&nbsp;lieu d&rsquo;obsession des individus punis&nbsp;&raquo; (Foucault, 1990&nbsp;: 252). En recr&eacute;ant une microsoci&eacute;t&eacute; des d&eacute;chus en tous genres, la prison se pr&eacute;sente clairement dans toute l&rsquo;&oelig;uvre de &laquo;&nbsp;L&rsquo;&acirc;ge du temps&nbsp;&raquo;, comme un lieu interm&eacute;diaire entre deux &eacute;tats, en particulier entre la vie et la mort. Et dans le cas de Tom&aacute;s Moctezuma Moro, cette condition transitoire se r&eacute;affirme, car la prison h&eacute;berge le jeune politique pendant le temps ambigu entre sa mort officielle et sa mort r&eacute;elle.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">D&rsquo;autre part, une profonde r&eacute;flexion sociale transpara&icirc;t&nbsp;chez C. Fuentes : il ne s&rsquo;arr&ecirc;te pas &agrave; la culpabilit&eacute; des prisonniers, mais il r&eacute;fl&eacute;chit aux causes sociales qui cr&eacute;ent la petite d&eacute;linquance, et d&eacute;montre que la justice de ce pays ne s&rsquo;attache qu&rsquo;aux petites gens, et jamais aux acteurs du crime organis&eacute; ni aux politiques corrompus. Implicitement, le pouvoir est montr&eacute; comme intouchable. La prison peut donc &ecirc;tre le condens&eacute; de la soci&eacute;t&eacute;, ou tout du moins, elle permet de poser et d&rsquo;exorciser, dans un micro-espace d&eacute;termin&eacute;, les probl&egrave;mes de la cohabitation humaine et du tissu social. Tous les marginaux semblent &ecirc;tre r&eacute;unis ici, retenus dans un m&ecirc;me espace cach&eacute;, dont seuls les bruits, nous l&rsquo;avons dit, parviennent &agrave; traverser les murs. Les in&eacute;galit&eacute;s sociales cr&eacute;ent cette d&eacute;linquance effr&eacute;n&eacute;e qui remplit les pages des journaux&nbsp;: la violence na&icirc;t du sentiment de se sentir d&eacute;plac&eacute; ou exclu, d&rsquo;un d&eacute;calage &eacute;conomique ou politique. La mis&egrave;re extr&ecirc;me (comme dans le cas des prisonniers de San Juan de Arag&oacute;n) exclut du reste de la soci&eacute;t&eacute; et surtout &eacute;loigne toujours plus des sommets du pouvoir (incarn&eacute; par le pr&eacute;sident Carrera et le magnat Max Monroy). La vengeance de Ceferino contre ses parents qui l&rsquo;ont abandonn&eacute; et celle de Catarino contre ceux qui l&rsquo;ont s&eacute;questr&eacute; pour lui voler un rein, pr&eacute;sentent la d&eacute;cadence d&rsquo;un pays abandonn&eacute;, sans &eacute;thique ni loi tangible, o&ugrave; la violence engendre la violence, o&ugrave; l&rsquo;atrocit&eacute; extr&ecirc;me a&nbsp;droit de cit&eacute; : </span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span lang="ES" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ignoraron que &eacute;l [Ceferino] estaba all&iacute;, a los once a&ntilde;os, dispuesto a atacarlos con un picahielos, sacarlos los ojos, dejarlos all&iacute; pegando de gritos y sangrando y venir a dar a la c&aacute;rcel de menores de San Juan de Arag&oacute;n (Fuentes, 2008: 122).</span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span lang="ES" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Decidi&oacute; [Catarino] pasar la frontera para ir de hospital en hospital destruyendo con un vistoso bast&oacute;n de Apizazo, los jarrones donde dormitaban los ri&ntilde;ones ajenos. Vidrio roto, l&iacute;quidos desparramados, ri&ntilde;ones que el muchacho recogi&oacute;, cocin&oacute; y se comi&oacute; envueltos en tortilla, como grandes tacos de gringo devorado por mexicano vengativo (124).</span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">C. Fuentes nous emm&egrave;ne alors aux limites de l&rsquo;humanit&eacute;, en nous racontant les crimes les plus horribles (subis puis commis) des prisonniers, victimes de leur abandon et de leur indigence, de la d&eacute;cadence de la soci&eacute;t&eacute; injuste. Ces diff&eacute;rents portraits sont, en effet, le reflet d&rsquo;un pays malade. Ils nous relatent les d&eacute;lits impardonnables de la violence horizontale (selon les termes d&rsquo;Ariel Dorfman), mais insistent &eacute;galement sur leurs circonstances &laquo;&nbsp;att&eacute;nuantes&nbsp;&raquo;. Comme dans le roman d&rsquo;Asturias, les d&eacute;tenus sont victimes de l&rsquo;exclusion sociale, de la d&eacute;cadence de la soci&eacute;t&eacute; elle-m&ecirc;me, de l&rsquo;injustice d&rsquo;un &eacute;tat corrompu&nbsp;: &laquo;&nbsp;algunos hab&iacute;an nacido en la marginaci&oacute;n m&aacute;s absoluta, con vidas cercanas a la perrer&iacute;a o a la marraner&iacute;a&nbsp;&raquo; (123). Les in&eacute;galit&eacute;s &eacute;conomiques induisent des in&eacute;galit&eacute;s urbaines et les murs m&eacute;taphoriques de l&rsquo;exclusion sociale apparaissent de fa&ccedil;on tangible dans le roman sous la forme des barreaux de la prison. L&rsquo;inframonde carc&eacute;ral repr&eacute;sent&eacute; illustre une certaine r&eacute;alit&eacute; d&eacute;shumanis&eacute;e dans la ville apocalyptique (o&ugrave; le corps rabelaisien refl&egrave;te la pauvret&eacute; extr&ecirc;me et le d&eacute;nuement le plus complet). C&rsquo;est pourquoi, chez C. Fuentes, la prison devient le symbole de la fin du monde, et le renouveau cyclique du chaos. On peut ainsi parler d&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;horreur, comme le souligne Georgina Garc&iacute;a Guti&eacute;rrez en insistant sur l&rsquo;&eacute;volution du style fuentesien :</span></span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="ES" style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">La realidad de <i>La voluntad y la