<h2>Introduction</h2> <p>Le th&egrave;me de la pr&eacute;sente &eacute;tude a &eacute;t&eacute; construit &agrave; partir de trois constats majeurs. Le premier constat a &eacute;t&eacute; fait en parcourant la litt&eacute;rature sur le militantisme environnemental en g&eacute;n&eacute;ral et le second en observant sa pratique dans les milieux urbains d&eacute;favoris&eacute;s des PED d&rsquo;Afrique subsaharienne. Le premier exercice a permis de relever que, dans la litt&eacute;rature, les diff&eacute;rentes conceptions du militantisme environnemental sont tr&egrave;s globalisantes et r&eacute;gionalisant, ce qui ne permet pas &eacute;videmment de capter les r&eacute;alit&eacute;s et les sp&eacute;cificit&eacute;s des formes de citoyennet&eacute;, d&rsquo;engagement et d&rsquo;agir sociospatial/moral v&eacute;cues et pratiqu&eacute;es sur le terrain par les populations d&eacute;favoris&eacute;es en milieu urbain d&eacute;favoris&eacute;s des PED en g&eacute;n&eacute;ral, et ceux du Cameroun en particulier. Le second exercice, r&eacute;alis&eacute; donc &agrave; partir des observations de terrain, a permis de conforter le premier constat, en faisant remarquer qu&rsquo;il est impossible, pour les d&eacute;favoris&eacute;s, de pratiquer le&nbsp;militantisme environnemental &laquo;&nbsp;&agrave; l&rsquo;occidental&nbsp;&raquo;, tel qu&rsquo;il est formalis&eacute; et promu dans la litt&eacute;rature. En effet, ce dernier y est d&eacute;fini et analys&eacute; &agrave; travers une dimension contestataire qui s&rsquo;int&eacute;resse aux revendications politiques sur les enjeux de protection de la nature et le questionnement du d&eacute;veloppement des soci&eacute;t&eacute;s industrialis&eacute;es, et &agrave; travers une dimension associative qui &eacute;tudie les th&eacute;matiques comme la lutte contre un projet d&rsquo;am&eacute;nagement, pour une meilleure qualit&eacute; de vie, un autre cadre de vie, un autre type de d&eacute;veloppement local, etc (Aspe C. et Jacqu&eacute; M., 2012). Or il est clair que, les populations d&eacute;favoris&eacute;es des PED, g&eacute;n&eacute;ralement &agrave; l&rsquo;origine de l&rsquo;am&eacute;nagement de leurs espaces urbains, tr&egrave;s souvent de fa&ccedil;on anarchique, ne sauraient pratiquer ce &laquo; militantisme environnemental de contestation&nbsp;&raquo; ou de &laquo;&nbsp;revendication&nbsp;&raquo;. Car cela pourrait purement et simplement avoir un effet pervers qui pourrait consister pour le politique, par exemple, &agrave; r&eacute;tablir l&rsquo;ordre en &laquo; enlevant &raquo; ces populations des sites non constructibles comme les zones mar&eacute;cageuses, les versants de collines et sites de mangroves, occup&eacute;s de fa&ccedil;on ill&eacute;gale, en marge des plans d&rsquo;occupation du sol. Le dernier constat, est celui de la &#39;&#39;n&eacute;gligence&#39;&#39;, voire la non prise en compte de la dimension culturelle ou spirituelle par le militantisme environnemental, en g&eacute;n&eacute;ral, &agrave; l&#39;&eacute;chelle du globe. Les &#39;&#39;revendications&#39;&#39; et &#39;&#39;contestation&#39;&#39; sont r&eacute;alis&eacute;es autour du continuum &eacute;conomie-environnement, laissant l&#39;impression d&#39;une uniformit&eacute; ou d&#39;une universalit&eacute; des enjeux environnementaux, alors qu&#39;en r&eacute;alit&eacute;, ce qui marque souvent l&#39;originalit&eacute; d&#39;une soci&eacute;t&eacute; par rapport &agrave; une autre, c&#39;est son culturel, son spirituel, son magico-religieux, g&eacute;n&eacute;ralement en &eacute;troite connexion avec le milieu naturel.</p> <p>C&rsquo;est cette situation qui a amen&eacute; &agrave; d&eacute;gager un certain nombre de questionnement qui ont finalement abouti &agrave; l&rsquo;&eacute;laboration de ce sujet de recherche. A cet effet, trois questions essentielles se d&eacute;gagent&nbsp;: l&rsquo;impossibilit&eacute;, pour les populations d&eacute;favoris&eacute;es des PED de pratiquer dans leurs espaces le militantisme environnemental dans ses dimensions revendicative et contestataire signifie-t-il que ces populations ne sont pas sensibles ou pr&eacute;occup&eacute;es par les enjeux environnementaux et n&rsquo;y participent pas&nbsp;? Sinon, quelles sont les formes de citoyennet&eacute;, d&rsquo;engagement et d&rsquo;agir sociospatial v&eacute;cues et pratiqu&eacute;es par ces populations et comment peut-on les qualifier/caract&eacute;riser&nbsp;? Quelles sont les pesanteurs qui participent &agrave; l&rsquo;inefficacit&eacute; et &agrave; l&rsquo;inefficience de ces actions&nbsp;?</p> <p>Il appara&icirc;t ainsi clairement que l&rsquo;enjeu majeur de cette &eacute;tude consiste, avant tout, &agrave; formaliser et caract&eacute;riser un paradigme du militantisme environnemental capable de permettre une plus grande lisibilit&eacute; scientifique et une plus profonde compr&eacute;hensibilit&eacute; et efficacit&eacute; des formes de citoyennet&eacute;, d&rsquo;engagement et d&rsquo;agir sociospatial/moral pratiqu&eacute;s par les d&eacute;favoris&eacute;s face aux probl&egrave;mes environnementaux courants dans leurs milieux, de mettre en exergue les diff&eacute;rents aspects et formes de ces engagements et de ressortir leurs pesanteurs.</p> <p>La structure du manuscrit est articul&eacute;e autour de trois points essentiels: la pr&eacute;sentation du mat&eacute;riel et de la m&eacute;thode, l&#39;expos&eacute; des r&eacute;sultats, et la discussion.&nbsp; &nbsp;&nbsp;</p> <h2>Mat&eacute;riel et m&eacute;thode</h2> <h3>Justification du choix de la zone de l&rsquo;&eacute;tude</h3> <p>Pour permettre une &eacute;tude approfondie, il a &eacute;t&eacute; n&eacute;cessaire de trouver une unit&eacute; administrative, au Cameroun, qui fournisse une occasion d&rsquo;explorer les diverses dimensions de la probl&eacute;matique &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle des PED. Dans cet optique, le choix a &eacute;t&eacute; port&eacute; sur l&rsquo;arrondissement de Douala IV (Bonab&eacute;ri) et plusieurs raisons expliquent ce choix. En effet, cet arrondissement, qui appartient lui-m&ecirc;me au grand ensemble&nbsp;Communaut&eacute; Urbaine de Douala (CUD), conna&icirc;t une coexistence entre une fa&ccedil;ade industrielle et la ville portuaire qui dessert un arri&egrave;re-pays &eacute;largi au Nord-Cameroun, au Tchad et &agrave; la R&eacute;publique Centrafricaine. Cette situation g&eacute;ographique lui permet ainsi d&rsquo;exercer une v&eacute;ritable attraction sur les populations de plusieurs r&eacute;gions du pays ainsi que des pays voisins, avec pour retomb&eacute;e, l&rsquo;&eacute;volution tentaculaire de l&rsquo;espace habit&eacute;&nbsp;; une &eacute;volution souvent incontr&ocirc;l&eacute;e d&eacute;veloppant des quartiers pr&eacute;caires et insalubres, v&eacute;ritables foyers de populations d&eacute;favoris&eacute;es. Douala IV jouit ainsi d&rsquo;une position g&eacute;ographique qui le dote d&rsquo;une population non seulement importante en effectif mais &eacute;galement h&eacute;t&eacute;roclite dans sa composition, avec une forte emprise sociospatiale des groupes les plus d&eacute;favoris&eacute;s qui en font le &laquo;&nbsp;Cameroun en miniature&nbsp;&raquo; des probl&eacute;matiques li&eacute;es aux enjeux environnementaux en milieu urbain.