<h2>Introduction</h2> <p>En envisageant les humanit&eacute;s environnementales comme un domaine de recherches&nbsp;nous faisons un choix &eacute;pist&eacute;mologique&nbsp;: tous les &ecirc;tres vivants, particuli&egrave;rement les non-humains, sont dignes d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts et de consid&eacute;rations. Ils nous encouragent &agrave; mieux les conna&icirc;tre et &agrave; &eacute;tendre nos relations. De sorte qu&rsquo;ils deviennent les sujets d&rsquo;une r&eacute;flexion qui touche aux conditions de coexistence de tous les vivants. Ainsi nous pouvons nous int&eacute;resser aux apports r&eacute;ciproques et aux relations inter-esp&egrave;ces.</p> <p>Dans cette optique, nous avons choisi un animal, le cheval, en mesure de r&eacute;v&eacute;ler des b&eacute;n&eacute;fices conjoints. Les hommes partagent une histoire commune avec les chevaux, qui est &agrave; l&rsquo;origine du d&eacute;veloppement des soci&eacute;t&eacute;s. Utilis&eacute;s principalement comme moyen de transport, mais aussi dans&nbsp;le labour et au sein des arm&eacute;es, les chevaux ont contribu&eacute; aux progr&egrave;s humains. Pourtant le XIX<sup>&egrave;me</sup> si&egrave;cle s&rsquo;ach&egrave;ve en 1899, avec l&rsquo;ouvrage d&#39;un homme de lettres, Pierre Giffard, intitul&eacute;, <i>La fin du cheval</i>. L&rsquo;animal vient de perdre toute l&eacute;gitimit&eacute; en tant que moyen de transport, d&eacute;class&eacute; au profit des machines. Les techniques agricoles vont progressivement pouvoir, elles aussi, se passer de son travail dans les champs. La seconde guerre mondiale mettra de c&ocirc;t&eacute; les chevaux, moins rapides et r&eacute;sistants. L&rsquo;homme va-t-il pouvoir conserver au cheval une place dans la soci&eacute;t&eacute;&nbsp;? Ce sont les &eacute;cuyers qui vont placer l&rsquo;animal au centre d&rsquo;une nouvelle perspective sociale et &eacute;conomique, en d&eacute;veloppant l&rsquo;&eacute;quitation dans la soci&eacute;t&eacute;. Celle-ci ne doit plus &ecirc;tre r&eacute;serv&eacute;e &agrave; un corps de m&eacute;tier (principalement l&rsquo;arm&eacute;e) ou un milieu social (la bourgeoisie). Cette entreprise de d&eacute;mocratisation commence d&egrave;s 1912 avec les jeux olympiques de Stockholm. De nouvelles fonctions &eacute;conomiques et sociales vont progressivement soutenir l&rsquo;activit&eacute; des &eacute;quid&eacute;s dans la soci&eacute;t&eacute;&nbsp;: jeux, spectacles, sport et loisirs. De sorte que le cheval se rapproche suffisamment des individus pour obtenir, en ce d&eacute;but du XXI<sup>&egrave;me</sup> si&egrave;cle, un statut similaire &agrave; celui d&rsquo;un animal de compagnie.</p> <p>La consid&eacute;ration et l&rsquo;attachement des hommes pour les chevaux ne sont donc pas nouveaux. Leur inscription juridique au sein du code rural les classe parmi les animaux de ferme, ce que l&rsquo;on peut facilement comprendre en raison de l&rsquo;espace foncier dont les &eacute;quid&eacute;s ont besoin. N&eacute;anmoins, cela fait d&rsquo;eux des objets de rente assujettis &agrave; de possibles d&eacute;rives, relatives &agrave; leur exploitation (usages trop contraignants, n&eacute;gligence dans les soins) malgr&eacute; une protection contre la maltraitance<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[1]</sup></a>. De sorte que nous sommes en pr&eacute;sence d&rsquo;une humanit&eacute; stigmatis&eacute;e par les diff&eacute;rents usages socialement construits autour du cheval (&eacute;levage, jeux d&rsquo;argent, travail), esp&egrave;ce par ailleurs soumise &agrave; un anthropocentrisme.