<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:">Cette contribution étudie trois prolongements esthétiques donnés aux dernières suggestions de Bruno Latour, invitant les lecteurs d’<i>Où atterrir. Comment s’orienter en politique </i>et d’<i>Où suis-je<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><b><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[1]</span></span></sup></b></sup></a></i>, à devenir terrestres. Est terrestre qui prend conscience des multiples enchevêtrements qui rendent sa vie possible : enchevêtrements organiques avec d’autres vivants, humains et non-humains, mais aussi avec les éléments, les objets, et les réseaux de toutes factures. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:">L’atelier <i>How to be terrestrial</i>, les ateliers organisés par le collectif Où atterrir et le réseau des ZOÖP entreprennent tous d’inviter les participants à un tel devenir terrestre. Ils constituent trois prolongements esthétiques, plutôt qu’artistiques, de la pensée latourienne, parce que les démarches n’entendent pas donner lieu à des œuvres d’art, ni surtout des œuvres closes et achevées. Certaines entendent être politiques, tout en relevant de processus inspirés par des modes de recherche artistique. Par ailleurs, toutes sont profondément ancrées et dépendantes du contexte dans lesquels s’inscrivent les participants : elles montrent de ce fait comment nos différents modes d’action et de pensée sont interreliés en prenant appui sur une recherche créative des interdépendances qui font de chacun.e un.e terrestre. Après un rapide retour sur les visions latouriennes de ce devenir, l’article étudiera les diverses modalités développées par chaque projet dans la singularité de son contexte et de ses participants. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"> </p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><b>L’art du devenir terrestre </b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:">On peut considérer que le développement de sujets terrestres relève d’un art, de même que la critique relève d’un art pour Michel Foucault. Les deux processus relèvent d’un projet de subjectivation et de connaissance aussi essentiel qu’il est incertain, sans doute inachevable, « un moyen pour un avenir ou une vérité qu’[ils] ne saur[ont] pas »<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[2]</span></span></sup></sup></a>.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:">Latour en fait néanmoins la réponse à ses questions nodales, que faire « face à Gaïa », « où atterrir », notamment à l’issue de l’ouvrage éponyme qui entend donner des clés pour s’orienter en politique. <span style="color:black">« Terrestre » est tout d’abord un qualificatif aussi vaste et puissant que ce qu’il comprend, c’est un adjectif, nom, état d’être, nommant les agents qui vivent selon celui-ci, ainsi qu’une ontologie qui prendrait le relais des ontologies anthropocentrées de l’Anthropocène et de l’Holocène. Être terrestre consisterait à « se désintoxiquer de la notion de matière, en retrouvant la matérialité et redonner[ait donc] de l’autonomie, de la temporalité, de l’histoire à toutes les puissances d’agir et à leur distribution »<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[3]</span></span></span></sup></sup></a>. La puissance d’agir ou agentivité est plus loin ce qui permet de reconsidérer les êtres autour de nous – d’aucuns diraient de les revaloriser si le changement n’était plus profond et n’impliquait de reconfigurer nos relations avec eux. Dans <i>Face à Gaïa</i><a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[4]</span></span></span></sup></sup></a>, le philosophe et sociologue des sciences décrit notamment la puissance d’agir d’un fleuve, après avoir montré que dans le protocole scientifique, l’observant découvre d’abord des agissements et des effets avant de découvrir l’entité responsable et de la nommer. La puissance d’agir est ainsi constitutive de l'existence de l’entité. Une fois nommée toutefois, l’entité est définie comme telle et ses puissances d’agir disparaîtraient dans sa description au profit d’un nom isolé de son contexte, faisant ainsi disparaître une partie de ce qui la fait exister. Mais le fleuve serait « fleuve » parce qu’il interagit en permanence avec une multiplicité d’autres êtres qui existent dans et par cette relation. Latour s’appuie plus largement sur l’appréhension de l’être comme holobionte, notion théorisée par Lynn Margulis en 1991 pour décrire la relation entre l’être humain et la multiplicité des bactéries qui l’habitent et le co-constituent. Ces découvertes impliquent que les humains comme l’ensemble des êtres vivants sont en constant et viscéral état d’interdépendance, ce qui décale le rapport que l’être humain a eu culturellement tendance à instaurer dans son rapport d’extranéité au vivant et met par conséquent fin au dualisme nature/culture – la nature étant co-constituve de chacun.e et la culture faisant partie des multiples boucles de rétroaction par lesquelles le vivant ne cesse de se recomposer et de transformer ce</span><w:sdt id="-1107883335" sdttag="goog_rdk_0" showingplchdr="t"> </w:sdt><span style="color:black">ux qui sont en interaction avec lui. De ce fait, cela implique une plus grande attention portée au vivant mais aussi aux étants abiotiques, puisque tous sont une partie constituante de ce qui fait l’être, en cela que le milieu fait partie intégrante de l’individu et ne saurait constituer un décor.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Dans </span><i>Où atterrir</i>, Latour propose<span style="color:black"> de « définir les terrains de vie comme ce dont un terrestre dépend pour sa survie et en se demandant quels sont les autres terrestres qui se trouvent dans sa dépendance »<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[5]</span></span></span></sup></sup></a>. </span><w:sdt id="-2062096321" sdttag="goog_rdk_1"><span style="color:black">Un processus pour </span></w:sdt><w:sdt id="758263874" sdttag="goog_rdk_2" showingplchdr="t"> </w:sdt><span style="color:black">devenir terrestre consiste</span><w:sdt id="-1221214636" sdttag="goog_rdk_3"><span style="color:black">rait</span></w:sdt><span style="color:black"> donc en une forme d’enquête répondant aux questions suivantes : « à quoi tenez-vous le plus ? Avec qui pouvez-vous vivre ? Qui dépend de vous pour sa subsistance ? Contre qui allez-vous devoir lutter ? Comment hiérarchiser l’importance de tous ces agents ? »<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[6]</span></span></span></sup></sup></a>. Une telle enquête est inachevable mais doit être entreprise pour se ressaisir de son terrain de vie, des capacités d’action pour ce à quoi nous tenons et devons tenir, en développant activement un réseau d’agents et d’alliances, à partir de l’existant et des potentialités. Un tel processus comprend un « rassemblement » de données et d’êtres (« <i>gathering</i> ») déjà appelé de ses vœux dans l’article <i>Why has Critique Run Out of Steam - From matters of facts to matters of concern<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><b><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[7]</span></span></span></sup></b></sup></a></i>, qui produit du concernement en sus de la critique. Au-delà de ce rassemblement, les agents sont invités à faire preuve de créativité dans la reconfiguration de leurs relations. L’acte créatif est également émancipateur, amenant à « innover en profitant des limites »<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[8]</span></span></span></sup></sup></a> et à faire alliance avec ce qui nous co-constitue. </span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"> </p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><b><span style="color:black">How to be terrestrial </span></b></span></span></span></p>
<h2 style="text-align:justify"><span style="font-size:18pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black"><span style="font-weight:normal">L’atelier animé par Mira Jo Hirtz est une « expérience fondée sur le mouvement »<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[9]</span></span></span></sup></sup></a>, proposée dans le cadre de l’exposition <i>Critical Zones. Observatories for Earthly Politics</i>, présentée au Zentrum für Kunst und Medien de Karlsruhe, et co-curatorée par Latour. Les observations se fondent sur ma participation </span></span></span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Symbol"><span style="color:black"><span style="font-weight:normal">[</span></span></span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black"><span style="font-weight:normal">Eliane Beaufils</span></span></span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Symbol"><span style="color:black"><span style="font-weight:normal">]</span></span></span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black"><span style="font-weight:normal"> à l’un des nombreux ateliers en ligne organisés durant les deux années d’exposition en 2020-2021, et toujours conçus de la même manière. </span></span></span></span></span></span></span></span></h2>
<h2 style="text-align:justify"><span style="font-size:18pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black"><span style="font-weight:normal">Mira Hirtz accueillent les participants en leur présentant un objet auquel elle tient, qui reste sur son bureau ou dans son tiroir depuis plus de dix ans. Ce petit oiseau bricolé est ainsi associé à de nombreux moments. Elle invite chacun.e à trouver dans la pièce un objet abiotique qui retient son intérêt. Puis les participants sont conviés à se demander pourquoi ils s’intéressent à cet objet ; ils ont ensuite plusieurs minutes pour retracer en pensée l’itinéraire de l’objet jusqu’à eux – depuis la collecte des matériaux à leur appartement, en passant par fabriques et circuits marchands. Après ces exercices d’imagination, Hirtz demande aux participants de se mettre en contact tactile avec l’objet : quels gestes font-ils ? peuvent-ils faire ? Des gestes on passe à la sollicitation du corps entier, invité à bouger avec l’objet, à inventer des déplacements et manipulations qui ne correspondent pas aux usages. Cet exercice d’imagination corporelle et chorégraphique amène chacun.e à se mouvoir dans son intérieur de manière inédite, et à redécouvrir le cas échéant des configurations d’objets, des polarités, des potentialités. L’objet mais aussi le lieu sont ainsi sources d’énergie et d’inspiration par-delà les mouvements et intentions habituels. Les participants peuvent clore la séance individuelle par un exercice d’écriture libre, qui ne sera pas communiqué aux autres. </span></span></span></span></span></span></span></span></h2>