fortuna</i>, cercana a la del M&eacute;xico actual, cumple con creces cualquier vaticinio o aviso narrado previamente por el propio Fuentes. Aumenta el horror en el mundo que llega al fin de la Historia, &ldquo;b&iacute;blicamente&rdquo; y puede hablarse de un cambio en la est&eacute;tica de Carlos Fuentes que acent&uacute;a lo atroz, lo monstruoso para retratar al M&eacute;xico del siglo XXI</span></span></span></span></span></span><sup>4</sup><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span lang="ES" style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ainsi, le centre p&eacute;nitencier de San Juan de Arag&oacute;n, au c&oelig;ur de <i>La volont&eacute; et la fortune</i>, r&eacute;appara&icirc;t dans <i>Adam en Eden</i> (2009) et est cette fois coupl&eacute; avec celui de Santa Catita. Si, dans le premier roman, on insistait sur l&rsquo;origine de la d&eacute;linquance de ses habitants (la mis&egrave;re), dans le deuxi&egrave;me sont soulign&eacute;es les raisons de l&rsquo;enfermement. Ce sont des narcotrafiquantes. Ce sont les derni&egrave;res pi&egrave;ces du grand puzzle du trafic de stup&eacute;fiant, d&eacute;crit dans le roman depuis les plus hautes sph&egrave;res de l&rsquo;Etat. Il en transpire une critique explicite de C. Fuentes contre la politique int&eacute;rieure de son pays, dont la r&eacute;pression se d&eacute;veloppe [et notez les italiques utilis&eacute;es par l&rsquo;auteur] &laquo;&nbsp;contra <i>los d&eacute;biles</i>, no contra <i>los criminales</i>. &iquest;A qu&eacute; hora se atrever&aacute; contra <i>los fuertes</i>&nbsp;?&nbsp;&raquo; (Fuentes, 2009&nbsp;: 87). D&rsquo;autre part, la prison de Santa Catita a comme originalit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre une prison de femmes</span></span></span><sup>5</sup><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. Une nouvelle fois, C. Fuentes peint de brefs portraits de prisonni&egrave;res. Leurs surnoms carc&eacute;raux (comme si elles se r&eacute;inventaient une autre identit&eacute; entre les murs), La Reina del Mambo, la Chachach&aacute;, la Mayor Alberta, las &laquo;&nbsp;Dinamiteras&nbsp;&raquo;, la Comandante Caramelo (66-67) insistent une fois de plus sur le fatum des Mexicains et le manque end&eacute;mique d&rsquo;opportunit&eacute;. Ce roman semble aussi compl&eacute;ter le projet de son pr&eacute;d&eacute;cesseur puisque tous deux sont des romans de l&rsquo;enfermement, sympt&ocirc;me d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; enferm&eacute;e dans sa condition pr&eacute;caire, enferm&eacute;e par la peur face au climat de violence. De cette mani&egrave;re, il compare &laquo;&nbsp;las c&aacute;rceles de San Juan de Arag&oacute;n y de Santa Catita&nbsp;&raquo; &agrave; &laquo;&nbsp;la c&aacute;rcel del racionalismo m&aacute;s pedestre&nbsp;&raquo;, o&ugrave; se compla&icirc;t&nbsp;le chef de la S&eacute;curit&eacute; int&eacute;rieure, Ad&aacute;n G&oacute;ngora (repr&eacute;sentant d&rsquo;un pouvoir politique sans ouverture d&rsquo;esprit et corrompu).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le degr&eacute; de culpabilit&eacute; de chaque d&eacute;tenu est interrog&eacute; par C. Fuentes et il pose clairement les limites de la justice dans son pays. La prison n&rsquo;enferme que la base de la pyramide sociale&nbsp;; c&rsquo;est-&agrave;-dire les plus d&eacute;munis, et concr&egrave;tement ici, les femmes et les mineurs des couches d&eacute;favoris&eacute;es. La jeunesse, futur du pays et vecteur du renouvellement des g&eacute;n&eacute;rations est symboliquement emprisonn&eacute;e, puisqu&rsquo;elle est recluse ind&eacute;finiment &agrave; San Juan de Arag&oacute;n</span></span></span></span></span><sup>6&nbsp;</sup><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">pour des crimes dont la soci&eacute;t&eacute; devrait assumer sa part de responsabilit&eacute;. Au contraire, les coupables de corruption ou de trafic de drogue, entendez les politiques au pouvoir, les chefs des cartels et les acteurs implicites de la violence horizontale, ne sont donc pas en prison. La corruption n&rsquo;est pas un crime puni au Mexique. L&rsquo;opposition au r&eacute;gime et les crimes individuels &agrave; faible port&eacute;e sont les seules cibles de la justice d&rsquo;&eacute;tat. C. Fuentes perd de plus en plus pied face &agrave; la r&eacute;alit&eacute; contemporaine de son pays o&ugrave; r&egrave;gne l&rsquo;impunit&eacute; la plus totale comme le d&eacute;noncent de nombreuses ONG.</span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><b><span style="font-size:14.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Une id&eacute;ologie de l&rsquo;&eacute;touffement, C. Fuentes face &agrave; ses d&eacute;mons</span></span></b></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les romans publi&eacute;s en 2008 (<i>La volont&eacute; et la fortune</i>), 2009 (<i>Adam en Eden</i>) et 2010 (<i>Carolina Grau</i>) pr&eacute;sentent, nous l&rsquo;avons dit, la th&eacute;matique commune de l&rsquo;enfermement. Nous d&eacute;couvrons alors la nouvelle tonalit&eacute; angoissante et asphyxiante des derni&egrave;res productions narratives de C. Fuentes, comme une r&eacute;ponse horrifi&eacute;e &agrave; la situation violente de son pays. </span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En s&rsquo;int&eacute;ressant &agrave; l&rsquo;univers p&eacute;nitentiaire de&nbsp;fa&ccedil;on r&eacute;p&eacute;t&eacute;e, il choisit d&rsquo;explorer le mal humain, la nature humaine la plus r&eacute;pr&eacute;hensible, et pourtant cyclique&nbsp;:</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span lang="ES" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">El desarrollo humano es inevitable y ascendente. Hasta que un horno crematorio, un campo de concentraci&oacute;n, un Auschwitz, un Gulag, un Abu Ghra&iuml;b, un Guant&aacute;namo, nos demuestren lo contrario (Fuentes, 2008: 323).