<p>PRATIQUES ET LOGIQUES D&rsquo;ACTION EN MATIERE DE LUTTE ANTI-VECTORIELLE : PRINCIPAUX RESULTATS D&rsquo;UN PROJET DE RECHERCHE INTERDISCIPLINAIRE</p> <p>Bley D., Fleury-Bahi G., Galland C., Hefti M., Menozzi M-J., Navarro O., P&eacute;caud D., Simard F., Tallec A., Vernazza-Licht N.&nbsp;</p> <p>&nbsp;&nbsp; &nbsp;Introduction<br /> Les r&eacute;sultats de la recherche interdisciplinaire sur la lutte antivectorielle que nous pr&eacute;sentons dans cet article sont une bonne illustration des relations environnement/sant&eacute; et s&rsquo;inscrivent &agrave; ce titre dans le champ des humanit&eacute;s environnementales, dans la mesure o&ugrave; ils convoquent dans l&rsquo;analyse le concept &laquo; One Health &raquo;.<br /> En effet, ce concept d&rsquo;une seule sant&eacute; promu par l&rsquo;Organisation Mondiale de la Sant&eacute; (OMS), l&rsquo;Organisation Internationale de l&rsquo;Environnement (OIE) et l&rsquo;Organisation pour l&rsquo;alimentation et l&rsquo;agriculture (FAO) depuis 2011, s&rsquo;appuie sur la prise de conscience des liens &eacute;troits entre la sant&eacute; humaine, celle des animaux et l&rsquo;&eacute;tat &eacute;cologique global de la plan&egrave;te. L&rsquo;activit&eacute; humaine joue un r&ocirc;le majeur dans la propagation de maladies infectieuses, avec par exemple la question de la d&eacute;forestation qui a mis en contact les animaux sauvages et ceux d&rsquo;&eacute;levage, facilitant le passage de nouvelles maladies &agrave; l&rsquo;homme. Par ailleurs, le changement climatique permet notamment l&rsquo;adaptation d&rsquo;animaux vecteurs de maladies, comme les moustiques, les moucherons piqueurs ou les tiques, &agrave; de nouvelles zones g&eacute;ographiques, ce qui augmente la propagation des pathog&egrave;nes. Ce concept sert aussi de base au 4&egrave;me plan national sant&eacute; environnement fran&ccedil;ais (PNSE 4) intitul&eacute; &laquo; Un environnement, une sant&eacute; &raquo; qui a pour ambition de mieux comprendre les risques auxquels chacun s&rsquo;expose afin de mieux se prot&eacute;ger et prot&eacute;ger son environnement. Enfin, la crise sanitaire de la Covid-19 li&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;un virus le SARS-CoV-2 a par ailleurs rappel&eacute; les interactions fortes entre sant&eacute; humaine, sant&eacute; animale et sant&eacute; de l&#39;environnement.&nbsp;</p> <p>Avec l&rsquo;arriv&eacute;e du moustique tigre (Aedes albopictus) en France m&eacute;tropolitaine depuis 2014, la lutte antivectorielle (LAV) s&rsquo;inscrit dans un objectif de sant&eacute; publique et de pr&eacute;vention des risques sanitaires. En effet, ce moustique peut transmettre aux &ecirc;tres humains des virus comme celui de la dengue, du chikungunya ou du Zika et fait, depuis 2006, l&rsquo;objet d&rsquo;une surveillance renforc&eacute;e.<br /> Il existe plusieurs niveaux de surveillance et d&rsquo;alerte. &Agrave; chaque niveau, correspond une s&eacute;rie de r&eacute;ponses administratives et techniques, allant de la simple mise en &oelig;uvre de proc&eacute;dures de surveillance (d&eacute;tection) &agrave; des op&eacute;rations de d&eacute;moustication, et &agrave; des actions d&rsquo;information destin&eacute;es aux professionnels de sant&eacute; et de communication aupr&egrave;s du public.&nbsp;</p> <p>En ce qui concerne les moustiques, chacun d&rsquo;entre nous ne cherche pas &agrave; les distinguer syst&eacute;matiquement. Les uns &eacute;voquent les moustiques, qu&rsquo;ils piquent ou non, qu&rsquo;ils soient dangereux pour la sant&eacute; ou non. Les autres les ignorent. Tous les inscrivent dans une vision du monde &agrave; la fois commune et particuli&egrave;re. Pourtant, malgr&eacute; leurs particularit&eacute;s, quand ils ne disparaissent pas dans le classement changeant de ce qui nous pr&eacute;occupe individuellement ou collectivement, les moustiques restent la cible d&rsquo;actions qui visent &agrave; r&eacute;duire leur nuisance. Pr&eacute;occupations, pratiques et comportements se d&eacute;veloppent ainsi en fonction de constructions imaginaires ou rationnelles, c&rsquo;est-&agrave;-dire de nos perceptions de &laquo; mondes &raquo; : prise en compte du respect de l&rsquo;environnement, de la biodiversit&eacute;, risques acceptables, d&eacute;finition de la sant&eacute;, du bien-&ecirc;tre, de la qualit&eacute; de vie, positions &eacute;thiques&hellip;<br /> Dans ce contexte et dans la suite de nos travaux pr&eacute;c&eacute;dents sur l&rsquo;implantation de l&rsquo;aedes albopictus et le risque sanitaire vectoriel (notamment Pecaud, 1991 : Simard et al. 2017 ; Vernazza-Licht et al. 2011) notre recherche avait pour objectif de recueillir des informations, selon des disciplines vari&eacute;es et les concepts et m&eacute;thodes qui leur sont attach&eacute;s, concernant les croyances, logiques d&rsquo;actions et pratiques en mati&egrave;re de pr&eacute;vention contre les moustiques tigres et de lutte anti-vectorielle (LAV) des diff&eacute;rentes populations concern&eacute;es (population g&eacute;n&eacute;rale et professionnels de sant&eacute;) de la fa&ccedil;ade Atlantique, en amont du front d&rsquo;invasion du moustique tigre en m&eacute;tropole.<br /> Pour ce faire, nous avons r&eacute;alis&eacute; deux &eacute;tudes aupr&egrave;s des professionnels de sant&eacute; (m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes, pharmaciens d&rsquo;officines), ainsi que deux &eacute;tudes aupr&egrave;s d&rsquo;&eacute;chantillons issus de la population g&eacute;n&eacute;rale. Pour chacune de ces populations, des enqu&ecirc;tes dites qualitatives (sous la forme d&rsquo;entretiens, de monographies ou retours d&rsquo;exp&eacute;rience) ont &eacute;t&eacute; associ&eacute;es &agrave; des enqu&ecirc;tes quantitatives. Les donn&eacute;es ont &eacute;t&eacute; recueillies au long de la fa&ccedil;ade Atlantique de la France m&eacute;tropolitaine (Loire Atlantique et Vend&eacute;e), ce choix &eacute;tant d&eacute;fini par la dynamique spatiale d&#39;Aedes albopictus, le rythme de son installation, les diff&eacute;rentes techniques ou pratiques utiles &agrave; la LAV, ainsi que le r&ocirc;le et l&#39;enr&ocirc;lement des populations concern&eacute;es. Le projet revendiquait une approche interdisciplinaire en associant diff&eacute;rentes disciplines des sciences humaines et sociales (sociologie, psychologie sociale et environnementale, anthropologie de la sant&eacute;), ainsi que les sciences m&eacute;dicales et l&rsquo;entomologie.