<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="background:white"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><strong>Abstract</strong>&nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="background:white"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">In this article, the author focuses on the circularity of mythical structures and the failure of historical projects, like the Mexican Revolution. Beyond the presence of twins and doubles, the recurring familial structure, to be observed in three key historical periods, of the father, legitimate son and illegitimate son or symbolic heir, underlines dual or alternative forces in Mexican history and the Mexican state of mind. By taking Dante&#39;s&nbsp;<i>Divine Comedy</i>&nbsp;as an essential paradigm, the author sheds light on a structure based on the redemption of the past in a symbolical&nbsp; and broadly defined Christian world. Finally, by relying on the notion of intertextuality, he demonstrates how the inter- and intratextual presence of Jos&eacute; Gorositza comes to question the Dantean redemption thus depriving it of its meaning.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="background:white"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Keywords&nbsp;: Fuentes, Mexico, XX<sup>th</sup> century, Cycles, Father and Sons, Twins, Trinity, Redemption, Ideals</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:14.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Introduction. Destin et Libert&eacute;</span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><i><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La Mort d&rsquo;Artemio Cruz</span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> d&eacute;crit douze jours dans la vie d&rsquo;un puissant entrepreneur mexicain, racont&eacute;s depuis le lit de mort de ce dernier. Ses liens avec trois familles sont &eacute;voqu&eacute;s, sur une p&eacute;riode qui recoupe l&rsquo;histoire du Mexique, de l&rsquo;Ind&eacute;pendance &agrave; 1959. La vie de Cruz semble incarner les promesses, les fruits et la trahison de l&rsquo;histoire mexicaine moderne. Son enfance dans la province de Veracruz est d&eacute;crite comme une Arcadie jusqu&rsquo;au moment o&ugrave; il abat son oncle. Pendant la R&eacute;volution, il vit une histoire d&rsquo;amour idyllique jusqu&rsquo;&agrave; ce que son amante soit pendue, et il est acclam&eacute; comme un h&eacute;ros apr&egrave;s avoir fui une bataille et abandonn&eacute; un compagnon bless&eacute;. Il survit &agrave; la R&eacute;volution en reniant habilement ses engagements&nbsp;; il commence &agrave; faire fortune en d&eacute;tournant la distribution immobili&egrave;re &agrave; Puebla&nbsp;; acquiert un terrain constructible &agrave; Mexico en d&eacute;non&ccedil;ant un pr&ecirc;tre abrit&eacute; par sa femme aux autorit&eacute;s pendant la guerre des Cristeros. A l&rsquo;heure de sa mort, toutes les phases de son existence, tous les choix pour survivre et prosp&eacute;rer, l&rsquo;ont transform&eacute; en un homme monstrueusement amer, arrogant, incapable d&rsquo;amour, sans espoir et ayant reni&eacute; tous les id&eacute;aux de sa jeunesse. Comme lui, la R&eacute;volution a &eacute;t&eacute; salie par les affaires des grosses entreprises avec les capitaux &eacute;trangers, le cynisme institutionnel.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Cette histoire de corruption au d&eacute;terminisme effrayant ne constitue qu&rsquo;une des structures temporelles et id&eacute;ologiques &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans <i>La Mort d&rsquo;Artemio Cruz</i>. Le roman refl&egrave;te aussi une bonne dose d&rsquo;id&eacute;alisme et un v&eacute;ritable sens de l&rsquo;optimisme ressenti par Carlos Fuentes au moment de son &eacute;criture, comme c&rsquo;est le cas dans son traitement de la guerre civile espagnole<sup><span calibri="" style="font-family:">1</span></sup>. En fait, le roman m&ecirc;le un nombre remarquable de structures diff&eacute;rentes et fils discursifs pour tisser une trame riche et complexe. Sa signification ne peut donc &ecirc;tre comprise en suivant un seul de ces fils mais plut&ocirc;t en envisageant leur interaction dialectique. Par opposition &agrave; la vision de la R&eacute;volution comme &eacute;pop&eacute;e, il pose l&rsquo;histoire, la temporalit&eacute; et la trahison &agrave; distance de l&rsquo;id&eacute;al qui semble avoir la force du destin. Mais &agrave; l&rsquo;histoire en tant que processus lin&eacute;aire, il oppose la circularit&eacute; du mythe, et le type de grille de choix complexe et r&eacute;currente &agrave; chaque nouvelle g&eacute;n&eacute;ration perceptible dans <i>La Plus Limpide R&eacute;gion</i>. A ces structures mythiques et &agrave; l&rsquo;&eacute;chec des projets historiques, il oppose la ligne droite de l&rsquo;eschatologie chr&eacute;tienne, une structure de la r&eacute;demption inspir&eacute;e de la chr&eacute;tient&eacute; m&eacute;di&eacute;vale, un renversement de la chute dans le temps, un retour &agrave; l&rsquo;impulsion historique originelle sauv&eacute;e des ravages du d&eacute;terminisme historique. L&rsquo;utopie hante les pages de <i>La Mort d&rsquo;Artemio Cruz</i>.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Fuentes est revenu &agrave; plusieurs reprises &agrave; l&rsquo;exploration de la rencontre des genres dans la litt&eacute;rature hispanoam&eacute;ricaine -mythe, utopie, &eacute;pop&eacute;e, po&eacute;sie lyrique, roman etc&hellip;- qui refl&egrave;te les complexit&eacute;s de la conception et des r&eacute;alit&eacute;s du Continent. En 1971, dans <i>Temps mexicain</i>, il envisage la chute possible de Quetzalcoatl devenu Pepsi-coatl sous l&rsquo;influence du n&eacute;o-colonialisme et la pr&eacute;sence de l&rsquo;utopie dans le roman&nbsp;: &laquo;&nbsp;la base de nuestra narrativa moderna, que es transgresi&oacute;n de la norma &eacute;pica por la herej&iacute;a ut&oacute;pica: epopeya / espacio violados por novela / utop&iacute;a que crea su propio tiempo. M&eacute;xico no est&aacute; fatalmente abocado al tiempo de Pepsic&oacute;atl<sup><span calibri="" style="font-family:">2</span></sup>&nbsp;&raquo;. Plus tard, dans un article d&rsquo;abord publi&eacute; dans<i> Vuelta</i> en 1983, il pose <i>Histoire v&eacute;ridique de la conqu&ecirc;te de la Nouvelle-Espagne</i> de Bernal D&iacute;az del Castillo comme origine de la litt&eacute;rature hispanoam&eacute;ricaine, de par la rencontre fondatrice qui s&rsquo;y produit entre la chronique et l&rsquo;envol&eacute;e lyrique, la r&eacute;alit&eacute; et le d&eacute;sir&nbsp;:</span></span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">En el Nuevo Mundo las expectativas exageradas de la Utop&iacute;a, su victimaci&oacute;n por la &Eacute;pica y el refugio de aqu&eacute;llas en un barroco doloroso establece de inmediato dos grandes tradicciones: la cr&oacute;nica que apoya pol&iacute;ticamente la versi&oacute;n &eacute;pica de los hechos y la l&iacute;rica que crea otro mundo, la historia en la cual todo lo asesinado y sofocado por la historia &eacute;pica tenga cabida. Bernal es la fuente secreta de la novela hispanoamericano: su libro recuerda, recrea, ama y lamenta, pero se ofrece como&nbsp;&laquo; c&oacute;nica verdadera&nbsp;&raquo;<sup><span calibri="" style="font-family:">3</span></sup><i>.</i></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les diff&eacute;rentes causalit&eacute;s ou lectures g&eacute;n&eacute;riques soulign&eacute;es ci-dessus sont facilit&eacute;es par l&rsquo;organisation formelle du roman. Artemio Cruz raconte son histoire en utilisant trois voix, YO, T&Uacute;, et &Eacute;L, aux temps pr&eacute;sent, futur et pass&eacute;, dans des s&eacute;quences successives &agrave; l&rsquo;occasion de chacun des douze<sup>4</sup>&nbsp;moments historiques. Les cartes de la succession temporelle sont rebattues jusqu&rsquo;au vertige, &agrave; mesure que les douze p&eacute;riodes sont relat&eacute;es en dehors de l&rsquo;ordre chronologique, ce qui permet &agrave; Fuentes de construire, et au lecteur de d&eacute;velopper mentalement, un fascinant r&eacute;seau multidirectionnel &agrave; partir des diff&eacute;rents liens et &eacute;chos formels entre les &eacute;pisodes.</span></span></p> <p style="margin-bottom:11px; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mon &eacute;tude portera principalement sur deux des causalit&eacute;s ou genres, dont la rencontre rend m&eacute;morable la lecture du roman. La premi&egrave;re est la structure familiale r&eacute;currente, observable dans trois p&eacute;riodes historiques cl&eacute;s, du p&egrave;re, fils l&eacute;gitime et fils ill&eacute;gitime ou h&eacute;ritier symbolique, qui souligne des forces duelles ou alternatives dans l&rsquo;histoire et l&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;esprit mexicain. La deuxi&egrave;me est la structure de la r&eacute;demption du pass&eacute; dans un monde symbolique chr&eacute;tien au sens large, les retrouvailles avec les promesses trahies de l&rsquo;histoire. Je poserai <i>La Divine Com&eacute;die</i> de Dante comme expression paradigmatique d&rsquo;une telle r&eacute;demption pour &eacute;clairer les retrouvailles utopiques dans le roman, la transformation du destin en libert&eacute;/libre-arbitre. Enfin, j&rsquo;essaierai de montrer comment &agrave; son tour la pr&eacute;sence intertextuelle de Jos&eacute; Gorositza remet en question la r&eacute;demption dantesque et vide ses termes de leur sens</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:14.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Deux temporalit&eacute;s mexicaines, deux options</span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le destin et le libre-arbitre/libert&eacute; peuvent &ecirc;tre pris comme m&eacute;tonymes pour toute une s&eacute;rie d&rsquo;oppositions que le roman tisse. Ils sont aussi bien repr&eacute;sent&eacute;s par la vision des deux Mexique exp&eacute;riment&eacute;e par Rodrigo Pla, Ixca Cienfuegos et Manuel Zamacona dans <i>La Plus Limpide R&eacute;gion</i>,<i> </i>le monde du <i>t&uacute;</i> et le monde du <i>ustedes</i>. Artemio Cruz h&eacute;rite d&rsquo;une <i>tierra</i> de communaut&eacute; per&ccedil;ue par les &eacute;motions et forg&eacute;e par les luttes, et il l&egrave;gue un<i> pa&iacute;s</i> de s&eacute;paration, ali&eacute;nation et corruption&nbsp;: </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">heredar&aacute;s la tierra no ver&aacute;s otra vez esos rostros que conociste en Sonora y en Chihuahua, que un d&iacute;a viste dormidos, aguant&aacute;ndose, y al siguiente encolerizados, arrojados a esa lucha sin razones ni paliativos, a ese abrazo de los hombres a los que otros hombres separaron, a ese decir que aqu&iacute; estoy y existo contigo y contigo y contigo tambi&eacute;n, con todas las manos y todos los rostros velados: amor, extra&ntilde;o amor com&uacute;n [&hellip;] legar&aacute;s este pa&iacute;s, legar&aacute;s tu peri&oacute;dico, los codazos y la adulaci&oacute;n, la conciencia adomrecida por los discursos falsos de hombres mediocres [&hellip;] les legar&aacute;s sus l&iacute;deres ladrones, sus sindicatos sometidos, sus nuevos latifundios, sus inversiones americanas. (276-7)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cruz pr&eacute;sente une dualit&eacute; fatale. Les miroirs du passage suivant le montrent marchant simultan&eacute;ment vers Madero, qui repr&eacute;sente l&rsquo;honn&ecirc;tet&eacute; et la r&eacute;forme, et vers une r&eacute;union avec des partenaires nord-am&eacute;ricains au cours de laquelle il trahira compl&egrave;tement les id&eacute;aux nationalistes de la R&eacute;volution&nbsp;: &laquo;&nbsp;se ajust&oacute; la corbata frente a vidrio del vestibulo y atr&aacute;s, en el segundo vidrio, el que daba a la calle de Madero, un hombre id&eacute;ntico a &eacute;l, pero ten lejano [&hellip;] le daba la espalda y caminaba hacia el centro de la calle, mientras &eacute;l buscaba el ascensor, desorientado por un instante&nbsp;&raquo; (22).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;ali&eacute;nation politique va de pair pour Artemio avec le fl&eacute;trissement de l&rsquo;amour qu&rsquo;il peut donner. Son image d&eacute;doubl&eacute;e dans le miroir trouve un &eacute;cho dans la barri&egrave;re que son orgueil dresse entre lui et sa femme Catalina, le miroir ou l&rsquo;&eacute;tang de Narcisse, dans lequel tous deux risquent de se noyer ou se sont peut-&ecirc;tre d&eacute;j&agrave; noy&eacute;s. Lorsque Catalina caresse, tardivement, le front d&rsquo;Artemio sur son lit de mort, le mur se fissure et laisse &eacute;merger le texte&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Ella tambi&eacute;n pensar&aacute; en su orgullo. Ah&iacute; nacer&aacute; la chispa. All&iacute; la escuchar&aacute;s, en ese espejo com&uacute;n, en ese estanque que reflejar&aacute; los rostros de ambos, que losahogar&aacute; cuando traten de besarse el uno al otro, en el reflejo l&iacute;quido de sus rostros:&nbsp;&iquest;por qu&eacute; no miras a un lado?; all&iacute; estar&aacute; Catalina en su carne. (92)</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Artemio est lui-m&ecirc;me divis&eacute;, mais cette division est aussi refl&eacute;t&eacute;e dans les divers types de doubles qui permettent &agrave; Fuentes de cr&eacute;er la structure fond&eacute;e sur l&rsquo;h&eacute;r&eacute;dit&eacute; ci-dessus mentionn&eacute;e. Le soldat bless&eacute; qu&rsquo;il laisse mourir est un jumeau qui incarne la mort de sa propre solidarit&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;si tuviese los ojos verdes, ser&iacute;a su gemelo&hellip;&nbsp;&raquo; (75). Ce soldat pourrait de fait &ecirc;tre le jumeau d&rsquo;Artemio au sens propre du terme&nbsp;: apr&egrave;s avoir donn&eacute; naissance &agrave; Artemio, Isabel Cruz &laquo;&nbsp;ya gem&iacute;a con una nueva contracci&oacute;n&nbsp;&raquo; (315). Son fils Lorenzo qui meurt en h&eacute;ros en Espagne est un reflet invers&eacute; de l&rsquo;id&eacute;alisme trahi d&rsquo;Artemio, tandis que Jaime Ceballos, pr&eacute;sent&eacute; &agrave; la fin du roman comme son h&eacute;ritier symbolique, est un reflet fid&egrave;le du cynisme de Cruz.