<p>PRATIQUES ET LOGIQUES D’ACTION EN MATIERE DE LUTTE ANTI-VECTORIELLE : PRINCIPAUX RESULTATS D’UN PROJET DE RECHERCHE INTERDISCIPLINAIRE</p>
<p>Bley D., Fleury-Bahi G., Galland C., Hefti M., Menozzi M-J., Navarro O., Pécaud D., Simard F., Tallec A., Vernazza-Licht N. </p>
<p> Introduction<br />
Les résultats de la recherche interdisciplinaire sur la lutte antivectorielle que nous présentons dans cet article sont une bonne illustration des relations environnement/santé et s’inscrivent à ce titre dans le champ des humanités environnementales, dans la mesure où ils convoquent dans l’analyse le concept « One Health ».<br />
En effet, ce concept d’une seule santé promu par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’Organisation Internationale de l’Environnement (OIE) et l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) depuis 2011, s’appuie sur la prise de conscience des liens étroits entre la santé humaine, celle des animaux et l’état écologique global de la planète. L’activité humaine joue un rôle majeur dans la propagation de maladies infectieuses, avec par exemple la question de la déforestation qui a mis en contact les animaux sauvages et ceux d’élevage, facilitant le passage de nouvelles maladies à l’homme. Par ailleurs, le changement climatique permet notamment l’adaptation d’animaux vecteurs de maladies, comme les moustiques, les moucherons piqueurs ou les tiques, à de nouvelles zones géographiques, ce qui augmente la propagation des pathogènes. Ce concept sert aussi de base au 4ème plan national santé environnement français (PNSE 4) intitulé « Un environnement, une santé » qui a pour ambition de mieux comprendre les risques auxquels chacun s’expose afin de mieux se protéger et protéger son environnement. Enfin, la crise sanitaire de la Covid-19 liée à l’émergence d’un virus le SARS-CoV-2 a par ailleurs rappelé les interactions fortes entre santé humaine, santé animale et santé de l'environnement. </p>
<p>Avec l’arrivée du moustique tigre (Aedes albopictus) en France métropolitaine depuis 2014, la lutte antivectorielle (LAV) s’inscrit dans un objectif de santé publique et de prévention des risques sanitaires. En effet, ce moustique peut transmettre aux êtres humains des virus comme celui de la dengue, du chikungunya ou du Zika et fait, depuis 2006, l’objet d’une surveillance renforcée.<br />
Il existe plusieurs niveaux de surveillance et d’alerte. À chaque niveau, correspond une série de réponses administratives et techniques, allant de la simple mise en œuvre de procédures de surveillance (détection) à des opérations de démoustication, et à des actions d’information destinées aux professionnels de santé et de communication auprès du public. </p>
<p>En ce qui concerne les moustiques, chacun d’entre nous ne cherche pas à les distinguer systématiquement. Les uns évoquent les moustiques, qu’ils piquent ou non, qu’ils soient dangereux pour la santé ou non. Les autres les ignorent. Tous les inscrivent dans une vision du monde à la fois commune et particulière. Pourtant, malgré leurs particularités, quand ils ne disparaissent pas dans le classement changeant de ce qui nous préoccupe individuellement ou collectivement, les moustiques restent la cible d’actions qui visent à réduire leur nuisance. Préoccupations, pratiques et comportements se développent ainsi en fonction de constructions imaginaires ou rationnelles, c’est-à-dire de nos perceptions de « mondes » : prise en compte du respect de l’environnement, de la biodiversité, risques acceptables, définition de la santé, du bien-être, de la qualité de vie, positions éthiques…<br />
Dans ce contexte et dans la suite de nos travaux précédents sur l’implantation de l’aedes albopictus et le risque sanitaire vectoriel (notamment Pecaud, 1991 : Simard et al. 2017 ; Vernazza-Licht et al. 2011) notre recherche avait pour objectif de recueillir des informations, selon des disciplines variées et les concepts et méthodes qui leur sont attachés, concernant les croyances, logiques d’actions et pratiques en matière de prévention contre les moustiques tigres et de lutte anti-vectorielle (LAV) des différentes populations concernées (population générale et professionnels de santé) de la façade Atlantique, en amont du front d’invasion du moustique tigre en métropole.<br />
Pour ce faire, nous avons réalisé deux études auprès des professionnels de santé (médecins généralistes, pharmaciens d’officines), ainsi que deux études auprès d’échantillons issus de la population générale. Pour chacune de ces populations, des enquêtes dites qualitatives (sous la forme d’entretiens, de monographies ou retours d’expérience) ont été associées à des enquêtes quantitatives. Les données ont été recueillies au long de la façade Atlantique de la France métropolitaine (Loire Atlantique et Vendée), ce choix étant défini par la dynamique spatiale d'Aedes albopictus, le rythme de son installation, les différentes techniques ou pratiques utiles à la LAV, ainsi que le rôle et l'enrôlement des populations concernées. Le projet revendiquait une approche interdisciplinaire en associant différentes disciplines des sciences humaines et sociales (sociologie, psychologie sociale et environnementale, anthropologie de la santé), ainsi que les sciences médicales et l’entomologie.</p>
<p> Méthodologie</p>