</p> <p>&nbsp;&nbsp; &nbsp;M&eacute;thodologie</p> <p>- S&rsquo;agissant des enqu&ecirc;tes qualitatives r&eacute;alis&eacute;es aupr&egrave;s des professionnels de sant&eacute;, en Loire Atlantique et Vend&eacute;e notre objectif a &eacute;t&eacute; de caract&eacute;riser les perceptions de la LAV et du risque vectoriel que repr&eacute;sente l&rsquo;Aedes albopictus et le moustique en g&eacute;n&eacute;ral par les m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes, pharmaciens d&rsquo;officine et acteurs de la LAV (EID, ARS, Collectivit&eacute;s, Ordre professionnels).<br /> L&rsquo;approche a &eacute;t&eacute; fond&eacute;e sur la notion de syst&egrave;me socio-&eacute;cologique qui correspond &agrave; la prise en compte de la conjonction entre des donn&eacute;es naturelles (g&eacute;oclimatiques, gestion de l&rsquo;eau, &hellip;) et des actions humaines (activit&eacute;s agricoles, de loisirs, touristiques &hellip;). Sur cette base, quatre zones d&rsquo;enqu&ecirc;tes ont &eacute;t&eacute; d&eacute;limit&eacute;es dans les d&eacute;partements (44, 85), qui sont :<br /> - La zone du marais breton (entre Saint-Gilles et Bourgneuf-en -Retz) et la zone littorale touristique expos&eacute;e aux mar&eacute;es (par exemple Les Sables d&rsquo;Olonne, l&rsquo;&icirc;le de Noirmoutier, La Baule&hellip;) ;<br /> - Les lieux, tr&egrave;s circonscrits, o&ugrave; l&rsquo;Aedes albopictus a &eacute;t&eacute; d&eacute;tect&eacute; (Fontenay le Comte - 85, et p&eacute;riurbain au sud de Nantes - 44) et le reste du territoire qui n&rsquo;a pas de caract&eacute;ristiques particuli&egrave;res en mati&egrave;re d&rsquo;implantation du moustique.&nbsp;<br /> Le travail s&rsquo;est appuy&eacute; sur des entretiens men&eacute;s (en 2018 et 2019) et des observations (2018/ 2022).</p> <p>- S&rsquo;agissant des enqu&ecirc;tes quantitatives men&eacute;es aupr&egrave;s des professionnels de sant&eacute; (m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes et pharmaciens d&rsquo;officine de Loire-Atlantique et de Vend&eacute;e) l&rsquo;objectif visait &agrave; mieux conna&icirc;tre les connaissances, repr&eacute;sentations et pratiques des professionnels en mati&egrave;re de pr&eacute;vention des risques entra&icirc;n&eacute;s par l&#39;arriv&eacute;e et l&#39;implantation dans la r&eacute;gion du moustique tigre (Aedes albopictus).&nbsp;</p> <p>La phase d&rsquo;enqu&ecirc;te, d&rsquo;&eacute;laboration des questionnaires, de sollicitation des professionnels et de recueil des r&eacute;ponses a &eacute;t&eacute; men&eacute;e en 2019 en collaboration avec les Unions R&eacute;gionales des M&eacute;decins Lib&eacute;raux (URML) et des pharmaciens (URPS Pharmaciens) des Pays de la Loire. L&rsquo;ensemble des m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes lib&eacute;raux (1 600) et des pharmacies (636) de Loire-Atlantique et de Vend&eacute;e a &eacute;t&eacute; sollicit&eacute; par mail par l&rsquo;URML et l&rsquo;URPS Pharmaciens pour renseigner un questionnaire en ligne au cours des mois de d&eacute;cembre 2019 et janvier 2020. Au total 145 m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes et 67 pharmaciens ont r&eacute;pondu &agrave; l&rsquo;enqu&ecirc;te (soit des taux de participation de respectivement 9,2 % et 10, 5 %).&nbsp;</p> <p>- S&rsquo;agissant de l&rsquo;enqu&ecirc;te quantitative men&eacute;e aupr&egrave;s d&#39;un &eacute;chantillon issu de la population g&eacute;n&eacute;rale en Vend&eacute;e, l&rsquo;objectif &eacute;tait double. Il s&rsquo;agissait, de s&rsquo;interroger dans un premier temps sur la perception des risques associ&eacute;s aux maladies &agrave; transmission vectorielle aupr&egrave;s d&rsquo;une population g&eacute;n&eacute;rale vivant dans un territoire o&ugrave; Aedes albopictus est implant&eacute; ou en cours d&rsquo;implantation (Vend&eacute;e). Dans un second temps, il s&rsquo;agissait d&rsquo;identifier les diff&eacute;rentes pratiques et strat&eacute;gies adaptatives adopt&eacute;es par les riverains potentiellement expos&eacute;s afin de faire face au risque, ou de &laquo; composer &raquo; avec celui-ci.&nbsp;<br /> Une pr&eacute;enqu&ecirc;te qualitative a &eacute;t&eacute; men&eacute;e par entretiens semi-directifs en face &agrave; face. Trente entretien semi-directifs ont &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;s aupr&egrave;s de la population g&eacute;n&eacute;rale vend&eacute;enne. Le guide d&rsquo;entretien se structure sur la base de 4 grandes th&eacute;matiques : les connaissances sur le moustique tigre et le risque de transmission, l&rsquo;exposition et le risque per&ccedil;us, les pratiques de pr&eacute;vention adopt&eacute;es et la communication autour du moustique tigre. Les donn&eacute;es ont &eacute;t&eacute; analys&eacute;es par analyse lexicom&eacute;trique avec le logiciel Iramuteq, (Ratinaud &amp; D&eacute;jean, 2009).</p> <p>Dans un second temps, l&rsquo;enqu&ecirc;te quantitative par questionnaires a permis, sur la base de l&rsquo;utilisation d&rsquo;&eacute;chelles, de calculer les scores n&eacute;cessaires au test statistique des mod&egrave;les. Les donn&eacute;es ont &eacute;t&eacute; recueillies aupr&egrave;s d&rsquo;un &eacute;chantillon repr&eacute;sentatif (&eacute;chantillon par quota) de 1005 participants (60.7 % de femmes et 39.3 % d&rsquo;hommes ; &acirc;ge moyen: 49.8; 56,8 % d&rsquo;actifs) vivant dans le d&eacute;partement de Vend&eacute;e. Les crit&egrave;res d&rsquo;inclusion sont : avoir plus de 18 ans, vivre depuis au moins 6 mois dans la commune concern&eacute;e. L&rsquo;&eacute;chantillon est structur&eacute; sur la base des variables &acirc;ge, sexe, niveau socio&eacute;conomique et zone de r&eacute;sidence (Rural Nord : 245 ; Littoral : 264 ; Agglom&eacute;ration de La Roche : 251 ; Rural Sud : 245). La collecte des donn&eacute;es s&rsquo;est d&eacute;roul&eacute;e par t&eacute;l&eacute;phone.&nbsp;</p> <p>- Enfin, une monographie aupr&egrave;s de la population g&eacute;n&eacute;rale en Loire Atlantique proposait une r&eacute;flexion &eacute;pist&eacute;mologique sur le renouveau possible des m&eacute;thodes d&rsquo;enqu&ecirc;tes dans le domaine de la pr&eacute;vention des risques sanitaires, plus pr&eacute;cis&eacute;ment celui de l&rsquo;activit&eacute; sociale des populations concern&eacute;es. Le terrain (44) peut &ecirc;tre qualifi&eacute; de deux mani&egrave;res : spatialement (deux quartiers urbains, une commune rurale et touristique c&ocirc;ti&egrave;re), et temporellement (un travail r&eacute;alis&eacute; dans des conditions dites &laquo; normales &raquo; et un pendant une p&eacute;riode de confinement impos&eacute; par l&rsquo;&eacute;pid&eacute;mie du COVID 19). Dans les deux cas, une m&eacute;thode dite d&rsquo;entretiens non-directifs a &eacute;t&eacute; mise en &oelig;uvre. Elle s&rsquo;est inspir&eacute;e des options de la microsociologie (Lapassade) o&ugrave; les th&egrave;mes et les r&ocirc;les d&rsquo;interviewer et d&rsquo;interview&eacute; sont &agrave; peine d&eacute;finis a priori et permettent, au moment de l&rsquo;analyse qui en est faite d&rsquo;identifier diff&eacute;rents aspects de la construction dynamique et collective de savoirs re&ccedil;us ou partag&eacute;s. Toutefois, le th&egrave;me de la pr&eacute;vention des risques a &eacute;t&eacute; propos&eacute; &agrave; l&rsquo;ensemble des personnes rencontr&eacute;es, que ces derni&egrave;res partageaient ou non le &laquo; territoire &raquo; de leur r&eacute;sidence spatiale et culturelle avec Aedes albopictus.