<h1 style="margin-top:16px"><span style="font-size:16pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt"><span style="line-height:107%">Introduction </span></span></span></span></span></span></span></span></h1>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Depuis les années 1980, l’activité de nomination intéresse une recherche à la croisée de la sémantique et de l’analyse du discours, avec notamment les travaux de Kleiber (1981, 1983, 2001, 2003) et Siblot (2001), ou plus récemment de (Frath, 2015). Cette contribution se propose de décrire une activité de nomination d’un référent atypique par l’expérience qu’il a constitué : « le camp de Rivesaltes », camp d’internement construit dans les années 1930 près de Perpignan. Comment les témoins, internés dans les années 1939 à 1941 et interrogés dans les années 2008 à 2014, parlent-ils du camp de Rivesaltes ? Le nomment-ils de la même façon ? Nous tenterons de mettre en lumière l’atypicité qui s’est cristallisée dans la nomination de ce référent, en explorant le corpus des témoignages de Rivesaltes<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[1]</span></span></span></span></span></a>. On montrera que c’est l’expérience vécue, l’expérience d’internement, qui est hors-norme dans notre cas et non le discours lui-même. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Après avoir défini la notion de nomination en analyse du discours (i), on relèvera les différentes nominations du camp de Rivesaltes dans les témoignages en ditinguant nominations communes et nominations divergentes (ii).</span></span></span></p>
<ol>
<li style="margin-top:16px"><span style="font-size:16pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt"><span style="line-height:107%">Définition de la nomination </span></span></span></span></span></span></span></span></li>
</ol>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La nomination est un procédé discursif très observé par les analystes du discours, notamment à travers les travaux pionniers de Paul Siblot qui considère que la nomination permet au locuteur de se positionner par rapport à l’objet nommer « en même temps qu’elle catégorise l’objet nommé, positionne l’instance nommante à l’égard de ce dernier » (1997 : 42), c’est-à-dire que la nomination peut être considérée comme un marquage identitaire. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Produire un discours nécessite une sélection de mots qui correspondent au contexte et au message que le locuteur souhaite transmettre à son interlocuteur. Autrement dit, pour nommer, il faut puiser dans son répertoire lexical dans le but de catégoriser un objet du monde. Nommer un référent peut ainsi se faire par sélection ou par invention d’un nouveau signe (Siblot, Steuckardt, 2017, 304-308). La première opération sous-tend l’existence d’une catégorie socialement approuvée, la seconde consiste à l’invention d’une nouvelle catégorie. Cette dernière catégorie consiste soit à engendrer de nouveaux signifiants, soit à attribuer un nouveau signifié à un référent qui existe déjà. Par exemple, le mot <i>pied</i> signifie à l’origine : « Partie inférieure articulée à l'extrémité de la jambe, pouvant reposer à plat sur le sol et permettant la station verticale et la marche » (<i>Le Petit Robert</i>, 2021). Par la suite, un autre signifié s’est ajouté « Unité de mesure », attesté depuis le XI<sup>e</sup> siècle selon le <i>Petit Robert</i>, et un autre vers le milieu du XII<sup>e</sup> « Base, support », attesté depuis le XII<sup>e</sup> siècle. Le locuteur peut aussi inventer unnouveau signifiant, comme c’est le cas pour le mot <i>covidiot </i>créé pendant la crise sanitaire, et qui a intégré l’<i>Urban Dictionary<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[1]</span></span></span></b></span></span></a>. </i>Employé pour définir les personnes qui ne respectent pas et qui ignorent le protocole sanitaire, il s’est vite répandu sur la toile grâce aux réseaux sociaux. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La nomination peut donc être considérée non seulement comme une activité linguistique, mais aussi comme une activité sociale car elle dépend d’un choix, des représentations du locuteur, de paramètres sociaux : la famille, l’âge, la profession, etc. </span></span></span></p>
<h2 style="margin-top:3px"><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%">1.1 Nommer, c’est actualiser et catégoriser</span></span></span></span></span></span></span></span></h2>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">L’actualisation est un processus de contextualisation, car actualiser un mot est une opération linguistique qui permet de « passer des potentialités de la langue à la réalité d’un discours » (Bres, 2017, p. 17) Détrie, Siblot, Verine, Steuckardt, 2017, p. 16). Autrement dit, on passe du virtuel au réel. Actualiser un nom revient à lui attribuer un marquage grammatical par l’emploi des déterminants. Par ces marqueurs, le locuteur détermine son positionnement vis-à-vis du référent partant du postulat que chaque déterminant a un sens, a une valeur bien significative. Margot Schwarzschild, dans son énoncé « Oui, vraiment c'était une femme courageuse. Et c'était une femme formidable, jusqu'à sa fin où elle est morte ici dans cette chambre et qu'on l'a vue, qu'on a fait les adieux avec elle, en 2001 » (Margot, 2007), actualise le nom <i>femme</i> par le déterminant indéfini <i>une</i>. L’actualisation par l’indéfini appréhende le groupe nominal <i>une femme</i> comme un exemplaire indéterminé de la catégorie « des femmes courageuses » et « des femmes formidables ». Donc, quand un locuteur actualise un nom, il actualise tout un programme de sens. </span></span></span></p>
