<p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2 style="text-align:justify; margin-top:24px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:115%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#e44d84"><a name="_nm72v1s43p2g"></a></span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Avons-nous besoin de l&rsquo;art pour penser notre devenir et croire au possible d&rsquo;une autre r&eacute;alit&eacute; ? Au cours des ann&eacute;es 60, le climat &eacute;merge comme probl&egrave;me public. Dans les m&eacute;dias, l&rsquo;attention s&#39;accro&icirc;t autour du&nbsp; probl&egrave;me du climat dans les ann&eacute;es 2000 et les discours se multiplient. Depuis, la publication d&rsquo;&eacute;tudes scientifiques alarmantes tr&egrave;s m&eacute;diatis&eacute;es laissent entrevoir des sc&eacute;narios pessimistes sur le r&eacute;chauffement climatique et questionnent la survie de l&rsquo;esp&egrave;ce humaine. &laquo; <i>crise &eacute;cologique</i> &raquo;, &laquo; <i>urgence climatique</i> <i>et</i> <i>environnementale</i> &raquo; sont d&eacute;sormais des formules r&eacute;pandues dans notre langage quotidien. Si le probl&egrave;me est visible et reconnu, il fait pourtant l&rsquo;objet d&rsquo;un cadrage individualis&eacute; et d&eacute;politis&eacute;, les responsabilit&eacute;s et&nbsp; solutions pesant sur les individus plut&ocirc;t que sur une remise en cause de la structure sociale capitaliste dans son ensemble (Comby, 2015). </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Quelle est la place de l&rsquo;art dans ces &eacute;changes et circulations d&rsquo;id&eacute;es ? Des paysages naturels du Land Art aux r&eacute;cits de la crise &eacute;cologique en passant par des pratiques artistiques o&ugrave; la nature est per&ccedil;ue en r&eacute;alit&eacute; virtuelle, l&rsquo;expression d&rsquo;engagements pluriels pour l&rsquo;avenir du vivant t&eacute;moigne de plusieurs r&ocirc;les et fonctions de l&rsquo;art, ainsi que de l&rsquo;&eacute;volution des espaces de cr&eacute;ation et de partage. <span style="background:white">Les r&eacute;cits &eacute;cologiques invitent &agrave; repenser notre rapport collectif &agrave; la nature. En consid&eacute;rant l&rsquo;art comme une ar&egrave;ne o&ugrave; se discutent les probl&egrave;mes publics (Fraser, 1990), les artistes peuvent &ecirc;tre partie prenante de la publicisation de certains probl&egrave;mes. Ils participent &agrave; travers leurs &oelig;uvres et les dispositifs dans lesquelles elles s&rsquo;ins&egrave;rent &agrave; la m&eacute;diation des enjeux clima</span>tiques. Si d&rsquo;ordinaire, les expositions mus&eacute;ales portent un regard sur le pass&eacute; et s&#39;appuient sur des faits, les expositions li&eacute;es aux th&eacute;matiques environnementales exigent une inscription dans le pr&eacute;sent et une prise de position (Davallon, 1998). Nous pouvons mentionner l&rsquo;exposition inaugurale <i>Fragile Ecologies</i> en 1992, puis The Greenhouse Effect en 2000, Beyond Green : Towards a Sustainable Art en 2005, Art &amp; Ecologie en 2005, Greenwashing en 2008, Acclimatation en 2008, pour ne citer qu&rsquo;elles. Dans le cadre d&rsquo;expositions artistiques, les &oelig;uvres touchant &agrave; l&rsquo;&eacute;cologie rendent visible ou sensible les enjeux &eacute;cologiques et cherchent le regard du public dans l&rsquo;espoir de d&eacute;clencher une prise de conscience et une action. Elles expriment aussi des pr&eacute;occupations, le v&eacute;cu de situations probl&eacute;matiques (Dewey, 1927 ; Cefa&iuml;, 2016) et participent &agrave; construire les cadres de l&#39;exp&eacute;rience (Goffman, 1974). </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Comment les expositions font-elles m&eacute;diation des enjeux &eacute;cologiques ? Comment les institutions et les organisations s&rsquo;approprient-elles des &oelig;uvres d&rsquo;art o&ugrave; il est question de notre lien &agrave; la nature ? Pour r&eacute;pondre &agrave; ces questions, nous nous appuierons sur deux expositions interrogeant les changements climatiques et ayant eu lieu &agrave; la Fondation EDF : tout d&#39;abord l&rsquo;exposition <i>Climats artificiels</i>, tenue du 4 octobre 2015 au 28 f&eacute;vrier 2016, en r&eacute;sonance &agrave; la 21<sup>e </sup>Conf&eacute;rence des Parties sur le changement climatique de 2015 (COP21), et l&rsquo;exposition <i>Courants verts</i>, tenue du 16 septembre 2020 au 31 janvier 2021, avec l&rsquo;intention de r&eacute;unir des artistes engag&eacute;s qui