<p style="text-align: right;"><q>How can we make any progress in the understanding of cultures, ancient or modern, if we persist in dividing what people join, and in joining what they keep apart?</q> (Hocard [1952] 1970: 23).</p> <h2>Introduction</h2> <p>Une analyse critique des r&eacute;cits sur les aires naturelles prot&eacute;g&eacute;es<sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc"><sup>1</sup></a></sup> au Vietnam me semblait n&eacute;cessaire au regard des distances qui existent entre les diff&eacute;rentes perceptions, discours et pratiques. Ces distances sont des freins importants &agrave; une connaissance respectueuse et fid&egrave;le des mani&egrave;res locales de penser, d&rsquo;exprimer et d&rsquo;agir sur la nature. Cette hypoth&egrave;se d&eacute;coule directement de situations que j&#39;ai observ&eacute;es &agrave; de nombreuses reprises lors de mes enqu&ecirc;tes de terrain dans le Nord et le Sud du Vietnam depuis 2003, ainsi que de la revue d&#39;une large litt&eacute;rature sur le sujet dans le monde. Dans mes diff&eacute;rents sites de recherche, par exemple parmi les groupes ethniques dans les montagnes du nord du Vietnam (Hmong et T&agrave;y), parmi les p&ecirc;cheurs Kinh dans le sud ou parmi les paysans autour des parcs nationaux du centre du pays, j&#39;ai souvent rencontr&eacute; des diff&eacute;rences significatives entre les faits locaux sur l&#39;environnement et les textes savants &agrave; leur sujet. J&#39;ai &eacute;galement constat&eacute; que la grande majorit&eacute; des projets de protection et de conservation des espaces naturels au Vietnam sont des &eacute;checs ou des quasi-&eacute;checs si l&rsquo;on prend en compte &agrave; la fois les dimensions de protection de la biodiversit&eacute; et celles du bien-&ecirc;tre et du bien-vivre des populations locales (O&#39;Rourke, 1995 ; Ortmann, 2017 ; Culas, 2019). Cette situation s&rsquo;observe &eacute;galement dans la plupart des aires naturelles prot&eacute;g&eacute;es dans le monde (Razafindrakoto et al., 2018&nbsp;; Quesne et al., 2019&nbsp;; Agrawal &amp; Redford, 2006&nbsp;; Duvivier, 2021&nbsp;; Culas et Veriza, 2022). Mes exp&eacute;riences, observations et lectures m&#39;am&egrave;nent &agrave; proposer l&#39;hypoth&egrave;se suivante : une meilleure connaissance des actions, des r&eacute;cits et des conceptions des diff&eacute;rents parties prenantes de la nature permettra de mieux comprendre les motivations et les conceptions (utilitaires, mat&eacute;rialistes, politiques, cosmologiques, m&eacute;taphysiques) des acteurs impliqu&eacute;s dans ces espaces (populations locales, agents de d&eacute;veloppement, agents des ONG, agents administratifs, chercheurs, etc.). Au final, cela devrait permettre de meilleures interactions entre eux au sein des projets de conservation de la nature, vers une gestion plus int&eacute;grative et respectueuse. Les connaissances des conceptions de la nature d&rsquo;un large spectre d&rsquo;acteurs (en particulier les populations locales) sont encore novatrices au Vietnam car elles n&eacute;cessitent, pour &ecirc;tre produites avec pr&eacute;cision et qualit&eacute;, de prendre certaines distances &eacute;pist&eacute;mologiques avec les paradigmes dominants de la plupart des approches des sciences occidentales (Apffel Marglin et Marglin, 1990&nbsp;; Santos, 2014). L&rsquo;approche m&eacute;sologique construite par Augustin Berque, d&eacute;finie comme l&rsquo;&eacute;tude des milieux humains, d&eacute;veloppe une m&eacute;thode descriptive et analytique bas&eacute;e sur une critique &eacute;pist&eacute;mologique des approches classiques des sciences occidentales modernes.</p> <p>Dans le paysage des recherches en humanit&eacute;s environnementales, l&rsquo;approche m&eacute;sologique d&rsquo;Augustin Berque fait presque figure d&rsquo;exception. Comme de nombreux autres cadres th&eacute;oriques appliqu&eacute;s aux relations entre les humains et la nature, la m&eacute;sologie permet d&rsquo;exposer en d&eacute;tails les limites des approches classiques et dominantes que l&rsquo;on peut regrouper sous la cat&eacute;gorie simplificatrice de &laquo;&nbsp;naturalisme&nbsp;&raquo; (Descola, 2005). Alors que la grande majorit&eacute; se contente de faire le constat (sous diff&eacute;rents angles) que les sciences (dures et molles, physiques-naturelles et sociales-humaines) rencontrent de belles difficult&eacute;s pour rendre compte des mani&egrave;res d&rsquo;agir, de dire et de penser le monde, Berque, avec la m&eacute;sologie, explique avec un argumentaire serr&eacute; et rigoureux pourquoi et comment &laquo;&nbsp;&ccedil;a ne marche pas ou si mal&nbsp;&raquo;. Surtout, il est l&rsquo;un des rares &agrave; proposer une caisse &agrave; outils ouverte et diversifi&eacute;e pour pallier aux carences de la plupart des approches scientifiques, des sciences sociales aux sciences de la nature. La suite de cet article donnera un avant-go&ucirc;t de quelques outils disponibles dans la m&eacute;sologie de Berque<sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc"><sup>2</sup></a></sup>.</p> <p>Malgr&eacute; sa sp&eacute;cificit&eacute;, la m&eacute;sologie berquienne s&rsquo;inscrit dans un mouvement d&rsquo;&eacute;pist&eacute;mologie critique et constructiviste plus vaste et plus ancien. Je ne donnerai ici que quelques exemples de recherches qui croisent les constats et les objectifs d&rsquo;Augustin Berque. Ces quelques r&eacute;f&eacute;rences n&rsquo;ont rien d&rsquo;exhaustives, elles visent seulement &agrave; montrer que les orientations de la m&eacute;sologie ou tr&egrave;s proches d&rsquo;elle existent depuis longtemps dans des courants th&eacute;oriques tr&egrave;s diff&eacute;rents<sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc"><sup>3</sup></a></sup>. La m&eacute;sologie recoupe les pr&eacute;occupations des &eacute;tudes &laquo;&nbsp;post-coloniales&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;d&eacute;-coloniales&nbsp;&raquo; qui remettent en cause la domination occidentale sur la production des connaissances dans les pays du Sud et sur la pr&eacute;dation des ressources humaines et naturelles (Apffel Marglin and Marglin, 1990&nbsp;; Agrawal, 1995&nbsp;; Smith Tuhiwai, 2012&nbsp;; Santos, 2014&nbsp;; Blanc, 2020). Un autre courant, parfois tr&egrave;s militant datant des ann&eacute;es 1970, va encore plus loin dans l&rsquo;&eacute;tendue de ses critiques de la diversit&eacute; des rapports de domination&nbsp;: l&rsquo;&eacute;cof&eacute;minisme. L&rsquo;id&eacute;e de base de l&rsquo;&eacute;cof&eacute;minisme &eacute;tant que diff&eacute;rents syst&egrave;mes d&rsquo;oppression - du patriarcat sur les femmes, des pays du Nord sur les pays du Sud, mais &eacute;galement des humains sur les milieux naturels et les non-humains - fonctionnent sur les m&ecirc;mes principes et qu&rsquo;il convient de les d&eacute;noncer et de les transformer de mani&egrave;re simultan&eacute;e (Haraway, 1988&nbsp;; Plumwood, 1991&nbsp;; Maris, 2009&nbsp;; Burgart Goutal, 2017&nbsp;; Merchant, 2018). Donna Haraway (1988) a forg&eacute; l&#39;expression &laquo;&nbsp;savoirs situ&eacute;s&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;connaisssances situ&eacute;es&nbsp;&raquo; qui recoupe certains outils de la m&eacute;sologie pour d&eacute;finir une chose par rapport &agrave; un interpr&egrave;te. Notons que ces deux approches se sont d&eacute;velopp&eacute;es de mani&egrave;re ind&eacute;pendante, sans lien explicite entre elles.</p> <p>Le premier objectif de cette &eacute;tude est d&#39;&eacute;valuer une s&eacute;lection de descriptions et d&#39;analyses existantes de l&#39;environnement et des aires prot&eacute;g&eacute;es au Vietnam en termes d&#39;ad&eacute;quation avec les r&eacute;alit&eacute;s locales.</p> <p>Le deuxi&egrave;me objectif est plus &eacute;pist&eacute;mologique. Tous les auteurs cit&eacute;s dans cet essai, vietnamiens et non vietnamiens, sont form&eacute;s aux sciences naturelles ou sociales et aux techniques d&#39;ing&eacute;nierie selon le mod&egrave;le occidental moderne. Pour &eacute;crire et publier, ils doivent accepter les contraintes et embrasser, consciemment ou non, certains paradigmes qui sous-tendent la science occidentale moderne (Berque, 2014a ; 2019b). Les m&eacute;thodes et outils des sciences ont d&eacute;j&agrave; prouv&eacute; leur efficacit&eacute; dans de nombreux domaines techniques, mais leurs limites pour d&eacute;crire et comprendre le comportement humain en relation avec la nature et les non-humains sont de plus en plus &eacute;videntes (Castoriadis, 1996, p. 90 ; Berque, 2018). Lorsque les auteurs d&eacute;crivent des actions et des discours sur la nature en dehors du monde occidental tout en conservant la logique et l&#39;ontologie occidentales comme seul point de r&eacute;f&eacute;rence, la distance entre les faits locaux et les recherches &agrave; leur sujet devient souvent probl&eacute;matique et l&#39;ad&eacute;quation entre leur compte rendu et les r&eacute;alit&eacute;s des autres qu&rsquo;ils sont suppos&eacute;s d&eacute;crire devient douteuse. Au cours des vingt derni&egrave;res ann&eacute;es, des anthropologues, des g&eacute;ographes et des sociologues tels que Berque, Descola, Ingold, Kohn, Tsing et Viveiros de Castro ont &eacute;tudi&eacute; en d&eacute;tail les probl&egrave;mes de description et de compr&eacute;hension de diverses ontologies non occidentales. Cette &eacute;tude s&#39;inscrit dans la continuit&eacute; de leurs recherches. Elle s&#39;appuie sur les travaux du g&eacute;ographe Augustin Berque (2014a ; 2016 ; 2019b) ; &agrave; ma connaissance, c&rsquo;est l&rsquo;un des rares chercheurs qui propose &agrave; la fois une critique forte du paradigme ontologique occidental moderne<sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc"><sup>4</sup></a> </sup>et une approche m&eacute;thodologique constructive pour d&eacute;passer les contraintes que ce paradigme impose &agrave; la pens&eacute;e scientifique.