<h2 style="margin-top:3px"><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%">1.2 Nommer, c’est représenter</span></span></span></span></span></span></span></span></h2>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Par la nomination, le locuteur marque sa représentation du référent. Cette représentation apparait sous forme de jugement qu’il soit appréciatif ou dépréciatif. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Le nom attribué au référent dépend du vécu et de l’expérience personnelle du locuteur. Si le référent est nommé par exemple par un axiologique dépréciatif, cela supposerait que le locuteur aurait eu une mauvaise expérience, et c’est cette expérience qui aurait construit sa représentation. Dans les témoignages de Rivesaltes, le camp fait l’objet de plusieurs représentations liées intrinsèquement au vécu concentrationnaire des internés. En ce qui concerne l’espace, certains, comme Norbert, considèrent le camp comme un endroit « où on avait peur » (Norbert, 2008). Cette représentation de l’espace se rapporte à son vécu de jeune enfant interné qui avait peur des deux gardiens qui passaient la nuit à inspecter les îlots avec leur cravache. Son souvenir des gardiens en train de cravacher les internés, aussi incertain soit-il « je crois qu'il frappait les gens », a fait naître en lui cette peur. Ce ressenti et cette appréhension ont forgé sa vision de l’espace concentrationnaire qui devient, par le vécu, un espace hostile où la peur règne.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">Je me rappelle également que dans l'îlot, il y avait un homme et une femme qui étaient gardiens, c'était des Français. C'était des Français. Elle, je la vois toujours elle était élancée, svelte, blonde et lui il était plutôt petit. Ils se promenaient toujours ensemble et les gens disaient qu'ils étaient frère et sœur, mais ne se ressemblaient pas. Et euh, mais lui il avait un …, je ne sais pas comment on dit en français, un knüppel ? Une cravache. Une cravache dans la main, <a name="_Hlk99468603">je crois qu'il frappait les gens</a>. Et, euh, et, et eux, ils surveillaient. Et elle était toujours vêtue d'une, d'une sorte de, comme une infirmière, d'une sorte de manteau blanc. Et ce dont je me rappelle encore c'est de, ce sont des, des, des impressions d'enfants, ce sont, c'était ses sandales, c'était des sandales que je n'avais pas vu avant alors ça m'est resté dans la mémoire alors mais ils, ils, ils, marchent, ils marchaient dans l'îlot toujours ensemble et ce dont je me rappelle aussi c'est que le soir, la nuit quand on était couché, oui, ils venaient inspecter qu'on était tous là. Mais elle était garde ou elle était infirmière ? Elle était probablement garde également oui. Vous aviez peur d'eux ? Oui, c'était un camp où on avait peur. Et il était possible … voilà (Norbert, 2008)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans l’énoncé de Josefa « Je me faisais une illusion à Rivesaltes, que j'allais sortir de ce camp, de cette misère parce que c'était une misère épouvantable ! (Josefa, 2008), on retrouve le même processus de représentation de l’espace lié au vécu de l’interné. Cependant, l’espace concentrationnaire n’est plus un espace qui favorise la crainte des internés mais un espace de « misère épouvantable ». Le substantif féminin <i>misère</i> renforcé par le superlatif intensif <i>épouvantable</i>, attribuent à l’espace un caractère péjoratif. La représentation de Josefa est nourrie par la faim et la soif éprouvées au camp de Rivesaltes et à la tristesse engendrée par le sentiment d’abandon. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Ces passages montrent que la nomination de l’objet est une sorte d’étiquette qui dépend étroitement du statut et du vécu du locuteur. Dans notre travail, nous chercherons à identifier les différentes représentations que les locuteurs portent sur le camp de Rivesaltes.</span></span></span></p>
<ol start="2">
<li style="margin-top:16px"><span style="font-size:16pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt"><span style="line-height:107%">Repérage des énoncés et des concordances </span></span></span></span></span></span></span></span></li>
</ol>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans le cadre de cet article, on travaillera non seulement sur des énoncés comportant le groupe nominal <i>camp de Rivesaltes</i> dont le nombre atteint les 146 occurrences<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[2]</span></span></span></span></span></a>, mais aussi sur tous les énoncés faisant référence au camp de Rivesaltes sans que soit employé le groupe nominal <i>camp de Rivesaltes</i>. Nous avons relevé 21 énoncés de ce type. C’est le contexte et souvent la présence du nom <i>Rivesaltes</i> dans le cotexte qui nous ont permis de les repérer, comme par exemple dans l’énoncé de Margot « Je sais que tout à coup on a fait nos bagages et qu'on nous a dit qu'on allait à Rivesaltes, que c'était un camp de famille » (Margot, 2007).</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La requête a fait ressortir plusieurs fonctions endossées par le groupe nominal. Nous avons identifié six fonctions<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[3]</span></span></span></span></span></a>, mais la plus fréquente est celle de complément circonstanciel de lieu avec un pourcentages de 36 %, comme dans cet énoncé de Margot : « Et nous, comme enfants, nous n'étions pas encore baptisés ; c'est seulement après, dans un camp, dans le camp de Rivesaltes que nous avons été baptisées par un curé catholique » (Margot, 2007). Le camp se décrit par sa spatialité et par sa particularité à permettre de baptiser les enfants internés. Notre analyse repose sur cette fonction.</span></span></span></p>
<ol start="3">
<li style="margin-top:16px"><span style="font-size:16pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt"><span style="line-height:107%">Les différentes nominations </span></span></span></span></span></span></span></span></li>
</ol>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Quand il s’agit de parler du camp de Rivesaltes, les locuteurs lui attribuent soit des nominations/des étiquettes communes, soit des nominations distinctes. Cela nous renseigne sur le rapport que ces derniers entretiennent avec l’espace concentrationnaire (d’internement). Ce rapport varie d’un groupe de locuteurs à un autre.</span></span></span></p>
<h2 style="margin-top:3px"><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal">3.1 Les représentations communes</span></span></span></span></span></span></h2>
<ul>
<li style="margin-top:3px"><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Un lieu de célébrations religieuses</span></span></span></b></span></span></span></span></span></span></li>
