<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp; <b>AVANT-PROPOS</b></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce premier volume des <i>Cahiers du Grhaal</i> est consacr&eacute;e &agrave; la litt&eacute;rature mexicaine des XXe et XXIe si&egrave;cles, et, en particulier, au roman de l&rsquo;&eacute;crivain Carlos Fuentes, <i>La muerte de Artemio Cruz</i>, inscrit au programme du concours de l&rsquo;agr&eacute;gation interne d&rsquo;espagnol, pour les sessions 2023 et 2024. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il se pr&eacute;sente sous la forme d&rsquo;un diptyque qui propose dans son premier volet huit contributions consacr&eacute;es au roman de l&rsquo;&eacute;crivain mexicain avant d&rsquo;offrir, dans un deuxi&egrave;me volet, cinq &eacute;tudes sur des &eacute;crivains ou des &eacute;crivaines mexicains, connus ou moins connus, tels Sergio Pitol, J.M. Serv&iacute;n ou Eugenio Aguirre sans oublier la litt&eacute;rature &eacute;crite par des femmes.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le premier volet s&rsquo;ouvre sur un texte de Lise Demeyer intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Entre tradition et modernit&eacute;, <i>La muerte de Artemio Cruz :</i> du roman de la R&eacute;volution mexicaine au boom de la litt&eacute;rature latino-am&eacute;ricaine&nbsp;&raquo;. Dans cette premi&egrave;re approche, Lise Demeyer rappelle que <i>La muerte de Artemio Cruz</i> (1962) a &eacute;t&eacute; consid&eacute;r&eacute; par de nombreux critiques comme une &oelig;uvre embl&eacute;matique du boom latino-am&eacute;ricain, en raison de sa fragmentation formelle et temporelle et du choix d&rsquo;un triple sujet de l&rsquo;&eacute;nonciation, tous &eacute;l&eacute;ments repr&eacute;sentatifs s&rsquo;il en est de l&rsquo;exp&eacute;rimentation formelle partag&eacute;e par les auteurs latino-am&eacute;ricains qui publient dans les ann&eacute;es 60. Or, Lise Demeyer entend faire remarquer que certains passages de ce roman ne sont toutefois pas sans rappeler la tradition litt&eacute;raire du r&eacute;gionalisme et du r&eacute;alisme dont le Roman de la R&eacute;volution mexicaine a &eacute;t&eacute; l&rsquo;expression litt&eacute;raire la plus aboutie dans la premi&egrave;re partie du XXe si&egrave;cle. Aussi se demande-t-elle si ce retour &agrave; la tradition et au sous-genre rural et local qui appara&icirc;t au sein du r&eacute;cit ne pourrait pas &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme un marqueur d&eacute;terminant de ce qui va se jouer dans ce que la critique a d&eacute;fini comme <i>la nueva novela hispanoamericana. </i>Fabrice Parisot revient alors, dans la contribution suivante, sur les caract&eacute;ristiques essentielles de ce qu&rsquo;a &eacute;t&eacute; le Boom de la litt&eacute;rature hispano-am&eacute;ricaine&nbsp;: sa naissance, son contexte historique, le r&ocirc;le fondamental des maisons d&rsquo;&eacute;dition aussi bien latino-am&eacute;ricaines qu&rsquo;espagnoles ou fran&ccedil;aises, ses techniques narratives innovantes et ses th&eacute;matiques centrales avant de s&rsquo;arr&ecirc;ter &agrave; consid&eacute;rer l&rsquo;ind&eacute;niable importance du paratexte, titre et &eacute;pigraphes, qui ouvre d&rsquo;int&eacute;ressantes pistes de lecture au lecteur en cr&eacute;ant un int&eacute;ressant et strat&eacute;gique horizon d&rsquo;attente. Alba Lara Alengr&iacute;n prolonge cette r&eacute;flexion initiale sur les liens qu&rsquo;entretient le roman de Carlos Fuentes avec son contexte litt&eacute;raire du Boom en s&rsquo;attardant &agrave; analyser l&rsquo;effet sonore dans le roman &agrave; partir des voix narratives et de la &laquo;&nbsp;bande son&nbsp;&raquo; intercal&eacute;e dans les chapitres narr&eacute;s au pass&eacute;. A partir de ces derniers, Alba Lara Alengr&iacute;n parcourt l&rsquo;&eacute;volution historique et culturelle du Mexique en suivant les douze s&eacute;quences r&eacute;trospectives du roman. Steven Boldy, dans son &eacute;tude sur &laquo;&nbsp;P&egrave;re et fils, histoire et mythe dans <i>La muerte de Artemio Cruz</i>&nbsp;&raquo;, livre pour sa part une int&eacute;ressante r&eacute;flexion sur la circularit&eacute; des structures mythiques et l&rsquo;&eacute;chec des projets historiques, notamment celui de la R&eacute;volution mexicaine. </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Outre la notion de g&eacute;mellit&eacute; et la structure familiale r&eacute;currente, observable dans trois p&eacute;riodes historiques cl&eacute;s, du p&egrave;re, du fils l&eacute;gitime et du fils ill&eacute;gitime ou h&eacute;ritier symbolique, l&rsquo;auteur s&rsquo;attache &agrave; souligner des forces duelles ou alternatives dans l&rsquo;histoire et l&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;esprit mexicain. En prenant <i>La Divine Com&eacute;die</i> de Dante comme paradigme essentiel, Steven Boldy met &agrave; jour une structure de la r&eacute;demption du pass&eacute; dans un monde symbolique chr&eacute;tien entendu au sens large. Enfin, en s&rsquo;appuyant sur la notion d&rsquo;intertextualit&eacute;, il montre comment &agrave; son tour la pr&eacute;sence inter- et intra-textuelle de Jos&eacute; Gorostiza remet en question la r&eacute;demption dantesque et vide ses termes de leur sens. De r&eacute;volution il sera aussi question dans la contribution de </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Georgina Garc&iacute;a Guti&eacute;rrez, &laquo;&nbsp;<i>La muerte de Artemio Cruz</i>: una novela revolucionaria&nbsp;&raquo;, dans laquelle elle examine le processus de construction du personnage d&rsquo;Artemio Cruz afin de se livrer &agrave; une radiographie de l&rsquo;Histoire du Mexique. La R&eacute;volution, son d&eacute;veloppement, ses r&eacute;alisations &agrave; long terme, son projet de pays, la modernit&eacute; seront ainsi scrupuleusement scrut&eacute;s. Mais, nous explique en substance Georgina Garc&iacute;a Guti&eacute;rrez, les strat&eacute;gies narratives, la technique complexe imagin&eacute;e par l&rsquo;auteur, le temps circulaire, lin&eacute;aire, d&eacute;form&eacute; contribuent &eacute;galement &agrave; la repr&eacute;sentation vraisemblable de la mort et &agrave; son lent processus d&eacute;g&eacute;n&eacute;ratif. Dans ce lent mouvement, aussi bien de la construction du roman que de la repr&eacute;sentation de la mort, la m&eacute;moire semble jouer un r&ocirc;le essentiel. C&rsquo;est en tous cas ce que Florence Olivier entend mettre en avant dans son &eacute;tude consacr&eacute;e &agrave; la fugue de la m&eacute;moire dans le roman. Qui refuse de mourir&nbsp;? Qu&rsquo;est-ce qui refuse de mourir dans <i>La muerte de Artemio Cruz&nbsp;</i>? Le &laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo; du parvenu, nagu&egrave;re combattant de la R&eacute;volution mexicaine, qui sait ce qu&rsquo;&laquo;&nbsp;il&nbsp;&raquo; a fait&nbsp;? Le &laquo;&nbsp;tu&nbsp;&raquo; qui, un bref instant, en vient &agrave; regretter le brave et le juste qu&rsquo;il aurait pu &ecirc;tre&nbsp;? La R&eacute;volution trahie&nbsp;? L&rsquo;&eacute;lan premier de la R&eacute;volution&nbsp;? La