</p> <p>&nbsp; &nbsp; &nbsp;&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;<img src="https://www.numerev.com/img/ck_2727_27_image1.png" style="width: 450px; height: 531px;" /></p> <h5 style="text-align: center;"><strong><em>&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; Figure 1&nbsp;: Localisation de la zone d&rsquo;&eacute;tude</em></strong></h5> <h3>M&eacute;thodologie de la recherche&nbsp;</h3> <p>Pour atteindre le but de cette &eacute;tude, une d&eacute;marche de recherche d&rsquo;enqu&ecirc;te privil&eacute;giant la pluridisciplinarit&eacute; a &eacute;t&eacute; privil&eacute;gi&eacute;e. Il a ainsi &eacute;t&eacute; fait recours &agrave; plusieurs m&eacute;thodes de recherche&nbsp;: une abondante recherche documentaire d&eacute;di&eacute;e au militantisme en g&eacute;n&eacute;ral et au militantisme environnemental (&eacute;cologique) en particulier a &eacute;t&eacute; consult&eacute;e, dans les biblioth&egrave;ques et en ligne&nbsp;; une enqu&ecirc;te domiciliaire adoss&eacute;e sur un &eacute;chantillon de 960 m&eacute;nages interrog&eacute;s sur les probl&egrave;mes socio&eacute;cologiques les plus courants dans leurs milieux et les actions entreprises a &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;e&nbsp;; des focus group ont mis en interaction les membres des comit&eacute;s de sant&eacute; pour prioriser les probl&egrave;mes socio&eacute;cologiques identifi&eacute;s par les m&eacute;nages et clarifier les pesanteurs qui limitent l&rsquo;engagement&nbsp;; l&rsquo;observation participante a permis l&rsquo;immersion au sein des milieux d&eacute;favoris&eacute;s &agrave; travers le shadowing et l&rsquo;enqu&ecirc;te contextuelle pour vivre les pratiques&nbsp;; tandis que les entretiens avec les responsables de chaque Formation Leader (FOSA) de chaque aire de sant&eacute; (10 au total) et un responsable de la commune, ont permis de relever les avis sur les pesanteurs ou sur la faible implication des populations.</p> <p>Cette d&eacute;marche m&eacute;thodologique a permis de tisser les r&eacute;sultats qui suivent autour de trois points majeurs&nbsp;: La r&eacute;alisation d&rsquo;une inflexion paradigmatique pour le militantisme environnemental, &agrave; partir de l&rsquo;identification et de la caract&eacute;risation des formes de citoyennet&eacute;, d&rsquo;engagement et d&rsquo;agir sociospatial pratiqu&eacute;es par les populations d&eacute;favoris&eacute;s ; la lecture effective des formes de militantisme environnemental v&eacute;cues et pratiqu&eacute;es par ces populations et la mise en &eacute;vidence des pesanteurs qui limitent l&rsquo;effectivit&eacute; et l&rsquo;efficience des formes d&rsquo;action diagnostiqu&eacute;es.</p> <h2><strong>RESULTATS</strong></h2> <h3><strong>Le militantisme environnemental impliqu&eacute;, une inflexion paradigmatique pour le militantisme environnemental</strong></h3> <h4><strong>Contenu d&rsquo;un syntagme nominal novateur&nbsp;</strong></h4> <p>Le paradigme militantisme environnemental impliqu&eacute; a &eacute;t&eacute; formalis&eacute; &agrave; partir du diagnostic des &laquo;&nbsp;comportements environnementaux&nbsp;&raquo; pratiqu&eacute;s dans les milieux d&eacute;favoris&eacute;s des villes camerounaises, particuli&egrave;rement ceux de l&rsquo;arrondissement de Douala IV. Il d&eacute;signe ici l&rsquo;engagement et l&rsquo;agir sociospatial/moral dans le but d&rsquo;am&eacute;liorer substantiellement la qualit&eacute; des cadres de vie ou de minimiser ses impacts n&eacute;gatifs sur les milieux naturel et construit, dans le respect des r&eacute;alit&eacute;s socioculturelles sp&eacute;cifiques des espaces et territoires. Il s&rsquo;agit donc d&rsquo;un militantisme environnemental pratique et pratiqu&eacute;, d&rsquo;un militantisme d&rsquo;actions sociospatiales qui se d&eacute;marque de la simple logique de &laquo;&nbsp;r&eacute;volte&nbsp;&raquo;&nbsp;; d&rsquo;un militantisme environnemental &laquo;&nbsp;libre&nbsp;&raquo;, distanci&eacute; de son sens courant actuel qui le place directement en rapport avec les partis politiques et les syndicats dans lesquels les &laquo;&nbsp;militants&nbsp;&raquo; &laquo;s&rsquo;invitent dans un esprit de contestation et de r&eacute;sistance &agrave;&nbsp; l&rsquo;ordre &eacute;tabli, en d&eacute;non&ccedil;ant, s&rsquo;opposant et revendiquant&nbsp;&raquo; (Poirier, V. et Savard, S., 2015, p23)&nbsp;; en interpellant vigoureusement les pouvoirs publics, en pr&ocirc;nant&nbsp; des actions directes non violente de d&eacute;sob&eacute;issance civile. C&rsquo;est donc un militantisme environnemental de l&rsquo;ordre de la citoyennet&eacute;, du volontariat, d&eacute;di&eacute; &agrave; l&rsquo;am&eacute;lioration du cadre de vie, &agrave; la limitation de l&rsquo;impact n&eacute;gatif des hommes sur le milieu naturel et construit, &agrave; la (pr&eacute;)disposition &agrave; prendre en charge soi-m&ecirc;me son bien-&ecirc;tre sociospatial, ceci par la prise de conscience de sa propre responsabilit&eacute; dans la d&eacute;gradation de l&rsquo;environnement, la reconnaissance de la pr&eacute;sence d&rsquo;enjeux et risques environnementaux dans son milieu de vie, et l&rsquo;engagement &agrave; d&eacute;ployer des comportements environnementaux dans leurs sens.</p> <h4>Scientificit&eacute; de ce paradigme environnemental innovant</h4> <p>Le militantisme environnemental impliqu&eacute; se veut un objet scientifique pour plusieurs raisons. Au plan conceptuel, il vaut tout son pesant dans la mesure o&ugrave; il est d&eacute;j&agrave; des certitudes sur le&nbsp;fait que le militantisme avant d&rsquo;&ecirc;tre collectif, est avant tout, une donn&eacute;e individuelle. Ce sont particuli&egrave;rement les travaux, en science politique, men&eacute;s par Filleule (2001), sur la carri&egrave;re et l&rsquo;engagement individuel du militant, qui ont permis d&rsquo;&eacute;voluer vers cette logique. Ces travaux ont permis de noter que le militantisme n&rsquo;est pas &agrave; mettre uniquement en relation avec l&rsquo;interpr&eacute;tation des comportements collectifs et ne se d&eacute;finit pas non plus forc&eacute;ment par le fait d&rsquo;appartenir et de militer activement dans une organisation. Le militantisme n&rsquo;a plus, par cons&eacute;quent, uniquement un caract&egrave;re politique, associatif&nbsp;: il est d&rsquo;abord individu-centr&eacute;. De ce point de vue, sa finalit&eacute; n&rsquo;est plus simplement &eacute;troitement associ&eacute;e &agrave; la &laquo;&nbsp;lutte&nbsp;&raquo; et la &laquo;&nbsp;d&eacute;fense&nbsp;&raquo; d&rsquo;une cause ou d&rsquo;une id&eacute;e : on consid&egrave;re aussi d&eacute;sormais le militantisme comme une activit&eacute; sociale individuelle et dynamique ayant une dimension temporelle (Fillieule O, 2001&nbsp;; Fillieule, O. et Mayer N., 2001) et qui peut se trouver dans divers domaines d&rsquo;activit&eacute;s et sp&eacute;cialit&eacute;s. C&rsquo;est ainsi qu&rsquo;on entend aujourd&rsquo;hui parler de militantisme alimentaire et agricole, militantisme politique, &eacute;conomique, m&eacute;diatique, moral, &eacute;tudiant, etc. C&rsquo;est ce gain conceptuel, &eacute;largissant les dimensions du militantisme, qui nous autorise &agrave; formaliser et caract&eacute;riser les types de militantisme v&eacute;cus dans notre cadre d&rsquo;&eacute;tude, avec des mots propres et adapt&eacute;s.</p> <p>Au plan th&eacute;orique, Meva&rsquo;a Abomo (2017) a &eacute;labor&eacute; un cadre th&eacute;orique &laquo;&nbsp;soft&nbsp;&raquo; d&eacute;di&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;tude du militantisme, en formalisant la notion &laquo;&nbsp;d&rsquo;univers du militantisme&nbsp;&raquo;, ainsi que les &eacute;l&eacute;ments structuraux et fonctionnels qui permettent d&rsquo;articuler th&eacute;orie et pratique du militantisme. Ces &eacute;l&eacute;ments sont : les acteurs sociaux, l&rsquo;objet-militant, l&rsquo;enjeu-militant, l&rsquo;activisme et la temporalit&eacute;. Les acteurs sociaux correspondent &agrave; tous ceux qui interviennent dans le domaine de l&rsquo;environnement (les individus, les familles, les communaut&eacute;s, les institutions,...)&nbsp;; l&rsquo;objet-militant d&eacute;signe la r&eacute;alit&eacute; sociospatiale &agrave; probl&egrave;me (dans le cadre de cette &eacute;tude, il s&rsquo;agit de tout enjeu ou risque n&eacute;cessitant une action, par exemple une source de pollution, le manque de pont, le mauvais &eacute;tat des routes...)