</ul>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Le camp de Rivesaltes est dit par les témoins comme un espace où la pratique religieuse était permise. En effet, au camp, les célébrations religieuses étaient très présentes, ainsi le précise Boitel : « L’activité religieuse au sein du camp est assez vivace et cela est valable pour chaque confession » (2001 : 160). </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans les témoignages ci-dessous, les locuteurs par le verbe <i>baptiser</i> et les groupes nominaux <i>curé catholique</i>, <i>une chapelle</i>, <i>le temple</i> forment l’isotopie de la religion. Ils sacralisent un espace du camp.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">a. Et nous, comme enfants, nous n'étions pas encore baptisés ; c'est seulement après, dans un camp, dans le camp de Rivesaltes que nous avons été baptisées par un curé catholique (Margot, 2007)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">b. Il y avait une chapelle, au camp de Rivesaltes, y'avait une chapelle, comme il y a eu le, le temple (Antonio, 2008)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La présence juive au camp était importante, les fêtes comme la Bar Mitzvah étaient fréquentes. Léon revient sur la célébration de cette dernière par le biais du verbe <i>réunir</i> et du substantif <i>cadeau</i>. Ainsi, par « on a fait la Bar Mitzvah », le locuteur entend fêter ou célébrer, car ces pratiques relèvent des festivités juives.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">c. […] on a fait la Bar Mitzvah à Rivesaltes. Et du monde y en avait suffisamment pour pouvoir faire la Bar Mitzvah c'est à dire les hommes, on a donc réuni, on a …, j'ai fait ma Bar Mitzvah au camp de Rivesaltes. Et la seule chose que je n'oublierai jamais c'est mon cadeau de Bar Mitzvah (Léon, 2009)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt">Donc, le camp de Rivesaltes autorisait les célébrations religieuses qui étaient très importantes pour les internés, ce qui expliquerait la permanence de leur(s) souvenir(s).</span></span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu de sortie et d’entrée</b></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans le camp, les entrées et les sorties faisaient partie des responsabilités de la structure administrative. Le camp de Rivesaltes recevait, libérait et attribuait des permissions de déplacements aux internés. Ces permissions étaient sous la responsabilité du chef de camp : « […] et attribue également les permissions » (Boitel, 2001 : 52). Dans les témoignages, la thématique du déplacement est la plus représentée<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[4]</span></span></span></span></span></a>, elle représente 25 % des énoncés. Elle est signifiée par des verbes de mouvement, comme dans l’énoncé d’Hilda qui présente le camp de Rivesaltes, par l’emploi du verbe de mouvement <i>sortir</i>, comme un espace duquel on peut sortir <i>librement</i>, alors que Paul appréhende l’espace par une approche analogique implicite. Le camp de Rivesaltes devient un lieu d’évasion telle une prison où le prisonnier n’a qu’un seul souhait : retrouver sa liberté. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">a. Donc votre père est, est venu travailler sur Vierzon ? Oui. Il est sorti du camp de Rivesaltes … Oui, il est, il est sorti du camp de Rivesaltes et il a été travailler dans une ferme hein (Julia, 2014)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">b. Alors, euh, je reviens à mon, mon évasion du camp de Rivesaltes. Nous, c'était, c'était pas du tout légal parce que on n'avait pas de famille, personne ne pouvait nous recevoir, y'avait absolument personne, pas de famille (Paul, 2008)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Le camp, c’est aussi un lieu d’entrée. Norbert le représente comme un lieu dans lequel les internés sont placés sans qu’ils aient le choix. Il l’exprime par le verbe <i>mettre </i>qui suppose un acte de force. Ils se sont retrouvés au camp de Rivesaltes sans qu’ils ne puissent rien faire. Margot, par la locution adverbiale <i>de nouveau</i>, définie le camp de Rivesaltes comme un lieu où on peut y retourner. On sort, on s’évade, on y accède et on y retourne.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">c. Alors là, encore une fois, je ne sais pas exactement comment nous avons voyagé à Rivesaltes, que ça ait été par camion, ça a été par train, mais nous sommes allés à … nous, nous, on nous a mis dans le camp de Rivesaltes, dans l'îlot K (Norbert, 2008)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">d. C’est pour ça qu'on est de nouveau allé dans ce camp de Rivesaltes et c'est là qu'il y a eu ce triage (Margot, 2007)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">L’analyse des occurrences a permis de relever que les témoins catégorisent le camp de Rivesaltes plus comme un lieu où on arrive qu’un lieu d’où on part, c’est ce qui renvoie à l’idéologie concentrationnaire, à l’idéologie vichyste dont l’objectif était l’exclusion de ces étrangers nommés les « indésirables » du reste de la société et non de les libérer, ainsi l’affirme Joutard : « Mais, jamais, un camp n’a subsisté sur une aussi longue durée comme lieu d’enfermement de mise à l’écart » (2015 : 5). Les femmes privilégient les verbes <i>sortir (3)</i>, <i>aller </i>(2), <i>retourner (1)</i>, <i>quitter (1)</i>, <i>arriver (1)</i>, <i>déménager (1), interner (1) et ramener (1)</i>, alors que les hommes ont plus tendance à employer les verbes<i> arriver (4),</i> <i>envoyer (4)</i>, <i>sortir (2), mettre (2)</i>, <i>réintégrer (1)</i>, <i>emmener (1), interner (1), transférer (1), transporte (1) et</i><i> </i><i>venir (1)</i>. Le déplacement était de mise au camp de Rivesaltes.</span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu où on reste </b></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans une douzaine d’énoncés, les témoins configurent le camp de Rivesaltes, par le locatif, comme un camp où on reste. Ce locatif se traduit par l’emploi du verbe <i>être</i>. Les locuteurs se situent, se localisent dans l’espace concentrationnaire. Léon le fait en situant les hommes en souffrance au camp de Rivesaltes. Leur souffrance est la conséquence d’une longue période d’internement. L’adverbe temporel <i>longtemps</i> intensifié par <i>très</i> transforment le camp à un espace difficile à quitter.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">a. Y a que les hommes que c'était, on sentait que c'étaient des hommes qui avaient beaucoup souffert et qui, qui étaient déjà depuis très longtemps au camp de Rivesaltes (Léon, 2009)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Rester dans le camp signifie être enfermé contre son gré, contre sa volonté. C’est pour cette raison que Norbert décrit le camp de Rivesaltes par l’adjectif <i>atroce</i>.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">b. Est-ce que vous avez d'autres souvenirs de Rivesaltes, en général, d'autres anecdotes ? Non. Seulement ce, ce, ce, ce camp atroce qui …, où on était enfermé (Norbert, 2008) </span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Même si les locuteurs reviennent sur la thématique du déplacement, ils n’oublient pas pour autant la première fonction du camp de Rivesaltes : interner et exclure. </span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Un lieu où se déroule l'activité des témoins </span></b></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Le camp de Rivesaltes était un lieu de travail. On retrouve des travailleurs administratifs et du gardiennage, des travailleurs des Œuvres de Secours et des travailleurs internés. Ces derniers s’occupaient de l’entretien du camp imposé par le chef du camp, le déclare Boitel : « La vie quotidienne au camp est théoriquement codifiée et réglée. Chaque interné se doit de respecter les horaires et les consignes du chef du camp du lever au coucher » (2001 : 127).