<p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif">La recherche en éducation et en formation actuelle est principalement disciplinaire. Des thématiques identiques sont étudiées sous l’angle de la pédagogie, la psychologie, la sociologie, la philosophie, etc. <span style="color:black">Cumulative, cette multiplicité des regards peut se réduire, voire se réduit le plus souvent à un empilement empirique. Ce dernier, ne permettant pas une compréhension systémique (Lapointe, 1993), freine l’accès à une compréhension globale, spécifique à une approche phénoménologique. </span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif">Dans le cadre d’une recherche exploratoire, les trois auteur·e·s souhaitent éprouver l’interdisciplinarité en étudiant conjointement les verbatims de neuf focus group menés avec des enseignant·e·s des degrés primaires, secondaires et de l’enseignement spécialisé des trois cantons de Berne, du Jura et de Neuchâtel (Suisse), ayant partagé leur vision et leurs pratiques de l’inclusion scolaire. Issus des sciences de l’éducation, de l’histoire et la sociolinguistique et de l’anthropologie culturelle, les trois auteur·e·s posent l’inclusion comme objet interprétatif partagé (Star, 2010).</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif">L’anthropologie considère que les objets n’existent que par les actions réalisées par les actrices et acteurs à leur égard. En travaillant sur et avec les composantes de ces objets, il est possible d’inférer les propriétés de l’objet lui-même. Travailler de manière interdisciplinaire sur l’inclusion en tant qu’objet vise, d’une part, la construction de savoirs sur l’ensemble des composantes reconnues par les actrices et acteurs et, d’autre part, d’en identifier de nouvelles, dans leurs relations et leur articulation. L’inclusion devient un objet-frontière (Trompette & Vinck, 2010), inscrit dans une réalité institutionnelle dont la structure organisationnelle permet une approche multiscalaire. <span style="color:black">Cette complémentarité des échelles permise par le triple ancrage disciplinaire des auteur·e·s fait de l’inclusion un sujet de préoccupation mutuel puisque chaque actrice et acteur scientifique, subjectivement et disciplinairement (pédagogique, symbolique, culturel), a besoin de l’expérience des deux autres pour alimenter sa compréhension de la manière dont les individus perçoivent et interprètent l’inclusion scolaire. </span>Cette acculturation réciproque permet de douter pour faire émerger un questionnement commun et renforcer les significations partagées. La coopération interdisciplinaire offre une plus-value au niveau des connaissances tant scientifiques que praxéologiques. La frontière sur laquelle se joue la collaboration constitue de surcroît une source d’apprentissage, à la fois collective dans la coordination de l’activité et la réflexion sur les pratiques, et individuelle par transfert, traduction et transformation des savoirs partagés. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif">Cette contribution souhaite aborder le volet méthodologique de cette recherche exploratoire interdisciplinaire mise au service d’une approche ontologique du phénomène de l’inclusion en milieu scolaire. Si dans les sciences physiques, l’approche ontologique est distincte du discours et s’attache à l’étude des faits bruts, l’inclusion relève du fait culturel et son ancrage en sciences sociales nous oblige à avoir recours à la médiation du langage (Derycke & Dutrait, 2007). Dépendante des descriptions, des pratiques et de la reconnaissance qu’on lui porte au sein d’une communauté, la compréhension de l’enseignement à visée inclusive repose sur les représentations individuelles et collectives. Si la psychologie piagétienne fait de la notion de “représentation” un processus dynamique, l’anthropologie la place à l’articulation de l’individuel et du social, mais également à l’articulation de trois domaines d’investigation que sont la connaissance, la valeur et l’action (Laplantine, 2003). En s’intéressant aux représentations individuelles des enseignant·e·s, il est possible de saisir les construits socio-professionnels en circulation au sujet de l’inclusion, c’est-à-dire les potentielles réponses collectivement apportées à la problématique partagée de la prise en charge de l’élève jugé différent. Chaque fois que des actrices et acteurs partagent ces typifications de la réalité, ils l’institutionnalisent et lui attribuent plusieurs niveaux de légitimation : terminologique, théorique, sociale et, enfin symbolique. En l’absence de prescriptions partagées sur une pratique enseignante à visée inclusive, l’analyse discursive des définitions de l’inclusion données par les enseignant·e·s constitue un matériau précieux pour comprendre les fondements des pratiques et dégager les normes implicites qui fondent de véritables cultures, qu’elles soient curriculaire, institutionnelle ou professionnelle. Pour appréhender cette réalité, les auteur·e·s se basent sur l’expérience et les perceptions des actrices et acteurs qui ne participent jamais à la fixation de l’inclusion au niveau sociopolitique, mais sont convié·e·s à être expert·e·s de la pratique de l’inclusion. Cette approche inédite représente un défi de taille afin que l’issue de ce projet ne se réduise pas à un empilement de connaissances, mais parvienne à une connaissance nouvelle dont les dimensions ne sont pas déductibles des spécificités disciplinaires préalables.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif">Sur la base d’une description de la méthode envisagée, cette contribution cherche à étayer les enjeux et les risques d’une reliance appliquée au service de la complexité et de l’intégrité scientifique.</span></span></span></p>
<p><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><b>Bibliographie</b></span></span></span></p>
<p><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif">Derycke, M., & Dutrait, F. (2008). « Sur le statut « ontologique » de certains concepts: discussion avec Laurence Kaufmann », <i>Langage & société</i>, (4), 107-122.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif">Lapointe, J. (1993). L'approche systémique et la technologie de l'éducation. Repéré à <a href="http://yves.noblet.free.fr/Files/Other/DOCUMENTATION/Divers/Approche%20systemique%20de%20la%20technologie%20de%20l%20education.pdf"><span style="color:#1155cc">http://yves.noblet.free.fr/Files/Other/DOCUMENTATION/Divers/Approche%20systemique%20de%20la%20technologie%20de%20l%20education.pdf</span></a></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif">Laplantine, F. (2003). « Anthropologie des systèmes de représentations de la maladie : de quelques recherches menées dans la France contemporaine réexaminées à la lumière d'une expérience brésilienne », <i>Les représentations sociales</i>, Vol. 7, Presses Universitaires de France : pp. 295-318.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif">Star, S.L. (2010). « Ceci n'est pas un objet-frontière : Réflexions sur l'origine d'un concept », <i>Revue d'anthropologie des connaissances</i>, vol 4, 1(1), 18-35. doi :10.3917/rac.009.0018.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Arial, sans-serif">Trompette, P. & Vinck, D. (2010). « Retour sur la notion d'objet-frontière (2) : Fécondité de la notion dans l'analyse écologique des objets innovants », <i>Revue d'anthropologie des connaissances</i>, vol 4, 1(1), 11-15. doi :10.3917/rac.009.0011.</span></span></span></p>