<div class="entry-content"> <h3>Abstract&nbsp;</h3> <p>A stage of diffused voices, of beginnings that are always taken up again, of bodies whose very absence testifies to a more urgent presence, successive monologues that seek the intersections between oneself and the outside, where the inside vibrates with everything that confronts it, a site as a space traversed by the time to say it: all this makes Tiers Livre a theatre, not real or metaphorical, but in potential. This is the hypothesis, or to put it better, the dream of this essay.</p> <p><strong>Keywords</strong><br /> &nbsp;</p> <div class="meta-tags">Fran&ccedil;ois Bon, voices, Tiers Livre, theater,&nbsp;digital writings, lyrism, city, dream</div> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">Donc Tiers Livre est un th&eacute;&acirc;tre,</p> <p style="text-align: justify;">le contraire d&rsquo;un th&eacute;&acirc;tre, &eacute;videmment, et c&rsquo;est en cela peut-&ecirc;tre que, plus s&ucirc;rement, il l&rsquo;est, radicalement&nbsp;: qu&rsquo;il rejoint int&eacute;rieurement le r&ecirc;ve et le d&eacute;sir et la possibilit&eacute; d&rsquo;un th&eacute;&acirc;tre total, d&rsquo;un th&eacute;&acirc;tre qui se passerait d&rsquo;en &ecirc;tre un, enfin, qui pourtant incessamment l&egrave;verait cela, <em>la pr&eacute;sence r&eacute;elle </em>du th&eacute;&acirc;tre, son r&ecirc;ve, son d&eacute;sir, sa possibilit&eacute; :</p> <p style="text-align: justify;">th&eacute;&acirc;tre de nos villes : toujours situ&eacute;s en bordure de nos villes, ces th&eacute;&acirc;tres aujourd&rsquo;hui, et pour y aller, ce n&rsquo;est pas rien : ce n&rsquo;est jamais <em>rien</em>, non, et c&rsquo;est d&rsquo;avoir travers&eacute; le dehors qu&rsquo;on le rejoint, le froid souvent, et l&rsquo;attente, le temps vide entre la vie et ; et on ne sait pas&nbsp;&mdash; vite, ensuite, &ccedil;a commence&nbsp;;</p> <p style="text-align: justify;">d&eacute;j&agrave; on sait que c&rsquo;est manqu&eacute;, le th&eacute;&acirc;tre dans nos villes&nbsp;: l&rsquo;interruption de la vie qui fait semblant de ne rien interrompre&nbsp;; les corps bien s&ucirc;r sont l&agrave; qui disent les mots, prennent la parole mais on ne sait pas &agrave; qui, &agrave; quoi, et nous dans le silence et le noir (pourquoi ?), on garde le silence et le noir, mais on ne nous a rien donn&eacute;, on le garde <em>quand m&ecirc;me,</em></p> <p style="text-align: justify;">et sur ce <em>quand m&ecirc;me</em> on pourrait en faire une vie, parce qu&rsquo;il faudra bien le rendre, on n&rsquo;en veut pas cependant, tout ce silence et ce noir, les th&eacute;&acirc;tres vraiment dans nos villes, c&rsquo;est incompr&eacute;hensible et c&rsquo;est <em>l&agrave;</em> ; en sortant toujours, cette impression que non, rien n&rsquo;a eu lieu (&agrave; peine le lieu), et on pourrait bien cracher par terre en disant <em>plus jamais</em>,</p> <p style="text-align: justify;">plus jamais et <em>pourtant</em>, le vendredi soir prochain, on sera assis dans un autre th&eacute;&acirc;tre, en se disant&nbsp;: &ccedil;a commence encore, la pr&eacute;sence r&eacute;elle des corps lev&eacute;s devant nous pour dire les mots, et l&rsquo;impossibilit&eacute; de les toucher, juste l&agrave; et pourtant si loin, <em>insituable</em>, le surgissement du proche inapprochable, comme un miracle.</p> <p style="text-align: justify;">le th&eacute;&acirc;tre ou la lev&eacute;e des corps, et des voix qui n&rsquo;appartiennent &agrave; personne, sur laquelle la ville soudain branch&eacute;e, li&eacute;e &agrave; elle comme des feuilles sur le point de tomber, le th&eacute;&acirc;tre comme ce qui circonscrit un espace ouvert, un espace qui tiendrait d&rsquo;un dedans&nbsp;&mdash; cavit&eacute;, cr&acirc;ne, tombeau, berceau &nbsp;&mdash;, et d&rsquo;un dehors manifeste&nbsp;&mdash; puissance qui engouffre, et rien au-del&agrave;&nbsp;&mdash;, le th&eacute;&acirc;tre comme cela, et comme ce qui ne saurait jamais l&rsquo;&ecirc;tre, le contraire de la vie (et le d&eacute;tester tant pour cela), et le seul lieu o&ugrave; l&rsquo;on pourrait dire qu&rsquo;ici se dit le contraire de la vie&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a> (et l&rsquo;aimer tant pour cela, oui, et y revenir, le vendredi soir prochain)&nbsp;: mais comment faire&nbsp;? Et o&ugrave; approcher l&rsquo;insituable de nos corps, du monde, et de l&rsquo;autre&nbsp;? Dans quel <em>site</em> pourrait se d&eacute;signer l&rsquo;insituable de nos exp&eacute;riences&nbsp;?</p> <p style="text-align: justify;">sur l&rsquo;&eacute;cran est un cadre, le plateau, une fen&ecirc;tre&nbsp;; mille plut&ocirc;t, mille qui s&rsquo;entrecroisent, se chevauchent et se r&eacute;pondent, des voix mille et davantage, et l&rsquo;&eacute;cran, comme on s&rsquo;y perd, des r&eacute;cits plus de mille et un, le carr&eacute; dans lequel s&rsquo;engouffre tout, le bruit du monde et soi-m&ecirc;me, l&rsquo;endroit de la biblioth&egrave;que et l&agrave; o&ugrave; nous parvient la brutalit&eacute; du r&eacute;el, celui qui est l&rsquo;actualit&eacute; brute du temps, et sa part la plus secr&egrave;te, le myst&egrave;re qu&rsquo;on confie &agrave; ces endroits publics,</p> <p style="text-align: justify;">oui, l&rsquo;&eacute;cran comme une table d&rsquo;&eacute;criture, de lecture, du mouvement qui organise les flux de