</p> <p>Cette &eacute;tude est organis&eacute;e en deux parties principales. Premi&egrave;rement, je pr&eacute;senterai une s&eacute;lection de r&eacute;cits sur la for&ecirc;t, la nature et les &ecirc;tres non humains dans les aires prot&eacute;g&eacute;es vietnamiennes. En particulier, je me concentrerai sur &laquo;&nbsp;l&#39;ad&eacute;quation empirique&nbsp;&raquo; (Olivier de Sardan, 2008, p. 9) des mani&egrave;res dont les habitants des aires prot&eacute;g&eacute;es agissent, expriment et pensent la nature et des r&eacute;cits scientifiques qui pr&eacute;tendent les capturer. Ce tour d&#39;horizon ne sera pas exhaustif, mais cherchera &agrave; mettre en lumi&egrave;re quelques jalons dans le domaine des r&eacute;cits et &agrave; montrer que certaines orientations &eacute;pist&eacute;mologiques sont plus dominantes que d&#39;autres. Ensuite, dans une perspective anthropologique et &eacute;pist&eacute;mologique, je proposerai quelques outils pour d&eacute;crire la r&eacute;alit&eacute; des autres avec plus de pr&eacute;cision et de richesse. Je m&#39;appuierai sur la m&eacute;thode m&eacute;sologique, l&#39;&eacute;tude du &laquo;&nbsp;milieu&nbsp;&raquo; humain d&#39;Augustin Berque (2013, 2014a), avec quelques outils peu connus et peu diffus&eacute;s permettant d&#39;ouvrir les yeux sur les actions, les discours et les conceptions des autres sur la nature.</p> <h2>Des r&eacute;cits scientifiques sur une diversit&eacute; de mondes</h2> <p>Cette section se concentrera sur certains r&eacute;cits contemporains relatifs &agrave; l&#39;environnement et aux aires prot&eacute;g&eacute;es<sup><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc"><sup>5</sup></a></sup>. Dans un souci de clart&eacute;, je commencerai par pr&eacute;senter les r&eacute;cits qui posent le plus de difficult&eacute;s &agrave; l&#39;analyse globale des relations entre humains et non-humains, pour passer ensuite aux textes qui accordent une attention plus fine et int&eacute;gr&eacute;e aux non-humains dans la gestion des espaces naturels.</p> <p>Depuis 2005, de nombreuses &eacute;tudes sur le Vietnam se sont int&eacute;ress&eacute;es aux relations homme-non homme, souvent &agrave; travers la gestion des espaces naturels. Ces &eacute;tudes se r&eacute;partissent en trois cat&eacute;gories selon leur &laquo;&nbsp;niveau d&rsquo;ad&eacute;quation avec la r&eacute;alit&eacute;&nbsp;&raquo; des populations locales (Olivier de Sardan, 2008). Le premier ensemble comprend celles qui me semblent les plus &eacute;loign&eacute;es d&#39;une approche descriptive globale de la relation &agrave; la nature. Le deuxi&egrave;me groupe correspond aux approches sociologiques et g&eacute;ographiques classiques qui appliquent des grilles de lecture acad&eacute;miques aux r&eacute;alit&eacute;s locales vietnamiennes. Enfin, le troisi&egrave;me groupe pr&eacute;sente des approches diff&eacute;rentes qui prennent plus pr&eacute;cis&eacute;ment en compte les contextes historiques et les dimensions cosmologiques locales.</p> <h3>Approches normatives sur les connaissances locales</h3> <p>Đinh Thanh Sang a &eacute;tudi&eacute; le r&ocirc;le des savoirs locaux dans la gestion des ressources naturelles dans les parcs nationaux de<span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:"> </span></span>Cần Ti&ecirc;n et B&ugrave; Gia Mập dans au moins huit articles depuis 2010. Ses &eacute;tudes se concentrent sur des aspects tr&egrave;s sp&eacute;cifiques - par exemple, les connaissances et les utilisations du bambou et du rotin - afin de &laquo;&nbsp;comprendre les connaissances indig&egrave;nes, et d&#39;&eacute;valuer la situation de la gestion collaborative dans le parc&nbsp;&raquo; (Đinh, 2020, p. 9). Cela sugg&egrave;re une approche globale des mani&egrave;res locales d&#39;agir et de penser la nature. Mais l&#39;auteur affirme &eacute;galement, en ce qui concerne les utilisations possibles des connaissances locales pour la conservation de la biodiversit&eacute;, que &laquo;&nbsp;<em>the positive points of the knowledge of the Indigenous Ethnic Minorities (IEM) should be widely applied and integrated with the modern knowledge.</em><i> </i><u><i>Also, negative sides of the indigenous knowledge should be abolished</i></u>&nbsp;&raquo; (Đinh, 2020, p. viii ; je souligne). Plusieurs articles incluent cette recommandation de supprimer les connaissances indig&egrave;nes que l&#39;auteur consid&egrave;re comme nuisibles. &laquo;&nbsp;<em>So the indigenous knowledge should be applied to sustainable edible plant use and conservation. <u>Especially, the harmful harvesting practices need bannning soon.</u> The highly valued forest plants traditionally used by S&rsquo;tieng ethnic should be domesticated and commercialized</em>&nbsp;&raquo; (Đinh, 2019, p. 8 ; je souligne).</p> <p>Il est a priori surprenant de voir un auteur qui accorde tant d&#39;attention aux d&eacute;tails des savoirs locaux des groupes ethniques minoritaires parler &laquo;&nbsp;d&#39;abolir certains aspects de leurs savoirs locaux&nbsp;&raquo; sans aucune nuance sur la valeur culturelle ou la prise en compte de l&#39;&eacute;thique. Les textes de Đinh mettent en lumi&egrave;re deux probl&egrave;mes r&eacute;currents et plus g&eacute;n&eacute;raux concernant les &eacute;tudes sur les savoirs locaux au Vietnam et ailleurs.</p> <p>Tout d&#39;abord, la formation en sciences naturelles (Đinh est biologiste, sp&eacute;cialiste des for&ecirc;ts) conduit de nombreux chercheurs &agrave; croire qu&#39;ils poss&egrave;dent &laquo;&nbsp;intuitivement&nbsp;&raquo; les m&eacute;thodes pr&eacute;cises des enqu&ecirc;tes ethnographiques sans aucune formation. De plus, ils ignorent que l&#39;une des sp&eacute;cificit&eacute;s de l&#39;anthropologie est son &eacute;pist&eacute;mologie r&eacute;flexive et critique, qui est tr&egrave;s souvent absente des sciences naturelles. Sans ces deux &eacute;l&eacute;ments, il n&#39;y a pas d&#39;ethnographie de qualit&eacute;. La formation en sciences biologiques et agronomiques fournit des comp&eacute;tences sp&eacute;cifiques pour d&eacute;crire techniquement les connaissances locales, mais ce cadre rend &eacute;galement tr&egrave;s difficile la conception des connaissances et des pratiques locales en tant que parties d&#39;un syst&egrave;me symbolique et culturel plus large qui inclut les relations entre humains et non-humains ainsi que des &eacute;l&eacute;ments de cosmologie. Mais ces divisions disciplinaires ne justifient pas, en soi, l&#39;absence de prise en compte des mani&egrave;res locales de penser et d&#39;agir dans le monde. Par exemple, l&rsquo;auteure suivante, Dương Thi B&iacute;ch Ngọc, qui s&#39;est form&eacute;e &agrave; l&#39;origine aux sciences du sol et de l&#39;environnement, prend n&eacute;anmoins en compte les relations non mat&eacute;rielles et non &eacute;conomiques des humains &agrave; la for&ecirc;t afin de mieux comprendre comment la g&eacute;rer efficacement dans sa th&egrave;se de 2019. Ces derni&egrave;res ann&eacute;es, les sp&eacute;cialistes des sciences naturelles ont tent&eacute; de construire des agendas de recherche multidisciplinaires entre les sciences naturelles et l&#39;anthropologie (voir Ostrom 2009 et Blair et al. 2017).</p> <p>Ensuite, les commanditaires des &eacute;tudes sur les savoirs locaux demandent presque toujours aux chercheurs de formuler des recommandations sp&eacute;cifiques pour g&eacute;rer et transformer ces savoirs en vue d&#39;une meilleure gestion de la nature. Ainsi, parfois malgr&eacute; eux, ces chercheurs vont d&eacute;passer leurs domaines d&#39;expertise pour donner des conseils sur les actions sociales des populations.</p> <h3>L&rsquo;agroforestrie aux prises avec les dimensions sensibles et symboliques de la nature</h3> <p>La th&egrave;se de Dương Thi B&iacute;ch Ngọc, intitul&eacute;e <i>Aspects sociaux de la conservation des for&ecirc;ts et de la nature au Vietnam</i> (2019), articule une position interm&eacute;diaire domin&eacute;e par la gestion agricole, mais tente &agrave; plusieurs reprises d&#39;inclure des dimensions symboliques et cosmologiques. Seamon notait d&eacute;j&agrave; en 1984 que la protection de la nature et des for&ecirc;ts n&#39;a pas seulement une valeur &eacute;conomique, mais aussi une base non rationnelle, affective : l&#39;amour et la responsabilit&eacute; pour la terre &laquo;&nbsp;<em>can not only be thought about cerebrally; they must be felt emotionally, with the heart</em>&nbsp;&raquo; (2019, p.769). Suivant cette ligne d&#39;argumentation, de nombreux chercheurs ont soutenu que l&#39;influence la plus importante sur les engagements humains &agrave; prot&eacute;ger la nature pourrait &ecirc;tre l&#39;&eacute;motion de se soucier de l&#39;environnement (Clayton, 2003 ; Orr, 1993 ; Wilson, 1984 ; 1993). Dương indique explicitement que son travail est &laquo;&nbsp;<em>inspired by this perception</em>&nbsp;&raquo; (2019, p.16). Elle se positionne clairement comme une chercheuse qui souhaite int&eacute;grer dans sa d&eacute;marche des aspects non rationnels tels que les affects et les &eacute;motions.</p> <p>Dương constate que les pratiques et conceptions vietnamiennes de la for&ecirc;t ne se limitent pas &agrave; des crit&egrave;res &eacute;conomiques et utilitaires :</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Other roles of the forest however lie much closer to Seamon&rsquo;s (1984) &laquo;&nbsp;affective basis&nbsp;&raquo; that connects nature and the forest with traditional spirituality, virtues of care, intrinsic natural values and so on. Reading the forest policy documents, nothing of this breadth is visible at first sight, however. The forest is described basically only in economic terms, and the most recent forest policies are explicitly economic ones, both in terms of objectives (economic growth) and in terms of instruments, e.g. &lsquo;payment for forest environmental services&rsquo;. Against this background, the overall question of this thesis became: How and to what extent are economic and non-economic (cultural) forest values expressed and at work in Vietnam? &raquo; (2019, p. 17)</p> </blockquote> <p>Cette question centrale correspond presque exactement &agrave; celle qui motive cet essai. Dương conceptualise la relation que les Vietnamiens entretiennent avec la for&ecirc;t &agrave; travers l&#39;expression &laquo;&nbsp;<em>strong pro-forest culture</em>&nbsp;&raquo; :</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Les for&ecirc;ts constituent un &eacute;l&eacute;ment essentiel de la nature qui apporte, de mani&egrave;re tangible et intangible, un bien-&ecirc;tre mat&eacute;riel ainsi qu&#39;un bien-&ecirc;tre mental, spirituel et culturel, en particulier aux populations foresti&egrave;res qui repr&eacute;sentent pr&egrave;s d&#39;un quart de la population... Dans l&#39;ensemble, nous concluons donc que la culture vietnamienne contient un fort &eacute;l&eacute;ment pro-for&ecirc;t &agrave; la fois dans la &laquo;&nbsp;practical culture&nbsp;&raquo; des personnes vivant dans les for&ecirc;ts et dans la culture plus abstraite des personnes vivant dans les zones rurales et urbaines principales. &raquo; (2019, p. 157-158)</p> </blockquote> <p>Dương montre que, malgr&eacute; cette &laquo;&nbsp;<em>strong pro-forest culture</em>&nbsp;&raquo;, les moteurs &eacute;conomiques et d&#39;exploitation &agrave; court terme sont plus forts (2019, p. 160), comme le montrent les pillages massifs et la d&eacute;gradation rapide des milieux naturels.