<p>- S’agissant des enquêtes qualitatives réalisées auprès des professionnels de santé, en Loire Atlantique et Vendée notre objectif a été de caractériser les perceptions de la LAV et du risque vectoriel que représente l’Aedes albopictus et le moustique en général par les médecins généralistes, pharmaciens d’officine et acteurs de la LAV (EID, ARS, Collectivités, Ordre professionnels).<br />
L’approche a été fondée sur la notion de système socio-écologique qui correspond à la prise en compte de la conjonction entre des données naturelles (géoclimatiques, gestion de l’eau, …) et des actions humaines (activités agricoles, de loisirs, touristiques …). Sur cette base, quatre zones d’enquêtes ont été délimitées dans les départements (44, 85), qui sont :<br />
- La zone du marais breton (entre Saint-Gilles et Bourgneuf-en -Retz) et la zone littorale touristique exposée aux marées (par exemple Les Sables d’Olonne, l’île de Noirmoutier, La Baule…) ;<br />
- Les lieux, très circonscrits, où l’Aedes albopictus a été détecté (Fontenay le Comte - 85, et périurbain au sud de Nantes - 44) et le reste du territoire qui n’a pas de caractéristiques particulières en matière d’implantation du moustique. <br />
Le travail s’est appuyé sur des entretiens menés (en 2018 et 2019) et des observations (2018/ 2022).</p>
<p>- S’agissant des enquêtes quantitatives menées auprès des professionnels de santé (médecins généralistes et pharmaciens d’officine de Loire-Atlantique et de Vendée) l’objectif visait à mieux connaître les connaissances, représentations et pratiques des professionnels en matière de prévention des risques entraînés par l'arrivée et l'implantation dans la région du moustique tigre (Aedes albopictus). </p>
<p>La phase d’enquête, d’élaboration des questionnaires, de sollicitation des professionnels et de recueil des réponses a été menée en 2019 en collaboration avec les Unions Régionales des Médecins Libéraux (URML) et des pharmaciens (URPS Pharmaciens) des Pays de la Loire. L’ensemble des médecins généralistes libéraux (1 600) et des pharmacies (636) de Loire-Atlantique et de Vendée a été sollicité par mail par l’URML et l’URPS Pharmaciens pour renseigner un questionnaire en ligne au cours des mois de décembre 2019 et janvier 2020. Au total 145 médecins généralistes et 67 pharmaciens ont répondu à l’enquête (soit des taux de participation de respectivement 9,2 % et 10, 5 %). </p>
<p>- S’agissant de l’enquête quantitative menée auprès d'un échantillon issu de la population générale en Vendée, l’objectif était double. Il s’agissait, de s’interroger dans un premier temps sur la perception des risques associés aux maladies à transmission vectorielle auprès d’une population générale vivant dans un territoire où Aedes albopictus est implanté ou en cours d’implantation (Vendée). Dans un second temps, il s’agissait d’identifier les différentes pratiques et stratégies adaptatives adoptées par les riverains potentiellement exposés afin de faire face au risque, ou de « composer » avec celui-ci. <br />
Une préenquête qualitative a été menée par entretiens semi-directifs en face à face. Trente entretien semi-directifs ont été réalisés auprès de la population générale vendéenne. Le guide d’entretien se structure sur la base de 4 grandes thématiques : les connaissances sur le moustique tigre et le risque de transmission, l’exposition et le risque perçus, les pratiques de prévention adoptées et la communication autour du moustique tigre. Les données ont été analysées par analyse lexicométrique avec le logiciel Iramuteq, (Ratinaud & Déjean, 2009).</p>
<p>Dans un second temps, l’enquête quantitative par questionnaires a permis, sur la base de l’utilisation d’échelles, de calculer les scores nécessaires au test statistique des modèles. Les données ont été recueillies auprès d’un échantillon représentatif (échantillon par quota) de 1005 participants (60.7 % de femmes et 39.3 % d’hommes ; âge moyen: 49.8; 56,8 % d’actifs) vivant dans le département de Vendée. Les critères d’inclusion sont : avoir plus de 18 ans, vivre depuis au moins 6 mois dans la commune concernée. L’échantillon est structuré sur la base des variables âge, sexe, niveau socioéconomique et zone de résidence (Rural Nord : 245 ; Littoral : 264 ; Agglomération de La Roche : 251 ; Rural Sud : 245). La collecte des données s’est déroulée par téléphone. </p>
<p>- Enfin, une monographie auprès de la population générale en Loire Atlantique proposait une réflexion épistémologique sur le renouveau possible des méthodes d’enquêtes dans le domaine de la prévention des risques sanitaires, plus précisément celui de l’activité sociale des populations concernées. Le terrain (44) peut être qualifié de deux manières : spatialement (deux quartiers urbains, une commune rurale et touristique côtière), et temporellement (un travail réalisé dans des conditions dites « normales » et un pendant une période de confinement imposé par l’épidémie du COVID 19). Dans les deux cas, une méthode dite d’entretiens non-directifs a été mise en œuvre. Elle s’est inspirée des options de la microsociologie (Lapassade) où les thèmes et les rôles d’interviewer et d’interviewé sont à peine définis a priori et permettent, au moment de l’analyse qui en est faite d’identifier différents aspects de la construction dynamique et collective de savoirs reçus ou partagés. Toutefois, le thème de la prévention des risques a été proposé à l’ensemble des personnes rencontrées, que ces dernières partageaient ou non le « territoire » de leur résidence spatiale et culturelle avec Aedes albopictus.</p>