</p> <p><br /> Les principaux r&eacute;sultats des diff&eacute;rentes enqu&ecirc;tes</p> <p>&bull;&nbsp;&nbsp; &nbsp;Enqu&ecirc;tes qualitatives aupr&egrave;s des professionnels de sant&eacute; et des acteurs de la lutte antivectorielle en Loire Atlantique et Vend&eacute;e&nbsp;</p> <p>C&rsquo;est sous le terme vernaculaire de &laquo; tigre &raquo; ou &laquo; moustique tigre &raquo; que l&rsquo;A&egrave;des albopictus est connu.<br /> Sa faible implantation et une moindre m&eacute;diatisation de la question localement, n&rsquo;en font pas, &agrave; ce jour, un risque pour la sant&eacute; &agrave; titre individuel ou de diffusion &eacute;pid&eacute;mique.</p> <p>&nbsp;&nbsp; &nbsp;Les m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes<br /> S&rsquo;agissant des piqures de moustique, il n&rsquo;y a aucune r&eacute;alit&eacute; dans la pratique m&eacute;dicale. Les individus ne vont consulter leur m&eacute;decin qu&rsquo;en cas de complication li&eacute;e &agrave; une piqure. C&rsquo;est le constat de ce m&eacute;decin interrog&eacute; &agrave; Pornic &laquo; Ici dans le coin il y a des moustiques, on se fait piquer parfois mais ce n&rsquo;est pas un probl&egrave;me, personne n&rsquo;en parle. Et il n&rsquo;y a pas de plainte &raquo;.<br /> Le niveau de connaissances sur les maladies vectorielles et notamment sur la question de la transmission reste limit&eacute;. Ce r&eacute;sultat est diff&eacute;rent du sud de la France o&ugrave; les m&eacute;decins faisaient &eacute;tat d&rsquo;une g&ecirc;ne importante de leur client&egrave;le et montraient une meilleure connaissance des arboviroses (Vernazza-Licht et al., 2012).<br /> Les m&eacute;decins se disent d&eacute;j&agrave; tr&egrave;s occup&eacute;s par les pathologies de leurs patients et estiment que c&rsquo;est aux autorit&eacute;s sanitaires de g&eacute;rer ces questions qui pour eux sont du ressort de la sant&eacute; publique. Ils ont d&rsquo;ailleurs tendance &agrave; consid&eacute;rer que la question du tigre et/ou du chikungunya, est un ph&eacute;nom&egrave;ne m&eacute;diatique et exotique dans leur r&eacute;gion.<br /> En revanche, en mati&egrave;re de risque vectoriel ils s&rsquo;accordent sur le fait &laquo; qu&rsquo;ici on ne parle pas du tigre, les gens parlent beaucoup plus des tiques et de Lyme &raquo;. Les pharmaciens ont confirm&eacute; spontan&eacute;ment l&rsquo;inqui&eacute;tude des populations sur ces questions. Enfin, autour de la prise en charge m&eacute;dicale et des relations patients/m&eacute;decins ressort une probl&eacute;matique majeure, celle du manque de professionnels de sant&eacute; g&eacute;n&eacute;rant un &laquo; d&eacute;sert m&eacute;dical &raquo;, en particulier en Vend&eacute;e, situation qui participe &agrave; la marginalisation du questionnement sur le moustique et son risque sanitaire.</p> <p>&nbsp;&nbsp; &nbsp;Les pharmaciens d&rsquo;officine<br /> Chez les pharmaciens de ville la pr&eacute;sence des moustiques et leur nuisance sont appr&eacute;ci&eacute;es &agrave; partir des plaintes des clients et de l&rsquo;&eacute;tat des ventes de r&eacute;pulsifs (chacun consulte sur l&rsquo;ordinateur son &eacute;volution des ventes pour attester son discours).<br /> Ce sont surtout dans les zones des marais et sur le littoral, ainsi qu&rsquo;&agrave; Fontenay le Comte o&ugrave; est implant&eacute; l&rsquo;Aedes albopictus que les pharmaciens font &eacute;tat des probl&egrave;mes li&eacute;s la pr&eacute;sence du moustique. Quelques verbatim illustrent bien ce discours r&eacute;curent.<br /> &laquo; Les piqures de moustiques c&rsquo;est un conseil fr&eacute;quent chez nous, sur toute la c&ocirc;te, les gens se font bouffer, &hellip; &raquo; ;&nbsp;<br /> &laquo; Dans les marais bretons ce n&rsquo;est pas ce qui manque en mati&egrave;re de moustiques &raquo;.<br /> &laquo; On ne vend que &ccedil;a l&rsquo;&eacute;t&eacute; m&ecirc;me en bord de mer parce qu&rsquo;il y a des marais. Ils viennent acheter des produits avant et apr&egrave;s. &hellip;/ on vend plein de produits apr&egrave;s-piq&ucirc;re pour les grosses r&eacute;actions, on en vend &eacute;norm&eacute;ment l&rsquo;&eacute;t&eacute; &raquo; ;&nbsp;<br /> &laquo; Les gens viennent surtout pour des plaintes li&eacute;es aux moustiques, ils ont de grosses r&eacute;actions. Ils montrent des &laquo; grosses plaques endur&eacute;es &raquo;. L&rsquo;&eacute;t&eacute; c&rsquo;est &ccedil;a, souvent &raquo;.</p> <p>Certains pharmaciens expliquent que les clients en parlent, s&rsquo;interrogent, voire s&rsquo;inqui&egrave;tent &agrave; propos du moustique tigre et que la presse a un r&ocirc;le d&rsquo;amplification sur la peur &laquo; quand ils en entendent parler &agrave; la t&eacute;l&eacute;, ils viennent en parler au pharmacien m&ecirc;me s&rsquo;il n&rsquo;y a rien &raquo; r&eacute;sume un des pharmaciens interrog&eacute;s.</p> <p>S&rsquo;agissant de leur r&ocirc;le, les pharmaciens insistent n&eacute;anmoins sur l&rsquo;importance du conseil et leurs interactions avec les clients sur les moustiques (piq&ucirc;re, conseil pour les voyages). Ils se consid&egrave;rent g&eacute;n&eacute;ralement comme un &laquo; acteur de premi&egrave;re ligne &raquo; en mati&egrave;re de pr&eacute;vention.&nbsp;<br /> Concernant les produits r&eacute;pulsifs, les pharmaciens essaient d&rsquo;avoir un &eacute;ventail diversifi&eacute; des produits disponibles sur le march&eacute; &laquo; Dans le choix j&rsquo;essaie aussi d&rsquo;avoir toutes les mol&eacute;cules. Les gens veulent sous forme de spray &raquo; et certains privil&eacute;gient les produits mentionn&eacute;s &laquo; naturels &raquo;. Globalement le choix des produits dans les officines reste un choix financier.<br /> Les bracelets, r&eacute;put&eacute;s sans efficacit&eacute;, sont en vente dans la plupart des pharmacies et les pharmaciens expliquent que &laquo; les laboratoires disent qu&rsquo;ils sont efficaces &raquo;. Ce sont ces m&ecirc;mes laboratoires qui assurent, de mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, leur formation sur les produits et sur les m&eacute;dicaments.