&nbsp;; l&rsquo;enjeu-militant est la finalit&eacute; des comportements d&eacute;ploy&eacute;s, notamment le bien-&ecirc;tre&nbsp;; l&rsquo;activisme correspond aux actions ou comportements environnementaux men&eacute;es pour assurer la transformation de l&rsquo;objet militant afin d&rsquo;atteindre l&rsquo;enjeu-militant. La temporalit&eacute; correspond &agrave; la p&eacute;riode o&ugrave; les actions sont men&eacute;es. Celles-ci ont un d&eacute;but et une fin et peuvent se reproduire perp&eacute;tuellement.&nbsp;</p> <p>A partir de ces acquis, nous consid&eacute;rons le militantisme environnemental impliqu&eacute;, en tant que fait scientifique, comme le produit de l&rsquo;articulation th&eacute;orique et pratique, dans le secteur de l&rsquo;environnement, des cinq composantes de l&rsquo;univers du militantisme nomm&eacute; en supra. En articulant effectivement ces composantes et ces approches, le militantisme environnemental impliqu&eacute; retrouve toute sa scientificit&eacute;, avec des r&eacute;sultats qui peuvent &ecirc;tre reproduits par d&rsquo;autres chercheurs dans des conditions similaires et des recommandations qui peuvent &ecirc;tre adapt&eacute;es chez d&rsquo;autres populations.</p> <h3>Caract&eacute;risation des formes de militantisme environnemental impliqu&eacute; &agrave; partir des comportements environnementaux des populations d&eacute;favoris&eacute;es</h3> <p>L&rsquo;articulation des cinq composantes de l&rsquo;univers du militantisme a permis d&rsquo;objectiver trois principales formes de militantisme environnemental impliqu&eacute;, &agrave; partir des comportements environnementaux pratiqu&eacute;s par les populations d&eacute;favoris&eacute;es dans leurs milieux de vie. Il s&rsquo;agit pr&eacute;cis&eacute;ment du militantisme environnemental spontan&eacute; ou volontaire, du militantisme environnemental &laquo;&nbsp;d&eacute;termin&eacute;&nbsp;&raquo; ou conditionn&eacute; et du militantisme environnemental &laquo;&nbsp;transcendant&nbsp;&raquo;.</p> <h4>Le militantisme environnemental spontan&eacute; ou volontaire</h4> <p style="text-align: justify;">Il est consacr&eacute; &agrave; l&rsquo;agir moral en mati&egrave;re environnemental, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; l&rsquo;accomplissement d&eacute;lib&eacute;r&eacute;, par son &laquo;&nbsp;bon vouloir&nbsp;&raquo;, d&rsquo;actes concrets en vue de solutionner un enjeux environnemental observ&eacute; ou v&eacute;cu. Ces actes correspondent &agrave; des comportements environnementaux d&eacute;ploy&eacute;s au sein des &icirc;lots ou au niveau des rues, et dont l&rsquo;accomplissement ou la r&eacute;alisation, &agrave; post&eacute;riori, rel&egrave;ve du ressors des municipalit&eacute;s. Le cas concret v&eacute;cu, dans les quartiers d&eacute;favoris&eacute;s de Douala IV, est relatif &agrave; la gestion des ordures/d&eacute;chets. En effet, face &agrave; l&rsquo;inefficacit&eacute; du syst&egrave;me de collecte mis en place par les autorit&eacute;s, les m&eacute;nages adoptent des moyens et strat&eacute;gies alternatifs afin d&rsquo;assurer la salubrit&eacute; de leurs espaces. La figure 2 ci-dessous r&eacute;sume la cha&icirc;ne des comportements adopt&eacute;s au niveau des rues, &agrave; Douala IV.&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;<img src="https://www.numerev.com/img/ck_2727_27_image.png" style="width: 800px; height: 382px;" /></p> <h5 style="text-align: center;"><strong>Figure 2&nbsp;: Cha&icirc;nes de comportements environnementaux spontan&eacute;s ou volontaires</strong></h5> <p>On constate que les comportements environnementaux d&eacute;ploy&eacute;s par les populations, au niveau des rues, se manifestent par le balayage, les d&eacute;frichages, la plantation d&rsquo;arbres et l&rsquo;entretien de jardin. On note aussi que les modes op&eacute;ratoires sont surtout tr&egrave;s vari&eacute;s. Il appert surtout qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;un militantisme consacr&eacute; aux objet-militant qui ne n&eacute;cessitent pas de moyens mat&eacute;riels et financiers colossaux et qui peuvent facilement &ecirc;tre jugul&eacute;s par les individus ou les familles par de gestes simples en faveur de l&rsquo;environnement.</p> <h4>Le militantisme environnemental &laquo;&nbsp;d&eacute;termin&eacute;&nbsp;&raquo; ou conditionn&eacute;&nbsp;</h4> <p>Il caract&eacute;rise l&rsquo;activisme et l&rsquo;engagement sociospatial impos&eacute;s aux populations par la &laquo;&nbsp;pression&nbsp;&raquo; de contraintes ext&eacute;rieures. Les contraintes qui ont &eacute;t&eacute; objectiv&eacute;es sont d&rsquo;ordre naturel et humain. Les observations de terrain ont montr&eacute; que les actions entreprises par les populations dans ce cas sont impos&eacute;es soit par le milieu physique, soit par les conditions sociospatiales de vie ou enfin par l&rsquo;administratif.</p> <h5>&nbsp; Le militantisme environnemental d&eacute;termin&eacute; par le milieu physique</h5> <p>Il traduit les formes d&rsquo;activisme ou d&rsquo;actions entreprises par les populations sous la contrainte de l&rsquo;influence des al&eacute;as ou ph&eacute;nom&egrave;nes naturels courants dans leurs milieux de vie. L&rsquo;al&eacute;a le plus courant observ&eacute; dans les quartiers d&eacute;favoris&eacute;s de Douala IV est l&rsquo;inondation et sa cause directe les pr&eacute;cipitations abondantes, particuli&egrave;rement en saison pluvieuse. Le tableau ci-dessous&nbsp;pr&eacute;sente quelques cas pratiques des comportements adopt&eacute;s pour att&eacute;nuer l&rsquo;impact de ce ph&eacute;nom&egrave;ne aussi bien sur l&rsquo;environnement que sur les enjeux humains, au-lieu de revendiquer ou de se r&eacute;volter simplement contre les autorit&eacute;s.&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <table> <tbody> <tr> <td> <h5 style="text-align: center;"><strong>GROUPES D&#39;ACTIONS OU DE COMPORTEMENTS ENVIRONNEMENTAUX FACE A L&#39;INONDATION</strong></h5> </td> <td> <h5 style="text-align: center;"><strong>MODES OPERATOIRES</strong></h5> </td> </tr> <tr> <td> <p>Creusement des tranch&eacute;es/rigoles</p> </td> <td> <p>Excavations afin d&rsquo;orienter les eaux dans un sens qui n&rsquo;affecterait pas les enjeux naturels et humains.&nbsp;</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Protection de la devanture des maisons</p> </td> <td> <p>Construction des &laquo;&nbsp;obstacles&nbsp;&raquo; (&agrave; base de divers mat&eacute;riaux tels que les planches, les murs en b&eacute;ton les remblais &agrave; l&rsquo;aide de la terre) afin de pr&eacute;server les enjeux humains.</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Curage du lit des cours d&rsquo;eau</p> </td> <td> <p>Nettoyage des berges (d&eacute;broussaillage, arbres morts, ...) ramassage des emb&acirc;cles constitu&eacute;s de d&eacute;bris et atterrissements, flottants ou non qui obstruent totalement le lit du cours d&rsquo;eau ou forment des barrages.&nbsp;</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Curage des caniveaux et eaux stagnantes</p> </td> <td> <p>Enl&egrave;vement des divers d&eacute;chets pour faciliter l&rsquo;&eacute;coulement des eaux&nbsp;</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Remblai des alentours de la maison en saison s&egrave;che</p> </td> <td> <p>El&eacute;vation de la surface des sols alentours des habitations &agrave; l&rsquo;aide des camions de terre.&nbsp;</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>Achat et usage des sacs pour endiguement</p> </td> <td> <p>Remplissage de sacs &agrave; l&rsquo;aide de sable et interposition de mani&egrave;re &agrave; constituer une barri&egrave;re au niveau du chemin reconnu comme &eacute;tant le couloir emprunt&eacute; par les eaux de ruissellement g&eacute;n&eacute;ratrices des inondations.