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Les principaux résultats des différentes enquêtes</p>
<p>• Enquêtes qualitatives auprès des professionnels de santé et des acteurs de la lutte antivectorielle en Loire Atlantique et Vendée </p>
<p>C’est sous le terme vernaculaire de « tigre » ou « moustique tigre » que l’Aèdes albopictus est connu.<br />
Sa faible implantation et une moindre médiatisation de la question localement, n’en font pas, à ce jour, un risque pour la santé à titre individuel ou de diffusion épidémique.</p>
<p> Les médecins généralistes<br />
S’agissant des piqures de moustique, il n’y a aucune réalité dans la pratique médicale. Les individus ne vont consulter leur médecin qu’en cas de complication liée à une piqure. C’est le constat de ce médecin interrogé à Pornic « Ici dans le coin il y a des moustiques, on se fait piquer parfois mais ce n’est pas un problème, personne n’en parle. Et il n’y a pas de plainte ».<br />
Le niveau de connaissances sur les maladies vectorielles et notamment sur la question de la transmission reste limité. Ce résultat est différent du sud de la France où les médecins faisaient état d’une gêne importante de leur clientèle et montraient une meilleure connaissance des arboviroses (Vernazza-Licht et al., 2012).<br />
Les médecins se disent déjà très occupés par les pathologies de leurs patients et estiment que c’est aux autorités sanitaires de gérer ces questions qui pour eux sont du ressort de la santé publique. Ils ont d’ailleurs tendance à considérer que la question du tigre et/ou du chikungunya, est un phénomène médiatique et exotique dans leur région.<br />
En revanche, en matière de risque vectoriel ils s’accordent sur le fait « qu’ici on ne parle pas du tigre, les gens parlent beaucoup plus des tiques et de Lyme ». Les pharmaciens ont confirmé spontanément l’inquiétude des populations sur ces questions. Enfin, autour de la prise en charge médicale et des relations patients/médecins ressort une problématique majeure, celle du manque de professionnels de santé générant un « désert médical », en particulier en Vendée, situation qui participe à la marginalisation du questionnement sur le moustique et son risque sanitaire.</p>
<p> Les pharmaciens d’officine<br />
Chez les pharmaciens de ville la présence des moustiques et leur nuisance sont appréciées à partir des plaintes des clients et de l’état des ventes de répulsifs (chacun consulte sur l’ordinateur son évolution des ventes pour attester son discours).<br />
Ce sont surtout dans les zones des marais et sur le littoral, ainsi qu’à Fontenay le Comte où est implanté l’Aedes albopictus que les pharmaciens font état des problèmes liés la présence du moustique. Quelques verbatim illustrent bien ce discours récurent.<br />
« Les piqures de moustiques c’est un conseil fréquent chez nous, sur toute la côte, les gens se font bouffer, … » ; <br />
« Dans les marais bretons ce n’est pas ce qui manque en matière de moustiques ».<br />
« On ne vend que ça l’été même en bord de mer parce qu’il y a des marais. Ils viennent acheter des produits avant et après. …/ on vend plein de produits après-piqûre pour les grosses réactions, on en vend énormément l’été » ; <br />
« Les gens viennent surtout pour des plaintes liées aux moustiques, ils ont de grosses réactions. Ils montrent des « grosses plaques endurées ». L’été c’est ça, souvent ».</p>
<p>Certains pharmaciens expliquent que les clients en parlent, s’interrogent, voire s’inquiètent à propos du moustique tigre et que la presse a un rôle d’amplification sur la peur « quand ils en entendent parler à la télé, ils viennent en parler au pharmacien même s’il n’y a rien » résume un des pharmaciens interrogés.</p>
<p>S’agissant de leur rôle, les pharmaciens insistent néanmoins sur l’importance du conseil et leurs interactions avec les clients sur les moustiques (piqûre, conseil pour les voyages). Ils se considèrent généralement comme un « acteur de première ligne » en matière de prévention. <br />
Concernant les produits répulsifs, les pharmaciens essaient d’avoir un éventail diversifié des produits disponibles sur le marché « Dans le choix j’essaie aussi d’avoir toutes les molécules. Les gens veulent sous forme de spray » et certains privilégient les produits mentionnés « naturels ». Globalement le choix des produits dans les officines reste un choix financier.<br />
Les bracelets, réputés sans efficacité, sont en vente dans la plupart des pharmacies et les pharmaciens expliquent que « les laboratoires disent qu’ils sont efficaces ». Ce sont ces mêmes laboratoires qui assurent, de manière générale, leur formation sur les produits et sur les médicaments.<br />
En milieu rural, certaines pharmacies vendent des produits répulsifs aux chasseurs en prévention des tiques et insectes piqueurs mais en particulier pour leurs chiens (produits vétérinaires).<br />
Interrogés sur les problèmes spécifiques de santé sur leur secteur, les pharmaciens citent : l’asthme, la toxicomanie, la maladie de Lyme et les tiques (les gens viennent se les faire enlever), le diabète, l’hypertension, la dépression, beaucoup d’allergies et soulèvent le problème du contexte de prise en charge de la santé dans leur zone considérée par eux comme un « désert médical ».</p>
<p> Le rôle des acteurs institutionnels (EID, ARS, collectivités)<br />