<br /> En milieu rural, certaines pharmacies vendent des produits r&eacute;pulsifs aux chasseurs en pr&eacute;vention des tiques et insectes piqueurs mais en particulier pour leurs chiens (produits v&eacute;t&eacute;rinaires).<br /> Interrog&eacute;s sur les probl&egrave;mes sp&eacute;cifiques de sant&eacute; sur leur secteur, les pharmaciens citent : l&rsquo;asthme, la toxicomanie, la maladie de Lyme et les tiques (les gens viennent se les faire enlever), le diab&egrave;te, l&rsquo;hypertension, la d&eacute;pression, beaucoup d&rsquo;allergies et soul&egrave;vent le probl&egrave;me du contexte de prise en charge de la sant&eacute; dans leur zone consid&eacute;r&eacute;e par eux comme un &laquo; d&eacute;sert m&eacute;dical &raquo;.</p> <p>&nbsp;&nbsp; &nbsp;Le r&ocirc;le des acteurs institutionnels (EID, ARS, collectivit&eacute;s)<br /> Un changement r&eacute;glementaire important est &agrave; signaler (d&eacute;cret de mars 2019). Ce sont d&eacute;sormais les Agences R&eacute;gionales de Sant&eacute; (ARS) qui g&egrave;rent la LAV, les d&eacute;partements prenant en charge seulement la d&eacute;moustication pour les nuisances occasionn&eacute;es par des esp&egrave;ces qui ne sont pas vectrices de maladie.<br /> Nos entretiens mettent en &eacute;vidence que cette nouvelle r&eacute;partition r&eacute;glementaire se traduit par une absence de solidarit&eacute; entre d&eacute;partements et des cons&eacute;quences sur la qualit&eacute; de l&rsquo;assistance technique et la formation notamment. Chaque acteur joue son r&ocirc;le et g&egrave;re &laquo; son risque &raquo;, mais sans r&eacute;elle collaboration et le r&ocirc;le de la pr&eacute;fecture para&icirc;t tr&egrave;s lointain.&nbsp;<br /> Dans ce nouveau contexte il appara&icirc;t clairement que l&rsquo;Entente d&eacute;partementale de d&eacute;moustication (EID) Atlantique avait une r&eacute;elle expertise scientifique fond&eacute;e sur une &eacute;thique de la gestion des moustiques, une bonne connaissance du terrain et de l&rsquo;&eacute;volution des produits et qu&rsquo;en plus de ses op&eacute;rations techniques de d&eacute;moustication, elle jouait un r&ocirc;le dans l&rsquo;information des populations et des collectivit&eacute;s en particulier.&nbsp;</p> <p><br /> &bull;&nbsp;&nbsp; &nbsp;Enqu&ecirc;tes quantitatives men&eacute;es aupr&egrave;s des professionnels de sant&eacute;&nbsp;</p> <p>L&rsquo;enqu&ecirc;te par questionnaire men&eacute;e aupr&egrave;s des m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes et pharmaciens de Loire-Atlantique et Vend&eacute;e montre qu&rsquo;une part importante de ces professionnels - pr&egrave;s de la moiti&eacute; des pharmaciens et plus de la moiti&eacute; des m&eacute;decins - consid&egrave;rent que le risque de survenue dans les 10 prochaines ann&eacute;es d&rsquo;une &eacute;pid&eacute;mie locale de dengue, zika ou chikungunya (pathologies possiblement transmises par le moustique tigre) est faible.&nbsp;<br /> Fig.1 Probabilit&eacute; de survenue d&rsquo;une &eacute;pid&eacute;mie dans les dix prochaines ann&eacute;es dans le d&eacute;partement d&rsquo;exercice, selon les m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes et pharmaciens enqu&ecirc;t&eacute;s<br /> &nbsp; &nbsp;<br /> Source : Enqu&ecirc;te sur les pratiques et logiques d&rsquo;action des m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes et pharmaciens en mati&egrave;re de lutte antivectorielle en 44 et 85 (nov. 2019). Exploitation ORS Pays de la Loire</p> <p>Interrog&eacute;s sur leur pratiques et perceptions concernant les diff&eacute;rentes m&eacute;thodes de lutte antivectorielle au niveau local, m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes et pharmaciens semblent :<br /> - r&eacute;pondre diff&eacute;remment concernant leurs pratiques de conseil en mati&egrave;re de lutte contre les piq&ucirc;res de moustiques mais&nbsp;<br /> - consid&eacute;rer les m&eacute;thodes de protection collectives m&eacute;caniques (&eacute;liminer ou couvrir tous les lieux ou objets susceptibles de contenir des eaux stagnantes, installation de moustiquaires aux fen&ecirc;tres&hellip;) comme les moyens les plus adapt&eacute;s localement. &nbsp;<br /> Ils sont par ailleurs peu nombreux &agrave; se sentir en premi&egrave;re ligne pour la transmission des conseils et recommandations en mati&egrave;re de lutte anti-vectorielle, et consid&egrave;rent majoritairement que les agences et autorit&eacute;s sanitaires sont les mieux plac&eacute;es pour cela.<br /> Toutefois m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes et pharmaciens pourraient constituer un r&eacute;seau mobilisable pour cette lutte, plus de 80 % d&rsquo;entre eux se disant int&eacute;ress&eacute;s par une formation &agrave; ce sujet.</p> <p><br /> &bull;&nbsp;&nbsp; &nbsp;Enqu&ecirc;te quantitative men&eacute;e aupr&egrave;s d&#39;un &eacute;chantillon issu de la population g&eacute;n&eacute;rale en Vend&eacute;e&nbsp;</p> <p>&nbsp;&nbsp; &nbsp;Pr&eacute;enqu&ecirc;te qualitative :&nbsp;<br /> L&rsquo;analyse met en avant un discours organis&eacute; en 5 classes th&eacute;matiques li&eacute;es &agrave; la communication/information (classe 1 ; 26,3%), au risque vectoriel (classe 5, 23,5%), &agrave; la gestion de l&rsquo;eau et &agrave; la biodiversit&eacute; (classe 4 ; 21,3%), aux comportements de protection via l&rsquo;utilisation de r&eacute;pulsifs (classe 2 ; 14,6%) ainsi qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;exposition et &agrave; la protection au domicile (classe 3 ; 14,2%). Le discours semble refl&eacute;ter un risque &eacute;mergent avec une certaine sensibilisation au risque (connaissance de ce dernier, des arboviroses, de la reproduction, de la pr&eacute;sence d&rsquo;Aedes albopictus en Vend&eacute;e) avec cependant des connaissances floues et relatives. Le discours concernant Aedes albopictus est en effet bien souvent appuy&eacute; par l&rsquo;illustration, ou la confusion, avec d&rsquo;autres &laquo; esp&egrave;ces nuisibles &raquo; comme le frelon asiatique. L&rsquo;exposition per&ccedil;ue au moustique tigre semble finalement assez faible dans l&rsquo;environnement proche. Il appara&icirc;t comme un d&eacute;sagr&eacute;ment et non un v&eacute;ritable risque. Le risque semble relativis&eacute; que ce soit par rapport &agrave; un ailleurs (Guadeloupe, Sud de la France), &agrave; d&rsquo;autres risques (voiture, cancer, Lyme) ou &agrave; d&rsquo;autres nuisances (mouches). L&rsquo;analyse r&eacute;v&egrave;le une organisation du corpus selon 4 facteurs structurants. Le premier (31,41%) diff&eacute;rencie les classes 4, 3 et 2, des classes 1 et 5, r&eacute;v&eacute;lant une opposition entre ce qui rel&egrave;ve d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; des comportements et du v&eacute;cu dans l&rsquo;environnement (exposition et comportements de protection) et de l&rsquo;autre, des savoirs et perception du risque (communication et connaissances du risque vectoriel). Le second (24,81%), oppose des &eacute;l&eacute;ments de contexte (communication, environnement) &agrave; des &eacute;l&eacute;ments li&eacute;s au risque vectoriel et aux comportements de protection (comportements de protection, exposition et risque vectoriel).