<h1 style="margin-top:16px"><span style="font-size:16pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2e74b5"><span style="font-weight:normal">Introduction</span></span></span></span></span></h1> <h2 style="margin-top:3px"><span style="font-size:13pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2e74b5"><span style="font-weight:normal">De nouvelles responsabilit&eacute;s &agrave; l&rsquo;&egrave;re Anthropoc&egrave;ne</span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">Que nous l&#39;acceptions ou non, nous sommes investis d&#39;une responsabilit&eacute; inconnue des g&eacute;n&eacute;rations ant&eacute;rieures, celle de laisser aux g&eacute;n&eacute;rations futures une terre habitable, et celle de ne pas alt&eacute;rer nos conditions biologiques d&#39;existence. Faute de quoi nos descendants ne pourraient ni progresser, ni exercer leur propre responsabilit&eacute;. La fragilit&eacute; du monde et notre puissance modifient ainsi radicalement l&#39;ordre de grandeur de nos obligations morales. Nous sommes devenus responsables de l&#39;existence m&ecirc;me des g&eacute;n&eacute;rations futures<b> </b>et de la perp&eacute;tuation de la nature, condition de toute vie humaine future.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">Cette nouvelle &egrave;re g&eacute;ologique, l&rsquo;Anthropoc&egrave;ne, est propice &agrave; une recomposition de nos savoirs. Les d&eacute;couvertes de la m&eacute;canique quantique et les lois de la relativit&eacute; g&eacute;n&eacute;rale ont propuls&eacute; les soci&eacute;t&eacute;s humaines dans un champ de connaissances sans &eacute;quivalent historique&nbsp;: la science &eacute;tait bonne et tout bonne pour reprendre la formule de Michel Serres. La mise au point de la bombe H a pr&eacute;cipit&eacute; de nombreux physiciens vers le champ de la biologie. C&rsquo;est le cas de </span><span style="font-size:11.0pt"><span style="background:white"><span style="color:#3b3b3b">J. D. Watson, dont l&rsquo;</span></span></span><span style="font-size:11.0pt">apport conceptuel de Crick, combin&eacute; aux techniques utilis&eacute;es en physique, ont permis la d&eacute;couverte de l&rsquo;ADN et percer les secrets de la Vie. Une nouvelle science &eacute;tait n&eacute;e&nbsp;: la biologie mol&eacute;culaire, une v&eacute;ritable transdiscipline.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">Aujourd&rsquo;hui, nous ma&icirc;trisons les processus physiques dans l&rsquo;infiniment grand et l&rsquo;infiniment petit&nbsp;; nous manipulons le vivant &agrave; l&rsquo;aide, par exemple de &laquo;&nbsp;ciseaux&nbsp;&raquo; mol&eacute;culaire. A l&rsquo;&eacute;chelle globale, par le jeu des communications instantan&eacute;es et plan&eacute;taires, nous pesons sur la Terre (Elhacham et al. 2020). Nous sommes &agrave; nouveau entr&eacute;s dans un moment historique pour les savoirs&nbsp;: Va-t-on voir &eacute;merger une nouvelle discipline, comme jadis&nbsp;la biologie mol&eacute;culaire ? </span></span></span></p> <h2 style="margin-top:3px"><span style="font-size:13pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2e74b5"><span style="font-weight:normal">L&rsquo;&eacute;mergence des humanit&eacute;s environnementales</span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">Depuis l&rsquo;&eacute;poque moderne, les sciences humaines et sociales se sont form&eacute;es &agrave; la faveur du dualisme homme-nature, c&rsquo;est &agrave; dire de l&rsquo;affirmation selon laquelle les soci&eacute;t&eacute;s constituent un ph&eacute;nom&egrave;ne sp&eacute;cifique, r&eacute;gi par des lois propres, diff&eacute;rentes des lois de la nature. Le corpus des humanit&eacute;s environnementales est ce nouveau paradigme en sciences humaines et sociales, issus notamment des travaux de Philippe Descola, qui vise &agrave; l&rsquo;&eacute;tude de la pens&eacute;e &eacute;cologique dont les deux traits originaux sont l&rsquo;affirmation de limites &agrave; la croissance mat&eacute;rielle et la critique de l&rsquo;anthropocentrisme. </span><span style="font-size:11.0pt">Les humanit&eacute;s environnementales &eacute;tudient </span><span style="font-size:11.0pt">la mutation &eacute;cologique de nos soci&eacute;t&eacute;s.