<p><strong>Résumé :</strong></p>
<p>S’il y a bien un domaine complexe, c’est celui de nos relations avec les collectifs du vivant. Ces derniers doivent pouvoir participer à l’administration et l’intendance des territoires. Nous, humains, possédions la nature, ses ressources, ses possibilités de production. Aujourd’hui, l’idée est d’être « possédé », soi-même, par un milieu de vie. La question des lieux, des espaces et des territoires est peu traitée par les humanités environnementales. Que peut apporter l’analyse géographique pour ces perspectives spatiales ? Comment co-produire avec les collectifs du vivant dans les projets de territoires ? Judith Butler essaie à l’aide du concept de relationalité de reformuler des enjeux politiques et éthiques du vivre ensemble à partir du corps. Il importe de repenser les rapports entre le sujet politique et le monde dans lequel il vit et agit, de façon à promouvoir des relations plus égalitaires entre les individus et avec leur environnement. Aborder la géographie sous l’angle de la relationalité nous permet de rentrer dans le champ des humanités environnementales. Plusieurs pistes s’ouvrent pour faire rentrer cette géographie de la relationalité en prise avec les projets de territoire. Il s’agit d’écouter les collectifs du vivant, de les faire « parler », de révéler leur présence à notre monde, en cherchant à les faire entrer dans nos processus de gouvernance. Aménager implique maîtrise et contrôle, du double point de vue juridique et technique. Or, dans un projet de territoire, les systèmes socio-écologiques ont leurs propres dynamiques, sources d’incertitudes. Nous pouvons gérer cette extériorité par l’intensité de la relation : ce que nous mettons dedans et ce que nous en retirons. Mettre en place différentes temporalités ouvre des pistes concrètes pour rationaliser, améliorer la délibération et prendre des décisions concrètes dans l’intégration des collectifs du vivant dans les projets de territoire.</p>
<p><strong>Abstract :</strong></p>
<p>If there is one complex issue, it is that of our relations with other-than-humans. The latter must be able to participate in the administration of territories, in their stewardship. We, humans, used to own nature, these resources, these production possibilities. Today, the idea is to be 'owned', oneself, by a living environment. The question of places, spaces and territories is little addressed by the environmental humanities. What can geographical analysis contribute to these spatial perspectives? How can we co-produce with other-than-humans in territories projects? Judith Butler tries to reformulate the political and ethical issues of living together from the body, using the concept of relationality. It is important to rethink the relationships between the political subject and the world in which he or she lives and acts, in order to promote more egalitarian relationships between individuals and their environment. Approaching geography from the angle of relationality allows us to enter the field of environmental humanities. Several avenues are open to bring this geography of relationality into contact with territorial projects. It is a question of listening to other-than-humans, of making them 'speak', of revealing their presence in our world, by seeking to include them in our governance processes. Planning implies mastery and control, from both a legal and technical point of view. However, in a territory project, socio-ecosystems have their own dynamics, which are sources of uncertainty. We can manage this externality through the intensity of the relationship: what we put in and what we get out. Setting up different temporalities opens up concrete avenues for rationalizing, improving deliberation and making concrete decisions in the integration of other-than-humans in territories projects.</p>