François Taddei nous offre au travers de son ouvrage intitulé « Et si nous <a name="_Hlk104654865">? Comment relever ensemble les défis du XXIème siècle ?», </a>publié chez Calmann-Lévy en 2022, une véritable ode à l’espoir, organisée en trois volets et articulée sur la construction collective d’un futur possible, fondé sur le partage. Partage d’idées, partage de projets.   François Taddei, chercheur biologiste en génétique moléculaire, polytechnicien et Directeur du Centre de Recherches Interdisciplinaires, devenu le « Learning Planet Institute », s’inscrit dans le développement de l’intelligence collective. Sollicité par le Ministère de l’Education Nationale pour mener à bien une consultation axée sur l’innovation dans le champ de l’apprentissage, disponible sur le site dédié<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[1]</a>, François Taddei a poursuivi ensuite ses recherches dans cet axe. Cette réflexion sur le « penser collectif » fait écho aux questionnements contemporains qui affleurent depuis quelques années dans ce domaine : comment améliorer la qualité et les modalités des apprentissages ? Quels dispositifs mettre en &oelig;uvre afin de mieux « vivre ensemble » ? Comment s’extraire de la logique individualiste et travailler pour le bien commun ?   Le titre de l’ouvrage s’appuie sur une double interrogation. D’une part, la formulation de la première partie du titre, composée d’une question dont le verbe se fait absent, laisse précisément en suspens un kaléidoscope de possibles compléments. Les champs du possible sont ainsi évoqués par le biais de la conjonction « si », suivie d’un point d’interrogation invitant ainsi au rêve. Le pronom personnel « nous » implique immédiatement le lecteur en le plongeant au c&oelig;ur de cette réflexion immersive, en l’incitant à proposer des réponses à cette question volontairement évasive. D’emblée, le titre engage le lecteur dans ce cheminement de la pensée collective. « Comment relever les défis du XXIème siècle ? », telle est la question qui nous concerne tous, à la fois d’un point de vue philosophique, sociologique ou encore éducatif. La notion de « collectif » est inscrite au c&oelig;ur de cette entreprise qui offre une chaleureuse invitation à la réflexion. L’auteur place ainsi son &oelig;uvre, en exergue, sous l’égide de Pierre Curie, de John Lennon et de Margaret Mead, inscrivant sa réflexion sous le signe de l’espoir.   François Taddei nous invite ici à dessiner avec lui des mondes possibles, des mondes nouveaux, au long d’une &oelig;uvre construite en triptyque. L’auteur procède de façon méthodique au travers de cette réflexion : il dresse d’abord un bilan puis propose des pistes d’amélioration au lecteur.    Nous nous proposons ainsi de mettre en perspective le projet de l’auteur et les enjeux portés par celui-ci, au travers de ce recueil.   I. La fin d’une époque. II. Penser collectif. <a name="_Hlk104824317">III. Intelligence collective et créativité au service d’un futur </a><a name="_Hlk105077033">axé sur l’espoir</a>. <a name="_Hlk105078908">IV. Le Numérique au service du collectif</a><a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[2]</a>.   I. La fin d’une époque      D’emblée, le chercheur affirme cet état de fait : le COVID-19 a bouleversé nos vies, nous projetant dans une ère nouvelle où l’inconnu semble flirter avec le danger, nous laissant brutalement en proie à de nouvelles craintes, brisant soudain le glacis de nos vies bien réglées. Le cours de notre existence s’est en effet heurté à l’apparition d’une pandémie, prévisible certes, mais à laquelle l’homme contemporain, l’anthropocène, n’osait imaginer véritablement.   François Taddei met ensuite en exergue la résilience dont nous avons su faire preuve en tentant de nous adapter tant bien que vaille, en trouvant des solutions au maintien des activités tant économiques qu’éducatives, en inventant des vaccins collectivement.   Le chercheur montre par conséquent qu’il est fondamental de repenser l’habitat afin d’éviter l’expansion des épidémies. En établissant ainsi des constats autour de nos prises de conscience récentes, le chercheur espère par conséquent de véritables réactions. Par le biais de cette crise sanitaire, il postule que nous avons en été projetés soudain dans une ère de vulnérabilité que nous avons préféré oublier, mais dont nous avons peu à peu creusé les sillons, au rythme des constructions hasardeuses, de l’affaissement des secteurs économiques essentiels comme la Santé, en oblitérant ainsi le care.   François Taddei réaffirme également la nécessité absolue de penser l’avenir par le vecteur de l’éducation. En imaginant le futur par le soin accordé aux enfants, en accompagnant les jeunes par la mise en place de droits visant à les protéger, dans la perspective d’un avenir plus doux, d’un futur plus heureux.     