virtualit&eacute; de la R&eacute;volution&nbsp;? Autant de questions que pose d&rsquo;embl&eacute;e Florence Olivier. Elle soutiendra alors, pour y r&eacute;pondre, que la composition du r&eacute;cit fait de celles-ci les signes en rotation du destin d&rsquo;un homme et d&rsquo;un pays. Aussi expliquera-t-elle que la p&eacute;nible lutte de l&rsquo;agonisant se manifestera dans le roman avec une grande vari&eacute;t&eacute; de proc&eacute;d&eacute;s rythmiques et de genres discursifs qui donneront lieu &agrave; autant d&rsquo;exercices de style. Elle mettra ainsi en avant que la composition du roman offre un travail de pr&eacute;cision quasi musical, s&rsquo;apparentant &agrave; une fugue de la m&eacute;moire fond&eacute;e sur la r&eacute;p&eacute;tition de leitmotivs en contrepoint, sur des jeux de variations, sur des arias lyriques. Elle insistera sur l&rsquo;id&eacute;e que tous ces &eacute;l&eacute;ments se voient orchestr&eacute;s afin de recr&eacute;er la circulation entre pr&eacute;sent et pass&eacute; de la conscience du h&eacute;ros qui passe par la voie tierce de la m&eacute;moire volontaire o&ugrave; l&rsquo;accompli s&rsquo;offre comme futur. Elle postulera enfin que pour frayer un passage &agrave; une autre m&eacute;moire, involontaire, de l&rsquo;agonisant, Carlos Fuentes a travaill&eacute; &agrave; l&rsquo;image du Faulkner de <i>The Sound and the fury</i> tout en distribuant les versions du drame, non pas entre les membres d&rsquo;une fratrie, mais entre les diff&eacute;rentes postures temporelles d&rsquo;un seul et m&ecirc;me personnage. Marie-Jos&eacute; Hana&iuml; propose ensuite, dans &laquo;&nbsp;La fiesta en la mansi&oacute;n de Coyoac&aacute;n: fin de a&ntilde;o, fin de ciclo, &iquest;fin de reino?&nbsp;&raquo;, une &eacute;tude centr&eacute;e sur l&rsquo;un des segments du pass&eacute; qui rythment le processus d&rsquo;anamn&egrave;se et de r&eacute;invention d&rsquo;une vie, alors que celle-ci est l&rsquo;objet du d&eacute;litement caus&eacute; par la douleur physique et l&rsquo;agonie&nbsp;: la f&ecirc;te du Nouvel An, passage entre 1955 et l&rsquo;ann&eacute;e suivante, qui se d&eacute;roule dans la luxueuse demeure de Coyoac&aacute;n, &agrave; la fois vestige d&rsquo;un pass&eacute; lointain et signe de la r&eacute;ussite de l&rsquo;homme d&rsquo;affaires, est le moment choisi par le moribond pour se rem&eacute;morer le point culminant de sa r&eacute;ussite. L&rsquo;&eacute;clat de la f&ecirc;te et la position de domination du ma&icirc;tre des lieux se voient contrebalanc&eacute;s par la vieillesse du corps et le sentiment de lassitude face &agrave; une r&eacute;p&eacute;tition rituelle qui ne promet que le vide et la ruine prochaine. Marie-Jos&eacute; Hana&iuml; s&rsquo;emploie &agrave; montrer quel symbolisme rev&ecirc;tent le lieu et le temps pour s&rsquo;int&eacute;resser ensuite au motif dialogique d&rsquo;Artemio Cruz face &agrave; ses invit&eacute;s, dans une esth&eacute;tique de fragmentation des voix. L&rsquo;&eacute;tude d&eacute;bouche sur l&rsquo;image du sujet confront&eacute; &agrave; lui-m&ecirc;me, &agrave; son bonheur paternel perdu&nbsp;: le sujet en tant que vestige du temps et illusion de r&eacute;ussite. </span></span></span></span></span></p> <p class="Standard" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span liberation="" serif="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Fermant le volet de ce premier panneau du diptyque, Lise Demeyer nous propose, en guise d&rsquo;ouverture vers le second volet, une balade &agrave; travers les derniers romans du