<h2 style="text-align:justify"><span style="font-size:18pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black"><span style="font-weight:normal">Les actes d’imagination permettent, par l’intermédiaire d’un objet, de développer une conscience aigüe de la complexité des circuits de vie et de production contemporains. J’ai pourtant choisi un vase en bois, qui n’est pas passé par un processus de fabrication manufacturière très long ni très compliqué ; mais je ne sais de quel bois il s’agit, où il a été prélevé, quelle entreprise l’a conçu et réalisé, ni où il a été vendu – il m’a été offert. Les autres participants ne sont sans doute pas davantage capables de retracer l’itinéraire de leur objet, du moins pas de manière précise, ni de nommer les acteurs impliqués. La réflexion très simple à laquelle on est invité fait percevoir l’abstraction de notre monde, la déconnection entre ses agents, la complexité des circuits de production et de commercialisation qui contribue à faire de l’objet une entité abstraite, principalement investie de sens par l’acheteur et les relations qu’il va tisser avec elle. L’atelier nous confronte ce faisant à ce que Jean-Luc Nancy et Aurélien Barrau appellent la struction : l’agencement de notre monde en une somme de matières et de réseaux dans lesquels nous sommes pris et qui se sont développés sur le mode de la dissémination et de l’adjonction, produisant parfois des dynamiques contradictoires, mais foncièrement impossibles à saisir dans leur globalité<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[10]</span></span></span></sup></sup></a>. Par opposition à notre intrication dans les réseaux immenses et indéfinis de la mondialisation, l’atelier de terrestrialisation contribue à nous reterritorialiser, d’autant que la partie chorégraphique montre l’importance, au moins potentielle, de chaque objet et sa capacité à transformer notre attitude et notre espace de vie : bien que je connaisse quelques moments de perplexité, je développe des nouvelles manipulations et danses avec le vase, aussi ludiques qu’elles semblent infinies. </span></span></span></span></span></span></span></span></h2>
<h2 style="text-align:justify"><span style="font-size:18pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black"><span style="font-weight:normal">On pourrait émettre l’hypothèse que l’objet choisi renvoie peut-être à des modes d’existence singuliers, déjà assez distincts de ceux d’autres personnes. La jeune femme avec laquelle je suis invitée à m’entretenir en binôme après les exercices individuels a opté pour une petite Game Boy telle qu’on les vendait au début des années 2000. Elle a été socialisée très différemment de moi, que les parents ont tenu à l’écart de tout appareil technologique jusqu’à l’adolescence. L’échange permet de prendre conscience des variétés d’objets, de situations et de relations impliquées, mais aussi de la nature des potentialités. En effet, mon interlocutrice a eu beaucoup de mal à inventer d’autres interactions avec sa Game Boy. On s’aperçoit qu’un tel produit a été conçu pour notre usage (intuitif dit-on), mais que cette production va de pair avec des effets de rétroaction : il est peut-être plus difficile de se dégager de l’appareil comme affordance<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[11]</span></span></span></sup></sup></a>, et d’engager sa subjectivité corporelle, <i>a fortiori</i> de se réapproprier une agentivité, de reconfigurer les relations. Voilà qui répond par exemple à l’analyse de Giorgio Agamben qui décrit tous nos objets jusqu’aux plus quotidiens comme des dispositifs, qui nous subjectivent mais qui constituent également des formes d’assujettissement, voire de conditionnement<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[12]</span></span></span></sup></sup></a>. L’échange avec ma partenaire, effectué dans une salle zoom inaccessible aux autres et donc dans de bonnes conditions de confiance et d’intimité, est ainsi susceptible d’être extrêmement instructif, complémentant l’expérience de chaque participant.e et mettant en relief certaines conclusions. L’atelier permet <i>in fine</i> de passer par l’épreuve de nos limites, tant de représentation des objets et des réseaux, que de réinvention, tout en transmettant potentiellement la joie éprouvée durant la danse. Il faut d’abord réimaginer avec quels agents on reste en contact, suivant quelles modalités, et avec quels autres il serait pertinent de rentrer en relation. « L’expérience fondée sur le mouvement » pourrait préluder à un tri et à une réinvention à l’échelle individuelle. Il ne met pas cependant en capacité de répondre aux défis de reconfiguration de la mondialisation. Pour opposer une action plus systémique à la struction, des activités esthétiques plus collectives et complexes seraient sans doute à privilégier.</span></span></span></span></span></span></span></span></h2>
<p> </p>
<h2><span style="font-size:18pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_heading=h.gjdgxs"></a><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">Ateliers <i>Où atterrir à Sevran ? </i>par S-Composition</span></span></span></span></h2>
<h3 style="text-align:justify; text-indent:35.4pt; margin-top:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#1f3763"><span style="font-weight:normal"><a name="_heading=h.30j0zll"></a><b><i><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:">Concernements et territoire de vie</span></span></span></i></b></span></span></span></span></span></span></h3>
<p> </p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><w:sdtpr></w:sdtpr><w:sdt id="818069580" sdttag="goog_rdk_5">Déjà expérimenté et sensible à la création artistique vivante<a href="#_ftn13" name="_ftnref13" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[13]</span></span></sup></sup></a>, Bruno Latour a lui-même tenté de mettre en place en collaboration avec des artistes des expériences collectives et complexes qui iraient dans le sens d’un devenir terrestre plus profond. Il a impulsé<b><i> </i></b></w:sdt><w:sdt id="-2044503832" sdttag="goog_rdk_6" showingplchdr="t"> </w:sdt><w:sdt id="445592873" sdttag="goog_rdk_7">ll</w:sdt>es ateliers Où atterrir ?<w:sdt id="-79288301" sdttag="goog_rdk_8"> comme cofondateur et directeur scientifique du Consortium Où atterrir ?<a href="#_ftn14" name="_ftnref14" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[14]</span></span></sup></sup></a>.</w:sdt> <w:sdt id="-1973825614" sdttag="goog_rdk_9">Après son intervention à la Biennale des arts participatifs 2020 « Arts participatifs et écologie populaire, quels liens pour penser une nouvelle ville ?», organisée par le théâtre de la Poudrerie de Sevran, des ateliers bi-mensuels y ont été mis en place. <w:sdt id="-1247418169" sdttag="goog_rdk_10" showingplchdr="t"> </w:sdt></w:sdt><w:sdt id="920759761" sdttag="goog_rdk_11" showingplchdr="t"> </w:sdt> <w:sdt id="2068529777" sdttag="goog_rdk_12">Ils ont été </w:sdt>menés par <w:sdt id="1127125387" sdttag="goog_rdk_13">la compagnie </w:sdt>S-Composition<w:sdt id="-446778573" sdttag="goog_rdk_14"> avec Chloé et Chantal Latour, la fille et la femme de Bruno Latour, Jean-Pierre Seyvos, tous trois membres du consortium Où atterrir ?</w:sdt> en collaboration avec des Sevranais.e.s et le Théâtre de la Poudrerie<w:sdt id="173538184" sdttag="goog_rdk_15"></w:sdt><a href="#_ftn15" name="_ftnref15" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[15]</span></span></sup></sup></a> de Sevran scène conventionnée d’intérêt national « Art en territoire » pour la création participative<w:sdt id="-1746950374" sdttag="goog_rdk_16">. En assistant Valérie Suner, la directrice du théâtre, j’ai eu [Nathan Vaurie] l’occasion de participer à des ateliers et de participer à la mise en scène de l’atelier-spectacle du 15 Octobre 2022</w:sdt><w:sdt id="12421601" sdttag="goog_rdk_17" showingplchdr="t"> </w:sdt><w:sdt id="-475153348" sdttag="goog_rdk_18">.</w:sdt></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><w:sdt id="712782272" sdttag="goog_rdk_20">Les ateliers</w:sdt> se composent en deux temps. Un premier d’échauffement : des pratiques somatiques pour se concentrer sur l’instant présent et se resituer dans son corps et dans l’espace, ainsi que des exercices d’écoute de groupes. Le deuxième temps est celui de l’exploration des territoires de vie ou des restitutions d’enquêtes. S-Composition propose aux habitant.e.s de faire des expériences sonores permettant de figurer métaphoriquement des processus complexes liés au fonctionnement de la zone critique<w:sdt id="2019432927" sdttag="goog_rdk_21"><a href="#_ftn16" name="_ftnref16" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[16]</span></span></sup></sup></a></w:sdt>, d’enquêter sur leur terrain de vie soit pour se rendre compte de l’important nombre de non-humains auxquels iels se relationnent ou desquels iels dépendent au quotidien, et en<w:sdt id="-830443533" sdttag="goog_rdk_22">fin</w:sdt> de créer la « boussole de leur concernement ». Le concernement, c’est un problème qui touche directement la personne, c’est un sujet problématique qui embête comme « un caillou dans la chaussure »<a href="#_ftn17" name="_ftnref17" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[17]</span></span></sup></sup></a>. A Sevran il y a par exemple : la disparition de la jacinthe des bois, celle des abeilles, les politiques liées à l’eau dans la communauté d’agglomération, le déplacement et les transports, la construction d’une antenne en haut de l’immeuble, la bétonisation de la plaine Montceleux, dernier champ de la ville… La constitution de la boussole consiste en la découverte des agents humains ou non-humains dont dépend le problème analysé, pour dessiner le paysage politique quotidien des participant.e.s. Ces agents sont ensuite répartis sur la boussole (sur papier ou dans l’espace lors des ateliers), suivant 3 dimensions : au centre le concernement, deux axes passent en ce centre, le premier représente le temps (héritage et futur), le second de la droite vers la gauche, du plus positif au négatif. Par exemple, l’habitante qui enquête sur l’eau a pu mieux comprendre et partager les institutions et les lois qui régissent la distribution de l’eau ainsi que les problèmes que cela impliquait en termes de pollution et de bien commun, le Syndicat des eaux d’Ile de France faisant par exemple partie des menaces (à gauche et au présent). L’habitant.e se fait donc ainsi expert.e d’un sujet qui le.la concerne sur son territoire. Iels réussissent depuis leur position à se réapproprier des mécanismes institutionnels qu’iels considéraient jusque-là opaques (car issus d’un espace politique abstrait). En partant de concernements personnels, les participant.e.s mettent à jour des dysfonctionnement systémiques liés très souvent à des décisions politiques d’institutions étatiques (même dans le cas où ce sont des bailleurs privés qui sont identifiés, les participant.e.s découvrent des lois ou des conflits d'intérêts issus de représentants de l’Etat ou d’organismes dépendants de l’Etat). Depuis le lieu de l’habiter et de l’usage, les participant.e.s de ces performances formulent, révèlent ou prennent connaissance de dysfonctionnement des institutions de l’ « Etat-Capital »<a href="#_ftn18" name="_ftnref18" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[18]</span></span></sup></sup></a>. Ces enquêtes permettent aussi de révéler pour les participant.e.s des acteur.rices qui vont permettre d’améliorer la situation autour de leur concernement (ont été mis au jour durant les ateliers, la nouvelle paysannerie, Cycle Terre usine de briques en terre crue sevranaise, le nouveau Lycée agricole, ou la Moret, un cours d’eau <w:sdt id="527606984" sdttag="goog_rdk_23">sevranais).</w:sdt><w:sdt id="-553696279" sdttag="goog_rdk_24" showingplchdr="t"> </w:sdt></span></span></span></p>