&nbsp;</p> <p>Figure 1 : R&eacute;sultats de l&rsquo;analyse descendante<br /> &nbsp;hi&eacute;rarchique &nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;Figure 2 : R&eacute;sultats de l&rsquo;AFC<br /> &nbsp;&nbsp;</p> <p><br /> &nbsp;&nbsp; &nbsp;Etude quantitative</p> <p>Connaissance du MT : &nbsp;Quatre-vingt-cinq % des participants ont d&eacute;j&agrave; entendu parl&eacute; du MT (Moustique tigre), 72% pensent qu&rsquo;il est pr&eacute;sent en Vend&eacute;e, et 38,4% pr&egrave;s de leur logement. Les personnes qui vivent en zone littorale et Rurale Sud jugent plus que le MT est pr&eacute;sent aux environs du logement (CHI2=10.6, p=.014). 80,5 % des participants pensent que le MT peut transmettre une ou des maladies en Vend&eacute;e, et 64% pr&egrave;s de leur logement. Les r&eacute;sultats r&eacute;v&egrave;lent donc une connaissance de la pr&eacute;sence du MT en Vend&eacute;e malgr&eacute; son caract&egrave;re &eacute;mergent, ainsi qu&rsquo;une perception du risque vectoriel en Vend&eacute;e pour la majorit&eacute; des participants.</p> <p>Exposition au MC et au MT : Les participants se disent peu g&ecirc;n&eacute;s par le MC (Moustique commun) au quotidien (score de 3,3 sur 10). Le score de g&ecirc;ne est n&eacute;anmoins significativement plus &eacute;lev&eacute; sur la zone littorale. 23,6% pensent qu&rsquo;ils ont d&eacute;j&agrave; vu un MT en Vend&eacute;e, et 19,3% pr&egrave;s de leur logement. 59,6 % pensent qu&rsquo;ils sont expos&eacute;s au MT en Vend&eacute;e et 50% pr&egrave;s de leur logement. Mais 80% pensent qu&rsquo;ils n&rsquo;ont jamais &eacute;t&eacute; piqu&eacute;s par un MT. Les r&eacute;sultats relatifs &agrave; l&rsquo;exposition per&ccedil;ue au MT r&eacute;v&egrave;lent une concordance entre une faible perception de la pr&eacute;sence du MT et un % &eacute;lev&eacute; de personnes qui pensent ne jamais avoir &eacute;t&eacute; piqu&eacute;es. Ceci est n&eacute;anmoins associ&eacute; pour pr&egrave;s de 60 % des participants au sentiment d&rsquo;&ecirc;tre expos&eacute;.</p> <p>Perception du risque : La perception du risque pour soi et ses proches face &agrave; la transmission de maladies par le MT est moyenne (score de 4,5 sur 10) et on n&rsquo;observe pas de diff&eacute;rence significative en fonction des zones. De m&ecirc;me, la probabilit&eacute; per&ccedil;ue de d&eacute;velopper une maladie associ&eacute;e au MT en Vend&eacute;e et aux abords du logement est moyenne (respectivement 4,7 et 4,2) et ind&eacute;pendante de la zone de r&eacute;sidence. 60,5 % des participants pensent qu&rsquo;il est possible de contracter l&rsquo;une des trois maladies en Vend&eacute;e, et 51,4% aux abords du logement. Par ailleurs, la gravit&eacute; per&ccedil;ue des maladies vectorielles associ&eacute;es au MT est importante (score de 8 sur 10).&nbsp;</p> <p>Les d&eacute;terminants des comportements de protection :<br /> Mesure dichotomique : Uniquement 29,7% des participants disent se prot&eacute;ger tr&egrave;s fr&eacute;quemment et fr&eacute;quemment des piqures des moustiques en &eacute;t&eacute; sur leur lieu de vie, 35,8% affirmant qu&rsquo;ils n&rsquo;utilisent pas de pratiques de protection. Une r&eacute;gression logistique men&eacute;e sur la variable d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t &laquo; comportement de protection vs pas de protection &raquo; montre que la fr&eacute;quence des piqures, la g&ecirc;ne occasionn&eacute;e, l&rsquo;exposition per&ccedil;ue aux environs du logement et la possibilit&eacute; d&rsquo;action contribuent &agrave; expliquer que les personnes se prot&egrave;gent contre les piqures de moustique.<br /> Mesure cat&eacute;gorielle : Afin d&rsquo;identifier les comportements utilis&eacute;s pour se pr&eacute;munir des piqures de moustique, et ceci sans induire de r&eacute;ponse, une question ouverte a &eacute;t&eacute; utilis&eacute;e. Le codage de cette question ouverte permet de cat&eacute;goriser les comportements en huit classes exclusives bas&eacute;es sur le croisements de cinq cat&eacute;gories : 1) insecticides/m&eacute;thodes chimiques (r&eacute;pulsifs &agrave; appliquer sur la peau ; spirales &agrave; br&ucirc;ler ; diffuseur &agrave; brancher ; insecticides &agrave; vaporiser&hellip;) ; 2) r&eacute;pulsifs &laquo; naturels &raquo; (huiles essentielles ; plantes anti-moustiques ; bougies citronnelles&hellip;) ; 3) m&eacute;thodes &laquo; m&eacute;caniques &raquo; (moustiquaires ; raquette &eacute;lectriques ; ventilateur ou climatisation&hellip;) ; 4) adaptation des comportements ( adapter sa tenue vestimentaire ; &eacute;viter de sortir durant les heures d&rsquo;activit&eacute; du moustique ; fermer les fen&ecirc;tres&hellip;) ; 5) gestion des points d&rsquo;eau (suppression des points d&rsquo;eau stagnantes ; couvrir les r&eacute;cipients r&eacute;cup&eacute;rateurs d&rsquo;eau, retirer les coupelles &hellip;). Les m&eacute;thodes &laquo; m&eacute;caniques &raquo;, l&rsquo;adaptation des comportements et la gestion des points d&rsquo;eau ont &eacute;t&eacute; regroup&eacute;s au sein d&rsquo;une cat&eacute;gorie &laquo; comportements pr&eacute;conis&eacute;s &raquo; par les organismes de sant&eacute;. Le croisement de ces 3 classes restantes permet de classer les participants en fonction de leurs pratiques : uniquement chimique ; chimique + &laquo; naturel &raquo; ; uniquement &laquo; naturel &raquo; ; uniquement pr&eacute;conis&eacute; ; pr&eacute;conis&eacute; + chimique ; pr&eacute;conis&eacute; + naturel ; rien ; pr&eacute;conis&eacute; + chimique + &laquo; naturel &raquo;. La distribution des fr&eacute;quences montre que 33.3% des participants disent ne pas se prot&eacute;ger. On enregistre un % &eacute;quivalent de personnes qui disent utiliser uniquement des m&eacute;thodes chimiques (17.8%) ou &laquo; naturelles &raquo; (17%), quand 22% des participants disent utiliser les m&eacute;thodes pr&eacute;conis&eacute;es seules ou associ&eacute;es.