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cruz est pr&eacute;sent&eacute; comme participant de deux sortes de temporalit&eacute;, le temps d&eacute;chu, non authentique et le temps plein, transcendantal. On retrouve ce questionnement mutuel entre deux sortes de temporalit&eacute;s dans &laquo;&nbsp;Himno entre ruinas&nbsp;&raquo; d&rsquo;Octavio Paz&nbsp;: &laquo;&nbsp;todo es dios [&hellip;] La luz crea templos en el mar. / Nueva York, Londres, Mosc&uacute;. La sombra cubre al llano con su yedra fantasma</span></span></span></span></span><sup>5</sup><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&raquo;. Dans <i>La Plus Limpide R&eacute;gion</i>, Federico Robles a exp&eacute;riment&eacute; le temps de la pl&eacute;nitude avec Mercedes et semble le retrouver avec Hortensia dans le retour &agrave; la terre de la fin du roman. Dans <i>La Mort d&rsquo;Artemio Cruz</i>, la question d&rsquo;un retour &agrave; un temps originel quel qu&rsquo;il soit est plus complexe et probl&eacute;matique, mais l&rsquo;impulsion utopique est une force fondamentale qui sous-tend le roman. Une Arcadie du pass&eacute; est projet&eacute;e sur une utopie du futur. On assiste &agrave; une sorte d&rsquo;union des contraires. Les vagues de la mer auxquelles le roman retourne si souvent, comme dans la sc&egrave;ne paradisiaque au cours de laquelle Lilia et le bien-nomm&eacute; Xavier Adame se baignent et font l&rsquo;amour dans l&rsquo;oc&eacute;an Pacifique &agrave; Acapulco, illustrent cette fusion d&eacute;sinhib&eacute;e des oppos&eacute;s&nbsp;: &laquo;&nbsp;- otras las mismas - siempre en movimiento y siempre id&eacute;nticas, fuera el tiempo, espejo de s&iacute; mismas, de las olas del origen, del milenio perdido y del milenio por venir&nbsp;&raquo; (157). Pourtant dans la r&eacute;alit&eacute; sociale, juste derri&egrave;re l&rsquo;opulent front de mer cosmopolite, les p&ecirc;cheurs nus, leur &laquo;&nbsp;chozas con ni&ntilde;os barrigones, perros sarnosos, riachuelas de aguas negras, triqunia y bacilos&nbsp;&raquo; t&eacute;moignent d&rsquo;une autre temporalit&eacute; mexicaine&nbsp;: &laquo;&nbsp;Siempre los dos tiempos, en esta comunidad j&aacute;nica, de rostro doble, tan lejana de lo que fue y tan lejana de lo que quiere ser&nbsp;&raquo;. (151)</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans la cosmologie nahua, l&rsquo;union de l&rsquo;origine et du futur se conjugue dans les cycles de cinquante- deux ans, au terme desquels des sacrifices sont accomplis pour assurer la renaissance du soleil, le d&eacute;but d&rsquo;un nouveau cycle (<i>TM</i>, 27). Il a &eacute;t&eacute; avanc&eacute; que la f&ecirc;te du Nouvel An, organis&eacute;e par Cruz dans son manoir de Coyoac&aacute;n, cinquante-deux ans apr&egrave;s le d&eacute;but de sa vie d&rsquo;adulte, tournant le dos &agrave; ses origines &agrave; Cocuya, s&rsquo;inscrit dans ce sch&eacute;ma</span></span></span></span></span><sup>6</sup><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. L&rsquo;exaltation de la f&ecirc;te n&rsquo;est cependant pas suivie d&rsquo;une quelconque renaissance, mais par un retour malveillant au <i>status quo</i>. Dans <i>Temps mexicain</i>, Fuentes r&eacute;sume les deux temporalit&eacute;s &eacute;voqu&eacute;es ici &agrave; travers deux figures&nbsp;: Quetzalcoatl et Herm&aacute;n Cort&eacute;s. Quetzalcoatl, le Serpent &agrave; plumes, dieu de la Cr&eacute;ation, des cultures et des semences, &eacute;tait en exil dans l&rsquo;est et son retour est attendu avec impatience&nbsp;; origine et futur bienveillant ne feraient alors plus qu&rsquo;un.&nbsp;: &laquo;&nbsp;el regreso de Quetzalco&aacute;tl, el retorno al origen sin separaci&oacute;n, id&eacute;ntico al encuentro con un futuro bienhechor&nbsp;&raquo; (<i>TM</i>, 22). A sa place arrive cependant le conquistador Herm&aacute;n Cort&eacute;s pour d&eacute;truire &laquo;&nbsp;el tiempo y el espacio inventados para recibirlo&nbsp;&raquo;, pour apporter le g&eacute;nocide et une religion &eacute;trang&egrave;re. Mais la tradition hispanique en Am&eacute;rique latine est, selon Fuentes, duelle, en ce qu&rsquo;elle dissimule sous un organicisme m&eacute;di&eacute;val et imp&eacute;rial l&rsquo;individualisme de la Renaissance et la tradition de l&rsquo;utopisme. L&rsquo;opposition entre ces deux figures est centrale &agrave; la st&eacute;nographie historique de Fuentes, m&eacute;taphore d&rsquo;une opposition d&eacute;j&agrave; centrale &agrave; <i>La Plus Limpide R&eacute;gion</i>. Dans <i>Terra Nostra</i> le personnage du Peregrino est tour &agrave; tour Quetzacoatl dans la plus grande partie de la narration puis un Cort&eacute;s cruel au cours des <i>nemontani </i>ou <i>d&iacute;as enmascarados</i>. On peut voir Artemio Cruz comme un avatar de son cousin phon&eacute;tique Herm&aacute;n Cort&eacute;s&nbsp;: leurs carri&egrave;res mexicaines d&eacute;butent &agrave; Veracruz&nbsp;: le &laquo;&nbsp;viol&nbsp;&raquo; de Do&ntilde;a Marina, viol et rencontre fondatrice, est celui de Regina et de la conception d&rsquo;Artemio&nbsp;; don Gamaliel &agrave; Puebla, dont l&rsquo;empire est repris par Cruz, joue le r&ocirc;le de l&rsquo;empereur azt&egrave;que Moctezuma, remplac&eacute; par Cort&eacute;s. Fuentes ajoute que tous deux ont eu une &eacute;pouse nomm&eacute;e Catalina</span></span></span></span></span><sup>7</sup><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. Ce n&rsquo;est par cons&eacute;quent peut-&ecirc;tre pas un anachronisme que d&rsquo;utiliser les deux figures de Quetzalcoatl et de Cort&eacute;s pour d&eacute;crire les paires r&eacute;currentes dans le roman de l&rsquo;homme d&rsquo;action puissant et du fils id&eacute;aliste absent, ainsi que des deux temporalit&eacute;s qu&rsquo;ils repr&eacute;sentent. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;ambig&uuml;it&eacute; et la dualit&eacute; des d&eacute;buts de la Nouvelle-Espagne trouvent un &eacute;cho dans la mani&egrave;re dont des &eacute;pisodes cl&eacute;s du roman sont pr&eacute;sent&eacute;s en deux versions distinctes. Les deux &eacute;v&eacute;nements fondateurs dans la vie d&rsquo;Artemio, sa naissance et sa rencontre avec Regina, fusionnant tous deux avec l&rsquo;image de la mer et projet&eacute;s sur l&rsquo;avenir comme un paradis &agrave; retrouver, t&eacute;moignent de cette nature duelle. L&rsquo;amour d&rsquo;Artemio pour Regina est une union totale, o&ugrave; l&rsquo;on ne fait qu&rsquo;un avec l&rsquo;univers et les d&eacute;buts du temps&nbsp;; lorsqu&rsquo;ils font l&rsquo;amour, ils sont &laquo;&nbsp;reducidos al encuentro del mundo, a la semilla de la raz&oacute;n, a los dos voces que nombran en silencio, que adentro bautizan todas las cosas&nbsp;&raquo; (67). Le souvenir de leur premi&egrave;re rencontre est idyllique&nbsp;: &laquo;&nbsp;Te acuerdas de aquella roca que se met&iacute;a al mar come un barco de piedra&nbsp;? [&hellip;] Se forma une laguna entre las rocas y uno puede mirarse en el agua blanca. All&iacute; me miraba, y un d&iacute;a apareci&oacute; tu cara junto a la m&iacute;a&nbsp;&raquo; (66). Mais leur union est fond&eacute;e sur un mensonge, une &laquo;&nbsp;hermosa mentira&nbsp;&raquo; (82), leur souvenir est un pass&eacute; rachet&eacute; ou embelli. En fait, Regina est la premi&egrave;re inconnue que Cruz a rencontr&eacute; en entrant dans une ville conquise, elle fut juch&eacute;e sur la selle de son cheval et &laquo;&nbsp;violada en silencio en el dormitorio com&uacute;n de los oficiales, lejos del mar, dando la cara a la sierra espinosa y seca&nbsp;&raquo; (83)</span></span></span></span></span><sup>8</sup><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">. Cet acte de falsification ou de transformation est une r&eacute;p&eacute;tition des origines d&rsquo;Artemio lui-m&ecirc;me, pr&eacute;sent&eacute;es comme une vie paradisiaque, sous les tropiques, au bord d&rsquo;une rivi&egrave;re c&ocirc;ti&egrave;re, &agrave; p&ecirc;cher et nager dans les eaux claires et travailler en harmonie avec le mul&acirc;tre Lunero&nbsp;: &laquo;&nbsp;Todo el tono de fruta verde corr&iacute;a por los brazos delgados y el pecho firme, hecho a nadar corriente arriba, con los dientes brillantes en carcajada del cuerpo refrescado por el r&iacute;o de fondo herb&aacute;ceo y riberas legamosas&nbsp;&raquo; (283). Ce n&rsquo;est qu&rsquo;&agrave; la fin du roman que nous apprenons qu&rsquo;Artemio lui-m&ecirc;me est le fruit d&rsquo;un viol, que sa m&egrave;re Isabel, la s&oelig;ur de Lunero, fut l&rsquo;une des nombreuses victimes prises par la force par l&rsquo;<i>hacendado</i> Atanasio Menchaca.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ainsi Artemio est un <i>hijo de la chingada </i>avant de confirmer la mal&eacute;diction de la Malinche qui se perp&eacute;tue en prenant &agrave; son tour le masque de <i>ching&oacute;n</i>. Alors qu&rsquo;il s&rsquo;appr&ecirc;te &agrave; nouveau &agrave; changer de bord politique et &agrave; d&eacute;noncer le P&egrave;re P&aacute;ez, comme Robles avait sacrifi&eacute; Feliciano S&aacute;nchez avant lui, en &eacute;change des faveurs du pr&eacute;sident Calles, le gros policier est explicite&nbsp;: &laquo;&nbsp;&iquest;A poco no somos los mejores chingones&nbsp;?&nbsp;&iquest;Sabes&nbsp;? Escoge siempre a tus amigos entre los grandes chingones porque con ellos hay quien te chingue a t&iacute;&nbsp;&raquo; (129). Travesti ali&eacute;n&eacute; du temps cyclique azt&egrave;que, la r&eacute;alit&eacute; mexicaine est vue comme ob&eacute;issant &agrave; la r&egrave;gle selon laquelle un outrage ne peut &ecirc;tre veng&eacute; que s&rsquo;il est &agrave; nouveau impos&eacute;. La voix T&Uacute; d&rsquo;Artemio parle de&nbsp;&laquo;&nbsp;el ultraje que lavaste ultrajando a otros hombres&nbsp;&raquo; (147). La grand-m&egrave;re d&rsquo;Artemio, Ludivinia, est presque naturellement consciente de ce motif de r&eacute;p&eacute;tition&nbsp;: &laquo;&nbsp;&iquest;Vienes a decirme que no hay tierras ni grandeza para nosotros, que otros se han aprovechado de nosotros como nosotros nos aprovechamos de los primeros, de los originales due&ntilde;os de todo&nbsp;?&nbsp;&raquo; (296). Les d&eacute;poss&eacute;d&eacute;s d&eacute;poss&egrave;dent &agrave; leur tour. Cela para&icirc;t &ecirc;tre la signification du refrain &eacute;nigmatique d&rsquo;Artemio sur son lit de mort&nbsp;: &laquo;&nbsp;regresaron, no se dieron por vencidos&nbsp;&raquo; (271). Les <i>villistas </i>que les hommes d&rsquo;Artemio pensaient avoir vaincus reviennent au village et pendent Regina en l&rsquo;absence de Cruz. Le mot intraduisible <i>chingada</i>, dont on trouve une analyse m&eacute;morable dans <i>Le Labyrinthe de la solitude</i> d&rsquo;Octavio Paz, finit par signifier le d&eacute;terminisme de la cruaut&eacute; et la d&eacute;shumanisation dans le d&eacute;roulement de l&rsquo;histoire de Cruz et dans l&rsquo;histoire du Mexique dont il est embl&eacute;matique, une sorte de destin mexicain que l&rsquo;&eacute;criture du roman conteste. La voix T&Uacute; s&rsquo;insurge face &agrave; son pouvoir&nbsp;: &laquo;&nbsp;d&eacute;jala en el camino, ases&iacute;nala con armas que no sean las suyas: mat&eacute;mosla: matemos esa palabra que nos separa, nos petrifica, nos pudre con su doble veneo de &iacute;dolo y cruz: que no sea nuestra respuesta ni nuestra fatalidad&nbsp;&raquo; (146).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le motif &laquo;&nbsp;regresaron, no se dieron por vencidos&nbsp;&raquo; renvoie aussi &agrave; la mani&egrave;re qu&rsquo;ont les morts &agrave; qui Cruz a surv&eacute;cu, et &agrave; qui il doit sa survie et son pouvoir, de lui revenir constamment en m&eacute;moire. La m&eacute;moire devient l&rsquo;endroit o&ugrave; l&rsquo;irr&eacute;versible processus de la <i>chingada</i> est contest&eacute;<sup>9</sup>. Les voix plurielles des autres contestent et dissolvent le pouvoir de l&rsquo;individu, les choix de la vie de Cruz entre communaut&eacute; et pouvoir sont &agrave; nouveau pos&eacute;s, leurs promesses deviennent une virtualit&eacute; constante.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:14.