l&rsquo;&eacute;criture &agrave; la lecture pour les confondre, l&rsquo;&eacute;cran est l&agrave; o&ugrave; <em>&ccedil;a</em> surgit, mais quoi, on ne sait pas c&rsquo;est pour quoi on laisse surgir, et on appelle &ccedil;a surgir,</p> <p style="text-align: justify;">l&rsquo;&eacute;cran, un grand plateau de th&eacute;&acirc;tre o&ugrave; viennent des corps sans qu&rsquo;ils aient besoin de corps vraiment, et des voix, et des morceaux &eacute;pars de ciel et de ville, et comme on raconterait &agrave; un sourd le bruit, mais comment il l&rsquo;entendrait, le sourd, tout ce bruit, en lui&nbsp;: voil&agrave;, c&rsquo;est un th&eacute;&acirc;tre, l&agrave; vient se d&eacute;poser ce geste ; &agrave; la fois : un enfouissement et un arbre, c&rsquo;est l&rsquo;&eacute;cran, et</p> <p style="text-align: justify;">partout autour de l&rsquo;&eacute;cran, et aupr&egrave;s de nous, que l&rsquo;on veille, c&rsquo;est le silence, et le noir plus grand encore, que l&rsquo;on porte&nbsp;: qui est l&rsquo;accueil, mais intempestif&nbsp;; le privil&egrave;ge de l&rsquo;&eacute;cran est l&agrave;, quand le livre a encore besoin de lumi&egrave;re artificielle pour exister, non l&rsquo;&eacute;cran produit sa propre lumi&egrave;re parce que la fen&ecirc;tre est sa propre lumi&egrave;re, et on ne se rend m&ecirc;me pas compte que la lumi&egrave;re que l&rsquo;&eacute;cran diffuse n&rsquo;est pas un &eacute;clat, seulement sa mani&egrave;re &agrave; lui de surgir pour &ecirc;tre visible&nbsp;: un corps plong&eacute; dans un corps accro&icirc;t son propre volume, on ne sait plus de quel corps on parle ; un corps est visible d&egrave;s lors qu&rsquo;il intercepte de la lumi&egrave;re&nbsp;: le site est &agrave; la fois de la lumi&egrave;re visible et ce qui le rend visible&nbsp;; en arri&egrave;re de la lumi&egrave;re, des signes, comme des mains n&eacute;gatives sur la paroi des roches noires, lointaines et sacr&eacute;s, en fait des morceaux de r&eacute;alit&eacute;s qui font &eacute;cran &agrave; la lumi&egrave;re, on se penche ce sont des lettres, et mentalement soudain des mots, des voix qui sortent sans besoin de corps, qui passent,</p> <p style="text-align: justify;">le rideau d&eacute;chir&eacute; &eacute;tait le plateau lui-m&ecirc;me, on est envelopp&eacute; du silence et du noir parce que soudain, et on ne le savait pas, c&rsquo;&eacute;tait la condition de ce th&eacute;&acirc;tre, du site insituable enfin qu&rsquo;est l&rsquo;&eacute;cran, un th&eacute;&acirc;tre, vraiment, de <em>pied en cape</em> ;</p> <p style="text-align: justify;">d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, la vie, de l&rsquo;autre, nous-m&ecirc;me, et pour que cela ait lieu (la pr&eacute;sence), il faut bien qu&rsquo;il y ait un <em>tiers</em>, quelque chose qui serait en dehors de soi o&ugrave;, non pas se voir, ou se lire, mais qui du dehors peuplerait tout un dedans, une sauvagerie de mots, et la tendresse de les d&eacute;poser l&agrave; ; un mur transparent, second, troisi&egrave;me, quatri&egrave;me, de l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute; duquel on se tiendrait, et on dirait&nbsp;: c&rsquo;est l&agrave;&nbsp;: le tiers, ce ne sera pas un <em>livre</em>, &eacute;videmment, cet objet clos qui est d&eacute;j&agrave; tout constitu&eacute; de mots avant qu&rsquo;on l&rsquo;ouvre, comme fait pour du pass&eacute;, l&rsquo;avoir lieu du temps, non, c&rsquo;est fini, le temps pass&eacute; est une id&eacute;e ancienne, le tiers, c&rsquo;est aussi le tiers du livre, c&rsquo;est le tiers d&rsquo;un temps entre le pass&eacute; et ce qui est sur le point de, quelque chose comme de la pr&eacute;sence confondu avec son imminence et un d&eacute;sir&nbsp;: en chaque instant c&rsquo;est l&agrave; qu&rsquo;on est, qu&rsquo;on pourrait &ecirc;tre, l&rsquo;&eacute;cran tendu pour qu&rsquo;on le traverse, mais on ne franchira pas, et devant quoi l&rsquo;on se tient&nbsp;: ceci &agrave; cause de quoi un jour de grand d&eacute;s&oelig;uvrement, on a commis le th&eacute;&acirc;tre, la pr&eacute;sence, soudain l&agrave; sur l&rsquo;&eacute;cran, qui passe&nbsp;&mdash;</p> <p style="text-align: justify;">que la parole n&rsquo;est pas l&rsquo;attribut de l&rsquo;homme, mais la preuve, on le sait&nbsp;: sur l&rsquo;&eacute;cran, donc, ce qui passe ne prouve rien que cela&nbsp;: le passage du temps, et sur la m&ecirc;me surface de temps que soi, les textes qui s&rsquo;&eacute;crivent &eacute;crivent aussi le temps, ce n&rsquo;est pas un journal du temps, mais bien le lev&eacute;e des voix : oui, leur pr&eacute;sence r&eacute;elle&nbsp;;</p> <p style="text-align: justify;">sur l&rsquo;&eacute;cran, c&rsquo;est &eacute;crit (dans les archives, sans que je comprenne vraiment ce qu&rsquo;est une archive dans Tiers Livre, puisque je le d&eacute;couvre en ma pr&eacute;sence, hier soir, h&ocirc;tel des Arts de Montpellier, dix-neuf heure neuf, je lis ce texte &eacute;crit je ne sais pas quand, dans le pass&eacute; sans doute, un pass&eacute; contemporain de ma lecture d&rsquo;hier soir, les phrases anciennes mais qui disent maintenant pour nommer) maintenant, ce miracle&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Axiome, un&nbsp;: que le th&eacute;&acirc;tre lui-m&ecirc;me soit toujours pr&eacute;sent dans ce qu&rsquo;on avance. Que chaque phrase dite ait sens dans