</p> <p>Malgr&eacute; son int&eacute;r&ecirc;t pour les dimensions non mat&eacute;rielles des relations humaines avec la for&ecirc;t au Vietnam, Dương a rencontr&eacute; des difficult&eacute;s &agrave; produire des informations sur les &laquo;&nbsp;<em>spiritual matters</em>&nbsp;&raquo; concernant la for&ecirc;t : &laquo;&nbsp;<em>In the interviews, respondents expressed shyness to speak about spiritual matters such as these to a stranger such as the researcher</em>&nbsp;&raquo;, note-t-elle (2019, p. 39). Cette crainte de parler de choses spirituelles avec un chercheur ne provient pas, comme elle le suppose, d&#39;une quelconque timidit&eacute; &agrave; &eacute;voquer de tels sujets, qui font partie du quotidien des Vietnamiens, mais plut&ocirc;t du fait que ce chercheur est per&ccedil;u comme &laquo;&nbsp;positionn&eacute;&nbsp;&raquo;, par ses questions, dans son attitude vis-&agrave;-vis des choses spirituelles. En tant que doctorante en sciences de l&#39;environnement dans une universit&eacute; n&eacute;erlandaise, Dương est per&ccedil;ue par les paysans comme porteuse du syst&egrave;me ontologique et scientifique occidental. Dans ce contexte, les interview&eacute;s vont se positionner en accord avec lui et ne seront pas &agrave; l&#39;aise pour parler des dimensions spirituelles et cosmologiques de la nature, car ils savent que ces dimensions, bien qu&#39;importantes pour eux, ne sont pas valoris&eacute;es par la science occidentale telle qu&#39;ils la con&ccedil;oivent.</p> <p>Pour illustrer comment il est possible de construire une d&eacute;marche scientifique rigoureuse et ouverte aux conceptions non scientifiques de la nature, nous nous appuierons sur les textes r&eacute;cents de deux auteurs qui abordent les mani&egrave;res de penser la nature et l&#39;environnement d&#39;autres groupes ethniques selon des modalit&eacute;s qui semblent normales &agrave; de nombreux anthropologues, mais qui restent des exceptions dans les &eacute;tudes sur le Vietnam.</p> <h3>Approches ouvertes au contexte historique local et &agrave; ses dimensions symboliques et cosmologiques</h3> <p>Les travaux de Cầm Ho&agrave;ng, anthropologue sp&eacute;cialiste de la gestion foresti&egrave;re chez les minorit&eacute;s ethniques du nord-ouest du Vietnam (Thai et Dao) et chercheur principal &agrave; l&#39;Institut d&#39;&eacute;tudes culturelles de Hanoi, portent une attention particuli&egrave;re au contexte ethnohistorique local (2009 ; 2011). Il montre comment l&#39;exploitation foresti&egrave;re dans la for&ecirc;t de Khau Li (province de Son La), une &laquo;&nbsp;<em>national natural preservation zone</em>&nbsp;&raquo; (Ho&agrave;ng, 2009, p. 1) par des &eacute;trangers - Kinh, Muong et Hmong - et par les habitants d&#39;ethnie tha&iuml;e a &eacute;t&eacute; rendue possible par l&#39;abrogation des anciennes lois coutumi&egrave;res des seigneurs traditionnels locaux par l&#39;&Eacute;tat vietnamien dans les ann&eacute;es 1960. On pourrait logiquement penser que les lois de l&#39;&Eacute;tat avec leur formalisme, leurs moyens de contr&ocirc;le (Kiem L&acirc;m : &laquo;&nbsp;gardes forestiers&nbsp;&raquo; et police), et leurs moyens de r&eacute;pression (sanctions et amendes) seraient plus efficaces que les anciennes lois coutumi&egrave;res tha&iuml;es. Mais le cas de la r&eacute;serve Khau Li montre clairement que les lois coutumi&egrave;res n&#39;ont pas &eacute;t&eacute; remplac&eacute;es par les lois de l&#39;&Eacute;tat vietnamien. En fait, comme le montre Ho&agrave;ng, tous les habitants de la r&eacute;gion (Tha&iuml;s, Kinh, Muong et Hmong) sont aujourd&#39;hui confront&eacute;s &agrave; un &laquo;&nbsp;vide juridique&nbsp;&raquo; car les lois de l&#39;&Eacute;tat sont consid&eacute;r&eacute;es comme ill&eacute;gitimes en m&ecirc;me temps que l&#39;ancien syst&egrave;me politique et symbolique du seigneur tha&iuml; local a &eacute;t&eacute; aboli et d&eacute;valoris&eacute; par l&#39;&Eacute;tat.</p> <p>Le processus d&#39;impossible substitution des lois coutumi&egrave;res par les lois &eacute;tatiques met en &eacute;vidence plusieurs probl&egrave;mes que nous avons d&eacute;j&agrave; rencontr&eacute;s. Tout d&#39;abord, l&#39;&Eacute;tat n&#39;avait aucune connaissance pr&eacute;cise des lois coutumi&egrave;res locales des Thai blancs de cette vall&eacute;e, car il n&#39;a probablement jamais pens&eacute; &agrave; rechercher des informations sur ce syst&egrave;me local sp&eacute;cifique. Comme aujourd&#39;hui, certains chercheurs n&eacute;gligent les syst&egrave;mes politiques et symboliques locaux traditionnels dans leurs &eacute;tudes sur la gestion de l&#39;environnement. Deuxi&egrave;mement, si l&#39;&Eacute;tat a &eacute;t&eacute; inform&eacute; de l&#39;existence de ces syst&egrave;mes traditionnels locaux, il a choisi de les traiter comme &laquo;&nbsp;<em>primitive</em>&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;<em>backward</em>&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;<em>destructive</em>&nbsp;&raquo; (Ho&agrave;ng, 2009, p. 8). Dans ce cas, le nouvel &Eacute;tat, avec sa force politique, juridique et administrative, a cherch&eacute; &agrave; rompre avec le syst&egrave;me &laquo;&nbsp;f&eacute;odal&nbsp;&raquo; pass&eacute; des groupes ethniques et &agrave; les faire entrer dans la modernit&eacute; communiste et kinh (McElwee, 1999). L&#39;id&eacute;ologie fondatrice du Parti communiste vietnamien, le marxisme-l&eacute;ninisme associ&eacute; &agrave; la pens&eacute;e de Ho Chi Minh, repr&eacute;sente ontologiquement une forme extr&ecirc;me de &laquo;&nbsp;naturalisme&nbsp;&raquo;, qui a &eacute;galement transform&eacute; les conceptions du rapport entre l&#39;homme et la nature (voir Culas, 2019 ; 2023). Ho&agrave;ng ne fait pas une lecture ontologique des r&eacute;alit&eacute;s locales tha&iuml;es et kinh de l&#39;&Eacute;tat. Il montre les diff&eacute;rences entre les deux syst&egrave;mes : l&#39;un ancien, local et symboliquement ancr&eacute; dans un espace politique, social, cosmologique et naturel, respect&eacute; parce qu&#39;il jouit d&#39;une l&eacute;gitimit&eacute; et d&#39;une autorit&eacute; cosmologique ancienne ; l&#39;autre moderne, nouveau, &laquo;&nbsp;parachut&eacute;&nbsp;&raquo; dans un espace ethnique montagnard et si s&ucirc;r de sa sup&eacute;riorit&eacute; id&eacute;ologique et rationnelle qu&#39;il n&eacute;glige les syst&egrave;mes locaux d&eacute;j&agrave; en place.</p> <p>L&#39;anthropologue su&eacute;dois Nikolas &Aring;rhem s&#39;est concentr&eacute; sur le centre du Vietnam et sur diverses questions li&eacute;es &agrave; l&#39;&eacute;cologie politique auxquelles est confront&eacute; le peuple Katu. Dans des publications universitaires telles que <i>In The Sacred Forest : Landscape, Livelihood and Spirit Beliefs among the Katu of Vietnam</i> (2009) et <i>Forests, Spirits and High Modernist Development : A Study of Cosmology and Change among the Katuic Peoples in the Uplands</i> <i>of Laos and Vietnam</i> (2014), ainsi que des rapports pour une ONG environnementale (&Aring;rhem et Nguyen, 2006), il a d&eacute;velopp&eacute; une tr&egrave;s large compr&eacute;hension des r&eacute;alit&eacute;s de la vie quotidienne des populations foresti&egrave;res vietnamiennes. Par exemple, dans le rapport du WWF Vietnam (&Aring;rhem et Nguyen, 2006), il aborde presque toutes les activit&eacute;s du groupe Katu. Le chapitre sur les impacts de l&#39;autoroute Ho Chi Minh donne une id&eacute;e claire du vaste champ d&#39;&eacute;tude des auteurs, qui inclut la culture du riz, la chasse, les structures communautaires, la religion et la spiritualit&eacute; indig&egrave;nes, et la production domestique (&Aring;rhem et Nguyen, 2006, p. 34-39).</p> <p>Pour l&#39;&eacute;tude des connaissances locales, &Aring;rhem et Nguyen d&eacute;finissent clairement les relations entre ces connaissances et les conceptions de la nature :</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;In the (Katu) village&hellip;, now located along the Ho Chi Minh Highway, a number of &ldquo;prohibited areas&rdquo; are still respected when it comes to hunting and clearing swidden land. All these religious-ritual taboos and regulations &ndash; although based on spiritual beliefs &ndash; constitute a form of &ldquo;environmental protection system&rdquo; since it leaves certain areas of the forest off-limit for hunting and agriculture. Anthropologists have termed these types of belief systems &ldquo;coded ecological knowledge&rdquo;. Part of indigenous people&rsquo;s ecological knowledge is, thus, embedded or encoded in &ndash; and cannot be separated from &ndash; their spiritual beliefs.&nbsp;&raquo; (2006, p. 96).</p> </blockquote> <p>Afin de rester fid&egrave;les aux mani&egrave;res locales de penser le monde non humain (l&#39;aspect &laquo;&nbsp;&eacute;mique&nbsp;&raquo; de la r&eacute;alit&eacute;), &Aring;rhem et Nguyen analysent les rites de chasse et de distribution de la viande d&#39;un point de vue &agrave; la fois social et religieux :</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;In short, hunting is an integral part of indigenous cultural and religious life; it expresses and largely constitutes manhood (maleness) in (local) society, and the ritual sharing of game meat following upon a successful hunt not only symbolises village unity but effectively creates and reproduces the village as an autonomous social unit. Indeed, in the local idiom &ldquo;sharing game meat&rdquo; means &ldquo;belonging to the same village&rdquo;. When game sharing stops, so does village solidarity and cohesion.&nbsp;&raquo; (2006, p.35).</p> </blockquote> <p>&Aring;rhem note ailleurs que &laquo;&nbsp;<em>cosmology, livelihood and the local forest environment are here closely and fundamentally integrated</em>&nbsp;&raquo; (&Aring;rhem, 2014, p. 26). Il applique donc une approche &eacute;quilibr&eacute;e aux actions techniques de la chasse, de l&#39;agriculture et de la cueillette et &agrave; leurs significations dans la religion locale. Cette approche se veut un &eacute;cho aussi fid&egrave;le que possible de la fa&ccedil;on dont les gens vivent et de ce qu&#39;ils font avec la nature.