<p>Article</p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:38px"><span style="line-height:100%">Malgr&eacute; son statut <font color="#000000">ambigu, personne ne peut nier la place importante du fran&ccedil;ais dans l&rsquo;architecture linguistique mais aussi dans</font> les usages des langues au Maroc. Pourtant une baisse de niveau de ma&icirc;trise de la langue fran&ccedil;aise &agrave; l&rsquo;&eacute;cole marocaine publique est devenue une r&eacute;alit&eacute; observable et quasi-g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e dans tout le royaume, notamment chez les &eacute;l&egrave;ves de l&rsquo;&eacute;cole primaire publique des quartiers populaires et des zones rurales. Dans un contexte o&ugrave; l&rsquo;&eacute;cole marocaine souffre d&rsquo;une crise linguistique et fait l&rsquo;objet d&rsquo;une succession de r&eacute;formes sans atteindre les objectifs escompt&eacute;s, notre article, mettra le point sur l&rsquo;importance de la prise en compte du contexte sociolinguistique de l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve marocain, de ses pratiques langagi&egrave;res effectives et de ses repr&eacute;sentations sociales dans l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais afin de limiter les facteurs d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; linguistique. On tentera de traiter de la particularit&eacute; d&rsquo;enseigner le fran&ccedil;ais &agrave; l&rsquo;&eacute;cole primaire publique, lorsque dans les pratiques quotidiennes circulent d&rsquo;autres langues et des formes &laquo;&nbsp;interlectales&nbsp;&raquo; dont les emprunts lexicaux, le calque, l&rsquo;alternance codique sont des indices.</span></p> <h1 class="western">1 Le fran&ccedil;ais dans le contexte sociolinguistique marocain&nbsp;</h1> <p class="western" style="text-indent:0cm; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Le fran&ccedil;ais au Maroc est l&rsquo;h&eacute;ritage de la p&eacute;riode coloniale de 1912 &agrave; 1956. Apr&egrave;s son ind&eacute;pendance, le Maroc s&rsquo;est trouv&eacute; face &agrave; un grand d&eacute;fi national&nbsp;: la gestion de cet h&eacute;ritage linguistique colonial. La langue fran&ccedil;aise avait le quasi-monopole des &eacute;changes dans l&rsquo;administration, l&rsquo;enseignement et l&rsquo;&eacute;conomie. Face &agrave; cela, et dans l&rsquo;intention de garantir l&rsquo;unit&eacute; nationale du pays, le Maroc a men&eacute; une politique d&rsquo;arabisation (Benzakour &amp; al, 2000). Ainsi des textes officiels ont instaur&eacute; le monolinguisme du pays, et la langue arabe dans sa forme standard est devenue la langue officielle du Maroc. Le fran&ccedil;ais est devenu une langue &eacute;trang&egrave;re.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Malgr&eacute; ce statut, la langue fran&ccedil;aise est omnipr&eacute;sente dans l&rsquo;espace marocain avec une diff&eacute;rence importante entre l&rsquo;espace urbain et l&rsquo;espace rural. Cette francophonie est observable dans les rues, les commerces, les administrations, les entreprises, les restaurants, les transports, la publicit&eacute;... <span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">Dans les repr&eacute;sentations sociales des Marocains, la maitrise de la langue fran&ccedil;aise est intimement li&eacute;e &agrave; un rang social plus &eacute;lev&eacute; et m&ecirc;me la cl&eacute; de la r&eacute;ussite. </span></span>Consid&eacute;r&eacute; comme symbole de la culture europ&eacute;enne, de la modernit&eacute; et d&rsquo;ouverture sur le monde occidental, les savoirs et les technologies, le fran&ccedil;ais est l&rsquo;instrument de la promotion sociale et langue du march&eacute; de l&rsquo;emploi marocain. En d&eacute;pit de la politique d&rsquo;arabisation men&eacute;e apr&egrave;s l&rsquo;ind&eacute;pendance, le fran&ccedil;ais a pu r&eacute;sister et garder son prestige sur le terrain marocain depuis plus d&rsquo;un si&egrave;cle. M&ecirc;me s&rsquo;il est quasi-indispensable pour la r&eacute;ussite professionnelle et la promotion sociale, le fran&ccedil;ais ne jouit pas d&rsquo;un statut de droit. </span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">La langue fran&ccedil;aise est toujours consid&eacute;r&eacute;e comme une garantie pour l&rsquo;employabilit&eacute;, en plus du fait qu&rsquo;elle demeure une langue &eacute;trang&egrave;re qui permet l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la science et &agrave; la technologie. En fait, la maitrise du fran&ccedil;ais est indispensable, &agrave; la poursuite d&rsquo;&eacute;tudes sup&eacute;rieures comme pour l&rsquo;acc&egrave;s au march&eacute; d&rsquo;emploi. L&rsquo;ensemble des grandes &eacute;coles sup&eacute;rieures telles que les &eacute;coles de commerce et de gestion, les &eacute;coles d&rsquo;ing&eacute;nieurs et les facult&eacute;s de m&eacute;decine utilisent la langue fran&ccedil;aise comme langue d&rsquo;enseignement. La maitrise du fran&ccedil;ais est aussi importante pour d&rsquo;autres &eacute;l&egrave;ves qui souhaitent poursuivre leurs &eacute;tudes &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger et particuli&egrave;rement en France o&ugrave; le plus grand nombre d&rsquo;&eacute;tudiants &eacute;trangers est d&rsquo;origine marocaine. </span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">En d&eacute;pit de la concurrence de l&rsquo;anglais et sa pr&eacute;sence croissante au sein du milieu socio-&eacute;conomique et professionnel au Maroc, la langue fran&ccedil;aise reste la langue largement utilis&eacute;e en milieu professionnel qualifi&eacute;. Plusieurs facteurs ont contribu&eacute; &agrave; cet &eacute;tat de fait. De l&rsquo;ouverture des march&eacute;s aux accords commerciaux avec les pays de l&rsquo;union europ&eacute;enne en passant par l&rsquo;implantation des investissements &eacute;trangers sur la terre marocaine, le fran&ccedil;ais a pu d&eacute;crocher sa place de langue interm&eacute;diaire et de langue de l&rsquo;&eacute;conomie. Finalement, le fran&ccedil;ais au Maroc est une langue de statut de droit qualifi&eacute; d&rsquo; &laquo;&nbsp;&eacute;trang&egrave;re&nbsp;&raquo;, alors qu&rsquo;il est la langue de la promotion sociale.</span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Comme toutes les autres langues vivantes, les langues qui partagent l&rsquo;espace sociolinguistique au Maroc sont en interaction continue entre elles. Cette dynamique linguistique r&eacute;agit par et &agrave; travers les usages polyfonctionnels que font les locuteurs de ces langues. Plusieurs ph&eacute;nom&egrave;nes linguistiques sont issus de cette tectonique des plaques linguistiques tels que l&rsquo;alternance codique, les emprunts, la cr&eacute;ativit&eacute; lexicale, en somme la variation. La pr&eacute;sence de la langue fran&ccedil;aise dans le panorama multilingue marocain implique &eacute;videmment des contacts ou m&ecirc;me des conflits avec d&rsquo;autres langues en usage. (Benzakour &amp; al, 2000). Elle est toujours en concurrence avec les langues locales notamment la langue arabe. Plusieurs langues nationales et &eacute;trang&egrave;res sont concomitamment utilis&eacute;es au Maroc. Le contexte sociolinguistique marocain se caract&eacute;rise donc par la diversit&eacute; des langues qui n&rsquo;est pas sans influence sur les pratiques et attitudes des locuteurs. Le contact qui existe in&eacute;vitablement entre les langues entra&icirc;ne diff&eacute;rents ph&eacute;nom&egrave;nes tels que la diglossie, le code-switching, l&rsquo;emprunt lexical et les formes interlectales.