le miroir du th&eacute;&acirc;tre se disant lui-m&ecirc;me&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">car miracle de cette phrase qui accomplit son propre miracle, le programme de sa pr&eacute;sence, qu&rsquo;elle ex&eacute;cute dans l&rsquo;instant, son arr&ecirc;t de mort, force vitale quand elle ajoute, via Fellini&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">&laquo; Il suffirait de se poster &agrave; un coin de rue et regarder&nbsp;&raquo;. Lui r&ecirc;ve de &ccedil;a, d&rsquo;une pi&egrave;ce qui le mettrait en position d&rsquo;assister au spectacle du monde et de le refaire&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">th&eacute;&acirc;tre, donc : <em>coin de rue</em> &agrave; l&rsquo;angle duquel tourner (et quand m&ecirc;me <em>oser</em>, m&ecirc;me s&rsquo;il pleut), si le site est ce th&eacute;&acirc;tre, alors selon l&rsquo;axiome deux&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">le dehors est contenu dans la phrase, mais sugg&eacute;r&eacute; par l&rsquo;&eacute;cart de la phrase avec le dehors qu&rsquo;elle nomme, quand le roman le contient pour s&rsquo;y appuyer. Ici le dehors est l&rsquo;ouverture noire du plateau sur rien, mais un rien qui r&eacute;f&egrave;re tout, le rien &eacute;videmment peupl&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">th&eacute;&acirc;tre, oui : &laquo;&nbsp;s&eacute;jour o&ugrave; des corps vont cherchant chacun son d&eacute;peupleur. Assez vaste pour permettre de chercher en vain&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>.&nbsp;<em>&raquo; </em>Un site comme ce th&eacute;&acirc;tre m&ecirc;me, non pas le th&eacute;&acirc;tre de nos villes, mais son r&ecirc;ve, c&rsquo;est-&agrave;-dire th&eacute;&acirc;tre con&ccedil;u comme un labyrinthe,</p> <p style="text-align: justify;"><em>un esp&egrave;ce d&rsquo;espaces </em>o&ugrave; chaque texte est une nouvelle anti-chambre qui trompe le chercheur et repousse le lieu o&ugrave; se situe l&rsquo;insituable du tombeau (il n&rsquo;y a pas de salle de tombeau dans un site, pas m&ecirc;me de tas de cendre qui dirait&nbsp;: &laquo;&nbsp;c&rsquo;est fini&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;c&rsquo;est l&agrave; qu&rsquo;est le terme&nbsp;&raquo;)&nbsp;&mdash; un site multipliant les portes, un th&eacute;&acirc;tre avec des sc&egrave;nes juxtapos&eacute;es dans chaque acte, et le vieil art de Racine qui nous a appris que chaque sc&egrave;ne rejoue en totalit&eacute; l&rsquo;ensemble de la pi&egrave;ce en monade&nbsp;: ici chaque texte est l&rsquo;ensemble du site lui-m&ecirc;me, et en chacun de ses points&nbsp;: toile&nbsp;; toile qu&rsquo;en agitant une des extr&eacute;mit&eacute;s, je fais vibrer dans son ensemble, et parcours&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>&nbsp;: parcours en ligne d&rsquo;erre.</p> <p style="text-align: justify;">th&eacute;&acirc;tre du Tiers Livre, sa radicalit&eacute;, l&rsquo;&eacute;pars d&rsquo;un corps d&eacute;sorganis&eacute; &agrave; mesure qu&rsquo;il se donne naissance, texte &agrave; texte, c&rsquo;est-&agrave;-dire un jour apr&egrave;s l&rsquo;autre : la r&eacute;plique de l&rsquo;un qu&rsquo;on endosse, et la r&eacute;plique d&rsquo;un autre que soi, le lendemain :</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Axiome, quatre&nbsp;: [&hellip;] que chaque r&eacute;plique vaut comme totalit&eacute;, et non pas comme lien rh&eacute;torique &agrave; ce &agrave; quoi elle r&eacute;pond, ou ce vers quoi elle ouvre. Et combien ici chutent&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;"><em>th&eacute;&acirc;tre : </em>non pas lieu coup&eacute; o&ugrave; se raconter des histoires pour de faux, tromper l&rsquo;attente, l&rsquo;ennui, le froid, mais au contraire, th&eacute;&acirc;tre l&agrave; o&ugrave; seul peut-&ecirc;tre l&rsquo;invention de la pr&eacute;sence prouve la pr&eacute;sence, l&agrave; o&ugrave; le monde s&rsquo;engouffre et se trouve nomm&eacute;, visible : dignit&eacute; du geste, de la parole&nbsp;&mdash;</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">tant de routes, tant d&rsquo;enjeux&nbsp;/ Tant d&rsquo;impasses, je me trouve au bord de l&rsquo;ab&icirc;me&nbsp;/ Parfois je me demande ce qu&rsquo;il faudra&nbsp;/ Pour trouver la dignit&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a></p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">dignit&eacute; comme qu&ecirc;te, comme chemin, dignit&eacute; de la langue, cette anfractuosit&eacute; de langue o&ugrave; vient surgir Tiers Livre comme arme de reconqu&ecirc;te, tel qu&rsquo;il se l&egrave;ve, tel qu&rsquo;il avance au-devant de lui-m&ecirc;me dans le noir et le silence des villes quand elle reflux le soir&nbsp;: reconqu&eacute;rir des territoires de fiction, reprendre possession des lieux (int&eacute;rieurs, politiques, symboliques) que le pouvoir, ou la vie dans son organisation polici&egrave;re, nous a pris&nbsp;;</p> <p style="text-align: justify;">Tiers Livre est l&rsquo;autre nom du th&eacute;&acirc;tre &agrave; cause de cela : qu&rsquo;il est cette reconqu&ecirc;te de nos territoires de fiction ;</p> <p style="text-align: justify;">vieux r&ecirc;ves du th&eacute;&acirc;tre, &laquo;&nbsp;qu&rsquo;en un lieu, qu&rsquo;en un jour, un seul fait accompli&nbsp;/ tienne jusqu&rsquo;&agrave; la fin le th&eacute;&acirc;tre