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le motif &agrave; travers l&rsquo;histoire</span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La Mort d&rsquo;Artemio Cruz </span></span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">relate des drames familiaux qui se d&eacute;roulent au cours de trois p&eacute;riodes historiques, pendant lesquelles un groupe au pouvoir remplace son pr&eacute;d&eacute;cesseur, chaque groupe promettant de grands progr&egrave;s, chacun reproduisant les traits n&eacute;gatifs du r&eacute;gime pr&eacute;c&eacute;dent. Les trois p&eacute;riodes sont les r&eacute;gimes domin&eacute;s par les Cr&eacute;oles apr&egrave;s l&rsquo;Ind&eacute;pendance, le Lib&eacute;ralisme, la R&eacute;volution. C&rsquo;est le G&eacute;n&eacute;ral Antonio L&oacute;pez de Santa Anna, qui fut pr&eacute;sident onze fois entre 1833 et 1855, qui repr&eacute;sente le mieux la premi&egrave;re p&eacute;riode. L&rsquo;ind&eacute;pendance gagn&eacute;e aux Espagnols et aux Bourbons portait les promesses d&rsquo;un avenir plein de fiert&eacute;s et de richesses pour le vaste pays qu&rsquo;&eacute;tait le Mexique. Mais alors qu&rsquo;il &eacute;tait en exil &agrave; la fin de sa vie, ce h&eacute;ros d&rsquo;op&eacute;rette qui n&rsquo;aimait rien autant que les paris et les combats de coqs, et qui avait organis&eacute; des fun&eacute;railles pour la jambe qu&rsquo;il avait perdue lors d&rsquo;une bataille, avait subi la perte du Texas, l&rsquo;invasion des troupes am&eacute;ricaines en 1847 et la perte de la moiti&eacute; du territoire national<sup>10</sup>. La deuxi&egrave;me p&eacute;riode dont le champion est le Lib&eacute;ral Benito Ju&aacute;rez, pr&eacute;sident de 1858 &agrave; 1872, fut le th&eacute;&acirc;tre de la tentative de modernisation du pays, en r&eacute;duisant les forces conservatrices traditionnelles de l&rsquo;&eacute;glise, l&rsquo;arm&eacute;e, les <i>caciques </i>r&eacute;gionaux, et les communaut&eacute;s villageoises indiennes. La loi Lerdo de 1856 et la Constitution radicale de 1857 cherchaient &agrave; taxer les propri&eacute;t&eacute;s de l&rsquo;Eglise et remplacer la propri&eacute;t&eacute; collective par une nouvelle classe de petits fermiers capitalistes. Mais la guerre civile avec les conservateurs (1858-1861), l&rsquo;intervention fran&ccedil;aise et l&rsquo;Empire de Maximilien (1864-1867), parmi d&rsquo;autres, entra&icirc;na l&rsquo;acquisition des terres par de riches propri&eacute;taires terriens&nbsp;: &laquo;&nbsp;Cela n&rsquo;a donc fait qu&rsquo;augmenter la puissance &eacute;conomique et la coh&eacute;sion politique d&rsquo;une classe d&eacute;j&agrave; dominante de riches hacendados<sup>11</sup>&nbsp;&raquo;. Le virage suivant est la R&eacute;volution et les guerres civiles de 1910 et 1917 qui apport&egrave;rent leur propre r&eacute;forme agraire et leur nouvelle oligarchie dont seule la rh&eacute;torique la distinguait des pr&eacute;c&eacute;dentes.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Chacune de ces p&eacute;riodes est repr&eacute;sent&eacute;e par une figure patriarcale qui prend la place de son pr&eacute;d&eacute;cesseur d&eacute;chu&nbsp;: Ireneo Menchaca, Gamaliel Bernal et Artemio Cruz. Ireneo Menchaca re&ccedil;ut de Santa Anna des milliers d&rsquo;hectares de terre sur la c&ocirc;te tropicale de Veracruz, qui avaient &eacute;t&eacute; extorqu&eacute;s aux indiens qui en &eacute;taient les propri&eacute;taires d&rsquo;origine, &eacute;taient cultiv&eacute;s par une main d&rsquo;&oelig;uvre n&egrave;gre des Cara&iuml;bes bon march&eacute;, et se trouv&egrave;rent &eacute;tendus par des hypoth&egrave;ques impos&eacute;es aux petits propri&eacute;taires de la r&eacute;gion (292). Apr&egrave;s 1855, il fallut revenir &agrave; Mexico pour d&eacute;fendre la terre contre les <i>juaristas</i> et offrir leur domaine aux troupes fran&ccedil;aises de Napol&eacute;on III pour assurer une base contre les Lib&eacute;raux (188). Ireneo meurt &agrave; Campeche apr&egrave;s avoir pris part &agrave; un retour avort&eacute; de Santa Anna apr&egrave;s la mort de Maximilien. La maison est en grande partie incendi&eacute;e en 1868 par les<i> juaristas</i> et le fils tu&eacute; en 1889 par les nouveaux propri&eacute;taires &agrave; pr&eacute;sent fermement &eacute;tablis sous Portfirio D&iacute;az. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cette classe, qui a remplac&eacute; les Menchacas, est repr&eacute;sent&eacute;e par Gamaliel Bernal, homme d&rsquo;affaires de Puebla, qui avait acquis pour presque rien des terres appartenant &agrave; l&rsquo;Eglise apr&egrave;s le d&eacute;samortissement de Lerdo. Un Catholique indign&eacute; raconte l&rsquo;histoire &agrave; Cruz&nbsp;: &laquo;&nbsp;todo lo que tiene se le rob&oacute; a la cura, all&aacute; cuando Ju&aacute;rez paso a remate los bienes del clero y cualquier comerciante con tantito ahorrado pudo hacerse de un terrenal inmenso&hellip;&nbsp;&raquo; (43)</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bernal est chass&eacute; par l&rsquo;officier r&eacute;volutionnaire Artemio Cruz, petit-fils d&rsquo;Ireneo Menchaca, d&eacute;poss&eacute;d&eacute; par les Lib&eacute;raux qui ont donn&eacute; le pouvoir &agrave; Bernal. Cruz parvient &agrave; un accord avec Bernal qui admet que &laquo;&nbsp;hay que pagar un precio para sobrevivir&nbsp;&raquo; (42). Cruz &eacute;pouse sa fille et reprend les dettes qui lui sont dues avec la promesse de rendre un quart de tout ce qu&rsquo;il touchera (48). Cruz prend en charge la r&eacute;forme agraire dans la r&eacute;gion apr&egrave;s 1919 mais se r&eacute;serve les meilleures terres, ruine les propri&eacute;taires terriens voisins par des pr&ecirc;ts exorbitants, bradant leurs terres en lots en &eacute;change de biens fonciers &agrave; Puebla, tout en les promettant aux <i>campesinos</i> locaux et en se faisant &eacute;lire <i>diputado</i> pour la r&eacute;gion. Comme le sent bien Bernal, Cruz n&rsquo;est pas tant un individu que l&rsquo;incarnation d&rsquo;un nouveau cycle&nbsp;: &laquo;&nbsp;Artemio Cruz. As&iacute; se llamaba, entonces, el nuevo mundo surgido de la guerra civil&nbsp;; as&iacute; se llamaban quienes llegaban a sustituirlo. Desventurado pa&iacute;s [&hellip;] que a cada nueva generaci&oacute;n tiene que destruir a los antiguos possedores y sustituirlos por nuevos amos, tan rapaces y ambiciosos como los anteriores&nbsp;&raquo; (50).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Vers la fin du roman, on comprend que Cruz a lui-m&ecirc;me un successeur symbolique en la personne de Jaime Ceballos, le h&eacute;ros de <i>Les bonnes consciences</i>, dont le beau-p&egrave;re, Roberto R&eacute;gules avait jou&eacute; un r&ocirc;le important dans la d&eacute;possession de l&rsquo;&eacute;quivalent de Cruz dans <i>La Plus Limpide R&eacute;gion</i>, Federico Robles.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">A la fin de chaque cycle, une dualit&eacute; significative est incarn&eacute;e par les deux fils de chaque patriarche, qui expriment le choix entre survie, opportunisme et id&eacute;alisme, et co&iuml;ncident dans une certaine mesure avec la disjonction Cort&eacute;s-Quetzalcoatl. Menchaca a deux fils l&eacute;gitimes, Atanasio et Pedrito, tandis que Gamaliel Bernal et Artemio Cruz ont eu un fils l&eacute;gitime qui incarne le meilleur d&rsquo;eux-m&ecirc;mes et un h&eacute;ritier symbolique ou usurpateur&nbsp;: Gonzalo Bernal et Artemio Cruz, Lorenzo Cruz et Jaime Ceballos. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Apr&egrave;s le retour d&rsquo;Ireneo Menchaca &agrave; son hacienda de Veracruz, son fils Atanasio, &laquo;&nbsp;el hijo de los ojos verdes, vestido de blanco sobre el caballo blanco [&hellip;] cabalgando sobre la tierra feraz con el fuete en el pu&ntilde;o, pronto a imponer su voluntad decisiva&nbsp;&raquo; (292), d&eacute;fend les terres avec une vigueur &eacute;gale &agrave; celle dont il fait preuve pour violer les<i> campesinas</i> du coin, et y r&eacute;side jusqu&rsquo;en 1889. Pendant ce temps, Pedrito poursuit une vie de frivolit&eacute;s dans les salons de Mexico sans r&eacute;el revenu financier. Lorsqu&rsquo;Anastasio est assassin&eacute;, victime d&rsquo;un pi&egrave;ge lui proposant de venir r&eacute;cup&eacute;rer les restes de son p&egrave;re, retrouv&eacute;s dans un cimeti&egrave;re de Campeche, Pedrito, qui &eacute;tait pr&eacute;sent et portait une arme &agrave; feu, l&rsquo;abandonne &agrave; son sort, ce qui rajoute un &eacute;l&eacute;ment de fratricide virtuel &agrave; l&rsquo;opposition des deux fr&egrave;res en termes de l&eacute;gitimit&eacute;. Le fils vigoureux, fid&egrave;le &agrave; sa famille et &agrave; sa classe, meurt ici alors que le l&acirc;che, parasite et alcoolique, survit.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le fils l&eacute;gitime de Gamaliel Bernal, Gonzalo, bien qu&rsquo;h&eacute;doniste, a trahi la classe de son p&egrave;re en rejoignant contre elle la R&eacute;volution. Artemio aurait pu r&eacute;gler le sort de Gonzalo par un peloton d&rsquo;ex&eacute;cution, mais alors que ce dernier pr&eacute;f&egrave;re mourir en id&eacute;aliste plut&ocirc;t que de se compromettre, Artemio abandonne son compagnon et, avec une adresse machiav&eacute;lique, prend la place de Gonzalo comme h&eacute;ritier de la fortune de Bernal.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cruz devient le nouvel oligarque r&eacute;volutionnaire et permet &agrave; son fils Lorenzo de passer du temps &agrave; la <i>hacienda </i>qu&rsquo;il a achet&eacute;e et restaur&eacute;e pr&egrave;s de la c&ocirc;te de Veracruz. Contre la volont&eacute; de sa m&egrave;re, Lorenzo choisit de partir en Espagne pour se battre de mani&egrave;re id&eacute;aliste pour la cause perdue de la R&eacute;publique espagnole, per&ccedil;ue comme un miroir de la R&eacute;volution mexicaine, et il meurt en h&eacute;ros en 1939 alors que son p&egrave;re a choisi la survie &agrave; tout prix. Jaime Ceballos, le &laquo;&nbsp;jumeau&nbsp;&raquo; de Lorenzo, est son oppos&eacute;, et identique &agrave; Artemio de par son cynisme et sa soif de succ&egrave;s. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:14.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Jeux textuels</span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Si ces motifs g&eacute;n&eacute;rationnels ont &eacute;t&eacute; r&eacute;sum&eacute;s de mani&egrave;re sch&eacute;matique, ils n&rsquo;&eacute;mergent de fait que progressivement pour le lecteur fascin&eacute; et captiv&eacute; par un r&eacute;seau complexe d&rsquo;&eacute;chos intra-textuels, un ordre flou per&ccedil;u par fragments &agrave; travers l&rsquo;esprit n&eacute;buleux et tourbillonnant d&rsquo;Artemio Cruz agonisant. La dislocation temporelle et les trois voix du dialogue r&eacute;v&egrave;lent des &eacute;l&eacute;ments textuels &agrave; combiner pour reconstruire diff&eacute;rents fils et causalit&eacute;s rivales. Par ailleurs, les motifs qui se font jour poss&egrave;dent une force arch&eacute;typale et d&eacute;terministe effrayante. L&rsquo;impression de m&eacute;tempsychose et de proc&eacute;d&eacute;s magiques rapproche le roman d&rsquo;&oelig;uvres ouvertement fantastique comme le bref roman <i>Aura</i> publi&eacute; la m&ecirc;me ann&eacute;e. La sorci&egrave;re Consuelo y r&eacute;incarne son mari, un g&eacute;n&eacute;ral mexicain de l&rsquo;Empereur Maximilien, d&eacute;c&eacute;d&eacute; depuis longtemps, en la personne d&rsquo;un jeune historien, tout comme Ludivinia, telle une magicienne, voit en le jeune Artemio la survivance de son fils disparu, Atanasio. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Fuentes utilise toute un ensemble de techniques pour sugg&eacute;rer les identifications et parall&egrave;les entre les personnages et les situations. Ces techniques ne seront &eacute;gal&eacute;es que dans les ann&eacute;es soixante dans les romans de Mario Vargas Llosa, comme <i>La Ville et les chiens</i>. Parmi elles, on trouve des parall&egrave;les de situations, des r&eacute;p&eacute;titions d&rsquo;expressions, des commentaires de l&rsquo;auteur s&rsquo;insinuant dans les pens&eacute;es d&rsquo;un personnage, des c&eacute;r&eacute;monies magiques, des mythes. Un proc&eacute;d&eacute; efficace s&rsquo;il en est se trouve dans la r&eacute;f&eacute;rence r&eacute;currente &agrave; l&rsquo;arme &agrave; feu &agrave; deux balles, qui apparait dans cinq sc&egrave;nes impliquant quatre personnages diff&eacute;rents. Pedrito n&rsquo;utilise pas l&rsquo;arme qu&rsquo;il porte sur son cheval pour d&eacute;fendre son fr&egrave;re Anastasio, mais il la garde pr&ecirc;te et bien huil&eacute;e&nbsp;; &agrave; l&rsquo;&acirc;ge de treize ans, quatorze ans plus tard, Artemio l&rsquo;utilise pour tuer l&rsquo;<i>enganchador</i> de l&rsquo;<i>hacendado</i> local et permettre &agrave; Lunero, le fr&egrave;re mul&acirc;tre de sa m&egrave;re, de s&rsquo;enfuir, mais en tirant en l&rsquo;air depuis le sous-bois il tue Pedrito, le fr&egrave;re cr&eacute;ole de son p&egrave;re Anastasio&nbsp;; dans les Pyr&eacute;n&eacute;es espagnoles enneig&eacute;es, Lorenzo utilise le m&ecirc;me type d&rsquo;arme, &agrave; pr&eacute;sent rouill&eacute;e et inutile, pour tirer, &agrave; nouveau vers le haut, sur les avion nazis, afin de couvrir la retraite des r&eacute;fugi&eacute;s en fuite. L&rsquo;arme &agrave; feu apparait aussi dans le duel entre Cruz et l&rsquo;officier <i>villista</i> Zagal au cours de la R&eacute;volution mexicaine et dans le duel parall&egrave;le de roulette russe avec le gros <i>comandante de polic&iacute;a</i> au moment des &eacute;v&eacute;nements de la guerre des Cristeros, les rivaux d&rsquo;Artemio lui laissant la vie sauve dans les deux cas. L&rsquo;indice contient en lui-m&ecirc;me une signification symbolique&nbsp;: il s&rsquo;agit &agrave; l&rsquo;&eacute;vidence d&rsquo;un symbole phallique, et les deux balles &eacute;voque la dualit&eacute;. Cette signification souligne et amplifie celle de la situation dans laquelle elle se d&eacute;veloppe, sugg&eacute;rant par exemple qu&rsquo;un homme sur deux meurt d&rsquo;ordinaire au cours d&rsquo;un duel et qu&rsquo;un autre homme meurt en &eacute;change, de mani&egrave;re sacrificielle, avant ou apr&egrave;s le duel&nbsp;: le P&egrave;re P&aacute;ez est remis aux autorit&eacute;s apr&egrave;s l&rsquo;exp&eacute;rience v&eacute;cue avec le <i>gordo</i> et Gonzalo est ex&eacute;cut&eacute; avant le duel avec Zagal. On souligne l&agrave; la tension entre choix et hasard&nbsp;: le hasard inh&eacute;rent &agrave; la roulette russe et au duel par opposition au choix de Cruz dans les deux sc&egrave;nes entre les groupes politiques (Carranza-Villa, Obreg&oacute;n-Calles)&nbsp;; le hasard qui am&egrave;ne Artemio &agrave; tuer Pedro involontairement par opposition &agrave; son choix de d&eacute;fendre Lunero. D&rsquo;abord pr&eacute;sent&eacute; comme un attribut, et m&eacute;tonymiquement comme le tout d&rsquo;un personnage, il prend avec lui, lorsqu&rsquo;il est attribu&eacute; &agrave; un autre personnage, la signification de la premi&egrave;re situation. L&rsquo;identit&eacute; du premier d&eacute;tenteur de l&rsquo;attribut se superpose &agrave; celle du second, ce qui contribue de mani&egrave;re efficace &agrave; cr&eacute;er la notion d&rsquo;une m&eacute;moire collective transmise de g&eacute;n&eacute;ration en g&eacute;n&eacute;ration. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les patriarches Ireneo, Gamaliel et Artemio sont li&eacute;s par des images de mort et de chiens. Ireneo meurt &laquo;&nbsp;en el verano sin letrinas, hinchado de agua putrefacta&nbsp;&raquo; (293) tout comme son petit-fils Artemio, dont l&rsquo;abdomen enfl&eacute; n&rsquo;est soulag&eacute; que lorsqu&rsquo;il vomit ses propres excr&eacute;ments. Don Gamaliel lorsqu&rsquo;il rencontre Cruz pour la premi&egrave;re fois est accompagn&eacute; d&rsquo;un molosse&nbsp;: &laquo;&nbsp;El mast&iacute;n salt&oacute; con la alegr&iacute;a y lami&oacute; la mano del amo&nbsp;&raquo; (39). A la fin de la vie d&rsquo;Artemio, lors de l&rsquo;interview parall&egrave;le avec Jaime Ceballos, il est accompagn&eacute; de deux molosses, qui le tirent presque hors de son si&egrave;ge devant le photographe. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La grand-m&egrave;re de Cruz, Ludivinia, pr&eacute;voit et contr&ocirc;le presque par magie tout le m&eacute;canisme de l&rsquo;h&eacute;ritage. N&eacute;e en 1810, l&rsquo;ann&eacute;e du &laquo;&nbsp;grito de Dolores&nbsp;&raquo;, elle est contemporaine de la naissance de l&rsquo;Ind&eacute;pendance mexicaine. Le premier &laquo;&nbsp;grito&nbsp;&raquo; a lieu cent-vingt-neuf ann&eacute;es avant le second cri de Dolores, la Lola dont le hurlement, au moment de la mort de Lorenzo en Espagne, cl&ocirc;t tout le cycle des espoirs de Cruz. Ludivinia vit une trentaine d&rsquo;ann&eacute;es dans la <i>zona sagrada </i>de sa chambre de Cocuya, o&ugrave; m&ecirc;me le feu des<i> juaristas </i>et de l&rsquo;histoire n&rsquo;osent p&eacute;n&eacute;trer. Comme Consuelo dans <i>Aura</i>, dans la d&eacute;cr&eacute;pitude du grand &acirc;ge, elle fait des efforts grotesques pour retrouver sa jeunesse&nbsp;: &laquo;&nbsp;Segu&iacute;a aqu&iacute;, tratando de cumplir desde el lecho revuelto los ademanes de la joven hermosa y blanca que abri&oacute; las puertas de Cocuya al largo desfile de prelados espa&ntilde;oles, comerciantes franceses, ingenieros escoceses [&hellip;]&nbsp;&raquo; 5291). Ludivinia est la m&eacute;moire de l&rsquo;incarnation du Mexique&nbsp;: &laquo;&nbsp;tra&iacute;a emplastada en el cerebro la memoria de un siglo y en los surcos del rostro capas de aire y tierra y sol desaparecidos&nbsp;&raquo; (291)&nbsp;; &laquo;&nbsp;cre&iacute;a ser el centro que anudaba la memoria y las presencias circundantes&nbsp;&raquo; (298). De par cette m&eacute;moire de sa race et le long enfermement dans sa pi&egrave;ce sacr&eacute;e, elle est capable de dicter l&rsquo;avenir, de r&eacute;incarner les morts.&nbsp;Elle se tourne finalement vers le jeune mul&acirc;tre qu&rsquo;elle a surveill&eacute; pendant tant d&rsquo;ann&eacute;es, et qu&rsquo;elle a &laquo;&nbsp;&eacute;lev&eacute; en accord avec son pressentiment&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;une forma humana [&hellip;] que s&oacute;lo ahorra deseaba tocar y llamar por su nombre, en vez de criarla en el presentimiento&nbsp;&raquo; (306). Elle vivra et survivra &agrave; travers lui par le souvenir&nbsp;: &laquo;&nbsp;a&uacute;n existir&iacute;a un margen de vida fuera de su siglo de recuerdos: una oportunidad de vivir y querer a otro ser de su sangre&nbsp;&raquo; (298). C&rsquo;est Ludivinia qui prononce la mal&eacute;diction, la &laquo;&nbsp;maldici&oacute;n natural&nbsp;&raquo; qui deviendra le destin dans le roman, lorsqu&rsquo;elle hurle pour son fils Pedro et l&rsquo;<i>enganchador</i>&nbsp;: &laquo;&nbsp;Chingao&nbsp;!&nbsp;&raquo; (297, 306). De Ludivinia, Artemio h&eacute;rite donc la m&eacute;moire, &agrave; laquelle s&rsquo;ajoute la m&eacute;moire accumul&eacute;e de tous ceux qui meurent pour lui&nbsp;: l&rsquo;enfer de la m&eacute;moire qui constitue le texte du roman.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:14.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cruz &agrave; la crois&eacute;e des chemins</span></span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Deux relations centrales dans le roman sont celles d&rsquo;Artemio et son double/jumeau Gonzalo Bernal, et d&rsquo;Artemio et ses h&eacute;ritiers alternatifs, Lorenzo et Jaime Ceballos. Cruz et Gonzalo Bernal se rencontrent dan une prison <i>villista</i>, comme, en fait, Gervasio Pola et ses compagnons avant eux, alors qu&rsquo;ils attendent ensemble leur ex&eacute;cution. Alors que Cruz ferait tout ce qui est possible pour survivre, Gonzalo prend consciemment le r&ocirc;le du martyr d&rsquo;une cause perdue, et en v&eacute;ritable puriste et id&eacute;aliste il croit que &laquo;&nbsp;hay deberes que es necesario cumplir aunque se sepa de antemano que se va al fracaso&nbsp;&raquo; (196). Ils repr&eacute;sentent l&rsquo;opposition claire de la pens&eacute;e et de l&rsquo;action, de l&rsquo;id&eacute;alisme et l&rsquo;opportunisme. Mais Artemio est affect&eacute; par la pr&eacute;sence de Gonzalo, qui exprime des pens&eacute;es analogues, des souvenirs qu&rsquo;Artemio essaie d&eacute;sesp&eacute;r&eacute;ment d&rsquo;&eacute;carter, et devient du coup un ennemi formidable&nbsp;: &laquo;&nbsp;ese nuevo enemigo armado de ideas y ternuras que s&oacute;lo estaba repitiendo el mismo pensamiento oculto del capit&aacute;n, del prisionero, de &eacute;l&nbsp;&raquo; (197). L&rsquo;opposition entre l&rsquo;ouverture et la fermeture est momentan&eacute;ment r&eacute;solue dans l&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;abrazo violento&nbsp;&raquo; entre les deux hommes, alors qu&rsquo;Artemio s&rsquo;efforce de r&eacute;duire Gonzalo au silence, pour faire taire sa propre m&eacute;moire. Cette embrassade agressive est &eacute;galement caract&eacute;ristique d&rsquo;autres doubles chez Fuentes, comme dans le combat final entre Frantz et Javier dans la pyramide de Cholula dans <i>Peau neuve</i>.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce moment repr&eacute;sente la fin d&rsquo;un cycle&nbsp;: &laquo;&nbsp;&iquest;Para qu&eacute; ilusionar a esos pobrecitos con un nuevo sol&nbsp;?&nbsp;&raquo; (198), commente Zagal, leur ravisseur. S&rsquo;il y a une renaissance, et le soleil se l&egrave;ve bien juste apr&egrave;s la mort de Gonzalo, il y a alors une tension entre les conceptions nahua et chr&eacute;tienne&nbsp;: Gonzalo meurt solidaire des Indiens Tob&iacute;as pour recr&eacute;er les conditions d&rsquo;un nouveau cycle&nbsp;: Artemio survit mais, comme le Christ, doit porter la croix de la vie et des p&eacute;ch&eacute;s des Mexicains. La m&eacute;moire est centrale au processus d&rsquo;h&eacute;ritage, Gonzalo nous invite &agrave; nous souvenir&nbsp;: &laquo;&nbsp;Dicen que es bueno recordar&nbsp;&raquo; (191), tandis qu&rsquo;Artemio s&rsquo;y refuse, essaie de &laquo;&nbsp;disfrazar esa ansia de recuerdo&nbsp;&raquo; (189). &laquo;&nbsp;No hay mucha vida por detr&aacute;s&nbsp;&raquo; (191), ment-il. Mais apr&egrave;s le &laquo;&nbsp;violento abrazo&nbsp;&raquo; avec son &laquo;&nbsp;nouvel ennemi&nbsp;&raquo;, Artemio prend soudain conscience de son r&ocirc;le de m&eacute;moire vivante et d&eacute;cide de vivre et survivre, de mani&egrave;re &agrave; ce que son amante morte Regina continue de vivre en lui&nbsp;:</span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 11px; text-align: left; margin-left: 40px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ėl solo sent&iacute;a ese dolor perdido de Regina, esa memoria dulce y amargua que tanto hab&iacute;a escondido y qua ahora brotaba, a flote, pidi&eacute;ndole que siguiera viviendo, como si una mujer muerta necesitara del recuerdo de un hombre vivo para seguir siendo algo m&aacute;s que un cuerpo devorado por los gusanos en un hoy sin nombre, en un pueblo sin nombre. (198)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Artemio prend en lui non seulement la vie et la mort de Regina mais aussi les possibilit&eacute;s inaccomplies de la vie de Gonzalo en m&ecirc;me temps que son h&eacute;ritage mat&eacute;riel. Le fait qu&rsquo;Artemio ne fasse plus qu&rsquo;un avec son double et son oppos&eacute; lui permet &agrave; son tour de se scinder en deux lorsqu&rsquo;il arrive au terme de sa propre destin&eacute;e. Et de d&eacute;l&eacute;guer les promesses non tenues de Gonzalo &agrave; un autre, son fils Lorenzo. Dans un moment de lucidit&eacute;, Artemio est parfaitement conscient de la logique de cet h&eacute;ritage&nbsp;: </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La iron&iacute;a de ser &eacute;l quien regresaba a Puebla, y no el fusilado Bernal, le divert&iacute;a. Era, en cierto modo, una mascarada, una sustituci&oacute;n, una broma que pod&iacute;a jugarse con la mayor seriedad; pero tambi&eacute;n era un certificado de la vida, de la capacidad para sobrevivir y fortalecer el propio destino con los ajenos [&hellip;] sinti&oacute; que entraba duplicado, con la vida de Gonzalo Bernal a&ntilde;adida a la suya, con el destino del muerto sumado al suyo: come si Bernal, al morir, hubiese delegado las posibilidades de su vida incumplida en la de &eacute;l. Quiz&aacute;s las muertes ajenas son las que alargan nuestra vida, pens&oacute;. (43)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Gamaliel Bernal accepte Artemio comme son h&eacute;ritier, et s&rsquo;incline devant la n&eacute;cessit&eacute; historique et la fatalit&eacute;, comme Moctezuma peut-&ecirc;tre face &agrave; Cort&eacute;s, mais aussi parce qu&rsquo;il reconna&icirc;t en sa personne un survivant comme lui-m&ecirc;me.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le dernier couple de jumeaux est constitu&eacute; par Lorenzo et Jaime Ceballos, Quetzalcoatl et Cort&eacute;s. L&rsquo;identification de Lorenzo au premier semble &ecirc;tre sugg&eacute;r&eacute;e lorsque &laquo;&nbsp;el brazo levantado del muchacho indicar&aacute; hacia el horizonte, por donde sali&oacute; el sol&nbsp;&raquo; (225). Les deux ne se rencontrent jamais et ne sont contrast&eacute;s que dans leur relation avec la figure du p&egrave;re. Cruz force Lorenzo &agrave; faire ce qu&rsquo;il n&rsquo;a pas fait, racheter sa vie&nbsp;: &laquo;&nbsp;lo obligar&aacute;s a hacer lo que t&uacute; ni hicicte, a rescatar tu vida perdida&nbsp;&raquo; (246). Au cours de la guerre civile espagnole, Lorenzo vit les id&eacute;aux trahis par son p&egrave;re pendant la R&eacute;volution mexicaine. L&rsquo;&eacute;pisode est relat&eacute; dans un passage &agrave; la troisi&egrave;me personne et le lecteur lit d&rsquo;abord le <i>Ėl</i> qui renvoie &agrave; Lorenzo comme faisant r&eacute;f&eacute;rence &agrave; Cruz, les identit&eacute;s se trouvant ainsi brouill&eacute;es. De fait, Cruz reconnait avoir invent&eacute; les d&eacute;tails de l&rsquo;&eacute;pisode&nbsp;: &laquo;&nbsp;ah, so&ntilde;&eacute;, imagin&eacute;, supe esos nombres, record&eacute; esas canciones, ay gracias, pero saber, &iquest;c&oacute;mo puedo saber&nbsp;? [&hellip;] invento paisajes, invent&oacute; ciudades [&hellip;] ay, gracias, que me ense&ntilde;aste lo que pudo ser mi vida&nbsp;&raquo; (243-4). Le passage est une reprise, une inversion de nombreux &eacute;l&eacute;ments de la carri&egrave;re de Cruz&nbsp;: c&rsquo;est de la m&ecirc;me <i>azotea</i> qu&rsquo;Artemio regarde l&rsquo;ex&eacute;cution de Gonzalo&nbsp;; tous deux entendent un b&eacute;b&eacute; pleurer&nbsp;; l&rsquo;homme au balcon qui &laquo;&nbsp;esperaba el regreso de alguien o [&hellip;] aguardaba la salida del sol&nbsp;&raquo; (234) rappelle la r&eacute;f&eacute;rence au &laquo;&nbsp;nouveau soleil&nbsp;&raquo; au moment de l&rsquo;ex&eacute;cution de Gonzalo et annonce la position de spectateur de Cruz &agrave; la f&ecirc;te du Nouvel An, semblant attendre le retour de son propre fils. L&rsquo;arme et les deux balles sont l&agrave;, et la relation entre Lorenzo et Dolores est manifestement le reflet invers&eacute; de l&rsquo;amour de Cruz pour Regina, jusque dans les retrouvailles projet&eacute;es &agrave; la mer. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bien s&ucirc;r, Lorenzo meurt et c&rsquo;est Jaime qui prend sa place &agrave; la r&eacute;ception. Dans une s&eacute;quence complexe de trois pages (266-69), les souvenirs d&rsquo;Artemio de ses derniers jours au bord de la mer &agrave; Veracruz avec Lorenzo sont brillamment superpos&eacute;s ou associ&eacute;s en alternance &agrave; un dialogue entre Artemio et Jaime. Les expressions disjointes des deux discours semblent se r&eacute;pondre, Jaime se jetant de mani&egrave;re ambig&uuml;e et ironique dans les questions et interpellations mentalement adress&eacute;es par Artemio &agrave; son fils d&eacute;funt. Les id&eacute;aux de Jaime, par exemple, deviennent une part de l&rsquo;empire &eacute;conomique de Cruz (&laquo;&nbsp;Pero y ave, yo tengo otros ideales&hellip;&nbsp;&raquo;) et sont confront&eacute;s &agrave; l&rsquo;universalit&eacute; des id&eacute;aux de Lorenzo, symbolis&eacute;s par l&rsquo;oc&eacute;an&nbsp;: &laquo;&nbsp;al mar libre, al mar abierto, hacia donde corri&oacute; Lorenzo&nbsp;&raquo;. La vision d&rsquo;une terre promise pressentie par Cruz et son fils (&laquo;&nbsp;distinguir&aacute;n en la otra ribera un espectro de tierra, un espectro, s&iacute; &hellip;&nbsp;&raquo;) est douloureusement contrast&eacute;e par la superficialit&eacute; de la c&eacute;r&eacute;monie des pr&eacute;sents pour Ceballos&nbsp;: &laquo;&nbsp;&iquest; Qu&eacute; le parece esta fiesta&nbsp;?... vacil&oacute;n, qu&eacute; rico vacil&oacute;n, cha cha cha&nbsp;&raquo;. La juxtaposition la plus parlante est peut-&ecirc;tre celle qui a lieu entre le leitmotif qu&rsquo;emploie Artemio pour d&eacute;crire ses espoirs &agrave; son fils (&laquo;&nbsp;lo esperaba con alegr&iacute;a esa ma&ntilde;ana&nbsp;&raquo;) et la r&eacute;alit&eacute; du retour d&rsquo;une figure bien diff&eacute;rente &laquo;&nbsp;Bah&nbsp;! lleg&oacute; usted tarde&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;ultime identification entre p&egrave;re et h&eacute;ritier, Cruz et Ceballos, a lieu &agrave; la f&ecirc;te du Nouvel An dans le manoir de Coyoac&aacute;n qui est une reproduction de la chambre de Ludivina, la <i>zona sagrada</i> originelle du roman. Cela est indiqu&eacute; par la r&eacute;p&eacute;tition d&rsquo;une expression cruciale d&eacute;notant le caract&egrave;re rebelle de la vie de Cruz. Jaime a rompu la r&egrave;gle sacr&eacute;e selon laquelle personne ne doit parler &agrave; Cruz pendant les r&eacute;ceptions, et lorsqu&rsquo;il est apostroph&eacute; &agrave; ce sujet, il r&eacute;pond avec d&eacute;fiance, &laquo;&nbsp;Esas reglas fueron hechas sin consultarme, don Artemio&nbsp;&raquo;. Cette r&eacute;bellion rappelle la premi&egrave;re le&ccedil;on de vie d&rsquo;Artemio, ne pas &ecirc;tre &laquo;&nbsp;esclavo de los mandamientos escritos sin consultarte&nbsp;&raquo; (125) et &agrave; sa remarque &agrave; son rival pendant la r&eacute;ception&nbsp;: &laquo;&nbsp;el verdadero poder nace siempre de la rebeld&iacute;a&nbsp;&raquo;. Artemio semble se reconna&icirc;tre dans le jeune intrus&nbsp;: &laquo;&nbsp;dio la cara a Jaime y el joven lo mir&oacute; sin pesta&ntilde;ear &hellip; picard&iacute;a en la mirada&hellip; juego de los labios y las quijadas&hellip; del viejo&hellip; del joven&hellip; se reconoci&oacute;, ah&hellip; se desconcert&oacute;, ah&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;se vieron a los ojos, se sonrieron&nbsp;&raquo;. Le motif se poursuit, l&rsquo;opportuniste est pr&ecirc;t &agrave; prendre le pouvoir tandis que Lorenzo pourrit au flan d&rsquo;une montagne. La mal&eacute;diction de <i>la chingada</i> n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; rompue.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:14.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La Divine Com&eacute;die mexicaine</span></span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">En &eacute;tudiant <i>La mort d&rsquo;Artemio Cruz</i> par le prisme de <i>La Divine com&eacute;die</i> de Dante, il est possible de mettre en &eacute;vidence une structure de la r&eacute;demption et la notion h&eacute;rit&eacute;e pour l&rsquo;essentiel de la religion catholique du bien et du mal qui remet en question et renverse symboliquement le d&eacute;terminisme de la mal&eacute;diction, que nous avons d&eacute;crit. Fuentes a cit&eacute; Dante comme l&rsquo;influence la plus importante dans son travail, apr&egrave;s Cervant&egrave;s<sup><span calibri="" style="font-family:">12</span></sup>, et d&eacute;crit la voix du T&Uacute; &agrave; Emmanuel Carballo comme une &laquo;&nbsp;especie de Virgilio que lo gu&iacute;a [a Artemio] por los doces c&iacute;rculos de su infierno<sup><span calibri="" style="font-family:">13</span></sup>&nbsp;&raquo;. Mon postulat est que les trois voix alternatives dans le roman YO, T&Uacute;, &Eacute;l, correspondent aux trois <i>cantiche</i> de la <i>Commedia</i>, et que la redemption de Dante par B&eacute;atrice et le Christ correspond &agrave; la r&eacute;demption d&rsquo;Artemio par Regina et Lorenzo<sup><span calibri="" style="font-family:">14</span></sup>. Beaucoup d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments du roman que je mets en avant peuvent, bien s&ucirc;r, simplement faire r&eacute;f&eacute;rence plus largement au Catholicisme. Notre point de d&eacute;part sera donc une correspondance sch&eacute;matique&nbsp;: &Eacute;l, narration au pass&eacute;, comme <i>Inferno&nbsp;; </i>YO, narration au pr&eacute;sent,<i> </i>comme<i> Purgatorio&nbsp;</i>; T&Uacute;, narration au futur comme <i>Paradiso.</i> Publi&eacute; apr&egrave;s le roman de Fuentes, mais offrant un contenu fascinant, <i>L&rsquo;Art de la m&eacute;moire</i> de Frances Yates sugg&egrave;re que la <i>Commedia</i> est un proc&eacute;d&eacute; mn&eacute;motechnique pour se souvenir des p&eacute;ch&eacute;s et de leur punition, et que ses<i> cantiche</i> correspondent aux trois parties de la prudence d&eacute;finis par Cic&eacute;ron&nbsp;: <i>memoria</i>, qui est le fait de se souvenir des vices et de leur punition en Enfer, <i>intelligentia</i>, l&rsquo;utilisation du pr&eacute;sent pour la p&eacute;nitence et l&rsquo;acquisition de la vertu, et <i>providentia</i>, l&rsquo;attente joyeuse de Paradis<sup><span calibri="" style="font-family:">15</span></sup>. Les formes m&eacute;di&eacute;vales de la <i>prudentia</i> &eacute;taient les trois pouvoirs de l&rsquo;&acirc;me d&eacute;finis par Saint Augustin comme la m&eacute;moire, la compr&eacute;hension et la volont&eacute;, l&rsquo;image de la Trinit&eacute; dans l&rsquo;homme<sup><span calibri="" style="font-family:">16</span></sup>. Selon ce sch&eacute;ma, &Eacute;l devient m&eacute;moire, YO intelligence, T&Uacute; providence ou volont&eacute;<span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En &eacute;tudiant <i>La mort d&rsquo;Artemio Cruz</i> par le prisme de <i>La Divine com&eacute;die</i> de Dante, il est possible de mettre en &eacute;vidence une structure de la r&eacute;demption et la notion h&eacute;rit&eacute;e pour l&rsquo;essentiel de la religion catholique du bien et du mal qui remet en question et renverse symboliquement le d&eacute;terminisme de la mal&eacute;diction, que nous avons d&eacute;crit. Fuentes a cit&eacute; Dante comme l&rsquo;influence la plus importante dans son travail, apr&egrave;s Cervant&egrave;s<sup>12</sup>, et d&eacute;crit la voix du T&Uacute; &agrave; Emmanuel Carballo comme une &laquo;&nbsp;especie de Virgilio que lo gu&iacute;a [a Artemio] por los doces c&iacute;rculos de su infierno<sup>13</sup>&nbsp;&raquo;. Mon postulat est que les trois voix alternatives dans le roman YO, T&Uacute;, &Eacute;l, correspondent aux trois <i>cantiche</i> de la <i>Commedia</i>, et que la redemption de Dante par B&eacute;atrice et le Christ correspond &agrave; la r&eacute;demption d&rsquo;Artemio par Regina et Lorenzo<sup>14</sup>. Beaucoup d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments du roman que je mets en avant peuvent, bien s&ucirc;r, simplement faire r&eacute;f&eacute;rence plus largement au Catholicisme. Notre point de d&eacute;part sera donc une correspondance sch&eacute;matique&nbsp;: &Eacute;l, narration au pass&eacute;, comme <i>Inferno&nbsp;; </i>YO, narration au pr&eacute;sent,<i> </i>comme<i> Purgatorio&nbsp;</i>; T&Uacute;, narration au futur comme <i>Paradiso.</i> Publi&eacute; apr&egrave;s le roman de Fuentes, mais offrant un contenu fascinant, <i>L&rsquo;Art de la m&eacute;moire</i> de Frances Yates sugg&egrave;re que la <i>Commedia</i> est un proc&eacute;d&eacute; mn&eacute;motechnique pour se souvenir des p&eacute;ch&eacute;s et de leur punition, et que ses<i> cantiche</i> correspondent aux trois parties de la prudence d&eacute;finis par Cic&eacute;ron&nbsp;: <i>memoria</i>, qui est le fait de se souvenir des vices et de leur punition en Enfer, <i>intelligentia</i>, l&rsquo;utilisation du pr&eacute;sent pour la p&eacute;nitence et l&rsquo;acquisition de la vertu, et <i>providentia</i>, l&rsquo;attente joyeuse de Paradis<sup>15</sup>. Les formes m&eacute;di&eacute;vales de la <i>prudentia</i> &eacute;taient les trois pouvoirs de l&rsquo;&acirc;me d&eacute;finis par Saint Augustin comme la m&eacute;moire, la compr&eacute;hension et la volont&eacute;, l&rsquo;image de la Trinit&eacute; dans l&rsquo;homme<sup>16</sup>. Selon ce sch&eacute;ma, &Eacute;l devient m&eacute;moire, YO intelligence, T&Uacute; providence ou volont&eacute;.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans de nombreux ouvrages de Fuentes, le d&eacute;sir de nier l&rsquo;immuabilit&eacute; du pass&eacute;, pour en d&eacute;faire le d&eacute;terminisme et l&rsquo;in&eacute;vitabilit&eacute; de ses structures ali&eacute;nantes, est un agent puissant. L&rsquo;id&eacute;e est d&eacute;j&agrave; formul&eacute;e dans le premier roman&nbsp;: &laquo;&nbsp;noches rezando para que no suceda lo que ya sucedi&oacute;&nbsp;&raquo; (<i>La r&eacute;gion</i>, 378). Dans <i>La muerte de Artemio Cruz</i>, la voix du T&Uacute; est per&ccedil;ue comme l&rsquo;inverse de ce qui a &eacute;t&eacute; relat&eacute; dans les sections du</span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> &Eacute;l, par exemple&nbsp;: &laquo;&nbsp;t&uacute; escoger&aacute;s abrazar ese soldado herido que entra en el bosquecillo providencial&nbsp;&raquo; (246). Les cas les plus flagrants concernent la version de la rencontre entre Artemio et Regina, relat&eacute;e comme idyllique alors qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;abord d&rsquo;enl&egrave;vement et de viol, et la pr&eacute;sentation de la mort h&eacute;ro&iuml;que de Lorenzo comme une correction et un renversement de la l&acirc;chet&eacute; de son p&egrave;re dans le temps historique. Dans <i>Terra Nostra</i>, la modification du pass&eacute; &agrave; travers le Th&eacute;&acirc;tre de la M&eacute;moire se produit &agrave; une &eacute;chelle plus large et combinatoire, par exemple dans le passage o&ugrave; les <i>communeros </i>sont pr&eacute;sent&eacute;s comme victorieux &agrave; Villalar.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L</span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">es difficult&eacute;s et le myst&egrave;re de la voix du T&Uacute; vont bien au-del&agrave; des techniques de <i>La Modification</i> de Butor ou les dilemmes de la destin&eacute;e et de la libert&eacute; dans <i>L&rsquo;&Ecirc;tre et le n&eacute;ant</i>, qui ont avec raison &eacute;t&eacute; convoqu&eacute;s dans ce contexte<sup>17</sup>. Raconter le pass&eacute; dans le futur (&laquo;&nbsp;Ayer volar&aacute;s&nbsp;&raquo; (13)) revient &agrave; parler en m&ecirc;me temps de libert&eacute; et de pr&eacute;destination. La stridence syntaxique et s&eacute;mantique du texte de Fuentes mise &agrave; part, beaucoup d&rsquo;interlocuteurs de Dante se situent dans une position similaire, car ils savent autant du pass&eacute; que du futur. C&rsquo;est par exemple le cas de Cacciaguida&nbsp;:</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cos&iacute; vedi le cosa contingenti</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">anzi che sieno in s&egrave;, mirando il punto</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">a cui tutti i tempi son presenti. (<i>Para.</i>, xvii. 16-18)<span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">18</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Et dans la fameuse pr&eacute;diction de son exil, il raconte en 1300, l&rsquo;ann&eacute;e au cours de laquelle se d&eacute;roule selon le texte l&rsquo;action de la <i>Commedia</i>, des choses qui arriveront &agrave; Dante dans le futur, alors que ces derni&egrave;res avaient en fait d&eacute;j&agrave; eu lieu avant l&rsquo;&eacute;criture du po&egrave;me&nbsp;: &laquo;&nbsp;Tu proverai s&iacute; come sa di sale / lo pane altrui&nbsp;&raquo; (<i>Para</i>., xvii. 58-9). Pour Dante, cette pr&eacute;destination n&rsquo;affecte pas la libert&eacute;, ce n&rsquo;est pas une destin&eacute;e fix&eacute;e &agrave; l&rsquo;avance, de m&ecirc;me que le mouvement d&rsquo;un bateau n&rsquo;est pas d&eacute;termin&eacute; par son reflet dans les yeux qui l&rsquo;observent<sup>19</sup>. De telles contradictions rationnelles ne peuvent &ecirc;tre r&eacute;solues que dans une vision qui est, d&rsquo;une mani&egrave;re ou d&rsquo;une autre, divine, ou dans l&rsquo;esprit divin lui-m&ecirc;me., o&ugrave; la temporalit&eacute; n&rsquo;existe pas. Dans la voix du &Eacute;l, le d&eacute;terminisme, forme moderne de la pr&eacute;destination, est in&eacute;branlable, mais on peut percevoir une vision divine dans le T&Uacute;. Seule cette perspective fournit un point d&rsquo;entr&eacute;e pour certaines expressions rationnellement incompr&eacute;hensibles. Par exemple dans &laquo;&nbsp;la memoria es el desoe satisfecho / hoy que tu vida y tu destino son la misma cosa&nbsp;&raquo; (209), les trois dimensions du temps sont presque mystiquement r&eacute;concili&eacute;es&nbsp;: m&eacute;moire ou pass&eacute;, d&eacute;sir ou futur, satisfaction ou pr&eacute;sent. De telles contradictions sugg&egrave;rent un r&ocirc;le r&eacute;dempteur de la m&eacute;moire. La voix du T&Uacute; que Fuentes associe au premier guide de Dante, Virgile, est l&rsquo;&eacute;quivalent dans ce contexte des interlocuteurs de Dante qui reconnaissent le futur dans le pass&eacute;, lui indiquent la &laquo;&nbsp;diritta v&iacute;a&nbsp;&raquo; et lui offrent une seconde chance&nbsp;: ils lui racontent ses tribulations futures (qui sont en fait pass&eacute;es) non plus comme une pr&eacute;destination mais comme une possibilit&eacute; de salut. </span></span></p> <p style="margin-bottom:11px; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Un autre aspect essentiel de la <i>Commedia </i>pour le roman est le concept catholique du bien et du mal. Le concept anti-manich&eacute;en d&eacute;velopp&eacute; dans le &laquo;&nbsp;discours sur l&rsquo;amour&nbsp;&raquo; de Virgile est inspir&eacute; de Saint Augustin, mais trouve chez Dante sa formulation classique. Le mal n&rsquo;existe pas en tant que tel, et tous les p&eacute;ch&eacute;s mortels trouvent leur origine dans l&rsquo;amour pour un bien faussement per&ccedil;u ou poursuivi d&rsquo;une mani&egrave;re insuffisante ou excessive<sup>20</sup>. C&rsquo;est ce que Virgile exprime en ces termes&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Quinci comprender puoi ch&rsquo;esser conviene</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times="">Amor sementa in voi d&rsquo;ogni virtute</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times="">E