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">Ce corpus repose sur deux axiomes&nbsp;(i) Les relations des soci&eacute;t&eacute;s &agrave; elles-m&ecirc;mes ne peuvent &ecirc;tre comprises sans y int&eacute;grer les relations &agrave; la nature&nbsp;; (ii) Il faut repenser la soci&eacute;t&eacute; et le changement social en fonction de la relation des communaut&eacute;s humaines aux autres vivants. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">Quatre champs disciplinaires sont commun&eacute;ment investis, &agrave; savoir&nbsp;(i) l&rsquo;anthropologie de la nature, (ii) la philosophie environnementale, (iii) l&rsquo;&eacute;thique environnementale, (iv) l&rsquo;&eacute;conomie &eacute;cologique (Blanc et al., 2017).</span></span></span></p> <h1 style="margin-top:16px"><span style="font-size:16pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2e74b5"><span style="font-weight:normal"><b>1 &ndash; Retisser le lien entre humains et non-humains</b></span></span></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">S&rsquo;il y a un domaine complexe, difficile &agrave; explorer, c&rsquo;est celui des interactions, des liens, de nos relations entre humains et non-humains, des autres vivants avec qui nous partageons d&eacute;j&agrave; tant sans le savoir </span><span style="font-size:10.5pt">(Latour 1994, Descola 2005)</span><span style="font-size:11.0pt">. </span></span></span></p> <h2 style="margin-top:3px"><span style="font-size:13pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2e74b5"><span style="font-weight:normal">1.1 Pourquoi la relationalit&eacute;&nbsp;?</span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">Au-del&agrave; des choix techniques, les bouleversements actuels nous obligent &agrave; une transformation importante de nos relations au vivant, de nos attitudes et syst&egrave;mes de valeurs individuels comme collectifs. Cela demande une traduction &eacute;thique mais aussi ontologique. </span><span style="font-size:11.0pt">Comme le souligne Matthieu Ricard &laquo; L&rsquo;&eacute;merveillement devant la nature sauvage &agrave; lui tout seul ne r&eacute;glera &eacute;videmment pas la crise &eacute;cologique, mais, il engendrera la prise de conscience et le respect.&nbsp;&raquo;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">La t&acirc;che est ambitieuse&nbsp;: les urbains per&ccedil;oivent la biodiversit&eacute; comme les &eacute;toiles. Dans </span><span style="font-size:11.0pt">la toile des constellations, les &eacute;toiles naissent, meurent, &agrave; des millions d&rsquo;ann&eacute;es-lumi&egrave;re. Et pourtant, toutes les nuits, nous pouvons contempler leur lumi&egrave;re, immuable &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle d&rsquo;une vie d&rsquo;homme. Rien ne change, elles sont toujours l&agrave;, &agrave; la m&ecirc;me place et pourtant elles sont bien mortes ! Le m&ecirc;me processus est &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre avec l&rsquo;effondrement des populations animales et v&eacute;g&eacute;tales. Tous les jours, les humains ouvrent leurs fen&ecirc;tres. Rien ne semble changer dans le paysage et les mouvements des quelques esp&egrave;ces que l&rsquo;on voit passer. Pourtant largement document&eacute;, l&rsquo;&eacute;rosion de la biodiversit&eacute; s&rsquo;inscrit bien dans nos territoires. Lucr&egrave;ce, dans son De Rerum Naturae, a &eacute;crit &laquo; La nature parle et la raison l&rsquo;entend &raquo; : sommes-nous depuis devenus sourds&nbsp;? </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">L&rsquo;enjeu principal est de cr&eacute;er les conditions d&rsquo;int&eacute;gration des attachements et des valeurs relationnelles afin de prendre conscience de la diversit&eacute; des tensions et de permettre d&rsquo;ouvrir des champs d&rsquo;action et de mobilisation d&eacute;mocratique pour d&eacute;velopper des modes de vie moins d&eacute;pendantes des &eacute;nergies fossiles, sans faire supporter leurs co&ucirc;ts socio-&eacute;cologiques aux plus faibles ou plus &eacute;loign&eacute;s de nos lieux de vie et, enfin, en redonnant toute leur place &agrave; nos relations culturelles et &eacute;thiques dans les choix relatifs &agrave; nos interactions avec le vivant.