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">&laquo;&nbsp;<i>La langue fran&ccedil;aise emprunte diff&eacute;rents sentiers &agrave; travers le monde. Dans son expansion hors de France, cette langue s&rsquo;est trouv&eacute;e en contact avec d&rsquo;autres langues qui l&rsquo;ont enrichie et modifi&eacute;e. Aujourd&rsquo;hui, &laquo; la francophonie est multiple dans ses mots, dans ses accents, dans ses fa&ccedil;ons de dire les r&eacute;alit&eacute;s &raquo;. Le fran&ccedil;ais se renouvelle, se r&eacute;invente et n&rsquo;h&eacute;site plus &agrave; transgresser les r&egrave;gles. Les mutations que conna&icirc;t cette langue &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle de l&rsquo;espace francophone sont particuli&egrave;rement visibles dans les pays du Sud, essentiellement en Afrique&nbsp;</i>&raquo;. (OIF, 2019&nbsp;: 71)</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">En pratique, dans les usages effectifs des Marocains, plusieurs vari&eacute;t&eacute;s de langues surgissent et se m&eacute;langent. En arabe dialectal, nous trouvons un usage abondant des mots d&rsquo;origine fran&ccedil;aise tels que [</span><span style="text-decoration:none"><i>tabla</i></span><span style="text-decoration:none">] &laquo; table &raquo;, [</span><span style="text-decoration:none"><i>busta</i></span><span style="text-decoration:none">] &laquo; poste &raquo;, [</span><span style="text-decoration:none"><i>lotel</i></span><span style="text-decoration:none">] &laquo; l&rsquo;h&ocirc;tel &raquo;, [</span><span style="text-decoration:none"><i>ʃaf</i></span><span style="text-decoration:none">] &laquo;&nbsp;chef&nbsp;&raquo;, etc., qui sont tellement int&eacute;gr&eacute;s dans la langue arabe que les locuteurs ne sont pas conscients qu&rsquo;il s&rsquo;ag&icirc;t de mots fran&ccedil;ais. Ces cr&eacute;ations de mots et ces manipulations des mots d&rsquo;origine fran&ccedil;aise sont tr&egrave;s utilis&eacute;es dans l&rsquo;arabe dialectal. </span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">Selon l&rsquo;OIF, &laquo;&nbsp;le fran&ccedil;ais au Maroc est sp&eacute;cifique &agrave; un territoire de l&rsquo;espace francophone&nbsp;&raquo;. Cette relation a &eacute;t&eacute; d&eacute;crite par le terme arabo-francophonie, terme cr&eacute;&eacute; en 1983 par St&eacute;lio Farandjis, qui analyse et s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; l&rsquo;&eacute;troite interp&eacute;n&eacute;tration, imbrication, chevauchement et coexistence, m&eacute;lange et symbiose du fran&ccedil;ais avec l&#39;arabe. </span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">&laquo; </span><span style="text-decoration:none"><i>Sur ce sujet, certes, les avis peuvent diverger&nbsp;: le fran&ccedil;ais du Maroc, qui a ses sp&eacute;cificit&eacute;s lexicales et prosodiques, constitue-t-il, par exemple, une &laquo;&nbsp;vari&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo; au sens o&ugrave; on peut l&rsquo;entendre pour le fran&ccedil;ais de l&rsquo;Afrique subsaharienne&nbsp;?</i></span><span style="text-decoration:none">&nbsp;&raquo; (Bourdereau, 2006&nbsp;: 33)</span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">La sp&eacute;cificit&eacute; de la langue fran&ccedil;aise pr&eacute;sente dans le quotidien de tous les Marocains, m&ecirc;me si elle n&rsquo;est ni langue officielle ni langue premi&egrave;re d&rsquo;enseignement, r&eacute;side dans sa co-interaction avec les autres langues qui composent la mosa&iuml;que sociolinguistique marocaine. Ainsi, le fran&ccedil;ais au Maroc est truff&eacute; de mots emprunts de l&rsquo;arabe classique ou dialectal notamment dans le domaine religieux et culturel (Benzakour &amp; al, 2000). Cette influence est r&eacute;ciproque. La langue arabe dialectale ou la </span><span style="text-decoration:none"><i>darija</i></span><span style="text-decoration:none"> est enrichie par l&rsquo;emploi de mots d&rsquo;origine fran&ccedil;aise prenant une forme morphosyntaxique du syst&egrave;me linguistique arabe. </span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">Plusieurs facteurs sont &agrave; l&rsquo;origine de la variation du fran&ccedil;ais h&eacute;rit&eacute; de la p&eacute;riode coloniale&nbsp;: la politique linguistique men&eacute;e apr&egrave;s l&rsquo;ind&eacute;pendance notamment l&rsquo;arabisation, les facteurs sociaux et sociolinguistiques, l&rsquo;apparition du ph&eacute;nom&egrave;ne d&rsquo;alternance codique sous toutes ses formes devient une nouvelle forme de communication et l&rsquo;identit&eacute; linguistique des jeunes marocains (Benzakour&nbsp;: 2008).</span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">Dans ce contexte sociolinguistique mouvement&eacute; se dressent des vari&eacute;t&eacute;s de fran&ccedil;ais englobant &laquo;&nbsp;la moins raffin&eacute;e&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;la plus pratiqu&eacute;e et utilis&eacute;e&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;la plus soign&eacute;e&nbsp;&raquo;. Une des recherches men&eacute;es dans ce domaine de la variation du fran&ccedil;ais au Maroc est celle de la linguiste Fouzia Benzakour. Dans ses ouvrages, elle pr&eacute;cise que &laquo;&nbsp;</span><span style="text-decoration:none"><i>le fran&ccedil;ais n&rsquo;a pu continuer &agrave; exister en ancienne terre coloniale qu&rsquo;en se fragmentant en de multiples usages, diversement ma&icirc;tris&eacute;s et v&eacute;cus</i></span><span style="text-decoration:none">&nbsp;&raquo; (Benzakour, 2012). D&rsquo;apr&egrave;s les &eacute;tudes faites par cette chercheuse, l&rsquo;usage du fran&ccedil;ais au Maroc refl&egrave;te trois grandes vari&eacute;t&eacute;s du fran&ccedil;ais&nbsp;: le fran&ccedil;ais basilectal, le fran&ccedil;ais &eacute;litaire et le fran&ccedil;ais m&eacute;solectal. </span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">En somme, le fran&ccedil;ais et les langues marocaines, plus particuli&egrave;rement l&rsquo;arabe dialectal et standard, ont un impact r&eacute;ciproque. En fait, le fran&ccedil;ais au Maroc s&rsquo;est enrichi par l&rsquo;int&eacute;gration d&rsquo;emprunts &agrave; l&rsquo;arabe classique et dialectal, et par la cr&eacute;ation de n&eacute;ologismes lexicaux. </span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">&laquo;&nbsp;</span><span style="text-decoration:none"><i>Le fran&ccedil;ais fait ainsi partie des langues qui peuvent &ecirc;tre regard&eacute;es comme des laboratoires pour l&rsquo;&eacute;tude des langues et des effets de leur contact, avec une large gamme de ph&eacute;nom&egrave;nes&nbsp;: cohabitation plus ou moins harmonieuse avec d&rsquo;autres langues, emprunts &agrave; des langues indo-europ&eacute;ennes ou non, cr&eacute;olisations, &eacute;mergence de codes hybrides ou de langues mixtes plus ou moins stabilis&eacute;s</i></span><span style="text-decoration:none">&nbsp;&raquo; (Gadet &amp; Ludwig, 2015&nbsp;: 2)</span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:9px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">La litt&eacute;rature marocaine en langue fran&ccedil;aise et la litt&eacute;rature maghr&eacute;bine donne &agrave; voir un grand champ d&rsquo;int&eacute;gration de ces n&eacute;ologismes. On peut parler de sp&eacute;cificit&eacute;s lexicales du fran&ccedil;ais au Maroc dont les principaux champs s&eacute;mantiques sont la religion, la culture populaire, l&rsquo;art culinaire, les v&ecirc;tements, les m&eacute;tiers, la politique et le commerce. </span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:9px; margin-bottom:8px"><br /> &nbsp;</p> <h1 class="western" style="margin-top:9px">2 Le fran&ccedil;ais dans l&rsquo;enseignement primaire&nbsp;public</h1> <p class="western" style="text-indent:0cm; margin-top:9px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Le Maroc, est parmi les acteurs importants de la Francophonie compte tenu du fait que la langue fran&ccedil;aise est pratiqu&eacute;e par pr&egrave;s du tiers de la population (OIF, 2019). Mais depuis plus de trois d&eacute;cennies, l&rsquo;&eacute;cole publique marocaine, conna&icirc;t une crise notamment sur le plan de l&rsquo;enseignement des langues &eacute;trang&egrave;res et le fran&ccedil;ais en premier lieu. Pour rem&eacute;dier &agrave; cette situation, plusieurs r&eacute;formes se sont succ&eacute;d&eacute;es, mais sans atteindre les objectifs escompt&eacute;s.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">&laquo;&nbsp;<i>La lenteur normative et les d&eacute;ficits accumul&eacute;s, qui ont r&eacute;sist&eacute; aux r&eacute;formes successives, sont autant de facteurs qui freinent l&rsquo;enclenchement du changement. Ce qui implique que la crise de l&rsquo;&eacute;ducation, parce qu&rsquo;elle compromet l&rsquo;avenir des g&eacute;n&eacute;rations et le devenir du pays, est une crise structurelle et morale qui interpelle la Nation. Cette crise est manifeste &agrave; travers le niveau faible des acquis des &eacute;l&egrave;ves et leur inadaptation aux besoins actuels et futurs du pays et du march&eacute; du travail, et par les valeurs v&eacute;hicul&eacute;es par l&rsquo;Ecole.