rempli&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;: le lieu, c&rsquo;est le site et le dehors tout entier l&agrave;&nbsp;; le jour, c&rsquo;est aussi une part de la nuit, toujours le temps o&ugrave; je viens ouvrir l&rsquo;&eacute;cran pour m&rsquo;y rendre, c&rsquo;est le nuit qu&rsquo;on vient lire, n&rsquo;importe quel jour, tant qu&rsquo;il demeure au pr&eacute;sent&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>&nbsp;; le fait accompli est la propre exp&eacute;rience du r&eacute;el, sa travers&eacute;e qui met sur le m&ecirc;me plan les lectures et les r&ecirc;ves qui naissent d&rsquo;elles, et les images de la ville, les terreurs, les libres pens&eacute;es l&acirc;ch&eacute;es sur le monde pour mieux l&rsquo;inventer, s&rsquo;y <em>affronter</em>&nbsp;&mdash; et jusqu&rsquo;&agrave; la fin, on ne sait pas, on r&ecirc;ve de temps &agrave; temps &agrave; cette fin qu&rsquo;on a mis en arri&egrave;re de soi, que le temps ne viendra jamais arr&ecirc;ter, maintenant qu&rsquo;on est vivant, pr&eacute;sent &agrave; cette vie de nouveau donn&eacute;e&nbsp;: alors le th&eacute;&acirc;tre rempli, on comprend que c&rsquo;est nous-m&ecirc;me, plein de ces r&ecirc;ves,</p> <p style="text-align: justify;">un r&ecirc;ve de th&eacute;&acirc;tre, si le th&eacute;&acirc;tre est le r&ecirc;ve qu&rsquo;on en fait, qu&rsquo;il est l&rsquo;espace du d&eacute;ploiement, le lieu d&rsquo;un long d&eacute;pli&nbsp;: corps via l&rsquo;absence de corps, et voix, possible par cette absence m&ecirc;me, silencieuse, &eacute;crite&nbsp;:</p> <p style="text-align: justify;">lente c&eacute;r&eacute;monie du temps propre &agrave; celui qu&rsquo;on s&rsquo;accorde pour lire (et auquel on s&rsquo;accorde), des lumi&egrave;res sur l&rsquo;&eacute;cran, des pr&eacute;sences d&eacute;sir&eacute;es qui s&rsquo;&eacute;chappent&nbsp;;</p> <p style="text-align: justify;">lieux fantastiques, l&agrave; o&ugrave; celui qui parle, dedans Tiers Livre, d&eacute;plie en lui les col&egrave;res&nbsp;&mdash; &laquo;&nbsp;je parle dans la col&egrave;re&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>&nbsp;&raquo;<em>,</em> axiome z&eacute;ro, non-&eacute;crit, implicite pr&eacute;alable &agrave; la prise de parole, tandis qu&rsquo;on nomme <em>lyrisme</em> cet espace o&ugrave; vient na&icirc;tre la parole du &laquo;&nbsp;Tiers Livre&nbsp;&raquo;&nbsp;: col&egrave;re comme force vitale, joyeuse, terrible, inqui&egrave;te, croisement politique et &eacute;thique&nbsp;:</p> <p style="text-align: justify;">oui, le lyrisme comme espace o&ugrave; na&icirc;t la col&egrave;re, espace int&eacute;rieur qui devient site&nbsp;&mdash; lieux fantastiques et intimes qu&rsquo;ouvre &laquo;&nbsp;Tiers Livre&nbsp;&raquo; &agrave; chacune de ses pages et qu&rsquo;on vient intercepter&nbsp;: th&eacute;&acirc;tre du regard :</p> <p style="text-align: justify;">car au th&eacute;&acirc;tre, j&rsquo;aime (mais j&rsquo;ai compris peu &agrave; peu que je ne peux pas faire autrement, que c&rsquo;est un compromis que j&rsquo;ai n&eacute;goci&eacute; avec le th&eacute;&acirc;tre lui-m&ecirc;me) me placer sur le c&ocirc;t&eacute;, au bord, dernier fauteuil aupr&egrave;s de l&rsquo;all&eacute;e, pour intercepter la technique de l&rsquo;acteur, ne pas la voir frontalement (d&rsquo;o&ugrave; vient cette peur d&rsquo;&ecirc;tre d&eacute;visag&eacute; ?)&nbsp;; ici, sur l&rsquo;&eacute;cran, c&rsquo;est un m&ecirc;me dispositif imm&eacute;diatement qu&rsquo;on endosse&nbsp;: celui qui dit <em>je</em> &agrave; la surface de l&rsquo;&eacute;cran vient intercepter les exp&eacute;riences du monde, et &agrave; m&ecirc;me &eacute;chelle, la vie, les essais libres de la pens&eacute;e, les col&egrave;res, les notes br&egrave;ves arrach&eacute;es au monde et &agrave; la vol&eacute;e les images que le r&eacute;el pose sur lui qu&rsquo;ensuite le site arrache pour les d&eacute;placer, nous les rendre de nouveau visibles, interception premi&egrave;re qu&rsquo;on intercepte &agrave; notre tour, de biais toujours&nbsp;:</p> <p style="text-align: justify;">le th&eacute;&acirc;tre, un lointain insituable que seul le site peut d&eacute;signer, comme pr&eacute;sence et comme ailleurs</p> <p style="text-align: justify;">(phrase de Michaux sur le th&eacute;&acirc;tre, ou sur le web&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Au th&eacute;&acirc;tre s&rsquo;accuse leur go&ucirc;t pour le lointain. La salle est longue, la sc&egrave;ne profonde.&nbsp;/ Les images, les formes des personnages y apparaissent, gr&acirc;ce &agrave; un jeu de glaces (les acteurs jouent dans une autre salle), y apparaissent plus r&eacute;els que s&rsquo;ils &eacute;taient pr&eacute;sents, plus concentr&eacute;s, &eacute;pur&eacute;s, d&eacute;finitifs, d&eacute;faits de ce halo que donne toujours la pr&eacute;sence r&eacute;elle face &agrave; face.&nbsp;/ Des paroles, venues du plafond, sont prononc&eacute;es en leur nom.