d&rsquo;ogni operazion che muerta pene. </span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">(<i>Purg</i>., xvii, 10365)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le T&Uacute; d&rsquo;Artemio est de m&ecirc;me incapable de concevoir le mal de mani&egrave;re isol&eacute;e&nbsp;:</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">El mal. T&uacute; nunca podr&aacute;s designarlo. Acaso porque, m&aacute;s desmeparados [que los protestantes norteamaricanos], no queroemos que se pierda esa zona intermedia, ambigua, entre la luz y la sombra: esa zona donde podemos encontrar el perd&oacute;n. Donde t&uacute; le podr&aacute;s encontrar. &iquest;Qui&eacute;n no ser&aacute; capaz, en un solo momento de su vida &ndash; como t&uacute;, de encarnar al mismo tiempo el bien y el mal, de dejarse conducir al mismo tiempo por dos hilos misteriosos, de color distinto, que parten del mismo ovillo para que despu&eacute;s el hilo blanco ascienda y el negro descienda y, a pesar de todo, los dos vuelvan a encontrarse entre tus mismos dedos? (33)</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;amour ne m&egrave;ne pas directement au salut, au pardon apparemment promis par la voix du T&Uacute;. En montrant cela, Fuentes fait preuve du m&ecirc;me m&eacute;lange de tendresse et de cruaut&eacute; que Dante dans la rencontre de Paolo et Francesca, le couple du po&egrave;me le plus pitoyable. L&rsquo;amour d&rsquo;Artemio pour Regina, bien que pr&eacute;sent&eacute; comme une union essentielle et une red&eacute;couverte du monde, le m&egrave;ne &agrave; sa premi&egrave;re chute fondamentale&nbsp;: sa l&acirc;chet&eacute; et sa trahison dans la bataille en essayant de sauver sa vie pour son amour. Il abandonne un soldat bless&eacute;, qui est son jumeau et une part essentielle de lui-m&ecirc;me, pour revenir au village et trouver son amante pendue. L&rsquo;union entre les amants est frustr&eacute;e si elle n&rsquo;est pas corr&eacute;l&eacute;e &agrave; une union entre l&rsquo;homme et la soci&eacute;t&eacute;, l&rsquo;individu et une cause politique. Dans la <i>Commedia</i> cependant, c&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment l&rsquo;ambig&uuml;it&eacute; de l&rsquo;amour qui permet le salut, et la fonction du Purgatoire est de purger les fautes de l&rsquo;amour perverti, excessif ou insuffisant jusqu&rsquo;&agrave; ce qu&rsquo;il se renouvelle. <i>Artemio Cruz</i> et La <i>Commedia</i> font tous deux de l&rsquo;amour pour une femme (Regina-B&eacute;atrice) leur point de d&eacute;part, et cet amour nourrit leur symbolisme le plus intime. Le discours de Cruz sur son lit de mort purge les fautes de son amour pour une femme et un pays. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Les correspondances entre les sch&eacute;mas symboliques des deux &oelig;uvres sont &eacute;videntes dans l&rsquo;arche qu&rsquo;elles forment entre deux for&ecirc;ts&nbsp;: dans <i>Artemio Cruz</i>, entre le &laquo;&nbsp;bosque bajo pero tupido&nbsp;&raquo; (74) de la l&acirc;chet&eacute; du protagoniste pendant la R&eacute;volution mexicaine et le &laquo;&nbsp;campo de &aacute;lamos desnudos&nbsp;&raquo; (234) de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;sme de son fils pendant la guerre civile&nbsp;; dans la <i>Commedia</i>, entre &laquo;&nbsp;la selva selvaggia ed aspra e forte&nbsp;&raquo; (<i>Inf.</i>,<i> </i>i. 5) o&ugrave; Dante se perd et la &laquo;&nbsp;divina foresta spessa e viva&nbsp;&raquo; (<i>Purg</i>., Xxviii. 2) du Paradis Terrestre. Dans les deux cas, les deux for&ecirc;ts sont le m&ecirc;me lieu transform&eacute; par le processus de la r&eacute;demption<sup><span calibri="" style="font-family:">21</span></sup>. Cette r&eacute;demption peut &ecirc;tre per&ccedil;ue comme &eacute;tant amen&eacute;e par une femme&nbsp;: par B&eacute;atrice, d&rsquo;abord sur terre, puis dans une forme semi-divine&nbsp;; par Regina d&rsquo;abord, puis par son double Dolores. Elle est aussi amen&eacute;e par un homme&nbsp;: le Christ, fils de Dieu et d&rsquo;Adam, et Lorenzo, fils d&rsquo;Artemio.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;&eacute;pisode de la l&acirc;chet&eacute; d&rsquo;Artemio et de l&rsquo;abandon du soldat fait &eacute;cho dans le d&eacute;tail &agrave; l&rsquo;intrigue du roman de Stephen Crane sur la guerre civile am&eacute;ricaine&nbsp;: <i>L&rsquo;Insigne rouge du courage</i>. Il y a l&agrave; un lien int&eacute;ressant entre inter- et intra-textualit&eacute;&nbsp;: un &eacute;pisode de la guerre civile am&eacute;ricaine est refl&eacute;t&eacute; dans un autre passage par un &eacute;pisode similaire de la guerre civile mexicaine, qui est &agrave; son tour repris, avec un renversement de sens, par une sc&egrave;ne de la Guerre d&rsquo;Espagne, dans laquelle Lorenzo r&eacute;p&egrave;te de nombreuses actions accomplies par son p&egrave;re. Mais Lorenzo meurt en h&eacute;ros pour sauver ses compagnons et Dolores survit, l&agrave; o&ugrave; meurt Regina.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Au d&eacute;but de son po&egrave;me, Dante est perdu dans une for&ecirc;t&nbsp;: &laquo;&nbsp;mi retrovai per una selva oscure / che la diritta v&iacute;a era smarrita&nbsp;&raquo;. Il est moralement &eacute;gar&eacute; dans sa vie publique apr&egrave;s avoir perdu de vue l&rsquo;exemple de B&eacute;atrice. B&eacute;atrice est porteuse de plusieurs significations&nbsp;: elle est la femme r&eacute;elle et id&eacute;ale de la po&eacute;sie des d&eacute;buts de Dante, elle est Florence, l&rsquo;Empire et l&rsquo;Eglise<sup>22</sup>. Voyant depuis le Paradis que Dante va droit vers la damnation en d&eacute;pit de ses vertus, elle d&eacute;cide de lui montrer le sort funeste des &laquo;&nbsp;perduta gente&nbsp;&raquo; et descend aux Enfers pour demander &agrave; Virgile de montrer l&rsquo;<i>Inferno</i> &agrave; Dante. Lorsque ce dernier quitte l&rsquo;Enfer, il escalade avec Virgile les degr&eacute;s du Mont Purgatoire jusqu&rsquo;&agrave; la fronti&egrave;re du Paradis Terrestre, o&ugrave; il rejoint B&eacute;atrice qui l&rsquo;am&egrave;ne &agrave; travers les sph&egrave;res c&eacute;lestes jusqu&rsquo;&agrave; ce que lui soit accord&eacute; l&rsquo;ineffable vision de la divinit&eacute;. On peut dire que Regina repr&eacute;sente la R&eacute;volution comme B&eacute;atrice repr&eacute;sente l&rsquo;id&eacute;al de l&rsquo;empire. L&rsquo;amour qu&rsquo;Artemio lui porte t&eacute;moigne du m&ecirc;me m&eacute;lange de tendresse et de violence qui caract&eacute;rise la R&eacute;volution. Pour Octavio Paz, la r&eacute;volution est une tentative de restaurer un &acirc;ge d&rsquo;or mythique<sup>23</sup>, et c&rsquo;est peut-&ecirc;tre pourquoi on trouve en superposition du viol brutal de Regina dans un village pris par les forces r&eacute;volutionnaires, la rencontre idyllique sur les berges du fleuve, qui est clairement le m&ecirc;me que celui au bord duquel Artemio a v&eacute;cu un d&eacute;but de vie paradisiaque avec Lunero &agrave; Cocuya. La mort symbolique de Regina lorsqu&rsquo;Artemio trahit son &laquo;&nbsp;jumeau&nbsp;&raquo; signale la d&eacute;g&eacute;n&eacute;rescence progressive de tout id&eacute;alisme politique chez</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La sc&egrave;ne de la for&ecirc;t marque ainsi la chute d&rsquo;Artemio, qui, comme Dante, r&eacute;alise qu&rsquo;il est perdu&nbsp;: &laquo;&nbsp;El hilo est&agrave; perdido. El hilo que le permiti&oacute; recorrer, sin perderse, el laberinto de la guerra&nbsp;&raquo; (78). De cette for&ecirc;t, guid&eacute; par le T&Uacute;, il descend vers l&rsquo;enfer de sa vie. La for&ecirc;t est en fait suspendue entre paradis &laquo;&nbsp;bosquecillo providencial&nbsp;&raquo; (75) et enfer&nbsp;: &laquo;&nbsp;m&aacute;s arriba no hab&iacute;a luz&nbsp;: el cielo descendi&oacute; un pelda&ntilde;o y era un cielo de p&oacute;lvora&nbsp;&raquo; (74). Regina, pendue &agrave; un arbre par les <i>federales</i>, est elle-m&ecirc;me un arbre, et ses yeux des cerises noires&nbsp;: &laquo;&nbsp;cerezas oscuras del &aacute;rbol de carne y entra&ntilde;as calientes&nbsp;&raquo; (81). Plus tard au cours de sa vie, par exemple &agrave; Coyac&agrave;n, Artemio s&rsquo;efforce de recr&eacute;er son premier jardin, &laquo;&nbsp;el jardin sombreado de cerezos&nbsp;&raquo; (258). Mais dans la r&eacute;alit&eacute;, Catalina insiste sur le fait qu&rsquo;il ne retrouvera jamais son jardin originel&nbsp;: &laquo;&nbsp;Quiz&aacute;s tuviste tu jardin. Yo tambi&eacute;n tuve el m&iacute;o, mi peque&ntilde;o para&iacute;so. Ahora ambos lo hemos perdido&nbsp;&raquo; (113).</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Chez Dante, la deuxi&egrave;me for&ecirc;t importante, avec en particulier un de ses arbres, se trouve &agrave; la fin du <i>Purgatorio</i>. Virgile a conduit Dante jusqu&rsquo;au fleuve qui constitue la fronti&egrave;re du Paradis Terrestre, d&rsquo;o&ugrave; il observe une c&eacute;r&eacute;monie liturgique au cours de laquelle le m&acirc;t du Chariot de l&rsquo;Eglise est d&eacute;tach&eacute; et pos&eacute; contre un arbre dess&eacute;ch&eacute; qui refleurit aussit&ocirc;t. Le m&acirc;t fonctionne comme une all&eacute;gorie de la Croix, fabriqu&eacute;e &agrave; partir du bois de l&rsquo;Arbre de Vie, &agrave; c&ocirc;t&eacute; duquel Adam a p&eacute;ch&eacute;. Le retour de la Croix &agrave; ses origines symbolise la r&eacute;demption d&rsquo;Adam apr&egrave;s sa Chute par la Crucifixion, et, comme en t&eacute;moigne l&rsquo;arbre qui refleurit, de la descendance d&rsquo;Adam<span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">24</span></span></span></span></span>. B&eacute;atrice attend Dante de l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute; du fleuve. Apr&egrave;s sa confession, Dante perd connaissance et une femme pr&eacute;nomm&eacute;e Matilda l&rsquo;aide &agrave; traverser jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;autre rive. En pr&eacute;lude &agrave; son ascension vers le Paradis, Dante doit traverser deux cours d&rsquo;eau, et il traverse le second avec B&eacute;atrice, main dans la main. Les deux fleuves sont le Leth&eacute; et l&rsquo;Eun&ouml;e&nbsp;; le premier lui fait tout oublier, le second, fleuve du &laquo;&nbsp;souvenir b&eacute;ni&nbsp;&raquo;, lui rend la m&eacute;moire de ses p&eacute;ch&eacute;s, mais elle est &agrave; pr&eacute;sent lib&eacute;r&eacute;e de la culpabilit&eacute;, et transform&eacute;e en promesse de Gr&acirc;ce. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Sans insister sur ce point outre mesure, il est significatif qu&rsquo;une des caract&eacute;ristiques principales du roman est l&rsquo;&eacute;vocation du souvenir et de l&rsquo;oubli en contrepoint. Artemio, par exemple, souhaiterait oublier les motivations les moins honorables &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans son mariage, &agrave; savoir l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t financier&nbsp;: &laquo;&nbsp;&Eacute;l deseaba borrar el recuerdo del origen y hacerse querer sin memorias del acto que la oblig&oacute; a tomarlo por esposo&nbsp;&raquo; (101). Mais avant de pouvoir oublier, il doit faire face &agrave; l&rsquo;enfer de sa m&eacute;moire. Regina, pleine de compassion, propose d&rsquo;effacer la brutalit&eacute; de sa rencontre avec Artemio, mais d&rsquo;une certaine mani&egrave;re, cela ne peut se faire que lorsqu&rsquo;il aura, par procuration, travers&eacute; la rivi&egrave;re en Espagne. Le souvenir de la rencontre ne sera purifi&eacute; que lorsque celle-ci aura &eacute;t&eacute; rejou&eacute;e par Lorenzo et Dolores, qui est une deuxi&egrave;me Regina<sup>25</sup>. En d&eacute;crivant le peintre F&eacute;liz Cuevas, Fuentes semble parler de son propre roman&nbsp;: &laquo;&nbsp;El arte de F&eacute;lix Cuevas es, a la vez, una memoria indecible y una promesa que habla con los acentos de la resurrecci&oacute;n. Una resurrecci&oacute;n es una transfiguraci&oacute;n: es la imagen del origen sensiblemente re-aparecida<sup>26</sup>&nbsp;&raquo;.</span></span></p> <p style="margin-bottom:11px; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Face &agrave; la d&eacute;faite de l&rsquo;arm&eacute;e r&eacute;publicaine espagnole en 1939, Lorenzo et son compagnon Miguel d&eacute;cide de passer les Pyr&eacute;n&eacute;es pour rejoindre la France. Ils rencontrent trois femmes qui les accompagnent, Dolores, Nuri et Mar&iacute;a, qui rappellent peut-&ecirc;tre les trois femmes guides chez Dante, Beatrice, Lucia et la Vierge Marie. A l&rsquo;approche du pont par lequel ils doivent traverser une rivi&egrave;re d&eacute;cha&icirc;n&eacute;e, ils passent par un &laquo;&nbsp;campo de &aacute;lamos desnudos&nbsp;&raquo;. La densit&eacute; du langage symbolique associ&eacute; &agrave; la rivi&egrave;re sugg&egrave;re imm&eacute;diatement l&rsquo;importance de cette derni&egrave;re&nbsp;: &laquo;&nbsp;El puente se alargaba, parec&iacute;a atravesar un oc&eacute;ano y no este r&iacute;o encabritado<sup>27</sup>&nbsp;&raquo; (236). De par les images utilis&eacute;es, cette rivi&egrave;re est associ&eacute;e au &laquo;&nbsp;Tajo de Espa&ntilde;a [que] se abre de mar a mar&rsquo; (237). Dans la<i> Commedia</i>, le Leth&eacute; est compar&eacute; &agrave; l&rsquo;Hellespont, qui, de fait, lie deux continents. Le fleuve espagnol relie deux mers, la M&eacute;diterran&eacute;e et le Golfe du Mexique, et les destin&eacute;es de deux hommes, Lorenzo et son p&egrave;re. Lorenzo avait d&eacute;j&agrave; travers&eacute; un cours d&rsquo;eau avec son p&egrave;re &agrave; Cocuya, o&ugrave; &laquo;&nbsp;distinguir&aacute;n en la otra ribera un espectro de tierra&nbsp;&raquo; (167), le m&ecirc;me cours d&rsquo;eau o&ugrave;, dans la version id&eacute;alis&eacute;e, Artemio rencontre Regina.</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cruz.