</i>&raquo; (CSEFRS, 2018&nbsp;: 3).</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">L&rsquo;&eacute;cole marocaine est loin d&rsquo;&ecirc;tre un ascenseur social. Le rapport &eacute;tabli par l&rsquo;Instance Nationale d&rsquo;&Eacute;valuation, relatif &agrave; &laquo; la mise en &oelig;uvre de la Charte Nationale d&rsquo;&eacute;ducation, de formation et de recherche scientifique 2000 &ndash; 2013 : les acquis, les d&eacute;ficits et les d&eacute;fis &raquo;, a relev&eacute; diff&eacute;rents probl&egrave;mes et les nombreux dysfonctionnements. Cette &eacute;cole primaire publique est &laquo;&nbsp;<i>interpel&eacute;e pour un examen de conscience objectif&nbsp;par la plus Haute Autorit&eacute; de l&rsquo;&Eacute;tat et par la nation toute enti&egrave;re</i>&nbsp;&raquo;, annonce le Conseil sup&eacute;rieur de l&rsquo;&eacute;ducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS).</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Cette situation catastrophique de l&rsquo;&eacute;ducation au Maroc n&rsquo;est pas une nouveaut&eacute;. Selon le rapport de l&rsquo;UNESCO en la mati&egrave;re, publi&eacute; en 2014, le Maroc fait partie des 21 pays les moins avanc&eacute;s en termes de scolarisation. Il est class&eacute; 143<sup>&egrave;me</sup> parmi 164 pays au total. Tous les rapports r&eacute;alis&eacute;s par le Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation Nationale au Maroc con&ccedil;oivent l&rsquo;enseignement des langues, et du fran&ccedil;ais plus sp&eacute;cifiquement, comme une des probl&eacute;matiques transversales du syst&egrave;me &eacute;ducatif marocain (MEN, 2012). Le fait est qu&rsquo;on constate un accroissement des difficult&eacute;s rencontr&eacute;es par les &eacute;l&egrave;ves issus de l&rsquo;enseignement public.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">L&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais, en tant que premi&egrave;re langue &eacute;trang&egrave;re, occupe une place prioritaire dans les r&eacute;formes successives de l&rsquo;enseignement au Maroc. L&rsquo;actuelle r&eacute;forme de l&rsquo;&eacute;ducation nationale, appel&eacute;e &laquo; Vision strat&eacute;gique 2015-2030&nbsp;&raquo;, a introduit le fran&ccedil;ais d&egrave;s la premi&egrave;re ann&eacute;e du primaire comme langue enseign&eacute;e et comme langue d&rsquo;enseignement au coll&egrave;ge et au lyc&eacute;e notamment pour les mati&egrave;res scientifiques. Langue de l&rsquo;&eacute;conomie marocaine, des administrations et de l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur, elle est aujourd&rsquo;hui au c&oelig;ur des d&eacute;bats pour son statut par rapport aux autres langues marocaines et &eacute;trang&egrave;res particuli&egrave;rement l&rsquo;anglais, les probl&egrave;mes li&eacute;s &agrave; son enseignement/apprentissage et les r&eacute;formes qu&rsquo;a connues le syst&egrave;me scolaire marocain.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">La question de l&rsquo;enseignement de la langue fran&ccedil;aise au sein de l&rsquo;&eacute;cole marocaine rev&ecirc;t une importance capitale dans toutes les r&eacute;formes scolaires. En effet, il est impossible de d&eacute;velopper l&rsquo;enseignement primaire au Maroc sans la mise en place d&rsquo;une strat&eacute;gie pour faire face &agrave; la crise que connait la langue fran&ccedil;aise depuis plus de trois d&eacute;cennies. Pour ce faire, le syst&egrave;me &eacute;ducatif vise toujours &agrave; relancer les r&eacute;formes afin de promouvoir l&rsquo;enseignement/apprentissage de cette langue &eacute;trang&egrave;re.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Nombreuses sont les &eacute;tudes men&eacute;es autour de la situation sociolinguistique au Maroc. Ces travaux sont unanimes quant &agrave; sa complexit&eacute;, et quant &agrave; l&rsquo;&eacute;cart qui existe entre les textes officiels et les pratiques sociales en ce qui concerne l&rsquo;usage des langues. Jusqu&rsquo;en 2011, l&rsquo;arabe standard &eacute;tait la seule langue nationale et officielle du Royaume. Alors que, dans le m&ecirc;me temps, les pratiques sociales, quant &agrave; elles montrent un &laquo; <i>plurilinguisme de fait</i>&raquo; avec l&rsquo;usage de trois ensembles linguistiques : l&rsquo;arabe, l&rsquo;amazigh et le fran&ccedil;ais (Messaoudi, 2013).</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">L&rsquo;histoire sociolinguistique du Maroc depuis le protectorat de 1912 jusqu&rsquo;&agrave; aujourd&rsquo;hui se r&eacute;sume en deux grandes phases : la francisation sous le protectorat fran&ccedil;ais et puis l&rsquo;arabisation apr&egrave;s l&rsquo;ind&eacute;pendance. Globalement, au Maroc, les langues se r&eacute;partissent en deux groupes majeurs de langue&nbsp;:</span></p> <p class="western" style="text-indent:0cm; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">&bull; Langues maternelles&nbsp;: elles englobent la&nbsp;<i>darija&nbsp;</i>et l&rsquo;amazigh avec ses trois vari&eacute;t&eacute;s.<br /> &bull; Langues d&#39;enseignement : ce sont principalement l&#39;arabe classique, le fran&ccedil;ais, l&rsquo;anglais et l&rsquo;espagnol.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Personne ne peut nier que l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais constitue le point faible de l&rsquo;&eacute;cole publique marocaine. Malgr&eacute; les r&eacute;formes, le niveau des &eacute;l&egrave;ves en premi&egrave;re langue &eacute;trang&egrave;re est toujours en baisse.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Toutes ces donn&eacute;es nous m&egrave;nent &agrave; proposer l&rsquo;hypoth&egrave;se suivante&nbsp;: les &eacute;l&egrave;ves ruraux et ceux issus des quartiers populaires &eacute;prouvent d&rsquo;&eacute;normes difficult&eacute;s &agrave; apprendre le fran&ccedil;ais, probablement, parce que, d&rsquo;une part, ils ne l&rsquo;utilisent que rarement et irr&eacute;guli&egrave;rement, dans sa forme standard, en dehors de l&rsquo;&eacute;cole et, d&rsquo;autre part, parce que l&rsquo;enseignement &agrave; l&rsquo;&eacute;cole ne tient pas compte de la r&eacute;alit&eacute; des pratiques langagi&egrave;res des &eacute;l&egrave;ves qui int&egrave;gre des formes interlectales.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">G&eacute;n&eacute;ralement, les d&eacute;marches p&eacute;dagogiques adopt&eacute;es par les enseignants sont traditionnelles. En fait, au moment o&ugrave; l&rsquo;enseignement de la langue fran&ccedil;aise doit b&eacute;n&eacute;ficier d&rsquo;une approche sp&eacute;cifique, la majorit&eacute; des enseignants adopte des d&eacute;marches p&eacute;dagogiques magistrales. A l&rsquo;&eacute;cole, on enseigne le fran&ccedil;ais standard. Les enseignants de fran&ccedil;ais consacrent la quasi-totalit&eacute; des s&eacute;ances &agrave; l&rsquo;apprentissage de la grammaire et la lecture. Les pratiques des enseignants sont bas&eacute;es sur l&rsquo;apprentissage par m&eacute;morisation et la monopolisation de la parole o&ugrave; l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve demeure un r&eacute;cepteur.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><i>&laquo; Il est vrai que pour la grande majorit&eacute; des enfants marocains qui d&eacute;butent le fran</i><i>&ccedil;ais, </i><i>&agrave; l&rsquo;&acirc;ge de 8 ans, le fran</i><i>&ccedil;</i><i>ais est bien une langue &eacute;</i><i>trang</i><i>&egrave;re. Mais cette approche n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; toujours concluante, pour au moins deux raisons&nbsp;: tout d&rsquo;abord parce que les enseignants ne sont nullement form&eacute;s &agrave; l&rsquo;enseignement du FLE, et perp&eacute;tuent, quel que soit l&rsquo;habillage didactique, des m&eacute;thodes tr&egrave;s magistrales, privil&eacute;giant le plus souvent les apprentissages grammaticaux et les approches purement notionnelles&nbsp;; ensuite parce que les apprentissages de type FLE r&eacute;</i><i>pondent </i><i>&agrave; des besoins langagiers et communicatifs qui ne sont pas&nbsp;toujours prioritaires ou pertinents pour des &eacute;l&egrave;ves qui, assez vite, seront amen&eacute;s &agrave; utiliser le fran</i><i>&ccedil;</i><i>ais comme langue des &eacute;tudes et du travail.