</span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les conditions de d&eacute;tention dans les prisons mexicaines, d&eacute;nonc&eacute;es dans de nombreux articles journalistiques</span></span></span><sup>7</sup><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, interpellent l&rsquo;humaniste &eacute;crivain. La cr&eacute;ation r&eacute;it&eacute;r&eacute;e de lieux inhumains et arbitraires int&eacute;resse C. Fuentes car il y tient la preuve de la r&eacute;p&eacute;tition cyclique de l&rsquo;histoire. Le non-respect de la dignit&eacute; humaine dans son propre pays le pousse &agrave; interroger ces espaces et &agrave; sonder la capacit&eacute; d&rsquo;acclimatation de ses habitants.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><strong><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><i><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce monde est fou</span></i></span></span></strong></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La prison pose un probl&egrave;me d&rsquo;&eacute;thique, celui de s&eacute;parer irr&eacute;m&eacute;diablement les hommes, punir certains (les plus d&eacute;munis), expulser vers les marges les ind&eacute;sirables d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; qui exclut chaque fois davantage. C&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;elle exerce une fonction de s&eacute;gr&eacute;gation sociale. Cet espace ferm&eacute; repr&eacute;sente la plus haute expression de la folie humaine. </span><span lang="ES" new="" roman="" style="font-family:" times="">Ainsi le soulignait d&eacute;j&agrave; C. Fuentes dans <i>Cambio de piel</i>, d&eacute;couvrant une caverne de Platon, &laquo;&nbsp;un espacio propio y falso de la locura: uno sabe que esta perspectiva no es sino un muro simple sobre el cual han dibujado las perspectivas de sombras blancas&nbsp;&raquo; (Fuentes, 1967: 319). </span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">De la m&ecirc;me fa&ccedil;on, l&rsquo;h&ocirc;pital psychiatrique, pr&eacute;sent dans ces m&ecirc;mes romans, est un lieu qui enferme les consciences marginales. Ce lieu, &eacute;galement ferm&eacute;, met en doute la dialectique int&eacute;rieur/ext&eacute;rieur puisqu&rsquo;elle pose la question&nbsp;: de quel c&ocirc;t&eacute; se trouvent les fous&nbsp;? Par cons&eacute;quent, les asiles et les prisons, de plus en plus pr&eacute;sents dans les derniers r&eacute;cits, o&ugrave; tout semble aboli, deviennent des laboratoires pour C. Fuentes pour mettre &agrave; nu la nature humaine. Le temps, l&rsquo;&eacute;thique, la morale, et m&ecirc;me l&rsquo;humanit&eacute; sont remis en cause et les transgressions multiples d&eacute;voilent l&rsquo;exploration d&rsquo;une autre totalit&eacute;, d&rsquo;un autre absolu, dans ce cas, du mal. L&rsquo;impact de cet espace marginal, mais crucial, pousse l&rsquo;homme dans ses retranchements. C. Fuentes perd peu &agrave; peu espoir face &agrave; un monde qu&rsquo;il ne comprend pas ou ne comprend plus. </span><span lang="ES" new="" roman="" style="font-family:" times="">Ainsi le confesse-t-il &agrave; Ricardo Lagos dans une conversation publi&eacute;e sous le titre <i>El siglo que despierta&nbsp;</i>: <span style="background:white"><span style="color:black">&ldquo;estoy muy preocupado porque no entiendo el futuro&rdquo; (Fuentes, 2012b: 178). </span></span></span><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Il est bien loin le C. Fuentes visionnaire qui pr&eacute;disait d&egrave;s 1987 l&rsquo;&eacute;clatement de l&rsquo;URSS dans <i>Christophe et son oeuf</i>.</span></span></span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> Son angoisse existentielle, dans les derni&egrave;res ann&eacute;es de sa vie, contamine la th&eacute;matique de l&rsquo;&oelig;uvre romanesque et &eacute;touffe les personnages de fictions dans des lieux qui les retiennent en captivit&eacute;. De cette mani&egrave;re, dans <i>Federico &agrave; son balcon</i>, la prison dispara&icirc;t compl&egrave;tement au profit de l&rsquo;asile. Chaque proc&egrave;s, o&ugrave; l&rsquo;avocat Aar&oacute;n Azar tente de d&eacute;fendre des cas ind&eacute;fendables, d&eacute;bouchent sur une condamnation &agrave; un internement en h&ocirc;pital psychiatrique, preuve de la folie contemporaine et reflet d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; en d&eacute;liquescence. Ironiquement, C. Fuentes d&eacute;montre que l&rsquo;homme n&rsquo;assume plus ses actes et que la justice se transforme donc en un th&eacute;&acirc;tre du mensonge.