&nbsp;/ L&rsquo;impression de fatalit&eacute;, sans l&rsquo;ombre de pathos, est extraordinaire&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">alors les violences du r&eacute;el ainsi prises, d&eacute;coup&eacute;es, nous sont rendues en propre et jamais d&egrave;s lors le site est sa propre cl&ocirc;ture&nbsp;: joie de ce th&eacute;&acirc;tre qu&rsquo;il appelle&nbsp;&mdash;&nbsp;joie en cela que sans cesse il cherche &agrave; sortir du th&eacute;&acirc;tre&nbsp;: puissance du Tiers Livre quand on se retrouve dehors &agrave; sortir l&rsquo;appareil photo pour saisir un type avec une violoncelle dans le dos, et parfois on ne l&rsquo;enverra m&ecirc;me pas, cette photo, &agrave; celui &agrave; qui pourtant on la destine, on la gardera pour soi parce qu&rsquo;elle est trop floue, elle est toujours floue, cette image qu&rsquo;on destine &agrave; celui qui l&rsquo;a produite secr&egrave;tement en nous, ou sur twitter on la d&eacute;posera comme un salut, discret, &agrave; la cantonade, le monde qu&rsquo;on aura ainsi partag&eacute;, parce que soudain il est de nouveau le n&ocirc;tre, qu&rsquo;il a &eacute;t&eacute; nomm&eacute;, qu&rsquo;il a pu faire de nouveau l&rsquo;objet d&rsquo;une conqu&ecirc;te&nbsp;: site comme d&eacute;p&ocirc;t de ces r&eacute;cits qui forment le th&eacute;&acirc;tre lev&eacute;&nbsp;: un type flou avec son violoncelle dans le dos&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>, ou les carr&eacute;s de cimeti&egrave;res&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a> qu&rsquo;on longe en train&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>, les caddies de supermarch&eacute; abandonn&eacute;s la nuit&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>, ces rectangles d&rsquo;immeubles&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>, les grandes dalles dans les abords des villes&nbsp;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>, les mots obsc&egrave;nes qu&rsquo;on nous inflige en immense sur les panneaux publicitaires&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>, les novlangues du pouvoir&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>, les regards des morts&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>, les retards des trains &agrave; cause des sangliers follement libres&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>, les chambres d&rsquo;h&ocirc;tels dans les villes de passage&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>, les objets qui sont notre m&eacute;moire&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>, et la m&eacute;moire comme appartenance au monde que l&rsquo;on choisit, et les mots des autres, aussi, surtout, en partage&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>, parce que le pr&eacute;sent se donne, que c&rsquo;est en cela qu&rsquo;il est profond&eacute;ment pr&eacute;sent, don absolu d&rsquo;une langue rompue en deux pour que l&rsquo;autre y vienne mordre, le site dans l&rsquo;accueil de tout cela, cette p&acirc;ture de villes et de ciel, comme au jusant des mar&eacute;es, laiss&eacute;s, ces corps de villes &eacute;ventr&eacute;es que l&rsquo;&eacute;criture vient recueillir, en d&eacute;tourner l&rsquo;usage, quelque chose comme mati&egrave;re vivante du monde, l&agrave;, lev&eacute;, en pr&eacute;sence&nbsp;&mdash;</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Marcher dans un d&eacute;cor, salle vide : les fant&ocirc;mes de voix s&rsquo;accumulent, lin&eacute;aments dans l&rsquo;air, comme des reliefs mat&eacute;riels de parole. Quand je me d&eacute;place dans l&rsquo;ossature ouverte du d&eacute;cor, je les sens me fr&ocirc;ler au visage, je les sens r&eacute;ellement, je n&rsquo;ai qu&rsquo;&agrave; mettre la voix sur eux. Alors &eacute;crire devenant possible, par le relief et puis ce vide, mais un vide acoustique. Je suis redevable au th&eacute;&acirc;tre de cette magie minimum, plateau devant salle vide, et c&rsquo;est par ce lien et cette dette que j&rsquo;accepte la responsabilit&eacute; de parole&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">le site comme ossature et vide premier, que chaque page accroit et remplace, le fr&ocirc;lement de visage, je pense &agrave; cette jeune Noire qui tout en haut du World Trade Center, tous les onze septembre de chaque ann&eacute;e, tombe&nbsp;<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>, avec en arri&egrave;re, le visage de Michel Piccoli, pourquoi ces superpositions de sens deviennent le sceau du temps&nbsp;: th&eacute;&acirc;tre cela aussi&nbsp;:</p> <p style="text-align: justify;">Ce qu&rsquo;au-dedans on hurle, et ce qui est tellement trop lourd ou fort pour qu&rsquo;on le hurle. Et qu&rsquo;ici on aurait choisi. Comme plut&ocirc;t ramper, se cacher, venir par les c&ocirc;t&eacute;s, et que ce qu&rsquo;on recevrait de paroles on n&rsquo;aurait de cesse d&rsquo;&agrave; nouveau s&rsquo;en d&eacute;partir.</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">&Eacute;tranget&eacute; du th&eacute;&acirc;tre : ne pas pouvoir s&rsquo;immobiliser, avoir envie de marcher, chercher sur le plateau les points d&rsquo;appui, o&ugrave; r&eacute;sister au vide, et par quoi la parole peut prendre &eacute;nergie de sourdre. Beckett a introduit qu&rsquo;on reste fixe&nbsp;: se soumettre assez l&rsquo;&eacute;nergie pour la canaliser depuis ce point fixe. Il me suffit de penser cela pour &ecirc;tre effray&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">car le th&eacute;&acirc;tre arpent&eacute; est son propre d&eacute;sir&nbsp;: la seule g&eacute;om&eacute;trie possible du site est une circulation : le site comme les cartes de Gracq&nbsp;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>, devant quoi on r&ecirc;ve longtemps parce que c&rsquo;est du temps et de l&rsquo;espace &agrave; la fois&nbsp;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>, c&rsquo;est le lieu et la formule d&rsquo;un roman qui aurait trouv&eacute; en lui son &eacute;puisement et son recommencement ailleurs, car le th&eacute;&acirc;tre, c&rsquo;est aller,</p> <p style="text-align: justify;">et dans le site, cet en-all&eacute;e horizontale d&rsquo;un jour &agrave; l&rsquo;autre pour d&eacute;jouer la fosse &agrave; bitume du web&nbsp;: la souveraine en-all&eacute;e qui disperse, l&rsquo;archive quand elle remonte et qui devient l&rsquo;actualit&eacute; m&ecirc;me du pr&eacute;sent.