Un changement réglementaire important est à signaler (décret de mars 2019). Ce sont désormais les Agences Régionales de Santé (ARS) qui gèrent la LAV, les départements prenant en charge seulement la démoustication pour les nuisances occasionnées par des espèces qui ne sont pas vectrices de maladie.<br />
Nos entretiens mettent en évidence que cette nouvelle répartition réglementaire se traduit par une absence de solidarité entre départements et des conséquences sur la qualité de l’assistance technique et la formation notamment. Chaque acteur joue son rôle et gère « son risque », mais sans réelle collaboration et le rôle de la préfecture paraît très lointain. <br />
Dans ce nouveau contexte il apparaît clairement que l’Entente départementale de démoustication (EID) Atlantique avait une réelle expertise scientifique fondée sur une éthique de la gestion des moustiques, une bonne connaissance du terrain et de l’évolution des produits et qu’en plus de ses opérations techniques de démoustication, elle jouait un rôle dans l’information des populations et des collectivités en particulier. </p>
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• Enquêtes quantitatives menées auprès des professionnels de santé </p>
<p>L’enquête par questionnaire menée auprès des médecins généralistes et pharmaciens de Loire-Atlantique et Vendée montre qu’une part importante de ces professionnels - près de la moitié des pharmaciens et plus de la moitié des médecins - considèrent que le risque de survenue dans les 10 prochaines années d’une épidémie locale de dengue, zika ou chikungunya (pathologies possiblement transmises par le moustique tigre) est faible. <br />
Fig.1 Probabilité de survenue d’une épidémie dans les dix prochaines années dans le département d’exercice, selon les médecins généralistes et pharmaciens enquêtés<br />
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Source : Enquête sur les pratiques et logiques d’action des médecins généralistes et pharmaciens en matière de lutte antivectorielle en 44 et 85 (nov. 2019). Exploitation ORS Pays de la Loire</p>
<p>Interrogés sur leur pratiques et perceptions concernant les différentes méthodes de lutte antivectorielle au niveau local, médecins généralistes et pharmaciens semblent :<br />
- répondre différemment concernant leurs pratiques de conseil en matière de lutte contre les piqûres de moustiques mais <br />
- considérer les méthodes de protection collectives mécaniques (éliminer ou couvrir tous les lieux ou objets susceptibles de contenir des eaux stagnantes, installation de moustiquaires aux fenêtres…) comme les moyens les plus adaptés localement. <br />
Ils sont par ailleurs peu nombreux à se sentir en première ligne pour la transmission des conseils et recommandations en matière de lutte anti-vectorielle, et considèrent majoritairement que les agences et autorités sanitaires sont les mieux placées pour cela.<br />
Toutefois médecins généralistes et pharmaciens pourraient constituer un réseau mobilisable pour cette lutte, plus de 80 % d’entre eux se disant intéressés par une formation à ce sujet.</p>
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• Enquête quantitative menée auprès d'un échantillon issu de la population générale en Vendée </p>
<p> Préenquête qualitative : <br />
L’analyse met en avant un discours organisé en 5 classes thématiques liées à la communication/information (classe 1 ; 26,3%), au risque vectoriel (classe 5, 23,5%), à la gestion de l’eau et à la biodiversité (classe 4 ; 21,3%), aux comportements de protection via l’utilisation de répulsifs (classe 2 ; 14,6%) ainsi qu’à l’exposition et à la protection au domicile (classe 3 ; 14,2%). Le discours semble refléter un risque émergent avec une certaine sensibilisation au risque (connaissance de ce dernier, des arboviroses, de la reproduction, de la présence d’Aedes albopictus en Vendée) avec cependant des connaissances floues et relatives. Le discours concernant Aedes albopictus est en effet bien souvent appuyé par l’illustration, ou la confusion, avec d’autres « espèces nuisibles » comme le frelon asiatique. L’exposition perçue au moustique tigre semble finalement assez faible dans l’environnement proche. Il apparaît comme un désagrément et non un véritable risque. Le risque semble relativisé que ce soit par rapport à un ailleurs (Guadeloupe, Sud de la France), à d’autres risques (voiture, cancer, Lyme) ou à d’autres nuisances (mouches). L’analyse révèle une organisation du corpus selon 4 facteurs structurants. Le premier (31,41%) différencie les classes 4, 3 et 2, des classes 1 et 5, révélant une opposition entre ce qui relève d’un côté des comportements et du vécu dans l’environnement (exposition et comportements de protection) et de l’autre, des savoirs et perception du risque (communication et connaissances du risque vectoriel). Le second (24,81%), oppose des éléments de contexte (communication, environnement) à des éléments liés au risque vectoriel et aux comportements de protection (comportements de protection, exposition et risque vectoriel). </p>
<p>Figure 1 : Résultats de l’analyse descendante<br />
hiérarchique Figure 2 : Résultats de l’AFC<br />
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Etude quantitative</p>