</span></span></span></p> <h2 style="margin-top:3px"><span style="font-size:13pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2e74b5"><span style="font-weight:normal">1.2 Apports disciplinaires&nbsp;: sciences sociales, &eacute;cologie, g&eacute;ographie</span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">D&egrave;s les lointaines racines de la sociologie, et dans la tradition durkheimienne, l&#39;homme explique la nature au moins autant que la nature explique l&#39;homme. &laquo;&nbsp;L&rsquo;homme a influ&eacute;, plus anciennement et plus universellement qu&#39;on ne pensait, sur le monde vivant &raquo;. Cette mani&egrave;re fine de concevoir les interrelations des hommes et de l&#39;environnement marquera la r&eacute;flexion du pionnier fran&ccedil;ais de l&#39;&eacute;cologie humaine, le g&eacute;ographe Maximilien Sorre (1880-1962). Aldo Leopold (1949) faisait d&eacute;j&agrave; le constat que &laquo; le progr&egrave;s n&rsquo;est pas de faire &eacute;clore des routes dans des paysages d&eacute;j&agrave; merveilleux mais de faire &eacute;clore la r&eacute;ceptivit&eacute; dans des cerveaux humains qui ne le sont pas encore &raquo;. En 2002, Rosenweig nous invitait &agrave; une &eacute;cologie de la reconnexion. Elle vise &agrave; remettre du lien avec la nature, elle s&rsquo;int&eacute;resse donc &agrave; nos modes de vie, &agrave; notre empreinte &eacute;cologique et plus largement aux relations entre nature et soci&eacute;t&eacute;s. Les <b>parcs et jardins</b> constituent </span><span style="font-size:11.0pt">des territoires privil&eacute;gi&eacute;s pour cette reconnexion avec le vivant, en tant que lieux de liens, de dialogue, d&rsquo;&eacute;changes.</span><span style="font-size:11.0pt"> Un nombre croissant de travaux en sciences sociales nous r&eacute;v&egrave;le ainsi l&rsquo;importance de nos liens d&rsquo;attachement &agrave; la nature dans la fabrique du sens, des identit&eacute;s et des cultures, dans la construction des territoires. Que serait la Camargue sans ses chevaux et ses taureaux, mais surtout sans ses marais et ses flamants roses ? (Mathevet, 2020 &ndash; la politique du flamant rose&nbsp;). Enfin, respecter la nature, c&rsquo;est aussi respecter l&rsquo;autre et, comme les travaux de psychologie le documentent, se frotter &agrave; l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; de la nature facilite le ressourcement, la connaissance et le respect de soi comme des autres (Kaplan et al 1984). </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">La g&eacute;ographie culturelle et la g&eacute;ographie sociale observent, interpr&egrave;tent les comportements et les repr&eacute;sentations des humains, y compris dans leurs relations &agrave; l&rsquo;environnement, par exemple au travers du concept-cl&eacute; de m&eacute;diance (Berque, 1990). La g&eacute;ographie environnementale observe, analyse et mod&eacute;lise des interactions entre les activit&eacute;s humaines et l&rsquo;environnement (Mathevet &amp; Godet, 2015).</span></span></span></p> <h1 style="margin-top:16px"><span style="font-size:16pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2e74b5"><span style="font-weight:normal"><b>2 &ndash; Territorialiser les liens avec les non-humains par la g&eacute;ographie de la relationalit&eacute;</b></span></span></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">Si les humanit&eacute;s environnementales se proposent d&rsquo;&eacute;tudier </span><span style="font-size:11.0pt">la mutation &eacute;cologique de nos soci&eacute;t&eacute;s, alors la g&eacute;ographie de la relationalit&eacute; constitue le cinqui&egrave;me et nouveau champs disciplinaire pour territorialiser ces enjeux aux services du projet de territoire. Il convient dans un premier temps de revisiter les <b>socio-&eacute;cosyst&egrave;mes</b>.