La fin d’une époque, certes. La naissance d’une ère pleine de promesses, aussi :  mais surtout rendue envisageable par la pensée collective.   II. Penser collectif.     Dans son second volet, le chercheur invite à « prendre conscience<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[3]</a>», en s’attachant à mettre en perspective la « double crise<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[4]</a> », à la fois « psychiatrique et sociale<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[5]</a>» qui nous touche. L’auteur observe, dans un premier temps les dégâts provoqués par la défiance (la lutte contre le « pass » sanitaire, la vaccination) mais aussi par la violence générée par les réseaux sociaux.   Pour François Taddei, cet état de fait n’est cependant pas immuable : il est en effet contrebalancé par la nécessité des interactions humaines, rendues impossibles par les divers confinements, mais devenues impérieuses à l’issue de ceux-ci. « Multiplier les interactions sociales rend heureux<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[6]</a> », souligne l’auteur en illustrant ainsi la quête du bonheur, poursuivie par les concitoyens. Cette quête pourrait trouver, selon lui, sa résolution dans le développement plus ténu du lien social, et c’est que l’auteur cherche précisément à instiguer en invitant à la « conscience d’un soi collectif <a href="#_ftn7" name="_ftnref7" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[7]</a>» par le biais de cet ouvrage.   Par ailleurs, le chercheur perçoit la crise générée par l’apparition du Covid-19 comme un « révélateur », opérant sur nos vies, tout particulièrement sur notre rapport au travail. Afin d’améliorer ce dernier, François Taddei suggère de penser « collectif » : plusieurs possibilités sont ensuite décrites par l’auteur comme le recours aux méthodes japonaises à l’instar de « l’igikai ». En invitant à changer de posture, à penser la société comme une « grande famille », et en remontant aux premiers récits des origines, le chercheur réaffirme la notion de fraternité, fondamentale, imprimée en nous depuis toujours. Il justifie ainsi la nécessité de sa méthode, en « pensant » collectif : « Les grands récits mythiques ou religieux qui racontent notre histoire commune, structurés autour de l’idée de famille, font ainsi écho à des mécanismes biologiques primitifs<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[8]</a>».   Le chercheur indique ainsi combien la crise contemporaine a renforcé un axe positif : nos compétences à « vivre ensemble », à « penser collectif » : « Pour le meilleur et pour le pire, notre solidarité et notre interdépendance sont plus fortes qu’elles n’ont jamais été <a href="#_ftn9" name="_ftnref9" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[9]</a>».   III.  Intelligence collective et créativité au service d’un futur axé sur l’espoir.    Dans un troisième volet, le chercheur émet un certain nombre de préconisations : afin de viser l’intelligence collective, il est nécessaire d’abord de se méfier des manipulations d’algorithmes qui régulent nos vies sur Internet et de rester vigilent quant à l’évolution des intelligences artificielles.   François Taddei préconise également de miser sur l’enseignement afin de mieux résister aux aléas de l’existence : il propose ainsi de repenser nos universités françaises en les concevant comme de véritables laboratoires innovants : « Si elles savent se réinventer en concevant, de manière collaborative leur campus, leurs cours, leurs manières de faire de la recherche et leurs diplômes avec les étudiants et la société civile, elles peuvent être les fers de lance des transformations de l’intelligence, de l’action et de la décision collective<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[10]</a> ».   Afin de mieux s’adapter à l’évolution du monde, le chercheur suggère de développer notamment la créativité. En détaillant le modèle d’universités pionnières comme Arizona Tate University, classée université « la plus compétitive des Etats-Unis <a href="#_ftn11" name="_ftnref11" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[11]</a>», il démontre les intérêts que la société française pourrait trouver en ce type de fonctionnement innovant.   Le chercheur invite également à porter cette réflexion sur l’intelligence collective au niveau des médias en misant sur la qualité des informations transmises au public, en se méfiant des dangers véhiculés par les « fake news ». Il donne ainsi ce conseil : « (…) Formons les futurs lecteurs, dès l’école, à identifier ces informations, les sources fiables et les mensonges éhontés d’acteurs peu scrupuleux et d’algorithmes maximisant davantage la recherche du profit que celle de la vérité<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[12]</a>. »     François Taddei propose également de recourir aux fondations afin de développer l’intelligence collective, en illustrant cette idée par l’exemple de Wikipédia, site encyclopédique nourri par des textes de millions de bénévoles. En passant par des stratégies collectives, le chercheur pense en effet qu’il sera plus facile de : « (Ré)aligner les intérêts du public, de l’intelligence collective et de l’intelligence artificielle, des systèmes éducatifs, et celles et ceux qui y travaillent, des média publics et privés et de leurs salariés <a href="#_ftn13" name="_ftnref13" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[13]</a>».     