</p> <p>Le cheval reste r&eacute;duit &agrave; des formes d&rsquo;utilit&eacute;s sociales concernant la pratique du sport, les activit&eacute;s de pleine nature, une qu&ecirc;te d&rsquo;&eacute;panouissement personnel. Ce bien-&ecirc;tre postul&eacute; par la mise en relation du cheval et de l&rsquo;humain rel&egrave;ve d&rsquo;un enjeu sanitaire et social<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[2]</sup></a> que l&rsquo;on retrouve au sein du grand public et principalement des jeunes de moins de 25 ans (l&rsquo;&eacute;quitation est le 1<sup>er</sup> sport f&eacute;minin fran&ccedil;ais en nombre de licenci&eacute;es depuis plus de 10 ans), mais aussi parmi quelques structures &eacute;questres proposant des lieux et des moments d&eacute;di&eacute;s &agrave; la mise en relation des chevaux et des personnes en situation de handicap. Ainsi l&rsquo;animal se retrouve dans un nouvel enjeu au sein duquel il demeure un objet utile, tout en p&eacute;n&eacute;trant dans le cadre d&rsquo;une relation inter-esp&egrave;ce qui fait de lui une source de consid&eacute;ration, d&eacute;passant le cadre de l&rsquo;opposition nature/culture. Philippe Descola&nbsp;rappelle que &laquo; le r&eacute;f&eacute;rent commun aux entit&eacute;s qui habitent le monde n&#39;est pas l&rsquo;homme en tant qu&rsquo;esp&egrave;ce, mais l&rsquo;humanit&eacute; en tant que condition&nbsp;&raquo; (Descola, 2005). Le cheval serait ce vivant capable de f&eacute;d&eacute;rer les int&eacute;r&ecirc;ts communs de l&rsquo;humanit&eacute;.</p> <p>Nous nous proposons d&rsquo;interroger les formes de reconnaissances d&eacute;coulant de la mise en relation humain/&eacute;quid&eacute;. Quel est l&rsquo;enjeu social consistant &agrave; se rapprocher du cheval ? La m&eacute;diation &eacute;quine pourrait-elle permettre de r&eacute;duire l&rsquo;&eacute;cart entre vivants, humains et non-humains, de mani&egrave;re globale, mais aussi de remettre en cause le regard social, souvent stigmatisant, qu&rsquo;il est possible d&rsquo;observer envers les personnes en situation de handicap, plus sp&eacute;cifiquement&nbsp;?</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <h2>Les chevaux&nbsp;: des ponts entre les vivants</h2> <p>Nous pensons entretenir avec les chevaux des relations s&rsquo;inscrivant au sein d&rsquo;une nature physique qui les positionne dans le cadre d&rsquo;un d&eacute;cor, o&ugrave; ils incarnent des ressources symboliques et &eacute;motionnelles. L&rsquo;image du &laquo;&nbsp;cheval dans la nature&nbsp;&raquo; est le signe d&rsquo;une &laquo;&nbsp;richesse verte&nbsp;&raquo;. Elle symbolise des rapports au cours desquels l&rsquo;humain se rapproche du v&eacute;g&eacute;tal et des autres &ecirc;tres vivants. Le cheval invite les individus &agrave; consid&eacute;rer et &agrave; appr&eacute;cier les &eacute;cosyst&egrave;mes. L&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t pour la biodiversit&eacute;, l&rsquo;attention port&eacute;e aux paysages et au patrimoine font partie d&rsquo;un sch&eacute;ma plus vaste au cours duquel l&rsquo;animal constitue une prise de conscience, amenant les individus &agrave; se soucier de leur environnement naturel, et ainsi &agrave; le prot&eacute;ger. Dans cette perspective les relations aux animaux sont prises en compte comme pouvant &eacute;tablir des ponts entre soi et le vivant, entre les communaut&eacute;s et les soci&eacute;t&eacute;s, en termes de comportement durable. En t&eacute;moignent les campagnes publicitaires de la f&eacute;d&eacute;ration fran&ccedil;aise d&rsquo;&eacute;quitation, faisant du cheval un acteur du d&eacute;veloppement durable int&eacute;gr&eacute; dans les statuts&nbsp;: &laquo;&nbsp;Alliant plaisir et &eacute;vasion, en harmonie avec le cheval et la nature, il est pl&eacute;biscit&eacute; par toutes les g&eacute;n&eacute;rations. Loin du stress de nos vie quotidiennes, le tourisme &eacute;questre offre une bouff&eacute;e d&rsquo;oxyg&egrave;ne, hors du temps, au rythme du pas des chevaux&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[3]</sup></a>. Le cheval participe au mouvement de socialisation et d&rsquo;&eacute;cologisation de la soci&eacute;t&eacute;&nbsp;: la nature n&rsquo;est plus consid&eacute;r&eacute;e comme objet &agrave; exploiter mais un sujet de sensibilit&eacute; permettant des exp&eacute;riences, s&rsquo;inscrivant dans la sph&egrave;re du quotidien : alimentation, pratiques douces, d&eacute;veloppement personnel, souci envers les autres vivants.