</i> (Bourdereau, 2006 :&nbsp;30)</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">En somme, l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais dans les &eacute;tablissements scolaires marocains favorise la ma&icirc;trise d&rsquo;une langue r&eacute;serv&eacute;e au cadre scolaire sans prendre en consid&eacute;ration la r&eacute;alit&eacute; des pratiques langagi&egrave;res quotidiennes.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Malgr&eacute; ce statut privil&eacute;gi&eacute; de &laquo; premi&egrave;re langue &eacute;trang&egrave;re &raquo; obligatoire dans le syst&egrave;me scolaire marocain, une baisse du niveau de sa ma&icirc;trise &agrave; l&rsquo;&eacute;cole marocaine publique est devenue une r&eacute;alit&eacute; observable et quasi-g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e dans tout le royaume. Les r&eacute;sultats des enqu&ecirc;tes r&eacute;alis&eacute;es par les organisations nationales et internationales vont effectivement dans ce sens. Le th&egrave;me de la crise de l&rsquo;&eacute;cole et plus pr&eacute;cis&eacute;ment de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais au Maroc est un d&eacute;bat r&eacute;current.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Cette question de l&rsquo;enseignement de la langue fran&ccedil;aise au sein de l&rsquo;&eacute;cole marocaine rev&ecirc;t une importance capitale dans toutes les r&eacute;formes scolaires. En effet, il est impossible de d&eacute;velopper un programme d&rsquo;enseignement primaire au Maroc sans la mise en place d&rsquo;une strat&eacute;gie pour faire face &agrave; la crise que connait la langue fran&ccedil;aise depuis plus de trois d&eacute;cennies.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">En d&eacute;pit des chantiers de mise &agrave; niveau et des nombreuses r&eacute;formes entreprises par le minist&egrave;re de tutelle, cette crise perdure. Cette faiblesse est l&#39;une des causes de la perte de confiance des Marocains en leur &eacute;cole et de la <i>prolif&eacute;ration</i> des &eacute;tablissements scolaires d&rsquo;enseignement priv&eacute; dans les grandes villes.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Nombre de Marocains, &agrave; tout prix, mettent leurs enfants dans des &eacute;tablissements d&rsquo;enseignement priv&eacute; pour garantir un meilleur apprentissage du fran&ccedil;ais et/ou l&rsquo;anglais au d&eacute;triment de l&rsquo;arabe. Il est flagrant de constater que la majorit&eacute; des enseignants dans les &eacute;tablissements publics (cela d&eacute;pend de la ville de r&eacute;sidence), inscrivent leurs enfants dans des &eacute;coles d&rsquo;enseignement priv&eacute; pour les m&ecirc;mes objectifs. La ma&icirc;trise du fran&ccedil;ais au d&eacute;triment des langues premi&egrave;res, pour garantir l&rsquo;avenir est le leitmotiv des familles. Parfois, ces m&ecirc;mes familles sont fi&egrave;res que l&rsquo;enfant parle mieux le fran&ccedil;ais que l&rsquo;arabe (standard ou dialectal). Malheureusement, l&rsquo;&eacute;cole publique a &eacute;chou&eacute; &agrave; mettre fin &agrave; cette tendance et la perte de confiance dans l&rsquo;institution scolaire publique est devenue la norme dans la soci&eacute;t&eacute; marocaine.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">Toutes ces conditions ont des r&eacute;percussions sur l&rsquo;&eacute;quilibre soci&eacute;tal : l&rsquo;&eacute;chec scolaire, les in&eacute;galit&eacute;s scolaires et sociales, les discriminations linguistiques, le ch&ocirc;mage, l&rsquo;immigration&hellip;.</span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">L&rsquo;observation des pratiques enseignantes en classe et le discours des enseignants r&eacute;v&egrave;lent que, bien que les instructions officielles sugg&egrave;rent une &eacute;volution des m&eacute;thodes, le poids des repr&eacute;sentations contraint &agrave; un enseignement reposant sur une hi&eacute;rarchisation cloisonnante des langues qui conditionne in&eacute;vitablement la place des &eacute;l&egrave;ves et de leurs comp&eacute;tences dans l&rsquo;interaction p&eacute;dagogique. Il n&rsquo;y a pas de reconnaissance du &laquo;&nbsp;d&eacute;j&agrave; l&agrave;&nbsp;&raquo; en tant qu&rsquo;il s&rsquo;agit de comp&eacute;tences valables bien que les &eacute;l&egrave;ves baignent dans un environnement qui les familiarise avec le fran&ccedil;ais. Ils sont expos&eacute;s &agrave; cette langue que ce soit par les m&eacute;dias, dans la rue, avec les affiches publicitaires, ou encore sur presque tous les emballages des produits, et r&eacute;cemment en utilisant les t&eacute;l&eacute;phones portables et internet. </span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">Malgr&eacute; l&rsquo;accumulation de cours de grammaire, de conjugaison et d&rsquo;orthographe durant le parcours &agrave; l&rsquo;&eacute;cole primaire, les Marocains sont unanimes quant &agrave; l&rsquo;inefficacit&eacute; de l&rsquo;enseignement au regard de la comp&eacute;tence de communication en fran&ccedil;ais des &eacute;l&egrave;ves. On peut avancer qu&rsquo;une des sources du probl&egrave;me, comme on a pu le voir, r&eacute;side dans l&rsquo;absence d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t pour la comp&eacute;tence sociolinguistique, avec tout ce que cela suppose d&rsquo;acceptation de la variation, au profit d&rsquo;un enseignement centr&eacute; exclusivement sur la comp&eacute;tence linguistique.</span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">Depuis l&rsquo;ind&eacute;pendance et jusqu&rsquo;aux ann&eacute;es 1980, l&rsquo;&eacute;cole publique marocaine &eacute;tait un terreau fertile qui a fait &eacute;clore des &eacute;l&egrave;ves comp&eacute;tents et &laquo;&nbsp;performants&nbsp;&raquo;&nbsp;notamment en langue fran&ccedil;aise. Mais aujourd&rsquo;hui, elle souffre de probl&egrave;mes structuraux. Tout cela nous pousse &agrave; dire que les r&eacute;formes de l&rsquo;enseignement au Maroc ont &eacute;chou&eacute;, et nous faisons l&rsquo;hypoth&egrave;se que cela est le fruit d&rsquo;un enseignement &eacute;galitaire. Nous entendons par l&agrave; que l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais, plut&ocirc;t que de s&rsquo;adapter &agrave; la r&eacute;alit&eacute; socioculturelle/sociolinguistique des &eacute;l&egrave;ves, quel que soit leur milieu, contribue &agrave; dessiner un paysage social align&eacute; sur des consid&eacute;rations &eacute;conomiques.</span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><br /> &nbsp;</p> <h1 class="western">3<span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none"> Le fran&ccedil;ais au Maroc&nbsp;: une langue &laquo;&nbsp;pas vraiment &eacute;trang&egrave;re&nbsp;&raquo;</span></span></h1> <p class="western" style="text-indent:0cm; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">&laquo;&nbsp;<i>L&rsquo;indiff&eacute;rence de l&rsquo;institution aux langues de la maison masque la crise qui peut r&eacute;sulter, pour l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve, sinon de la perte, tout au moins de la non-reconnaissance de sa langue maternelle, de l&rsquo;obligation de parler une langue qui n&rsquo;est ni tout &agrave; fait la sienne ni tout &agrave; fait une langue &eacute;trang&egrave;re.