<h3 style="text-align:justify; text-indent:35.4pt; margin-top:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#1f3763"><span style="font-weight:normal"><a name="_heading=h.1fob9te"></a><b><i><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:">Et alors ?</span></span></span></i></b></span></span></span></span></span></span></h3>
<p> </p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:">Mais un questionnement subsiste quant aux ateliers <i>Où atterrir ? </i>: « et alors ? ». En effet la question souvent reprochée par les militants écologistes à Bruno Latour et qui s’étend à ces ateliers qui reprennent sa pensée est la suivante : après avoir décrit, formulé des faits, <i>quid </i>de la mise action ? Le concernement de E., participante aux ateliers <i>Atterrir à Sevran, </i>était au départ celui des expulsions de migrants ; après une longue période d’étude et de réflexion, celle-ci a porté son attention sur les Centres de Rétention Administrative (CRA), un établissement dont nombre de participant.e.s ignoraient l’existence mais qui consiste à garder enfermées des personnes migrantes en situation irrégulière le temps de la régularisation (ou non) de leur situation. Grâce au réseau terrestre, à l’aspect officiel de son enquête, aux outils apportés par S-Composition, elle a pu effectuer de nombreux entretiens et faire le portrait de la situation en CRA. A la fin des ateliers, elle a donné le fruit de son travail extrêmement poussé et concret à des associations pour lesquelles elle est maintenant bénévole, qui luttent pour la fermeture des CRA. Il y a donc un mouvement qui se dessine et qui tend à faire penser que ce processus peut ouvrir à l’action. <w:sdtpr></w:sdtpr><w:sdt id="-1936351687" sdttag="goog_rdk_25">Bruno Latour écrit en au début d’<i>Où atterrir?</i> : </w:sdt></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><w:sdtpr></w:sdtpr><w:sdt id="-996721655" sdttag="goog_rdk_27"><span style="font-size:11.0pt">Pour résister à cette perte d’orientation commune, il va falloir atterrir quelque part. D’où l’importance de savoir comment s’orienter. Et donc dessiner quelque chose comme une carte des positions imposées par ce nouveau paysage au sein duquel se redéfinissent non seulement les affects de la vie publique mais aussi ses enjeux</span>. </w:sdt></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:">Cependant, en un an, la mobilisation des affects ne semble pas vraiment avoir eu lieu<w:sdt id="-1166780020" sdttag="goog_rdk_29"> ou ne pas être suffisante</w:sdt> pour la majorité des participant.e.s, elle reste pour l’instant très <w:sdt id="-1743249897" sdttag="goog_rdk_30"></w:sdt>intellectuelle.<w:sdt id="121734138" sdttag="goog_rdk_31"> En effet, peu de participant.e.s sont passé.e.s à l’action pour défendre ce à quoi iels tenaient, pour agir dans l’amélioration de leur concernement.</w:sdt> L’atelier n’accueille pas non plus de débats, il repose sur des descriptions factuelles ou une expérimentation sensible. Et alors que l’un voit une solution intéressante dans la densification des habitations près des gares pour empêcher la bétonisation d’espaces pas encore recouverts, l’autre pointe la dégradation des conditions de vie liées à cette même densification : ce débat qui pourrait être profond et amener à imaginer des solutions reste en retrait au profit de la description factuelle. Les ateliers ne mettent pas en place « l’agone »<a href="#_ftn19" name="_ftnref19" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[19]</span></span></sup></sup></a>: </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:11.0pt">L’agone désigne le processus conflictuel permettant aux habitants d’instituer les scènes agonistiques où ils pourront se ressaisir de leur lieu de vie, en mettant en scène les conflits d’usage et les conflits de mondes (les compositions relationnelles) qui les sous-tendent.<a href="#_ftn20" name="_ftnref20" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:11.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[20]</span></span></sup></sup></a></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:">Il est cependant possible de constater que ces ateliers tendent à ouvrir des brèches depuis lesquelles peuvent se développer ces processus agonistiques. Bruno Latour en tant que directeur scientifique de la compagnie<a href="#_ftn21" name="_ftnref21" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[21]</span></span></sup></sup></a>, mettait en avant les cahiers de doléances<a href="#_ftn22" name="_ftnref22" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[22]</span></span></sup></sup></a> et la description des situations de vie après l’industrialisation par les socialismes au XXe siècle, tous deux des mouvements précurseurs, ou accompagnant de grandes révolutions. « Les ateliers qu’on propose sont juste le début de ce processus » dit-il pour expliquer les intentions du Consortium <i>Où atterrir ?</i><a href="#_ftn23" name="_ftnref23" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[23]</span></span></sup></sup></a>, l’idée est que le.la citoyen.ne se saisisse à nouveau des questions de territoires pour « redéfinir les conditions d’existence en situation de crise », il ajoute « tirer des leçons et des procédures, peut-être même une méthodologie pour permettre à d’autres qui le souhaitent d’étendre et de faire proliférer cette méthode ». Les propositions expérimentées ne sont pas faites pour se limiter à l’espace de l’œuvre, Eliane Beaufils écrit au sujet des performances ayant trait au faire-avec : « Mais ce <i>prattein </i>[cette forme d’agir] ouvre aussi des perspectives : à chacun de décider ou non de le prolonger, de lui trouver d’autres terrains, milieux ou moments. L’art participatif participe ici déjà d’un monde-à-venir sans le déterminer<a href="#_ftn24" name="_ftnref24" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[24]</span></span></sup></sup></a>. » L’idée est donc de préfigurer un monde possible en le confiant à la pratique de l’ensemble des citoyen.ne.s. Il y a bien là l’idée d’une appropriation des pratiques par les participant.e.s des performances en participation collaborative et une continuation de leur œuvre.</span></span></span></p>
<h3 style="text-align:justify; text-indent:35.4pt; margin-top:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#1f3763"><span style="font-weight:normal"><a name="_heading=h.3znysh7"></a><b><i><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:">L’espace de la représentation, l’atelier-spectacle.</span></span></span></i></b></span></span></span></span></span></span></h3>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:">Les ateliers <i>Où atterrir ?</i> ont été représentés pendant la biennale 2022 des arts participatifs organisés par le Théâtre de la Poudrerie, lors d’un « atelier-spectacle » dans la salle des fêtes de Sevran le 15 octobre. La pièce était entièrement utilisée, des chaises étaient disposées en îlots dans toute la salle, parfois sur des estrades, sur la scène, en différents groupes, tous orientés vers le centre où se situait une boussole dessinée au sol à l’aide de gaffer blanc destinée à accueillir l’expression des concernements et de leurs réseaux de dépendances. Trois grands écrans disposés de part et d’autre de la salle accueillaient des projections. Sur une petite scène étaient disposés un orgue, deux violes de gambes, et <w:sdt id="2027057362" sdttag="goog_rdk_32">plusieurs </w:sdt><w:sdt id="2119406510" sdttag="goog_rdk_33" showingplchdr="t"> </w:sdt>flûtes à bec, ceux-ci venaient ponctuer le spectacle de pièces musicales composées par Jean-Pierre Seyvos, qui tentent de mettre en sons dans une visée métaphorique certains systèmes inhérents à la zone critique (par exemple <i>Wetness</i> pour le cycle de l’eau). Le public était prévenu avant d’entrer qu’il allait participer à un atelier <i>Où atterrir ?</i> et il lui était fourni un livret d’enquête et un stylo. En entrant dans la salle, les participant.e.s primaires<a href="#_ftn25" name="_ftnref25" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[25]</span></span></sup></sup></a> qui avaient suivi les ateliers tout au long de l’année, attendaient posté.e.s à des places définies dans l’espace en décrivant leur territoire de vie à l’aide des non-humains que ceux-ci côtoient au quotidien et auxquels iels sont attaché.e.s ou dont iels sont dépendant.e.s. Puis, après une déambulation entre les différents participant.e.s primaires, les 150 participant.e.s secondaires suivaient le format d’un atelier <i>Où atterrir ? </i>: échauffement, description des terrains de vie, formulation d’un concernement et cela ponctué d’interventions des participant.e.s primaires qui partageaient le résultat de leur précédente participation de manières artistiques (travail en choralité, nuages de mots projetés sur les écrans, monologues croisés) ainsi que d’expériences sonores comme la sonosphère<a href="#_ftn26" name="_ftnref26" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[26]</span></span></sup></sup></a>. Il est intéressant d’observer que c’est le processus de création qui est représenté, cela met d’autant plus en valeur la première qualité des performances en création participative selon Estelle Zhong Mengual<a href="#_ftn27" name="_ftnref27" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[27]</span></span></sup></sup></a>, soit leur nature processuelle. Le temps de la représentation revêt deux fonctions : la mise en valeur du processus de création participative par le rejeu, et sa transmission. Il y a quelque chose du savoir transmis par l’expérience vécue qui n’est pas normalisable puisque le savoir que les participant.e.s développent est situé dans l’espace et le temps. Cet aspect lié à la non-reproductibilité des œuvres participatives les amène à échapper aux logiques de normalisation et de standardisation liées à l’Etat-Capital.