</p> <p>De sorte qu&rsquo;il peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;, comme nous le sugg&eacute;rons, en tant que facteur propice au d&eacute;veloppement des humanit&eacute;s environnementales.</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <h2>Epist&eacute;mologie et m&eacute;thodologie de la recherche</h2> <p>Cette mani&egrave;re d&rsquo;envisager la relation au cheval privil&eacute;gie les approches sensibles, tant du point de vue th&eacute;orique qu&rsquo;empirique. Nous songeons aux travaux sur les &eacute;motions, d&eacute;j&agrave; pr&eacute;sents en creux, chez les p&egrave;res fondateurs de la discipline sociologique<a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[4]</sup></a>. Chez ces derniers, le symbolisme participe &agrave; la construction du lien social et au processus de socialisation. Le sensible permet de s&rsquo;accorder avec la nature en jouant sur l&rsquo;&eacute;veil des sens, renouvelant la compr&eacute;hension des ph&eacute;nom&egrave;nes sociaux. L&rsquo;approche sensible permet l&rsquo;ancrage des repr&eacute;sentations (Chateauraynaud et Bessy, 2014) et place les nouvelles conduites &eacute;motionnelles comme enjeu des sciences sociales (Bernard, 2017). Les chevaux concr&eacute;tisent des exp&eacute;riences engageantes. Ils s&rsquo;inscrivent au sein d&rsquo;activit&eacute;s de plein air, d&eacute;veloppant le contact direct avec une nature d&eacute;tentrice des liens, que les humains doivent entretenir&nbsp;: respect de la faune et de la flore, int&eacute;r&ecirc;t pour les &eacute;cosyst&egrave;mes, mise en &oelig;uvre du d&eacute;veloppement durable durant les pratiques, souci &eacute;cologique, d&eacute;veloppement physique et psychique.</p> <p>Les perspectives propos&eacute;es par les &laquo; humanit&eacute;s environnementales &raquo; permettent de saisir le sensible comme un &eacute;l&eacute;ment de &laquo;&nbsp;reliance&nbsp;&raquo; (Bolle de Bal, 2009). Les liens inter-esp&egrave;ces sont une mani&egrave;re de faire soci&eacute;t&eacute;. Les humanit&eacute;s environnementales interrogent le monde d&rsquo;aujourd&rsquo;hui afin de mieux &eacute;laborer celui de demain (Chon&eacute; et al., 2016). C&rsquo;est aussi en ce sens que le cheval s&rsquo;av&egrave;re &ecirc;tre un animal de choix.</p> <p>De mani&egrave;re empirique, nous nous demandons alors comment le cheval contribue-t-il &agrave; d&eacute;velopper des formes d&rsquo;humanit&eacute;s&nbsp;?</p> <p>Pour r&eacute;pondre &agrave; cette probl&eacute;matique nous avons choisi de pr&eacute;senter la mise en relation d&rsquo;un public vuln&eacute;rable (personnes en situation de handicap mental et physique) afin de montrer que non seulement le cheval est porteur de soin gr&acirc;ce aux dimensions sensibles qu&rsquo;il&nbsp;transporte, mais qu&rsquo;il permet aussi de d&eacute;passer les stigmates qui affectent les personnes porteuses de vuln&eacute;rabilit&eacute;, &eacute;tendant la notion d&rsquo;humanit&eacute;s bien-au-del&agrave; d&rsquo;une simple relation inter-esp&egrave;ces.</p> <p>La perspective introduite nous permet de r&eacute;fl&eacute;chir dans un premier temps aux accords r&eacute;ciproques entre le cheval et l&rsquo;homme, tout en interrogeant dans un second temps ce qui compose cette relation et permet le rapprochement entre vivants<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[5]</sup></a>.</p> <p>La recherche men&eacute;e consiste notamment &agrave; observer sur plusieurs s&eacute;quences (un trimestre) un groupe constitu&eacute; de huit cavali&egrave;res adolescentes &acirc;g&eacute;es de 13 &agrave; 16 ans, parmi lesquelles deux personnes en situation de handicap mental, s&eacute;journant durant la semaine en foyer et &eacute;valu&eacute;es par l&rsquo;accompagnant comme &laquo;&nbsp;renferm&eacute;es&nbsp;&raquo; et pouvant faire preuve de &laquo;&nbsp;comportements agressifs envers les autres&nbsp;&raquo;. Ces cavali&egrave;res &eacute;voluent au sein d&rsquo;un espace clos, mais ouvert sur l&rsquo;ext&eacute;rieur (un man&egrave;ge). Elles sont guid&eacute;es par l&rsquo;enseignant. Leur niveau &eacute;questre est de type d&eacute;butant.