</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Ici, Hilda et Antonio déterminent l’activité au camp de Rivesaltes par le travail d’Andrée Salomon, membre de l’OSE, mais aussi par le travail du quotidien des internés. L’activité professionnelle est désignée par le verbe <i>travailler</i>. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">a. Andrée Salomon. Je sais qu'elle travaillait au camp de Rivesaltes, euh, de la part de l'OSE, et euh, j'ai fait sa connaissance après la guerre, finalement (Hilda, 2009)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">b. Euh … lui, il avait … moi, j'avais onze ans, lui il avait treize ans, il a deux ans de plus que moi, il travaillait à l'entretien du camp : arracher de l'herbe, parce que le camp de Rivesaltes y'avait pas un arbre, il n'y avait rien, pas une touffe d'herbe. Parce qu'il fallait que ça disparaisse dans la journée même, hein (Antonio, 2008)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Les activités dont il s’agit sont aussi celles que les œuvres d’enfants ont mis en place pour aider et égayer le quotidien de ces derniers, comme Delmas, membre de la CIMADE qui a permis aux enfants de rejoindre des groupes de scoutisme les « louveteaux » et les « éclaireurs », ce qui représente la partie divertissement du camp.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">c. Bon, au camp de Rivesaltes, y'a eu d'autres activités. Par exemple … … organisées par qui ? Alors, organisées par les Eclaireurs de France. Les éclaireurs unionistes, qu'on appelait. Qui étaient à obédience protestante. Y'avait un monsieur, qui s'appelait M. Delmas. Qui venait de la région de Tautavel, par-là, de Mont-Agel, et qui … avait organisé ce qu'on appelait les louveteaux, les plus jeunes, et puis les éclaireurs. Donc mon frère en faisait partie. Moi, j'avais été dans les louveteaux, ma sœur, plus jeune, et mon frère, ils n'y étaient pas. Alors, là, y'avait un avantage, c'est qu'ils, ils nous aidaient un peu au niveau, euh … des vêtements surtout (Antonio, 2008)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">En bref, le camp est non seulement un espace de travail mais aussi un espace de distraction pour les enfants.</span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu de vie commune : rencontre, accouchement, cuisine, organisation</b></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">L’espace concentrationnaire parait comme un lieu de vie ordinaire où on peut cuisiner, faire des rencontres ou encore construire de petites anecdotes. Ce passage narratif de Florentino est une anecdote d’enfance, car il se rappelle par le verbe de la mémoire <i>je m’en rappelle</i> de lorsqu’il allait à l’école du camp. Il justifie la persistance de ce fragment de mémoire par l’aspect amusant de la scène « on a bien rigolé ». </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">a. Je vais vous raconter une autre anecdote, là, sur le camp de Rivesaltes. Donc, le camp de Rivesaltes, ça changeait complètement et en plus, il y avait des classes, il y avait, ils ont fait … tous les enfants qui étaient au camp allaient à l'école. Il y avait des institutrices qui faisaient les … des Françaises, hein, qui faisaient les cours. Et un jour, je m'en rappelle, parce que on a bien rigolé, il y avait une institutrice qui dit : « Bon, les enfants, on va faire un petit tour dans le camp, on va se promener un peu, pour sortir un peu, pas rester tout le temps … ». Et alors, elle les a fait sortir, bien alignés et puis elle dit : « Bon, je voudrais bien que vous chantiez. On va se promener, mais que vous chantiez ». Alors toutes les mamans étaient au bord de, de la route, là-bas, pour voir ces enfants là-bas et ils commencent à chanter, et puis ils ont chanté une chanson de la guerre d'Espagne (Florentino, 2009)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Les anecdotes concernent également les rencontres que les témoins ont pu faire lors de leur internement tel est le cas d’Irène qui se souvient de sa rencontre avec les Gitans du camp. Elle se rappelle de l’intensité de leur beauté par l’emploi de l’adjectif <i>belle</i> et le superlatif <i>magnifique</i>, de la couleur de leurs robes, de leur danse, de leur chant.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">b. J'ai même rencontré les Gitans au camp de Rivesaltes. Elles étaient belles ces filles. Elles avaient encore de, des robes de couleur sur elles. Elles étaient magnifiques et puis elles dansaient, elles chantaient (Irène, 2013)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Pierre insiste par la répétition du groupe nominal <i>les cuisines</i> sur la présence de ces dernières au camp de Rivesaltes. L’emploie du pluriel suppose une collectivité au sein du camp « Y’avait les cuisines, hein, y'avait les cuisines, au camp de Rivesaltes, hein, y'avait les cuisines » (Pierre, 2009)</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La vie d’internement à Rivesaltes a permis des accouchements, des naissances qui avaient lieu à la maternité d’Elne. Employé en tant que CCL, Firmo détermine le camp comme un espace où les relations étaient permises, où la vie était permise « Au camp de Rivesaltes, ce que je, ce que j'entendais c'est que y'avait des femmes qui étaient enceintes, et on les envoyait à la maternité d'Elne. Ça, oui » (Firmo, 2011)</span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu gardé </b></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Les témoins parlent du camp de Rivesaltes comme un camp surveillé ou gardé. En effet, Le camp de Rivesaltes jouissait d’un dispositif de surveillance. Dans ces énoncés, les locuteurs utilisent des verbes <i>garder</i> et <i>surveiller</i> pour reprendre le cheminement de garde du camp de la Seconde Guerre mondiale, c’est ce qu’on retrouve dans le passage d’Antonio qui affirme que les fonctionnaires de Ministère de l’Air avaient comme mission de garder le camp « C'était … le camp de Rivesaltes était gardé par des fonctionnaires du Ministère de l'Air » (Antonio, 2008)</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Ainsi, le gardien devait maintenir l’ordre et le calme dans le camp. Pilar revient sur les rondes et les contrôles réguliers que faisaient les surveillants. Ce gardien dont il s’agit dans son témoignage est qualifié par le groupe nominal « un officier français ». Son rôle est souligné par le verbe <i>surveiller </i>:<i> </i>« Donc ils sont retournés au camp de Rivesaltes. Et là, un soir, un officier français faisait le tour du camp, il surveillait le camp, et il a vu une poubelle bouger » (Pilar, 2009)</span></span></span></p>