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:">La situation dans l’espace tient de la non-reproductibilité mais emmène vers un autre point important pour la pensée écologique. Pour nuancer le propos précédent, la situation dans l’espace n’est pas tout à fait juste. Dans les ateliers <i>Où atterrir ?, </i>le fait est que la représentation se déroule dans une « boîte noire », une salle de spectacle contemporaine plongée dans le noir et aux lumières artificielles. Si la présence des non-humains, et la réinscription de l’être humain dans les cycles des mondes qu’iel habite sont particulièrement présentes dans les ateliers <i>Où atterrir?, </i>la déconnexion à ceux-ci est criante. L’état d’interdépendance entre les vivants mis en avant dans l'œuvre de Bruno Latour avec la théorie Gaïa<a href="#_ftn28" name="_ftnref28" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[28]</span></span></sup></sup></a> semble, dans la représentation qui en est faite, être une expérience mentale ou intellectuelle et échapper à la dimension du vécu. Dans les retours qui ont été faits au Théâtre de la Poudrerie sur cette performance, on note le fait qu’une grande partie du public était parisien et non pas sevranais alors qu’il était le premier concerné puisque partageant de manière plus importante les territoires de vie. Les théories en humanités environnementales mettent en exergue le fait de rendre leur agentivité ou puissance d’agir aux non-humains<a href="#_ftn29" name="_ftnref29" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[29]</span></span></sup></sup></a>, de les faire passer de décor à agents ; ici on observe une limite quant à cette considération. Cependant, le fait de formuler les relations que les participant.e.s tissent avec des non-humains qui leur sont chers est déjà une étape, en effet la reconsidération des liens (affectifs) ici en place fait partie du processus de reconnaissance des puissances d’agir puisque, les participant.e.s reconnaissent le fait d’être littéralement « affecté.e.s » par les non-humains. L'absence physique des non-humains dans les ateliers est aussi révélatrice de l'absence ou de d'éloignements des moyens de subsistance à la fois des villes de banlieues (paradoxalement anciens greniers de Paris) mais aussi de la pratique artistique. Cela est corrélatif <span style="background:white">de la mise en cause de l'écologie politique, pointant son absence des quartiers populaires et l'ambiguïté de sa position sociale.</span></span></span></span></p>
<h3 style="text-align:justify; text-indent:35.4pt; margin-top:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#1f3763"><span style="font-weight:normal"><a name="_heading=h.2et92p0"></a><b><i><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:">Construction d’une communauté terrestre ?</span></span></span></i></b></span></span></span></span></span></span></h3>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:">Un des buts du consortium <i>Où atterrir ?</i> est de commencer à créer par la participation à ces ateliers une communauté de nouvelles.aux citoyen.ne.s terrestres qui redéfinirait le paysage politique. La pratique de ces ateliers activerait un réseau de terrestres dans toute la France capable de s’entraider dans la formulation de nouvelles problématiques et le partage d’informations relatives aux moyens de subsistance. La volonté de création de communauté par les artistes, notamment ceux et celles qui mettent en place des performances participatives, a été vivement commentée et critiquée. Zhong Mengual écrit à ce sujet dans son chapitre « Participer en art pour mieux participer à la société : une politique sociale néolibérale »<a href="#_ftn30" name="_ftnref30" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[30]</span></span></sup></sup></a> : </span></span></span></p>
<h5 style="text-align:justify; margin-top:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><a name="_heading=h.tyjcwt"></a><span style="font-size:11.0pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">être inclus dans la société signifie participer au jeu économique en tant que travailleur consommateur [...] la politique sociale ne réduit pas les inégalités mais met en place les conditions de participation au jeu économique qui est condition de croissance.</span></span></span></span></span></span></span></span></h5>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:">De ce point de vue les performances participatives à vocation sociale seraient les partenaires du néo-libéralisme dans la normalisation des citoyen.ne.s vers le parfait travailleur consommateur. De plus, dans <i>Being with</i>, Marie Preston commente le débat entre Kwon Miwon et Kevin Kester, chercheur.euse.s en art du spectacle, sur le sujet des communautés dans les arts participatifs, et prévient que « l’artiste collabore avec des agrégats hétérogènes dans l’attente paternaliste que l’artiste prenne le rôle de représentant et essaye de créer une conscience de communauté à partir des déchets sociaux atomisés du capitalisme tardif<a href="#_ftn31" name="_ftnref31" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[31]</span></span></sup></sup></a> ». Dans la pratique, les ateliers <i>Où atterrir ? </i>transmettent des savoirs faire aux citoyen.ne.s afin qu’iels puissent se les approprier et les réutiliser de manière indépendante. Il y a une idée de passation et d’autonomisation, d’empouvoirement de l’individu par sa pratique, ce qui n’a rien de « paternaliste ». Eliane Beaufils écrit dans son article <span style="background:white"><span style="color:#323232">« L’art participatif peut-il enfanter le citoyen-à-venir ? »</span></span>:</span></span></span></p>
<h5 style="text-align:justify; margin-top:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><a name="_heading=h.3dy6vkm"></a><span style="font-size:11.0pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">La participation en arts permet aussi de développer des faires à partir des capacités des gens, de s’en ressaisir donc, sans les renvoyer à leur solitude mais en les rassemblant au sein d’un cadre ou d’un faire communs.[...] Ces dispositifs participatifs amènent les personnes à déplacer leur comportement en même temps que leur pensée du comportement. Ils exploitent la force collective mais pourraient se déployer indépendamment de tout ancrage dans un groupe. <a href="#_ftn32" name="_ftnref32" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:11.0pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[32]</span></span></span></sup></sup></a></span></span></span></span></span></span></span></span></h5>
<p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:">L’idée pour les artistes de S-Composition n’est pas réellement de « faire une communauté », mais plutôt d’armer le.la citoyen.ne avec des notions et des procédés qui le.la mettent sur la voie du devenir terrestre de son propre chef. Une fois les citoyen.ne.s devenu.e.s terrestres par leur propre réalisation, la communauté terrestre apparaîtra d'elle-même. L’art peut donc aider à la création d’une sensibilité<a href="#_ftn33" name="_ftnref33" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[33]</span></span></sup></sup></a> et mettre en place des pratiques communes (et donc des savoirs) qui permettraient l’émergence d’un devenir terrestre.</span></span></span></p>
<p> </p>
<p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><b>ZOÖP – l’institutionnalisation du devenir terrestre </b></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:">Le troisième projet analysé s’implante également de manière très locale, mais au lieu de sortir les habitant.e.s des espaces sociaux structurés pour les inviter à penser-agir à partir du cadre sans bords et sans grande contrainte de l’art, il invite les membres d’institutions, quelles qu’elles soient, à opérer une révolution de l’intérieur<a href="#_ftn34" name="_ftnref34" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[34]</span></span></span></span></a>. Tout membre peut enquêter sur les réseaux terrestres de l’institution et inviter cette dernière à se transformer en ZOÖP visant à constituer une communauté au service du vivant. Si l’initiateur du concept Klaas <span style="background:white"><span style="color:black">Kuitenbrouwer</span></span> est davantage inspiré par les ouvrages antérieurs à <i>Où atterrir</i>, la place de la pensée latourienne n’en est pas moins pour lui « d’une importance vitale »<a href="#_ftn35" name="_ftnref35" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="background:white"><span style="color:black"><sup><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[35]</span></span></span></span></sup></span></span></sup></a> ; il souligne<span style="background:white"><span style="color:black"> en particulier la nécessité de concevoir toute chose comme un agent ou une agrégation d’agents, qui fait l’objet de rassemblements, de discussions et d’un concernement (ici au sens où ils deviennent des <i>matters of concern</i>), ainsi que la nécessité de collaborer avec tous les corps (biotiques ou non) en présence, afin de devenir terrestre et de contribuer à la vie<a href="#_ftn36" name="_ftnref36" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[36]</span></span></span></span></sup></sup></a>. D’ailleurs l’appellation ZOÖP est la contraction des deux principes actifs séminaux, <i>zoé</i> et coopération. Pour rendre compte du concept, on prendra le parti de suivre les trois étapes grâce auxquelles il est appelé à s’implanter dans un nombre croissant d’établissements, après son lancement en 2022 à l’institut d’art et de design Het Nieuwe Instituut de Rotterdam, qui constituera également « une maison mère » conseillant et soutenant les suivantes. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><b><i><span style="font-size:11.0pt"><span style="background:white"><span style="line-height:150%"><span style="color:black">L’atelier d’initiation active </span></span></span></span></i></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="background:white"><span style="color:black">Le 10 décembre 2022 a eu lieu un atelier mené par </span></span>Klaas <span style="background:white"><span style="color:black">Kuitenbrouwer</span></span> <span style="background:white"><span style="color:black">à la Temporary Gallery de Cologne. Constituant une sorte d’examen collaboratif de la galerie, préalable à sa transformation en ZOÖP, il s’articule en cinq étapes : un exposé théorique permet d’abord de présenter l’ensemble du projet, les notions qui le guident (terrestre, entrelacements sans fin du vivant et des autres corps, zoönomie ou nécessité de revenir à une « économie de la nature »<a href="#_ftn37" name="_ftnref37" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[37]</span></span></span></span></sup></sup></a> fondée sur le respect et l’épanouissement du vivant) et le fonctionnement de l’institut à Rotterdam. Puis un premier exercice, majeur, est proposé aux participant.e.s réparti.e.s en trois groupes : iels sont invité</span></span><w:sdt id="1908263815" sdttag="goog_rdk_34"><span style="background:white"><span style="color:black">.e.</span></span></w:sdt><span style="background:white"><span style="color:black">s à dresser la liste de tous les autres corps impliqués dans l’existence de la galerie. Ces corps sont d’abord ceux des vivants, sans lesquels aucune économie ne saurait subsister : humains, plantes d’intérieur, mais aussi insectes, lichens ou champignons. Il convient également de prendre en compte les corps non animés, essentiels au lieu : des murs aux différents sols, en passant par le mobilier, les prises, réseaux électriques, canalisations, ou œuvres d’art. Un troisième groupe liste les corps institutionnels dont dépend la galerie : municipalité, fondations, organe fédéral, associations d’habitants, amis de la galerie. Une fois passée cette phase cruciale « d’identification », on passe à la phase de « caractérisation » en posant des questions qui rappellent les interrogations latouriennes :</span></span> <span style="background:white"><span style="color:black">comment les corps se rapportent-ils l'un à l'autre ? Sont-ils indifférents, leurs actions s’opposent-elles ou se conjuguent-elles pour le vivant ? Comment faire pour que ces deux corps se soutiennent l'un l'autre ? A la suite de cette exploration du terrain de vie de la galerie, ainsi plus à même de devenir terrestre, les participants sortent à l’extérieur pour effectuer des exercices d’attention développant leur perception du milieu afférent à la galerie : course-dérive dans les rues avoisinantes, situation en un point de vie aléatoire (sur la chaussée, un banc, un terrain vague), focalisations de plus en plus ciblées sur un espace puis un objet puis un détail de cet objet. Ces appréhensions écosomatiques<a href="#_ftn38" name="_ftnref38" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[38]</span></span></span></span></sup></sup></a> décalent et libèrent la perception, en général informée par les habitus et l’orientation vers une activité à accomplir. De retour à la galerie, les participants sont conviés à envisager de nouveaux modes de relation qui privilégient l’épanouissement du vivant dans l’institution. Les propositions peuvent être visionnaires et comprendre une part de fiction. Ainsi celle qui retient l’attention du groupe fait jaillir quantité d’idées : il est proposé de végétaliser le toit, qui consiste en une épaisse plaque de béton dotée d’une splendide portance, et qui pourrait alors représenter une extension de la galerie en accueillant des œuvres d’art ou des performances, sans oublier le développement de moments de convivialité chers à l’établissement, grâce à des plantations permaculturelles et des repas ou fêtes estivaux<a href="#_ftn39" name="_ftnref39" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[39]</span></span></span></span></sup></sup></a>. Enfin, lors d’une dernière étape, les participants sont invités à « atterrir dans le pragmatisme », en réfléchissant aux modalités et à leur désir de mise en place de la ZOÖP. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="background:white"><span style="color:black">Indépendamment de la transformation future ou non de la galerie en ZOÖP, un tel atelier met les participants sur la voie du devenir terrestre. Il est en outre libérateur d’imaginaires et de désirs, car il profite à nouveau de l’espace de l’art comme cadre éphémère, émancipé des contraintes de réalisation immédiate. Des moments de création collective similaires ont donné lieu à la ZOÖP de Rotterdam depuis 2018, qui ne représente plus un projet esthétique, mais qui continue à reposer sur des méthodes de recherche artistiques ou inspirées de l’art. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><b><i><span style="font-size:11.0pt"><span style="background:white"><span style="line-height:150%"><span style="color:black">Designer une zoönomie </span></span></span></span></i></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="background:white"><span style="color:black">Le fonctionnement d’une ZOÖP suit les principes du design participatif : c’est un processus de conception (ici d’un milieu de vie), mené à plusieurs, qui ne connaît pas d’aboutissement (idéal) mais qui s’épanouit et doit surtout être sauvegardé en lui-même, à l’instar des écosystèmes. Une fois que les membres d’une institution se sont déclarés prêts à soutenir le processus, un.e porte-parole (<i>a speaker</i>) se propose, son choix est avalisé par la fondation qui soutient toutes les ZOÖP et iel a dorénavant des droits et des devoirs : devoir de faire un compte-rendu annuel de l’état des corps dont dépend l’existence de l’institution (à l’instar du travail effectué au cours de l’atelier en galerie) ; devoir de proposer des mesures visant à améliorer les coopérations entre les corps et à servir l’épanouissement de la vie ; droit à assister en auditeur.rice libre aux séances de l’organe décisionnel et à négocier avec lui ; droit enfin à recevoir une rétribution pour son travail, délivrée par la fondation en tant que méta-organisme indépendant des intérêts particuliers de chaque institution. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="background:white"><span style="color:black">Le.la porte-parole s’appuie sur le dialogue et les échanges avec des membres experts de tel domaine ou telle activité de l’institution. Un comité peut l’assister et se réunir plusieurs fois par an, c’est ce qu’a décidé d’organiser l’artiste-jardinière du Het Nieuwe Instituut qui est la <i>speaker</i> 2022-2023. Le « bilan terrestre » sert de la sorte des intérêts très réels et pragmatiques, tout en amenant les membres de l’institution à renouveler leur perception de ces intérêts et de leurs interdépendances quotidiennes, structurelles et souvent bien ignorées. Parmi les aménagements opérés, on peut mentionner un tiers jardin, un grand bac à compost, la déperméabilisation du parking goudronné, désormais de surface réduite, et converti en parking sur sol vitalisé, où les voitures stationnent sur des pavés enfoncés dans la terre. L’étang va être entouré d’herbes plus accueillantes pour la faune, et l’eau agrémentée d’algues et de plantes plus riches en nutriments pour les poissons. Dans le futur, le toit sera également végétalisé et servira de support à des panneaux solaires. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="background:white"><span style="color:black">Ainsi on observe le passage d’un mode d’institution (dominant) à un autre, proche du passage de ce que Gosselin et Bartoli appellent une institution-cadre vers une institution-métis: </span></span><span style="color:black">l’</span><span style="color:black">« institution-cadre </span><span style="font-family:Symbol"><span style="color:black">[</span></span><span style="color:black">est</span><span style="font-family:Symbol"><span style="color:black">]</span></span><span style="color:black"> étatique</span><span style="font-family:Symbol"><span style="color:black">[]</span></span><span style="color:black">, faite</span><span style="font-family:Symbol"><span style="color:black">[]</span></span><span style="color:black"> de règles et de déterminations logiques générales et surcodées » tandis que l’« institution-<em><span calibri="" style="font-family:">métis </span></em>se caractérise par sa souplesse, sa dynamique, sa localité et son hétérogénéité [...] (située, autonome et vernaculaire) »<a href="#_ftn40" name="_ftnref40" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[40]</span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="background:white"><span style="color:black">Bien que le résultat des premières enquêtes et actions terrestres soient très prometteurs, l’institut de Rotterdam continue à promouvoir des recherches-créations menées par des artistes ou des designeurs pour améliorer la capacité de diagnostic et d’intervention des ZOÖP dans le futur. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="background:white"><span style="color:black">Ainsi l’artiste Debra Solomon développe une <i>méthodologie d’observation radicale</i><a href="#_ftn41" name="_ftnref41" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[41]</span></span></span></span></sup></sup></a>, et pratique avec les personnes intéressées des exercices propices au décèlement des rapports entre les corps et à leur amélioration. Un appareil-gardien de la biodiversité, nommé <i>DeepSteward</i>, a été élaboré par Ian Ingram and Theun Karelse, et sonde les formes de vie en se soustrayant au point de vue humain, tandis que Rick Perillo a décliné une panoplie d’outils permaculturels susceptibles d’être développés dans les ZOÖP, comprenant des idées de plantations aussi bien que de monnaie locale et d’urbanisme. Selon</span></span> <span style="background:white"><span style="color:black">Kuitenbrouwer, il est essentiel que le projet continue à s’appuyer sur des recherches artistiques, car les artistes sont les plus « capables de faire converger des savoirs, de travailler avec l’ambigüité, de produire des résultats imprévus ou d’y réagir, et de se laisser mener par des objectifs mouvants ou pluriels »<a href="#_ftn42" name="_ftnref42" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[42]</span></span></span></span></sup></sup></a>. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><b><i><span style="font-size:11.0pt"><span style="background:white"><span style="line-height:150%"><span style="color:black">La réinvention de communs et de légalités </span></span></span></span></i></b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="background:white"><span style="color:black">Au-delà de chaque institution, le projet ambitionne d’inventer un cadre légal en faveur de l’expansion du terrestre dans les ZOÖP. Tout cadre légal relève d’abord d’une fiction, ainsi que le rappelle l’écrivain et juriste Camille de Toledo<a href="#_ftn43" name="_ftnref43" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[43]</span></span></span></span></sup></sup></a>. Il est néanmoins stratégique de faire passer l’invention d’une légalité dans l’entendement commun, en l’espèce de la juridiction commune. Si Kuitenbrouwer a renoncé à un concept global tel le parlement latourien, il a élaboré un modèle contractuel d’engagement d’une ZOÖP. Chaque institution s’engage par contrat à développer une zoönomie et à suivre les deux règles principales : favoriser le travail du.de la porte-parole et la remise du rapport annuel d’une part ; promouvoir le dialogue avec les instances décisionnelles et l’amélioration des conditions de vie interspécifiques chaque année en réalisant certaines des mesures négociées. Si ces principes ne sont pas respectés, l’institution perd le statut de ZOÖP. L’engagement de celle-ci est en premier lieu éthique, mais si elle choisit de publiciser cet engagement, le renoncement au statut ne manquerait pas d’occasionner des retombées déplaisantes sur sa réputation. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="background:white"><span style="color:black">Une étape supplémentaire a par ailleurs été franchie en mars 2023 lorsqu</span></span><span style="background:white">e l'Office de l'Union </span>européenne<span style="background:white"> pour la </span>propriété<span style="background:white"> intellectuelle (EUIPO) a accepté le <span style="color:black">principe d’un certificat Zoöp ouvert à de tierces parties. Ce certificat a été extrêmement délicat à élaborer<a href="#_ftn44" name="_ftnref44" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[44]</span></span></span></span></sup></sup></a>, car il se soustrait au langage en vigueur de ces documents, qui s’appuient en général sur des objectifs précisément quantifiés et nommés – langage à rebours du développement processuel de vivants interreliés suivant des modes pluriels, et des évolutions non déterminables par avance. Une contribution annuelle à la fondation a été fixée par ailleurs, qui servira au paiement des porte-paroles et de la plateforme de ressources communes, de même que les statuts de ladite fondation supervisant toutes les personnes légales devenues ZOÖP. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="background:white"><span style="color:black">Ainsi le projet est susceptible de donner naissance non seulement à un réseau d’établissements néerlandais mais européen, véritable laboratoire de nouveaux communs institutionnels, par ailleurs en échange les uns avec les autres et aptes à s’enrichir réciproquement. Si ce réseau est amené à s’inscrire à l’intérieur des paysages (culturels, juridiques, vivants) nationaux, il sera peut-être en mesure de contribuer à la prise en compte du vivant dans les législations nationales, comme cela a pu être le cas déjà en Nouvelle-Zélande et d’autres pays. A l’inverse de la Nouvelle-Zélande ou de pays d’Amérique du Sud, note Kuitenbrouwer, il est difficile aux populations occidentales de s’appuyer sur une cosmogonie reposant sur des ontologies plates où n’existe aucun rapport d’antériorité ni de hiérarchie. Les pays occidentaux, notamment les Pays-Bas érigés sur des machines à pomper l’eau, se sont selon lui trop formés sur des bases anthropocentrées – on note que la patrie des droits de l’homme n’est pas en reste de ce point de vue. Les droits des organismes ne peuvent donc se fonder sur une vision de la vie qui favorise une telle ontologie, raison pour laquelle le designer a jugé bon de mettre l’accent sur le développement de nouvelles relationnalités, sur la base du devenir terrestre. La question se pose bien entendu de savoir si et dans quelle mesure de telles attitudes relationnelles se développeront, dans le cadre des ZOÖP et en dehors d’elles. </span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="background:white"><span style="color:black">Ainsi ce projet élabore des prolongements multiples, tant artistiques, institutionnels que juridiques, aux enquêtes et échanges imaginés par Bruno Latour pour devenir terrestre, et peut être conçu comme laboratoire participatif d’une réforme d’envergure à venir, de nos communautés de travail et peut-être du droit européen.</span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"> </p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Les trois projets esthétiques étudiés tentent de répondre à la nécessité de devenir terrestre par la combinaison de différents « faire » qui sont autant des actes que des prolégomènes à de possibles actions futures : l’enquête, l’imagination et l’expérience incarnée. Ils répondent tout d’abord au vœu d’enquête latourien, qui cependant, du fait de son caractère inachevable et des multiples entrelacements auquel il confronte, ou plutôt, dans lesquels il « plonge », doit être relayé par l’imagination. La mise en commun des enquêtes plus individuelles contribue notablement à nourrir l’imagination et le concernement, ici entendu en son double sens de problème et de souci (subjectif). De ce fait, les ateliers collectifs répondent aussi à l’appel de multiples autres penseur.se.s de l’Anthropocène, telles Haraway ou de Stengers, résumé par Michael Haldrup : « nous avons besoin d’histoires, d’affects et de pratiques qui connectent les humains avec le monde naturel et les autres espèces, plutôt qu’ils ne les en séparent. Et de ce fait, d’actes qui rendent capable d’imaginer les communs urbains en tant que communs interspécifiques »<a href="#_ftn45" name="_ftnref45" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[45]</span></span></span></span></span></a>. <i>Last but not least</i>, la dimension ancrée des problèmes, et surtout l’expérience incarnée contribuent à la subjectivation des participants. Elle l’est peut-être particulièrement dans les premier et troisième projets où les participants sont appelés à se saisir <i>hic et nunc</i> de leur imagination et de la développer de manière pratique, pro-active, fût-elle dansée ou très pragmatique (aménagement d’étang), la ZOÖP conviant par surcroît à une élaboration collective. Dans tous les cas, l’écologie environnementale est également vécue comme écologie relationnelle et sociale, elle peut être transmise comme récit et comme expérience aux autres humains, voire non-humains, de plus en plus vécus comme pairs. Du moins – et parce que cette contribution fait suite à un </span>colloque qui a permis de rassembler pour la première fois à l’échelle nationale de très nombreux chercheurs également intéressés par les prolongements pédagogiques qui peuvent être donnés en cette période de crise sans précédent <span style="color:black">– les auteur.rice.s de cette contribution ont bon espoir que ces démarches ont une qualité pédagogique. De ce point de vue, les pratiques artistiques ont toutes indéniablement une portée politique. </span></span></span></span></p>
<div>
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[1]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> <i>Où atterrir. Comment s’orienter en politique</i>, Paris, La Découverte, 2017<i> </i>et d’<i>Où suis-je. Leçons du confinement à l’usage des terrestres</i>, Paris, Les Empêcheurs de tourner en rond, 2021.<i> </i></span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn2">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[2]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> Michel Foucault, <i>Qu’est-ce que la critique ?</i> </span></span><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:#222222">, Paris, Vrin, 2015, en particulier p. 33-75.</span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn3">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[3]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> Bruno Latour, </span></span><w:sdt id="1722943430" sdttag="goog_rdk_44"><i><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">Face à Gaïa, huits conférences sur le nouveau régime climatique</span></span></i><span style="font-size:11.0pt"><span style="color:black">, Paris, La Découverte,2015, p.271.</span></span></w:sdt><w:sdt id="-1596310791" sdttag="goog_rdk_45"><w:sdt id="-2050746811" sdttag="goog_rdk_46" showingplchdr="t"> </w:sdt></w:sdt><w:sdt id="-1329513699" sdttag="goog_rdk_47"><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">.</span></span></w:sdt> </span></span></p>
</div>
<div id="ftn4"><w:sdt id="-1252196816" sdttag="goog_rdk_54">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><sup><span style="color:black"><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">[4]</span></span></span></sup></span></sup> <w:sdtpr></w:sdtpr><w:sdt id="649339445" sdttag="goog_rdk_48"><i><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">Idem</span></span></i><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">, Conférence n°2 « Comment ne pas (dés)animer la nature”</span></span></w:sdt><w:sdt id="1094818961" sdttag="goog_rdk_49"><i><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> »</span></span></i></w:sdt></span></span></span></p>
</w:sdt></div>