</p> <p>Plusieurs textes d&rsquo;Arhem (2014 ; 2009 ; 2006) vont plus loin que cette approche globale qui int&egrave;gre les aspects &laquo;&nbsp;&eacute;miques&nbsp;&raquo; de la r&eacute;alit&eacute; locale. L&#39;auteur articule des situations micro-locales et traditionnelles avec les changements socio-&eacute;conomiques li&eacute;s aux processus de d&eacute;veloppement de la modernit&eacute;. Son r&eacute;cit englobe des situations de dynamique entre &laquo;&nbsp;<em>Forests, Spirits, Cosmology and High Modernist Development</em>&nbsp;&raquo; telles que v&eacute;cues par les Katu dans leur vie quotidienne. Ces &eacute;tudes saisissent avec une grande pr&eacute;cision la r&eacute;alit&eacute; dynamique et adaptative des Katu.</p> <h2>Les fondements ontologiques des r&eacute;cits sur la nature</h2> <p>Dans la plupart des r&eacute;cits pr&eacute;sent&eacute;s ici, mais aussi dans de nombreux autres textes sur les relations entre les humains et la nature au Vietnam, nous constatons que des dimensions importantes de la r&eacute;alit&eacute; quotidienne des populations sont absentes. Ces lacunes dans la recherche ont des cons&eacute;quences directes sur la compr&eacute;hension des strat&eacute;gies locales de gestion de la nature, et donc sur l&#39;efficacit&eacute; des actions de conservation (&Aring;rhem, 2014 ; Ho&agrave;ng, 2009 ; Culas, 2019 ; 2024 ; McElwee, 1999 ; 2016). Dans cette section, je vais tenter de d&eacute;passer le diagnostic des lacunes pour proposer un outil heuristique r&eacute;ellement capable de parler des diff&eacute;rentes mani&egrave;res d&#39;&ecirc;tre au monde. Je m&#39;appuierai sur l&rsquo;approche m&eacute;sologique d&#39;Augustin Berque pour d&eacute;finir les raisons profondes (&eacute;pist&eacute;mologiques, philosophiques et ontologiques) qui expliquent ces absences et proposer une lecture analytique des &eacute;tudes &eacute;voqu&eacute;es ci-dessus.</p> <p>Dương, Ho&agrave;ng et &Aring;rhem pr&ecirc;tent &agrave; diff&eacute;rents degr&eacute;s attention aux dimensions non mat&eacute;rielles de la r&eacute;alit&eacute; des autres, mais ils n&#39;expliquent pas les principes &eacute;pist&eacute;mologiques qui guident leur travail ni ne proposent d&rsquo;outils qui seraient applicables ailleurs. Or, si l&#39;on veut que les m&eacute;thodes de recherche puissent &ecirc;tre utilis&eacute;es ailleurs par d&rsquo;autres et &eacute;galement &ecirc;tre mises &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve de la critique, il faut expliciter les fondements &eacute;pist&eacute;mologiques et ontologiques de leur raisonnement.</p> <h3>Les fondements de l&#39;ontologie occidentale moderne et sa critique m&eacute;sologique</h3> <p>Selon Augustin Berque, c&#39;est le fondement ontologique d&#39;une grande partie de la science occidentale moderne qui nous emp&ecirc;che de voir certains aspects de la r&eacute;alit&eacute; des autres (Berque, 2019b ; 2016). L&#39;ontologie occidentale moderne impose de s&eacute;rieuses contraintes &agrave; la pens&eacute;e scientifique comme &agrave; la pens&eacute;e populaire.</p> <p>En raison des comparaisons anthropologiques et philosophiques avec d&#39;autres ontologies, l&#39;ontologie occidentale moderne est devenue une parmi plusieurs ontologies possibles plut&ocirc;t que &laquo;&nbsp;l&#39;ontologie par excellence&nbsp;&raquo; que la science occidentale moderne a soutenue pendant plusieurs si&egrave;cles. Pour de nombreux scientifiques, m&ecirc;me aujourd&#39;hui, l&#39;ontologie occidentale moderne continue d&#39;&ecirc;tre la seule v&eacute;ritable ontologie scientifique et rationnelle (voir Survivre, 1973, p. 54 ; Feyerabend, 1993, chap.19 ; Berque, 2014a, chap. III&nbsp;; Grothendieck, 2022). D&#39;un point de vue &eacute;pist&eacute;mologique &eacute;largi, cependant, cette ontologie n&#39;est qu&#39;une des mani&egrave;res possibles de voir et de penser le monde.</p> <p>Pour pouvoir d&eacute;crire les ontologies des autres, les m&eacute;thodes doivent &ecirc;tre suffisamment ouvertes et flexibles pour tenir compte du fait que les interactions entre humains et non-humains d&eacute;passent les sch&eacute;mas de l&#39;ontologie occidentale moderne. L&#39;approche hyper-d&eacute;taill&eacute;e mais ontologiquement limit&eacute;e de Đinh Thanh Sang, comme nous l&#39;avons vu, l&#39;emp&ecirc;che de comprendre le savoir local comme un syst&egrave;me d&#39;actions, de significations et de symboles pour ses praticiens. Cette approche s&eacute;lective repose sur l&#39;id&eacute;e que la science occidentale saisit facilement la complexit&eacute; des pratiques et des conceptions locales. En pratique, ce r&eacute;ductionnisme &eacute;limine tout ce que la science occidentale consid&egrave;re comme des conceptions du monde erron&eacute;es, voire aberrantes ou irrationnelles. Ainsi, les dimensions &eacute;motionnelles, sensibles, spirituelles, intuitives et cosmologiques sont rejet&eacute;es par la plupart des sciences car elles seraient irrationnelles et mystiques, c&rsquo;est-&agrave;-dire trop &eacute;loign&eacute;es du monde mat&eacute;riel et technique valoris&eacute; ou m&ecirc;me pris en compte par la science occidentale moderne.</p> <p>Les approches r&eacute;ductionnistes des sciences sont souvent consid&eacute;r&eacute;es comme une question de m&eacute;thode qui ne concerne qu&rsquo;un domaine particulier et tr&egrave;s cibl&eacute; de la connaissance. Or, nous savons qu&#39;il existe une forte corr&eacute;lation entre les fondements cosmologiques et ontologiques de la science et les fondements de la civilisation occidentale moderne depuis la Renaissance. Le naturalisme, le m&eacute;canicisme, le r&eacute;ductionnisme, l&#39;individualisme, les m&eacute;thodes quantitatives, le capitalisme et l&#39;industrialisme, entre autres, sont des constructions typiques de la modernit&eacute; (Hess et Bourg, 2016 ; Berque, 2019b, p. 3). Le chevauchement &eacute;tendu entre les sciences modernes et l&#39;ontologie dualiste occidentale est l&#39;un des obstacles aux approches rationnelles et rigoureuses fond&eacute;es sur d&#39;autres ontologies.</p> <h3>Des outils pour mieux comprendre la diversit&eacute; des mani&egrave;res de penser la relation avec les non-humains</h3> <p>Pour d&eacute;velopper de meilleures descriptions ou <i>narratives</i> des ontologies non occidentales de la nature et des mani&egrave;res d&#39;&ecirc;tre au monde, il est donc n&eacute;cessaire de prendre une distance suffisante par rapport &agrave; cette ontologie dominante. Plusieurs anthropologues ont port&eacute; un regard &eacute;pist&eacute;mologique critique et constructif sur l&#39;ontologie occidentale moderne (Ingold, 2000 ; Descola, 2013 ; Kohn, 2013&nbsp;; Viveiros de Castro, 2014&nbsp;; Tsing, 2015&nbsp;; Escobar, 2018). A ma connaissance, peu d&#39;auteurs sont all&eacute;s aussi loin dans l&#39;analyse des diff&eacute;rentes ontologies et des contraintes qu&#39;elles imposent que le g&eacute;ographe et japonologue Augustin Berque. Depuis plus de vingt-cinq ans, Berque a progressivement d&eacute;velopp&eacute; une approche dont l&#39;objectif est de d&eacute;passer les contraintes de l&#39;ontologie occidentale moderne afin de penser le monde dans ses multiples dimensions. Cette m&eacute;thode, &agrave; la fois g&eacute;ographique, philosophique et anthropologique, qui s&#39;int&eacute;resse &agrave; la relation des &ecirc;tres &agrave; leur milieu, s&#39;appelle la m&eacute;sologie.</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;La m&eacute;sologie affirme explicitement qu&#39;un &ecirc;tre est structurellement li&eacute; &agrave; son milieu, et donc, ipso facto, que le milieu est une chose singuli&egrave;re, propre &agrave; un certain &ecirc;tre individuel ou collectif (groupe, soci&eacute;t&eacute;, esp&egrave;ce...), et donc irr&eacute;ductible &agrave; cet objet universel qu&#39;est le milieu pour une science moderne comme l&rsquo;&eacute;cologie. Au-del&agrave; du dualisme moderne, la m&eacute;sologie se pose ainsi comme une science ou plut&ocirc;t un paradigme qui d&eacute;passe la modernit&eacute; (i.e. la transmodernit&eacute;). &raquo; (Berque, 2018, p.4).</p> </blockquote> <p>La distinction entre environnement et milieu est n&eacute;cessaire pour sortir du cadre des logiques occidentales. &laquo;&nbsp;Un milieu se d&eacute;finit toujours par rapport &agrave; un lieu, au moins une activit&eacute;, ou un groupe social, une personne. Le milieu n&#39;existe pas en soi, il est le milieu de quelque chose ou de quelqu&#39;un&nbsp;&raquo;, soulignent Brunet, Ferras et Th&eacute;ry (2005, p. 330). Ailleurs, Berque &eacute;labore que &laquo;&nbsp;la r&eacute;alit&eacute; qui nous entoure n&#39;est pas celle d&#39;un environnement objectal (compos&eacute; d&#39;objets), regard&eacute; par un sujet individuel, mais celle d&#39;un milieu dans lequel les choses participent &agrave; notre &ecirc;tre m&ecirc;me&nbsp;&raquo; (Berque, 2013, p. 62).</p> <p>La r&eacute;alit&eacute; du milieu d&eacute;passe clairement le dualisme car elle est situ&eacute;e au-del&agrave; de la dichotomie sujet-objet. Selon Berque (2013, p. 60), le milieu est un compos&eacute; ternaire par la relation r&eacute;ciproque entre un sujet et un objet, mais le milieu est insaisissable par le m&eacute;canicisme moderne et la logique du tiers exclu qui le sous-tend.</p> <p class="western">&nbsp;</p> <h3>Trois composantes de l&#39;ontologie occidentale moderne &agrave; remettre en question</h3> <p>La m&eacute;sologie est un paradigme encore peu connu comme je l&rsquo;ai expliqu&eacute; en introduction. Elle se d&eacute;finit de mani&egrave;re critique et constructive dans le d&eacute;passement de trois composantes essentielles de l&#39;ontologie occidentale moderne : le dualisme moderne, le principe de l&#39;identit&eacute; du sujet et le principe du tiers exclu (Berque, 2014 ; 2014a).</p> <p>Comme l&#39;affirme Berque, &laquo;&nbsp;[l]a dichotomie entre le subjectif et l&#39;objectif que nous appelons dualisme est &agrave; l&#39;origine du couple d&#39;oppositions conceptuelles modernes &laquo;&nbsp;nature contre culture&nbsp;&raquo;... Au contraire, la m&eacute;sologie vise &agrave; comprendre ce qui, dans un milieu concret, unit en une seule r&eacute;alit&eacute; ce que le dualisme s&eacute;pare en deux p&ocirc;les.&nbsp;&raquo; (Berque, 2014a, p. viii).</p> <p>L&#39;opposition formelle entre sujet et objet est structurante pour le dualisme moderne.</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Dans la probl&eacute;matique de la m&eacute;sologie, la question du sujet occupe une place cruciale. L&#39;approche habituelle limite cette question aux affaires humaines, tandis que le reste - [les autres esp&egrave;ces] - est r&eacute;duit &agrave; une objectivation m&eacute;caniste... Du dualisme du paradigme occidental moderne, corr&eacute;l&eacute; et sym&eacute;trique &agrave; l&#39;objet scientifique moderne, a &eacute;merg&eacute; le sujet individuel moderne, devenu l&#39;acteur central de notre monde... Le sujet est devenu son propre fondement et en se coupant de son milieu il s&#39;oppose &agrave; un monde qui devient alors lui-m&ecirc;me objet. &raquo; (Berque, 2014a, p.x-xi).