<p>Tiers Livre est un organe de création interactive en constante évolution grâce à la conjonction des principaux vecteurs d’expression numérique : le texte et l’image photographique. Une réflexion liminaire tente de préciser les différences entre le mode de visionnement d’un texte (déroulement vertical et progressif) et celui d’une photographie (ouverture immédiate, exploration). Je repère ensuite les emplacements où des photographies entrent en jeu : « petit journal image » (aujourd’hui « #journal (depuis 2007) »), « fictions dans un paysage » et « arts & photo ». Elles sont souvent l’œuvre de François Bon et documentent son activité, mais son site accueille aussi de nombreux photographes. Ce que j’appelle « syntaxe » décrit deux principes d’association entre photos et textes : la photo-document et la photo-déclic pour l’imagination. Je range sous le terme de « pragmatique », tout ce que François Bon aime transmettre sur l’histoire et les progrès les plus récents de l’appareillage photographique. Toute création sur la toile passe par cette négociation exploratoire entre le projet artistique et le matériel technique disponible. Une entreprise aussi durable que Tiers livre, la richesse des échanges qu’il rend possible montrent qu’il a un sens pour notre époque. Les photographies choisies contribuent à cette « sémantique » discrète : elles associent paradoxalement la symbolique du réseau, du quadrillage, de l’enchevêtrement, de la dislocation avec la représentation de paysages infinis, de ciels grands ouverts, d’espaces humiliés, mais en attente d’un sens.</p>