<p>Connaissance du MT : Quatre-vingt-cinq % des participants ont déjà entendu parlé du MT (Moustique tigre), 72% pensent qu’il est présent en Vendée, et 38,4% près de leur logement. Les personnes qui vivent en zone littorale et Rurale Sud jugent plus que le MT est présent aux environs du logement (CHI2=10.6, p=.014). 80,5 % des participants pensent que le MT peut transmettre une ou des maladies en Vendée, et 64% près de leur logement. Les résultats révèlent donc une connaissance de la présence du MT en Vendée malgré son caractère émergent, ainsi qu’une perception du risque vectoriel en Vendée pour la majorité des participants.</p>
<p>Exposition au MC et au MT : Les participants se disent peu gênés par le MC (Moustique commun) au quotidien (score de 3,3 sur 10). Le score de gêne est néanmoins significativement plus élevé sur la zone littorale. 23,6% pensent qu’ils ont déjà vu un MT en Vendée, et 19,3% près de leur logement. 59,6 % pensent qu’ils sont exposés au MT en Vendée et 50% près de leur logement. Mais 80% pensent qu’ils n’ont jamais été piqués par un MT. Les résultats relatifs à l’exposition perçue au MT révèlent une concordance entre une faible perception de la présence du MT et un % élevé de personnes qui pensent ne jamais avoir été piquées. Ceci est néanmoins associé pour près de 60 % des participants au sentiment d’être exposé.</p>
<p>Perception du risque : La perception du risque pour soi et ses proches face à la transmission de maladies par le MT est moyenne (score de 4,5 sur 10) et on n’observe pas de différence significative en fonction des zones. De même, la probabilité perçue de développer une maladie associée au MT en Vendée et aux abords du logement est moyenne (respectivement 4,7 et 4,2) et indépendante de la zone de résidence. 60,5 % des participants pensent qu’il est possible de contracter l’une des trois maladies en Vendée, et 51,4% aux abords du logement. Par ailleurs, la gravité perçue des maladies vectorielles associées au MT est importante (score de 8 sur 10). </p>
<p>Les déterminants des comportements de protection :<br />
Mesure dichotomique : Uniquement 29,7% des participants disent se protéger très fréquemment et fréquemment des piqures des moustiques en été sur leur lieu de vie, 35,8% affirmant qu’ils n’utilisent pas de pratiques de protection. Une régression logistique menée sur la variable d’intérêt « comportement de protection vs pas de protection » montre que la fréquence des piqures, la gêne occasionnée, l’exposition perçue aux environs du logement et la possibilité d’action contribuent à expliquer que les personnes se protègent contre les piqures de moustique.<br />
Mesure catégorielle : Afin d’identifier les comportements utilisés pour se prémunir des piqures de moustique, et ceci sans induire de réponse, une question ouverte a été utilisée. Le codage de cette question ouverte permet de catégoriser les comportements en huit classes exclusives basées sur le croisements de cinq catégories : 1) insecticides/méthodes chimiques (répulsifs à appliquer sur la peau ; spirales à brûler ; diffuseur à brancher ; insecticides à vaporiser…) ; 2) répulsifs « naturels » (huiles essentielles ; plantes anti-moustiques ; bougies citronnelles…) ; 3) méthodes « mécaniques » (moustiquaires ; raquette électriques ; ventilateur ou climatisation…) ; 4) adaptation des comportements ( adapter sa tenue vestimentaire ; éviter de sortir durant les heures d’activité du moustique ; fermer les fenêtres…) ; 5) gestion des points d’eau (suppression des points d’eau stagnantes ; couvrir les récipients récupérateurs d’eau, retirer les coupelles …). Les méthodes « mécaniques », l’adaptation des comportements et la gestion des points d’eau ont été regroupés au sein d’une catégorie « comportements préconisés » par les organismes de santé. Le croisement de ces 3 classes restantes permet de classer les participants en fonction de leurs pratiques : uniquement chimique ; chimique + « naturel » ; uniquement « naturel » ; uniquement préconisé ; préconisé + chimique ; préconisé + naturel ; rien ; préconisé + chimique + « naturel ». La distribution des fréquences montre que 33.3% des participants disent ne pas se protéger. On enregistre un % équivalent de personnes qui disent utiliser uniquement des méthodes chimiques (17.8%) ou « naturelles » (17%), quand 22% des participants disent utiliser les méthodes préconisées seules ou associées. </p>
<p>Tableau 1 : distribution des comportements de protection <br />
Tableau 2 : score de perception du risque en fonction du comportement<br />
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Le type de stratégie utilisée varie significativement avec le niveau de perception des risques (F = 4.27 ; p < .001) : les individus qui n’utilisent aucune stratégie pour se prémunir des moustiques ou de leurs piqûres ont un niveau de perception des risques significativement plus faible que les autres, suivi par les individus utilisant des méthodes naturelles, puis ceux utilisant les méthodes préconisées seules ou combinées aux méthodes « naturelles ». Le niveau de perception des risques augmente significativement pour les personnes qui utilisent les méthodes chimiques seules ou combinées.</p>
<p>Attitudes écocentrées vs anthropocentrées : Les participants présentent une attitude plutôt anthropocentrée face à l’existence du moustique (score moyen d’attitude écocentrée de 3.23/10) ; plus cette attitude est écocentrée, moins la vulnérabilité perçue face aux maladies transmises par le MT est élevée (r = -0,102 ; p = 0.003). Par ailleurs, plus une personne est écocentrée plus elle présente un score de coping élevé centré sur la minimisation du risque (r = 0,128 ; p < 0.001). On relève par ailleurs une attitude plus écocentrée quand on ne se protège pas (F=6.21 ; p <.001).</p>