</i> &raquo; (Bertucci, 2008&nbsp;: 22)</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Nous empruntons &agrave; Bertucci l&rsquo;id&eacute;e de &laquo;&nbsp;langue pas tout &agrave; fait &eacute;trang&egrave;re&nbsp;&raquo; &agrave; laquelle nous attribuons une charge notionnelle&nbsp;: bien que les &eacute;tiquettes ne manquent pas pour cat&eacute;goriser les langues que rencontrent les locuteurs (&laquo;&nbsp;langue maternelle&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;langue seconde&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;langue &eacute;trang&egrave;re &raquo; &hellip;), elles ne font que soutenir une repr&eacute;sentation des langues cloisonnante, qui ne refl&egrave;te pas ce qui se passe naturellement lorsque les langues sont en contact. Dans les situations de plurilinguisme reconnu (le cas du Maroc par exemple), la langue enseign&eacute;e dans sa forme standard, si elle n&rsquo;est pas celle parl&eacute;e dans le quotidien des &eacute;l&egrave;ves, n&rsquo;est cependant pas &eacute;trang&egrave;re puisqu&rsquo;elle circule dans leur environnement. Pourtant, la terminologie scolaire ne permet pas d&rsquo;envisager que les langues puissent ne pas &laquo;&nbsp;tout &agrave; fait &ecirc;tre &eacute;trang&egrave;res&nbsp;&raquo;, ce qui constitue une barri&egrave;re entre l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve et la langue &agrave; apprendre. C&rsquo;est ce que nous trouvons exprim&eacute; chez V&eacute;ronique Castellotti (2011 : 120) en soulignant qu&rsquo; &laquo;&eacute;tranger &raquo; renvoie &agrave; la diff&eacute;rence et aux fronti&egrave;res entre un &laquo; natif &raquo; et un &laquo; non-natif &raquo; et &agrave; la sup&eacute;riorit&eacute; et la l&eacute;gitimit&eacute; du premier. Sachant, qu&rsquo;une m&ecirc;me langue peut avoir des fonctions diff&eacute;rentes pour le locuteur ou selon le contexte o&ugrave; elle est pratiqu&eacute;e, comme elle peut changer de statut tout au long de la vie de l&rsquo;individu.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">&laquo;&nbsp;<i>La qualit&eacute; d&rsquo;&eacute;tranger renvoie en effet &agrave; une dimension d&rsquo;ext&eacute;riorit&eacute; (marqu&eacute;e par la notion de fronti&egrave;re, qui &quot;cr&eacute;e&quot; l&rsquo;&eacute;tranger), de diff&eacute;rence plus ou moins r&eacute;ductible. Le risque est grand de craindre de ne jamais pouvoir s&rsquo;approprier cette langue, cat&eacute;goris&eacute;e comme &quot;&eacute;trang&egrave;re&quot; par ceux qui se consid&egrave;rent comme ses &quot;propri&eacute;taires&quot; l&eacute;gitimes et qui p&eacute;rennisent la repr&eacute;sentation puriste d&rsquo;une langue difficile, qui serait particuli&egrave;rement &quot;claire&quot; et &quot;riche&quot;, dans la lign&eacute;e de l&rsquo;id&eacute;ologie promue par Rivarol au XVIIIe si&egrave;cle. </i>&raquo; (Castellotti, 2011 : 4)</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Partant de la d&eacute;finition d&rsquo;une &laquo;&nbsp;langue pas vraiment &eacute;trang&egrave;re&nbsp;&raquo; en tant qu&rsquo;elle serait une langue enseign&eacute;e bien que pr&eacute;sente dans l&rsquo;environnement des locuteurs avec plus ou moins d&rsquo;effets du contact avec la langue ordinaire des locuteurs dans les pratiques, il n&rsquo;y a pas lieu de cantonner son application aux seuls territoires reconnus comme plurilingues.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">L&rsquo;absence de prise en compte de la perm&eacute;abilit&eacute; des langues (et, plus largement, des cultures), dans ce cas aussi, conduit &agrave; cat&eacute;goriser les locuteurs. Bien que dans un cas la vision cloisonn&eacute;e des langues conduit &agrave; ne pas voir la proximit&eacute; des pratiques des &eacute;l&egrave;ves avec la langue enseign&eacute;e et que, dans l&rsquo;autre cas, au contraire, on envisage d&rsquo;embl&eacute;e cette proximit&eacute;, les deux situations ont en commun de ne pas tenir compte des r&eacute;alit&eacute;s sociolinguistiques donc identitaires.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Les travaux contemporains en didactique des langues, notamment repris dans le CECRL, montrent pourtant l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t, voire la n&eacute;cessit&eacute;, sur le plan p&eacute;dagogique comme sur le plan identitaire de consid&eacute;rer l&rsquo;enseignement des langues dans une logique horizontale et cumulative qui devrait favoriser la prise d&rsquo;appui sur le &laquo;&nbsp;d&eacute;j&agrave; l&agrave;&nbsp;&raquo;&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;<i>Il ne s&rsquo;agit plus simplement d&rsquo;acqu&eacute;rir la &laquo; ma&icirc;trise &raquo; d&rsquo;une, deux, voire m&ecirc;me trois langues, chacune de son c&ocirc;t&eacute;, avec le &laquo; locuteur natif id&eacute;al &raquo; comme ultime mod&egrave;le. Le but est de d&eacute;velopper un r&eacute;pertoire langagier dans lequel toutes les capacit&eacute;s linguistiques trouvent leur place</i>.&nbsp;&raquo; (Conseil de l&#39;Europe, 2001&nbsp;: 11)</span></p> <p class="western" style="margin-top:9px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">On peut ainsi faire l&rsquo;hypoth&egrave;se qu&rsquo;une prise en compte raisonnable et raisonn&eacute;e du &laquo;&nbsp;d&eacute;j&agrave; l&agrave;&nbsp;&raquo;, qui serait reconnue, permettrait une meilleure adaptation des enseignements et de leur cons&eacute;quence sur la construction identitaire des &eacute;l&egrave;ves. Dans le pr&eacute;sent travail, il s&rsquo;agit notamment de montrer comment l&rsquo;observation du &laquo;&nbsp;d&eacute;j&agrave; l&agrave;&nbsp;&raquo; manifest&eacute; dans des usages hybrides des langues, peut apporter des pistes pour enseigner le fran&ccedil;ais au Maroc. Nous tentons ainsi de proposer un aspect de ce que pourrait &ecirc;tre un enseignement inclusif, dans une approche interculturelle. Nous nous appuyons sur les emprunts lexicaux pour montrer comment ils peuvent constituer une base pour une m&eacute;thode d&rsquo;enseignement de type interlinguistique.</span></p> <p class="western" style="margin-top:9px; margin-bottom:8px"><br /> &nbsp;</p> <h1 class="western" style="margin-top:9px">4 Un enseignement inclusif du fran&ccedil;ais langue &laquo;&nbsp;pas vraiment &eacute;trang&egrave;re&nbsp;&raquo;</h1> <p class="western" style="text-indent:0cm; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><a name="_Toc81149096"></a><a name="_Toc81246175"></a><a name="_Toc82713412"></a><a name="_Toc82714712"></a> L&rsquo;observation des pratiques langagi&egrave;res des &eacute;l&egrave;ves de l&rsquo;&eacute;cole primaire publique au Maroc montre l&rsquo;existence des indices du contact du fran&ccedil;ais et de l&rsquo;arabe dialectal. Ce dernier, langue premi&egrave;re des &eacute;l&egrave;ves, est impr&eacute;gn&eacute; d&rsquo;emprunts lexicaux au fran&ccedil;ais. Les extraits suivants sont issus d&rsquo;un corpus r&eacute;alis&eacute; &agrave; partir d&rsquo;enregistrements dans des &eacute;coles primaires marocaines. Les mots mis en gras sont des emprunts au fran&ccedil;ais&nbsp;utilis&eacute;s couramment dans l&rsquo;arabe dialectal et repris dans les productions orales des &eacute;l&egrave;ves des &eacute;coles investigu&eacute;es:</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">- R&eacute;da&nbsp;: Bis, euh bis. Un <i><b>camio</b></i>,</span></p> <p class="western" style="margin-left:19px; text-indent:0cm; margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">- Aya&nbsp;: Je vois sur l&#39;image un fille une fille et un papa et une maman et une tapis euh et le le lit et la fen&ecirc;tre, la <i><b>t&eacute;l&eacute;fision</b></i> et les livres et les des livres.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">- Imane&nbsp;: Le <i><b>bolice</b></i> euh Le police le derecteur</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Ces emprunts lexicaux peuvent le point de d&eacute;part d&rsquo;une mobilisation du &laquo;&nbsp;d&eacute;j&agrave;-l&agrave;&nbsp;&raquo; pour l&rsquo;apprentissage lexical, phon&eacute;tique et syntaxique du fran&ccedil;ais en suivant le processus d&rsquo;int&eacute;gration de ces emprunts dans la langue arabe dialectale et les modifications qu&rsquo;il s ont subies.