<ul>
<li style="margin-top:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#1f3763"><span style="font-weight:normal"><b><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">Un lieu immense </span></span></span></b></span></span></span></span></span></span></li>
</ul>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Quand l’interviewer demande à la locutrice Margot si le camp était grand, sa réponse était affirmative et immédiate. D’abord, elle répond en reprenant l’adjectif de son interlocuteur <i>grand</i>, puis elle réinsiste sur l’étendue de la superficie de l’espace par le superlatif <i>très grand</i>. Dans une dernière intervention, par le verbe modalisateur <i>savoir</i> à la forme négative, elle déclare qu’elle ne se rappelait pas du nombre de baraques à cause de la superficie du camp.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">a. Y'avait … il était grand ce camp ? Le camp était … Le souvenir que vous avez ? </span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">b. Le camp était grand très grand. Je ne sais pas combien de baraques par cœur je ne pourrais pas vous dire combien de baraques (Margot, 2007)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Enfin, quand il s’agit de parler de la superficie du camp, les témoins ont tendance à qualifier le camp de Rivesaltes par des adjectifs, comme<i> grand </i>et <i>immense </i>mais aussi par des intensifs<i> très grand, si grand. </i></span></span></span></p>
<h2 style="margin-top:3px"><span style="font-size:13pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal">3.2 Les représentations divergentes </span></span></span></span></span></span></h2>
<h3 style="margin-top:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#1f3763"><span style="font-weight:normal">3.2.1 Dans le discours des femmes</span></span></span></span></span></span></h3>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans cette première sous-partie, nous recenserons les différentes catégorisations énoncées par les locuteurs féminins. Nous commencerons par les représentations présentent uniquement dans le discours des femmes juives, puis dans le discours des deux groupes (femmes juives et espagnoles). </span></span></span></p>
<h4 style="margin-top:3px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic">3.2.1.1 Dans le discours des femmes juives</span></span></span></span></span></span></span></h4>
<p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu de séparation</b></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans les camps d’internement y compris dans le camp de Rivesaltes, la séparation des familles, des mères de leur(s) enfant(s) était une pratique récurrente. Plus précisément, la séparation consistait à séparer les hommes des femmes et des enfants dans un îlot différent, comme le précise Boitel : « Les femmes, jeunes filles et enfants de moins de 16 ans sont séparés des hommes (de plus de 16 ans) (2001 : 148), mais aussi à séparer les enfants de leur mère afin de les sauver de la vie d’internement. La séparation était très difficile pour l’enfant qu’on arrache à sa mère et pour la mère qui doit se séparer de son enfant afin de lui sauver la vie au risque de ne plus le revoir. Cette opération de sauvetage était sous l’autorités des Secours pour enfants comme l’OSE : « Néanmoins, la tâche la plus délicate pour l’OSE est de convaincre les parents de se séparer de leurs enfants » (Boitel, 2001 : 124). Les femmes juives parlent de cette séparation, comme dans le témoignage de Frida. Le camp de Rivesaltes, ayant la fonction du CCL, il est décrit comme un lieu de séparation entre mère et filles « nous sommes séparées ». Le camp devient un endroit où on est obligé de supporter le poids de la séparation.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">Une mère, une mère, c'est la principale chose de, de tout enfant. Et après avoir passé de temps tellement difficile pendant, pendant tout le temps jusqu'à nous, nous sommes séparées dans, dans le camp de Rivesaltes, alors c'est, c'est incroyable, incroyable. Et jusqu'à, jusqu'à maintenant que je suis déjà une vieille femme, quand j'y pense, les, les larmes sont là et mais, mais ça fait mal d'y penser [Elle a les larmes aux yeux] et de savoir comment est-ce que ma mère a supporté de, de, de, d'élever, de faire quelque chose avec sa petite fille sous des conditions comme ça (Frida, 2012)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Cette représentation du camp n’est pas relevable dans les énoncés des autres groupes de témoins. La séparation, ce sentiment douloureux, reste ancrer dans la mémoire des femmes juives. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu administratif </b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Le camp de Rivesaltes a un dispositif administratif qui comprend en premier lieu le responsable du camp que les témoins nomment ici <i>directeur </i>ou <i>chef du camp</i>. Le chef du camp avait l’autorité absolue sur l’ensemble du camp, comme le souligne Boitel : « Le chef de camp est chargé de commander l’ensemble du camp. Il a autorité sur les fonctionnaires et employés du camp, en particulier sur le ou les commissaires de police spéciale. Le service de santé également (…) » (2000 : 51). Le camp en tant qu’un lieu administratif est présent dans les énoncés des femmes juives. Dans l’extrait de Hilda, l’autorité du chef du camp se précise par les permissions et les laisser-passer qu’il attribuait aux internés. D’ailleurs, elle insiste par les négations que sans son intervention, Friedel Bohny-Reiter, membre de la Croix-Rouge suisse, n’aurait pas pu la faire sortir du camp. Dans l’énoncé d’Irène, on retrouve l’énonciation de la promesse du chef du camp car il était le seul à pouvoir permettre à sa mère de quitter Rivesaltes et de rejoindre son mari au camp de Gurs.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">a. Mais euh, non, je n'ai pas de haine contre quelqu'un non. Personnellement, non certainement pas. Même pas contre le directeur du camp de Rivesaltes. Vous connaissez le nom du directeur de Rivesaltes ? Non. Euh et même pas, contre lui, parce qu'après tout, s'il avait pas permis qu'on nous sorte, Friedel n'aurait pas pu nous libérer, après. Quand le convoi est parti, il lui a quand même donné un laissez-passer, pour pouvoir sortir du camp, autrement on n'aurait pas pu quitter le camp pour retourner à Pringy (Hilda, 2009)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">b. Mais il n'est pas descendu comme cela, il a voulu que le chef du camp de Rivesaltes lui fasse la promesse, s'il accepte de descendre dans la mine, que ma maman puisse le rejoindre, qui était au camp de Gurs, elle est repartie, ils sont repartis au camp de Gurs (Irène, 2013)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Le dispositif administratif du camp de Rivesaltes regroupait d’autres fonctionnaires, cependant l’analyse des occurrences et des cooccurrences nous a permis d’identifier que le statut du chef de camp. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"> </p>