<b> </b>Une g&eacute;ographie de la relationalit&eacute; &eacute;coute les non-humains, les fait &laquo;&nbsp;parler&nbsp;&raquo;, fait r&eacute;v&eacute;ler leur pr&eacute;sence &agrave; notre monde mondain et tente de les faire entrer dans nos processus de gouvernance. </span><span style="font-size:11.0pt">Cette approche couple la dimension sociale, &eacute;cologique et g&eacute;ographique. L&rsquo;&eacute;valuation de l&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;un socio-&eacute;cosyst&egrave;me doit provenir d&rsquo;une d&eacute;marche ascendante, pour &eacute;valuer r&eacute;ellement, c&rsquo;est &agrave; dire politiquement, l&rsquo;&eacute;tat du territoire. Nous ne pouvons g&eacute;rer cette ext&eacute;riorit&eacute; uniquement par l&rsquo;intensit&eacute; de la relation : ce que nous mettons dedans, ce que nous en retirons.</span></span></span></p> <h2 style="margin-top:3px"><span style="font-size:13pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2e74b5"><span style="font-weight:normal">2.1 Une nouvelle prax&eacute;ologie dans le projet de territoire&nbsp;: la g&eacute;ographie de la relationalit&eacute;</span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">Comment co-produire avec les non-humains&nbsp;dans un projet de territoire ? Il y a bien dans le projet de territoire une <i>poe&iuml;sis</i> au sens o&ugrave; ce sont des id&eacute;es et des repr&eacute;sentations (graphiques, orales et &eacute;crites) de la mise en valeur d&#39;un paysage ou d&#39;un lieu, et c&rsquo;est aussi une <i>praxis</i>, en ce sens ou ce sont des outils et des processus, en g&eacute;n&eacute;ral collectifs, de conception et de cr&eacute;ation de paysages r&eacute;els ou imaginaires. Pour reprendre le n&eacute;ologisme de Catherine Larr&egrave;re, comme passer de la <i>praxis</i> (les comportements, les valeurs qui sont de plus en plus partag&eacute;es), aller vers une <i>o&iuml;kopoe&iuml;sis</i> ? Patrick Blandin et Donaldo Bergandi parlaient en 2000 d&rsquo;&eacute;cologie transactionnelle. Comment parler aujourd&rsquo;hui d&rsquo;une g&eacute;ographie transactionnelle, c&rsquo;est-&agrave;-dire d&rsquo;une g&eacute;ographie de la relationalit&eacute;&nbsp;? </span><span style="font-size:11.0pt">Judith Butler essaie justement &agrave; l&rsquo;aide du concept de relationalit&eacute; de reformuler des enjeux politiques et &eacute;thiques du vivre ensemble &agrave; partir des corps, en ce qu&rsquo;il refl&egrave;te le monde et qu&rsquo;il constitue notre premi&egrave;re maison. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">La <b>qualit&eacute;</b> constitue une propri&eacute;t&eacute; essentielle &agrave; cette <i>oikopoeisis</i>&nbsp;: les productions communes sont conditionn&eacute;es par la qualit&eacute; des relations (Chabot, 2019). Cela signifie qu&rsquo;il faille se mettre d&rsquo;accord sur l&rsquo;&eacute;tat de notre territoire partag&eacute; et porter un jugement de valeur par l&rsquo;&eacute;valuation.</span><span style="font-size:11.0pt"> La qualit&eacute; paysag&egrave;re permet en particulier le <b>retour du sensible et du sauvage</b>&nbsp;: &laquo; il n&rsquo;y a pas d&rsquo;autre moyen si nous voulons engranger la moisson esth&eacute;tique que la nature est capable d&rsquo;offrir &agrave; la culture &raquo; selon Aldo Leopold (1948). Sans c&eacute;der &agrave; une vision romantique, il semble &eacute;vident que la dimension sensible doive &ecirc;tre int&eacute;gr&eacute;e &agrave; la d&eacute;finition d&rsquo;un &laquo; bon projet &raquo;, comme l&rsquo;a montr&eacute; Beno&icirc;t Boutefeu (2006) &agrave; propos du gestionnaire de for&ecirc;ts. L&rsquo;autorit&eacute; publique<b> </b>se voit donc confier un bien public &agrave; la fois mat&eacute;riel et id&eacute;el, physique et symbolique, un v&eacute;ritable &laquo; objet hybride &raquo; pour reprendre l&rsquo;expression de Bruno Latour.