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• Enquête qualitative auprès de la population générale en Loire Atlantique </p>
<p>L’analyse des rencontres des terrains et leur confrontation aux cadres théoriques de la phénoménologie a permis d’éclairer en partie une approche de la prévention des risques et une modélisation des pratiques et des projections évoquées. Elle s’est inspirée du concept de « champ de forces » que Kurt Lewin (1997) utilisait pour caractériser la psychologie sociale, permettant ainsi de mettre en avant les contradictions des acteurs porteurs ou non de rationalités existantes ou revendiquées. Beaucoup de discours provoqués ont revendiqué la valeur sociale attribuée à la raison. Sans que cela soit paradoxal, les contradictions apparentes ont été remises en question au cours des entretiens. Aux yeux des acteurs, elles ont constitué autant de sources de stabilité de l’orientation de l’activité sociale, et de raisons de la permanence des rapports entre les êtres vivants, ici les individus, Aedes albopictus (réel ou pensé) et l’environnement de chacun d’eux.<br />
Les circonstances de recherche imposées par la pandémie attachée au COVID 19, nous ont donné l’occasion de vérifier l’intérêt que représente une approche pluridisciplinaire reposant sur deux concepts : le « social » tel que le définit Hannah Arendt, c’est-à-dire le « monde vécu » qu’Edmund Husserl tente de sauver de l’anéantissement que lui promet le triomphe des sciences en général. Pour le « social », la remarque d’ Hannah Arendt à propos du jeune Marx et de « son refus de prendre en compte l’idée selon laquelle la différence entre la vie de l’homme et celle de l’animal est la ratio, ou la pensée » fut particulièrement documentée ; Pour le « monde vécu », la réduction phénoménologique (ἐποχή) se devait d’abandonner deux croyances : la possibilité d’une approche « naturelle » du monde, l’être humain étant condamné à prendre en compte les représentations qu’il s’en fait ; le rejet, même provisoire des abstractions que sont les sciences. Telles sont pour la phénoménologie les conditions pour accéder aux « choses mêmes ». Beaucoup d’entretiens expriment cette recherche chaotique. Pourtant, le constater pourrait aider à mettre fin à la rivalité entre quantitatif et qualitatif régnante notamment au sein des sciences humaines et sociales. <br />
La recherche a enfin confirmé l’importance d’une réflexion sur l’usage des représentations mentales comme éléments de compréhension de l’activité de prévention, leur légitimité et leur rôle dans une orientation volontaire de celle-là. Une remise en cause de ces représentations, leur remplacement (possible ?) tend à imposer des orientations rationnelles de l’activité de prévention des risques. Pourtant, les idées reçues et les dangers objectivés n’entretiennent guère de rapports de causalité. Ils alimentent des lectures du monde, et, si leur rapprochement inspire de nouvelles manières de faire, leur reconnaissance scelle l’impossibilité de réduire la prévention à une intention instrumentale nourrie des seules sciences (Sciences et humaines et sociales comprises). Des connaissances objectivées des dangers menaçant la santé humaine, les représentations d’une doxa admise touchant les risques identifiés par ces connaissances, ne peuvent mécaniquement être déduites des représentations particulières puis des activités de prévention sur lesquelles agir et dont les entretiens ont témoigné de l’existence active. </p>
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Discussion </p>
<p>Nos résultats rejoignent en partie ceux mis en évidence dans la littérature ciblant la question sur le littoral méditerranéen. La plupart des travaux existant en France ont été réalisés sur des zones du littoral méditerranéen (Corse comprise) où le moustique tigre Aedes albopictus était déjà présent depuis plusieurs années et parfois en densité importante (Bley et al., 2017 ; Raude et al., 2012 ; Cardoso, 2016 ; Le Tyrant, 2015, 2019). Dans le sud, l’expansion du moustique tigre n’a pu être arrêtée par les méthodes de LAV et le moustique gagne progressivement le nord de l’hexagone. <br />
En termes de connaissance et de perceptions du risque, nos résultats vont dans le même sens que ce que l’on retrouve dans la littérature (Raude et al., 2012 ; Molho et al., 2018). Les professionnels de santé ne se différencient pas de la population générale en termes de connaissance des modes et habitudes de vie du moustique tigre, ou des modalités de transmission des maladies qu’il est susceptible de transmettre. 20 % seulement des médecins ont connaissance de la nécessité des deux conditions (présence locale du moustique tigre « ET » d’une personne porteuse du virus ayant contracté la maladie au cours d’un voyage en zone endémique) pour initier une chaîne de transmission et, éventuellement, une épidémie. Une enquête conduite auprès des généralistes dans les Bouches du Rhône (Attané et al, 2010) avait montré que les médecins généralistes ne se différencient pas de la population générale dans leur perception du risque sanitaire lié à l’environnement.</p>