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Dans ce sens, une m&eacute;thode d&rsquo;enseignement des langues de type interlinguistique est en fait une application de l&rsquo;approche interculturelle &agrave; l&rsquo;enseignement des langues &laquo;&nbsp;pas vraiment &eacute;trang&egrave;res&nbsp;&raquo;. Elle mobilise le r&eacute;pertoire langagier compos&eacute; de l&rsquo;arabe et du fran&ccedil;ais mais aussi de leurs formes hybrides, en s&#39;appuyant sur l&#39;exp&eacute;rience linguistique du locuteur/&eacute;l&egrave;ve. Les ressources linguistiques et culturelles des &eacute;l&egrave;ves, issues du contact de ces deux langues, sont reconnues et mises en &oelig;uvre en classe de langue. C&rsquo;est ainsi qu&rsquo;on peut valoriser le passage d&rsquo;une langue &agrave; une autre tout en exploitant les productions langagi&egrave;res hybrides des &eacute;l&egrave;ves, dans une perspective didactique, pour leur r&ocirc;le de m&eacute;diateur d&rsquo;acquisition d&rsquo;une langue &laquo;&nbsp;pas vraiment &eacute;trang&egrave;re&nbsp;&raquo;. Ce type d&rsquo;enseignement tend &agrave; limiter les facteurs d&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; linguistique chez l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve de l&rsquo;&eacute;cole publique dans une m&eacute;thode dite interlinguistique.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Dans le contexte francophone, d&rsquo;une mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, o&ugrave; le fran&ccedil;ais est en cohabitation avec d&rsquo;autres langues qui ne sont pas linguistiquement et typologiquement apparent&eacute;es, il est possible de trouver des espaces entre ces langues pour pratiquer une intercompr&eacute;hension. Ce ph&eacute;nom&egrave;ne est fort observable quand il y a un voisinage sociolinguistique entre des langues telles que l&rsquo;arabe et le fran&ccedil;ais au Maroc. Le fran&ccedil;ais &laquo;&nbsp;populaire&nbsp;&raquo; au Maroc, porteur de traces des deux langues en l&rsquo;occurrence l&rsquo;arabe dialectal et le fran&ccedil;ais, parl&eacute; et &eacute;crit par les apprenants marocains des &eacute;coles primaires publiques est un outil de communication qui les accompagne dans tout leur parcours scolaire et/ou professionnel. Ce fran&ccedil;ais est manifestement porteur d&rsquo;emprunts lexicaux &agrave; l&rsquo;arabe dialectal, de calques et d&rsquo; &laquo;&nbsp;erreurs&nbsp;&raquo; issues des interf&eacute;rences avec la langue maternelle. Il s&rsquo;agit de la forme du fran&ccedil;ais la plus utilis&eacute;e par les locuteurs de la communaut&eacute; marocaine des quartiers populaires et des zones rurales. Ce fran&ccedil;ais populaire est caract&eacute;ris&eacute; aussi par sa simplicit&eacute; syntaxique et lexicale. Les apprenants emploient des phrases &agrave; des structures syntaxiques simples et l&rsquo;absence d&rsquo;usage des pronoms relatifs, des pronoms possessifs, de la voix passive, des subordonn&eacute;es relatives... Pour autant, ce constat ne doit pas &ecirc;tre un argument, pourtant commun&eacute;ment partag&eacute;, pour d&eacute;valoriser cette forme langagi&egrave;re et donc les locuteurs. Rappelons que la langue anglaise est, notamment par rapport &agrave; une langue comme le fran&ccedil;ais, une langue syntaxiquement &laquo;&nbsp;simple&nbsp;&raquo; tout en occupant le haut de l&rsquo;&eacute;chelle qui structure le march&eacute; linguistique (Bourdieu, 1982).</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">&laquo;&nbsp;<i>II est courant de consid&eacute;rer certaines manifestations de langue comme plus simples que d&#39;autres, quand elles sont pratiqu&eacute;es par des locuteurs que l&rsquo;on consid&egrave;re eux-m&ecirc;mes comme incapables de complexit&eacute; : les enfants, les &quot;primitifs&quot; (langues africaines, patois, cr&eacute;oles), les &eacute;trangers en situation d&#39;apprentissage (tant qu&#39;ils parlent &quot;petit n&egrave;gre&quot;). C&#39;est fr&eacute;quemment aussi ce qui est suppos&eacute; de l&#39;usage que les classes populaires font de la langue commune, selon un st&eacute;r&eacute;otype spontan&eacute; mettant en rapport &quot;peuple&quot; et &quot;simple&quot;</i>&nbsp;&raquo;. (Gadet, 1991 : 63)</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Certes, la m&eacute;thode d&rsquo;enseignement des langues de type interlinguistique a un enjeu cognitif et didactique en permettant la m&eacute;diation entre la langue premi&egrave;re et la langue cible, mais elle a aussi une vis&eacute;e d&rsquo;ordre social en tant qu&rsquo;elle permet la l&eacute;gitimit&eacute; de formes de langue donc de locuteurs.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Cette approche est bas&eacute;e sur un fondement sociolinguistique o&ugrave; le contact de deux langues ne constitue pas une menace au purisme de la langue &agrave; apprendre mais un moyen ou une strat&eacute;gie de l&rsquo;apprendre. Il se peut que cette m&eacute;thode d&eacute;clenche plus d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t pour l&rsquo;apprentissage en suscitant la motivation de l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve&nbsp;:</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">&laquo;&nbsp;<i>La d&eacute;marche interculturelle est aussi un moteur pour les &eacute;l&egrave;ves. Elle suscite l&#39;int&eacute;r&ecirc;t car elle centre l&#39;attention sur les &eacute;l&egrave;ves, leurs connaissances, leurs exp&eacute;riences des langues et des cultures. Elle favorise donc l&#39;envie de s&#39;exprimer. La situation de classe peut alors devenir un cadre d&#39;&eacute;changes, ph&eacute;nom&egrave;ne qui diversifie les types d&#39;interactions (non seulement enseignant &eacute;l&egrave;ves mais aussi &eacute;l&egrave;ves entre eux). L&#39;acte communicatif devient plus naturel en raison de l&#39;implication des participants</i>&nbsp;&raquo; (Auger, 2004 : 13)</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">En somme, une approche interlinguistique repose sur des activit&eacute;s d&rsquo;enseignement/apprentissage impliquant la diversit&eacute; linguistique et culturelle des &eacute;l&egrave;ves dans une vision non cloisonnante et horizontale des langues, c&rsquo;est-&agrave;-dire en rupture avec une conception unilingue des langues.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Dans ce sens, l&rsquo;approche interlinguistique met l&rsquo;accent sur une vision complexe et compl&eacute;mentaire des langues et de leurs interactions dynamiques tout en reconnaissant l&rsquo;influence des langues entre elles (Coste &amp; al, 1997). Dans ce m&ecirc;me ordre d&rsquo;id&eacute;es, elle admet la compl&eacute;mentarit&eacute; des langues et des apprentissages, et leurs interd&eacute;pendances et valorise les ressources langagi&egrave;res et interculturelles des &eacute;l&egrave;ves. Pour aboutir &agrave; ces objectifs, cet enseignement interlinguistique n&eacute;cessite&nbsp;:</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">- Une mobilisation des connaissances et des ressources pluriculturelles et langagi&egrave;res des &eacute;l&egrave;ves au lieu de les rejeter ou les stigmatiser. (Coste &amp; al, 1997)</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">- Une sensibilisation, une promotion et un rep&eacute;rage des&nbsp;points de convergence&nbsp;via l&rsquo;&eacute;tude des emprunts lexicaux afin de d&eacute;couvrir les effets des contacts et des dynamiques des langues. (Candelier &amp; al, 2012).</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">- L&rsquo;abandon de la conception &laquo; cloisonnante &raquo; de la / des comp&eacute;tence(s) des individus en mati&egrave;re de langues et de cultures, et la contestation de la notion des langues comme discr&egrave;tes et s&eacute;par&eacute;es. Cet abandon qui d&eacute;coule logiquement de la fa&ccedil;on dont la comp&eacute;tence plurilingue et pluriculturelle est con&ccedil;ue par le Cadre europ&eacute;en commun de r&eacute;f&eacute;rence pour les langues : cette comp&eacute;tence ne consiste pas en une collection de comp&eacute;tences &agrave; communiquer distinctes et s&eacute;par&eacute;es suivant les langues, mais bien en une comp&eacute;tence plurilingue et pluriculturelle qui englobe l&rsquo;ensemble du r&eacute;pertoire langagier &agrave; disposition (Conseil de l&rsquo;Europe, 2001 : 129 ; cf. aussi, d&eacute;j&agrave;, Coste &amp; al, 1997).</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">- Cr&eacute;er des transversalit&eacute;s entre les langues (&eacute;trang&egrave;res et/ou premi&egrave;res ou d&rsquo;origine) pour tenir compte du caract&egrave;re intrins&egrave;quement plurilingue des &eacute;l&egrave;ves des deux contextes.