</span></span></span></p> <h2 style="margin-top:3px"><span style="font-size:13pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2e74b5"><span style="font-weight:normal">2.2 Proposition d&rsquo;un cadre th&eacute;orique pour une g&eacute;ographie de la relationalit&eacute;</span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">Plusieurs pistes s&rsquo;ouvrent alors pour une g&eacute;ographie de la relationalit&eacute; dans les projets de territoire. La g&eacute;ographie de la relationalit&eacute; nous invite donc &agrave; observer, d&eacute;crire, analyser et mod&eacute;liser les interactions entre humains et non-humains, &agrave; partir des concepts apport&eacute;s par Judith Butler et repris par Joshua Barnett (2018). Nous proposons donc &agrave; leur suite une relationalit&eacute; comprise dans trois dimensions spatiales, sur la base de concepts doubles repr&eacute;sentant la condition initiale et son aboutissement :</span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:Symbol">&middot; </span></span><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Exposition et pr&eacute;carit&eacute;</span></span></b><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">&nbsp;: les non-humains sont expos&eacute;s &agrave; des risques et les humains sont responsables de leur maintien, dans une interd&eacute;pendance mutuelle ;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:Symbol">&middot; </span></span><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Infrastructures et coexistence</span></span></b><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">&nbsp;: les institutions, aiguill&eacute;es par les citoyens, garantissent la coexistence spatiale et la rencontre des humains et non-humains&nbsp;;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-left:48px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:Symbol">&middot; </span></span><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Assembl&eacute;es et assemblages</span></span></b><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">&nbsp;: les espaces de d&eacute;bat public favorisent une gouvernance territoriale incluant les non-humains.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <table class="MsoTable15Grid1Light" style="width:633px; border-collapse:collapse; border:none" width="633"> <tbody> <tr> <td style="border-bottom:2px solid #666666; width:189px; padding:0cm 7px 0cm 7px; height:29px; border-top:1px solid #999999; border-right:1px solid #999999; border-left:1px solid #999999" valign="top"> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:10.5pt">Dimension de la relationalit&eacute;</span></b></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:2px solid #666666; width:227px; padding:0cm 7px 0cm 7px; height:29px; border-top:1px solid #999999; border-right:1px solid #999999; border-left:none" valign="top"> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:10.5pt">Type/forme de lien</span></b></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:2px solid #666666; width:217px; padding:0cm 7px 0cm 7px; height:29px; border-top:1px solid #999999; border-right:1px solid #999999; border-left:none" valign="top"> <p align="center" style="text-align:center"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:10.5pt">Exemple d&rsquo;actions dans les territoires</span></b></span></span></p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid #999999; width:189px; padding:0cm 7px 0cm 7px; height:106px; border-top:none; border-right:1px solid #999999; border-left:1px solid #999999" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:10.5pt">Exposition et pr&eacute;carit&eacute;</span></b></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid #999999; width:227px; padding:0cm 7px 0cm 7px; height:106px; border-top:none; border-right:1px solid #999999; border-left:none" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Accorder de la consid&eacute;ration </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Ressentir une responsabilit&eacute;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Se sentir