romancier mexicain. Elle nous rappelle ainsi qu&rsquo;au XXIe si&egrave;cle, les derniers romans de Carlos Fuentes sont marqu&eacute;s par l&#39;horreur et le pessimisme et que la violence, surtout verticale, mais aussi horizontale, qui gangr&egrave;ne le Mexique, transforme l&#39;&eacute;criture fuent&eacute;sienne. L&#39;univers p&eacute;nitencier, nous explique-t-elle, devient le fil conducteur de l&#39;&eacute;nonciation, depuis <i>La silla del &aacute;guila </i>(2003) jusqu&#39;&agrave; <i>Federico en su balc&oacute;n </i>(2012). Elle met alors en avant que la prison, espace postmoderne s&#39;il en est, traduit l&#39;enfermement et l&#39;&eacute;touffement d&#39;un pays. Inspir&eacute; par A. Dumas, C. Fuentes se fait architecte de prisons imaginaires, et plus globalement, il multiplie les espaces clos. Lise Demeyer s&rsquo;interroge de fait sur le besoin de rendre omnipr&eacute;sents ces espaces. Scepticisme id&eacute;ologique, mill&eacute;narisme stylistique et pr&eacute;occupation sociale marquent donc la derni&egrave;re phase romanesque de C. Fuentes, et la prison en est peut-&ecirc;tre le reflet le plus pr&eacute;gnant, comme le souligne l&rsquo;autrice.</span></span></span></p> <p class="MsoNoSpacing" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le second volet du diptyque s&rsquo;ouvre &agrave; pr&eacute;sent sur une passionnante contribution de Florence Olivier intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;La litt&eacute;rature mexicaine de l&rsquo;entre-deux si&egrave;cles&nbsp;: chor&eacute;graphie des g&eacute;n&eacute;rations, transmissions et ruptures&nbsp;&raquo;. Tout un programme&nbsp;! Un programme dans lequel Florence Olivier esquisse une vision dynamique de la litt&eacute;rature mexicaine des ann&eacute;es 1990 &agrave; la p&eacute;riode de l&rsquo;extr&ecirc;me contemporain. Sont d&rsquo;abord examin&eacute;es les coexistences entre g&eacute;n&eacute;rations diverses, dont celle des a&icirc;n&eacute;s, Octavio Paz, Carlos Fuentes et Fernando del Paso, tandis qu&rsquo;&eacute;merge le groupe du Crack form&eacute; par Jorge Volpi, Eloy Urroz, Ignacio Padilla et Pedro &Aacute;ngel Palou, entre autres jeunes &eacute;crivains. L&rsquo;accent est mis sur le travail d&rsquo;hybridation entre nouvelles et roman que pratiquent des auteurs consacr&eacute;s tel Carlos Fuentes dans <i>La frontera de cristal</i>, mais aussi &Aacute;lvaro Uribe ou &Aacute;lvaro Enrigue. Puis, elle insiste sur l&rsquo;usage du fragmentaire qui se manifeste par la recherche d&rsquo;effets narratifs rythmiques au moyen de mises en s&eacute;ries et de variations comme dans l&rsquo;&oelig;uvre de Margo Glantz, par un travail de composition dans la &laquo;&nbsp;Trilogie de la m&eacute;moire&nbsp;&raquo; de Sergio Pitol, par les m&eacute;tamorphoses d&rsquo;un m&ecirc;me r&eacute;cit d&rsquo;un livre &agrave; l&rsquo;autre auxquelles se livre Mario Bellatin. Est mis en relief ensuite comment diverses tendances formelles r&eacute;pondent &agrave; l&rsquo;urgence de l&rsquo;actualit&eacute; politique et sociale violente des ann&eacute;es 1990 et 2000&nbsp;: c&ocirc;toiement de la fiction et de la non-fiction dans des anthologies, essor de la non-fiction ou d&rsquo;un roman de l&rsquo;impunit&eacute; qui s&rsquo;&eacute;carte des conventions du n&eacute;o-policier ou du roman noir pour aborder le ph&eacute;nom&egrave;ne du narcotrafic ou celui de la migration. Florence Olivier met alors en exergue la f&eacute;condit&eacute; et la diversit&eacute; qui caract&eacute;risent les tendances contemporaines de cette litt&eacute;rature