<div class="entry-content">
<p style="text-align: justify;">1997, c’est la date de la première page personnelle de <a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-0/3187-espaces-html">François Bon</a>, mais 1997, c’est aussi :</p>
<ul style="text-align: justify;">
<li>
<p>la parution du <em>Jardin des Plantes</em> de Claude Simon, œuvre qui est entre autres une réflexion sur l’espace du livre, de la page, en lien avec les manuscrits (voir <em><a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-0/3248-moviment">moviment</a></em>), la simultanéité des choses perçues et pensées…</p>
</li>
</ul>
<blockquote>
<p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Ce que j’ai voulu, c’est forger une structure qui convienne à cette vision des choses, qui me permette […] de retrouver une architecture purement sensorielle <a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>.</p>
</blockquote>
<p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 1 ‒ Page 11 de : Claude Simon, Jardin des Plantes, Paris, Minuit, 1997." class="alignnone wp-image-769" loading="lazy" sizes="(max-width: 328px) 100vw, 328px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Rass-Bikialo_TiersLivre_1997_1_C_Simon1-211x300.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Rass-Bikialo_TiersLivre_1997_1_C_Simon1-211x300.jpg 211w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Rass-Bikialo_TiersLivre_1997_1_C_Simon1-721x1024.jpg 721w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Rass-Bikialo_TiersLivre_1997_1_C_Simon1-810x1150.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Rass-Bikialo_TiersLivre_1997_1_C_Simon1-1140x1618.jpg 1140w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Rass-Bikialo_TiersLivre_1997_1_C_Simon1.jpg 634w" style="width: 328px; height: 466px;" /></a></p>
<p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 1 ‒ Page 11 de : Claude Simon, <em>Jardin des Plantes</em>, Paris, Minuit, 1997.</small></p>
<p style="text-align: justify;"><a class="fancybox image" href="#_ftn"><img alt="Doc. 2 ‒ Pages 12-13 de : Claude Simon, Jardin des Plantes, Paris, Minuit, 1997." class="alignnone wp-image-741" loading="lazy" sizes="(max-width: 563px) 100vw, 563px" src="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Rass-Bikialo_TiersLivre_1997_2_C_Simon-300x201.jpg" srcset="https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Rass-Bikialo_TiersLivre_1997_2_C_Simon-300x201.jpg 300w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Rass-Bikialo_TiersLivre_1997_2_C_Simon-1024x685.jpg 1024w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Rass-Bikialo_TiersLivre_1997_2_C_Simon-810x542.jpg 810w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Rass-Bikialo_TiersLivre_1997_2_C_Simon-1140x763.jpg 1140w, https://komodo21.fr/wp-content/uploads/2015/06/Rass-Bikialo_TiersLivre_1997_2_C_Simon.jpg 1345w" style="width: 563px; height: 377px;" /></a></p>
<p style="text-align: justify; padding-left: 30px;"><small>Doc. 2 ‒ Pages 12-13 de : Claude Simon, <em>Jardin des Plantes</em>, Paris, Minuit, 1997.</small></p>
<ul style="text-align: justify;">
<li>
<p>la naissance des éditions Verticales par Bernard Wallet, avec deux livres cette année-là : Claro, <em>Livre XIX</em> ; Yves Pagès, <em>Prière d’exhumer.</em> <em>Livre XIX</em> est décrit par l’éditeur ainsi :</p>
</li>
</ul>
<p>Ce mille-feuilles romanesque, aux lignes de fuite deleuziennes, convie le lecteur à une revisitation des grands génies délirants du XIXe siècle: Fourier, et ses classements d’une aberrante rigueur, Blanqui, maître ès barricades ou Lautréamont, dont le spectre hante chaque page de ce défi littéraire hors norme <a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>.</p>
<ul>
<li>
<p>une série d’entretiens entre Bernard Noël et Dominique Sampiero, qui paraitront en 1998 chez POL sous le titre : <a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-0/3189-espaces-du-site-espace-du-poeme"><em>L’Espace du poème</em></a>, repris dans le tome 3 des <em>Œuvres complètes</em> de B. Noël. Avec notamment l’idée d’un espace dominé par le temps (exemple des distances)</p>
</li>
</ul>
<p>En 1997, donc, l’espace du livre devient un peu étroit : <strong>l’écriture se cherche des espaces, a besoin de prendre l’air du livre</strong>.</p>
<p style="text-align: justify;">Il aura fallu 100 ans pour que les auteurs cités trouvent l’espace, l’air que cherchait déjà, en mai 1897, un poète qui publiait dans la revue <em>Cosmopolis</em> un poème paginal qui élevait « enfin une page à la puissance du ciel étoilé <a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a> », où la double page état l’unité, où le blanc assumait l’importance, un « grand poème typographique et cosmogonique <a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a> ».</p>
<blockquote>
<p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">… Le poème s’imprime, en ce moment, tel que je l’ai conçu : quant à la pagination où est tout l’effet. Tel mot, en gros caractère, à lui seul, demande toute une page de blanc et je crois être sûr de l’effet… La constellation y affectera d’après des lois exactes, et autant qu’il est permis à un texte imprimé, fatalement un album de constellation. Le vaisseau y donne de la bande, du haut d’une page au bas de l’autre, etc. ; car, et c’est là tout le point de vue (qu’il me fallut omettre dans un « périodique »), le rythme d’une phrase au sujet d’un acte ou même d’un objet, n’a de sens que s’il les imite, et, figuré sur le papier, repris par la lettre à l’estampe originelle, n’en sait rendre, malgré tout, quelque chose <a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>.</p>