</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <h2>Premiers r&eacute;sultats&nbsp;: le d&eacute;veloppement d&rsquo;une relation r&eacute;sonante</h2> <p>Les cavaliers d&eacute;veloppent des relations affectives avec les chevaux qui les poussent &agrave; les consid&eacute;rer comme des &ecirc;tres &laquo;&nbsp;pensants&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;sentants&nbsp;&raquo; (Haraway, 2010) comme les humains, et donc tout autant vuln&eacute;rables, lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit de ressentir leurs besoins, de les soigner ou d&rsquo;entrer en relation. Cette consid&eacute;ration nous invite &agrave; saisir les &laquo;&nbsp;habilet&eacute;s&nbsp;&raquo;, voire les &laquo;&nbsp;capabilit&eacute;s &raquo; (Nussbaum, 2012) comprises au sein de la relation inter-esp&egrave;ces. Le cheval donne un contenu &agrave; la relation. Il devient cet animal qui permet de partager un m&ecirc;me espace sur une m&ecirc;me dur&eacute;e, par l&rsquo;interm&eacute;diaire des sensations et des sentiments, inspir&eacute;s et partag&eacute;s par l&rsquo;ensemble du groupe.</p> <p>Le point de d&eacute;part est celui d&rsquo;un &eacute;prouv&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;l&rsquo;on est touch&eacute; par ce que l&rsquo;on touche&nbsp;&raquo;.&nbsp;Ainsi la beaut&eacute; de l&rsquo;animal, mais aussi les mani&egrave;res dont il se d&eacute;place, sa locomotion et son langage sont les supports d&rsquo;une attention cibl&eacute;e. La proximit&eacute; &eacute;prouv&eacute;e avec l&rsquo;animal et son environnement constituent des moments lib&eacute;rant des &eacute;motions&nbsp;capables d&rsquo;ouvrir les personnes en situation de handicap vers elles-m&ecirc;mes et les autres, humains et non-humains. Les cavali&egrave;res interrog&eacute;es disent &laquo;&nbsp;comprendre leurs chevaux&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;savoir ce qu&rsquo;ils veulent&nbsp;&raquo;, mais surtout le cheval leur &laquo;&nbsp;parle &raquo;, il &laquo;&nbsp;r&eacute;pond&nbsp;&raquo; &agrave; leur demande. Cela se voit &laquo;&nbsp;dans ses yeux&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;lorsqu&rsquo;il se frotte &raquo;, &laquo;&nbsp;qu&rsquo;il tend [dresse] les oreilles&nbsp;&raquo;.</p> <p>Nous savons d&eacute;j&agrave; que la mise en relation des chevaux avec des personnes en situation de handicap s&rsquo;ins&egrave;re dans des formes de soins qui s&rsquo;appuient sur les r&eacute;actions positives suscit&eacute;es par le contact animalier (Michalon, 2014).</p> <p>Le contact avec le corps du cheval durant les moments de soins, engage le propre corps de la personne, mais il instaure aussi une forme de don et de contre don imm&eacute;diat. Nous insistons sur &laquo; l&rsquo;&eacute;quith&eacute;rapie [qui] se concentre sur la m&eacute;diatisation par le cheval autour des dimensions psychiques et corporelles &raquo;<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[6]</sup></a>.&nbsp; Le cheval para&icirc;t d&eacute;tenir la capacit&eacute; de socialiser un individu en situation de handicap ou de troubles du comportement (polyhandicap, trouble du spectre autistique, burn-out &hellip;). Nous ne pouvons ici d&eacute;tailler les tenants professionnels de ces situations observ&eacute;es en partie<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[7]</sup></a>. Le cheval ne ressent pas le handicap, ou pourrait-on affirmer &agrave; la suite des travaux d&rsquo;Erving Goffman (1975), de stigmate. &nbsp;Il &eacute;prouve les &eacute;motions ressenties par la personne et devient un miroir r&eacute;v&eacute;lateur, proposant &laquo;&nbsp;sa mani&egrave;re d&rsquo;&ecirc;tre au monde &raquo;. On peut alors parler &laquo; d&rsquo;apprivoisement r&eacute;ciproque &raquo;<i> </i>de l&rsquo;ordre de l&rsquo;affectivit&eacute; que l&rsquo;on retrouve au sein des &eacute;tudes recens&eacute;es (Boyer et al., 2010).