cr&eacute;ent &laquo; pour l&rsquo;environnement &raquo;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Les enjeux &eacute;cologiques sont aussi porteurs d&rsquo;enjeux communicationnels pour les entreprises, au risque d&rsquo;&ecirc;tre accus&eacute;es de greenwashing. Plus sp&eacute;cifiquement dans le monde de l&rsquo;art, les artistes les plus militants s&rsquo;opposent aux m&eacute;c&egrave;nes et contestent certaines initiatives cr&eacute;&eacute;es par les industries p&eacute;troli&egrave;res. Nous pouvons citer &agrave; titre d&rsquo;exemple la coalition <i>Art But Not Oil</i> dont le slogan est &laquo; <i>For creativity, climate justice and an end to fossil-fuelled sponsorship of the arts &raquo;.</i> De fortes attentes soci&eacute;tales p&egrave;sent envers des groupes comme EDF lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit de parler d&rsquo;environnement et d&rsquo;&eacute;cologie. La Fondation semble &ecirc;tre une forme de r&eacute;ponse &agrave; ces attentes. Ainsi, elle soutient dans le monde entier des initiatives en faveur de la lutte contre le changement climatique et la pr&eacute;servation de la biodiversit&eacute;. Cet espace est un lieu parisien gratuit accueillant des expositions, des conf&eacute;rences, des d&eacute;bats et des ateliers. &Agrave; travers l&rsquo;analyse des expositions <i>Climats artificiels </i>et <i>Courants verts</i> (discours et dispositifs) ainsi que d&rsquo;une analyse th&eacute;matique des 55 &oelig;uvres les composant, nous montrerons dans un premier temps que les parcours propos&eacute;s proposent un chemin de r&eacute;demption aux visiteurs. Nous nous int&eacute;resserons ensuite &agrave; la fa&ccedil;on dont les enjeux &eacute;cologiques sont abord&eacute;s &agrave; travers les &oelig;uvres s&eacute;lectionn&eacute;es et nous conclurons enfin sur le r&ocirc;le des artistes, tel qu&rsquo;il appara&icirc;t dans le discours de la Fondation.</span></span></span></p> <h2 style="text-align: justify; margin-top: 24px; margin-bottom: 8px;"><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:115%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#e44d84"><a name="_rrqi2sw4ohc4"></a>Proposer un parcours de r&eacute;demption : enfer, purgatoire, paradis</span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Au sein de <i>Climats artificiels </i>et <i>Courants verts</i> cohabitent plusieurs r&eacute;cits et repr&eacute;sentations des enjeux &eacute;cologiques, avec n&eacute;anmoins un point commun : tout s&rsquo;apparente &agrave; une mise en sc&egrave;ne o&ugrave; le spectateur est conduit &agrave; un cheminement : enfer, purgatoire, paradis.&nbsp; </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><i>Climats artificiels</i> propose trois axes : &laquo; Catastrophes ordinaires &raquo;, &laquo; &Eacute;tats transitoires, &eacute;quilibre pr&eacute;caire &raquo; et &laquo; &Eacute;tats du ciel &raquo;. Les &oelig;uvres pr&eacute;sentes dans l&rsquo;axe &laquo; Catastrophes ordinaires &raquo; insistent sur le caract&egrave;re cauchemardesque d&rsquo;une catastrophe naturelle ou artificielle, accidentelle ou intentionnelle. La partie &laquo; &Eacute;tats transitoires, &eacute;quilibre pr&eacute;caire &raquo; souligne le caract&egrave;re mouvant et dynamique de l&rsquo;environnement &agrave; travers des &oelig;uvres &eacute;voquant les changements des &eacute;tats de la mati&egrave;re, l&rsquo;&eacute;quilibre des fluides. Elles marquent l&rsquo;instant suspendu dans un devenir incertain, font l&rsquo;&eacute;loge du mouvement, voire une ode &agrave; la temporalit&eacute; des ph&eacute;nom&egrave;nes naturels. Dans &laquo; &Eacute;tats du ciel &raquo;, le spectateur est invit&eacute; &agrave; contempler et interagir avec les &oelig;uvres. En opposition avec l&rsquo;enfer d&rsquo;une catastrophe, le dispositif met en avant des dimensions ludiques et oniriques. Ainsi le public oscille entre des &oelig;uvres &laquo; <i>utopistes, inqui&eacute;tantes, dr&ocirc;les ou &eacute;mouvantes</i> &raquo;<sup> </sup><span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">(Dossier de presse <i>Climats artificiels</i>, abr&eacute;g&eacute; CA, p 3)</span></span>. Dans le dossier de presse, le discours, centr&eacute; sur le lien &agrave; la nature et au climat, met en avant comment les artistes <i>&laquo; </i><i><span lang="fr" style="font-size:10.5pt"><span style="line-height:115%">questionnent l&rsquo;essence de la nature, la remettent en</span></span> </i><i><span lang="fr" style="font-size:10.5pt"><span style="line-height:115%">cause, voire la d&eacute;tournent &raquo;</span></span></i><span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"> <u>(</u>CA, p 8)</span></span><span lang="fr" style="font-size:10.5pt"><span style="line-height:115%"> et </span></span>insiste sur la volont&eacute; des artistes de reproduire, de capter voire de manipuler le climat, sugg&eacute;rant ainsi l&rsquo;id&eacute;e illusoire que nous pourrons un jour ma&icirc;triser la crise.