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><i><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;<strong>Des murs et des barreaux, partout&hellip;</strong></span></i></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Certains romans proposent un jeu de poup&eacute;es russes de l&rsquo;emprisonnement, comme repr&eacute;sentation spatiale des tensions int&eacute;rieures des personnages et de la r&eacute;alit&eacute; d&rsquo;un peuple en survie (&agrave; cause d&rsquo;une politique corrompue et de la pr&eacute;sence accrue du trafic de drogue et de sa violence inh&eacute;rente). Les prisons repr&eacute;sentent l&rsquo;effritement de l&rsquo;&eacute;tat de la soci&eacute;t&eacute;. Par exemple, le roman <i>Adam en Eden</i> passe d&rsquo;enfermements en enfermements. D&rsquo;abord, on y trouve &eacute;videmment les prisons de la ville, San Juan de Arag&oacute;n et Santa Catita. Puis, la visite angoissante du zoo est le reflet de la r&eacute;alit&eacute;, ici clairement condens&eacute;e et animalis&eacute;e, avec ses &laquo;&nbsp;rejas, barrotes y fosas y otros animales&nbsp;&raquo; (Fuentes 2009&nbsp;: 151). Enfin, le plus grand enfermement, carnavalesque s&rsquo;il en est, est le vagin de la ma&icirc;tresse. Le h&eacute;ros, &laquo;<i>apresado</i> [&hellip;] prisionero dentro de un sexo convertido en candado&nbsp;&raquo; (151), vit le cataclysme du tremblement de terre de 1985 dans une anxi&eacute;t&eacute; &eacute;rotique. L&rsquo;union des deux corps transform&eacute;s en une seule entit&eacute; par la force de la nature, symbolise, th&eacute;matique ch&egrave;re &agrave; C. Fuentes, le retour &agrave; la Gen&egrave;se au milieu de l&rsquo;Apocalypse. Par cons&eacute;quent, cette anecdote litt&eacute;raire est significative de la pens&eacute;e de notre auteur&nbsp;: fermer les cycles, combler les fissures, proposer la contrepartie &agrave; un &eacute;tat, chercher co&ucirc;te que co&ucirc;te le renouveau. &nbsp;&nbsp;</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">D&rsquo;autre part, &ecirc;tre enferm&eacute; entre quatre murs oblige &agrave; un retour sur soi. Cette obligation &agrave; &ecirc;tre seul avec soi-m&ecirc;me, &agrave; s&rsquo;accepter et &agrave; se sonder est propice, dans le jeu de la fiction, &agrave; l&rsquo;exploration de la nature humaine. En effet, l&rsquo;ali&eacute;nation se transforme rapidement en protection. Apr&egrave;s avoir cr&eacute;&eacute; un nouveau microcosme semblable au monde ext&eacute;rieur, C. Fuentes d&eacute;peint comment les personnages rechignent &agrave; en sortir et sont attach&eacute;s &agrave; leur univers carc&eacute;ral par un cordon ombilical, comme un f&oelig;tus &agrave; son ut&eacute;rus. En effet, les d&eacute;tenus construisent ironiquement leurs propres murs de protection. Le prisonnier le plus c&eacute;l&egrave;bre du roman publi&eacute; en 2008, Miguel Aparecido, constate ainsi &laquo;&nbsp;la c&aacute;rcel me protege de m&iacute; mismo&nbsp;&raquo; (Fuentes, 2008&nbsp;: 238). De mani&egrave;re r&eacute;currente, cet enfermement impos&eacute; par le monde ext&eacute;rieur se transforme en un monde d&eacute;sir&eacute; par le prisonnier lui-m&ecirc;me, intimid&eacute; voire apeur&eacute; par l&rsquo;&eacute;volution de la vie, de l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute; des barreaux. Pour C. Fuentes, la prison se construit alors comme un cocon protecteur face &agrave; la soci&eacute;t&eacute; en d&eacute;g&eacute;n&eacute;rescence. Le personnage incarc&eacute;r&eacute; d&eacute;cide ainsi d&rsquo;assumer l&rsquo;univers p&eacute;nitencier comme un refuge privil&eacute;gi&eacute; face au monde ext&eacute;rieur diabolis&eacute; par le recul de son imagination. Ce mod&egrave;le se reproduit du <i>Si&egrave;ge de l&rsquo;aigle</i> &agrave; <i>Adam en Eden</i>. La prison devient alors, pour le personnage, &laquo;&nbsp;su hogar&nbsp;&raquo; dans &laquo;&nbsp;su hondo e inconmovible seno materno&nbsp;&raquo; (308). Gr&acirc;ce &agrave; la pr&eacute;sence d&rsquo;un monde obscur, souterrain, l&rsquo;inframonde des ind&eacute;sirables permet de jouer avec les contraires. Les prisonniers se r&eacute;inventent un monde choisi, disposent d&rsquo;un temps subjectif et vivent en continuelle tension avec le monde ext&eacute;rieur (qui symbolise aussi leur vie pass&eacute;e et rejet&eacute;e). Nous l&rsquo;avons vu auparavant, l&rsquo;univers carc&eacute;ral fuentesien (comme bien d&rsquo;autres d&rsquo;ailleurs), se construit comme une microsoci&eacute;t&eacute; dans la soci&eacute;t&eacute;. Il permet aussi le passage inesp&eacute;r&eacute; des fronti&egrave;res du temps en autorisant un retour aux origines, &agrave; ce &laquo;&nbsp;seno materno&nbsp;&raquo;. Il y a donc un possible retour temporel mythique (qui a &eacute;t&eacute; l&rsquo;une des pr&eacute;occupations r&eacute;currentes de C. Fuentes dans l&rsquo;ensemble de son &oelig;uvre), pourtant impossible dans la r&eacute;alit&eacute;. En revanche, le retour spatial semble impossible (alors que l&rsquo;on pourrait toujours esp&eacute;rer une lib&eacute;ration), comme le d&eacute;montre l&rsquo;affirmation &laquo;&nbsp;no reconocer&iacute;a otro hogar&nbsp;&raquo; (308). </span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Face aux murs, se pose automatiquement la question du &laquo;&nbsp;mouvement&nbsp;&raquo;, dans ce cas, une sortie. Mais puisqu&rsquo;un autre monde a &eacute;t&eacute; reconstruit &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur du centre p&eacute;nitencier, o&ugrave; les marginaux se sentent pour une fois directement int&eacute;gr&eacute;s, et peuvent m&ecirc;me parvenir au sommet du pouvoir (cas impossible dans la r&eacute;alit&eacute; ext&eacute;rieure), C. Fuentes d&eacute;montre que le d&eacute;sir du mouvement vers la sortie, qui nous semble pourtant inh&eacute;rent &agrave; la punition carc&eacute;rale, n&rsquo;est pas &eacute;vident pour tous. La prison n&rsquo;est plus un seuil r&ecirc;v&eacute; mais des confins habit&eacute;s et revendiqu&eacute;s o&ugrave; s&rsquo;&eacute;tablit une structure sociale p&eacute;riph&eacute;rique, o&ugrave; les exclus de la soci&eacute;t&eacute; peuvent dominer leur monde. L&rsquo;exemple de Miguel Aparecido, lequel &laquo;&nbsp;rehus&oacute; a