</p> </blockquote> <p>En utilisant les notations formelles de la linguistique, Berque soutient que le dualisme moderne a une vision r&eacute;ductrice de la relation entre le sujet (S) et le pr&eacute;dicat (P) bas&eacute;e sur une suppos&eacute;e objectivit&eacute; rationnelle.</p> <p>En particulier, Berque (2014a, p. 68) montre que le dualisme moderne va de pair avec l&#39;&eacute;nonc&eacute; de base de la logique occidentale selon lequel &laquo;&nbsp;S est P&nbsp;&raquo; qui se lit&nbsp;: le sujet (S) est &eacute;quivalent &agrave; son pr&eacute;dicat (P). Cela permet des jugements objectifs tels que &laquo;&nbsp;l&#39;eau (S) est H2O (P)&nbsp;&raquo;, au fondement de la science occidentale moderne. Cette binarit&eacute; a prouv&eacute; son extraordinaire efficacit&eacute; dans certains domaines techniques et physiques, bien qu&#39;elle ignore arbitrairement l&#39;interpr&egrave;te (I) par lequel, concr&egrave;tement et historiquement, l&#39;&eacute;nonc&eacute; &laquo;&nbsp;l&#39;eau est H2O&nbsp;&raquo; doit n&eacute;cessairement &ecirc;tre fait pour &ecirc;tre qualifi&eacute; de &laquo;&nbsp;scientifique&nbsp;&raquo; et suppos&eacute; &laquo;&nbsp;objectif&nbsp;&raquo;. Certes, l&#39;&eacute;viction de l&#39;interpr&egrave;te fait partie du protocole habituel visant &agrave; &eacute;liminer toute subjectivit&eacute; du jugement &laquo;&nbsp;S est P&nbsp;&raquo;, mais cette &eacute;viction tacite condamne cette forme de science &agrave; un tr&egrave;s fort r&eacute;ductionnisme.</p> <p>Comment la m&eacute;sologie propose-t-elle de d&eacute;passer ce dualisme r&eacute;ductionniste ?</p> <p>Selon Berque (2014), la description de la r&eacute;alit&eacute; relative (r) peut &ecirc;tre sch&eacute;matis&eacute;e ainsi, r = S/P, ce qui donne : la r&eacute;alit&eacute; (r) est le sujet (S) en tant qu&#39;il est pr&eacute;diqu&eacute; (sentit, agi, pens&eacute;, con&ccedil;u, dit, exprim&eacute;&hellip;) (P), puisque saisir les choses, c&#39;est les pr&eacute;diquer (par l&#39;action, par le sens, par la pens&eacute;e, par les mots, par toutes autres formes d&rsquo;expressions et de sensations). Prenons quelques exemples tir&eacute;s de Berque (2010, p. 62-63). Pour la science, l&#39;eau est saisie comme une composition chimique (H2O) ; pour un agriculteur, c&#39;est une ressource ; pour traverser la rivi&egrave;re, c&#39;est une contrainte ; c&#39;est un risque lors d&#39;un tsunami ; l&#39;eau est aussi un agr&eacute;ment dans la fontaine du jardin, etc. L&#39;eau n&#39;est donc jamais abstraitement un objet pur (S), mais elle est toujours concr&egrave;tement une chose S/P. L&#39;eau (S) ne peut pas &ecirc;tre seulement et uniquement H2O (P) comme l&#39;affirme la science. Dans la r&eacute;alit&eacute; concr&egrave;te, S ne peut jamais &ecirc;tre &eacute;gale &agrave; un et unique P, chaque interpr&egrave;te (I) produit sa propre r&eacute;alit&eacute; (r) &agrave; partir d&#39;un lien sp&eacute;cifique entre S et P. Mais l&rsquo;une des limites majeurs des sciences est que cette diversit&eacute; des &laquo;&nbsp;choses&nbsp;&raquo; contre l&rsquo;unicit&eacute; des &laquo;&nbsp;objets&nbsp;&raquo; est le plus souvent &eacute;lud&eacute;e des raisonnements scientifiques pour des raisons quasi-mystique de qu&ecirc;te de la &laquo;&nbsp;neutralit&eacute; objective&nbsp;&raquo;. Dans tous les cas, il ne peut pas y avoir de discours, de pens&eacute;e, de repr&eacute;sentations ni m&ecirc;me de mises en &eacute;quation de l&rsquo;eau sans un interpr&egrave;te (I).</p> <p>La m&eacute;sologie critique &eacute;galement le <i>principe de l&#39;identit&eacute; du sujet</i> tel qu&#39;il est affirm&eacute; dans le <i>Discours de la m&eacute;thode</i> de Ren&eacute; Descartes (1637) (Berque, 2014, p. 39). Suivant la philosophie de Descartes, l&#39;&ecirc;tre du sujet moderne s&#39;abstrait de tout milieu. Il existe en lui-m&ecirc;me, ind&eacute;pendamment de ce qui l&#39;entoure. La philosophie cart&eacute;sienne affirme que le sujet est toujours le m&ecirc;me, ind&eacute;pendamment des &eacute;l&eacute;ments ext&eacute;rieurs, et que cette abstraction du sujet de son milieu garantit son identit&eacute;. La m&eacute;sologie, au contraire, met l&#39;accent sur l&#39;intrication r&eacute;ciproque du sujet avec son milieu.</p> <p>Le troisi&egrave;me principe que la m&eacute;sologie se propose de d&eacute;passer est le principe du tiers exclu ou loi/principe du milieu exclu. La base de ce principe est l&#39;affirmation &laquo;&nbsp;A est vrai et Non-A est faux&nbsp;&raquo;. Ce principe de logique formelle et de math&eacute;matique est en fait une extr&ecirc;me simplification des r&eacute;alit&eacute;s vivantes et humaines : car il &laquo;&nbsp;n&#39;admet qu&#39;une seule explication de la r&eacute;alit&eacute; d&rsquo;une entit&eacute; objet dans une cat&eacute;gorie pr&eacute;d&eacute;finie&nbsp;&raquo; (Shao, 2012, p. 3-4). Comme le pr&eacute;cise Berque :</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Le principe du tiers exclu en science est une abstraction logique, car dans un milieu concret, et pour la m&eacute;sologie, la r&eacute;alit&eacute; des choses est n&eacute;cessairement t&eacute;tralemme, c&#39;est-&agrave;-dire les quatre composantes logiques de A et non-A : l&#39;assertion (A) et la n&eacute;gation (non-A), la bin&eacute;gation (ni A ni non-A) et la biassertion (&agrave; la fois A et non-A). La logique de la m&eacute;sologie va au-del&agrave; des binarit&eacute;s abstraites du dualisme (sujet-objet, nature-culture, sujet-pr&eacute;dicat, etc.)&nbsp;; elle va &eacute;galement au-del&agrave; du principe du tiers exclu.&nbsp;&raquo; (Berque, 2019b, p. 4).</p> </blockquote> <p>Pour notre sujet, dans lequel il est question d&rsquo;ouverture des sciences, l&#39;un des outils analytiques efficaces de la m&eacute;sologie serait une sch&eacute;matisation tripartite qui caract&eacute;rise la r&eacute;alit&eacute; d&#39;une &laquo;&nbsp;chose&nbsp;&raquo; comme un objet (S) auquel un interpr&egrave;te (I) donne un sens particulier (P), la r&eacute;alit&eacute; relative (r) devient alors : r = S-I-P.</p> <p>Si l&#39;on applique cette formalisation &agrave; l&#39;&eacute;tude de la for&ecirc;t dans les pratiques et les conceptions locales, la for&ecirc;t (S) serait exp&eacute;riment&eacute;e, racont&eacute;e, utilis&eacute;e, exploit&eacute;e, organis&eacute;e, g&eacute;r&eacute;e, ritualis&eacute;e, pens&eacute;e ou imagin&eacute;e par diff&eacute;rents interpr&egrave;tes (I) sous la forme de diff&eacute;rents pr&eacute;dicats ou significations (P), ce qui donne le sch&eacute;ma tripartite suivant :</p> <p><img src="https://www.numerev.com/img/ck_20_27_CULAS schéma prédicat forêt Action Nature Vietnam 27 06 23.jpg" style="width: 100%; height: 75%;" /></p> <p style="text-align: center;"><em>Figure 1 : Diversit&eacute; des r&eacute;alit&eacute;s exprim&eacute;es et observables sur la for&ecirc;t.</em></p> <p>&nbsp;</p> <p>Dans l&#39;approche de Đinh Thanh Sang, certains &eacute;l&eacute;ments de la for&ecirc;t utilis&eacute;s par les populations locales, comme le bambou et le rotin, sont d&eacute;crits avec une pr&eacute;cision botanique bas&eacute;e sur des donn&eacute;es qualitatives et surtout quantitatives. Cette approche technico-scientifique ne prend en compte que certains aspects de la r&eacute;alit&eacute; foresti&egrave;re telle que v&eacute;cue par les populations locales. Malgr&eacute; l&rsquo;orientation arbitraire et r&eacute;ductrice de sa vision du monde, Đinh se permet n&eacute;anmoins de prescrire ce qui doit &ecirc;tre conserv&eacute; et ce qui doit &ecirc;tre &eacute;limin&eacute; dans les savoirs locaux sur la for&ecirc;t. Đinh se concentre principalement sur les aspects techniques (P1), &eacute;cologiques (botaniques) (P2) et &eacute;conomiques (P3) de la for&ecirc;t. Tous les autres aspects (P4 &agrave; P11) sont ignor&eacute;s ou minimis&eacute;s. Cela ne poserait aucun probl&egrave;me dans une &eacute;tude purement botanique, mais l&#39;auteur se permet de glisser vers des jugements de valeur afin d&#39;organiser &laquo;&nbsp;la gestion collaborative&nbsp;&raquo; des parcs nationaux (Đinh, 2020, p. 9). Analyser les comportements humains et les relations avec la nature avec des approches de type &laquo;&nbsp;sciences de la nature&nbsp;&raquo; pousse facilement vers un scientisme r&eacute;ducteur, voire franchement autoritaire qui se targue d&rsquo;&ecirc;tre &laquo;&nbsp;scientifique et rationnel&nbsp;&raquo; mais qui n&rsquo;a pas les comp&eacute;tences et les outils adapt&eacute;s pour d&eacute;crire et analyser les &laquo;&nbsp;choses&nbsp;&raquo; humaines qu&rsquo;il propose d&rsquo;&eacute;tudier.</p> <p>La th&egrave;se de Dương Thị B&iacute;ch Ngọc se concentre sur deux th&egrave;mes : l&#39;histoire des politiques foresti&egrave;res et l&#39;impact du paiement des services environnementaux, qui correspondent &agrave; P1, P2, P3, P4, P5 et P10. Ce sont des ingr&eacute;dients typiques des &eacute;tudes en sciences sociales (P1 &agrave; P5 et P10), mais l&#39;originalit&eacute; de Dương r&eacute;side dans sa conscience claire de la n&eacute;cessit&eacute; d&#39;int&eacute;grer les dimensions symboliques, cosmologiques et affectives pour les populations locales (P6, P7, P8 et P9). Mais Dương ne dispose que des outils scientifiques occidentaux classiques pour analyser les conceptions vietnamiennes de la nature, ces outils ne lui permettant pas d&#39;explorer en d&eacute;tail, de d&eacute;crire et de comprendre, la &laquo;&nbsp;<em>Vietnamese strong pro-forest culture</em>&nbsp;&raquo; et les &laquo;&nbsp;<em>spiritual matters&nbsp;</em>&raquo;. Elle souligne la diversit&eacute; des relations possibles des paysans avec la for&ecirc;t, sans pouvoir la d&eacute;crire ni m&ecirc;me l&rsquo;inscrire dans une d&eacute;marche de connaissance et de perception qui serait sp&eacute;cifique aux populations qu&rsquo;elles a &eacute;tudi&eacute;es. Certains outils de la m&eacute;sologie pourraient facilement compl&eacute;ter et &eacute;largir ses recherches.