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><i>Courants verts</i> propose aussi trois axes : &laquo; Avertir &raquo;, &laquo; Agir &raquo; et &laquo; R&ecirc;ver &raquo;. De mani&egrave;re plus dialectique, cette exposition retrace ainsi le m&ecirc;me cheminement (enfer, purgatoire, paradis) en construisant les r&eacute;cits d&rsquo;une crise, en incitant &agrave; l&rsquo;action pour la combattre, et en invitant &agrave; r&ecirc;ver et imaginer un autre monde. Le sous-titre de l&rsquo;exposition, &laquo; Cr&eacute;er pour l&rsquo;environnement &raquo;, pr&eacute;suppose une injonction, celle de cr&eacute;er &laquo; pour &raquo;, tandis que les parcours des axes d&eacute;clinent aussi des imp&eacute;ratifs. Le discours accompagnant l&rsquo;axe &laquo; Avertir &raquo; insiste sur le caract&egrave;re urgent de la situation &eacute;cologique. Les repr&eacute;sentations des paysages naturels n&rsquo;ont ainsi pas seulement une vis&eacute;e esth&eacute;tique ou m&eacute;taphorique. Il s&rsquo;agit de rendre compte d&rsquo;une r&eacute;alit&eacute;. Le dispositif de l&rsquo;exposition positionne ici les artistes comme lanceurs d&rsquo;alerte, d&eacute;tenteurs d&rsquo;un savoir &agrave; transmettre (par exemple Janet Biggs qui, dans son film <i>Fade to White</i> (2010), documente l&rsquo;exp&eacute;dition d&rsquo;un sp&eacute;cialiste du r&eacute;chauffement climatique. Le dossier de presse en fait une description qui articule l&rsquo;angoisse et l&rsquo;apaisement, l&rsquo;espoir et la d&eacute;sillusion. L&rsquo;axe &laquo; Agir &raquo; pr&eacute;sente des &oelig;uvres qui transforment l&rsquo;environnement avec une vis&eacute;e m&eacute;liorative. R&ecirc;ver d&rsquo;un monde meilleur et d&rsquo;une meilleure version de nous-m&ecirc;me - selon le paradigme m&eacute;lioriste de la philosophie am&eacute;ricaine - comme certains ont r&ecirc;v&eacute; d&rsquo;un retour &agrave; la nature sauvage et &agrave; une forme de vie plus authentique, est-ce fantasmer quelque chose d&rsquo;illusoire ? L&rsquo;axe &laquo; R&ecirc;ver &raquo; exprime l&rsquo;id&eacute;e qu&rsquo;au lieu de sauver et restaurer le monde, les artistes impulsent une direction pour que nous adoptions des comportements vertueux envers la nature. </span></span></span></p> <h2 style="text-align:justify; margin-top:24px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:115%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#e44d84"><a name="_uij54wprxef4"></a>Paradoxes d&rsquo;une crise : entre catastrophisme et ode &agrave; la nature, r&eacute;el et imaginaire</span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><i>Climats artificiels </i>et <i>Courants verts </i>proposent un r&eacute;cit de l&rsquo;anthropoc&egrave;ne et d&eacute;crivent le monde dans lequel nous vivons en rendant compte des tensions qui persistent face au devenir incertain de l&rsquo;humanit&eacute;. Elles rendent compte des causes, des responsables (les &Eacute;tats et les industriels), des cons&eacute;quences et des solutions Les deux expositions abordent ainsi le changement climatique en insistant sur l&rsquo;id&eacute;e du combat, de la lutte, du d&eacute;fi qu&rsquo;il faut affronter. Le caract&egrave;re d&eacute;sastreux, catastrophique et urgent de la situation est ainsi rappel&eacute; &agrave; de nombreuses reprises (<i>&laquo; urgence environnementale &raquo;, &laquo; une situation devenue scandaleuse ou insoutenable &raquo;</i><span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">, Dossier de presse </span></span><i>Courants verts</i><span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">, abr&eacute;g&eacute; CV, p 8)</span></span>. La menace imminente d&rsquo;un monde sans l&rsquo;homme semble devoir susciter un effet d&rsquo;effroi chez le public, un sentiment de stupeur face au c&ocirc;t&eacute; spectaculaire des paysages post-apocalyptiques (&laquo; <i>son devenir calamiteux</i> &raquo;, <i>&laquo; duret&eacute; devenue inhumaine de la zone</i> &raquo;, &laquo; <i>univers ass&eacute;ch&eacute; d&rsquo;o&ugrave; a &eacute;t&eacute; chass&eacute;e toute vie humaine </i>&raquo; <span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">(CV, p 7</span></span>). Parmi les th&egrave;mes les plus &eacute;voqu&eacute;s dans les &oelig;uvres, il y a l&rsquo;&eacute;cocide (extinction des esp&egrave;ces, d&eacute;forestation, r&eacute;duction de la biodiversit&eacute;) et l&#39;impact des pratiques de surexploitation agricole et de la pollution chimique sur l&#39;environnement. Paradoxalement, en parlant de &laquo; <i>notre actuel d&eacute;sastre environnemental</i>&raquo; <span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">(CV, p 7)</span></span>, la Fondation fait en outre de ce d&eacute;sastre quelque chose d&rsquo;admis et d&rsquo;ordinaire qui peut participer &agrave; une forme de banalisation. Si la situation actuelle est abord&eacute;e de fa&ccedil;on dramatique, la nature est quant &agrave; elle lou&eacute;e. Dans la description des &oelig;uvres, la Fondation met en avant de fa&ccedil;on pr&eacute;gnante le rapport &agrave; la nature (&laquo; <i>se reconnecter &agrave; la nature</i> &raquo;, &laquo; <i>r&eacute;tablir le naturel</i> &raquo;, &laquo; <i>remet&hellip;une couche de mati&egrave;re sauvage originelle</i> &raquo;, &laquo; <i>ode &agrave; la vie sauvage</i> &raquo;, &laquo; <i>restaurer, avec l&rsquo;aide des artistes, notre lien intime au vivant </i>&raquo;<span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">, CV, p 16</span></span>). L&rsquo;analyse des th&egrave;mes des &oelig;uvres permet d&rsquo;en d&eacute;gager la diversit&eacute; des &eacute;l&eacute;ments naturels et des paysages (lacs, for&ecirc;ts, oc&eacute;ans, fleuves, nuages) repr&eacute;sent&eacute;s, pour les rendre sensibles et en faire l&rsquo;&eacute;loge dans un rapport parfois nostalgique. Des &oelig;uvres expriment les forces de la nature pour elles-m&ecirc;mes sans que les artistes ne d&eacute;clarent d&rsquo;intention de sensibilisation &eacute;cologique :&nbsp; <i>La Mer </i>(1991-2014) d&rsquo;Ange Leccia explore le mouvement des vagues, <i>Sky TV</i> (1966) de Yoko Ono, enregistre l&rsquo;&eacute;tat du ciel, ou l&rsquo;installation de Tetsuo Kondo, <i>Cloudscapes </i>(2010), qui immerge physiologiquement le spectateur dans un nuage.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="fr" style="font-size:10.5pt"><span style="line-height:115%">Les deux cadrages des expositions diff&egrave;rent dans leurs fa&ccedil;ons de mobiliser les &oelig;uvres pour sensibiliser aux enjeux &eacute;cologiques. Dans <i>Climats artificiels</i>, toute contestation frontale est mise &agrave; distance (&laquo; <i>L&rsquo;exposition privil&eacute;gie des &oelig;uvres d&rsquo;artistes pour lesquels le climat [...] est un outil de travail et non le support d&rsquo;une contestation litt&eacute;rale </i>&raquo;</span></span><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">, CA, p 2</span></span><span lang="fr" style="font-size:10.5pt"><span style="line-height:115%">) au profit d&rsquo;une approche sensible, po&eacute;tique et m&eacute;taphorique. L</span></span>a d&eacute;politisation par le po&eacute;tique est ainsi manifeste et annonc&eacute;e (<i><span lang="fr" style="font-size:10.5pt"><span style="line-height:115%">&laquo; l&rsquo;exposition sera po&eacute;tique plut&ocirc;t que politique &raquo;</span></span></i>, <span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">CA, p 3). </span></span>Le recours &agrave; la nature et la mise en avant du rapport au sensible, s&rsquo;ils invitent &agrave; repenser notre rapport au monde, participent &eacute;galement &agrave; la neutralisation du potentiel politique des &oelig;uvres et &agrave; la contention de l&rsquo;engagement artistique. <span lang="fr" style="font-size:10.5pt"><span style="line-height:115%">A contrario, <i>Courants verts</i> revendique l&rsquo;engagement artistique (</span></span><b><i>&laquo; </i></b><i>des artistes internationaux engag&eacute;s dans le combat &eacute;cologique &raquo;, &laquo; tous r&eacute;solument engag&eacute;s &raquo;</i><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">, CA, p 3</span></span>). </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Dans <i>Courants verts</i>, la p&eacute;riode que nous vivons est d&eacute;sign&eacute;e comme une mutation n&eacute;cessitant une adaptation. La transition en cours est pr&eacute;sent&eacute;e comme un &eacute;v&eacute;nement qui advient avec peu d&rsquo;interrogations des responsabilit&eacute;s. L&rsquo;impact de l&rsquo;activit&eacute; humaine est &eacute;voqu&eacute; de fa&ccedil;on distante.