</p> <p>Pour nombre de professionnels, le cheval agirait comme un miroir permettant une &laquo;&nbsp;restauration de soi &raquo;. Elle mise sur les effets corporels et les affects qui se d&eacute;gagent lorsque hommes et chevaux sont mis en pr&eacute;sence. Ces derniers seraient &laquo;&nbsp;capables&nbsp;&raquo; d&rsquo;&eacute;tablir un dialogue non-verbal avec l&rsquo;humain, &agrave; la mani&egrave;re des neurones miroirs<a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[8]</sup></a> dont les deux esp&egrave;ces sont dot&eacute;es. Par cet effet, un cheval calme et apais&eacute; permet &agrave; l&rsquo;individu &agrave; son contact, de se d&eacute;centrer de son handicap, afin de d&eacute;velopper la relation au cheval et aux autres membres du groupe (plusieurs s&eacute;ances sont n&eacute;cessaires et varient selon les situations et les individus).</p> <p>On peut mieux comprendre l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un cheval m&eacute;diateur. Celui-ci est d&eacute;j&agrave;, avec la d&eacute;mocratisation de l&rsquo;&eacute;quitation, un tremplin du <i>care</i><a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[9]</sup></a> qui d&eacute;finit la situation ici et maintenant comme l&rsquo;enjeu du soin. En s&rsquo;occupant du cheval, plus exactement, en le pansant (activit&eacute;s li&eacute;es &agrave; ses soins corporels comme curer les pieds, brosser le corps et les crins), on panse ses propres blessures.</p> <p>Les th&eacute;rapies et l&rsquo;accompagnement des publics sensibles s&rsquo;observent dans des situations les plus diverses au cours desquelles le cheval constitue une mise &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve des capacit&eacute;s d&rsquo;ouverture et d&rsquo;exploration d&eacute;tenues par chacun&nbsp;: Etablissements d&rsquo;h&eacute;bergement pour personnes &acirc;g&eacute;es d&eacute;pendantes (Ehpad), prisons, foyers, h&ocirc;pitaux sont des lieux qui ouvrent de nouveaux m&eacute;tiers et de nouvelles perspectives pour les pensionnaires. Cela n&rsquo;a rien de surprenant que le cheval puisse s&rsquo;inviter au sein de structures ferm&eacute;es<a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[10]</sup></a>, lui qui est porteur d&rsquo;un imaginaire de libert&eacute;. On comprend que le cheval repr&eacute;sente une porte de sortie de l&rsquo;institution et un pont<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[11]</sup></a> pour reprendre possession de son corps et de ses affects.</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <h2>Vers une herm&eacute;neutique des humanit&eacute;s environnementales</h2> <p>Les travaux fondateurs de Philippe Descola (2005) mais aussi ceux de Marcel Jollivet (1992) ou encore de Baptiste Morizot (2020) permettent d&rsquo;entrevoir la m&eacute;diation &eacute;quine comme une forme d&rsquo;effacement de fronti&egrave;res&nbsp;nature/culture reposant sur un processus de consid&eacute;ration r&eacute;ciproque.</p> <p>Nous avons choisi le cas de l&rsquo;&eacute;quith&eacute;rapie qui consiste &agrave; mettre en relation des publics vuln&eacute;rables, porteurs d&rsquo;un handicap principalement mental, avec des chevaux, en se r&eacute;f&eacute;rant aux &laquo;&nbsp;capabilit&eacute;s&nbsp;&raquo; mises en &oelig;uvre de part et d&rsquo;autre des deux esp&egrave;ces, en vue d&rsquo;am&eacute;liorer les relations sociales.</p> <p>La relation au cheval est de plus en plus consid&eacute;r&eacute;e comme ayant un caract&egrave;re bienfaisant sur le plan moteur et mental de mani&egrave;re globale, qu&rsquo;elle soit li&eacute;e &agrave; des personnes en situation de handicap ou non. Cette relation est non seulement le r&eacute;sultat d&rsquo;une histoire commune entre les deux esp&egrave;ces mais elle assoit aujourd&rsquo;hui nombre de pratiques &eacute;questres. Ainsi, l&rsquo;inscription du cheval et de l&rsquo;&eacute;quitation au sein du patrimoine immat&eacute;riel est un exemple attestant de ces consid&eacute;rations.