<p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un camp de famille</b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Le groupe nominal « camp de famille » est très peu employé. On ne retrouve que deux occurrences. Dans l’énoncé d’Amira par exemple : « Et après quelques mois à Gurs, c'est fait déjà en 41, enfin la moitié de 41, on pouvait aller dans des camps de famille et Rivesaltes était annoncé comme un camp de famille » (Amira, 2012), le verbe de parole <i>annoncer</i> permet d’identifier l’orientation dialogique de l’énoncé en l’attribuant à un tiers qui pourrait, dans ce contexte, être les autorités de l’époque. Autrement dit, cette nomination n’est pas celle de la locutrice Amira, elle rentre en écho avec une nomination antérieure, ce que Bakhtine appelle le <a name="_Hlk114406803"><i>dialogisme interdiscursif</i>.</a> On retrouve le même phénomène dialogique dans l’énoncé de Margot : « Je sais que tout à coup on a fait nos bagages et qu'on nous a dit qu'on allait à Rivesaltes, que c'était un camp de famille (Margot, 2007).<span style="font-size:10.0pt"> Elle </span>attribue elle aussi le groupe nominal à une autre instance. Donc, le G.N groupe nominal <i>camp de famille</i> n’est pas une catégorisation propre aux témoins mais à d’autres instances. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un camp pas comme les autres</b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans certains passages, on peut lire que les témoins décrivent le camp de Rivesaltes par l’adjectif <i>différent. </i>Ce dernier<i> </i>est souvent précédé ou suivi d’un adverbe d’intensité <i>complétement</i> ou <i>vraiment</i>, ce qui accentue le degré de différence. Il n’était pas comme les autres camps, Brens par exemple, car il était difficile à quitter ou encore, comme le souligne Frida, c’était un camp très pauvre en nourriture où souvent les internés étaient obligés de voler pour pouvoir se nourrir et survivre, c’est ce qui fait sa particularité. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">De Brens et en, envoyés à Rivesaltes. Euh, je ne me rappelle pas que je … Seulement ce qui m'éclaire main … jusqu'à maintenant, c'est que tout le monde avait l'impression et à la fin du compte c'est, c'était vraiment la vérité, que euh, Rivesaltes était quelque chose d'autre. C'était un camp différent, c'était un camp vraiment qui, euh, qui était …, ou il y avait très, très peu à manger, où il y avait des gens qui, qui volaient et parce que pour rester en vie, il fallait faire des, des choses atroces (Frida, 2012)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">En effet, au camp de Rivesaltes la souffrance des internés était prégnante, comme le témoigne Bohny-Reiter : « Ils étaient là, mourant, dans une baraque à gauche et à droite. Dans certaines baraques, des hommes ne pouvaient plus tenir debout et restaient couchés. On voyait le voisin regardant dans l’assiette de celui qui allait mourir. La faim faisait perdre toute dignité aux hommes » (Bohny-Reiter citée par Boitel, 2001 : 182).</span></span></span></p>
<h4 style="margin-top:3px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic">3.2.1.2 Dans le discours des femmes juives et espagnoles</span></span></span></span></span></span></span></h4>
<p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu de misère </b></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La misère du camp de Rivesaltes est relatée de façon récurrente (elle représente 6 % des énoncés)<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[5]</span></span></span></span></span></a> uniquement par les femmes espagnoles et par les femmes juives, comme Julia. À la fin de son entretien, sur un ton élégiaque, elle insiste sur le mot <i>misère</i>, répété 2 fois. Ayant vécu dans le camp de Rivesaltes, elle le catégorise parmi les camps difficiles où la misère était de vigueur dans le quotidien des internés. Par le verbe modalisateur <i>vouloir</i>, elle renforce sa volonté à faire connaitre aux autres cette misère personnellement vécu car elle a eu un impact non seulement sur son passé mais aussi sur son présent. Ce souvenir est resté vif.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">a. Ça m'a fait plaisir que vous êtes venu me voir. Pourquoi ? Ben pour parler de du camp de Rivesaltes et de la misère qu'on a eue. Ben écoutez, merci à vous. J'espère que les gens de Rivesaltes euh, que si, comme eux ils disent qu'ils ont eu la misère plus que dans les camps, que je voudrais bien en voir un pour lui dire la vérité (Julia, 2014)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans ce dernier énoncé, Irène appuie cette catégorisation du camp par la négation qui renvoie à l’absence de soin et de médicaments, ce qui a été à l’origine de la mort de sa camarade diabétique. Elle réintroduit la négation totale dans la seconde partie de sa narration. Cette fois-ci, elle argumente par son propre vécu, de la pleurésie qu’elle a eue étant jeune au camp de Rivesaltes. Par absence de moyens, les soins étaient très primaires. Ses soins se limitaient à l’envelopper de savon noir « avec une linge ».</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">b. On est parti en janvier 41. Et ma grand- mère est morte avant. Elle est partie avant à Lannemezan. Comme beaucoup de personnes âgées on l'a déplacé parce que c'était impossible, il y avait pas de médicaments au camp de Rivesaltes. Je vous ai dit une camarade qui est morte diabétique. (…) Il y avait pas de médicaments. Et moi, on me faisait des enveloppements de savon noir avec un linge autour pour attirer, pour tirer dehors la, les, les, la maladie des poumons : la pleurésie. J'avais la pleurésie au camp de Rivesaltes (Irène, 2013)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La misère est une variable commune aux camps d’internement de la Seconde Guerre Mondiale, et le camp de Rivesaltes n’a pas fait l’exception. </span></span></span></p>
