<p>Entrepris depuis plusieurs décennies, l’examen des relations entre littérature et anthropologie a suscité ces dernières années un intérêt manifeste. Ces relations ont pu être abordées de multiples façons : considération de l’anthropologie comme texte et examen de ses jeux d’écriture ; analyse des processus fictionnels comme des « vies créatives » qui les incarnent ; explorations des récits littéraires comme modélisations, certes imaginaires, de situations et d’univers qui se prêtent à des questionnements anthropologiques. À cela s’ajoute, du côté de la critique littéraire, la volonté de recourir à des interrogations de cet ordre pour dépasser certaines des limites prêtées aux formalismes linguistiques et structuraux ; l’élargissement de l’espace des textes soumis à l’analyse, allant au-delà des plus consacrés d’entre eux, ce qui permettait d’y inclure les récits de voyage par exemple ; mais aussi la prise en compte, peut-être plus outre-Atlantique, des effets de pouvoir associés à la production de certains récits, dans le sillage du célèbre <em>Orientalism</em> d’Edward Saïd.</p>