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%">Partant, on peut revoir la conception classique envers &laquo;&nbsp;l&rsquo;erreur&nbsp;&raquo; dans l&rsquo;enseignement des langues &laquo;&nbsp;pas vraiment &eacute;trang&egrave;res&nbsp;&raquo;, si on veut adopter ce genre de m&eacute;thodes d&rsquo;enseignement. En effet, en contexte scolaire, on se concentre plus sur les erreurs et les fautes sans voir ce qu&rsquo;il y a d&eacute;j&agrave; de positif&nbsp;: les effets du contact ne sont plus des erreurs mais des &eacute;tapes d&rsquo;apprentissage &agrave; d&eacute;velopper. En effet, si on parle de ma&icirc;trise de langue, on ne parle pas de ma&icirc;trise totale d&egrave;s le d&eacute;part.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none"><i>&laquo;&nbsp;La production ne doit jamais &ecirc;tre stigmatis&eacute;e, interdite ou corrig&eacute;e sur le moule, &laquo; ne dis pas mais dis &raquo;. Il faut revenir sur l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; : &laquo; tu as dit XXX, nous comprenons &agrave; peu pr&egrave;s, y a-t-il d&rsquo;autres moyens de le dire ? Nous allons essayer ensemble &raquo;. Proposer alors plusieurs formes possibles et chercher la meilleure fa&ccedil;on de dire, compte tenu du contexte et de la volont&eacute; d&rsquo;obtenir tel ou tel r&eacute;sultat.&nbsp;&raquo; </i></span><span style="text-decoration:none">(Lebon-Eyquem, 2014&nbsp;: 60)</span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">Adapter une didactique du fran&ccedil;ais au contexte marocain doit passer d&rsquo;abord par la combinaison du travail du sociolinguiste et du didacticien. La didactique du fran&ccedil;ais au Maroc en tant que langue &laquo;&nbsp;pas vraiment &eacute;trang&egrave;re&nbsp;&raquo; est vivement invit&eacute;e &agrave; s&rsquo;ouvrir &agrave; la r&eacute;alit&eacute; sociolinguistique des pratiques langagi&egrave;res des &eacute;l&egrave;ves des deux contextes. </span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none"><i>&laquo;&nbsp;[&hellip;] notre approche sociodidactique comme une didactique articul&eacute;e aux contextes, ou &agrave; m&ecirc;me de s&rsquo;articuler &agrave; la vari&eacute;t&eacute; des contextes dans leurs aspects politiques, institutionnels, socioculturels et sociolinguistiques d&rsquo;une part, mais aussi &agrave; la variation langagi&egrave;re, linguistique et sociale, aux vari&eacute;t&eacute;s interlectales et interdialectales, d&rsquo;autre part, et pour laquelle nous disions que &laquo; sociolinguistique scolaire et didactique du plurilinguisme sont deux champs qu&rsquo;il est absolument n&eacute;cessaire de convoquer de fa&ccedil;on concomitante&nbsp;&raquo; &raquo; </i></span><span style="text-decoration:none">(Cortier, 2009 : 110)</span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">La synergie entre sociolinguistique et didactique valorisera la langue et les formes langagi&egrave;res r&eacute;elles de l&rsquo;apprenant et les consid&eacute;rera comme un atout pour la construction des apprentissages linguistiques. Cette synergie entre sociolinguistique et didactique valorisera la langue et les formes langagi&egrave;res r&eacute;elles de l&rsquo;apprenant et les consid&eacute;rera comme un atout pour la construction des apprentissages linguistiques. Le r&ocirc;le de l&rsquo;enseignant est ainsi fondamental. En respectant le &laquo;&nbsp;d&eacute;j&agrave; l&agrave;&nbsp;&raquo; en classe, l&rsquo;enseignant encourage l&rsquo;apprenant &agrave; parler, &agrave; d&eacute;velopper ses comp&eacute;tences langagi&egrave;res et ses aptitudes en fran&ccedil;ais, en choisissant la forme linguistique la plus appropri&eacute;e et la plus efficace dans la situation de communication. </span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">Nous pouvons dire que le fran&ccedil;ais au Maroc a une place importante aux c&ocirc;t&eacute;s des autres langues nationales et locales. Pourtant son statut ambigu est source de plusieurs probl&egrave;mes &agrave; l&rsquo;&eacute;cole publique. En pr&eacute;sentant, quelques facettes du contexte sociolinguistique de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais &agrave; l&rsquo;&eacute;cole primaire, notamment dans les quartiers populaires et les zones rurales, nous avons vu que le discours scolaire au Maroc entretient et alimente les repr&eacute;sentations diglossiques par rapport aux langues. Ainsi, l&rsquo;&eacute;cole invalide la langue des &eacute;l&egrave;ves qui prend des formes interlectales et m&eacute;tiss&eacute;es. </span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">Ces repr&eacute;sentations emp&ecirc;chent de consid&eacute;rer que les productions des &eacute;l&egrave;ves ou m&ecirc;me des enseignants (productions m&eacute;tisses, rudimentaires) sont normales et ne sont pas condamnables. Autrement dit, les repr&eacute;sentations s&rsquo;opposent compl&egrave;tement &agrave; l&rsquo;id&eacute;e de la variation et de la dynamique des langues o&ugrave; on survalorise le fran&ccedil;ais standard.</span></span></span></p> <p align="justify" style="border:none; margin-bottom:13px; padding:0cm"><span style="line-height:100%"><span style="text-decoration:none"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><font face="Calibri, serif"><font size="2"><font style="font-size: 11pt"><font color="#000000"><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"><i>&laquo;&nbsp;Sur le plan linguistique, l&rsquo;id&eacute;ologie monolingue mononormative est si fortement h&eacute;g&eacute;monique, en France comme au Maghreb (et ailleurs mais pas partout), qu&rsquo;elle ne peut &ecirc;tre discut&eacute;e qu&rsquo;&agrave; la marge en suscitant en g&eacute;n&eacute;ral des incompr&eacute;hensions fortes (nous en avons fait l&rsquo;exp&eacute;rience !).&nbsp;&raquo; </i></font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">(Blanchet&nbsp;&amp;&nbsp;al, 2014&nbsp;: 289)</font></font></font></font></font></font></font></span></span></span></p> <p align="justify" style="border:none; text-indent:0cm; margin-bottom:13px; padding:0cm"><span style="line-height:100%"><span style="text-decoration:none"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><font face="Calibri, serif"><font size="2"><font style="font-size: 11pt"><font color="#000000"><font color="#000000"><font face="Arial, serif"><font size="4"><font style="font-size: 14pt"><b>Conclusion&nbsp; </b></font></font></font></font></font></font></font></font></span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:8px"><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><span style="text-decoration:none">Personne ne peut nier que l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais constitue une grande d&eacute;faillance de l&rsquo;&eacute;cole publique marocaine et une des probl&eacute;matiques transversales de l&rsquo;enseignement primaire au sup&eacute;rieur. En d&eacute;pit des chantiers de mise &agrave; niveau et des nombreuses r&eacute;formes entreprises par le minist&egrave;re de tutelle, cette crise de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais perdure. La faiblesse du niveau des &eacute;l&egrave;ves en fran&ccedil;ais est l&#39;une des causes de la perte de confiance des Marocains en leur &eacute;cole publique et de la prolif&eacute;ration des &eacute;tablissements scolaires d&rsquo;enseignement priv&eacute; dans les grandes villes, ce qui renforce les s&eacute;gr&eacute;gations sociales et touche ainsi au droit d&rsquo;&eacute;galit&eacute; des chances et d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation. </span></span></span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:4px"><span style="line-height:100%">Traiter la question de l&rsquo;enseignement de la langue fran&ccedil;aise &agrave; l&rsquo;&eacute;cole primaire marocaine publique ne peut se faire qu&rsquo;avec un &eacute;clairage sur les usages et les pratiques langagi&egrave;res effectives pour ne pas risquer de proposer des enseignements sans lien avec la r&eacute;alit&eacute; sociolinguistique de l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve marocain puisque les pratiques quotidiennes appellent l&rsquo;utilisation d&rsquo;autres langues et d&rsquo;autres formes du fran&ccedil;ais issues de sa dynamique et de ses contacts avec les autres langues.