<div id="ftn5">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[5]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> Latour, <i>Où atterrir</i>, p. 120. </span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn6">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[6]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> <i>Ibid.,</i> p. 121. </span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn7">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[7]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> http://www.bruno-latour.fr/sites/default/files/89-CRITICAL-INQUIRY-GB.pdf</span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn8">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[8]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> Latour, <i>Où atterrir</i>, p. 104.</span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn9">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[9]</span></span></sup></sup></a> <b><span style="color:black">«</span></b><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> A movement-based experiment », voir </span></span><a href="https://zkm.de/de/fuehrung-workshop/2021/08/how-to-be-terrestrial" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:#0563c1">https://zkm.de/de/fuehrung-workshop/2021/08/how-to-be-terrestrial</span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">. </span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn10">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[10]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> Aurélien Barrau, Jean-Luc Nancy, <i>Dans quels mondes vivons-nous ?</i>, Paris, Galilée, 2011. </span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn11">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[11]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> Ce concept a été développé en premier lieu par J.G. Gibson dans son premier texte <i>The Theory of Affordances</i> (1977), approfondi dans <i>The Ecological Approach to Visual Perception</i>, Boston, Houghton Mifflin, 1979.</span></span> </span></span></p>
</div>
<div id="ftn12">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[12]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> Giorgio Agamben, <i>Qu’est-ce qu’un dispositif,</i> Paris, Payot&Rivages, 2006.</span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn13"><w:sdt id="-1677107606" sdttag="goog_rdk_75">
<p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[13]</span></span></sup></sup><w:sdtpr></w:sdtpr><w:sdt id="-1646496934" sdttag="goog_rdk_69"><w:sdt id="-2018923134" sdttag="goog_rdk_70"> </w:sdt><w:sdt id="-1048681794" sdttag="goog_rdk_71"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt">Cosmocolosse</span></w:sdt><w:sdt id="1810050482" sdttag="goog_rdk_72"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt">, 2010, </span></w:sdt><w:sdt id="1284460549" sdttag="goog_rdk_73"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt">Gaïa Global Circus</span></w:sdt><w:sdt id="551970386" sdttag="goog_rdk_74"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt">, 2013.</span></w:sdt></w:sdt></span></span></p>
</w:sdt></div>
<div id="ftn14"><w:sdt id="-506142982" sdttag="goog_rdk_67">
<p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[14]</span></span></sup></sup><w:sdtpr></w:sdtpr><w:sdt id="1306122153" sdttag="goog_rdk_66"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> https://ouatterrir.fr/index.php/consortium/</span></span></w:sdt></span></span></p>
</w:sdt></div>
<div id="ftn15">
<p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[15]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> https://lapoudrerietheatre.fr/</span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn16"><w:sdt id="1387994585" sdttag="goog_rdk_91">
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[16]</span></span></sup></sup><w:sdtpr></w:sdtpr><w:sdt id="-505205626" sdttag="goog_rdk_77"><w:sdt id="1726251640" sdttag="goog_rdk_78"> </w:sdt><w:sdt id="-1759054238" sdttag="goog_rdk_79"><span style="font-size:10.0pt">La zone critique</span></w:sdt><w:sdt id="-2072951516" sdttag="goog_rdk_80"><span style="font-size:10.0pt"> est l'environnement terrestre qui s'étend de l'</span></w:sdt><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Atmosph%C3%A8re_terrestre" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none"><w:sdt id="-1034656474" sdttag="goog_rdk_81"><span style="font-size:10.0pt">atmosphère</span></w:sdt></span></span></a><w:sdt id="-1273622224" sdttag="goog_rdk_82"><span style="font-size:10.0pt">, jusqu'aux roches non altérées.</span></w:sdt><w:sdt id="-1441531317" sdttag="goog_rdk_83"> <span style="font-size:10.0pt">Elle comprend un grand nombre de composants: roches altérées, eaux profondes, eaux de surface, sols, écosystèmes aériens et microbiote souterrain, basse atmosphère. Ils sont s</span></w:sdt><w:sdt id="1939485332" sdttag="goog_rdk_84"><span style="font-size:10.0pt">ouvent étudiés par des disciplines différentes mais tous interconnectés</span></w:sdt><w:sdt id="-1299290558" sdttag="goog_rdk_85"><span style="font-size:10.0pt"> car liés par des transformations aux échelles de temps différentes et </span></w:sdt><w:sdt id="1388383076" sdttag="goog_rdk_86"><span style="font-size:10.0pt">emboîtées</span></w:sdt><w:sdt id="877126022" sdttag="goog_rdk_87"><span style="font-size:10.0pt"> (boucles de rétroactions).</span></w:sdt><w:sdt id="1174458158" sdttag="goog_rdk_88"><span style="font-size:10.0pt"> Elle abrite presque toute la vie continentale, dont l'humanité, </span></w:sdt><w:sdt id="-2098705949" sdttag="goog_rdk_89"><span style="font-size:10.0pt">et est une zone clé dans le maintien de l’habitabilité de la Terre.</span></w:sdt><w:sdt id="-579204215" sdttag="goog_rdk_90"></w:sdt></w:sdt></span></span></p>
</w:sdt></div>
<div id="ftn17">
<p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref17" name="_ftn17" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[17]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Expression qu’utilisent Chloé Latour et Jean-Pierre Seyvos pour vulgariser l’idée de concernement.</span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn18">
<p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref18" name="_ftn18" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[18]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> GOSSE Sophie Gosselin, David Gé Bartoli, <i>La condition terrestre</i>, Paris, Seuil, 2022, p.19 : « L’Etat et le capitalisme se sont distribués l’exercice de ce pouvoir [capture sans précédent des forces terrestres] délégant à l’un la prise en charge de l’esprit (les valeurs, l’autorité politique, les institutions représentatives censées porter la voix du peuple, les opinions des individus qui la composent) pendant que l’autre s’occupe de l’administration des corps (de leur mise au travail). »</span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn19">
<p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref19" name="_ftn19" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[19]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Sophie Gosselin, David Gé Bartoli, <i>op. cit., </i>p. 149 : « En référence au concept grec de l’<i>agôn</i>, signifiant à la fois le débat et le combat ».</span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn20">
<p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref20" name="_ftn20" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[20]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <i>Idem </i>p.155</span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn21">
<p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref21" name="_ftn21" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[21]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Voir la vidéo de http://ouatterrir.fr/index.php/atterrissage/</span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn22">
<p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref22" name="_ftn22" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[22]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Présent notamment avant la révolution française de 1789, à la demande du roi Louis XV, Ils recueillaient les doléances des habitants du royaume pour chaque commune.</span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn23">
<p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref23" name="_ftn23" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[23]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> https://vimeo.com/388956308?embedded=true&source=vimeo_logo&owner=84846220</span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn24">
<h6 style="margin-top:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#1f3763"><span style="font-weight:normal"><a name="_heading=h.1t3h5sf"></a><a href="#_ftnref24" name="_ftn24" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#1f3763">[24]</span></span></span></sup></sup></a> <span style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#323232">Éliane BEAUFILS, « L’art participatif peut-il enfanter le citoyen-à-venir ? », <i>Nectart</i>, vol. 9, no. 2, 2019, pp. 136-145</span></span></span></span></span></span></span></span></span></h6>
</div>
<div id="ftn25">
<p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref25" name="_ftn25" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[25]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Est ici fait la distinction entre les participant.e.s primaires, soit celleux qui ont suivi les ateliers toute l’année et les participant.e.s secondaires qui ne participent qu’à la représentation du 15 Octobre.</span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn26">
<p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref26" name="_ftn26" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[26]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Les participant.e.s en cercle choisissent chacun.e une onomatopée, une première étape consiste</span><w:sdt id="-386184494" sdttag="goog_rdk_55"><span style="font-size:10.0pt"> pour chacun.e</span></w:sdt><span style="font-size:10.0pt"> à la répéter suivant la rythmique de leur choix, puis d'accentuer la première onomatopée du cycle rythmique</span><w:sdt id="-1153750758" sdttag="goog_rdk_56"><span style="font-size:10.0pt">,</span></w:sdt><span style="font-size:10.0pt"> en</span><w:sdt id="478969089" sdttag="goog_rdk_57" showingplchdr="t"> </w:sdt><span style="font-size:10.0pt">fin d’uniquement dire </span><w:sdt id="-435292447" sdttag="goog_rdk_58"><span style="font-size:10.0pt">la </span></w:sdt><w:sdt id="-1998796248" sdttag="goog_rdk_59" showingplchdr="t"> </w:sdt><span style="font-size:10.0pt">première onomatopée </span><w:sdt id="-1054772644" sdttag="goog_rdk_60"><span style="font-size:10.0pt">du cycle </span></w:sdt><span style="font-size:10.0pt">en </span><w:sdt id="-1664851376" sdttag="goog_rdk_61"><span style="font-size:10.0pt">remplaçant les autres par des silences</span></w:sdt><w:sdt id="-283964958" sdttag="goog_rdk_62" showingplchdr="t"> </w:sdt><span style="font-size:10.0pt">.</span><w:sdt id="1700116209" sdttag="goog_rdk_63" showingplchdr="t"> </w:sdt></span></span></p>
</div>
<div id="ftn27">
<p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref27" name="_ftn27" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[27]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Estelle Zhong Mengual, <i>L'art en commun : réinventer les formes du collectif en contexte démocratique ; préface de Bruno Latour</i>, Dijon, Les presses du réel, 2018.</span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn28">