&nbsp;</span></span></span></span></span></span><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lorenzo h&eacute;site avant de traverser car il craint que le pont ne soit pi&eacute;g&eacute;, mais Dolores prend sa main et lui donne du courage&nbsp;: &laquo;&nbsp;&Eacute;l dud&oacute; un momento, Ella no. Los diez dedos unidos les dieron calor&nbsp;&raquo; (235). Au-del&agrave; du pont se dresse la somptueuse et manifestement transcendantale vision d&rsquo;un orme&nbsp;: </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times="">Del otro lado del r&iacute;o, surgi&oacute; lo que no hab&iacute;an visto. </span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Un gran olmo sin hojas, grande, hermoso, blanco. No le cubr&iacute;a la nieve, sino un hielo brillante. Brillaba como una joya, de tan blanco, en la noche [&hellip;] as&iacute; de ligero, luminoso y blanco le parac&iacute;a ese olmo que los esperaba [&hellip;] Corrieron y abrazaron el tronco desnudo, blanco y cubierto de hielo, le mecieron mientras esas perlas de fr&iacute;o ca&iacute;an sobre su cabezas, se tocaron las manos abraz&aacute;ndolo y se separaron violentamente de su &aacute;rbol para abrazarse Dolores y &eacute;l [&hellip;] &laquo;&nbsp;Qu&eacute; tibia Lola, qu&eacute; tibia eres y c&oacute;mo te amo ya&nbsp;&raquo;. (236)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Si l&rsquo;on consid&egrave;re tout particuli&egrave;rement la mort de Lorenzo, ce magnifique orme semble jouer le m&ecirc;me r&ocirc;le dans <i>La mort d&rsquo;Artemio Cruz</i> que l&rsquo;arbre du Paradis Terrestre r&eacute;g&eacute;n&eacute;r&eacute; par le sacrifice du Fils. L&rsquo;amour de Lorenzo et Dolores est scell&eacute; par leur &eacute;treinte de l&rsquo;arbre, puis leur &eacute;treinte mutuelle, et &agrave; travers eux, Artemio est comme r&eacute;uni avec Regina, de m&ecirc;me que Dante l&rsquo;est avec B&eacute;atrice dans le passage &eacute;quivalent. Le jour suivant, Lorenzo meurt, tu&eacute; par la mitrailleuse d&rsquo;un avion alors qu&rsquo;il tente de d&eacute;fendre ses compagnons. La passion de Lorenzo rend possible la purification d&rsquo;Artemio &agrave; travers l&rsquo;enfer et le purgatoire de sa m&eacute;moire, les fleurs nouvelles des graines de l&rsquo;amour et la r&eacute;volution &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de cet ancien r&eacute;volutionnaire. Lorenzo revit et corrige l&rsquo;histoire de son p&egrave;re et est par l&agrave;-m&ecirc;me le Christ rachetant les p&eacute;ch&eacute;s d&rsquo;Adam<sup>28</sup>.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:14.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La mort sans fin</span></span></span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le po&egrave;me <i>Mort sans fin </i>de Jos&eacute; Gorostiza joue le r&ocirc;le d&rsquo;une sorte de fant&ocirc;me intertextuel face &agrave; la foi confiante de la <i>Commedia</i>. Avec la trinit&eacute; comme th&egrave;me central, il procure une des &eacute;pigraphes du roman&nbsp;: &laquo;&nbsp;&hellip; &iexcl;de m&iacute; y de &Eacute;l y de nosotros&nbsp;! &iexcl;tres siempre tres&nbsp;!&nbsp;&raquo;. Il refait surface dans un chapitre o&ugrave; la tension entre libert&eacute; et destin, unit&eacute; et dispersion, projet utopique et r&eacute;alit&eacute; tyrannique est plus palpable que jamais. Le dernier fragment exclusivement domin&eacute; par la voix du T&Uacute; semble simultan&eacute;ment d&eacute;crire la vision du jeune Artemio laissant derri&egrave;re lui ses origines &agrave; Cocuya et celle du vieillard mourant. La nuit et les &eacute;toiles en sont la toile de fond, et si l&rsquo;on accepte la pr&eacute;sence de Dante comme influence constante, on ne peut que voir l&agrave; une &eacute;vocation des &eacute;toiles qui ferment les trois <i>cantiche </i>de la <i>Commedia</i>. Dans l&rsquo;<i>Inferno</i>, elles repr&eacute;sentent la beaut&eacute; et l&rsquo;espoir apr&egrave;s les horreurs de l&rsquo;enfer&nbsp;: &laquo;&nbsp;e quindi uscimmo a riveder le stelle&nbsp;&raquo;. Dans le <i>Purgatorio</i>, elles sont la promesse du Paradis apr&egrave;s la purification dans les eaux de l&rsquo;Eun&ouml;e&nbsp;: &laquo;&nbsp;lo ritornai dalla santissim&rsquo;onda / riffato [&hellip;] / pur e disposto a salire a la stelle&nbsp;&raquo;. Dans le <i>Paradiso</i>, l&rsquo;amour divin, moteur &eacute;ternel, pr&ecirc;te au monde un mouvement similaire de la volont&eacute; humaine aux &eacute;toiles&nbsp;: &laquo;&nbsp;l&rsquo;amor che move il sole e l&rsquo;altre stelle&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Vers la fin du po&egrave;me de Gorostiza, l&rsquo;unit&eacute; ou l&rsquo;harmonie totale, &nbsp;cependant fugace, entre l&rsquo;homme et son cr&eacute;ateur, l&rsquo;eau et le verre, se r&eacute;duit &agrave; un espoir path&eacute;tique et non fond&eacute;. Dieu est une &eacute;toile morte dont la lumi&egrave;re continue de voyager &agrave; travers l&rsquo;univers et dans l&rsquo;esprit des hommes, mais n&rsquo;a plus d&rsquo;origine</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">de ti, que sigues presente</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">como una estrella mentida</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">por su sola luz, por una</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">luz sin estrella, vac&iacute;a, </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">que llega al mundo escondiendo</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">su cat&aacute;strofe infinita.<span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">29</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;&eacute;toile que contemple le jeune Artemio semble &ecirc;tre la m&ecirc;me&nbsp;: &laquo;&nbsp;Muerto en su origen lo que estar&aacute; vivo en tus sentidos&hellip; Perdido, calcinado, el manantial de luz que seguir&aacute; viajando, ya sin origen, hacia los ojos de un muchacho en une noche de otro tiemo&hellip;&nbsp;&raquo; (312). Lorsque la lumi&egrave;re de l&rsquo;&eacute;toile de sa jeunesse parviendra au vieillard mourant avec ses promesses et ses trahisons, ce sera une lumi&egrave;re sans origine. L&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;amor che move il sole e l&rsquo;altre stelle&nbsp;&raquo;, le plan divin ou mythique o&ugrave; le chaos prend forme et les oppos&eacute;s peuvent &ecirc;tre r&eacute;concili&eacute;s est absent. La structure de la r&eacute;demption trac&eacute;e par la mort de Lorenzo est alt&eacute;r&eacute;e, et le temps divin ayant disparu, un temps marqu&eacute; par l&rsquo;isolement ne para&icirc;t gu&egrave;re suffisant&nbsp;: &laquo;&nbsp;tiempo que s&oacute;lo existir&aacute; en la reconstrucci&oacute;n de la memoria aislada, en el vuelo del deseo aislado&nbsp;&raquo; (312).</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans sa vision ultime dans le <i>Paradiso</i>, Dante a le privil&egrave;ge de la connaissance qu&rsquo;Artemio recherche, l&rsquo;ineffable&nbsp;:</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times="">Nel suo profundo vidi che s&rsquo;interna,</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times="">legato con amor in un volume</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times="">ci&ograve; che per l&rsquo;universo si squaderma;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times="">sustanzia ed accidenti e lor costume,</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">quasi conflati insieme per tal modo,</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">che ci&ograve; ch&rsquo;io dico &eacute; un semplice lume. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La forma universal di questonodo</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">credo ch&rsquo;io vidi. <i>(Para</i>., xxxiii, 85-92)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La voix du T&Uacute; de Cruz est une intuition de la &laquo;&nbsp;forma universal&nbsp;&raquo; de Dante, qu&rsquo;il appelle &laquo;&nbsp;orden universal&nbsp;&raquo; et Gorostiza &laquo;&nbsp;pura forma&nbsp;&raquo;. Dans le po&egrave;me de Gorostiza, les oppos&eacute;s qui s&rsquo;attirent, la forme et le contenu, Dieu et l&rsquo;homme, sont r&eacute;concili&eacute;s mais seulement &agrave; l&rsquo;instant m&ecirc;me de la mort absolue et d&eacute;finitive&nbsp;:</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En la red de cristal que la estrangula,</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">el agua toma forma</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[&hellip;] un instante, no m&aacute;s,</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">no m&aacute;s que el m&iacute;nimo</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">perpetuo instante del quebranto,</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">cuando la forma en s&iacute;, la pura forma,</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">se abandona al designio de su muerte</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">y se deja arrastrar, nubes arriba,</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">por ese atormentado remolino</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">en que los seres todos se repliegan</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">hacia el sopor primero, </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">a construir el escenario de la nada. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Las estrellas entonces ennegrecen.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Han vuelto el dardo insomne </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">a la noche perfecta de su aljaba. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour Cruz, la libert&eacute; et la destin&eacute;e, l&rsquo;individu et l&rsquo;autre, la r&eacute;alit&eacute; et le d&eacute;sir seront de m&ecirc;me r&eacute;concili&eacute;s, ce qui &eacute;tait &laquo;&nbsp;squadernato&nbsp;&raquo; sera r&eacute;uni en &laquo;&nbsp;un volume&nbsp;&raquo;, mais le secret, en l&rsquo;absence de tout paradis o&ugrave; de tels volumes pourraient &ecirc;tre conserv&eacute;s, n&rsquo;aura jamais de lecteur&nbsp;: &laquo;&nbsp;Vas a ser el punto de encuentro y la raz&oacute;n del orden universal [&hellip;]. Para que t&uacute; encuentres el secreto y mueras sin poder participarlo, porque s&oacute;lo lo poseer&aacute;s cuando tus ojos se cierren para siempre&nbsp;&raquo; (313).</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les trois ouvrages ici consid&eacute;r&eacute;s reposent sur la forme de la trinit&eacute; qui est au final une unit&eacute;. Ce myst&egrave;re est pour Dante de nature chr&eacute;tienne orthodoxe. Dans <i>Artemio Cruz</i>, l&rsquo;unit&eacute; d&eacute;sir&eacute;e serait l&rsquo;union inconcevable des trois voix, avec leurs trois dimensions temporelles. Dans le po&egrave;me de Gorostiza, la trinit&eacute; est harcel&eacute;e par l&rsquo;unit&eacute;, mais cette unit&eacute; est le n&eacute;ant. C&rsquo;est le myst&eacute;rieux troisi&egrave;me &eacute;l&eacute;ment de Dieu, Moi et &hellip;&nbsp;; verre, eau, et &hellip; A un certain moment du po&egrave;me, c&rsquo;est une intelligence abstraite, st&eacute;rile, qui refuse de prendre corps dans la langue&nbsp;:</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">sin admitir en su unidad perfecta</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">el escarnio brutal de esa discordia</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">que nutren vida y muerte inconciliables. (Gorostiza, 112)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Complice de la mort, cette intelligence se moque de la possibilit&eacute; de toute union&nbsp;: </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Con &Eacute;l, conmigo, con nosotros tres&nbsp;;</span></span></span></span></p> <p style="text-align: justify; margin-bottom: 11px; margin-left: 40px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">como el agua y el vaso, s&oacute;lo una</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">que reconcentra su silencio blanco</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">en la orilla letal de palabra&nbsp;; (Gorstiza, 113)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">On trouve dans <i>Artemio Cruz</i> un passage en r&eacute;sonnance&nbsp;: &laquo;&nbsp;El ni&ntilde;o, la tierra, el universo: en los tres, alg&uacute;n d&iacute;a, no habr&aacute; ni luz, ni calor, ni vida&hellip; Habr&aacute; s&oacute;lo la unitad total, olvidada, sin nombre y sin hombre que la nombre&nbsp;&raquo; (313).</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Une grande partie de <i>La muerte de Artemio Cruz</i> s&rsquo;articule autour de la nostalgie du paradis, le Paradis visit&eacute; par Dante, celui qui s&rsquo;incarne dans l&rsquo;arbre des Pyr&eacute;n&eacute;es. A nouveau, la vision terrifiante de Gorostiza vient d&eacute;faire l&rsquo;espoir g&eacute;n&eacute;r&eacute; par la structure dantesque. A la fin, les origines ne seront pas dans la vie paradisiaque avec Lunero &agrave; Cocuya, mais dans le silence&nbsp;:</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="EN-US" new="" roman="" style="font-family:" times="">Cuando todo [&hellip;]</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">regresa a sus or&iacute;genes</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">y al origen fatal de sus or&iacute;genes</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">hasta que su mismo eco se instala</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:33.15pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">en el primer silencio tenebroso (Gorostiza, 124)</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour Fuentes aussi, l&rsquo;entropie est au bout du chemin&nbsp;: &laquo;&nbsp;El sol se est&aacute; quemando vivo, el fierro se est&aacute; derrumbando en polvo, la energ&iacute;a sin rumbo se est&aacute; dispando en el espacio, las masas se est&aacute;n gastando en la radiaci&oacute;n, la tierre se est&aacute; enfriando de muerte &hellip;&nbsp;&raquo; (312-3).