</p> <p>Cầm Ho&agrave;ng aborde un tr&egrave;s large &eacute;ventail de questions relatives aux conceptions et aux usages de la for&ecirc;t parmi les populations ethniques du Vietnam. Comme Dương, il traite en d&eacute;tail des modes de vie et de pens&eacute;e locaux (P1, P2, P3 et P4). Lorsqu&#39;il aborde la dimension politique (P5), il int&egrave;gre l&#39;histoire politique locale des seigneurs tha&iuml;landais traditionnels et leurs relations avec le parti-&Eacute;tat vietnamien dominant. C&#39;est un travail de compl&eacute;mentarit&eacute; entre l&#39;histoire textuelle (P10) et l&#39;ethnohistoire orale (P11) qui fait &eacute;cho, mais sans les expliciter, aux dimensions sociale (P4), symbolique (P6), religieuse (P7), cosmologique (P8) et esth&eacute;tique/&eacute;motionnelle (P9) de la gestion de la nature par l&#39;ethnie tha&iuml;e. Les diff&eacute;rents pr&eacute;dicats du sujet &laquo;&nbsp;for&ecirc;t&nbsp;&raquo; pour la population tha&iuml;e sont &eacute;troitement li&eacute;s mais les liens entre eux ne sont pas mis en &eacute;vidence. Pour comprendre le sens de la &laquo;&nbsp;for&ecirc;t&nbsp;&raquo; pour un groupe social sp&eacute;cifique, ici les Tha&iuml;s, il faut &ecirc;tre capable d&#39;embrasser un grand nombre de ses pr&eacute;dicats et si possible de comprendre comment ils s&rsquo;articulent et sont interd&eacute;pendants entre eux.</p> <p>&Aring;rhem concentre ses recherches sur les cosmologies et ontologies locales (P6, P7, P8), mais il ne se limite pas aux th&egrave;mes religieux et spirituels, comme le font souvent les sp&eacute;cialistes de la religion. Il inclut &eacute;galement la dynamique du changement social local : les articulations, les tensions et les accords entre la soci&eacute;t&eacute; locale encore traditionnelle (P11) et les projets de d&eacute;veloppement en tant que politique et id&eacute;ologie de la modernit&eacute;. Ces analyses montrent les profondes interrelations entre les aspects techniques (P1), &eacute;conomiques (P2), &eacute;cologiques (P3), sociaux (P5) et politiques (P6) et la double dimension historique (P10 et P11) des r&eacute;alit&eacute;s locales. Ces articulations d&eacute;coulent du monde global contemporain, domin&eacute; par la production et l&#39;&eacute;conomie lib&eacute;rale qui entoure et fait sens pour les acteurs locaux.</p> <p>L&#39;analyse des &eacute;tudes sur les perceptions de la nature et les r&eacute;cits forestiers montre qu&#39;une description pr&eacute;cise des relations entre humains et non-humains doit prendre en compte les dimensions esth&eacute;tique, &eacute;motionnelle et intuitive, mais aussi historique et ethno-historique. La r&eacute;alit&eacute; d&#39;un groupe social sp&eacute;cifique (b&ucirc;cheron, agriculteur, garde forestier, touriste, chercheur...) est ainsi compos&eacute;e d&#39;un grand nombre de dimensions qui constituent les mani&egrave;res sp&eacute;cifiques de faire sens et d&#39;&ecirc;tre dans cet environnement naturel pour ce groupe. Ce point est essentiel car il place, au c&oelig;ur de la recherche, le r&ocirc;le de l&#39;interpr&egrave;te dans la production de la r&eacute;alit&eacute; de la for&ecirc;t, de la nature et donc dans ses mani&egrave;res d&#39;agir avec et de la g&eacute;rer.</p> <p class="western">&nbsp;</p> <h2>Conclusion</h2> <p>Cette rapide analyse de quelques &eacute;tudes qui s&#39;int&eacute;ressent aux perceptions et aux r&eacute;cits culturels sur la nature au Vietnam a montr&eacute; une riche vari&eacute;t&eacute; de mani&egrave;res de penser et de vivre la nature parmi les diff&eacute;rentes populations du Vietnam. Les cosmologies, les syst&egrave;mes symboliques et les ontologies qui soutiennent ces fa&ccedil;ons d&#39;&ecirc;tre dans le monde sont encore largement inconnus. Le poids de l&#39;habitude et l&#39;assurance de la rationalit&eacute; de nombreuses approches scientifiques occidentales sont les principales raisons qui limitent notre acc&egrave;s &agrave; ces connaissances. L&#39;autre facteur qui rend difficile l&#39;appr&eacute;hension des formes et des contenus de ces cosmologies et ontologies est que toutes les populations &eacute;tudi&eacute;es sont en contact avec des royaumes, des marchands, des missionnaires et des &Eacute;tats depuis des si&egrave;cles. De fait, ces populations savent et sont capables de d&eacute;chiffrer les cultures &eacute;trang&egrave;res et d&#39;int&eacute;grer dans les leurs certaines logiques et &eacute;l&eacute;ments des ontologies respectives. Les interview&eacute;s (Kinh et ethnies minoritaires) savent que dans les syst&egrave;mes de r&eacute;f&eacute;rence ontologiques et moraux de l&#39;Occident moderne et du marxisme-l&eacute;ninisme (pour les fonctionnaires vietnamiens-Kinh), parler de ces choses n&#39;est pas bienvenu et a m&ecirc;me &eacute;t&eacute; fortement puni par l&#39;&Eacute;tat vietnamien &agrave; certaines &eacute;poques.</p> <p>Ce refus de parler met en &eacute;vidence la capacit&eacute; des interview&eacute;s &agrave; se situer dans des ontologies diff&eacute;rentes selon le contexte social et politique. Ainsi, les chercheurs &eacute;trangers au groupe local sont enferm&eacute;s dans une seule ontologie : occidentale et moderne naturaliste, &agrave; la base de la science. Ces populations ethniques peuvent, en fonction des contextes sociaux, symboliques et politiques, prendre leur propre ontologie comme point de r&eacute;f&eacute;rence, par exemple lorsqu&#39;il s&#39;agit d&#39;accomplir le rituel qui renforce les liens entre leur communaut&eacute; et les arbres sacr&eacute;s. Lorsque des agents de l&#39;&Eacute;tat, des projets de d&eacute;veloppement ou des chercheurs viennent les interroger, ils s&#39;appuient alors sur leur connaissance d&#39;ontologies &eacute;trang&egrave;res (kinh et occidentales) pour satisfaire ces agents ext&eacute;rieurs et produire ainsi des &laquo;&nbsp;paroles socialement [et politiquement] acceptables&nbsp;&raquo; (Bourdieu, 1984, p. 122). Localement, ces diff&eacute;rentes ontologies peuvent &ecirc;tre utilis&eacute;es s&eacute;par&eacute;ment ou en combinaison. Lorsqu&#39;elles sont combin&eacute;es, des ontologies hybrides ou superpos&eacute;es apparaissent, par exemple lorsque des patients vietnamiens utilisent conjointement la biom&eacute;decine occidentale et la m&eacute;decine traditionnelle vietnamienne pour traiter la m&ecirc;me maladie. Ces deux formes de m&eacute;decine reposent sur des ontologies diff&eacute;rentes, et l&#39;&eacute;tude de ces ontologies hybrides ou syncr&eacute;tiques soul&egrave;ve de nouvelles questions pour la recherche. Peu de travaux abordent ces probl&egrave;mes &eacute;pist&eacute;mologiques, alors qu&#39;ils constituent une limite importante de nombreuses recherches actuelles.</p> <p>Tous les textes sur la nature nous renseignent sur le ou les sens que certains interpr&egrave;tes lui attribuent et sur la position des interpr&egrave;tes. La nature peut &ecirc;tre interpr&eacute;t&eacute;e par des communaut&eacute;s locales qui lui donnent un sens particulier, ou par des scientifiques qui lui donnent un sens diff&eacute;rent. Le probl&egrave;me fondamental est que de nombreux scientifiques ont encore du mal &agrave; accepter l&#39;existence et l&#39;importance d&#39;un sens local de la nature. La plupart des &eacute;tudes n&#39;incluent que l&#39;interpr&eacute;tation scientifique de la nature, ignorant les interpr&eacute;tations locales ou croyant qu&#39;elles peuvent simplement &ecirc;tre subsum&eacute;es sous l&#39;approche scientifique.</p> <p>Quelle m&eacute;thode et quel rapport aux autres nous permettraient de mieux prendre en compte et comprendre le sens qu&#39;ils donnent aux choses ? L&#39;anthropologue canadien Hy Văn Lương donne un d&eacute;but de r&eacute;ponse lorsqu&#39;il expose trois piliers m&eacute;thodologiques fondamentaux de la recherche anthropologique au Vietnam : &laquo;&nbsp;<em>(1) a command of a local language as a vital entry point into the local sociocultural universe, (2) a sense of empathy for local culture and society, and (3) intensive participant observation, ideally and continuously for twelve months or more, in a particular community.</em>&nbsp;&raquo; (Luong, 2006, p. 371). Ces objectifs, affirme-t-il, pourraient &ecirc;tre atteints gr&acirc;ce &agrave; &laquo; <em>long-term anthropological fieldwork by Western-based scholars, involving extended stay and total immersion in a studied community.</em>&nbsp;&raquo; (2006, p. 372). Les anthropologues parlent souvent d&rsquo;&laquo;&nbsp;immersion&nbsp;&raquo; pour d&eacute;crire leurs relations avec les populations qu&#39;ils &eacute;tudient, mais en fait, il s&#39;agit aussi de participation et d&#39;int&eacute;gration &agrave; la vie locale et d&#39;empathie. Les trois piliers de la relation entre celui qui est &eacute;tudi&eacute; et celui qui &eacute;tudie de Hy Văn Lương s&rsquo;inscrivent dans un vaste d&eacute;bat anthropologique sur les diff&eacute;rences et proximit&eacute;s entre &laquo; l&rsquo;observation participante &raquo; et &laquo; la participation observante &raquo; (Soul&eacute;, 2007). Le fond de la question demeure la qualit&eacute; de la relation que le chercheur choisit et impose &agrave; son interlocuteur. Toutes ces m&eacute;thodes d&rsquo;enqu&ecirc;tes et notions renvoient &agrave; la qualit&eacute; de l&#39;&eacute;change, &agrave; l&#39;&eacute;coute et &agrave; la r&eacute;ciprocit&eacute; - une volont&eacute; &laquo;&nbsp;<em>to open oneself to the being of another</em>&nbsp;&raquo; tr&egrave;s ch&egrave;re aux approches de l&rsquo;anthropologie sensible de Tim Ingold (2013, p. 342) - ; elles permettent de r&eacute;duire la distance intellectuelle, culturelle mais aussi &eacute;motionnelle qui s&eacute;pare ceux qui vivent et ceux qui les &eacute;tudient ; autrement dit, elles permettent de vivre simplement <i>avec eux</i>. Ces attitudes ne sont pas valoris&eacute;es par la science occidentale moderne car elles sont charg&eacute;es d&#39;affects et trop ancr&eacute;es dans des cas particuliers dont il est suppos&eacute;ment impossible de tirer des lois g&eacute;n&eacute;rales. Elles sont donc finalement jug&eacute;es inacceptables et non scientifiques. La m&eacute;sologie ouvre une voie alternative, permettant de penser rationnellement et rigoureusement en dehors ou sur les marges du syst&egrave;me scientifique dominant et du dualisme naturaliste. Cette voie promet une nouvelle compr&eacute;hension des relations et des r&eacute;cits des diff&eacute;rentes communaut&eacute;s culturelles sur le monde naturel.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>R&eacute;f&eacute;rences</h2> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Agrawal, Arun (1995). Dismantling the Divide Between Indigenous and Scientific Knowledge, <i>Development and Change</i>, 26, 413-439.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Agrawal, A., &amp; Redford, K. H. (2006). <i>Poverty, development, and biodiversity conservation: Shooting in the dark?</i> New York: Wildlife Conservation Society.