<p>En population générale, comme chez les professionnels de santé, les résultats révèlent une connaissance de la présence du moustique tigre en Vendée malgré son caractère émergent, ainsi qu’une perception du risque vectoriel pour la majorité des participants. Dans la population générale, la perception du risque pour soi et ses proches face à la transmission de maladies par Aedes albopictus est moyenne, ainsi que la probabilité perçue de développer une maladie associée au moustique tigre en Vendée. Concernant la vulnérabilité perçue, Bley et al. (2017) avaient déjà montré qu’en 2012, dans le sud de la France, les individus se sentaient peu vulnérables face à l’Aedes albopictus mais que ce niveau de vulnérabilité semblait avoir augmenté entre 2014 et 2015, en lien avec l’augmentation de la nuisance perçue. Par ailleurs, nos résultats montrent que la gravité perçue des maladies vectorielles associées à Aedes albopictus est importante pour la population comme pour les pharmaciens, ce point rejoignant les résultats d’études menées en population générale dans des aires géographiques où le MT est implanté, mais non épidémiques, depuis de nombreuses années (Raude et al. 2012 ; Molho et al., 2018). </p>
<p>Concernant les pratiques de protection de la population, on retrouve le lien déjà identifié dans la littérature (e.g. Raude et al. 2012) entre perception d’exposition, fréquence des piqûres et pratiques de protection, le niveau de protection augmentant avec le sentiment d’exposition et la fréquence des piqures. Pour la mesure des pratiques de protection, nous avons choisi, de façon originale, de les interroger sur la base d’une question ouverte afin de limiter les biais générés par la question fermée qui impose des choix au participants ; ces résultats restent néanmoins auto-rapportés. Ils montrent que la majorité de la population n’utilise pas les méthodes préconisées, leur préférant les protections chimiques seules ou associées à d’autres types de protection. Molho et al (2018) ont identifié les mêmes résultats dans le cadre du Baromètre Santé 2016 en France métropolitaine. Nos résultats montrent également de façon originale qu’une part non négligeable de la population préfère se tourner vers une protection considérée comme « naturelle » (huiles essentielles ; citronnelle…). L’adoption d’une approche qualitative monographique a également confirmé l’importance d’une réflexion sur l’usage des représentations mentales comme éléments de compréhension de l’activité de prévention, leur légitimité et leur rôle dans une orientation volontaire de celle-là.</p>
<p>Les résultats de l’enquête qualitative auprès des professionnels mettent en lumière la faible communicabilité entre les différents acteurs de la LAV sur les territoires (ARS, opérateurs de démoustication), les collectivités, préfecture, les professionnels de santé. Ils permettent également d’identifier l’absence d’implication et d’information des pharmaciens d’officine et des paramédicaux dans le processus de LAV désormais (depuis 2019) piloté par les ARS.</p>
<p>Un certain nombre de résultats mettent en lumière, en population générale comme chez les professionnels de santé, des éléments qui relèvent du rapport à la nature et à l’environnement, en lien avec les pratiques de protection et de LAV utilisant des produits chimiques (répulsifs, biocides). Ce rapport à la nature est mis en perspective avec les pratiques de protection et s’actualise différemment en fonction des groupes et confirment des résultats obtenus sur le littoral méditerranéen (Vernazza-Licht et al., 2012, 2013. Chez les pharmaciens, on observe par exemple un flou autour de la toxicité des produits répulsifs vendus. Ceux-ci mettent en avant les conditions d’autorisation de mise sur le marché des produits et s’appuient sur cette réglementation pour rappeler les protections d’usage aux usagers, même s’ils émettent quelquefois des doutes sur la toxicité avérée du produit. En population générale, les entretiens menés dans le cadre de la monographie mettent en lumière les raisons de la permanence des rapports entre les êtres vivants, ici les individus, Aedes albopictus (réel ou pensé) et l’environnement. Les résultats de l’étude quantitative en population générale montrent en outre que les participants qui mettent en avant des attitudes pro-environnementales se sentent moins vulnérables face aux maladies transmises par le moustique tigre, et on plus tendance à minimiser le risque. On relève par ailleurs une attitude plus écocentrée chez les personnes qui ne se protègent pas. </p>
<p>Nos résultats obtenus auprès des professionnels de santé montrent également, en termes de jeux d’acteurs, une faible voire une absence d’interconnaissance entre les acteurs de l’environnement et du sanitaire. On identifie en effet une faible capacité en matière de diffusion de l’information pertinente, sur les personnes susceptibles de recevoir cette information et une faible adéquation avec le niveau d’information de la population, tout ceci associé à des changements réglementaires qui imposent et limitent l’action (les pharmaciens et les paramédicaux sont par exemple exclus du dispositif). <br />
Nos résultats amènent donc à s’interroger sur la répartition des rôles : la distinction existant actuellement entre les acteurs chargés de la gestion de la nuisance environnementale et des acteurs en charge de la prévention et la gestion du risque sanitaire est-elle pertinente pour une gestion optimale du risque ? <br />