dejar la c&aacute;rcel&nbsp;&raquo;, rend compte du nouveau microcosme recr&eacute;&eacute;, malgr&eacute; (ou gr&acirc;ce &agrave;) les limites impos&eacute;es&nbsp;: &laquo;&nbsp;lo jodido es que te meten aqu&iacute; y te separan del mundo. </span><span lang="ES" new="" roman="" style="font-family:" times="">Entonces, tienes que inventarte un mundo, y el mundo requiere lazos con los dem&aacute;s [&hellip;]. Hay gente en la c&aacute;rcel que no sabr&iacute;a qu&eacute; hacer fuera de aqu&iacute;&nbsp;&raquo; (144-145). Un autre exemple, &agrave; la fin de ce roman, vient alimenter cette id&eacute;e, puisqu&rsquo;il compare l&rsquo;existence d&rsquo;un homme libre, le magnat omnipotent, Max Monroy, &agrave; la condition de son fils incarc&eacute;r&eacute;, Miguel Aparecido : &laquo;&nbsp;Max pagaba una condena infinita, peor que la muerte misma, y Miguel viv&iacute;a su vida creando un imperio interno en la prisi&oacute;n&nbsp;&raquo; (514). </span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le pessimisme aigu de l&rsquo;&eacute;criture tardive de C. Fuentes brise ici le destin des hommes libres, enferm&eacute;s dehors par leur conscience et leur sentiment de culpabilit&eacute;, et lib&egrave;re ironiquement les v&eacute;ritables d&eacute;tenus, ceux-l&agrave; m&ecirc;me qui savent d&eacute;jouer l&rsquo;horreur et la mauvaise fortune. C. Fuentes prend le contre-pied des r&eacute;alit&eacute;s pour stigmatiser la soci&eacute;t&eacute; dans laquelle il vit et pour renier la possibilit&eacute; d&rsquo;une libert&eacute; r&eacute;elle parmi ses habitants.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Par cons&eacute;quent, d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, la prison est donc l&rsquo;extrapolation d&rsquo;une prison int&eacute;rieure n&eacute;e du sentiment de culpabilit&eacute;. De l&rsquo;autre, l&rsquo;univers carc&eacute;ral d&eacute;pouille chaque identit&eacute; individuelle et oblige tout individu &agrave; se r&eacute;inventer. On imagine alors une renaissance exig&eacute;e par la pr&eacute;sence des barreaux et des murs. La d&eacute;tention est un reflet d&eacute;formant de la r&eacute;alit&eacute; et a une puissance r&eacute;g&eacute;n&eacute;ratrice. La situation propos&eacute;e pour les d&eacute;tenus induit une certaine pr&eacute;carit&eacute; jouissive, un risque d&eacute;sir&eacute;, en avan&ccedil;ant en &eacute;quilibre sur le fil &eacute;troit qui s&eacute;pare la vie de la mort, la libert&eacute; de l&rsquo;emprisonnement&nbsp;:</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span lang="ES" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En la c&aacute;rcel, m&aacute;s que en otro espacio, nos percatamos de que no hay libertad porque vivimos al d&iacute;a, porque nuestras metas son vanas, fr&aacute;giles, y al cabo inalcanzables, porque la muerte se encarga de cancelar nuestro contrato y no nos enteramos, muertos, de lo que nos sobrevivi&oacute; y de lo que pereci&oacute; con nosostros y, a veces, antes de nosotros (210). </span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La prison repr&eacute;sente ainsi la tentative de cr&eacute;er une autre mini soci&eacute;t&eacute;, o&ugrave; les marginaux trouveraient leur catharsis, lib&eacute;r&eacute;s de toutes les &eacute;tiquettes et les pr&eacute;jug&eacute;s, ainsi que de leur sentiment de culpabilit&eacute;. Un lieu o&ugrave; verrait le jour un autre monde &eacute;galitaire, avant que certains n&rsquo;acc&egrave;dent rapidement &agrave; un semblant de pouvoir et se recr&eacute;&eacute; alors une hi&eacute;rarchie sociale qui semble in&eacute;vitable. Miguel Aparecido serait dans ce cas le th&eacute;oricien de cet inframonde, comme l&rsquo;&eacute;tait Manuel Zamacona dans <i>La plus limpide des r&eacute;gions</i> pour la ville de Mexico&nbsp;: </span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span lang="ES" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Porque me libro de las apariencias. Aqu&iacute; adentro no tengo que pretender que soy lo que no soy o que soy lo que los dem&aacute;s quieren que sea [&hellip;]. Porque me libro de pertenecer a cualquier clase pero sobre todo a la clase media a la que tanto aspiramos (207-208). </span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La prison efface d&rsquo;abord les marges de la soci&eacute;t&eacute; in&eacute;galitaire, mais en se reconstruisant, elle ne propose pas non plus d&rsquo;&eacute;tablir une classe moyenne, quasi inexistante au Mexique. La polarisation semble in&eacute;vitable, d&rsquo;o&ugrave; le d&eacute;senchantement croissant de l&rsquo;&eacute;crivain engag&eacute;. Le m&ecirc;me personnaget a aussi r&eacute;ussi &agrave; acc&eacute;der &agrave; son propre pouvoir, comme l&rsquo;a fait son p&egrave;re dans la soci&eacute;t&eacute; civile&nbsp;: &laquo;&nbsp;En la c&aacute;rcel de San Juan de Arag&oacute;n hay un imperio interior y yo soy la cabeza&nbsp;&raquo; (238). En &eacute;tudiant les relations humaines conditionn&eacute;es dans un espace clos, C. Fuentes d&eacute;montre que la structure du pouvoir se r&eacute;cr&eacute;e automatiquement (g&eacute;n&eacute;ratrice de nouvelles fronti&egrave;res sociales et relationnelles). Par cons&eacute;quent, la pr&eacute;sence de la prison dans ses romans est &agrave; la fois un moyen d&rsquo;&eacute;valuer la port&eacute;e du pouvoir politique (qui enferme les opposants et les marginaux) et un support pour &eacute;tudier, au niveau sociologique, la naissance du pouvoir dans une soci&eacute;t&eacute; en construction (ici, l&rsquo;univers carc&eacute;ral).