</p> </td> </tr> </tbody> </table> <h5 style="text-align: center;"><strong>Tableau 1&nbsp;: Manifestations du militantisme environnemental d&eacute;termin&eacute; par l&rsquo;inondation</strong></h5> <p>Les donn&eacute;es de ce tableau attestent bien que les populations d&eacute;favoris&eacute;es ne restent pas amorphes face &agrave; l&rsquo;al&eacute;a inondation. Elles d&eacute;veloppent diverses strat&eacute;gies qui, bien que fragiles et parfois inop&eacute;rantes, aident &agrave; attester tout de m&ecirc;me le point de vue d&rsquo;un engagement sociospatial d&eacute;termin&eacute; par le milieu naturel.</p> <h5><strong>Le militantisme environnemental d&eacute;termin&eacute; par les conditions sociospatiales de vie</strong></h5> <p>Contrairement au militantisme environnemental spontan&eacute; qui a un caract&egrave;re individuel, ce militantisme est surtout &agrave; caract&egrave;re communautaire, avec des actions plus coordonn&eacute;es et int&eacute;gr&eacute;es. Car l&rsquo;&laquo;&nbsp;objet-militant&nbsp;&raquo; en jeu ici concerne un &icirc;lot ou un quartier. La situation-probl&egrave;me se pose ici en terme de pr&eacute;carit&eacute; ou d&rsquo;absence handicapant la vie et le fonctionnement de la communaut&eacute; telle que celle-ci ne saurait s&rsquo;en passer. C&rsquo;est le cas par exemple d&rsquo;un mauvais &eacute;tat de la route, de l&rsquo;absence ou manque d&rsquo;un pont. Dans ces situations, les communaut&eacute;s se concertent, se mobilisent et mobilisent des ressources pour prendre en charge l&rsquo;objet-militant. La planche photographique 1 ci-dessous pr&eacute;sente quelques actions r&eacute;alis&eacute;es par les populations d&eacute;favoris&eacute;es en faveur de l&rsquo;am&eacute;lioration des voies d&rsquo;acc&egrave;s.</p> <h5>&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;<img src="https://www.numerev.com/img/ck_2727_27_image12.png" style="height: 313px; width: 800px;" />&nbsp;</h5> <h5 style="text-align: center;">Planche photographique 1&nbsp;: Illustration de l&rsquo;engagement sociospatial des populations d&eacute;favoris&eacute;es face au mauvais &eacute;tat des routes.</h5> <p>On observe, &agrave; partir de cette planche, que les populations d&eacute;favoris&eacute;es se servent des sacs remplis de sable (A), construisent des franchissements &agrave; l&rsquo;aide des planches (B) ou se servent de pneus (C) lorsqu&rsquo;en saison pluvieuse les voies sont envahies par les eaux et deviennent impraticables. A d&eacute;faut, face aux nids, les voies sont remblay&eacute;es par de la terre, des lat&eacute;rites ou des cailloux (D).</p> <p>Face au manque de pont, le militantisme des d&eacute;favoris&eacute;s est plus pouss&eacute; que celui&nbsp;observ&eacute; face aux autres objets-militant, puisqu&rsquo;il s&rsquo;agit dans ce cas, d&rsquo;un probl&egrave;me &agrave; imp&eacute;ratif&nbsp;cat&eacute;gorique, c&rsquo;est-&agrave;-dire que les habitants ne peuvent faire autrement que de s&rsquo;investir, sinon le&nbsp;quartier, le bloc, l&rsquo;&icirc;lot ou le m&eacute;nage serait coup&eacute; du reste de la ville. C&rsquo;est compte tenu de cette&nbsp;consid&eacute;ration que le besoin en pont se traduit dans les quartiers d&eacute;favoris&eacute;s par une mobilisation&nbsp;g&eacute;n&eacute;rale des ressources et des &eacute;nergies. Cette mobilisation aboutit toujours &agrave; la mise en place&nbsp;d&rsquo;un &eacute;difice dont la taille varie selon les contextes, ainsi qu&rsquo;on peut l&rsquo;observer sur la planche photographique 2 qui suit.</p> <h5 style="text-align: center;">&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;&nbsp;<img src="https://www.numerev.com/img/ck_2727_27_image-20220928123634-3.png" style="width: 800px; height: 298px;" />&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;</h5> <h5 style="text-align: center;">Planche photographique 2&nbsp;: Illustration de l&rsquo;engagement sociospatial des d&eacute;favoris&eacute;s face au manque de pont</h5> <p>A partir de cette planche, on rel&egrave;ve que les ponts sont construits pour relier aussi bien les parcelles (photo A), les blocs (photo B) que les quartiers (photo C). Mais quel que soit la situation, on remarque que si la r&eacute;ponse est trouv&eacute;e &agrave; ce probl&egrave;me, cette r&eacute;ponse reste tout de m&ecirc;me fragile&nbsp;dans la mesure o&ugrave; les mat&eacute;riaux utilis&eacute;s se distinguent par leur pr&eacute;carit&eacute;, faisant de ces ponts de v&eacute;ritables dangers. Ces donn&eacute;es montrent surtout que la pr&eacute;carit&eacute; du cadre de vie par manque d&rsquo;un enjeu n&eacute;cessaire au bon fonctionnement des quartiers d&eacute;favoris&eacute;s ou par vuln&eacute;rabilit&eacute; d&rsquo;un enjeu, constitue un motif d&rsquo;activisme pouss&eacute; dans lequel presque la totalit&eacute; des habitants s&rsquo;engage et s&rsquo;investit.</p> <h5>Le militantisme environnemental conditionn&eacute; par les autorit&eacute;s ou militantisme environnemental normatif</h5> <p>Il s&rsquo;agit d&rsquo;un militantisme environnemental sollicit&eacute; et impos&eacute; aux populations par le gouvernement et les responsables locaux, &agrave; travers des structures et textes r&egrave;glementaires, qu&rsquo;ils utilisent comme moyens pour obliger les citoyens &agrave; respecter les lois nationales relatives &agrave; la pr&eacute;servation de l&rsquo;environnement naturel d&rsquo;une part, et &agrave; entretenir l&rsquo;environnement b&acirc;ti d&rsquo;autre part.&nbsp; En milieu urbain camerounais, les structures mises en place portent le nom de &laquo;&nbsp;comit&eacute;&nbsp;&raquo;. La figure 3 ci-dessous met en relief la structure institutionnelle des quartiers &agrave; Douala IV.</p> <h6 style="text-align: center;"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_2727_27_image13.png" style="width: 750px; height: 330px;" />&nbsp;&nbsp;</h6> <h6 style="text-align: center;">Source&nbsp;: Noubowo A. (2014) et enqu&ecirc;tes, 2020​​</h6> <h5 style="text-align: center;">Figure 3&nbsp;: Structure institutionnelle des quartiers de Douala IV</h5> <p>​Cette figure montre que les structures mises en place sont en nombre vari&eacute;&nbsp;: on distingue ainsi le comit&eacute; de d&eacute;veloppement de quartier, le comit&eacute; de sant&eacute;, le comit&eacute; d&rsquo;hygi&egrave;ne et salubrit&eacute;, le comit&eacute; de vigilance. Ces comit&eacute;s agissent, chacun dans un domaine pr&eacute;cis tel que leur nom l&rsquo;indique, pour am&eacute;liorer la vie des quartiers. L&rsquo;ensemble des structures est articul&eacute; autour d&rsquo;une entit&eacute; plus large&nbsp;: le conseil de quartier. Il s&rsquo;agit de l&rsquo;organe de concertation et de mise en coh&eacute;rence des actions et des acteurs autour des probl&egrave;mes de d&eacute;veloppement du quartier. C&rsquo;est &agrave; lui que revient le r&ocirc;le de promotion de la citoyennet&eacute; et de la d&eacute;mocratie locale par le regroupement des associations, des personnes ressources, des autorit&eacute;s municipales, du chef ainsi que des responsables des comit&eacute;s de quartiers autour des enjeux de d&eacute;veloppement du quartier. Organe reconnu par l&rsquo;Etat en terme de repr&eacute;sentation, il a aussi un r&ocirc;le de diagnostic des probl&egrave;mes prioritaires, de recommandation et de proposition aux autorit&eacute;s municipales et administratives mais aussi de relais d&rsquo;information entre l&rsquo;autorit&eacute; municipale, les partenaires au d&eacute;veloppement et les populations.&nbsp;</p> <p>En plus de ces structures institutionnelles, plusieurs lettres circulaires ont &eacute;t&eacute; sign&eacute;s par le minist&egrave;re de l&rsquo;administration territoriale et le minist&egrave;re de l&rsquo;urbanisme et de l&rsquo;habitat pour justement cr&eacute;er les conditions de possibilit&eacute; de l&rsquo;agir moral en mati&egrave;re environnemental. On peut citer entre autre la lettre circulaire N&deg;00640/LC/MINAT/ DCTD DU 04 avril 2000 portant restauration de l&#39;hygi&egrave;ne et de la salubrit&eacute; publiques et la lettre circulaire N&deg;1430/LC/MINAT/DCTD DU 7 JUIN 2001 portant p&eacute;rennisation de la campagne nationale d&#39;hygi&egrave;ne et de salubrit&eacute; publiques.