<ol start="2">
<li style="text-align:justify; margin-top:3px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#1f3763"><span style="font-weight:normal">Dans le discours des hommes</span></span></span></span></span></span></li>
</ol>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Dans cette seconde sous-partie, nous nous focaliserons sur les représentations propres aux locuteurs masculins. Nous verrons cela dans le discours commun aux déportés juifs et aux réfugiés espagnols, dans celui des locuteurs masculins espagnols et dans le discours des locuteurs masculins juifs.</span></span></span></p>
<h4 style="text-align:justify; margin-top:3px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic">3.2.2.1 Dans le discours <a name="_Hlk121754329">des déportés juifs et des réfugiés espagnols</a></span></span></span></span></span></span></span></h4>
<p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu d’appartenance </b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Pour les témoins masculins, déportés juifs ou réfugiés espagnols, le camp de Rivesaltes était telle une demeure, un espace d’identification. Antonio marque cette appartenance spatiale par le verbe <i>venir </i>et <i>vivre</i>. Il identifie les enfants juifs par leur rattachement au camp de Rivesaltes. Léon va encore plus loin dans la nomination du camp. Il le définit comme son « lieu de résidence », ce qui renforce le sentiment de proximité de l’homme et de l’espace qui apparait sous forme de fatalité. Les hommes ne pouvaient plus se voir en dehors des murs invisibles du camp. Cette nomination exprime une sorte de résignation de la part de ces derniers, une sorte d’élégie sous-entendue.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">a. Et là, y'avait des enfants juifs avec moi qui venaient aussi du camp de Rivesaltes ou d'autres camps et nous avons vécu quelques, quelques semaines là (Antonio, 2008)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:10.0pt">b. Donc notre lieu de résidence c'était le camp de Rivesaltes, voilà (Léon, 2009)</span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La vie au camp apparait ainsi chez certains témoins comme une sorte de fatalité. La vie concentrationnaire s’est imposée à eux. Le camp est devenu leur point de repère.</span></span></span></p>
<h4 style="margin-top:3px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic">3.2.2.2 Dans le discours des locuteurs masculins espagnols</span></span></span></span></span></span></span></h4>
<p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu où on peut s’instruire </b></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La scolarisation des enfants faisait partie du programme de Vichy, car ils représentaient une grande population. C’était les Œuvres comme L’ORT qui s’occupaient de leur éducation, l’indique Boitel : « Sur ce point, le camp de Rivesaltes est tout à fait original. La forte présence infantile, va contribuer à l’engagement intense des Œuvres. Grâce à leur ténacité, Vichy décide d’ouvrir des écoles » (2001 : 151). Florentino est le seul témoin espagnol qui revient sur la scolarisation des enfants du camp de Rivesaltes. Par <i>tous</i>, il qualifie toute la collectivité infantile du camp de Rivesaltes. Ainsi, se dresse l’isotopie de l’école par les mots <i>école</i>, <i>institutrices</i> et <i>cours</i>. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a name="_Hlk104471756"><span style="font-size:10.0pt">Donc, le camp de Rivesaltes, ça changeait complètement et en plus, il y avait des classes, il y avait, ils ont fait … tous les enfants qui étaient au camp allaient à l'école. Il y avait des institutrices qui faisaient les … des Françaises, hein, qui faisaient les cours (Florentino, 2009)</span></a></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">De de fait, le camp de Rivesaltes n’était pas seulement un lieu d’internement, il était aussi un lieu où les enfants internés pouvaient accéder à l’éducation. </span></span></span></p>
<p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="break-after:avoid"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu d’occupation </b></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Cette thématique ne revient que rarement dans les témoignages. On la retrouve dans le témoignage d’Antonio qui revient par le verbe <i>occuper</i> sur l’occupation du camp de Rivesaltes en novembre 1942 par les Allemands « Euh, les autorités allemandes décident d'occuper le camp de Rivesaltes » (Antonio, 2008). Dans les énoncés de ce réfugié espagnol, le camp de Rivesaltes devient un lieu occupé non par les internés du camp mais par les autorités allemandes.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un camp militaire</b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Avant qu’il se transforme en camp d’internement, le camp de Rivesaltes avait comme vocation initiale d’être un camp militaire. Cependant, ce qui nous paraît peu inattendu dans ces témoignages c’est la rareté de cette catégorisation, mise à part dans un extrait d’Antonio qui, par l’anaphorisation, se réfère à la fonction militaire de cet ancien camp quand il énonce : « D'ailleurs c'était un camp militaire et des militaires avaient vécu là lorsque c'était en bon état » (Antonio, 2010). Ce renvoi est intéressant car il dresse un parallèle avec deux périodes différentes : le camp avant et pendant l’internement. Autrement dit, quand le camp était en bon état et quand il s’est dégradé lors de la phase d’internement.</span></span></span></p>
<ol start="3">
<li style="margin-top:3px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic">Dans <a name="_Hlk121754387">le discours des locuteurs masculins juifs </a></span></span></span></span></span></span></span></li>
</ol>
<p style="text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">- <b>Un lieu qui attise la peur</b></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Les locuteurs juifs se rappellent de la peur qu’inspirait le camp de Rivesaltes quand par exemple Léon répond par l’affirmation à la question de son interlocuteur : « Oui, c'était un camp où on avait peur » (Norbert, 2008). D’autres le décrivent par l’adjectif péjoratif <i>atroce</i> car ils étaient enfermés : « Est-ce que vous avez d'autres souvenirs de Rivesaltes, en général, d'autres anecdotes ? Non. Seulement ce, ce, ce, ce camp atroce qui …, où on était enfermé » (Norbert, 2008). Cependant, dans cet espace lugubre, la maltraitance n’était pas de mise, ainsi se souvient Léon : « Je n'ai pas connaissance de quelqu'un qui a été maltraité dans le camp de Rivesaltes » (Léon, 2009). Le groupe verbal à la forme négative dément la présence de tout acte de maltraitance physique au camp de Rivesaltes.</span></span></span></p>