<p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref28" name="_ftn28" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[28]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Bruno Latour, <i>Face à Gaïa, op.cit</i>.</span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn29">
<p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref29" name="_ftn29" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[29]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Voir par exemple Léna Balaud, Antoine Chopot,<i> Nous ne sommes pas seuls</i>, Paris, Edition du Seuil, Collection Anthropocène, 2021, ou Baptiste Morizot,<i> Raviver les braises du vivant</i>, Arles, Wildproject/Actes Sud, 2020.</span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn30">
<h6 style="margin-top:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#1f3763"><span style="font-weight:normal"><a name="_heading=h.4d34og8"></a><a href="#_ftnref30" name="_ftn30" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#1f3763">[30]</span></span></span></sup></sup></a> <span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#050505">Estelle Zhong Mengual, <i>op.cit</i>., p. 243.</span></span></span></span></span></span></span></span></h6>
</div>
<div id="ftn31">
<p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref31" name="_ftn31" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[31]</span></span></sup></sup></a><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt">« <i>artist collaborates with inchoate aggregate in the paternalist expectation that the artist will take on the delegate’s role and attempt to literally create a community consciousness out of the atomized social detritus of late capitalism</i> », Marie Preston, « <span style="background:white"><span style="color:#444444">Du community based-art à l’art de la co-création</span></span> », in Eliane Beaufils, Eva Holling (dir.),<span style="background:white"><span style="color:#323232"> <i>Being-With in contemporary Performing Arts</i>, Berlin, Neofelis Verlag, 2018.</span></span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn32">
<h6 style="margin-top:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#1f3763"><span style="font-weight:normal"><a name="_heading=h.2s8eyo1"></a><a href="#_ftnref32" name="_ftn32" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#1f3763">[32]</span></span></span></sup></sup></a> <span style="font-size:10.0pt"><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#323232">Éliane Beaufils, « L’art participatif peut-il enfanter le citoyen-à-venir ? », <i>Nectart</i>, vol. 9, no. 2, 2019, p. 136-145.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></h6>
</div>
<div id="ftn33">
<p><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref33" name="_ftn33" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[33]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <span style="background:white"><span style="color:#323232">Estelle Zhong Mengual, Baptiste Morizot, « L’illisibilité du paysage. Enquête sur la crise écologique comme crise de la sensibilité », <i>Nouvelle revue d’esthétique</i>, vol. 22, no. 2, 2018, p. 87-96.</span></span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn34">
<p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref34" name="_ftn34" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[34]</span></span></span></span></a> Avec <span style="color:black">Sophie Gosselin et David Gé Bartoli,</span> nous entendrons également par institution « l<span style="color:black">a capacité à structurer un monde qui prééxiste et survit à chaque génération en forgeant des alliances permettant de réactiver et d’inscrire dans le temps les relations constitutives d’un peuple », S. Gosselin, D. Bartoli, <em><span calibri="" style="font-family:">op.cit.</span></em>, p. 309.</span> </span></span></p>
</div>
<div id="ftn35">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref35" name="_ftn35" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[35]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> Cette partie s’appuie sur le site internet du projet, l’entretien mené avec Klaas K<span style="background:white">uitenbrouwer</span> le 17 janvier 2023 ainsi que sur l’atelier dispensé le 10 décembre 2022 à la Temporary Gallery à Cologne. Voir </span></span><a href="https://research-development.hetnieuweinstituut.nl/en/research-projects/zoop?_gl=1*1bht13v*_ga*Njk0OTQ4NzIuMTY3Mzk0MDcwNg..*_ga_V5S51RQF7T*MTY3NDE0MDk5MC4zLjAuMTY3NDE0MDk5MC4wLjAuMA" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:#0563c1">https://research-development.hetnieuweinstituut.nl/en/research-projects/zoop?_gl=1*1bht13v*_ga*Njk0OTQ4NzIuMTY3Mzk0MDcwNg..*_ga_V5S51RQF7T*MTY3NDE0MDk5MC4zLjAuMTY3NDE0MDk5MC4wLjAuMA</span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">.. </span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn36">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref36" name="_ftn36" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[36]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> Les autres auteurs qui l’ont inspiré se situent pour la plupart dans le prolongement de Latour, qu’il s’agisse de Brian Massumi ou de Tim Morton, ou en sont très proches (Isabelle Stengers). </span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn37">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref37" name="_ftn37" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[37]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> Je reprends ici un terme francophone, développé par le philosophe Alain Deneault,</span></span><w:sdt id="-1321735014" sdttag="goog_rdk_64"><i><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> L’économie de la nature</span></span></i></w:sdt><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">, Paris, Lux éditeurs, 2019. </span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn38">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref38" name="_ftn38" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[38]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> Du nom des pratiques analysées dans l’ouvrage dirigé par Marie Bardet, Joanne Clavel et Isabelle Ginot, <i>Ecosomatiques. Penser l’écologie depuis le geste, </i>Montpellier, Seconde époque, 2019. </span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn39">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref39" name="_ftn39" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[39]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> D’autres propositions invitaient à occuper<span style="background:white"> la place de parking et de l’entrée goudronnée par des bacs de plantes, à proposer des visites et jeux « terrestres » aux riverains, et à s’associer à d’autres projets artivistes de la ville. </span></span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn40">
<p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref40" name="_ftn40" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[40]</span></span></span></span></a> Gosselin, Bartoli, <i>op.cit</i>., p. 309-310. <span style="color:black">Les auteurs s’appuient sur James C. Scott, <em><span calibri="" style="font-family:">L’Oeil de l’Etat, Moderniser, uniformiser, détruire,</span></em> traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Olivier Ruchet, Paris, La Découverte, 2021.</span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn41">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref41" name="_ftn41" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[41]</span></span></sup></sup></a> <a href="https://whoiswe.hetnieuweinstituut.nl/en/research/radical-observation-exercise" style="color:#0563c1; text-decoration:underline"><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:#0563c1">https://whoiswe.hetnieuweinstituut.nl/en/research/radical-observation-exercise</span></span></a> </span></span></p>
</div>
<div id="ftn42">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref42" name="_ftn42" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[42]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> Entretien mené le 17 janvier 2023. </span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn43">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref43" name="_ftn43" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[43]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> Propos tenus lors d’une lecture du texte « Les témoins du futur » par son auteur <span style="background:white">Camille de Toledo, à la maison de la poésie à Paris, le 9 mai 2019. </span></span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn44">
<p style="border:medium none"><span style="font-size:12pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref44" name="_ftn44" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[44]</span></span></sup></sup></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> L’institut de Rotterdam a bénéficié de l’aide de sociétés partenaires spécialisées dans le droit, <span style="background:white">De Brauw Blackstone Westbroek, Future Law, NLO et Pro Bono Connect.</span></span></span></span></span></p>
</div>
<div id="ftn45">
<p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref45" name="_ftn45" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span calibri="" style="font-family:">[45]</span></span></span></span></a> « <i>We need stories, affections and practices that connect humans with the natural world and the other species, rather than separating them. Hence, to be able to imagine urban commons as a multispecies commons </i><span style="color:black">»</span>, dans M. Haldrup, Kristine Samson, et Thomas Laurien, « Participatory design with more than human <span style="color:black">»</span>, <a href="https://dl.acm.org/doi/proceedings/10.1145/3537797" style="color:#0563c1; text-decoration:underline" title="PDC '22: Proceedings of the Participatory Design Conference 2022 - Volume 2"><span lang="EN-US" style="color:black"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">PDC '22: Proceedings of the Participatory Design Conference 2022 - Volume 2</span></span></span></a><span lang="EN-US" style="color:black">, August 2022, p. 14–19, </span><a href="https://dl.acm.org/doi/10.1145/3537797.3537801" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://dl.acm.org/doi/10.1145/3537797.3537801</a><span lang="EN-US" style="color:black"> . </span></span></span></p>
</div>
</div>