embarqu&eacute;s sur la m&ecirc;me terre&nbsp;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Viser un mieux-vivre ensemble</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Prendre soin&nbsp;; Nourrir/Arroser</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">R&eacute;duire les pollutions</span></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid #999999; width:217px; padding:0cm 7px 0cm 7px; height:106px; border-top:none; border-right:1px solid #999999; border-left:none" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Charte de l&rsquo;arbre</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Permis de v&eacute;g&eacute;taliser</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Centres de soin de la faune sauvage</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">ONG protection animale/v&eacute;g&eacute;tale</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Plan z&eacute;ro &eacute;mission </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Z&eacute;ro Phyto en ville</span></span></span></p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid #999999; width:189px; padding:0cm 7px 0cm 7px; height:146px; border-top:none; border-right:1px solid #999999; border-left:1px solid #999999" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:10.5pt">Infrastructure et coexistence</span></b></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid #999999; width:227px; padding:0cm 7px 0cm 7px; height:146px; border-top:none; border-right:1px solid #999999; border-left:none" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Planter&nbsp;; introduire</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Vivre ensemble avec les commensaux</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Laisser-&ecirc;tre, laisser place</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Tenir compte des d&eacute;placements </span></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid #999999; width:217px; padding:0cm 7px 0cm 7px; height:146px; border-top:none; border-right:1px solid #999999; border-left:none" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">PLU&nbsp;: arbres et espaces class&eacute;s</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">St&eacute;rilisation d&rsquo;animaux </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Pieds d&rsquo;arbres v&eacute;g&eacute;talis&eacute;s&nbsp;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">For&ecirc;t urbaine</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Perm&eacute;abilisation des sols</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Coefficient de biotope </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Trame brune, trame noire</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Rivi&egrave;res &agrave; ciel ouvert</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Continuit&eacute; &eacute;cologique </span></span></span></p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid #999999; width:189px; padding:0cm 7px 0cm 7px; height:76px; border-top:none; border-right:1px solid #999999; border-left:1px solid #999999" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><b><span style="font-size:10.5pt">Assembl&eacute;e et assemblage</span></b></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid #999999; width:227px; padding:0cm 7px 0cm 7px; height:76px; border-top:none; border-right:1px solid #999999; border-left:none" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Discuter du mieux-vivre ensemble avec les non humains</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Co-produire des politiques de mieux-vivre ensemble avec les non humains</span></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid #999999; width:217px; padding:0cm 7px 0cm 7px; height:76px; border-top:none; border-right:1px solid #999999; border-left:none" valign="top"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Ateliers de concertation</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Budgets participatifs </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:10.5pt">Plan