</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Par ailleurs, les murs de la prison se pr&eacute;sentent rapidement chez C. Fuentes comme l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment visible d&rsquo;un enfermement plus important, un enfermement personnel. L&rsquo;espace p&eacute;nitencier s&rsquo;&eacute;tablit alors comme une mise en abyme de la complexit&eacute; mentale de l&rsquo;&ecirc;tre humain, comme le confirme un autre d&eacute;tenu, &laquo;&nbsp;prisionero de s&iacute; mismo&nbsp;&raquo; (500). </span><span lang="ES" new="" roman="" style="font-family:" times="">C&rsquo;est pour cette raison que Josu&eacute; s&rsquo;interroge si &laquo; &iquest;Exist&iacute;a un punto final que concluyera el castigo de Miguel en la conciencia de Miguel, permiti&eacute;ndole al cabo salir de su celda?&nbsp;&raquo; </span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">(310). L&rsquo;homme est enferm&eacute; dans ses culpabilit&eacute;s, &laquo;un hombre herido por fuera y por dentro&nbsp;&raquo; (312), c&rsquo;est la condition m&ecirc;me de l&rsquo;&ecirc;tre humain que C. Fuentes s&rsquo;applique &agrave; d&eacute;crire avec scepticisme. L&rsquo;homme est de passage, et n&rsquo;est pas libre de son existence, dans une soci&eacute;t&eacute; capitaliste, et qui plus est, corrompue. Ni la Justice, ni la justice sociale n&rsquo;arrivent &agrave; &ecirc;tre expliqu&eacute;e. Le d&eacute;tenu est mis au ban, &agrave; la fois volontairement et de force, et expuls&eacute; vers les marges de la soci&eacute;t&eacute;. Le parall&egrave;le m&ecirc;me entre l&rsquo;espace ferm&eacute; de la prison et l&rsquo;espace ferm&eacute; de l&rsquo;esprit de Miguel Aparecido devient l&rsquo;une des &eacute;nigmes du roman que Josu&eacute; devra d&eacute;coudre. La prison est donc la mise en abyme des paradoxes de son h&ocirc;te&nbsp;:</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align: justify; margin-left: 40px;"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span lang="ES" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Si yo descubr&iacute;a la verdad fuera de estos muros revelar&iacute;a tambi&eacute;n la verdad que se quedaba aqu&iacute;, encerrada, m&aacute;s que entre las paredes de la c&aacute;rcel, entre las paredes de la cabeza de Miguel Aparecido (314).</span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le retour sur soi, dans les derniers romans de C. Fuentes r&eacute;v&egrave;le la noirceur du monde et accompagne la th&eacute;matique de l&rsquo;horreur dans un monde o&ugrave; l&rsquo;on ne se trouve libre et prot&eacute;g&eacute; qu&rsquo;en prison.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">On peut affirmer que l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t pour l&rsquo;univers p&eacute;nitencier rejoint en de nombreux points les pr&eacute;occupations qu&rsquo;avaient d&eacute;velopp&eacute;es C. Fuentes dans les ann&eacute;es 90 autour de la fronti&egrave;re nord. En effet, la pr&eacute;sence de ce mur infranchissable contamine l&rsquo;existence humaine et la renvoie irr&eacute;m&eacute;diablement &agrave; ses limites. D&rsquo;autre part, ces deux espaces symbolisent la marge de la soci&eacute;t&eacute;, o&ugrave; se retrouvent (ou bien se voient repouss&eacute;s) les marginaux de toute esp&egrave;ce, les d&eacute;sh&eacute;rit&eacute;s, les rejet&eacute;s de la soci&eacute;t&eacute; car non seulement ils transgressent les lois, mais surtout ils sont des contraintes ou des obstacles pour les discours des bien-pensants et des politiquement corrects. C&rsquo;est pourquoi, dans les romans du pouvoir en particulier, <i>Le si&egrave;ge de l&rsquo;aigle</i>, <i>La volont&eacute; et la fortune</i>, et <i>Adam en Eden,</i> la prison occupe une place centrale, car elle est le lieu du contre-pouvoir, elle est le contrepoint inh&eacute;rent &agrave; l&rsquo;espace l&eacute;gal et visible. Elle est non seulement un inframonde mais aussi une bulle subversive, l&rsquo;endroit o&ugrave; l&rsquo;on endort la r&eacute;volte mais o&ugrave; sommeille les forces rebelles du pays (qui apparaitront dans <i>Federico &agrave; son balcon</i>).</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">De plus, la crise politique au Mexique autour de la guerre des cartels depuis 2006, et la crise &eacute;conomique mondiale depuis 2008, poussent C. Fuentes dans ses retranchements th&eacute;matiques qui d&eacute;montrent son pessimisme id&eacute;ologique. La prison passe alors d&rsquo;un roman &agrave; un autre et s&rsquo;installe comme une chronotopie significative de l&rsquo;&oelig;uvre tardive de C. Fuentes. Elle est le reflet tangible de l&rsquo;angoisse de son auteur face &agrave; un monde qu&rsquo;il ne comprend plus et &agrave; une politique qu&rsquo;il ne peut cautionner. Comme un cercle vicieux, le pouvoir rena&icirc;t de ses cendres dans la microsoci&eacute;t&eacute; reconstruite derri&egrave;re les barreaux. Ses derniers romans apocalyptiques tardent &agrave; retrouver la Gen&egrave;se pourtant omnipr&eacute;sente dans le reste de &laquo;&nbsp;L&rsquo;&acirc;ge du temps&nbsp;&raquo; et t&eacute;moignent d&rsquo;une jeunesse en perdition. Le pessimisme id&eacute;ologique et le mill&eacute;narisme stylistique pr&eacute;parent au dialogue posthume avec Nietzsche dans <i>Federico &agrave; son balcon</i> o&ugrave; la r&eacute;volution prend tout son sens&nbsp;: l&rsquo;histoire se r&eacute;p&egrave;te dramatiquement, bien loin des id&eacute;aux r&eacute;volutionnaires d&rsquo;une gauche affaiblie et corrompue. La prison est donc le laboratoire d&rsquo;une pens&eacute;e, celle d&rsquo;un C. Fuentes octog&eacute;naire et engag&eacute;, ne se reconnaissant plus dans le monde contemporain (voire postmoderne) et dans les id&eacute;aux du XXI&egrave;me si&egrave;cle mexicain.