<i> </i>Dans <i>Climats artificiels</i>, dans affirmation<i> &laquo; La lutte contre le changement climatique est un combat qui nous concerne tous </i>&raquo;, <span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">CA, p 3) </span></span>la Fondation se positionne comme un acteur partageant une responsabilit&eacute; &eacute;quivalente &agrave; celle du spectateur. Implicitement, ce discours met en avant une situation partag&eacute;e par tous et unifie les exp&eacute;riences de la crise. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="fr" style="background:white">Au-del&agrave; des constats dramatiques de la crise, d&rsquo;autres &oelig;uvres permettent d&#39;ouvrir l&rsquo;horizon des </span>possibles, parmi lesquelles les initiatives artistiques et citoyennes de pr&eacute;servation de la biodiversit&eacute;. Par exemple, dans l&rsquo;axe &laquo; Agir &raquo;, plusieurs performances consistent &agrave; rev&eacute;g&eacute;taliser des espaces urbains : Joseph Beuys qui, aid&eacute; de volontaires, avait plant&eacute; 7000 ch&ecirc;nes en 1982, ou Thierry Boutonnier qui, dans le cadre d&rsquo;une commande de la Fondation EDF, recueillait en 2020 des pousses de v&eacute;g&eacute;taux lors de ses marches urbaines dans des friches de Paris pour les transplanter. D&rsquo;autres &oelig;uvres i<span style="background:white"><span style="color:#202122">llustrent la d&eacute;ch&eacute;ance d&rsquo;un monde et proposent l&rsquo;utopie d&rsquo;un monde anticonformiste en interrog</span></span><span style="background:white">eant le rapport &agrave; la civilisation et &agrave; la technologie. Elles </span>proposent des mondes o&ugrave; la nature reprendrait ses droits tant au niveau spatial (villes vertes) que temporel (rythmes de vie naturels). C&rsquo;est le cas de <i>Shared Propulsion Car</i> (2007) voiture r&eacute;volutionnaire cr&eacute;e par Michel de Broin o&ugrave; le moteur est remplac&eacute; par un syst&egrave;me &agrave; p&eacute;dale, qui<span style="background:white"> dans l&rsquo;axe &laquo; r&ecirc;ver &raquo; est d&eacute;crite comme semblant<i> &laquo; en appeler &agrave; un retour &agrave; la force motrice humaine, contre l&rsquo;&eacute;nergie d&rsquo;origine thermique, hautement pollueuse &raquo;</i></span><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">, CV, p 13).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Enfin, d&rsquo;autres &oelig;uvres construisent un rapport plus m&eacute;taphorique aux inqui&eacute;tudes &eacute;cologiques en ayant recours aux dimensions imaginaires de la mati&egrave;re (Bachelard, 1992). La contemplation et l&rsquo;invitation &agrave; la r&ecirc;verie participent alors &agrave; d&eacute;politiser les enjeux. L&rsquo;installation <i>When the Bark of the Birchtree is Singing</i> de Nathan Grimes propose par exemple de faire chanter les arbres tandis que les robes v&eacute;g&eacute;tales de <span style="background:white">Nicole Dextras font l&rsquo;&eacute;loge du printemps et de la nature.</span> </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="fr" style="background:white">Le classement des oeuvres par axe impacte le regard sur les initiatives men&eacute;es : d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, dans &laquo; agir &raquo;, la Fondation livre l&rsquo;impression d&rsquo;une avanc&eacute;e concr&egrave;te, de l&rsquo;autre, dans &laquo; r&eacute;ver &raquo;, elle place les initiatives artistiques dans le champs de ce qui est souhait&eacute;, imagin&eacute;, mais qui potentiellement n&rsquo;advient pas. Rappelons que le r&ecirc;veur est tout autant &laquo; <i>celui, celle qui d&eacute;passe la r&eacute;alit&eacute;, qui transforme le r&eacute;el par son imaginaire propre, qui cr&eacute;e, invente un mond</i>e &raquo; que &laquo; &nbsp;<i>celu</i>i, c<i>elle qui vit ailleurs, d&eacute;cal&eacute; par rapport au r&eacute;el</i>&quot; (CNRTL).