</p> <h4>Le militantisme environnemental &laquo;&nbsp;transcendant&nbsp;&raquo;</h4> <p>Il s&rsquo;agit ici d&rsquo;un syntagme nominal inscrit dans la logique de la &laquo; g&eacute;ographie transcendante &raquo;, un paradigme n&eacute;ologique de la science g&eacute;ographique qui recommande de g&eacute;ographier de fa&ccedil;on inclusive au-del&agrave; et en de&ccedil;&agrave; de l&rsquo;objet. La pratique consiste &agrave; &eacute;tudier d&rsquo;une part les ph&eacute;nom&egrave;nes g&eacute;ographiques empiriques, pratiques et concrets en questionnant leurs ressorts, tenants et causes invisibles, immat&eacute;riels et spirituels et d&rsquo;autre part &eacute;tudier les ph&eacute;nom&egrave;nes invisibles, abstraits, culturels et spirituels &agrave; travers leurs manifestations visibles et mat&eacute;riels (ASSAKO ASSAKO, 2020).</p> <p>Dans la logique de la &laquo;&nbsp;g&eacute;ographie transcendante&nbsp;&raquo;, nous avons ainsi formalis&eacute; ce n&eacute;ologisme pour traduire la n&eacute;cessit&eacute; de tenir compte des sp&eacute;cificit&eacute;s socioculturelles des espaces et territoires dans le cadre des probl&eacute;matiques li&eacute;es &agrave; la pr&eacute;servation/protection de l&#39;environnement, bref &agrave; prendre en compte le spirituel et le magico-religieux dans les probl&eacute;matiques de militantisme environnemental en g&eacute;n&eacute;ral. Le militantisme environnemental &laquo;&nbsp;transcendant&nbsp;&raquo; d&eacute;signe ainsi l&rsquo;engagement sociospatial visant &agrave; promouvoir, &agrave; sauvegarder ou &agrave; pr&eacute;server les &laquo; mati&egrave;res &raquo; sociospatiales ayant une valeur traditionnelle, culturelle et/ou spirituelle en milieu urbain. Les &laquo;&nbsp;mati&egrave;res sociospatiales&nbsp;&raquo; dont il est question ici, sont en r&eacute;alit&eacute; des faits &laquo;&nbsp;banales&nbsp;&raquo; mais qui ont pourtant un poids et une valeur spirituelle qu&rsquo;aucune consid&eacute;ration ne saurait &eacute;galer dans la ville&nbsp;: ce peut &ecirc;tre les berges de cours d&rsquo;eau, les clairi&egrave;res, les for&ecirc;ts sacr&eacute;es, les cases, les monuments ou tout autre patrimoine constituant une centralit&eacute; socio-spirituelle ou une identit&eacute; inscrite dans l&rsquo;urbanit&eacute;.</p> <p>Cette forme de militantisme appara&icirc;t surtout pour nous comme un appel &agrave; une plus grande prise de conscience de l&rsquo;importance que rev&ecirc;t ces &laquo;&nbsp;mati&egrave;res&nbsp;&raquo; aussi bien d&rsquo;un point de vue environnemental que socio&eacute;conomique. Car la situation en milieu urbain camerounais montre plut&ocirc;t une n&eacute;gligence assortie de graves atteintes contre ces donn&eacute;es sociospatiales aux valeurs inestimables. Le cas le plus patent &agrave; Douala est le site du Ngondo (planche photographique 3).&nbsp;</p> <p>&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;&nbsp;<img src="https://www.numerev.com/img/ck_2727_27_image-20220928123634-5.png" style="height: 365px; width: 800px;" />&nbsp; &nbsp; &nbsp;</p> <h5>&nbsp;Planche photographique 3&nbsp;: De l&rsquo;ancien au nouveau site du Ngondo&nbsp;: un cas d&rsquo;atteinte &agrave; la &laquo;&nbsp;centralit&eacute; socio-spirituelle&nbsp;&raquo; en milieu urbain.</h5> <p>Cette planche photographique montre que, le site du Ngondo, l<span lang="FR-CM" style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">ieu o&ugrave; s&rsquo;assure la r&eacute;conciliation entre les peuples Sawa et les esprits et lieu de rites&nbsp;&agrave; vocation spirituelle ou th&eacute;rapeutique,&nbsp;</span></span></span>a perdu totalement sa valeur. En effet, ce site&nbsp;originellement entretenu, autrefois am&eacute;nag&eacute; de bancs publics et ayant une forte valeur touristique, (photo A) et visit&eacute; presque tous les jours aussi bien par les populations locales que par les &eacute;trangers (Photo B), a &eacute;t&eacute; totalement occup&eacute; par une cimenterie (Photo C) du fait d&rsquo;un d&eacute;ficit de militantisme environnemental &laquo;&nbsp;transcendant&nbsp;&raquo;. Le glissement du site en contre bas de la rive du fleuve Wouri, pourtant seulement &agrave; une centaine de m&egrave;tres, constitue aujourd&rsquo;hui un facteur de vuln&eacute;rabilit&eacute; et de perte de valeur culturelle et de l&rsquo;enjeu de la &laquo;&nbsp;f&ecirc;te&nbsp;&raquo; (?), dans la mesure o&ugrave; le site actuel n&rsquo;est qu&rsquo;un espace abandonn&eacute; &agrave; la merci de l&rsquo;ensablement, de la v&eacute;g&eacute;tation &laquo;&nbsp;sauvage&nbsp;&raquo;, de l&rsquo;&eacute;rosion, et n&rsquo;est plus usit&eacute; qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;occasion effective des c&eacute;r&eacute;monies. Bref il s&rsquo;agit d&eacute;sormais d&rsquo;un site qui a perdu sa charge symbolique et sa &lsquo;&lsquo;valeur&rsquo;&rsquo; (Photo D). Pourtant, le respect du principe de la &laquo;&nbsp;protection naturelle&nbsp;&raquo; aurait non seulement permis la sauvegarde de cet espace qui constitue un h&eacute;ritage ancestral s&eacute;culaire pour le peuple Sawa, mais aussi, l&rsquo;aurait mis &agrave; l&rsquo;abris des ph&eacute;nom&egrave;nes de pollution, d&rsquo;envasement et d&rsquo;&eacute;rosion tous azimuts observ&eacute;s actuellement sur ce site.</p> <h3>Mise en &eacute;vidence des pesanteurs limitant l&rsquo;accomplissement des formes de militantisme environnemental diagnostiqu&eacute;es</h3> <p>Sous la lentille holistico-syst&eacute;mique, on distingue les facteurs environnementaux, les facteurs d&eacute;mographiques, les facteurs &eacute;ducationnels et les facteurs institutionnels.</p> <h4>Les facteurs environnementaux&nbsp;: Un militantisme environnemental &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve du combat du possibilisme contre le d&eacute;terminisme</h4> <p>Le d&eacute;terminisme g&eacute;ographique correspond commun&eacute;ment au point de vue selon lequel, l&#39;explication des r&eacute;partitions des activit&eacute;s et des comportements des groupes humains se trouve dans l&#39;ensemble des potentialit&eacute;s et des contraintes n&eacute;es de la combinaison des &eacute;l&eacute;ments du milieu naturel (Dollfus Olivier, 1985). Il accorde donc une place pr&eacute;pond&eacute;rante au milieu naturel dans l&#39;analyse et l&#39;explication des soci&eacute;t&eacute;s et veut que les activit&eacute;s humaines soient d&eacute;termin&eacute;es m&eacute;caniquement par le milieu physique (Tchuikoua, B., 2010). Le possibilisme g&eacute;ographique d&eacute;velopp&eacute; par Paul Vidal de la Blache (1845-1918), par contre cherche &agrave; nuancer les approches d&eacute;terministes en montrant que l&rsquo;homme &agrave; travers son ing&eacute;niosit&eacute;, peut surmonter les contraintes qui peuvent lui &ecirc;tre impos&eacute;es par le milieu naturel en s&rsquo;installant n&rsquo;importe o&ugrave;. Les donn&eacute;es de notre enqu&ecirc;te montrent que, si &agrave; travers le possibilisme les populations d&eacute;favoris&eacute;es ont pu s&rsquo;installer dans leurs divers milieux, en domptant notamment les zones de mangrove et les mar&eacute;cages reconnues pour leur fragilit&eacute;, cette &laquo;&nbsp;victoire&nbsp;&raquo; du possibilisme sur le d&eacute;terminisme, obtenue par ces populations lors de leur installation, n&rsquo;est en aucun cas d&eacute;finitivement acquise, dans la mesure o&ugrave; le d&eacute;terminisme dicte la plupart de leurs comportements environnementaux ainsi que les r&eacute;sultats obtenus. Les signatures sociospatiales de cet &eacute;chec du possibilisme sur le d&eacute;terminisme sont marqu&eacute;es par de multiples contraintes que le milieu impose &agrave; ces populations&nbsp;: les sols hydromorphes emp&ecirc;chent la possibilit&eacute; d&rsquo;agir efficacement sur les probl&egrave;mes