Biodiversit&eacute;</span></span></span></p> </td> </tr> </tbody> </table> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><i><span style="font-size:10.5pt">Les trois dimensions de la relationalit&eacute;, leur forme et leur application en milieu urbain (DM et AJ inspir&eacute;s par Butler et Barnett)</span></i></span></span></p> <h1 style="margin-top:16px"><span style="font-size:16pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2e74b5"><span style="font-weight:normal">3 &ndash; Mettre en &oelig;uvre la g&eacute;ographie de la relationalit&eacute; dans des projets de territoire</span></span></span></span></span></h1> <h2 style="margin-top:3px"><span style="font-size:13pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2e74b5"><span style="font-weight:normal">3.1 L&rsquo;animal, un m&eacute;dia pour pratiquer la relationalit&eacute; </span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">La g&eacute;ographie animale (Bortolamiol &amp; al. 2017) s&rsquo;est d&eacute;velopp&eacute;e d&rsquo;abord par l&rsquo;analyse des grands pr&eacute;dateurs et ongul&eacute;s dans les aires prot&eacute;g&eacute;es (Poinsot &amp; Saldaqui 2012). D&eacute;sormais tous les animaux peuvent &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;s, dans des relations tr&egrave;s vari&eacute;es, comme le montre le dernier num&eacute;ro de la Documentation Photographique, intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Humains et animaux, une g&eacute;ographie de relations&nbsp;&raquo; (Estebanez, 2022). Pourtant, le patrimoine naturel ne comprend pas toujours un patrimoine animal, plus souvent &agrave; g&eacute;om&eacute;trie variable que le patrimoine v&eacute;g&eacute;tal en fonction des &eacute;ventuelles frictions avec les humains. L&rsquo;animal constitue un moyen particuli&egrave;rement signifiant pour pratiquer la relationalit&eacute;, car il pose par sa propre pr&eacute;sence la question du sauvage.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">En ville en particulier, la majorit&eacute; animale est soit domestique, soit &laquo;&nbsp;nuisible&nbsp;&raquo; (blattes, pigeons, ragondins, rat). Comment trouver une place pour les animaux commensaux, majorit&eacute; oubli&eacute;e de nos espaces humanis&eacute;s, dont le r&eacute;gime alimentaire se rapproche de plus en plus du n&ocirc;tre&nbsp;? En ville les renards sont tir&eacute;s et les &eacute;tourneaux-sansonnets effarouch&eacute;s. Certains animaux peuvent &ecirc;tre recherch&eacute;s dans la ruche urbaine, comme les abeilles domestiques, ce qui peut se faire au d&eacute;triment des abeilles sauvages. Seuls quelques animaux prot&eacute;g&eacute;s parviennent &agrave; acqu&eacute;rir un droit de cit&eacute;, notamment les batraciens et les reptiles, l&eacute;zards et chauve-souris.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">Ces territorialit&eacute;s animales urbaines incluent une <b>liminarit&eacute;</b> avec les humains. A partir du concept de voisinage, Jo&euml;lle Zask (2020) propose une &laquo;&nbsp;alliance&nbsp;&raquo; avec les animaux dans la cit&eacute;. Un droit &agrave; la mobilit&eacute;, d&rsquo;existence et plus simplement un droit d&rsquo;&ecirc;tre l&agrave; pourrait &ecirc;tre ainsi reconnu &agrave; un certain nombre de non-humains, en tant qu&rsquo;usagers, eux aussi, de l&rsquo;espace. </span></span></span></p> <h2 style="margin-top:3px"><span style="font-size:13pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2e74b5"><span style="font-weight:normal">3.2 Concepts, moyens et dispositifs de la relationalit&eacute;</span></span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">Plusieurs concepts majeurs peuvent venir soutenir la g&eacute;ographie de la relationalit&eacute;. Lorsqu&rsquo;un groupe humain s&rsquo;inscrit dans une d&eacute;marche de reconnaissance des interd&eacute;pendances socio-&eacute;cologiques d&rsquo;un territoire, il construit de l&rsquo;action collective et accro&icirc;t sa r&eacute;silience aux crises, renfor&ccedil;ant ses liens de <b>solidarit&eacute; &eacute;cologique</b> (Mathevet, 2016). <b>L&rsquo;intendance (<i>stewarship</i>) &eacute;cologique</b>, qui prend soin et veille, se d&eacute;finit comme un mode de gestion responsable des activit&eacute;s humaines selon leurs impacts sur l&rsquo;environnement afin de conserver la biodiversit&eacute; et les paysages, leurs valeurs d&rsquo;usages et de non-usages pour les humains et les non-humains. <span style="color:#262626">Le droit doit viser la question du <b>bien commun</b>, ainsi que des <b>communs </b>comme r&eacute;servoirs de ressources communes (Ostrom, 2010). Le bien commun, </span>c&rsquo;est ce que l&rsquo;on d&eacute;fend contre toutes formes de pollutions&nbsp;: industrielles et agricoles mais &eacute;galement d&rsquo;autres plus insidieuses&nbsp;(sonores, lumineuses). C&rsquo;est d&rsquo;abord l&rsquo;habitabilit&eacute; de la plan&egrave;te qui est &agrave; pr&eacute;server (Bourg, 2020).</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-size:11.0pt">Parmi les moyens, les initiatives citoyennes vont-elles faire &eacute;merger un nouveau mode d&rsquo;organisation plus horizontal et coll&eacute;gial, de type &laquo; no leader &raquo; ? C&rsquo;est le processus d&rsquo;<b>empowerment, de capacitation citoyenne </b>selon la d&eacute;finition de William Ninacs, qui porte en elle des valeurs &eacute;thiques de coop&eacute;ration, d&rsquo;utilit&eacute; sociale et de non-lucrativit&eacute;. Cette <b>gouvernance citoyenne</b> s&rsquo;accompagne d&rsquo;une <b>empathie</b>&nbsp;: </span><span style="font-size:11.0pt">penser selon les repr&eacute;sentations des autres, investir les difficult&eacute;s individuelles et collectives pour partager des r&eacute;f&eacute;rences et cr&eacute;er du sens en commun. L&rsquo;<b>am&eacute;nagement des temporalit&eacute;s </b>ne peut &ecirc;tre que crucial face &agrave; l&rsquo;imminence&nbsp;:</span><span style="font-size:11.0pt"> synchronisation des d&eacute;cisions de l&rsquo;autorit&eacute; publique avec la soci&eacute;t&eacute;, dilatation du lien entre connaissance et action, acc&eacute;l&eacute;ration du partage de la connaissance. Cela peut se traduire par une &laquo;&nbsp;perte de temps&nbsp;&raquo; &agrave; jouer pour d&eacute;lib&eacute;rer ou r&eacute;organiser des services d&rsquo;une collectivit&eacute; (Mathevet, 2020). </span><span style="font-size:11.0pt">Les dispositifs de <b>jeu s&eacute;rieux</b> permettent de se mettre &agrave; la place des diverses parties prenantes pour </span><span style="font-size:11.0pt">explorer de fa&ccedil;on participative les interd&eacute;pendances socio-&eacute;cologiques d&rsquo;un territoire mais aussi de donner une valeur sociale, &eacute;conomique et symbolique aux interd&eacute;pendances (Bont&eacute; et al., 2019).</span></span></span></p> <h1 style="margin-top:16px"><span style="font-size:16pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Calibri Light&quot;, sans-serif"><span style="color:#2e74b5"><span style="font-weight:normal"><b>Conclusion</b></span></span></span></span></span></h1> <p><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Les non-humains doivent, maintenant, participer &agrave; l&rsquo;administration des territoires, &agrave; leur intendance. </span></span><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Pour reprendre l&rsquo;id&eacute;e de Philippe Descola, nous poss&eacute;dions la nature. Aujourd&rsquo;hui, l&rsquo;id&eacute;e est d&rsquo;&ecirc;tre &laquo; poss&eacute;d&eacute; &raquo;, soi-m&ecirc;me, par un milieu de vie, pour pouvoir tisser une intimid&eacute; profonde entre humains et non-humains. A la vanit&eacute; doit s&rsquo;opposer l&rsquo;humilit&eacute; ; &agrave; la domination doit s&rsquo;opposer la r&eacute;ciprocit&eacute;. </span></span><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Il faut trouver les moyens d&rsquo;habiter diff&eacute;remment le monde. La g&eacute;ographie de la relationalit&eacute; pourrait ainsi constituer un cinqui&egrave;me champ des humanit&eacute;s environnementales.</span></span></p>