&nbsp;</p> <p>Tableau 1 : distribution des comportements de protection&nbsp;<br /> Tableau 2 : score de perception du risque en &nbsp; fonction du comportement<br /> &nbsp;&nbsp;</p> <p><br /> Le type de strat&eacute;gie utilis&eacute;e varie significativement avec le niveau de perception des risques (F = 4.27 ; p &lt; .001) : les individus qui n&rsquo;utilisent aucune strat&eacute;gie pour se pr&eacute;munir des moustiques ou de leurs piq&ucirc;res ont un niveau de perception des risques significativement plus faible que les autres, suivi par les individus utilisant des m&eacute;thodes naturelles, puis ceux utilisant les m&eacute;thodes pr&eacute;conis&eacute;es seules ou combin&eacute;es aux m&eacute;thodes &laquo; naturelles &raquo;. Le niveau de perception des risques augmente significativement pour les personnes qui utilisent les m&eacute;thodes chimiques seules ou combin&eacute;es.</p> <p>Attitudes &eacute;cocentr&eacute;es vs anthropocentr&eacute;es : Les participants pr&eacute;sentent une attitude plut&ocirc;t anthropocentr&eacute;e face &agrave; l&rsquo;existence du moustique (score moyen d&rsquo;attitude &eacute;cocentr&eacute;e de 3.23/10) ; plus cette attitude est &eacute;cocentr&eacute;e, moins la vuln&eacute;rabilit&eacute; per&ccedil;ue face aux maladies transmises par le MT est &eacute;lev&eacute;e (r = -0,102 ; p = 0.003). Par ailleurs, plus une personne est &eacute;cocentr&eacute;e plus elle pr&eacute;sente un score de coping &eacute;lev&eacute; centr&eacute; sur la minimisation du risque (r = 0,128 ; p &lt; 0.001). On rel&egrave;ve par ailleurs une attitude plus &eacute;cocentr&eacute;e quand on ne se prot&egrave;ge pas (F=6.21 ; p &lt;.001).</p> <p><br /> &bull;&nbsp;&nbsp; &nbsp;Enqu&ecirc;te qualitative aupr&egrave;s de la population g&eacute;n&eacute;rale en Loire Atlantique&nbsp;</p> <p>L&rsquo;analyse des rencontres des terrains et leur confrontation aux cadres th&eacute;oriques de la ph&eacute;nom&eacute;nologie a permis d&rsquo;&eacute;clairer en partie une approche de la pr&eacute;vention des risques et une mod&eacute;lisation des pratiques et des projections &eacute;voqu&eacute;es. Elle s&rsquo;est inspir&eacute;e du concept de &laquo; champ de forces &raquo; que Kurt Lewin (1997) utilisait pour caract&eacute;riser la psychologie sociale, permettant ainsi de mettre en avant les contradictions des acteurs porteurs ou non de rationalit&eacute;s existantes ou revendiqu&eacute;es. Beaucoup de discours provoqu&eacute;s ont revendiqu&eacute; la valeur sociale attribu&eacute;e &agrave; la raison. Sans que cela soit paradoxal, les contradictions apparentes ont &eacute;t&eacute; remises en question au cours des entretiens. Aux yeux des acteurs, elles ont constitu&eacute; autant de sources de stabilit&eacute; de l&rsquo;orientation de l&rsquo;activit&eacute; sociale, et de raisons de la permanence des rapports entre les &ecirc;tres vivants, ici les individus, Aedes albopictus (r&eacute;el ou pens&eacute;) et l&rsquo;environnement de chacun d&rsquo;eux.<br /> Les circonstances de recherche impos&eacute;es par la pand&eacute;mie attach&eacute;e au COVID 19, nous ont donn&eacute; l&rsquo;occasion de v&eacute;rifier l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t que repr&eacute;sente une approche pluridisciplinaire reposant sur deux concepts : le &laquo; social &raquo; tel que le d&eacute;finit Hannah Arendt, c&rsquo;est-&agrave;-dire le &laquo; monde v&eacute;cu &raquo; qu&rsquo;Edmund Husserl tente de sauver de l&rsquo;an&eacute;antissement que lui promet le triomphe des sciences en g&eacute;n&eacute;ral. Pour le &laquo; social &raquo;, la remarque d&rsquo; Hannah Arendt &agrave; propos du jeune Marx et de &laquo; son refus de prendre en compte l&rsquo;id&eacute;e selon laquelle la diff&eacute;rence entre la vie de l&rsquo;homme et celle de l&rsquo;animal est la ratio, ou la pens&eacute;e &raquo; fut particuli&egrave;rement document&eacute;e ; Pour le &laquo; monde v&eacute;cu &raquo;, la r&eacute;duction ph&eacute;nom&eacute;nologique (ἐ&pi;&omicron;&chi;ή) se devait d&rsquo;abandonner deux croyances : la possibilit&eacute; d&rsquo;une approche &laquo; naturelle &raquo; du monde, l&rsquo;&ecirc;tre humain &eacute;tant condamn&eacute; &agrave; prendre en compte les repr&eacute;sentations qu&rsquo;il s&rsquo;en fait ; le rejet, m&ecirc;me provisoire des abstractions que sont les sciences. Telles sont pour la ph&eacute;nom&eacute;nologie les conditions pour acc&eacute;der aux &laquo; choses m&ecirc;mes &raquo;. Beaucoup d&rsquo;entretiens expriment cette recherche chaotique. Pourtant, le constater pourrait aider &agrave; mettre fin &agrave; la rivalit&eacute; entre quantitatif et qualitatif r&eacute;gnante notamment au sein des sciences humaines et sociales.&nbsp;<br /> La recherche a enfin confirm&eacute; l&rsquo;importance d&rsquo;une r&eacute;flexion sur l&rsquo;usage des repr&eacute;sentations mentales comme &eacute;l&eacute;ments de compr&eacute;hension de l&rsquo;activit&eacute; de pr&eacute;vention, leur l&eacute;gitimit&eacute; et leur r&ocirc;le dans une orientation volontaire de celle-l&agrave;. Une remise en cause de ces repr&eacute;sentations, leur remplacement (possible ?) tend &agrave; imposer des orientations rationnelles de l&rsquo;activit&eacute; de pr&eacute;vention des risques. Pourtant, les id&eacute;es re&ccedil;ues et les dangers objectiv&eacute;s n&rsquo;entretiennent gu&egrave;re de rapports de causalit&eacute;. Ils alimentent des lectures du monde, et, si leur rapprochement inspire de nouvelles mani&egrave;res de faire, leur reconnaissance scelle l&rsquo;impossibilit&eacute; de r&eacute;duire la pr&eacute;vention &agrave; une intention instrumentale nourrie des seules sciences (Sciences et humaines et sociales comprises). Des connaissances objectiv&eacute;es des dangers mena&ccedil;ant la sant&eacute; humaine, les repr&eacute;sentations d&rsquo;une doxa admise touchant les risques identifi&eacute;s par ces connaissances, ne peuvent m&eacute;caniquement &ecirc;tre d&eacute;duites des repr&eacute;sentations particuli&egrave;res puis des activit&eacute;s de pr&eacute;vention sur lesquelles agir et dont les entretiens ont t&eacute;moign&eacute; de l&rsquo;existence active.