</span></p> <p class="western" style="margin-top:8px; margin-bottom:4px"><br /> &nbsp;</p> <p align="center" style="border:none; text-indent:0cm; margin-top:8px; margin-bottom:4px; padding:0cm"><span style="line-height:100%"><span style="text-decoration:none"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><font face="Calibri, serif"><font size="2"><font style="font-size: 11pt"><font color="#000000"><font color="#000000"><font face="Arial, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><b>R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques</b></font></font></font></font></font></font></font></font></span></span></span></p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm; margin-top:8px; margin-bottom:4px"><span style="line-height:100%"><font size="2"><font style="font-size: 9pt">Auger, N. (2004). <i>Comparons nos langues D&eacute;marche d&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais aupr&egrave;s d&rsquo;Enfants Nouvellement Arriv&eacute;s (ENA)</i>. CRDP Acad&eacute;mie de Montpellier &ndash; IUFM de Montpellier. </font></font></span></p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm"><span style="line-height:100%"><font size="2"><font style="font-size: 9pt">Benzakour, F. (2012). Le fran&ccedil;ais au Maroc. Une vari&eacute;t&eacute; occult&eacute;e en qu&ecirc;te de l&eacute;gitimit&eacute;. <i>Ponti/Ponts. Langues litt&eacute;ratures civilisations des Pays francophones</i>, <i>12</i>, 113‑131. </font></font></span></p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm"><span style="line-height:100%"><font size="2"><font style="font-size: 9pt">Benzakour, F., Gaadi, D., &amp; Queff&eacute;lec, A. (2000). <i>Le fran&ccedil;ais au Maroc : Lexique et contacts de langue</i> (1re &eacute;d). Bruxelles&nbsp;: Duculot.</font></font></span></p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm"><span style="line-height:100%"><font size="2"><font style="font-size: 9pt">Bertucci, M. (2007). Enseignement du fran&ccedil;ais et plurilinguisme. <i>Le fran&ccedil;ais aujourd&#39;hui, 156, </i>49-56.</font></font></span></p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm"><span style="line-height:100%"><font size="2"><font style="font-size: 9pt">Blanchet, P., Clerc, S., Rispail, M. (2014). R&eacute;duire l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; linguistique des &eacute;l&egrave;ves par une transposition didactique de la pluralit&eacute; sociolinguistique. <i>Ela. Etudes de linguistique appliqu&eacute;e</i>, <i>175 </i>(3), 283‑302.</font></font></span></p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm"><span style="line-height:100%"><font size="2"><font style="font-size: 9pt">Bourdereau, F. 2006, Politique linguistique, politique scolaire&nbsp;: la situation du Maroc. <i>Le fran&ccedil;ais aujourd&#39;hui, 154 (3),</i> 25-34. </font></font></span></p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm"><span style="line-height:100%"><font size="2"><font style="font-size: 9pt">Bourdieu, P. (1982). <i>Ce que parler veut dire : L&rsquo;&eacute;conomie des &eacute;changes linguistiques</i>. Paris&nbsp;: Fayard.</font></font></span></p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm"><span style="line-height:100%"><font size="2"><font style="font-size: 9pt">Candelier. M, depietro. J-F, facciol. R, lőrincz. I, pascual. X, (2012). <i>Cadre de R&eacute;f&eacute;rence pour les Approches Plurielles des Langues et des Cultures &ndash; Comp&eacute;tences et ressources</i>. Strasbourg&nbsp;: Conseil de l&rsquo;Europe.</font></font></span></p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm"><span style="line-height:100%"><font size="2"><font style="font-size: 9pt">Castellotti, V. (2011). Centrer, innover, diversifier ? Quelques paradoxes pour une &eacute;ducation &agrave; / par la d&eacute;centration. <i>Recherches en didactique des langues et des cultures. Les cahiers de l&rsquo;Acedle</i>, <i>8 (1),</i> Article 1. </font></font></span></p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm"><span style="line-height:100%"><font size="2"><font style="font-size: 9pt"><font color="#000000"><font face="Times New Roman, serif">Conseil de l&rsquo;Europe. (2001).&nbsp;</font></font><font color="#000000"><font face="Times New Roman, serif"><i>Cadre europ&eacute;en commun de r&eacute;f&eacute;rence pour les langues&nbsp;: apprendre, enseigner, &eacute;valuer.&nbsp;</i></font></font><font color="#000000"><font face="Times New Roman, serif">Paris&nbsp;: Didier.</font></font></font></font></span></p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm"><span style="line-height:100%"><font size="2"><font style="font-size: 9pt"><font color="#000000"><font face="Times New Roman, serif">Conseil sup&eacute;rieur l&rsquo;&eacute;ducation de la formation et de la recherche scientifique. (2018). </font></font><font color="#000000"><font face="Times New Roman, serif"><i>Une &eacute;cole de justice sociale, contribution &agrave; la r&eacute;flexion sur le mod&egrave;le de d&eacute;veloppement</i></font></font><font color="#000000"><font face="Times New Roman, serif">. Rabat&nbsp;: Csefrs.</font></font></font></font></span></p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm"><span style="line-height:100%"><font size="2"><font style="font-size: 9pt">Cortier, C. (2009). &nbsp;Propositions sociodidactiques face &agrave; la diversit&eacute; des contextes. Vers une didactique convergente des langues collat&eacute;rales et de proximit&eacute; : &eacute;ducation bi/plurilingue et projets interlinguistiques. <i>Synergies Italie</i>, <i>5</i>, 109-118. </font></font></span></p> <p lang="en-US" style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm"><span style="line-height:100%"><font size="2"><font style="font-size: 9pt">Coste, D. Moore, D. Zarate, G. (1997).&nbsp;<i>Comp&eacute;tence plurilingue et pluriculturelle. </i>Strasbourg&nbsp;: Conseil de l&rsquo;Europe.</font></font></span></p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm"><span style="line-height:100%"><font size="2"><font style="font-size: 9pt">Gadet, F. (1991). Simple, le fran&ccedil;ais populaire ? <i>Linx</i>, <i>25</i>(2), 63‑78. </font></font></span></p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm"><span style="line-height:100%"><font size="2"><font style="font-size: 9pt"><font face="Times New Roman, serif">Gadet, F., &amp; Ludwig, R. (2015). </font><font face="Times New Roman, serif"><i>Le fran&ccedil;ais au contact d&rsquo;autres langues</i></font><font face="Times New Roman, serif">. Paris : Ophrys.</font></font></font></span></p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm"><span style="line-height:100%"><font size="2"><font style="font-size: 9pt">Lebon-Eyquem, M. (2014). Comment adapter l&rsquo;enseignement &agrave; la variation linguistique r&eacute;unionnaise ? <i>Contextes et didactiques. Revue semestrielle en sciences de l&rsquo;&eacute;ducation</i>, <i>4</i>, Article 4. </font></font></span></p> <p style="text-indent:0cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm"><span style="line-height:100%"><font size="2"><font style="font-size: 9pt">Organisation Internationale De La Francophonie (&Eacute;d.). (2019). <i>La langue fran&ccedil;aise dans le monde, 2015-2018</i>. Paris&nbsp;: Gallimard. </font></font></span></p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm"><span style="line-height:100%"><font size="2"><font style="font-size: 9pt">Messaoudi, L. (2013). Les technolectes savants et ordinaires dans le jeu des langues au Maroc. <i>Langage et soci&eacute;t&eacute;</i>, <i>143, </i>65-83.</font></font></span></p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm"><span style="line-height:100%"><font size="2"><font style="font-size: 9pt">Prudent, L.-F. (1981). Diglossie et interlecte. <i>Langages</i>, <i>61</i>, 13‑38.</font></font></span></p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm">&nbsp;</p> <p style="margin-left:19px; text-indent:-0.5cm">&nbsp;</p>