que la critique a tent&eacute; de mod&eacute;liser en &eacute;voquant, entre autres, l&rsquo;existence d&rsquo;une &laquo;&nbsp;litt&eacute;rature du nord&nbsp;&raquo; ou d&rsquo;une &laquo; litt&eacute;rature de la fronti&egrave;re&nbsp;&raquo;. Cette vitalit&eacute; du roman mexicain, on la retrouve &eacute;galement dans les pages que Marie-Jos&eacute; Hana&iuml; consacre aux &eacute;critures des femmes au Mexique. Dans cette &eacute;tude, l&rsquo;autrice pose la question de savoir quelle &eacute;volution on peut appr&eacute;cier quant &agrave; l&rsquo;affirmation et &agrave; la reconnaissance de la pr&eacute;sence f&eacute;minine mexicaine dans la R&eacute;publique des Lettres. Quelle position et quel regard sur leur propre r&ocirc;le adoptent les auteures au f&eacute;minin dans une sph&egrave;re longtemps domin&eacute;e par le genre masculin&nbsp;? s&rsquo;interroge-t-elle. Elle entend alors situer sa br&egrave;ve &eacute;tude &agrave; la fois dans l&rsquo;histoire de la litt&eacute;rature mexicaine, dans la probl&eacute;matique de l&rsquo;&eacute;criture f&eacute;minine et, &agrave; partir de quelques exemples cibl&eacute;s, dans la r&eacute;flexion men&eacute;e par les femmes sur le sens artistique et sociopolitique de leur activit&eacute; d&rsquo;&eacute;criture. Selon elle, les &eacute;crivaines mexicaines contemporaines s&rsquo;inscrivent d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; dans la revendication de leur statut d&rsquo;auteure et dans la recr&eacute;ation de personnages fictionnels f&eacute;minins/masculins &agrave; partir des mythes, de l&rsquo;Histoire collective et de l&rsquo;histoire individuelle, et de l&rsquo;autre dans un travail personnel sur l&rsquo;&eacute;criture qui &eacute;chappe &agrave; toute contrainte de genre. Cathy Fourez nous propose pour sa part, dans son &eacute;tude intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;Las cotidianas vidas extremas en <i>Cuarto para gente sola</i> (1999) de J.M. Serv&iacute;n&nbsp;&raquo; l&rsquo;autoportrait d&rsquo;un &laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo; d&eacute;chir&eacute; par la monotonie de la survie dans la p&eacute;riph&eacute;rie de la ville de M&eacute;xico o&ugrave; le temps de la fragilit&eacute; est un temps sans futur. A partir de l&agrave;, Cathy Fourez entend analyser les corps de la pr&eacute;carit&eacute; et voir comment l&rsquo;exploitation, la res&eacute;mantisation et la subversion continue de quelques codes du roman policier classique et du roman noir servent &agrave; d&eacute;crire aussi bien la mis&egrave;re urbaine du XXIe si&egrave;cle que ses dysfonctions, ses fissures, ses exc&egrave;s, et &agrave; examiner de quelle fa&ccedil;on les perturbations des traitements d&rsquo;un genre litt&eacute;raire disent le d&eacute;centrement des personnages. C&eacute;cile Quintana, &agrave; travers le roman <i>Gonzalo Guerrero</i> de Eugenio Aguirre (1981) s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; pr&eacute;sent &agrave; la trajectoire impr&eacute;visible et accident&eacute;e du conquistador Gonzalo Guerrero qui, en 1511, fait naufrage sur les c&ocirc;tes du Yucat&aacute;n, l&agrave; o&ugrave; Cort&eacute;s d&eacute;barquera avec ses troupes en 1519. A partir de ce fait historique, C&eacute;cile Quintana montrera comment Eugenio Aguirre &eacute;labore une nouvelle s&eacute;mantique du naufrage d&rsquo;un point de vue psychologique et &eacute;pist&eacute;mique. En effet, explique-t-elle, en d&eacute;viant de sa route initiale qui se conclut par un naufrage, Guerrero fait &eacute;galement d&eacute;vier son identit&eacute;. Elle montre alors comment, lorsque Cort&eacute;s se pr&eacute;sente devant lui, non seulement il refuse de rejoindre les troupes de ses coreligionnaires espagnols, mais il leur d&eacute;clare la guerre. Elle met par la suite en avant comment, en tant qu&rsquo;Espagnol <i>accident&eacute;</i>, il a subi un processus d&rsquo;acculturation in&eacute;dit et radical qui l&rsquo;am&egrave;ne &agrave; fonder la premi&egrave;re famille m&eacute;tisse. Elle postule enfin que si les chroniques n&rsquo;h&eacute;sit&egrave;rent pas &agrave; le condamner comme tra&icirc;tre, le roman, comme lieu d&rsquo;une &eacute;nonciation potentiellement contradictoire, d&eacute;construit les sch&eacute;mas binaires de la morale patriotique pour mettre en lumi&egrave;re le personnage &agrave; partir des pi&egrave;ges que lui tend sa propre conscience d&egrave;s lors qu&rsquo;il tente de r&eacute;pondre &agrave; la question&nbsp;: qui suis-je&nbsp;?</span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="background:white"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Anouck Linck cl&ocirc;t cette petite travers&eacute;e &agrave; travers les bois de la litt&eacute;rature mexicaine des XXe et XXIe si&egrave;cles avec son &eacute;tude intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;Pratiquer l&rsquo;histoire depuis la litt&eacute;rature&nbsp;: le pari de la micro-histoire dans <i>Parade d&rsquo;amour</i> de Sergio Pitol&nbsp;&raquo;. Elle y souligne que Sergio Pitol affirme dans ce roman, qui date de 1984, la primaut&eacute; de la litt&eacute;rature sur le r&eacute;el et que </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">la th&egrave;se de l&#39;&eacute;criture carnavalesque l&#39;emporte sur toute autre consid&eacute;ration, puisque ce texte est un d&eacute;lire de l&rsquo;imagination de l&rsquo;auteur, un pied de nez aux chercheurs de sens. En effet, selon Anouck Link, il n&rsquo;y a point, dans ce roman, de v&eacute;rit&eacute; qui ne soit renvers&eacute;e par le burlesque. Pour autant, conclure que la litt&eacute;rature revendique elle-m&ecirc;me son artificialit&eacute;, son statut de pure cr&eacute;ation verbale, qu&rsquo;elle est premi&egrave;re, que cette primaut&eacute; l&rsquo;emporte sur tout le reste &ndash; sur, notamment, sa capacit&eacute; &agrave; documenter le r&eacute;el &ndash;, il n&rsquo;y a peut-&ecirc;tre qu&rsquo;un pas, qu&rsquo;Anouck Link se refuse &agrave; franchir. Pour elle, en effet, <i>Parade d&#39;amour</i> est un roman fortement ancr&eacute; dans la r&eacute;alit&eacute; historique mexicaine, en d&eacute;pit, affirme-t-elle, des trente ans qui s&eacute;parent le moment de son &eacute;criture d&#39;aujourd&#39;hui, car ce roman produit un savoir historique et nous dit quelque chose &agrave; propos de la r&eacute;alit&eacute; mexicaine qui est plus que jamais d&#39;actualit&eacute;. Anouck Link postule alors que l&#39;invention g&eacute;niale de Pitol est d&#39;avoir repens&eacute; le rapport de la litt&eacute;rature &agrave; l&#39;histoire depuis une perspective inusit&eacute;e&nbsp;: la perspective micro-historique, &agrave; savoir une lecture politique de l&#39;&oelig;uvre, r&eacute;fractaire aux &eacute;blouissements de &laquo;&nbsp;l&#39;art pour l&#39;art&nbsp;&raquo;, r&eacute;pondant ainsi &agrave; la probl&eacute;matique suivante&nbsp;: est-il possible de faire de la micro-histoire depuis les techniques et les m&eacute;canismes propres &agrave; la litt&eacute;rature&nbsp;?</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p>