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Ces expositions articulent des discours et &oelig;uvres qui terrifient puis apaisent tout en mettant en suspens la question des responsabilit&eacute;s de chacun. La Fondation affirme &laquo; <i>Observer attentivement c&rsquo;est d&eacute;j&agrave; changer le monde </i>&raquo; et invite ainsi les visiteurs &agrave; se placer dans une posture d&rsquo;observation et de contemplation, r&eacute;confortante en un sens, loin des actions et des remises en question. Les &oelig;uvres choisies, peu interactives, requi&egrave;rent peu d&rsquo;actions du public. Avec franchise, <span lang="fr" style="font-size:10.5pt"><span style="line-height:115%">le discours des expositions exprime </span></span>la volont&eacute; de ne pas dissimuler et &eacute;dulcorer la situation (&laquo; <i>Un focus sans anesth&eacute;sie sur les principaux pollueurs </i>&raquo;<span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">, CV, p 5</span></span>) ni de la rendre plus dramatique (&laquo; <i>sans pessimisme &raquo;</i><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">, CV, p 2</span></span>), ce qui <span lang="fr" style="font-size:10.5pt"><span style="line-height:115%">tend paradoxalement &agrave; affirmer la volont&eacute; de rassurer et apaise le spectateur en insistant sur la douceur et l&#39;apaisement procur&eacute; par certaines &oelig;uvres&nbsp; (</span></span><b><i>&laquo; </i></b><i>Avec douceur, et pour nous m&eacute;nager sans doute &raquo;</i><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">, CV, p 2)</span></span><i>. </i>Parmi les autres proc&eacute;d&eacute;s utilis&eacute;s, nous observons une mise en sc&egrave;ne du doute sur l&rsquo;issue de la crise maintenant le public dans un &eacute;tat de tension (<i>&laquo; une voix apaisante semble nous dire que la beaut&eacute; est encore de ce monde, et qu&rsquo;il convient sans doute de ne pas d&eacute;sesp&eacute;rer. Mais est-ce s&ucirc;r ?&raquo;</i><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">, CV, p 5).</span></span> Pour le spectateur, l&rsquo;image, par sa dimension mim&eacute;tique et son pouvoir de repr&eacute;sentation des vices et des vertus, a une dimension politique au regard de ce qu&rsquo;elle provoque en culpabilit&eacute; dans son regard (Ranci&egrave;re, 2008). Montrer le d&eacute;sastre, c&rsquo;est aussi exhiber une v&eacute;rit&eacute; -qui peut para&icirc;tre insoutenable- et faire &eacute;prouver au public un sentiment d&rsquo;impuissance. C&rsquo;est r&eacute;v&eacute;ler l&rsquo;inertie, tant dans les actions individuelles qui paraissent minimes face &agrave; l&rsquo;ampleur de la crise, que dans les actions collectives<span lang="fr" style="font-size:10.5pt"><span style="line-height:115%">.</span></span></span></span></span></p> <h2 style="text-align:justify; margin-top:24px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:115%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#e44d84"><a name="_eotiwpdvetp5"></a>Le r&ocirc;le des artistes face aux enjeux climatiques </span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="fr" style="background:white">Dans les dossiers de presse, les organisateurs de </span><i>Climats artificiels </i>et <i>Courants verts</i> <span style="background:white">&nbsp;produisent un discours assertif sur le r&ocirc;le des artistes face aux enjeux &eacute;cologiques : l&rsquo;artiste est tout d&rsquo;abord le t&eacute;moin, l&rsquo;observateur d&rsquo;une r&eacute;alit&eacute;. Il participe &agrave; son enregistrement, &agrave; sa captation<b> (</b><i>&laquo; &oelig;uvre-t&eacute;moin &raquo;, &laquo; travail scrutateur &raquo;</i></span><i><sup> </sup><span lang="fr" style="background:white">&nbsp;etc.</span></i><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">, CV, p 5</span></span><i><span lang="fr" style="background:white">)</span></i><i><span lang="fr" style="font-size:11.5pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%">. </span></span></span></i><span lang="fr" style="background:white">Une fois cette r&eacute;alit&eacute; enregistr&eacute;e, son r&ocirc;le est de la communiquer, la raconter, la mettre en r&eacute;cit, tant&ocirc;t en la c&eacute;l&eacute;brant (<b> </b></span><i><span lang="fr" style="font-size:11.5pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%">&laquo; artiste soucieuse de c&eacute;l&eacute;brer les splendeurs de la nature [&hellip;]</span></span></span></i><span lang="fr" style="font-size:11.5pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%"> <i>c&eacute;l&eacute;bration physique de la beaut&eacute; et de la richesse environnementale </i>&raquo;</span></span></span><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">, CV, p 6</span></span><span lang="fr" style="font-size:11.5pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%">) tant&ocirc;t en la d&eacute;non&ccedil;ant pour </span></span></span><span lang="fr" style="background:white">attirer l&rsquo;attention, porter un message et avertir (<b> </b><i>&laquo; l&rsquo;un des premiers r&eacute;flexes de l&rsquo;artiste est