<p>Plus d’un demi-siècle après sa rédaction, est parue la correspondance de Blaise Cendrars et de Raymone Duchâteau. Quelques 700 missives (cartes, lettres, billets, télégrammes ou « pneus ») écrites par Cendrars entre 1937 et 1954, auxquelles s’ajoutent une quarantaine de lettres de Raymone ayant échappé à la destruction par le feu de la main même de son destinataire (conformément au vœu de sa destinatrice) – elles n’en sont que plus précieuses. Quatre années pleines – déduction faite des périodes de retrouvailles – d’échange épistolaire entre l’un des grands écrivains du XXe siècle, désormais « pléiadisé », et une actrice dont la mémoire, quoique discrète, restera attachée à l’histoire du théâtre et du cinéma. Elle a joué sous la direction de Pitoëff, de Dullin, de Copeau et fait partie de la troupe de Louis Jouvet. Elle a connu les meilleurs dramaturges de son temps – Giraudoux, Anouilh, Guitry –, côtoyé les actrices les plus en vue de l’époque : Viviane Romance, Arletty, Marguerite Moreno – dont elle fut très proche. La Folle de Saint-Sulpice dans la mise en scène historique de La Folle de Chaillot par Louis Jouvet au Théâtre de l’Athénée en 1945, c’était elle ; elle encore que l’on peut toujours apercevoir dans Hôtel du Nord de Marcel Carné (1938), dans Remorques de Jean Grémillon (1939), dans La Fête à Henriette de Julien Duvivier (1952) … Raymone, donc (c’était son nom de scène) et, de son nom de plume, Blaise Cendrars.</p>