<h1 style="margin-top:16px"><span style="font-size:16pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt"><span style="line-height:107%">Conclusion </span></span></span></span></span></span></span></span></h1>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Le témoignage apparaît comme un lieu propice à la nomination, sans que cette dernière soit une caractéristique propre à ce genre discursif. Même si on retrouve des nominations communes aux groupes d’internés, certaines divergent d’un groupe à un autre : la nomination du camp de Rivesaltes varie selon le sexe du témoin et selon ses origines. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:14.2pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">La représentation de l’espace concentrationnaire chez les femmes juives se construit essentiellement autour de la séparation, de l’enfermement et de la misère. Cette dernière est la plus relevée. Elle représente 6 % des énoncés. Quand il s’agit de nommer le camp de Rivesaltes, les locutrices emploient souvent un ton élégiaque. Le camp de Rivesaltes est un espace dans lequel elles ont souffert de différentes manières. D’autres énoncés sont plus neutres. Les locutrices nomment le camp par sa fonctionnalité administrative, par son statut de camp de famille ou encore par ce qui fait sa singularité. Elles le définissent par rapport aux autres camps par l’adjectif <i>différent</i>. Cependant, la nomination du camp de Rivesaltes comme un camp propice à la misère est présente non seulement dans le témoignage des juives, mais aussi dans ceux des espagnoles. En effet, la thématique de la misère est relative à la précarité de la vie d’interné et au manque d’hygiène. En parallèle, les hommes se détachent légèrement de cette souffrance du vécu qu’on retrouve dans le discours des femmes. Le temps élégiaque est quasiment absent. Cela n’empêche qu’on peut relever une sorte d’élégie dans les mots de l’appartenance. Ils parlent du camp comme si c’était un « lieu de résidence » ou « une maison », ce qui renvoient à une sorte de fatalité du destin. Et même si les hommes juifs préfèrent mettre l’accent sur l’aspect lugubre du camp en insistant sur le sentiment de peur, les hommes espagnols le représentent d’une façon beaucoup plus neutre et distanciée. Ils pas<span new="" roman="" style="font-family:" times="">sent </span>d’un lieu où les enfants pouvaient s’instruire à un ancien camp militaire et à un camp anciennement occupé par les autorités allemandes. En résumé, le camp de Rivesaltes jouit de diverses représentations pour la majorité péjoratives signalées par la peur, la violence et la misère.</span></span></span></p>
<h1 style="margin-top:16px"><span style="font-size:16pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span calibri="" light="" style="font-family:"><span style="color:#2f5496"><span style="font-weight:normal"><span style="font-size:14.0pt"><span style="line-height:107%">Bibliographie </span></span></span></span></span></span></span></span></h1>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Bakhtine, M. (1975). <i>Esthétique et théorie du roman</i>, traduit du russe par Daria Olivier, préface de Michel Aucouturier. Paris : Gallimard.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Bres, J. (2017), « Actualisation », C. Détrie, P. Siblot, B. Verine, A. Steuckardt, <i>Termes et concepts pour l’analyse du discours. Une approche praxématique</i>, Paris, Champion, p. 17-21.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Bres, J., Nowakovska, A., & Sarale, J-M. (2019). <i>Petite grammaire alphabétique du dialogisme</i>. Paris : Garnier.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Gary-Prieur, M.-N. (1991). <i>Grammaire du nom propre</i>. Paris : PUF</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Gary-Prieur, M.-N. (1989). Quand le référent d’un nom propre se multiplie. <i>Modèles linguistiques</i> II-2. p. 119-133.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Kripke, S. (1982). <i>La logique des noms propres</i>. Paris : Minuit.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Siblot, P. (1987). Signifiance du nom propre. <i>Cahiers de praxématique</i> 8, Montpellier : Publications de l’Université de Montpellier III. p. 97-116.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Siblot, P. (1999). Appeler les choses par leur nom, in Akin S. (éd.). <i>Noms et re-noms</i>, Rouen, Publications de l’université de Rouen. p. 12-31.</span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Siblot P., Steuckardt A. (2017). « Néologie », C. Détrie, P. Siblot, B. Verine, A. Steuckardt, <i>Termes et concepts pour l’analyse du discours. Une approche praxématique</i>, Paris, Champion, p. 304-308.</span></span></span></p>
<div>
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1">
<p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[1]</span></span></span></span></span></a> Dictionnaire anglophone en ligne créé en 1999. La base de ce dictionnaire s’enrichit grâce à l’intervention des internautes inscrits. Il est considéré parmi les dictionnaires les plus visités.</span></span></p>
</div>
<div id="ftn2">
<p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[2]</span></span></span></span></span></a> La requête pour l’identification des occurrences avec GN : [frlemma="camp"] [frlemma="de"] [frlemma="Rivesaltes"]</span></span></p>
</div>
<div id="ftn3">
<p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[3]</span></span></span></span></span></a> Hormis la fonction CCL, le G.N est un C.O.I (19 %), un complément du nom (12 %), un locatif (8 %), un sujet (7 %), et un C.O.D (6 %).</span></span></p>
</div>
<div id="ftn4">
<p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[4]</span></span></span></span></span></a> Un lieu de vie commune 15 %, un lieu d’enfermement 12 %, un lieu où se déroule l’activité du témoin 6 %, un lieu immense 6 %, un lieu de célébrations religieuses 4 %, un lieu gardé 4 %.</span></span></p>
</div>
<div id="ftn5">
<p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[5]</span></span></span></span></span></a> Un lieu d’appartenance 2 %, un lieu de séparation 1 %, un lieu administratif 1 %, un camp de famille 1 %, un camp différent 1%, un lieu où on peut s’instruire 1 %, un lieu d’occupation 1 %, un camp militaire 1 %, un lieu de peur sans maltraitance physique1 %.</span></span></p>
</div>
</div>