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Apffel-Marglin, Fr&eacute;d&eacute;rique and Marglin, Stephen (eds.) (1990). <i>Dominating Knowledge: Development, Culture and Resistance</i>. Oxford: Clarendon.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">&Aring;rhem, Nikolas (2009). <i>In The Sacred Forest. Landscape, Livelihood and Spirit Beliefs among </i><font color="#000000"><i>the Katu of Vietnam.</i></font><font color="#000000"> Gothenburg: Gothenburg University.</font></span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">---. (2014). <i>Forests, Spirits and High Modernist Development: A Study of Cosmology and Change among the Katuic Peoples in the Uplands of Laos and Vietnam.</i> Uppsala: Acta Universitatis Upsaliensis.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">&Aring;rhem, Nikolas, and Nguyen, Thi Thanh Binh (2006). <i>Road to Progress? The Socio-Cultural Impact of the Ho Chi Minh Highway on the Indigenous Population in the Central Truong Son Region of Vietnan.</i> Hanoi: WWF Indochina Project.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Beau, R&eacute;mi et Larr&egrave;re, Catherine (eds.) (2018). <i>Penser l&#39;Anthropoc&egrave;ne</i>. Paris&nbsp;: Presses de Sciences Po.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Berque, Augustin (2013). Tetralemma and Human Milieu: Mesology in the Light of Yamauchi.<i> </i><i>Ebisu: &Eacute;tudes japonaises</i>, 49, 57-71.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">--- (2014) <i>La m&eacute;sologie, pourquoi et pour quoi faire&nbsp;?</i> Nanterre: Presses Universitaires de Paris Ouest.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">--- (2014a<i>). Po&eacute;tique de la Terre - Histoire naturelle et histoire humaine, essai de m&eacute;sologie</i>. Paris, Belin.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">--- (2016). Nature, Culture: Trajecting beyond Modern Dualism. </font><font color="#000000"><i>Interfaculty </i></font><font color="#000000">7: online </font><font color="#0000ff"><u><a href="https://journal.hass.tsukuba.ac.jp/interfaculty">https://journal.hass.tsukuba.ac.jp/interfaculty</a></u></font><font color="#0000ff">.</font></span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">--- (2018). Au-del&agrave; de la modernit&eacute;&nbsp;? La nature dans la &#39;science naturelle&#39; d&rsquo;Imanishi et dans l&rsquo;&#39;agriculture naturelle&#39; de Fukuoka. <i>Transtext(e)s Transcultures</i>: online <font color="#0000ff"><u><a href="http://journals.openedition.org/transtexts/1160">http://journals.openedition.org/transtexts/1160</a></u></font></span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">--- (2019b). An Enquiry into the Ontological and Logical Foundations of Sustainability: Toward a Conceptual Integration of the Interface &lsquo;Nature/Humanity.&rsquo; <i>Global Sustainability, </i>2(13), 1-10.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Bitbol, Michel (1998). <i>L&rsquo;aveuglante proximit&eacute; du r&eacute;el</i>, Paris&nbsp;: Flammarion.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Blair, Mary, L&ecirc;, Minh D., Sethi, Gautam, Hoang, M. Thach, Nguyen, Van T.H., Amato, George, Birchette, Mark, Eleanor, Sterling (2017). The Importance of an Interdisciplinary Research Approach to Inform Wildlife Trade Management in Southeast Asia, <em>BioScience</em>, 67 (11), 995-1003.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Blanc<b>, </b>Guillaume (<span style="font-weight:normal">2020).</span><b>&nbsp;</b><em>L&rsquo;invention du colonialisme vert.</em><b> </b><em>Pour en finir avec le mythe de l&rsquo;&Eacute;den africain</em><span style="font-weight:normal">. Paris&nbsp;: Flammarion.</span></span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Bourdieu, Pierre (1984). <i>Questions de Sociologie</i>. Paris: Minuit<i>.</i></span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Brunet, Roger, Ferras, Robert and Th&eacute;ry, Herv&eacute; (2005). &laquo;&nbsp;Milieu&nbsp;&raquo;. In : <i>Les mots de la g&eacute;ographie. Dictionnaire critique</i>. Paris: Reclus-La Documentation fran&ccedil;aise, 330.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Burgart Goutal, Jeanne (2017). Un nouveau printemps pour l&rsquo;&eacute;cof&eacute;minisme ? <i>Multitudes,</i> 67 (2), 17- 28.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Castoriadis, Cornelius (1996). <i>Les carrefours du labyrinthe IV. </i><em>La Mont&eacute;e de l&rsquo;insignifiance</em>. Paris: Le Seuil.</span></p> <p class="western" style="margin-left:48px; text-indent:-1.27cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Clayton, Susan (2003). Environmental identity: A conceptual and an operational definition. In :&nbsp;S. Clayton (ed.), <i>Identity and the Natural Environment.</i> S.O. Cambridge, MA: The MIT Press, 45-65.</span></p> <p class="western" style="margin-left:48px; text-indent:-1.27cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%"><font face="Times New Roman, serif">Culas, Christian (2024), Populations locales et aires naturelles prot&eacute;g&eacute;es au Vietnam. Quand la hi&eacute;rarchie des connaissances scientifiques rend muet les savoirs locaux, In&nbsp;: Bourdier, F. (ed.), </font><font face="Times New Roman, serif"><i>Les peuples autochtones en Asie du Sud et du Sud-Est face au d&eacute;fi &eacute;cologique et aux instances de conservation</i></font><font face="Times New Roman, serif">. Paris&nbsp;: Karthala, 93-116.</font></span></p> <p class="western" style="margin-left:48px; text-indent:-1.27cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">---&nbsp;</span> (<span style="line-height:100%">2023).<b> </b>Protected Area Narratives in Vietnam: An Anthropological and Mesological Approach. In : Ursula K. Heise and Pham Phuong Chi (eds.), <i>Environment, Nature and Narratives in Vietnam</i>. London: <font color="#000000">Palgrave-McMillan, Series Literatures, Cultures, and the Environment, 45-62.</font></span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">---<font color="#000000"> (2019). Nature and Human in Sino-Vietnamese Conceptions and Practices: Articulations between Asian Vernacular &quot;Analogism&quot; and Western Modern &quot;Naturalism&quot; Modes of Identification. In : </font>Chitra Sankaran, Chi P. Pham, and Gurpreet Kaur (eds.), <font color="#000000"><i>Ecologies in Southeast Asian Literatures: Histories, Myths </i></font><i>and Societies</i>. Wilmington: Vernon Press, 111-129.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Culas, Christian et Veriza, Francis (2022). L&rsquo;articulation entre savoirs vernaculaires et projets de d&eacute;veloppement et de conservation de la nature est-elle possible ? Cas d&rsquo;&eacute;tudes &agrave; Madagascar et au Vietnam,<i> Conf&eacute;rence &agrave; l&rsquo;universit&eacute; Environnement et soci&eacute;t&eacute;s</i>,&nbsp;Antanarivo&nbsp;: Universit&eacute; d&rsquo;Antanarivo, 25 octobre 2022.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Descola, Philippe (2013) [2005]. <i>Beyond Nature and Culture</i>. Trans. Janet Lloyd. Chicago: University of Chicago Press. </span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Đinh Thanh Sang<font color="#221f1f"> (2006). Interactions between Local People and Protected Areas: A Case Study of Cat Tien Biosphere Reserve, Vietnam. Dresden: Technical University of Dresden Masters Thesis. </font></span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">--- (2019). Tri thức bản địa về sử dụng thực vật rừng ăn được của đồng b&agrave;o S&rsquo;ti&ecirc;ng ở vườn quốc gia C&aacute;t Ti&ecirc;n. <i>Tạp ch&iacute; Khoa học Trường Đại học Cần Thơ, </i>55.3, 8-15. </span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">--- (2020). <i>Coexistence for Sustainable Development: A Case in Cat Tien National Park.</i> Ho Chi Minh City: Vietnam National University/Ho Chi Minh City Press.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%"><font color="#000000">Đinh Trọng Hiếu</font> (1997). Signes-Nature, Signatures, Biodiversit&eacute; : Les &lsquo;bosquets cultuels&rsquo; au Vietnam Pour un concept de &#39;vestiges verts.&#39; <i>Cahiers d&rsquo;Etudes Vietnamiennes</i>, 12, 31-44.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Dương Thị B&iacute;ch Ngọc (2019). <i>Social Aspects of Forest and Nature Conservation in Vietnam</i>. Nijmegen: Radboud Universiteit, PhD Dissertation.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Duvivier, Chlo&eacute; (2021). La cr&eacute;ation d&rsquo;espaces naturels prot&eacute;g&eacute;s stimule-t-elle le d&eacute;veloppement &eacute;conomique local ? Une revue de la litt&eacute;rature, <i>Revue d&#39;&eacute;conomie politique</i>, 131(6), 849-886. (DOI 10.3917/redp.316.0029)</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Escobar, Arturo (2018). <i>Sentir-penser avec la Terre : L&rsquo;&eacute;cologie au-del&agrave; de l&rsquo;Occident.</i> Paris: Seuil.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Feyerabend, Paul (1993) [1975]. <i>Against Method: Outline of an Anarchistic Theory of Knowledge. </i>London: Verso. (Third edition).</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Haraway, Donna (1988). Situated Knowledges: The Science Question in Feminism and The Privilege of Partial Perspective.<i> </i><i>Feminist Studies</i>, 14 (3), 575-599.</span></p> <p style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Hess, G&eacute;rard, et Bourg, Dominique (dir.) (2016). <i>Science, conscience et environnement.</i> Paris: Presses Universitaires de France.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Ho&agrave;ng, Cầm (2011). &quot;Forest Thieves&quot;: State Resource Policies, Market Forces and Struggle over Livelihood and Meanging of Nature in a Northwestern Valley of Vietnam. In : Thomas Sikor, Tuyến Nghi&ecirc;m Phương, Jennifer Sowerwine, and Jeff Romm (eds.), <i>Upland Transformations in Vietnam. </i>Singapore: NUS Press, 92-114.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">--- (2009). <em>Forest Thieves? The Politics of Forest Resources in a North-western Frontier Valley of Vietnam</em>. Seattle: University of Washington PhD Dissertation.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Hocart, Albert Maurice (1970). <i>The Life-Giving Myth and other essays</i>. London: Methuen. (First ed. 1952)</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Ingold, Tim (2013). <i>Marcher avec les dragons</i>. Bruxelles: Zones sensibles.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">--- (2000). <i>The Perception of the Environment: Essays on Livelihood, Dwelling and Skill.</i> London: Routledge.