&nbsp;Faire perdurer les &laquo;&nbsp;&oelig;uvres&nbsp;&raquo; et les productions du cheval dans la soci&eacute;t&eacute; permettent de mettre en avant la position m&eacute;morielle du cheval dans notre histoire. Ce go&ucirc;t pour l&rsquo;imp&eacute;rissable est selon Hannah Arendt (1958) la v&eacute;ritable valeur de l&rsquo;humanit&eacute;, dans le sens d&rsquo;humanisme, aller vers l&rsquo;Autre, ce qui peut conduire au soin et &agrave; la protection. La sensibilit&eacute; d&eacute;velopp&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;gard du cheval permet de songer que le sens des humanit&eacute;s environnementales se situe au sein des relations sensibles d&eacute;velopp&eacute;es avec les &eacute;quid&eacute;s.</p> <p>Le contact sensible avec les chevaux rend compte d&rsquo;exp&eacute;riences individuelles s&rsquo;inscrivant n&eacute;anmoins au sein d&rsquo;un cadre collectif. Les cavaliers observ&eacute;s, au contact du cheval, se r&eacute;approprient leur environnement et ne distinguent plus la vuln&eacute;rabilit&eacute; des uns et des autres au profit des &eacute;changes entre eux et leur monture. Le handicap para&icirc;t s&rsquo;effacer et les cat&eacute;gories entre humains (normaux-anormaux) n&rsquo;auraient plus lieu d&rsquo;&ecirc;tre durant ces moments pass&eacute;s en commun.</p> <p>Dans ce contexte, le cheval trouve une place dans la soci&eacute;t&eacute;, o&ugrave; il n&rsquo;est pas un simple objet d&rsquo;exploitation. Corinne Pelluchon (2021) nous encourage &agrave; davantage de consid&eacute;ration pour l&rsquo;ensemble du vivant. Les animaux nous inspirent car ils touchent au c&oelig;ur de notre humanit&eacute;. Nous entamons un nouvel &acirc;ge, celui du &laquo;&nbsp;vivant&nbsp;&raquo;, qui accepte la vuln&eacute;rabilit&eacute; de tous les &ecirc;tres. Dans notre exemple, cheval et humain peuvent rencontrer des situations de fragilit&eacute; et de ruptures, pouvant &ecirc;tre surmont&eacute;es par la relation. Celle-ci nous impose de r&eacute;fl&eacute;chir aux conditions de vie des uns et des autres (Houdayer, 2021). C&rsquo;est l&agrave; que les sensibilit&eacute;s se r&eacute;veillent et peuvent faire changer certaines pratiques qui apparaissent inconvenantes si l&rsquo;on se place cette fois-ci du c&ocirc;t&eacute; animal en consid&eacute;rant ses besoins. Les &eacute;motions du cheval nous ouvrent des perspectives concernant un bien-&ecirc;tre relationnel. Les praticiens du soin ont la conviction qu&rsquo;il existe une plus-value animale car les animaux apportent un &laquo;&nbsp;mieux-&ecirc;tre&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est l&rsquo;occasion pour l&rsquo;homme de prendre conscience de ses attaches avec le monde du vivant pour nouer des relations f&eacute;condes encourageant la perspective d&rsquo;un bien-&ecirc;tre mutuel.</p> <p>On peut alors consid&eacute;rer que la sympathie et l&rsquo;empathie pour le cheval constituent les gardiens de son bien-&ecirc;tre au travail et des retomb&eacute;es positives induites. L&rsquo;interaction r&eacute;ciproque reste la base d&rsquo;une &laquo; contagion &eacute;motionnelle&nbsp;&raquo; (Haag, 2019) qui, comme nous avons essay&eacute; de le montrer poss&egrave;de des effets b&eacute;n&eacute;fiques pour chacune des parties. Le cheval semble bel et bien &ecirc;tre en capacit&eacute; de socialiser un individu si les conditions n&eacute;cessaires &agrave; son bien-&ecirc;tre et &agrave; sa capacit&eacute; d&rsquo;expression sont r&eacute;unies<a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[12]</sup></a>.&nbsp;Nous poss&eacute;dons ainsi une relation de d&eacute;pendance r&eacute;ciproque avec les chevaux qui nous oblige &agrave; les voir autrement que comme des objets pour envisager non seulement leurs besoins mais aussi leurs attentes. Dans ce cadre, le cheval devient un intercesseur entre les vivants (Morizot, 2020) car il manifeste nos rapports de d&eacute;pendance et de r&eacute;ciprocit&eacute; les uns avec les autres.