&nbsp;</p> <p><br /> &nbsp;&nbsp; &nbsp;Discussion&nbsp;</p> <p>Nos r&eacute;sultats rejoignent en partie ceux mis en &eacute;vidence dans la litt&eacute;rature ciblant la question sur le littoral m&eacute;diterran&eacute;en. La plupart des travaux existant en France ont &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;s sur des zones du littoral m&eacute;diterran&eacute;en (Corse comprise) o&ugrave; le moustique tigre Aedes albopictus &eacute;tait d&eacute;j&agrave; pr&eacute;sent depuis plusieurs ann&eacute;es et parfois en densit&eacute; importante (Bley et al., 2017 ; Raude et al., 2012 ; Cardoso, 2016 ; Le Tyrant, 2015, 2019). Dans le sud, l&rsquo;expansion du moustique tigre n&rsquo;a pu &ecirc;tre arr&ecirc;t&eacute;e par les m&eacute;thodes de LAV et le moustique gagne progressivement le nord de l&rsquo;hexagone.&nbsp;<br /> En termes de connaissance et de perceptions du risque, nos r&eacute;sultats vont dans le m&ecirc;me sens que ce que l&rsquo;on retrouve dans la litt&eacute;rature (Raude et al., 2012 ; Molho et al., 2018). Les professionnels de sant&eacute; ne se diff&eacute;rencient pas de la population g&eacute;n&eacute;rale en termes de connaissance des modes et habitudes de vie du moustique tigre, ou des modalit&eacute;s de transmission des maladies qu&rsquo;il est susceptible de transmettre. 20 % seulement des m&eacute;decins ont connaissance de la n&eacute;cessit&eacute; des deux conditions (pr&eacute;sence locale du moustique tigre &laquo; ET &raquo; d&rsquo;une personne porteuse du virus ayant contract&eacute; la maladie au cours d&rsquo;un voyage en zone end&eacute;mique) pour initier une cha&icirc;ne de transmission et, &eacute;ventuellement, une &eacute;pid&eacute;mie. Une enqu&ecirc;te conduite aupr&egrave;s des g&eacute;n&eacute;ralistes dans les Bouches du Rh&ocirc;ne (Attan&eacute; et al, 2010) avait montr&eacute; que les m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes ne se diff&eacute;rencient pas de la population g&eacute;n&eacute;rale dans leur perception du risque sanitaire li&eacute; &agrave; l&rsquo;environnement.</p> <p>En population g&eacute;n&eacute;rale, comme chez les professionnels de sant&eacute;, les r&eacute;sultats r&eacute;v&egrave;lent une connaissance de la pr&eacute;sence du moustique tigre en Vend&eacute;e malgr&eacute; son caract&egrave;re &eacute;mergent, ainsi qu&rsquo;une perception du risque vectoriel pour la majorit&eacute; des participants. Dans la population g&eacute;n&eacute;rale, la perception du risque pour soi et ses proches face &agrave; la transmission de maladies par Aedes albopictus est moyenne, ainsi que la probabilit&eacute; per&ccedil;ue de d&eacute;velopper une maladie associ&eacute;e au moustique tigre en Vend&eacute;e. Concernant la vuln&eacute;rabilit&eacute; per&ccedil;ue, Bley et al. (2017) avaient d&eacute;j&agrave; montr&eacute; qu&rsquo;en 2012, dans le sud de la France, les individus se sentaient peu vuln&eacute;rables face &agrave; l&rsquo;Aedes albopictus mais que ce niveau de vuln&eacute;rabilit&eacute; semblait avoir augment&eacute; entre 2014 et 2015, en lien avec l&rsquo;augmentation de la nuisance per&ccedil;ue. Par ailleurs, nos r&eacute;sultats montrent que la gravit&eacute; per&ccedil;ue des maladies vectorielles associ&eacute;es &agrave; Aedes albopictus est importante pour la population comme pour les pharmaciens, ce point rejoignant les r&eacute;sultats d&rsquo;&eacute;tudes men&eacute;es en population g&eacute;n&eacute;rale dans des aires g&eacute;ographiques o&ugrave; le MT est implant&eacute;, mais non &eacute;pid&eacute;miques, depuis de nombreuses ann&eacute;es (Raude et al. 2012 ; Molho et al., 2018).&nbsp;</p> <p>Concernant les pratiques de protection de la population, on retrouve le lien d&eacute;j&agrave; identifi&eacute; dans la litt&eacute;rature (e.g. Raude et al. 2012) entre perception d&rsquo;exposition, fr&eacute;quence des piq&ucirc;res et pratiques de protection, le niveau de protection augmentant avec le sentiment d&rsquo;exposition et la fr&eacute;quence des piqures. Pour la mesure des pratiques de protection, nous avons choisi, de fa&ccedil;on originale, de les interroger sur la base d&rsquo;une question ouverte afin de limiter les biais g&eacute;n&eacute;r&eacute;s par la question ferm&eacute;e qui impose des choix au participants ; ces r&eacute;sultats restent n&eacute;anmoins auto-rapport&eacute;s. Ils montrent que la majorit&eacute; de la population n&rsquo;utilise pas les m&eacute;thodes pr&eacute;conis&eacute;es, leur pr&eacute;f&eacute;rant les protections chimiques seules ou associ&eacute;es &agrave; d&rsquo;autres types de protection. Molho et al (2018) ont identifi&eacute; les m&ecirc;mes r&eacute;sultats dans le cadre du Barom&egrave;tre Sant&eacute; 2016 en France m&eacute;tropolitaine. Nos r&eacute;sultats montrent &eacute;galement de fa&ccedil;on originale qu&rsquo;une part non n&eacute;gligeable de la population pr&eacute;f&egrave;re se tourner vers une protection consid&eacute;r&eacute;e comme &laquo; naturelle &raquo; (huiles essentielles ; citronnelle&hellip;). L&rsquo;adoption d&rsquo;une approche qualitative monographique a &eacute;galement confirm&eacute; l&rsquo;importance d&rsquo;une r&eacute;flexion sur l&rsquo;usage des repr&eacute;sentations mentales comme &eacute;l&eacute;ments de compr&eacute;hension de l&rsquo;activit&eacute; de pr&eacute;vention, leur l&eacute;gitimit&eacute; et leur r&ocirc;le dans une orientation volontaire de celle-l&agrave;.</p> <p>Les r&eacute;sultats de l&rsquo;enqu&ecirc;te qualitative aupr&egrave;s des professionnels mettent en lumi&egrave;re la faible communicabilit&eacute; entre les diff&eacute;rents acteurs de la LAV sur les territoires (ARS, op&eacute;rateurs de d&eacute;moustication), les collectivit&eacute;s, pr&eacute;fecture, les professionnels de sant&eacute;. Ils permettent &eacute;galement d&rsquo;identifier l&rsquo;absence d&rsquo;implication et d&rsquo;information des pharmaciens d&rsquo;officine et des param&eacute;dicaux dans le processus de LAV d&eacute;sormais (depuis 2019) pilot&eacute; par les ARS.