Du côté de la population, nos résultats renouvellent l’intérêt de la prise en compte des perceptions et représentations dans le cadre de la mise en place des politiques publiques de santé. Les comportements de protection sont en effet très dépendants de la représentation du risque et de la manière dont l’individu envisage ses propres capacités à se protéger ou à prévenir le risque. </p>
<p><br />
Propos conclusif</p>
<p>Nous avons mis en évidence que sur ces deux départements où Aedes albopictus est encore peu présent, les connaissances et les pratiques de prévention s’inscrivent dans une dynamique territoriale infra départementale. <br />
Dans les socio-écosystèmes (marais et marées) où les populations sont exposées à la nuisance culicidienne, celles-ci font état d’une gêne plus importante, confirmée par le discours des pharmaciens qui adaptent leur offre en produits répulsifs. On retrouve les mêmes tendances dans les zones où le moustique tigre est implanté (Fontenay le Comte, 85). Ailleurs le danger est connu mais le risque n’est pas perçu, ni par les professionnels, ni par la population.<br />
Dans les territoires où le moustique tigre est récemment implanté et encore peu abondant, les résultats mettent en évidence une faible perception du risque que ce soit chez les professionnels de santé qui sont demandeurs de formation sur la question du moustique tigre, qu’en population générale avec une perception du risque pour soi et ses proches peu élevée. <br />
On a aussi relevé la faiblesse de la prise en compte de la problématique environnement/santé mise en évidence par la distinction entre les intervenants chargés de la LAV, ceux qui gèrent l’aspect sanitaire et ceux qui gèrent la nuisance. Les tendances actuelles accentuent le fossé entre nuisance environnementale et risque sanitaire. La disparition, consécutive au décret de 2019, de l’EID Atlantique est emblématique de ce fossé.<br />
Par ailleurs, l’expérience des territoires du sud ne semble pas avoir été comprise et adaptée aux territoires nouvellement investis par le moustique tigre. Il n’y a pas d’anticipation au plan des institutions sanitaires (DGS/ARS, Préfecture) et le constat est qu’ils ne pourront empêcher la progression du moustique tigre. </p>
<p>Dans la poursuite des analyses issus de notre projet de recherche, on peut considérer que trois aspects devraient être plus largement étudiés. <br />
D’abord celui de mieux considérer le niveau d’échelle spatiale dans la caractérisation du risque. Comment mettre en lien politique et acteurs nationaux et politique et acteurs locaux qui ont une connaissance du terrain ?<br />
Ensuite, en matière de communication, il faudrait engager une réflexion sur les messages écrits et visuels utilisés dans la LAV à destination des populations . Qu’est-ce qu’un message sanitaire ? Quels sont les producteurs, les destinataires, les réseaux d’information et de transmission, quels impacts et quels retours sur les incompréhensions et interrogations ?<br />
Enfin, il nous semble nécessaire de réfléchir au risque vectoriel afin de différencier le risque vectoriel de la nuisance et le risque vectoriel moustique tigre des autres risques vectoriels ou sanitaires liés à l’environnement.</p>
<p>Bibliographie</p>
<p>Attané, A., Bouchayer, F., Matteï, J.C., Langewiescge, K., Gruenais M.E., (2010) Attitudes et connaissances des médecins généralistes face aux risques environmentaux. In Vernazza-Licht N., Gruenais, M.E., Bley D. (dir.), Sociétés, environnements, santé. Marseille : IRD, 2010, p. 147-170. <br />
Bley, D., Pecaud, D., Raude, J.,Cardoso, E., Rougeyron, F. et al.. Représentation des dangers et définition des risques sanitaires dus à l’installation d’Aedes Albopictus dans les territoires métropolitains : Rapport de fin de contrat du programme RDT. [Rapport de recherche] MEDDE. 2017, 89 p. hal-01987065.<br />
Calba, C., Franke, F., Chaud, C., Decoppet, A., Pigaglio, L., Auzer-Caillaud, M., … Noël, H. (2018). Circulation autochtone de chikungunya dans deux communes du Var, Août-septembre 2017. Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire, (24), 504-509. <br />
Cardoso, E., Bley, D., Vernazza-Licht, N., & Raude, J. (2016). Analyse comparée des discours sur les risques sanitaires liés à l’implantation d’Aèdes albopictus dans deux zones du littoral méditerranéen (conurbation azuréenne et métropole marseillaise). Dans S. Robert et H. Melin (dir.), Habiter le littoral, enjeux contemporains (p. 327-342). Aix-Marseille, France : Presses universitaires de provence et Presses universitaires d’Aix-Marseille. ⟨hal-01495429⟩ ; ⟨hal-01294450⟩ ; <br />
Claeys, C., & Mieulet, E. (2013). The spread of asian tiger mosquitoes and related health risks along the french riviera : an analysis of reactions and concerns amongst the local population. International review of social research, 3(2), 151-173. doi : 10.1515/irsr-2013-0018<br />
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Lewin, K. (1997). Résoudre les conflits sociaux : théorie des champs en sciences sociales. Washington, DC : American Psychological Association. <br />
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<p>Raude, J., Chinfatt, K. Huang, P., Betansedi, C. O., Katumba, K., Vernazza, N., & Bley, D. (2012). Public perceptions and behaviours related to the risk of infection with Aedes mosquito-borne diseases : a cross-sectional study in Southeastern France. BMJ Open, 2(6) . doi:10.1136/bmjopen-2012-002094 <br />
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