</p> <p>Le cheval illustre l&rsquo;univers de ces Autres auxquels nous ne pr&ecirc;tons pas toujours la consid&eacute;ration n&eacute;cessaire aux relations existentielles. L&rsquo;animal s&rsquo;inscrit aujourd&rsquo;hui au sein d&rsquo;un d&eacute;cor o&ugrave; il fait figure de ressources et de projection symbolique. Cependant ce que nous avons voulu montrer c&rsquo;est qu&rsquo;au-del&agrave; des repr&eacute;sentations de la nature dont l&rsquo;animal est porteur et des symboles historiques qui le traversent, le cheval est avant tout un animal d&eacute;gageant des formes de sensibilit&eacute; permettant d&rsquo;acc&eacute;der &agrave; des formes de ressentir, de comprendre et de percevoir les autres vivants &agrave; travers lui, comme appartenant &agrave; la m&ecirc;me communaut&eacute; des vivants.</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <h2>Bibliographie</h2> <p>Arendt, H. (2002) [1958]. <i>Condition de l&#39;homme moderne</i>. Paris&nbsp;: Poche.</p> <p>Bernard, J. (2017). <i>La concurrence des sentiments. Une sociologie des &eacute;motions</i>. Paris&nbsp;: M&eacute;taili&eacute;.</p> <p>Bessy, B. et&nbsp;Chateauraynaud, F. (2017). <i>Experts et faussaires. Pour une sociologie de la perception</i>. Paris&nbsp;: Editions Petra.</p> <p>Bolle De Bal, M. (2009). &Eacute;thique de reliance&nbsp;: une vision duelle illustr&eacute;e par Edgar Morin et Michel Maffesoli. <i>Nouvelle revue de psychosociologie</i>, vol. 2, no 8, 187-198.</p> <p>Boyer, F., Burgat, F., Pastoureau, M. and&nbsp;Descola, P. (2010). <i>Qui sont les animaux ?</i> Paris&nbsp;: Poche.</p> <p>Chon&eacute;, A., Hajek, I. and&nbsp;Hamman, P. (dir.) (2016). <i>Guide des humanit&eacute;s environnementales</i>. Villeneuve-d&rsquo;Ascq&lrm;&nbsp;: Presses Universitaires du Septentrion.</p> <p>Descola P. (2005). <i>Par-del&agrave; nature et culture</i>. Paris&nbsp;: Gallimard.</p> <p>Goffman, E. (1975). <i>Stigmate : Les usages sociaux des handicaps</i>. Paris : Broch&eacute;.</p> <p>Haag, C. (2019). <i>La contagion &eacute;motionnelle</i>. Paris&nbsp;: Albin Michel.</p> <p>Haraway, D. (2008). <i>When species meet</i>. Minnesota&nbsp;: University of Minnesota Press.</p> <p>Haraway, D. (2010). <em>Manifeste des esp&egrave;ces de compagnie. Chiens, humains et autres partenaires</em>. Paris : Eclat.</p> <p>Houdayer, H, (2021). <i>Le Cheval dans tous ses &eacute;tats</i>. Limoges&nbsp;: Lavauzelle.</p> <p>Jollivet, M. (1992). <i>Sciences de la nature, sciences de la soci&eacute;t&eacute; : les passeurs de fronti&egrave;res</i>. Paris&nbsp;: CNRS.</p> <p>Maffesoli, M. (1990). L&rsquo;&eacute;cologisation du monde social. <i>International Review of&nbsp;Community Development / Revue internationale d&rsquo;action communautaire</i>. No 24, 25-32. https://doi.org/10.7202/1033933ar</p> <p>Michalon, J. (2014). <i>Panser avec les animaux : Sociologie du soin par le contact animalier</i>. Paris&nbsp;: Presses des Mines.</p> <p>Morizot, B, (2020). <i>Mani&egrave;res d&rsquo;&ecirc;tre vivant</i>. Arles&nbsp;: Actes Sud.</p> <p>Nussbaum, M. (2012). <i>Capabilit&eacute;s. Comment cr&eacute;er les conditions pour un monde plus juste&nbsp;?</i>. Paris&nbsp;: Climats-Flammarion.</p> <p>Pelluchon, C. (2021). <em>Les Lumi&egrave;res &agrave; l&#39;&acirc;ge du vivant</em>. Paris : Seuil.</p> <p>Weber, M. (1995) [1919]. <i>Economie et soci&eacute;t&eacute;</i>. Tome 1 : <i>Les cat&eacute;gories de la sociologie</i>. Paris&nbsp;: Editions Pocket.</p> <p style="margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <div style="margin-bottom:11px"> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[1]</sup></a> Loi n&deg; 2021-1539 du 30 novembre 2021 visant &agrave; lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes. <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000044387560">https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000044387560</a> page consult&eacute;e le 2 novembre 2022.</p> <p><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[2]</sup></a> Sans pour autant sous-estimer l&rsquo;enjeu &eacute;conomique de la fili&egrave;re &eacute;quine et ses d&eacute;riv&eacute;s (produits, spectacles, vente).