</p> <p style="text-align: justify;">Le th&eacute;&acirc;tre, c&rsquo;est dedans, tu avais dit. Un jardin sauvage, tu avais continu&eacute;&hellip; C&rsquo;est la ville qui en toi cr&eacute;e g&eacute;om&eacute;trie int&eacute;rieure, et la condition pour que dans cette g&eacute;om&eacute;trie tu disposes non pas les mots, mais probablement toi-même et toi au dedans, mais probablement la pens&eacute;e même, et ton d&eacute;sir de ces musiques obsessives, r&eacute;currentes, qui sont musiques des seules brillances dans la nuit. Il suffit, tr&egrave;s loin dans la ville, la g&eacute;om&eacute;trie grise d&rsquo;une vitre encore &eacute;clair&eacute;e, il suffit du myst&egrave;re gris de ce qui t&rsquo;en s&eacute;pare, il suffit&nbsp;&ndash; &agrave; un rouge frott&eacute;&nbsp;&ndash; de l&rsquo;impression &eacute;videmment fausse que la ville te regarde et t&rsquo;attend&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>.</p> <p style="text-align: justify;">donc, Tiers Livre est ce th&eacute;&acirc;tre, th&eacute;&acirc;tre du dedans qui en retour rend le dehors d&eacute;sirable et possible, un dehors qui n&rsquo;attendra pas longtemps pour qu&rsquo;on vienne s&rsquo;y affronter&nbsp;: le site est une planche d&rsquo;appel&nbsp;&mdash;</p> <p style="text-align: justify;">alors, et enfin, le site comme th&eacute;&acirc;tre de rues, qu&rsquo;on vient approcher &agrave; main nues et &laquo;&nbsp;Quand une ville r&eacute;sulte d&rsquo;une id&eacute;e architecturale globale, chaque rue est dessin&eacute;e pour un usage, mais l&rsquo;usage r&eacute;invente ses coutumes, ses traverses&nbsp;<a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a>.&nbsp;&raquo;&nbsp;&mdash; l&agrave; o&ugrave; il a lieu, Tiers Livre, c&rsquo;est au point d&rsquo;usage qui vient o&ugrave; la ville est abandonn&eacute;e &agrave; elle-m&ecirc;me, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; celui qui vient le recueillir pour l&rsquo;&eacute;crire, et le donne &agrave; celui qui le lit, passage des rues abandonn&eacute;s du Pays de France jusqu&rsquo;au Saint-Laurent, la rue large du fleuve si large qu&rsquo;on ne voit pas l&rsquo;autre rive, circule et fait circuler les &eacute;nergies qui voudrait s&rsquo;en r&eacute;approprier les forces&nbsp;: &laquo;&nbsp;On peut br&ucirc;ler la biblioth&egrave;que d&rsquo;Alexandrie, r&ecirc;vait tendrement Artaud. Au-dessus et en dehors des papyrus, il y a des forces&nbsp;: on nous enl&egrave;vera pour quelques temps la facult&eacute; de retrouver ces forces, on ne supprimera pas leur &eacute;nergie&nbsp;<a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a>.&nbsp;&raquo; Il ajoutait, ailleurs&nbsp;: &laquo;&nbsp;La vie est de br&ucirc;ler des questions&nbsp;<a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;&mdash; dans tout ce feu, reste encore la br&ucirc;lure&nbsp;;</p> <p style="text-align: justify;">au moment o&ugrave; le th&eacute;&acirc;tre cesse commence le dehors, au moment o&ugrave; l&rsquo;interruption du th&eacute;&acirc;tre s&rsquo;interrompt s&rsquo;ouvre ce qu&rsquo;au dehors le monde nous refusait et qui devient possible&nbsp;: c&rsquo;est ce moment qu&rsquo;&eacute;labore infiniment Tiers Livre : de la pr&eacute;sence, radicale, celle qui d&eacute;signe les territoires qu&rsquo;en partage on reconna&icirc;t n&ocirc;tres, et qu&rsquo;ainsi nomm&eacute;, on va rejoindre,</p> <h3 style="text-align: justify;">Notes<br /> &nbsp;</h3> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a> De Bernard-Marie Kolt&egrave;s, la dette inestimable en partage.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a> Fran&ccedil;ois Bon, &laquo;&nbsp;Th&eacute;&acirc;tre&nbsp;&raquo; ; texte d&rsquo;abord paru dans le n&ordm; 61 de la revue <em>Alternatives th</em><em>&eacute;&acirc;</em><em>trales</em>, Bruxelles. Repris dans Tiers Livre <a href="http://www.tierslivre.net/arch/THalternativestheatrales.html">ici</a><em>.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a> <em>Ibid.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a> <em>Ibid.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a> Samuel Beckett, <em>Le D&eacute;peupleur, </em>Paris, Minuit, 1970, p. &nbsp; 7 (premiers mots du texte).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a> Voir ce que dit Gilles Deleuze dans les derni&egrave;res lignes de son ouvrage sur Marcel Proust, <em>Proust et les signes, </em>Paris, PUF, &nbsp;&laquo;&nbsp;Quadrige&nbsp;&raquo;, 1970.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a> Fran&ccedil;ois Bon, &laquo;&nbsp;Th&eacute;&acirc;tre&nbsp;&raquo;,&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/arch/THalternativestheatrales.html" target="_blank"><em>op. cit</em>.