</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans <i>La muerte de Artemio Cruz</i>, Dante et Gorostiza ne s&rsquo;annulent pas, ils coexistent et dialoguent. Le d&eacute;sir d&rsquo;ordre et d&rsquo;amour, d&rsquo;une r&eacute;volution qui incarnerait les id&eacute;aux de Lorenzo, cohabite et dialogue avec la conscience de la mort, la fragilit&eacute; des entreprises humaines, la mal&eacute;diction de Ludivinia, la <i>chingada</i>. Ce dialogue est la conscience tragique du mal dans le bien, de la tyrannie et la corruption dans la r&eacute;volution.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><strong>NOTES&nbsp;</strong></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[1]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Pour une excellente analyse de l&rsquo;importance de la Guerre d&rsquo;Espagne dans <i>La Mort d&rsquo;Artemio Cruz</i>, et la pertinence de la R&eacute;volution Cubaine dans l&rsquo;&eacute;criture du roman voir, Maarten van Delden, <i>Carlos Fuentes, Mexico and Modernity</i> (Nashville, Tenn: Vanderbildt University Press, 1998), 58-60.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[2]</span></span></sup> <i><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">Tiempo mexicano</span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> (M&eacute;xico: Joaqu&iacute;n Mortiz, 1978), 41, l&rsquo;abr&eacute;viation <i>TM</i> pourra &ecirc;tre utilis&eacute;e.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[3]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> &laquo;&nbsp;La Il&iacute;ada descalza&nbsp;&raquo;<i>, Valiente mundo nuevo</i>, 180.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[4]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Ou treize, selon Jos&eacute; Carlos Gonz&agrave;lez Boixo dans l&rsquo;utile introduction &agrave; son &eacute;dition de <i>La Mort D&rsquo;Artemio Cruz</i> (Madrid: C&aacute;tedra, 1998), 30.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[5]</span></span></sup> <i><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">Poemas</span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">, 234. Le dialogue entre les deux temporalit&eacute;s est encore plus spectaculaire dans &laquo;&nbsp;Piedra de sol&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;busco une facha viva como un p&aacute;jaro&nbsp;&raquo; (<i>Poemas</i>, 263)&nbsp;; &laquo;&nbsp;el mundo reverdece si sonr&iacute;es / comiendo une naranja, / el mundo cambia si dos, vertiginosos y enlazados, / caen sobre la yerba&nbsp;&raquo; (272-3) en comparaison avec la s&eacute;quence qui d&eacute;bute par &laquo;&nbsp;y el fest&iacute;n, el destierro, el primer crimen / la quijada del asno, el ruido opaco / y la mirada incr&eacute;dula del muerto / al caer en el llano ceniciento, Agamen&oacute;n y su mugido inmenso / y el repetido grito de Casandra&nbsp;&raquo; (273).&nbsp;Publi&eacute; la m&ecirc;me ann&eacute;e que <i>La Mort D&rsquo;artemio Cruz</i>, <i>Le Si&egrave;cle des Lumi&egrave;res</i> de Carpentier fait alterner en une tension tragique le temps mythique, f&eacute;minis&eacute;, de la mer et la cruaut&eacute; et l&rsquo;inconstance de l&rsquo;histoire sur la terre</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[6]</span></span></sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> <span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">Pour une discussion de la validit&eacute; de ces interpr&eacute;tations, voir Gonz&aacute;lez Boixo, 88 et seq.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[7]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">Fuentes a d&eacute;crit ce parall&egrave;le originellement &eacute;tabli dans l&rsquo;article sur lequel se base la premi&egrave;re partie de ce chapitre &agrave; Mar&iacute;a Victoria Reyz</span></span><span style="font-size:11.0pt"><span calibri="" style="font-family:">bal en ces termes&nbsp;: &laquo;&nbsp;Pero el propio Boldy propone una asimilaci&oacute;n m&aacute;s audaz y, acaso, m&aacute;s inconsciente de mi parte,. Boldy llama la atenci&oacute;n sobre la similitud fon&eacute;tica Hern&aacute;n Cort&eacute;s-Artemio Cruz. Las carreras de ambos comienzan en Veracruz. Barrenan las naves de su pasado. Violan a Marina-Regina&nbsp;; Someten a Bernal-Moctezuma. Y se casan con Catarinas. Le juro que a m&iacute; nunca se le ocuri&oacute; esto, pero voy a creer desde ahorra en estructuras autom&aacute;ticas y desplazamientos freudianos del trabajo on&iacute;rico al trabajo material&nbsp;&raquo;. (&laquo;&nbsp;Mantener un lenguaje o sucumbir al silencio&nbsp;&raquo;, en Julio Ortega, ed., <i>Retrato de Carlos Fuentes</i> (Barcelona: Galaxia, Gutenberg /Circulo de Lectures, 1995) 87).</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[8]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> L&rsquo;amour d&rsquo;Artemio pour sa femme Catalina est lui-aussi duel, mais l&rsquo;ordre des facteurs est invers&eacute;. On apprend qu&rsquo;elle est oblig&eacute;e de l&rsquo;&eacute;pouser dans le cadre d&rsquo;un accord par lequel Cruz reprend les terres de Gamaliel Bernal en prot&eacute;geant la famille. Il souhaite effacer le souvenir de cet &eacute;v&eacute;nement, mais r&eacute;alise que les apparences sont contre lui, m&ecirc;me s&rsquo;il en &eacute;tait amoureux avant m&ecirc;me ce pacte&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ėl deseaba borrar el recuerdo del origen y hacerse querer sin memorias del acto que la oblig&oacute; a tomarlo por esposo [&hellip;] &iquest;C&oacute;mo hacerle creer que la hab&iacute;a amado desde el momento que la vio pasar por une calle de Puebla, antes de saber qui&eacute;n era&nbsp;?&nbsp;&raquo; (101).</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;<sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[9]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Cet aspect est clairement &eacute;voqu&eacute; par Gonz&aacute;lez Boixo, 12.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[10]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Voir Enrique Krauz, Mexico<i>: Biography of Power. </i></span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">A History of Modern Mexico</span></span></i><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">, 1810-1996, translated by Hanks Haifetz (New York: Harper Collins 1997), 135-51.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[11]</span></span></sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Bethell, ed., <i>Mexico since Independence </i>(Cambridge, CUP, 1991), 51.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[12]</span></span></sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Voir Wendy Faris, <i>Carlos Fuentes</i> (New York: Frederick Ungar, 1983), 9.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[13]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Voir Ren&eacute; Jara, &laquo;&nbsp;El mito y la nueva novela hispanoamericanan: a prop&oacute;sito de <i>La muerte de Artemio Cruz</i>, dans <i>Homenaje</i>, 174.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[14]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Gergina Garc&iacute;a Gutti&eacute;rez, dans <i>Los disfraces: la obra mestiza de Carlos Fuentes</i> (Mexico City: Colegio de M&eacute;xico, 1981), 19, sugg&egrave;re que la triade dans laquelle Artemio se trouve tiraill&eacute; correspond &agrave; la trinit&eacute; catholique.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[15]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Voir France Yates, <i>L&rsquo;Art de la m&eacute;moire</i> (Hardmonsworth: Penguin, 1978), 104.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[16]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Voir Yates, 62.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[17]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Voir R. Reeve, &laquo;&nbsp;Carlos Fuentes y el desarollo del narrador en segunda persona: un ensayo exploratorio&nbsp;&raquo;, et C. Allen, &laquo;&nbsp;La correlaci&oacute;n entre la filosof&iacute;a de Jean-Paul Sartre y <i>La muerte de Artemio Cruz </i>de Carlos Fuentes&nbsp;&raquo; dans <i>Homenaje</i>, 75-87.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[18]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Les citations de Dante sont tir&eacute;es de <i>La Divina Commedia</i>, Miano: Lucchi, 1967.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[19]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Voir le commentaire de Sinclair dans Dante, <i>The Divine Comedy</i>, Vol. 3.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[20]</span></span></sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Voir l&rsquo;introduction de Sayers &agrave; <i>The Comedy of Dante Alighieri the Florentine Cantica II. Purgatory</i>, trad. </span></span><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">De Dorothy L. Sayers (Hardmonsworth, Penguin, 1965), 66.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[21]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Voir Sayers, 293.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[22]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Pour un traitement plus complet du personnage de B&eacute;atrice, voir Charles Williams, <i>The Figure of Beatrice. A Study in Dante</i> (London: Faber and Faber, 1950).</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[23]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Voir <i>Le labyrinthe de la solitude</i>, 129.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[24]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Voir Sayers, 326-7</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[25]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Borges, dans &laquo;&nbsp;La otra muerte&nbsp;&raquo;, <i>L&rsquo;Aleph,</i> propose un exemple similaire de m&eacute;moire et pass&eacute; transform&eacute; par la gr&acirc;ce divine. Pedro Dami&aacute;n se voit offrir la chance de mourir en h&eacute;ros dans une bataille &agrave; laquelle il a surv&eacute;cu quarante ans plus t&ocirc;t gr&acirc;ce &agrave; sa l&acirc;chet&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;As&iacute;, en 1946, por obra de una larga pasi&oacute;n, Pedro Dami&aacute;n muri&oacute; en la derrota de Masoller, que occuri&oacute; entre el invierno y la primavera de 1904&nbsp;&raquo; (575).</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[26]</span></span></sup> <i><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">Casa con dos puertas</span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">, 239.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[27]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Sur le symbolisme du fleuve et de l&rsquo;arbre, voir Liliana Befumo Boschi et Elise Calabrese, <i>Nostalgia del futuro en la obra de Carlos Fuentes</i> (Buenos Aires: Fernando Garc&iacute;a Cambeiro, 1974), 63-4 et 183.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[28]</span></span></sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> <span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">Sur Artemio comme Christ, voir, entre autres, Befumo Boscho, 27, 80-81, 85. Il y a beaucoup d&rsquo;autres figures christiques dans les romans, qui meurent pour &laquo;&nbsp;racheter&nbsp;&raquo; l&rsquo;autre, comme Felisberto dans &laquo;&nbsp;Chac Mool&nbsp;&raquo;, Manuel Zamacona dans <i>La Plus Limpide R&eacute;gion</i>, Franz dans <i>Peau Neuve</i>.</span></span></span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;<sup><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[29]</span></span></sup><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> Jos&eacute; Gorostiza, <i>Mort sans fin,</i> H&eacute;ctor Vald&eacute;s, ed., <i>Los Contempor&aacute;neos: una antolog&iacute;a general</i>, (Mexico City: SEP/UNAM, 1982), 129.&nbsp;Les r&eacute;f&eacute;rences et le titre original de cet article sont : BOLDY, Steven, &laquo;&nbsp;<i>La muerte de Artemio Cruz</i>, 1962. Father and Sons. Hystory and Myth&nbsp;&raquo;, in <i>The narrative of Carlos Fuentes. Family, Text, Nation</i>, Durham modern languages series, University of Durham, 2002, pp. 75-103.</span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">Traduit de l&rsquo;anglais par Isabelle Cases, Ma&icirc;tre de Conf&eacute;rences &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Perpignan Via Domitia</span></span></span></span></p> <div> <div id="ftn29"> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span style="font-size:14.0pt"><span style="line-height:107%">L&rsquo;auteur</span></span></b></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Steven Boldy&nbsp;est Professeur de Litt&eacute;rature hispano-am&eacute;ricaine &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Cambridge, &agrave; l&rsquo;Emmanuel College. Il est l&rsquo;auteur de nombreuses monographies, telles </span></span><i><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">The Novels of Julio Cort&aacute;zar</span></span></i><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">,&nbsp;<i>The Narrative of Carlos Fuentes</i>,&nbsp;<i>A Companion to Jorge Luis Borges&nbsp;</i>et&nbsp;<i>A Companion to Juan Rulfo</i>&nbsp;(London, Tamesis, 2016). Il a &eacute;galement consacr&eacute; de nombreux articles &agrave; la litt&eacute;rature hispano-am&eacute;ricaines, entre autres &agrave; des auteurs tels que Jorge Isaacs ou Alan Pauls. Il a r&eacute;cemment publi&eacute; &nbsp;une monographie intitul&eacute;e &nbsp;<i>Carlos Fuentes y el Reino Unido&nbsp;</i>(M&eacute;xico, Fondo de Cultura Econ&oacute;mica, 2017).</span></span></span></span></span></p> </div> </div>