</span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><b><span lang="ES" style="font-size:14.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bibliographie&nbsp;</span></span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="ES" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">ASTURIAS, Miguel &Aacute;ngel (1946), <i>El se&ntilde;or presidente</i>, Madrid, Alianza Editorial, 2005.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="ES" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">AZAOLA, Elena, BERGMAN, Marcelo,</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> &ldquo;</span></span><span lang="ES" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">De mal en peor: las condiciones de vida en las c&aacute;rceles mexicanas&rdquo; in <i>Nueva Sociedad</i> n&deg;208, marzo-abril de 2007.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="ES" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">DORFMAN, Ariel, <i>Imaginaci&oacute;n y violencia</i>, Barcelona, Anagrama, 1972.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">DUMAS, Alexandre, <i>Le comte de Monte-Cristo</i>, Paris, Garnier, 1963.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">FOUCAULT, Michel (1975), <i>Surveiller et punir. Naissance de la prison</i>, Paris, Gallimard, 1990.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">FOUREZ Cathy, &laquo;&nbsp;Enferm&eacute;es, vivantes&nbsp;&raquo; in <i>Le monde diplomatique</i>, Paris, Janvier 2011.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">FUENTES, Carlos (1954), &ldquo;Chac Mool&rdquo; in <i>Los d&iacute;as enmascarados</i>, Madrid, Mandadori, 1990. Trad. fran&ccedil;aise: <i>Les jours masqu&eacute;s</i>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">--- (1958), <i>La regi&oacute;n m&aacute;s Transparente</i>, Madrid, Real Academia Espa&ntilde;ola, 2008. Trad. fran&ccedil;aise: <i>La plus limpide des r&eacute;gions</i>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">--- (1967), <i>Cambio de piel</i>, Madrid, Biblioteca El Mundo, 2001. Trad. fran&ccedil;aise: <i>Peau neuve</i>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">--- (1975), <i>Terra Nostra</i>, Barcelona, Seix Barral, 2003.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">--- <i>Crist&oacute;bal Nonato</i>, M&eacute;xico, FCE, 1987. Trad. fran&ccedil;aise: <i>Christophe et son oeuf</i></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">---, &ldquo;How I Started to Write,&rdquo;&nbsp;in </span></span></span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Myself with others</span></span></span></span></i><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">, Farrar, Straus &amp; Giroux, Nueva York</span></span></span></span><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">, 1988 (publi&eacute; uniquement en anglais</span></span></span></span><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">)</span></span></span></span><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">. </span></span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Traduction en espagnol de Rafael Vargas sur le site:&nbsp; <span style="color:blue">http://www.sinembargo.mx/21-05-2012/239539</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="ES" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">--- (2002), <i>La silla del &aacute;guila</i>, Madrid, Punto de lectura, 2007. </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Trad. fran&ccedil;aise: <i>Le si&egrave;ge de l&rsquo;aigle</i>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">--- (2006), <i>Todas las familias felices</i>, Madrid, Punto de lectura, 2007. Trad. fran&ccedil;aise: <i>Le bonheur des familles.</i></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="ES" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">--- <i>La voluntad y la fortuna</i>, Madrid, Alfaguara, 2008. </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Trad. fran&ccedil;aise: <i>La volont&eacute; et la fortune</i>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="ES" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">--- <i>Ad&aacute;n en Ed&eacute;n</i>, M&eacute;xico, Alfaguara, 2009.<i> </i></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Trad. fran&ccedil;aise: <i>Adam en Eden</i></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="ES" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">--- <i>Carolina Grau</i>, M&eacute;xico, Alfaguara, 2010.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="ES" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">--- <i>Federico en su balc&oacute;n</i>, M&eacute;xico, Alfaguara, 2012 (a). </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Trad. fran&ccedil;aise: <i>Federico &agrave; son balcon</i></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="ES" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">FUENTES, Carlos, LAGOS, Ricardo, <i>El siglo que despierta</i>, ed. de Juan Cruz, M&eacute;xico, Taurus, 2012 (b).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="ES" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">GARCIA GUTIERREZ, Georgina, &ldquo;La regi&oacute;n m&aacute;s transparente cincuenta a&ntilde;os despu&eacute;s: <i>La voluntad y la fortuna</i>&rdquo; in <i>La regi&oacute;n m&aacute;s transparente en el siglo XXI</i>, comp. Georgina Garc&iacute;a Guti&eacute;rrez V&eacute;lez, M&eacute;xico, UNAM, 2012.