</p> <p>Un certain nombre de r&eacute;sultats mettent en lumi&egrave;re, en population g&eacute;n&eacute;rale comme chez les professionnels de sant&eacute;, des &eacute;l&eacute;ments qui rel&egrave;vent du rapport &agrave; la nature et &agrave; l&rsquo;environnement, en lien avec les pratiques de protection et de LAV utilisant des produits chimiques (r&eacute;pulsifs, biocides). Ce rapport &agrave; la nature est mis en perspective avec les pratiques de protection et s&rsquo;actualise diff&eacute;remment en fonction des groupes et confirment des r&eacute;sultats obtenus sur le littoral m&eacute;diterran&eacute;en (Vernazza-Licht et al., 2012, 2013. Chez les pharmaciens, on observe par exemple un flou autour de la toxicit&eacute; des produits r&eacute;pulsifs vendus. Ceux-ci mettent en avant les conditions d&rsquo;autorisation de mise sur le march&eacute; des produits et s&rsquo;appuient sur cette r&eacute;glementation pour rappeler les protections d&rsquo;usage aux usagers, m&ecirc;me s&rsquo;ils &eacute;mettent quelquefois des doutes sur la toxicit&eacute; av&eacute;r&eacute;e du produit. En population g&eacute;n&eacute;rale, les entretiens men&eacute;s dans le cadre de la monographie mettent en lumi&egrave;re les raisons de la permanence des rapports entre les &ecirc;tres vivants, ici les individus, Aedes albopictus (r&eacute;el ou pens&eacute;) et l&rsquo;environnement. Les r&eacute;sultats de l&rsquo;&eacute;tude quantitative en population g&eacute;n&eacute;rale montrent en outre que les participants qui mettent en avant des attitudes pro-environnementales se sentent moins vuln&eacute;rables face aux maladies transmises par le moustique tigre, et on plus tendance &agrave; minimiser le risque. On rel&egrave;ve par ailleurs une attitude plus &eacute;cocentr&eacute;e chez les personnes qui ne se prot&egrave;gent pas.&nbsp;</p> <p>Nos r&eacute;sultats obtenus aupr&egrave;s des professionnels de sant&eacute; montrent &eacute;galement, en termes de jeux d&rsquo;acteurs, une faible voire une absence d&rsquo;interconnaissance entre les acteurs de l&rsquo;environnement et du sanitaire. On identifie en effet une faible capacit&eacute; en mati&egrave;re de diffusion de l&rsquo;information pertinente, sur les personnes susceptibles de recevoir cette information et une faible ad&eacute;quation avec le niveau d&rsquo;information de la population, tout ceci associ&eacute; &agrave; des changements r&eacute;glementaires qui imposent et limitent l&rsquo;action (les pharmaciens et les param&eacute;dicaux sont par exemple exclus du dispositif).&nbsp;<br /> Nos r&eacute;sultats am&egrave;nent donc &agrave; s&rsquo;interroger sur la r&eacute;partition des r&ocirc;les : la distinction existant actuellement entre les acteurs charg&eacute;s de la gestion de la nuisance environnementale et des acteurs en charge de la pr&eacute;vention et la gestion du risque sanitaire est-elle pertinente pour une gestion optimale du risque ?&nbsp;<br /> Du c&ocirc;t&eacute; de la population, nos r&eacute;sultats renouvellent l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de la prise en compte des perceptions et repr&eacute;sentations dans le cadre de la mise en place des politiques publiques de sant&eacute;. Les comportements de protection sont en effet tr&egrave;s d&eacute;pendants de la repr&eacute;sentation du risque et de la mani&egrave;re dont l&rsquo;individu envisage ses propres capacit&eacute;s &agrave; se prot&eacute;ger ou &agrave; pr&eacute;venir le risque.&nbsp;</p> <p><br /> &nbsp;&nbsp; &nbsp;Propos conclusif</p> <p>Nous avons mis en &eacute;vidence que sur ces deux d&eacute;partements o&ugrave; Aedes albopictus est encore peu pr&eacute;sent, les connaissances et les pratiques de pr&eacute;vention s&rsquo;inscrivent dans une dynamique territoriale infra d&eacute;partementale.&nbsp;<br /> Dans les socio-&eacute;cosyst&egrave;mes (marais et mar&eacute;es) o&ugrave; les populations sont expos&eacute;es &agrave; la nuisance culicidienne, celles-ci font &eacute;tat d&rsquo;une g&ecirc;ne plus importante, confirm&eacute;e par le discours des pharmaciens qui adaptent leur offre en produits r&eacute;pulsifs. On retrouve les m&ecirc;mes tendances dans les zones o&ugrave; le moustique tigre est implant&eacute; (Fontenay le Comte, 85). Ailleurs le danger est connu mais le risque n&rsquo;est pas per&ccedil;u, ni par les professionnels, ni par la population.<br /> Dans les territoires o&ugrave; le moustique tigre est r&eacute;cemment implant&eacute; et encore peu abondant, les r&eacute;sultats mettent en &eacute;vidence une faible perception du risque que ce soit chez les professionnels de sant&eacute; qui sont demandeurs de formation sur la question du moustique tigre, qu&rsquo;en population g&eacute;n&eacute;rale avec une perception du risque pour soi et ses proches peu &eacute;lev&eacute;e.&nbsp;<br /> On a aussi relev&eacute; la faiblesse de la prise en compte de la probl&eacute;matique environnement/sant&eacute; mise en &eacute;vidence par la distinction entre les intervenants charg&eacute;s de la LAV, ceux qui g&egrave;rent l&rsquo;aspect sanitaire et ceux qui g&egrave;rent la nuisance. Les tendances actuelles accentuent le foss&eacute; entre nuisance environnementale et risque sanitaire. La disparition, cons&eacute;cutive au d&eacute;cret de 2019, de l&rsquo;EID Atlantique est embl&eacute;matique de ce foss&eacute;.<br /> Par ailleurs, l&rsquo;exp&eacute;rience des territoires du sud ne semble pas avoir &eacute;t&eacute; comprise et adapt&eacute;e aux territoires nouvellement investis par le moustique tigre. Il n&rsquo;y a pas d&rsquo;anticipation au plan des institutions sanitaires (DGS/ARS, Pr&eacute;fecture) et le constat est qu&rsquo;ils ne pourront emp&ecirc;cher la progression du moustique tigre.&nbsp;</p> <p>Dans la poursuite des analyses issus de notre projet de recherche, on peut consid&eacute;rer que trois aspects devraient &ecirc;tre plus largement &eacute;tudi&eacute;s.&nbsp;<br /> D&rsquo;abord celui de mieux consid&eacute;rer le niveau d&rsquo;&eacute;chelle spatiale dans la caract&eacute;risation du risque. Comment mettre en lien politique et acteurs nationaux et politique et acteurs locaux qui ont une connaissance du terrain ?<br /> Ensuite, en mati&egrave;re de communication, il faudrait engager une r&eacute;flexion sur les messages &eacute;crits et visuels utilis&eacute;s dans la LAV &agrave; destination des populations . Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;un message sanitaire ? Quels sont les producteurs, les destinataires, les r&eacute;seaux d&rsquo;information et de transmission, quels impacts et quels retours sur les incompr&eacute;hensions et interrogations ?<br /> Enfin, il nous semble n&eacute;cessaire de r&eacute;fl&eacute;chir au risque vectoriel afin de diff&eacute;rencier le risque vectoriel de la nuisance et le risque vectoriel moustique tigre des autres risques vectoriels ou sanitaires li&eacute;s &agrave; l&rsquo;environnement.</p> <p>Bibliographie</p> <p>Attan&eacute;, A., Bouchayer, F., Matte&iuml;, J.C., Langewiescge, K., Gruenais M.E., (2010) Attitudes et connaissances des m&eacute;decins g&eacute;n&eacute;ralistes face aux risques environmentaux. In Vernazza-Licht N., Gruenais, M.E., Bley D. (dir.), Soci&eacute;t&eacute;s, environnements, sant&eacute;. Marseille : IRD, 2010, p. 147-170. &nbsp;<br /> Bley, D., Pecaud, D., Raude, J.,Cardoso, E., Rougeyron, F. et al.. 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