d&rsquo;avertir. L&rsquo;exposition donne &agrave; voir cette position de l&rsquo;artiste, celle de sentinelle et de lanceur d&rsquo;alerte &raquo;</i></span><i>, </i><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">CV, p 4). </span></span><span lang="fr" style="background:white">Cette communication passe par le partage de sa propre exp&eacute;rience du changement climatique, de son ressenti, de ses pr&eacute;occupations (</span><i><span lang="fr" style="font-size:10.5pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%">&laquo; De nombreux artistes contemporains se soucient en effet de la menace d&rsquo;un changement de climat et en font directement &eacute;tat dans leur travail &raquo;</span></span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">, CA, p 3</span></span><i><span lang="fr" style="font-size:10.5pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%">, </span></span></span><span lang="fr" style="background:white">&laquo; communique sans mot sa propre anxi&eacute;t&eacute; &raquo;</span>, </i><span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">CV, p 5). </span></span><span lang="fr" style="background:white">Les dossiers de presse entretiennent &eacute;galement le mythe de l&rsquo;artiste sauveur portant la responsabilit&eacute; d&rsquo;&eacute;veiller la conscience (</span><span lang="fr" style="font-size:10.5pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%">&laquo; <i>l&rsquo;expression artistique contribue &agrave; &eacute;veiller les esprits</i> &raquo;, </span></span></span><span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">CA, p 3</span></span><span lang="fr" style="background:white">)</span><span lang="fr" style="font-size:10.5pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%">, </span></span></span><span lang="fr" style="background:white">proposant des solutions, et r&eacute;sistant (<i>&laquo; La pulsion qui consiste &agrave; avertir induit que l&rsquo;on agisse, que l&rsquo;on ne demeure pas inerte &raquo;</i></span><i>, </i><span lang="fr" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%">CA, p 8).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Si le discours des expositions participe &agrave; d&eacute;finir le r&ocirc;le des artistes, il passe en revanche sous silence celui des entreprises comme EDF. Le cas d&rsquo;EDF nous permet plus largement de nous interroger sur le r&ocirc;le des entreprises et leurs int&eacute;r&ecirc;ts &agrave; encourager des d&eacute;marches artistiques. Au-del&agrave; de ce qu&rsquo;elles v&eacute;hiculent, ces &oelig;uvres sont pr&eacute;sent&eacute;es au sein d&rsquo;expositions qui r&eacute;pondent &agrave; des intentions strat&eacute;giques. Parmi elles, celle de travailler son image autour des enjeux &eacute;cologiques, d&eacute;montrer son engagement &agrave; travers le recours &agrave; l&rsquo;art tout en construisant un rapport optimiste &agrave; l&rsquo;&eacute;cologie. Organiser ces expositions, s&rsquo;associer &agrave; des artistes reconnus, financer leur engagement, ne sont-ils pas &eacute;galement des moyens de &laquo; <i>faire du bruit sans faire de vague</i> &raquo; (Comby, 2013) ?</span></span></span></p> <h2 style="text-align:justify; margin-top:24px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:115%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#e44d84"><a name="_l6hb7ararlog"></a><span lang="fr" style="font-size:14.0pt"><span style="line-height:115%">Climats artificiels et Courants verts : un regard d&eacute;politis&eacute; et optimiste sur les enjeux climatiques ?</span></span></span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Pour conclure, dans ces expositions, plusieurs &eacute;l&eacute;ments participent &agrave; la d&eacute;politisation et au lissage d&rsquo;&oelig;uvres au potentiel subversif ou &agrave; l&rsquo;inverse attribuent un engagement &agrave; des &oelig;uvres d&eacute;politis&eacute;es. Ces expositions reposent sur le postulat selon lequel l&rsquo;art permet de sensibiliser gr&acirc;ce au sensible. Elles attribuent &agrave; l&rsquo;art non seulement un r&ocirc;le et une efficience (changer les mentalit&eacute;s, les habitudes du public etc.) mais aussi l&rsquo;injonction &agrave; &ecirc;tre le fruit d&rsquo;une exp&eacute;rience sensible et po&eacute;tique. &Agrave; travers des parcours dialectiques, elles cr&eacute;ent des cheminements p&eacute;dagogiques (s&rsquo;informer, comprendre, ressentir, agir) dont les rouages d&eacute;terminent des effets et des affects (stupeur, effroi, culpabilit&eacute;, rage, fureur, contemplation, &eacute;merveillement). Elles partent du principe qu&rsquo;il y a un effet politique, que le public n&rsquo;est pas un spectateur passif et qu&rsquo;il se sent concern&eacute; par la responsabilit&eacute; environnementale. Critiquer la r&eacute;alit&eacute; n&rsquo;induit pas n&eacute;cessairement une r&eacute;action. Finalement, ces dispositifs sugg&egrave;rent un parcours qui&nbsp; invisibilise certaines r&eacute;flexions et proposent des grilles de perception et interpr&eacute;tations encourageant &agrave; une forme de r&eacute;demption. Les &oelig;uvres expos&eacute;es, peu interactives, favorisent un rapport contemplatif du spectateur qui malgr&eacute; tout pourra se saisir de la dimension politique de ces &oelig;uvres lors de leur r&eacute;ception.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">L&rsquo;analyse de <i>Climats artificiels </i>et <i>Courants verts</i> montre la capacit&eacute; des dispositifs mus&eacute;ographiques &agrave; s&rsquo;approprier des pratiques artistiques et construire un discours autour de l&rsquo;engagement artistique&nbsp; au profit d&rsquo;enjeux d&rsquo;image et de responsabilit&eacute; sociale pour EDF. Si les artistes sont des vecteurs de prise de conscience &eacute;cologique, l&rsquo;analyse d&rsquo;enjeux &eacute;cologiques dans ces expositions cristallise des paradoxes entre le collectif et l&rsquo;individuel, et pour reprendre l&rsquo;image de Rachel Carson, ce que nous pouvons ressentir au regard de la situation climatique : aussi bien l&rsquo;effroi que l&rsquo;&eacute;merveillement de vivre un printemps &agrave; l&rsquo;automne.</span></span></span></p> <h2 style="text-align:justify; margin-top:24px; margin-bottom:8px"><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:115%"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:#e44d84"><a name="_lm1mbrb1qjuw"></a>BIBLIOGRAPHIE</span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><i>Climats artificiels</i>, Dossier de presse, Fondation EDF, Commissariat : Camille Morineau, 2015.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><i>Courants verts. Cr&eacute;er pour l&rsquo;environnement</i>, Dossier de presse, Fondation EDF, Commissariat : Paul Ardenne, 2021.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Bachelard, G. (1992). <i>L&rsquo;air et les songes : Essai sur l&rsquo;imagination du mouvement</i>. Le Livre de Poche.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="fr" style="background:white"><span style="color:#222222">Blanc, N., &amp; Ramos, J. (2010). &Eacute;coplasties. </span></span><i>Art et Environnement. Paris: Manuella Editions</i>.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Cefa&iuml;, D. (2016). Publics, probl&egrave;mes publics, ar&egrave;nes publiques&hellip;Que nous apprend le pragmatisme ? <i>Questions de communication</i>, <i>30</i>, pp. 25-64.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="fr" style="background:white"><span style="color:#222222">Comby, J. B. (2013). Faire du bruit sans faire de vagues. Une analyse sociologique de la communication de l&rsquo;&Eacute;tat sur les questions climatiques. <i>Communication. Information m&eacute;dias th&eacute;ories pratiques</i>, 31.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="fr" style="background:white"><span style="color:#222222">Comby, J. B. (2015). La question climatique. <i>Gen&egrave;se et d&eacute;politisation d&rsquo;un probl&egrave;me public, Paris, Raisons d&rsquo;agir</i>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="fr" style="color:#323232">Dewey, J.(1927). <i>Le Public et ses probl&egrave;mes</i>, trad. de l&rsquo;am&eacute;ricain par J. Zask, Paris, Gallimard, 2010.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="EN-US" style="color:#323232">Fraser, N. (1990<i>)</i>. &laquo; Rethinking the Public Sphere: A Contribution to the Critique of Actually Existing Democracy &raquo;, ‪ <i>‪Social Text‪</i>‪, 25-26, pp. 56-80.‪</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="EN-US" style="background:white"><span style="color:#222222">Goffman, E. (1974). </span></span><i>Frame analysis: An essay on the organization of experience</i>. <span lang="fr" style="background:white"><span style="color:#222222">Harvard University Press.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span lang="fr" style="background:white"><span style="color:#222222">Ranci&egrave;re, J. (2008). <i>Le spectateur &eacute;mancip&eacute;</i>. La fabrique &eacute;ditions.</span></span></span></span></span></p>