d&rsquo;assainissement, aggravent les inondations&nbsp;; fragilisent, avec l&rsquo;apport des pr&eacute;cipitations, les infrastructures mises en place. Cette permanence de ces probl&egrave;mes jamais jugul&eacute;s malgr&eacute; tous les efforts consentis de fa&ccedil;on continue, traduit l&rsquo;impossibilit&eacute; de ces populations d&eacute;favoris&eacute;es &agrave; pouvoir apporter une r&eacute;ponse d&eacute;finitive et durable aux probl&egrave;mes sociaux et environnementaux les plus courants dans leurs milieux de vie. Vu sous cet angle, on peut dire que les comportements des populations d&eacute;favoris&eacute;es visant &agrave; maintenir des conditions favorables au bien-&ecirc;tre dans leurs milieux, sont plut&ocirc;t dict&eacute;s par cette lutte permanente du &laquo;&nbsp;possibilisme&nbsp;&raquo; contre le &laquo;&nbsp;d&eacute;terminisme&nbsp;&raquo;. Le militantisme observ&eacute; n&rsquo;est donc pas le fruit d&rsquo;une &laquo;&nbsp;libert&eacute; de comportement environnemental&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire d&rsquo;une volont&eacute; d&eacute;lib&eacute;r&eacute;e de ces populations de cr&eacute;er un environnement favorable &agrave; leur bien-&ecirc;tre selon leur gr&eacute; ou leur bon vouloir et &agrave; leur moment choisi. Il s&rsquo;agit alors d&rsquo;une dictature du milieu qui impose une certaine attitude et pratique sp&eacute;cifique &agrave; ces populations parfois &agrave; des p&eacute;riodes bien d&eacute;termin&eacute;es et connues par ces populations. La saison pluvieuse appara&icirc;t ainsi souvent comme une hantise chez certaines d&rsquo;elles qui savent qu&rsquo;elles sont appel&eacute;es &agrave; subir par exemple la fureur des inondations. Les r&eacute;sultats des actions observ&eacute;es tels que le curage des drains, le remblaiement ne sont pas &eacute;pargn&eacute;s. Il en est de m&ecirc;me des voies d&rsquo;acc&egrave;s dont l&rsquo;entretien est rythm&eacute; par les saisons pluvieuses qui imposent une&nbsp;reproduction pendulaire&nbsp;des gestes ou des actions/r&eacute;ponses : remblaiement pendant la saison s&egrave;che, lessivage pendant la saison pluvieuse, et le cycle recommence. La planche photographique n&deg;4 ci-dessous illustre ce dernier cas.</p> <h5 style="text-align: center;">&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;&nbsp;<img src="https://www.numerev.com/img/ck_2727_27_image4.png" style="height: 251px; width: 800px;" />&nbsp;</h5> <h5 style="text-align: center;">Planche photographique 4 : Une illustration du d&eacute;terminisme g&eacute;ographique sur le l&rsquo;engagement sociospatial des populations d&eacute;favoris&eacute;es face au mauvais &eacute;tat des routes&nbsp;</h5> <p>La route d&eacute;grad&eacute;e en fin de saison pluvieuse (photo A), est remblay&eacute;e et prot&eacute;g&eacute;e par des sacs remplis de sable en saison s&egrave;che (photo B). Mais tout cet effort consenti est annul&eacute; &agrave; l&rsquo;arriv&eacute;e de la nouvelle saison pluvieuse (photo C)&nbsp;: les mat&eacute;riaux de remblaie sont totalement lessiv&eacute;s, les &laquo;&nbsp;murs&nbsp;&raquo; de protection originellement form&eacute;s de sacs d&eacute;truits et envahis par la v&eacute;g&eacute;tation.</p> <h4>Les facteurs d&eacute;mographiques&nbsp;: d&eacute;ficit de citadinit&eacute;, pauvret&eacute; et &laquo;&nbsp;r&eacute;voltes&nbsp;&raquo; contre les injustices, &eacute;l&eacute;ments sociologiques &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre</h4> <p><v:rect id="Zone_x0020_de_x0020_texte_x0020_2" o:gfxdata="UEsDBBQABgAIAAAAIQC75UiUBQEAAB4CAAATAAAAW0NvbnRlbnRfVHlwZXNdLnhtbKSRvU7DMBSF dyTewfKKEqcMCKEmHfgZgaE8wMW+SSwc27JvS/v23KTJgkoXFsu+P+c7Ol5vDoMTe0zZBl/LVVlJ gV4HY31Xy4/tS3EvRSbwBlzwWMsjZrlprq/W22PELHjb51r2RPFBqax7HCCXIaLnThvSAMTP1KkI +gs6VLdVdad08ISeCho1ZLN+whZ2jsTzgcsnJwldluLxNDiyagkxOquB2Knae/OLUsyEkjenmdzb 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Dans ce sens, il d&eacute;signe la relation dynamique entre les populations d&eacute;favoris&eacute;es et l&rsquo;objet urbain. Elle constitue un ensemble de repr&eacute;sentations nourrissant des pratiques spatiales. L&rsquo;objet urbain au centre de la pr&eacute;occupation ici est &laquo;&nbsp;l&rsquo;environnement&nbsp;&raquo;.&nbsp; A ce propos, on note que l&rsquo;une des pesanteurs du militantisme collectif chez les populations d&eacute;favoris&eacute;es reste le non appropriation de ces populations de leurs espaces. D&rsquo;apr&egrave;s nos enqu&ecirc;tes, ce non appropriation est &agrave; relier &agrave; la non int&eacute;gration des divers groupes de population qui composent ces milieux ainsi qu&rsquo;&agrave; un d&eacute;ficit de citadinit&eacute;/de territorialit&eacute;. En effet, l&rsquo;enqu&ecirc;te m&eacute;nage montre que ces espaces ont &eacute;t&eacute; produits par des populations d&rsquo;origine tr&egrave;s diverses ainsi qu&rsquo;on peut l&rsquo;observer sur la figure 4 ci-dessous.</p> <p style="text-align: center;"><img src="https://www.numerev.com/img/ck_2727_27_image6.png" style="height: 332px; width: 750px;" />&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;</p> <p style="text-align: center;">Source : Enqu&ecirc;tes, 2020.&nbsp;&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;</p> <h5 style="text-align: center;">Figure 4&nbsp;: R&eacute;gion d&rsquo;origine des populations d&eacute;favoris&eacute;es &agrave; Douala IV</h5> <p>​​​​​​De cette figure, on rel&egrave;ve que la structure ethnique des populations d&eacute;favoris&eacute;s est tr&egrave;s h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne. Or cette mixit&eacute; ethnique s&rsquo;est accompagn&eacute;e d&rsquo;une vari&eacute;t&eacute; de perceptions et de repr&eacute;sentations souvent contradictoires en mati&egrave;re de pratique de l&rsquo;espace. Dans le cas de notre &eacute;chantillon, il se pose de s&eacute;rieux probl&egrave;mes d&rsquo;appropriation du territoire urbain dans la mesure o&ugrave;, pr&egrave;s de la moiti&eacute; des populations de cet &eacute;chantillon (47.8%) est reconnue pour son fort attachement au terroir d&rsquo;origine, notamment les Bamil&eacute;k&eacute; de la r&eacute;gion de l&rsquo;Ouest principalement, et les ressortissants de la r&eacute;gion du Nord-Ouest dans une moindre mesure (Bruneau J.-C., Tchawa P., 1996&nbsp;; Kengne Fodouop F, 2003). Dans l&rsquo;imaginaire de ces populations, Douala IV n&rsquo;est pas un territoire, mais un lieu de recherche du bien-&ecirc;tre sans aucune pr&eacute;tention d&rsquo;enracinement (Tchuikoua L.B., 20.10). Pourtant, il est &eacute;tabli que les acteurs (r&eacute;sidents, institutions, associations, entreprises) d&rsquo;un territoire, ou reli&eacute;s &agrave; ce territoire, ne peuvent s&rsquo;appr&eacute;hender comme acteurs de d&eacute;veloppement de la communaut&eacute; locale que dans la mesure de leur capacit&eacute; &agrave; se situer en appartenance, et non en ext&eacute;riorit&eacute;, &agrave; cette communaut&eacute; territoriale (Caillouette J. et al, 2009). Ce d&eacute;ficit de territorialit&eacute; explique ainsi le faible niveau de concertation et d&rsquo;int&eacute;gration observ&eacute; dans les quartiers d&eacute;favoris&eacute;s&nbsp;: faible participation aux initiatives communautaire et non-respect des initiatives d&rsquo;entretien de l&rsquo;environnement initi&eacute;es par le gouvernement de la ville. En effet, en plus des initiatives libres &eacute;manant de la volont&eacute; des populations, la participation communautaire &agrave; l&rsquo;entretien de l&rsquo;environnement &agrave; Douala IV est encadr&eacute;e par le &laquo;&nbsp;gouvernement de la ville&nbsp;&raquo; par un arr&ecirc;t&eacute; municipal qui institue une journ&eacute;e de propret&eacute;. Dans ce sens, tous les jeudis, entre 6 heures et 10 heures, les activit&eacute;s sont cens&eacute;es &ecirc;tre interrompues et tous les acteurs invit&eacute;s &agrave; assurer l&rsquo;hygi&egrave;ne