</p> <p><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[3]</sup></a> <a href="https://www.ffe.com/" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://www.ffe.com/</a> site consult&eacute; le 28 mai 2023.</p> <p><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[4]</sup></a> Auguste Comte et Emile Durkheim, &agrave; travers l&rsquo;&eacute;tude des ph&eacute;nom&egrave;nes religieux ont d&eacute;crit les &eacute;motions comme faisant partie int&eacute;grante de la vie collective. Max Weber a utilis&eacute; les croyances religieuses afin de proposer une version du capitalisme impr&eacute;gn&eacute;e de convictions.</p> <p><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[5]</sup></a> Par la suite, mais nous n&rsquo;exposerons pas ici les r&eacute;sultats d&rsquo;une recherche en cours, cela nous am&egrave;ne &agrave; l&rsquo;hypoth&egrave;se selon laquelle le cheval puisse d&eacute;passer les dichotomies normal-anormal constitutive d&rsquo;une pens&eacute;e sp&eacute;ciste.</p> <p><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[6]</sup></a> D&eacute;finition &eacute;labor&eacute;e par la <i>Soci&eacute;t&eacute; Fran&ccedil;aise d&rsquo;Equith&eacute;rapie </i>lors de l&rsquo;adoption de la <i>Charte d&rsquo;&eacute;thique et de d&eacute;ontologie des &eacute;quith&eacute;rapeutes </i>en 2006&nbsp;</p> <p><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[7]</sup></a> Enqu&ecirc;tes r&eacute;alis&eacute;es par Taciana Pasturel aupr&egrave;s d&rsquo;organismes &eacute;questres d&eacute;di&eacute;s aux soins de f&eacute;vrier &agrave; juillet 2022.</p> <p><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[8]</sup></a> Les neurones miroirs sont des cellules du cerveau qui favorisent les processus d&rsquo;imitation pr&eacute;sents dans l&rsquo;environnement imm&eacute;diat. Ils permettent ainsi de mieux comprendre les sentiments d&rsquo;autrui. Un simple contact physique suffit &agrave; les activer.</p> <p><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[9]</sup></a> Le <i>care</i> est une relation de soin qui insiste sur le travail d&rsquo;empathie et de rapprochement qu&rsquo;op&egrave;re le soignant &agrave; l&rsquo;&eacute;gard du patient. Sa vis&eacute;e d&eacute;passe celle du <i>cure</i> qui se contente de rem&eacute;dier &agrave; une situation passag&egrave;re. On soigne mais on ne gu&eacute;rit pas dans la perspective du <i>cure</i>, car pour cela il faut justement s&rsquo;investir dans la relation, ce qui demande du temps, de la patience et des qualit&eacute;s &eacute;motionnelles, propres au <i>care</i>.</p> <p><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[10]</sup></a> Michel Foucault d&eacute;finit les prisons et les h&ocirc;pitaux comme des structures d&rsquo;enfermement.</p> <p><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[11]</sup></a> Il s&rsquo;agit d&rsquo;un clin d&rsquo;&oelig;il &agrave; la sociologie de Georg Simmel&nbsp;: la porte enferme, tandis que le pont sert de lien.</p> <p><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><sup>[12]</sup></a> Si l&rsquo;on s&rsquo;accorde avec les contenus du bien-&ecirc;tre animal, d&eacute;finis par l&rsquo;agence de s&eacute;curit&eacute; alimentaire, l&rsquo;usage du cheval implique de la bientraitance (soin et alimentation) en tant que bien-&ecirc;tre &eacute;l&eacute;mentaire. En y adjoignant un minimum de consid&eacute;rations pour ses libert&eacute;s (les surfaces dont il peut disposer et la possibilit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre au contact de ses cong&eacute;n&egrave;res), nous trouvons un bien-&ecirc;tre de base. Cependant les &eacute;motions du cheval nous ouvrent des perspectives concernant un bien-&ecirc;tre relationnel. Il faut alors consid&eacute;rer que la sympathie et l&rsquo;empathie pour le cheval constituent les gardiens de son bien-&ecirc;tre au travail aupr&egrave;s des humains (Houdayer, 2021).</p>