Résumé Toutes les descriptions de l’activité mentale d’interpréter le langage écrit en mettent en évidence le va-et-vient constant entre indices linguistiques et indices extra-linguistiques issus, eux, de l'encyclopédie personnelle de l'interprétant (connaissances, fond culturel, expériences vécues, attitudes). Les systèmes de pensée et de représentations alors mis en &oelig;uvre servent à produire des hypothèses que l’interprétant confronte aux indices textuels pour les valider ou invalider. La compréhension construit des représentations abstraites, l’interprétation opère sur ces représentations qui, à un niveau profond, constituent la mémoire à long terme, dispositif d'accueil pour les informations nouvelles recueillies par l’interprétant au moment de sa réception du langage écrit. Si l’on réfléchit alors aux situations langagières qui permettent le mieux de réaliser le rôle déterminant du savoir antérieur, en particulier la prégnance des connaissances textuelles déjà acquises dans les représentations mentales constitutives de l'acte d'interpréter, apparaissent les énoncés non littéraux tels que le discours allusif dans la presse, incomplet de par des connaissances non dites mais données à entendre dans une intention précise. Laquelle ? Cette lecture entre les lignes, quand elle n’est pas maîtrisée mais posée comme une énigme, présente au moins trois vertus pour l’apprentissage des langues : la curiosité, le conflit cognitif, l’accès aux connaissances par les discours qui les portent. Pour rendre compte de cette activité mentale, nous emprunterons à la psychologie cognitive les cinq types de compréhension interprétative selon Jean-François Richard et les utiliserons, à titre d’exemple, pour décrire les schémas de réception écrite en langue étrangère de l’allusion littéraire dans la presse. En effet, ce support discursif nous a paru très rentable dans l’exercice de la capacité à interpréter une langue étrangère car il se prête aisément à un classement didactique des expériences intertextuelles de l’apprenti interprétant de FLE en fonction du type de construction que l’on veut solliciter chez lui. Il n’est pas non plus étranger à l’enjeu exigeant, dans l’apprentissage des langues aujourd’hui, d’une formation aux Humanités, propre à encourager la mobilisation d’un savoir, servant ici à décrypter une allusion, exemple à la fois de langage pensé et de pensée du langage.