et la salubrit&eacute; de leurs espaces respectifs. Il faut relever que cet arr&ecirc;t&eacute; n&rsquo;est pas une sp&eacute;cificit&eacute; de l&rsquo;arrondissement de Douala IV. Car cette pratique observ&eacute;e dans la plupart des communes du Cameroun, n&rsquo;est que l&rsquo;application au niveau local de la lettre circulaire N&deg; 00640/LC/MINAT/DCTD DU 4 avril 2000 portant restauration de l&#39;hygi&egrave;ne et de la salubrit&eacute; publiques et de la lettre circulaire N&deg;1430/LC/MINAT/DCTD DU 7 JUIN 2001 portant p&eacute;rennisation de la campagne nationale d&#39;hygi&egrave;ne et de salubrit&eacute; publiques. Quoi qu&rsquo;il en soit, en pratique, dans les quartiers d&eacute;favoris&eacute;s de Douala IV, cette mesure n&rsquo;est que tr&egrave;s partiellement respect&eacute;e par les populations enqu&ecirc;t&eacute;es. En effet, l&rsquo;enqu&ecirc;te montre que, si les activit&eacute;s sont formellement arr&ecirc;t&eacute;es, il n&rsquo;en est pas de m&ecirc;me de l&rsquo;objectif vis&eacute;, &agrave; savoir l&rsquo;hygi&egrave;ne et la salubrit&eacute; publique. L&rsquo;observation participante a montr&eacute; que les commer&ccedil;ants ne respectent le principe que pour &eacute;viter les repr&eacute;sailles. La pratique est toute autre car on constate que, &agrave; d&eacute;faut de rester dans leur domicile le jour dit, les commer&ccedil;ants viennent passer le temps pr&egrave;s de leurs commerces en attendant l&rsquo;heure &laquo;&nbsp;officielle&nbsp;&raquo; d&rsquo;ouverture. Pendant ce temps, ces commerces sont soit ferm&eacute;s, soit entreb&acirc;ill&eacute;s pour servir de fa&ccedil;on subtile et distraite les clients n&eacute;cessiteux. Pour tous ceux qui ont &eacute;t&eacute; interrog&eacute;s, cette attitude est une fa&ccedil;on de manifester leur m&eacute;contentement et leur d&eacute;samour &agrave; l&rsquo;encontre de l&rsquo;organe communal qui, d&rsquo;apr&egrave;s eux, collecte les taxes sur l&rsquo;hygi&egrave;ne et la salubrit&eacute; mais ne fait rien allant dans ce sens. L&rsquo;enqu&ecirc;te effectu&eacute;e au sein des parcelles permet aussi d&rsquo;affirmer que ces journ&eacute;es ne sont pas du tout suivies par les populations. Pour ces derni&egrave;res, cette t&acirc;che rel&egrave;ve du devoir r&eacute;galien de l&rsquo;Etat, ou des municipalit&eacute;s. Ces populations disent avoir int&eacute;r&ecirc;t &agrave; ne pas perdre une moindre minute de leur &laquo;&nbsp;attaque&nbsp;&raquo;. Elles d&eacute;signent par &laquo;&nbsp;attaque&nbsp;&raquo; le combat qu&rsquo;elles doivent mener au quotidien afin d&rsquo;assurer leur subsistance, notamment dans le secteur informel. C&rsquo;est &agrave; ce niveau qu&rsquo;intervient la pauvret&eacute; qui fait que, en plus de ne pas disposer de moyens pour am&eacute;nager l&rsquo;espace et leur cadre de vie, les populations d&eacute;favoris&eacute;es sont partag&eacute;es entre recherche du pain quotidien et entretien de l&rsquo;environnement. En somme, la faible appropriation de l&rsquo;espace urbain, la pauvret&eacute; et les r&eacute;voltes individuelles ou collectives contre les injustices et la r&eacute;partition in&eacute;quitable des biens publics, apparaissent ainsi comme les pesanteurs d&eacute;mographiques ou sociologiques qui limitent le militantisme environnemental collectif concert&eacute; et int&eacute;gr&eacute; des populations d&eacute;favoris&eacute;es. Ces milieux ne b&eacute;n&eacute;ficient au final, ni de l&rsquo;attention du gouvernement de la ville qui ne dispose pas de moyens cons&eacute;quents pour les am&eacute;nager, ni de la participation communautaire v&eacute;ritable dont les diverses formes de b&eacute;n&eacute;volat auraient permis de r&eacute;duire l&rsquo;ampleur des probl&egrave;mes environnementaux v&eacute;cus, &agrave; d&eacute;faut de les annihiler.</p> <h4>&nbsp;</h4> <h4>Les facteurs &eacute;ducationnels&nbsp;: un militantisme environnemental limit&eacute; par une &eacute;ducation relative &agrave; l&rsquo;environnement (ERE) d&eacute;ficitaire</h4> <p>L&rsquo;ERE a pour objectif le d&eacute;veloppement, dans le milieu de l&rsquo;&eacute;ducation formelle, non formelle et informelle, d&rsquo;une posture responsable des individus vis-&agrave;-vis des enjeux socio-environnementaux (<a href="https://fr.m.wikipedia.org">https://fr.m.wikipedia.org</a> consult&eacute; le 12 mai 2020). On reconna&icirc;t en elle la capacit&eacute; de g&eacute;n&eacute;rer les connaissances et de transformer le niveau de conscience des individus (Van Steenberghe E. et Doumont D., 2005). Malheureusement, dans le cadre de notre &eacute;tude, les populations d&eacute;favoris&eacute;es de Douala IV, estiment ne pas &ecirc;tre assez &eacute;duqu&eacute;es sur les risques associ&eacute;s aux principaux probl&egrave;mes environnementaux existants dans leurs cadres de vie. Pour v&eacute;rifier ce sentiment, il a &eacute;t&eacute; jug&eacute; opportun, toute chose &eacute;gale par ailleurs, de questionner les sources d&rsquo;information de ces populations sur ces questions. La figure 5 qui suit r&eacute;sume les r&eacute;ponses formul&eacute;es.</p> <h6 style="text-align: center;">&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;&nbsp;<img src="https://www.numerev.com/img/ck_2727_27_image-20220928123634-8.png" style="height: 340px; width: 850px;" /> &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;</h6> <h6 style="text-align: center;">Source&nbsp;: Enqu&ecirc;tes, 2020</h6> <h6 style="text-align: center;">Figure 5 : Source d&rsquo;information des populations d&eacute;favoris&eacute;es sur les questions relatives &agrave; l&rsquo;environnement</h6> <p>On constate que la principale source d&rsquo;information des populations d&eacute;favoris&eacute;es sur la probl&eacute;matique est constitu&eacute;e des m&eacute;dias (41.8%). Or comme l&rsquo;a relev&eacute; Kassoum Traor&eacute; (2007) dans une &eacute;tude sur la ville d&rsquo;Abidjan en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire, il est difficile d&rsquo;&eacute;valuer le niveau r&eacute;el d&rsquo;information voire de sensibilisation de la population concern&eacute;e par ces canaux, en l&rsquo;absence de donn&eacute;es sur le contenu des informations diffus&eacute;es et les changements de comportements observ&eacute;s. Nous pensons aussi qu&rsquo;il n&rsquo;est pas &eacute;vident de dire si les informations recueillies correspondent aux r&eacute;alit&eacute;s ou aux sp&eacute;cificit&eacute;s locales des populations concern&eacute;es. Apr&egrave;s les m&eacute;dias, viennent l&rsquo;&eacute;cole avec 30.5%. Pourtant l&rsquo;&eacute;cole en tant que source d&rsquo;information n&rsquo;est pas permanente. Il s&rsquo;agit plut&ocirc;t de souvenirs proches ou lointains. Ces connaissances d&rsquo;ordre g&eacute;n&eacute;ral et qui ne b&eacute;n&eacute;ficient pas de &laquo;&nbsp;mises &agrave; jours&nbsp;&raquo;, ne sont pas de nature &agrave; maintenir le r&eacute;flexe attendu chez ces populations.</p> <p>On remarque enfin malheureusement que les sources d&rsquo;information mineures sont paradoxalement celles qui sont cens&eacute;es stimuler l&rsquo;engagement militant en faveur de l&rsquo;environnement&nbsp;: la mairie (07.2%) et les formations sanitaires (02.2%). Le constat g&eacute;n&eacute;ral qui en r&eacute;sulte est donc que les populations d&eacute;favoris&eacute;es sont marginalis&eacute;es et ne sont pas suffisamment sensibilis&eacute;es sur les enjeux li&eacute;s &agrave; l&rsquo;am&eacute;lioration de leurs cadres de vie et &agrave; la bonne pratique des mesures d&rsquo;hygi&egrave;ne. Les techniques de l&rsquo;ERE appliqu&eacute;es ici consistent simplement en de strat&eacute;gies g&eacute;n&eacute;rales &eacute;labor&eacute;es dans une logique descendante (top down), sans les populations concern&eacute;es et ne prenant pas en compte l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; territoriale. Il n&rsquo;existe pas d&rsquo;interventions sp&eacute;cifiques &agrave; l&rsquo;endroit de ces populations qui se sentent marginalis&eacute;es dans la gestion du territoire communal. On en vient donc que, l&rsquo;absence d&rsquo;activit&eacute; p&eacute;dagogique du gouvernement de la ville &agrave; l&rsquo;endroit de ces populations, le sentiment de frustration qui en r&eacute;sulte ainsi que la pr&eacute;carit&eacute; des parcelles qui peuvent &ecirc;tre d&eacute;truites &agrave; tout moment, expliquent que ces populations ne soient pas v&eacute;ritablement impliqu&eacute;es dans la gestion de l&rsquo;environnement urbain. Cet argument trouve son prolongement au niveau institutionnel, ainsi que le d&eacute;montre la section suivante.