François Taddei, qui réaffirme ses liens avec Edgar Morin et Condorcet, déclare avec beaucoup de justesse : « Cette nouvelle étape de développement est porteuse d’autant de périls que de promesses<a href="#_ftn14" name="_ftnref14" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[14]</a> ».           Le chercheur montre ainsi combien il apparaît nécessaire de réajuster les choses et de miser sur l’intelligence collective pour envisager notre entrée dans ce nouveau millénaire de la façon la plus sereine possible.     IV.         <a name="_Hlk105078948">Le Numérique au service du collectif</a>.                  Alors, comment pouvons-nous relever plus encore les « défis du XXIème siècle » ?    Peut-être en commençant par mettre en &oelig;uvre nos projets en rejoignant la plateforme dédiée : <a href="https://etsinous.learningplanetinstitute.org" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://etsinous.learningplanetinstitute.org</a>.   Dans cet espace collaboratif, initié par François Taddei, chaque porteur d’idées et de projets est invité à être force de propositions. En livrant cet ouvrage de réflexion sur la société contemporaine, François Taddei nous offre également un ouvrage « à réalité augmentée » : par le biais d’un flashcode, chaque lecteur peut aisément rejoindre la plateforme et participer à sa mesure. Le chercheur dresse ainsi un bilan de notre société et invite à imaginer le monde du futur au travers d’une vision optimiste et génératrice d’espoir, par le biais du collectif. Nous conclurons sur cette formule de François Taddei, en espérant avec lui que cette dynamique en insuffle d’autres : « C'est dans la nature humaine de coopérer et d'inventer des solutions<a href="#_ftn15" name="_ftnref15" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[15]</a>»     <div>  <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[1]</a> Site : <a href="https://www.apprendredemain.fr/" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://www.apprendredemain.fr/</a>   </div> <div id="ftn2"> <a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[2]</a> Site :<a name="_Hlk105078989"> </a><a href="https://etsinous.learningplanetinstitute.org/?pg=1639561430706x448598264888688640" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://etsinous.learningplanetinstitute.org/?pg=1639561430706x448598264888688640</a>   </div> <div id="ftn3"> <a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[3]</a> TADDEI François, Et si nous ? Comment relever ensemble les défis du XXIème siècle ? », p 97, Calman-Lévy, 2021, La Flèche. </div> <div id="ftn4"> <a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[4]</a> Ibid, p 100. </div> <div id="ftn5"> <a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[5]</a> Ibid, p 100. </div> <div id="ftn6"> <a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[6]</a> Ibid, p 102 </div> <div id="ftn7"> <a href="#_ftnref7" name="_ftn7" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[7]</a> Ibid, p 103 </div> <div id="ftn8"> <a href="#_ftnref8" name="_ftn8" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[8]</a> TADDEI François, Et si nous ? Comment relever les défis du XXIème siècle ? p 114, Editions Calman-Lévy, 2022. </div> <div id="ftn9"> <a href="#_ftnref9" name="_ftn9" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[9]</a> Ibid, p 120. </div> <div id="ftn10"> <a href="#_ftnref10" name="_ftn10" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[10]</a> Ibid, p 166. </div> <div id="ftn11"> <a href="#_ftnref11" name="_ftn11" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[11]</a> Ibid, p 168. </div> <div id="ftn12"> <a href="#_ftnref12" name="_ftn12" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[12]</a> Ibid, p 170 </div> <div id="ftn13"> <a href="#_ftnref13" name="_ftn13" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[13]</a> Ibid, p 175 </div> <div id="ftn14"> <a href="#_ftnref14" name="_ftn14" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[14]</a> Ibid, p 188 </div> <div id="ftn15"> <a href="#_ftnref15" name="_ftn15" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="">[15]</a> Site : <a href="https://etsinous.learningplanetinstitute.org/" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://etsinous.learningplanetinstitute.org/</a>   </div> </div>