</blockquote>
<p style="text-align: justify;"><a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-0/3249-fbon">François Bon</a> lui-même a souvent fait le lien et rappelé l’héritage :</p>
<blockquote>
<p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Les catégories mallarméennes de pages, formats, blancs, marges, lignes, et ces mini-logiciels complexes que sont les polices de caractères, aucun de nous n’avait eu à s’en préoccuper jusqu’ici, mais nous entrons dans une phase de secousse d’ensemble où nous ne pouvons déléguer la réflexion sur les fondamentaux mêmes de la lecture-écriture <a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>.</p>
</blockquote>
<p style="text-align: justify;">L’espace serré de la page a besoin d’un espace qui s’ouvre : l’espace du numérique, du site, un espace graphique différent : la notion d’« espace graphique » proposée dans les années 1980 (par Roger Laufer) qui déjà en soit forme une ouverture importante dans la manière d’appréhender l’espace du livre :</p>
<blockquote>
<p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Par espace graphique, on entend ici d’abord une réalité matérielle, constituée d’un support et de formes visuelles, mais aussi le réseau des valeurs que cette réalité matérielle manifeste.</p>
</blockquote>
<p style="text-align: justify;">On appellera <a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-0/3189-espaces-du-site-espace-du-poeme"><strong>espace graphique</strong></a> d’un texte ou d’un type de texte l’ensemble de traits qui caractérisent sa matérialisation sur un support d’écriture, ainsi que les relations qui s’établissent entre ces traits et la signifiance.</p>
<p style="text-align: justify;">Ces traits sont le formatage (dimension de l’espace exploitable), le type d’inscription, les lettres ou caractères employés, les signes de ponctuation et traits typographiques <a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>.</p>
<p style="text-align: justify;">L’espace graphique du <a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-0/3187-espaces-html">numérique</a> opère des changements dans l’acte d’écriture comme dans celui de la lecture, avec une pluralité d’espaces qui ne va qu’en s’accroissant depuis 1997– notamment avec le développement des systèmes multi-tâches <a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a> – et avec un mouvement vers de plus en plus d’ouverture vers des « extérieurs », à travers des supports d’écriture et de lecture connectés en permanence (ordinateur portable, puis tablette et smartphone) :</p>
<blockquote>
<p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Ce qui change avec le numérique, c’est le rapport de la page blanche au monde. Elle n’est plus miroir, elle est traversée.</p>
</blockquote>
<p style="text-align: justify;">Une histoire de la page à réviser selon les récentes découvertes archéologiques : la page, carte de divination, tablette blanche vierge et durcie insérée dans tel angle des fondations du temple, a précédé l’invention de l’écriture <a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>.</p>
<h2 style="margin: 0cm 0cm 0.0001pt;">Notes<br />
</h2>
<p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a> Claude Simon, « Avec <em>La Route des Flandres</em>, Claude Simon affirme sa manière », entretien avec Claude Sarraute , <em>Le Monde</em>, 8 octobre 1960, repris dans C. Simon, <em>La Route des Flandres</em>, « 10/18 », 1963, p. 274.</p>
<p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a> Christophe Claro, « Livre XIX (note d’éditeur) », en ligne <a href="http://www.editions-verticales.com/fiche_ouvrage.php?id=46&rubrique=3">ici </a>. Consulté le 3 juin 2015.</p>
<p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a> Paul Valéry, « Le coup de dés (1920) », in <em>Variété II</em>, Paris, Gallimard, 1930.</p>
<p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a> Paul Claudel, « Réflexions sur le vers français (1925) », in <em>Réflexions sur la poésie</em>, Paris, Gallimard, 1963, « Folio ».</p>
<p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a> Stéphane Mallarmé et Henri Meschonnic, <em>Écrits sur le livre: choix de textes</em>, Paris, Éditions de l’éclat, 1985, « Collection Philosophie imaginaire », n° 3.</p>
<p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a> François Bon, « Internet & rémunération des auteurs », en ligne <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1865">ici</a>. Consulté le 3 juin 2015.</p>
<p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a> Jacques Anis, Jean-Louis Chiss et Christian Puech, <em>L’Écriture: théories et descriptions</em>, Paris, Éditions universitaires, 1988, p. 171-173.</p>
<p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a> Techniquement possible depuis OS2, mais vraiment fonctionnel et intégré avec Linux, Mac OSX et Windows 2000.</p>
<p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a> François Bon, « L’écran et le livre », 2007, repris le 17 mai 2011, en ligne <a href="http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article253">ici</a>. Consulté le 7 juin 2015.</p>
</div>