</a></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a> Bob Dylan, <em>Dignity, </em>chanson enregistr&eacute;e pour la r&eacute;alisation de l&rsquo;album <em>Oh Mercy, </em>en 1989&nbsp;&mdash; non retenu dans la version finale de l&rsquo;album, elle ne parut que dans la compilation <em>Bob Dylan&rsquo;s Greatest Hits Volume 3 </em>en 1994<em>. </em>&laquo;&nbsp;So many roads, so much at stake&nbsp;/ So many dead ends, I&rsquo;m at the edge of the lake&nbsp;/ Sometimes I wonder what it&rsquo;s gonna take&nbsp;/ To find dignity &raquo; (Traduction personnelle).</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a> Nicolas Boileau, <em>Art po&eacute;tique</em>, 1674 (Chant III,&nbsp; vers 45-46).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a> &laquo;&nbsp;N&eacute; le plus souvent avec la trag&eacute;die m&ecirc;me (qui est une journ&eacute;e), le Soleil devient meurtrier en m&ecirc;me temps qu&rsquo;elle&nbsp;: incendie, &eacute;blouissement, blessure oculaire, c&rsquo;est l&rsquo;&eacute;clat (des Rois, des Empereurs). Sans doute si le soleil parvient &agrave; s&rsquo;&eacute;galiser, &agrave; se temp&eacute;rer, &agrave; <em>se retenir</em>, en quelque sorte, il peut retrouver une <em>tenue</em> paradoxale, la splendeur. Mais la splendeur n&rsquo;est pas une qualit&eacute; propre &agrave; la lumi&egrave;re, c&rsquo;est un &eacute;tat de la mati&egrave;re&nbsp;: il y a une splendeur de la nuit.&nbsp;&raquo; (Roland Barthes, <em>Sur Racine</em>, &ldquo;L&rsquo;Homme racinien&rdquo;, Paris, Gallimard, &laquo;&nbsp;Folio Essais&nbsp;&raquo;, 1979, p.&nbsp;25.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a> &laquo;&nbsp;Elle dit : Et c&rsquo;est se dresser face &agrave; l&rsquo;ordre du monde, se tendre la main, un instant s&rsquo;&eacute;riger contre l&rsquo;ordre et le remplacer par un autre, &eacute;ph&eacute;m&egrave;re et provisoire, n&eacute; de l&rsquo;exc&egrave;s m&ecirc;me o&ugrave; collectivement on s&rsquo;est mis et qui ne lui survivra pas. Elle r&eacute;p&egrave;te : Impatience. Je parle dans la col&egrave;re.&nbsp;&raquo; (Fran&ccedil;ois Bon, <em>Impatience, </em>Minuit, 2004, repris dans Tiers Livre <a href="http://www.tierslivre.net/livres/impatience.html" target="_blank">ici</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a> Henri Michaux, <em>Ailleurs</em>, &laquo;&nbsp;Voyage en Grande Garabagne&nbsp;&raquo;, Paris, Gallimard, &laquo;&nbsp;Po&eacute;sie/NRF&nbsp;&raquo;, p. &nbsp;19.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;violoncelle rouge &agrave; jambes&nbsp;&raquo;, en ligne <a href="http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article1286" target="_blank">ici</a>&nbsp;(sauf indication contraire, les pages cit&eacute;es ici sont issus du site de Fran&ccedil;ois Bon, Tiers Livre&nbsp;; on se borne &agrave; indiquer le titre dans lequel on peut les lire, ce 29 septembre 2014).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;[31] un livre est un grand cimeti&egrave;re o&ugrave; sur la plupart des tombes on ne peut plus lire les noms effac&eacute;s&nbsp;&raquo;, en ligne <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3247" target="_blank">ici</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;tombes&nbsp;&raquo;, en ligne <a href="http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article54" target="_blank">ici</a>,&nbsp;ou &laquo;&nbsp;Paysage Fer | passer du livre au film&nbsp;&raquo;, <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3936" target="_blank">l&agrave;</a>&nbsp;(et &eacute;chos au D&eacute;sordre&nbsp;: &laquo;&nbsp;commandes, livraisons, alignement&hellip;&nbsp;&raquo;, <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2420" target="_blank">l&agrave;</a>).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a> &laquo;&nbsp;La ville, quand elle ne se regarde pas elle-m&ecirc;me&nbsp;&raquo;,&nbsp;en ligne <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3760">ici</a>&nbsp;(et la s&eacute;rie des publicit&eacute;s sur caddies de supermarch&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article1160" target="_blank">caca dans l&rsquo;eau</a>&nbsp;&raquo;,&nbsp;ou &laquo;&nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article1162" target="_blank">mangez du chat</a>&nbsp;&raquo;).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a> &laquo;&nbsp;zone urbaine | Microsoft est (aussi) un immeuble&nbsp;&raquo;, en ligne <a href="http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article1682" target="_blank">ici</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a> &laquo;&nbsp;roman-photo | les ascenseurs aussi sont une fiction&nbsp;&raquo;, en ligne <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2554" target="_blank">ici</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a> &laquo;&nbsp;l&rsquo;homme en pub&nbsp;&raquo;, en ligne <a href="http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article1352" target="_blank">ici</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp; &laquo;&nbsp;lots pour nos Enfants&nbsp;&raquo;, en ligne <a href="http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article992" target="_blank">ici</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a> &laquo;&nbsp;Rimbaud regard bouche&nbsp;&raquo;, en ligne <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2111" target="_blank">ici</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a> &laquo;&nbsp;zone urbaine | vid&eacute;o du train qui pleure&nbsp;&raquo;,&nbsp;en ligne <a href="http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article1724" target="_blank">ici</a>,&nbsp;&nbsp;ou &laquo;&nbsp;&agrave; celle dont je ne saurai rien&nbsp;&raquo;, &nbsp;<a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article812" target="_blank">l&agrave;</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a> &laquo;&nbsp;nature morte h&ocirc;tel Cergy&nbsp;&raquo;, en ligne <a href="http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article1634" target="_blank">ici</a>, ou &laquo;&nbsp;Roubaix, chambre d&rsquo;h&ocirc;tel offerte&nbsp;&raquo;, <a href="http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article63'" target="_blank">l&agrave;</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a> &laquo;&nbsp;Autobiographie des objets | compl&eacute;ments, extensions (41)&nbsp;&raquo;, en ligne <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3028" target="_blank">ici</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a> Le sommaire des &laquo;&nbsp;Vases communicants&nbsp;&raquo;&nbsp;en ligne <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?rubrique117" target="_blank">ici</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a> Fran&ccedil;ois Bon, &laquo;&nbsp;Th&eacute;&acirc;tre&nbsp;&raquo;, <em><a href="http://www.tierslivre.net/arch/THalternativestheatrales.html" target="_blank">op. cit.</a></em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a> &laquo;&nbsp;cette jeune Noire tout en haut du World Trade Center&nbsp;&raquo;, en ligne <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article153" target="_blank">ici</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a> Fran&ccedil;ois Bon, &laquo;&nbsp;Th&eacute;&acirc;tre&nbsp;&raquo;, <em><a href="http://www.tierslivre.net/arch/THalternativestheatrales.html" target="_blank">op. cit</a>.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a> &laquo;&nbsp;de Gracq consid&eacute;r&eacute; comme un site web&nbsp;&raquo;, en ligne <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3800" target="_blank">ici</a>&nbsp;et&nbsp;<a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-1/2999-de-gracq-considere-comme-un-site-web" target="_blank">dans ce dossier</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a>&nbsp; &laquo;&nbsp;voyage de Savenay &agrave; Brevenay&nbsp;&raquo;,&nbsp;en ligne <a href="http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article283" target="_blank">ici</a>.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a> &laquo;&nbsp;<a class="fancybox-pdf" href="http://www.tierslivre.net/spip/IMG/pdf/anaN2B_theatre_dedans.pdf" target="_blank">th&eacute;&acirc;tre dedans</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;(texte paru d&rsquo;abord <a href="http://sauvageana.blogspot.fr/2011/09/vases-communicants-septembre-2011.html?q=th%C3%A9%C3%A2tre+dedans" target="_blank">sur le site Ana2B </a>&agrave; l&rsquo;occasion des vases communicants, en septembre 2011).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a> &laquo;&nbsp;Cergy, la ville | rue abandonn&eacute;e du pays de France&nbsp;&raquo;, en ligne <a href="http://cergyland.fr/spip.php?article21" target="_blank">ici</a>&nbsp;(texte issu du projet num&eacute;rique <a href="http://cergyland.fr/" target="_blank">CergyLand</a>, autre espace sur le net de Fran&ccedil;ois Bon depuis septembre 2013, autour de son travail &agrave; l&rsquo;&eacute;cole d&rsquo;Art de Cergy).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a> Antonin Artaud, <em>Le Th</em><em>&eacute;&acirc;</em><em>tre et son double, </em>in <em>&OElig;uvres</em>, IV, Paris, Gallimard, p. 14.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a> Antonin Artaud, &laquo;&nbsp;Correspondance avec Jacques Rivi&egrave;re&nbsp;&raquo;,&nbsp;dans&nbsp;<em>L</em><em>&rsquo;</em><em>Ombilic des Limbes et autres textes</em>, Paris, Gallimard, &laquo; Po&eacute;sie &raquo;, 2003 [1968], p. 51.</p> <h3 style="text-align: justify;">Auteur</h3> <p><strong>Arnaud&nbsp;Ma&iuml;setti&nbsp;</strong>vit et &eacute;crit entre Paris et Marseille. Ma&icirc;tre de Conf&eacute;rences &agrave; l&rsquo;universit&eacute; Aix-Marseille, il enseigne la th&eacute;orie et la pratique du th&eacute;&acirc;tre. Il est l&rsquo;auteur de r&eacute;cit (<em>&laquo;&nbsp;O&ugrave; que je sois encore&hellip;</em>, Seuil, 2008 ;&nbsp;<em>La Mancha</em>, La Nuit Mytride, 2009) et de fictions num&eacute;riques (<em>Anticipations</em>, 2011 ;&nbsp;<em>Affrontements</em>, 2012) aux &eacute;ditions&nbsp;<a href="http://publie.net/" target="_blank">publie.net</a>. Dramaturge de la compagnie La Controverse, il &eacute;crit &eacute;galement pour le th&eacute;&acirc;tre (<em>Les Tombeaux sont appel&eacute;s des solitudes,</em>&nbsp;2013 ;&nbsp;<em>Les Filles perdues,</em>&nbsp;2014). Il pr&eacute;pare actuellement une biographie de Bernard-Marie Kolt&egrave;s. Depuis 2006, il tient ses Carnets d&rsquo;&eacute;criture en ligne&nbsp;:&nbsp;<a href="http://www.arnaudmaisetti.net/" target="_blank">www.arnaudmaisetti.net</a>.</p> <p><strong>Copyright</strong></p> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p> </div>