</p> <h4>Les facteurs institutionnels&nbsp;: un militantisme environnemental plomb&eacute; par la vuln&eacute;rabilit&eacute; des structures institutionnelles</h4> <p>Les donn&eacute;es de l&rsquo;enqu&ecirc;te montrent que, au niveau des quartiers d&eacute;favoris&eacute;s, le facilitateur qu&rsquo;est le conseil de quartier qui a comp&eacute;tence &agrave; faire non seulement du leadership associatif, mais aussi politique au niveau de l&rsquo;&Eacute;tat ne fonctionne pas de fa&ccedil;on optimale du fait des probl&egrave;mes de financement qui lui aurait permis de travailler &agrave; faire converger et faire coop&eacute;rer les diff&eacute;rents groupes d&rsquo;acteurs &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle des quartiers.&nbsp; Comme cons&eacute;quence, les diff&eacute;rents acteurs et &laquo;&nbsp;comit&eacute;s&nbsp;&raquo; &eacute;voluent pour l&rsquo;essentiel en rangs dispers&eacute;s, amoindrissant ainsi les relations entre les autorit&eacute;s administratives et municipales et les structures des quartiers. C&rsquo;est cette d&eacute;sarticulation entre ces diff&eacute;rentes institutions qui fait que chaque m&eacute;nage se batte encore avec ses propres moyens, alors qu&rsquo;une dynamique sociale de base articul&eacute;e autour du point focal qu&rsquo;est le conseil de quartier aurait permis de fusionner et d&rsquo;int&eacute;grer les &eacute;nergies pour diagnostiquer les probl&egrave;mes et trouver les solutions &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle de chaque quartier. A cela s&rsquo;ajoute, du point de vue des enqu&ecirc;t&eacute;s, les d&eacute;tournements de fonds et projets par certaines &eacute;lites&nbsp;; l&rsquo;instrumentalisation et l&rsquo;exploitation/r&eacute;cup&eacute;ration de certaines initiatives communautaires &agrave; des fins politiques&nbsp;; le transfert sur le champ &laquo;&nbsp;communautaire&nbsp;&raquo;, des fractures et querelles existant entre les &eacute;lites de bord politique diff&eacute;rents avec pour cons&eacute;quence, l&rsquo;&eacute;miettement des fr&ecirc;les formes de solidarit&eacute; &eacute;parses existantes.</p> <h2>CONCLUSION</h2> <p>La faible prise en compte des populations d&eacute;favoris&eacute;es dans les &eacute;tudes et questions li&eacute;es au militantisme environnemental et l&rsquo;analyse des actions du militantisme limit&eacute; &agrave; la sph&egrave;re politique, associative et revendicative, a amen&eacute; &agrave; questionner le militantisme environnemental sous le prisme du volontariat et de la participation que nous avons d&eacute;nomm&eacute; militantisme environnemental impliqu&eacute;. Ce concept a &eacute;t&eacute; formalis&eacute; pour appeler &agrave; ne plus cerner le militantisme environnemental, en g&eacute;n&eacute;ral, simplement en tant que engagement et agir individuel et/ou collectif visant &agrave; minimiser les impacts n&eacute;gatifs sur les milieux naturel et construit, mais aussi pour caract&eacute;riser un autre engagement et un autre agir individuel et/ou collectif qui consiste &agrave; entreprendre/encourager des initiatives visant &agrave; agir sur l&rsquo;environnement dans la perspective d&rsquo;am&eacute;liorer le bien-&ecirc;tre aux &eacute;chelles individuelle, familiale et/ou communautaire. C&rsquo;est de ce point de vue que l&rsquo;&eacute;tude s&rsquo;est fix&eacute; comme objectif ambitieux de formaliser un paradigme qui permette une plus grande lisibilit&eacute; des formes d&rsquo;engagements pratiqu&eacute;s par les populations d&eacute;favoris&eacute;es et de mettre en &eacute;vidence les pesanteurs qui limitent leur efficacit&eacute; et efficience. Pour atteindre cet objectif, l&rsquo;&eacute;tude a adopt&eacute; plusieurs approches et m&eacute;thodes compl&eacute;mentaires. Ainsi, pour poser le diagnostic, contrairement aux approches statistiques telles que les analyses factorielles et multivari&eacute;es en vogue, la d&eacute;marche de diagnostic des territoires nous a sembl&eacute; mieux appropri&eacute;e pour donner forme aux leviers d&rsquo;action&nbsp;&eacute;ventuelles&nbsp;; pour analyser les pesanteurs qui pr&eacute;sident &agrave; la fragilit&eacute;/inefficacit&eacute; des comportement, l&rsquo;approche holistico-syst&eacute;mique a &eacute;t&eacute; privil&eacute;gi&eacute;e du fait du caract&egrave;re transdisciplinaire de l&rsquo;objet de l&rsquo;&eacute;tude, situ&eacute; au carrefour de la psychologie, de l&rsquo;anthropologie, de la sociologie, de l&rsquo;&eacute;pid&eacute;miologie et de la g&eacute;ographie, et par la diversit&eacute; des facteurs en jeu. Les r&eacute;sultats r&eacute;v&egrave;lent trois formes de militantisme environnemental impliqu&eacute; &agrave; savoir, le militantisme environnemental spontan&eacute; ou voulu, le militantisme environnemental conditionn&eacute; ou forc&eacute; et le militantisme environnemental &laquo;&nbsp;transcendant&nbsp;&raquo;. Pour ce qui est des pesanteurs, l&rsquo;approche holistico-syst&eacute;mique a permis de r&eacute;v&eacute;ler que les facteurs qui pr&eacute;sident au renforcement de ces probl&egrave;mes et &agrave; la fragilit&eacute;/inefficacit&eacute; des comportements sont de nature environnemental, marqu&eacute; par la dialectique d&eacute;terminisme-possibilisme&nbsp;; d&eacute;mographique, dus &agrave; la pauvret&eacute;, au d&eacute;ficit de citadinit&eacute;/territorialit&eacute; et aux r&eacute;voltes contre les justices&nbsp;; &eacute;ducationnel, explicable par le d&eacute;ficit en &eacute;ducation relative &agrave; l&rsquo;environnement&nbsp;; et institutionnel, dus &agrave; la vuln&eacute;rabilit&eacute; des institutions. Au vu de la multiplicit&eacute; de ces facteurs interconnect&eacute;s, il est &eacute;vident que seule une approche holistico-syst&eacute;mique peut permettre d&rsquo;intensifier et d&rsquo;accro&icirc;tre durablement l&rsquo;engagement sociospatial et ses r&eacute;sultats chez les populations d&eacute;favoris&eacute;es des PED en g&eacute;n&eacute;ral, du Cameroun et Douala IV en particulier. Sur cette base, un ensemble de mesures diverses et int&eacute;gr&eacute;es consistant en des actions pr&eacute;cises cibl&eacute;es sur un ensemble d&rsquo;activit&eacute;s environnementales, d&eacute;mographiques, &eacute;ducationnelles et institutionnelles doivent &ecirc;tre prises, pour rester congruent avec les pesanteurs et logiques agissantes. Le militantisme environnemental impliqu&eacute; appara&icirc;t, au d&eacute;meurant, comme&nbsp;le principal levier des mutations/transformations sociospatiales v&eacute;cues dans les espaces urbains d&eacute;favoris&eacute;s du Cameroun en particulier et des PED en g&eacute;n&eacute;ral et se positionne de ce fait comme un champ de recherche-action dense et f&eacute;cond &agrave; explorer, si l&#39;on veut y aboutir &agrave; des cit&eacute;s urbaines qui soient v&eacute;ritablement durables.</p> <h2>&nbsp;REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES</h2> <p><strong>​​​​​Aspe C. et Jacqu&eacute; M. (2012).</strong> Le militantisme &eacute;cologiste&nbsp;: de la contestation &agrave; la concertation. Dans environnement et soci&eacute;t&eacute;, pp 49-82. 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