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">MACHIAVEL, Nicolas, <i>Le prince</i>, Paris, Gallimard, 1980.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">VV.AA &ldquo;Entrevista con Carlos Fuentes: un r&eacute;quiem por M&eacute;xico&rdquo; en <i>Diario La Estrella</i>, M&eacute;xico, el 15 de octubre del 2008.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><strong>NOTES</strong></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="ES" style="font-size:10.0pt">[1]&nbsp;</span></sup><span lang="EN-US" style="background:white"><span style="color:black">Carlos Fuentes, &ldquo;How I Started to Write,&rdquo;&nbsp;in <i>Myself with others</i>, Farrar, Straus &amp; Giroux, Nueva York, 1988 (publi&eacute; uniquement en anglais). </span></span>Traduction en espagnol de Rafael Vargas sur le site:&nbsp; http://www.sinembargo.mx/21-05-2012/239539</span></span></p> <div> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="ES" style="font-size:10.0pt">[2]</span></sup> Dans les romans fantastiques de C. Fuentes, ce sont les indig&egrave;nes (confondus souvent avec le pass&eacute; pr&eacute;colombien), exclus de la soci&eacute;t&eacute;, qui occupent les caves des maisons gothiques. Pensons &agrave; &ldquo;Chac Mool&rdquo;, par exemple. C&rsquo;est&ndash;&agrave;-dire, symboliquement, C. Fuentes place&nbsp;les minorit&eacute;s dans les marges spatiales de la ville, dans ses couches les plus cach&eacute;es et oubli&eacute;es.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span style="font-size:10.0pt">[3]</span></sup><span style="font-size:10.0pt"> VV.AA &ldquo;Entrevista con Carlos Fuentes: un r&eacute;quiem por M&eacute;xico&rdquo; en <i>Diario La Estrella</i>, M&eacute;xico, el 15 de octubre del 2008.</span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="ES" style="font-size:10.0pt">[4]&nbsp;</span></sup>Georgina Garc&iacute;a Guti&eacute;rrez, &ldquo;La regi&oacute;n m&aacute;s transparente cincuenta a&ntilde;os despu&eacute;s: <i>La voluntad y la fortuna</i>&rdquo; in <i>La regi&oacute;n m&aacute;s transparente en el siglo XXI</i>, comp. Georgina Garc&iacute;a Guti&eacute;rrez V&eacute;lez, M&eacute;xico, UNAM, 2012, p.344.</span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="ES" style="font-size:10.0pt">[5]</span></sup> Sur ce th&egrave;me, <i>Le monde diplomatique</i> a publi&eacute; un article &eacute;difiant sur la prison de femmes de Santa Martha Acatitla o&ugrave; l&rsquo;on explique, comme le fait C. Fuentes dans la fiction, qu&rsquo;un inframonde est recr&eacute;&eacute; entre ses murs, et que de nombreuses femmes emprisonn&eacute;es y sont arriv&eacute;s en tra&icirc;nant derri&egrave;re elles des vies de mauvaises fortunes, sans que jamais la nation ne leur offre une quelconque chance de s&rsquo;en sortir. Comme dans le roman, la plupart des d&eacute;tenues dont l&rsquo;article fait le portrait est condamn&eacute;e pour trafic de drogue.&nbsp;Cathy Fourez, &ldquo;Enferm&eacute;es vivantes&rdquo; in <i>Le monde diplomatique</i>, Janvier 2011.</span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="ES" style="font-size:10.0pt">[6]</span></sup> C. Fuentes poursuit ici son id&eacute;e d&eacute;velopp&eacute;e dans les ch&oelig;urs qui ponctuaient chaque nouvelle du <i>Bonheur des familles</i> (2006). Les chants tragiques mettaient effectivement en sc&egrave;ne des jeunes d&eacute;s&oelig;uvr&eacute;s dans la p&eacute;riph&eacute;rie de la capitale mexicaine. Ce souci insistant envers la jeunesse inclut &eacute;galement une critique de la politique mexicaine qui n&rsquo;offre pas d&rsquo;opportunit&eacute; aux nouvelles g&eacute;n&eacute;rations. Le romancier explique de cette fa&ccedil;on la recrudescence de la petite d&eacute;linquance mais aussi la participation de la jeunesse dans le trafic de drogues, et expose les raisons de leur facile recrutement par les cartels.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="ES" style="font-size:10.0pt">[7]</span></sup><span lang="ES" style="font-size:10.0pt"> Voir par exemple :&nbsp;</span>Elena Azaola et Marcelo Bergman, &ldquo;De mal en peor: las condiciones de vida en las c&aacute;rceles mexicanas&rdquo; in <i>Nueva Sociedad</i> n&deg;208, marzo-abril de 2007.</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p class="standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span style="font-size:14.0pt">L&#39;auteur</span></b></span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lise Demyer est docteure en litt&eacute;rature hispano-am&eacute;ricaine (Universit&eacute; de Rouen/Universidad de Sevilla) et sp&eacute;cialiste de l&rsquo;&oelig;uvre du romancier mexicain Carlos Fuentes. Elle est actuellement PRAG &agrave; l&rsquo;universit&eacute; du Littoral C&ocirc;te D&rsquo;Opale et membre associ&eacute; de l&rsquo;UR 4030, HLL. Elle a &eacute;t&eacute; laur&eacute;ate de l&rsquo;accessit du prix international &laquo;&nbsp;Nuestra Am&eacute;rica 2013&nbsp;&raquo; pour le manuscrit <i>Las fronteras en la obra de Carlos Fuentes. La historia, la sociedad y el individuo de M&eacute;xico bajo el prisma de un espejo deformante,</i> Editorial CSIC, Madrid, 2014, 437 p. Elle a publi&eacute; de nombreux articles sur la litt&eacute;rature mexicaine contemporaine dans des revues internationales, notamment sur la documentation de la violence, sur la mise en fiction du passage de la fronti&egrave;re et sur la r&eacute;&eacute;criture des mythes f&eacute;minins.</span></span></span></p> </div> </div> <p class="Standard" style="text-align:justify">&nbsp;</p>