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Grothendieck, Alexandre (2022). <i>Allons-nous continuer la recherche scientifique&nbsp;?</i> Paris: Sandre.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Kohn, Eduardo (2013). <i>How Forests Think: Toward an Anthropology Beyond the Human</i>. Berkeley: University of California Press.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Larr&egrave;re, Catherine, et Larr&egrave;re, Rapha&euml;l (1997). <i>Du bon usage de la nature. Pour une philosophie de l&rsquo;environnement</i>. Paris : Aubier.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">L&eacute;vy-Leblond, Jean-Marc, et Joubert, Alain (dir.) (1973).<i> (Auto)critique de la science.</i> Paris&nbsp;: Seuil.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">L&eacute;vy-Leblond, Jean-Marc (1981). <i>L&rsquo;esprit de sel. Science, Culture, Politique.</i> Paris&nbsp;: Fayard.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Lương, Hy Văn (2006). Structure, Practice, and History: Contemporary Anthropological Research on Vietnam.<i> </i><i>Journal of Vietnamese Studies</i>, 1.1-2, 371&ndash;409.</span></p> <p align="justify" class="western" style="margin-top:19px; margin-bottom:19px"><span style="line-height:100%">Maris, Virginie (2009). Quelques pistes pour un dialogue f&eacute;cond entre f&eacute;minisme et &eacute;cologie,<i> </i><i>Multitudes</i>, 36, 1-9.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">McElwee, Pamela D. (1999). Policies of Prejudice: Ethnicity and Shifting Cultivation in Vietnam. <i>Watershed</i>: <i>People&rsquo;s Forum on Ecology, </i>5.1, 30-38.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">--- (2016). <em>Forests Are Gold</em>: <em>Trees</em>, <i>People, and Environmental Rule in Vietnam</i>. Seattle: University of Washington Press.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Merchant, Carolyn (2018). <i>Science and Nature. Past, Present and Future</i>. New York &ndash; London: Routledge.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Olivier de Sardan, Jean-Pierre (2008). <i>La rigueur du qualitatif</i>. Louvain-la-Neuve: Bruylant-Academia.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">O&rsquo;Rourke, Dara (1995). Economics, Environment and Equity: Policy Integration During Development in Vietnam. <i>Berkeley Planning Journal,</i> 10, 15-35.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Orr, David W. (1993). Love it or lose it: The coming biophilia revolution. In : Kellert,&nbsp;S. R. and Wilson,&nbsp;E. O.<i> </i>(eds.),<i> The biophilia hypothesis</i>. New York: Island Press. 415-440.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-top:16px; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Ortmann, Stephan (2017). <i>Environmental Governance in Vietnam: Institutional Reforms and Failures.</i> Cham: Palgrave Macmillan.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Ostrom, Elinor (2009). A general framework for analyzing sustainability of social&ndash; ecological systems. <i>Science</i>, 325, 419-422.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Plumwood, Val (1991). Nature, Self and Gender: Feminism, Environmental Philosophy, and the Critique of Rationalism. <i>Hypatia,</i> 6 (1), 3-27. Special Issue: Ecological Feminism. DOI: <a href="https://doi.org/10.1111/j.1527-2001.1991.tb00206.x" target="_blank"><u>https://doi.org/10.1111/j.1527-2001.1991.tb00206.x </u></a></span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Prigogine, Ilya, et Stengers, Isabelle (1986). <i>La Nouvelle alliance</i>. Paris&nbsp;: Gallimard.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Quesne, Ga&eacute;tan, et al. (2019). <i>&Eacute;valuation des contributions des interventions Aires Prot&eacute;g&eacute;es de l&rsquo;AFD &agrave; la conservation et au d&eacute;veloppement (2000-2017), </i>Paris&nbsp;: AFD-GRET.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Razafindrakoto, Mireille, Roubaud, Fran&ccedil;ois, Culas, Christian, Pannier, Emmanuel, Carri&egrave;re, St&eacute;phanie (2018). <i>Mise en place d&rsquo;un Dispositif de connaissance, suivi et &eacute;valuation socio-&eacute;conomique et environnemental de la Nouvelle Aire Prot&eacute;g&eacute;e du Makay</i>, Madagascar. https://hal-normandie-univ.archives-ouvertes.fr/hal-02167094</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Santos, Boaventura de Sousa (2014). <i>Epistemologies of the South. Justice against Epistemicide</i>. Boulder: Paradigm Publishers.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Seamon, David (1984). Emotional experience of the environment. <i>The American Behavioral Scientist,</i> 27, 757-770.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Shao, Liang (2012). Logiques du tiers-exclu et du tiers-inclus, en science naturelle et dans les langues. In :<i> </i>Bernard Guy (dir.)<i>, Deuxi&egrave;mes Ateliers sur la contradiction ASLC 2011</i>. Paris&nbsp;: Presse des Mines, 1-16. <font color="#0000ff"><u><a href="https://www.researchgate.net/publication/257738946_Logiques_du_tiers-exclu_et_du_tiers-inclus_en_science_naturelle_et_dans_les_langues">https://www.researchgate.net/publication/257738946_Logiques_du_tiers-exclu_et_du_tiers-inclus_en_science_naturelle_et_dans_les_langues</a></u></font></span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Smith Tuhiwai, Linda (2012). <i>Decolonizing Methodologies. Research and Indigenous Peoples</i>. London - New York:<i> </i>Zed Books. </span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Stengers, Isabelle (2003). Penser les sciences par leur milieu. <i>Coll&egrave;ge international de Philosophie,</i> 41 (3), 41-51. https://www.cairn.info/revue-rue-descartes-2003-3-page-41.htm</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">--- (1993). <i>L&rsquo;invention des sciences modernes</i>. Paris&nbsp;: La D&eacute;couverte. [CPDF]</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Stein, Rolf Alfred (1942). Jardins en miniature d&#39;Extr&ecirc;me-Orient. <i>Bulletin de l&#39;Ecole fran&ccedil;aise d&#39;Extr&ecirc;me-Orient,</i> 42, 1-104.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Soul&eacute;, Bastien (2007). Observation participante ou participation observante ? Usages et justifications de la notion de participation observante en sciences sociales. <i>Recherches Qualitatives</i>, 27, 127-140. (hal-02345795)</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Survire (1973). La nouvelle &eacute;glise universelle.<i> </i>In :<i> </i>Jaubert, Alain, et L&eacute;vy-Leblond, Jean Marc (dir.), <i>(Auto)Critique de la science.</i> Paris: Seuil. 51-63.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Thomas, Fr&eacute;d&eacute;ric (1999). <i>Histoire du r&eacute;gime et des services forestiers en Indochine fran&ccedil;aise de 1862 &agrave; 1945. </i>Hanoi : Th&eacute; Gioi.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">--- (2009). Protection des for&ecirc;ts et environnementalisme coloniale : Indochine 1860-1945. <i>Revue d&rsquo;histoire moderne et contemporaine</i>, 56.4, 104-136.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Tsing, Anna L. (2015). <i>The Mushroom at the End of the World: On the Possibility of Life in Capitalist Ruins</i>. Princeton: Princeton University Press.</span></p> <p class="western" style="margin-left:36px; text-indent:-0.95cm; margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Viveiros de Castro, Edwardo (2014). <i>Cannibal Metaphysics: For a Post-Structural Anthropology.</i> Trans. Peter Skafish. Minneapolis, MN: Univocal Publishing.</span></p> <p class="western" style="margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">Wilson, Edward. O. (1984). <i>Biophilia</i>. Cambridge, MA: Harvard University Press.</span></p> <p class="western" style="margin-bottom:16px"><span style="line-height:100%">--- (1993). The conservation ethic. In :&nbsp;S. R. Kellert, and E. O. Wilson (eds), <i>The biophilia hypothesis</i>. New York: Island Press, 119-140.</span></p> <p class="western" style="margin-bottom:16px">&nbsp;</p> <div id="sdfootnote1"> <p class="western"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a> Une &laquo;&nbsp;aire prot&eacute;g&eacute;e&nbsp;&raquo; est, selon l&#39;UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature et des Ressources), &laquo;&nbsp;un espace g&eacute;ographique clairement d&eacute;fini, reconnu, consacr&eacute; et g&eacute;r&eacute;, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d&#39;assurer &agrave; long terme la conservation de la nature, des services &eacute;cosyst&eacute;miques et des valeurs culturelles qui lui sont associ&eacute;s&nbsp;&raquo; (Borrini-Feyerabend et al., 2013). L&#39;UICN distingue cinq cat&eacute;gories d&#39;aires prot&eacute;g&eacute;es par ordre d&eacute;croissant d&#39;importance des mesures de protection : les r&eacute;serves naturelles int&eacute;grales, les parcs, les monuments nationaux, les r&eacute;serves &agrave; but sp&eacute;cialis&eacute; et les zones de paysages prot&eacute;g&eacute;s. &Agrave; ces cat&eacute;gories s&#39;ajoutent les r&eacute;serves d&#39;animaux et les sites du patrimoine mondial de l&#39;UNESCO.</p> </div> <div id="sdfootnote2"> <p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a> La &laquo;&nbsp;caisse &agrave; outils de la m&eacute;sologie&nbsp;&raquo; est d&eacute;taill&eacute;e avec les notices d&rsquo;utilisation dans Berque (2014) et surtout dans <i>La Po&eacute;tique de la Terre </i>(2014a).</p> </div> <div id="sdfootnote3"> <p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a> Il est possible d&rsquo;&eacute;largir les r&eacute;f&eacute;rences aux travaux poss&eacute;dants certaines affinit&eacute;s fortes avec la m&eacute;sologie, en particulier en philosophie et en philosophie des sciences avec par exemple R&eacute;mi Beau (2018), Catherine Lar&eacute;rre (1997), Isabelle Stengers (1993, 2003), et &eacute;galement &agrave; certaines branches de la physique&nbsp;: Jean-Marc L&eacute;vy-Leblond (1991), Michel Bitbol (1998), Ilya Prigogine et I. Stengers (1986). Mais cela d&eacute;passe le cadre d&eacute;fini pour cette &eacute;tude.</p> </div> <div id="sdfootnote4"> <p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a> Ce constat est devenu un classique d&rsquo;une certaine &eacute;pist&eacute;mologie post-coloniale et &eacute;cof&eacute;ministe (voir Blanc, 2020&nbsp;; Maris, 2007&nbsp; et Merchant, 2018).</p> </div> <div id="sdfootnote5"> <p class="sdfootnote-western"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym">5</a> Pour un aper&ccedil;u des relations entre humain et nature dans l&#39;histoire r&eacute;cente du Vietnam, voir Culas (2019, 2023 et 2024).</p> </div>