<div class="entry-content"> <h3>Abstract</h3> <p>In <em>Coming Soon!!! </em>A Narrative (2001)<em>, </em>John Barth relates the literary duel between a traditional novelist and a young hyperfiction writer. The story is about the media dilemma that everyone faces in his daily life: between book and screen. At first, the book seems to have been invaded by the hypertext &ndash; first symptom of the pending replacement. But Barth&rsquo;s tour de force is to eventually manage to demonstrate that the book is just as topical as ever by integrating cybercultural components. Definitely postmodern, he gives us a novel hyperconscious of its media status. In the line of Barth&rsquo;s thoughts on the literature of exhaustion, <em>Coming Soon!!!</em> is not the symbol of the end of the book or of the end of literature, but a meditation on the fear that those ends engender.</p> <p><strong>Keywords</strong><br /> &nbsp;</p> <p class="meta-tags">hypertext, cyberculture, exhaustion, postmodern, transition</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">Dans <em>Coming Soon!!! </em>A Narrative<em>,</em> John Barth reprend un des th&egrave;mes de son premier roman&nbsp;: l&rsquo;op&eacute;ra flottant. <em>The Original Floating Opera II</em> est en effet l&rsquo;objet de l&rsquo;inspiration de deux romanciers, personnages principaux du roman, dont les pratiques d&rsquo;&eacute;criture sont pour le moins oppos&eacute;es. Le premier, &laquo; Novelist Emeritus &raquo;, est un professeur d&rsquo;universit&eacute; &agrave; la retraite, essayant de concevoir ce qui pourrait &ecirc;tre son ultime roman ; le second est un jeune aspirant &eacute;crivain qui t&acirc;che de cr&eacute;er un hypertexte sur le m&ecirc;me sujet. Au cours du roman, tous deux vont revisiter l&rsquo;&oelig;uvre inaugurale d&rsquo;Edna Ferber, <em>Show Boat&nbsp;</em><a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>, qui &eacute;tait d&eacute;j&agrave; au centre du premier opus de Barth. Les deux &eacute;crivains m&egrave;nent une comp&eacute;tition sans r&eacute;pit, entre conflit de g&eacute;n&eacute;rations et conflit de cr&eacute;ation.<br /> Barth met en sc&egrave;ne dans son roman le dilemme auquel tout lecteur contemporain doit faire face au quotidien&nbsp;: lire entre livre et &eacute;cran. Ce dilemme est aussi celui des auteurs qui se doivent aujourd&rsquo;hui de choisir un m&eacute;dia pour leurs &eacute;crits&nbsp;: livre ou &eacute;cran, que ce dernier appartienne par ailleurs &agrave; un ordinateur, &agrave; une liseuse ou &agrave; une tablette. Consid&eacute;rant cette h&eacute;sitation, nul ne peut nier que nous vivions actuellement une p&eacute;riode de transition des paradigmes m&eacute;diatiques. Celle-ci est la toile de fond du r&eacute;cit postmoderne de Barth o&ugrave; la joute litt&eacute;raire des deux protagonistes tourne en querelle des Anciens et des Modernes revisit&eacute;e. Barth nous propose alors un roman hybride qui int&egrave;gre des caract&eacute;ristiques propres &agrave; l&rsquo;hypertextualit&eacute;, comme des hyperliens, des ic&ocirc;nes et des boutons informatiques. Le livre semble dans un premier temps s&rsquo;&ecirc;tre laiss&eacute; envahir par l&rsquo;hypertexte, premier sympt&ocirc;me de la substitution imminente. Mais le tour de force de Barth est alors de retourner cette probl&eacute;matique et de r&eacute;aliser la d&eacute;monstration de l&rsquo;actualit&eacute; encore pr&eacute;gnante du livre au travers de l&rsquo;int&eacute;gration de traits propres &agrave; la cyberculture. R&eacute;solument postmoderne, il nous propose un livre hyperconscient de son statut m&eacute;diatique.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="1_De_liconicite_hypertextuelle_au_livre">1. De l&rsquo;iconicit&eacute; hypertextuelle au livre</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">La narration d&eacute;bute &laquo;&nbsp;officiellement&nbsp;&raquo; en page 1, avec une petite ic&ocirc;ne repr&eacute;sentant une disquette&nbsp;: &laquo;&nbsp;Read me&nbsp;&raquo;. Le lecteur entre dans le r&eacute;cit comme on clique sur une ic&ocirc;ne et c&rsquo;est une figure de l&rsquo;hypertexte qui lui est propos&eacute;e d&egrave;s les premi&egrave;res pages. Avec ce &laquo;&nbsp;Read me&nbsp;&raquo;, le champ lexical de la lecture, appliqu&eacute; depuis ses d&eacute;buts &agrave; l&rsquo;informatique (lecture, page, etc.), prend un nouveau sens&nbsp;: on lit un logiciel comme on lit un livre. Cette injonction &laquo;&nbsp;Lis-moi&nbsp;&raquo; est tout &agrave; fait performative puisque le lecteur la lit en effet, comme il lira, &agrave; sa suite, le r&eacute;cit qu&rsquo;elle engendre. L&rsquo;usage de cette image repr&eacute;sentant une disquette inaugure aussi la forte iconicit&eacute; de <em>Coming Soon!!! </em>A Narrative, o&ugrave; l&rsquo;on peut trouver des captures d&rsquo;&eacute;cran, des boutons, des mots surlign&eacute;s tels des hyperliens. Si le style de ces ic&ocirc;nes poss&egrave;de aujourd&rsquo;hui un c&ocirc;t&eacute; d&eacute;suet, c&rsquo;est que Barth est avant tout inspir&eacute; par la premi&egrave;re g&eacute;n&eacute;ration d&rsquo;auteurs d&rsquo;hypertextes&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a> tels que Stuart Moulthrop ou Michael Joyce. Fascin&eacute; par l&rsquo;hypertextualit&eacute;, il avait d&eacute;j&agrave; publi&eacute; une nouvelle sur le sujet, intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;Click&nbsp;&raquo;, parue en d&eacute;cembre 1997 dans <em>The Atlantic Monthly</em>.</p> <p style="text-align: justify;">D&egrave;s les premi&egrave;res pages de <em>Coming Soon!!! </em>A Narrative<em>,</em> le vocabulaire informatique est pr&eacute;sent&nbsp;: &laquo;&nbsp;programmeur&nbsp;&raquo; (<em>progger&nbsp;</em><a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>), &laquo;&nbsp;clavier&nbsp;&raquo; (<em>keyboard&nbsp;</em><a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>), &laquo;&nbsp;t&eacute;l&eacute;charg&eacute;&nbsp;&raquo; (<em>downloaded&nbsp;</em><a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>), &laquo;&nbsp;[&hellip;] un lecteur Zip ici, un modem l&agrave;, ici un clavier, l&agrave; un &eacute;cran couleur 17 pouces et une imprimante laser et un truc CD-ROM&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>&nbsp; &raquo;. Barth aime recourir &agrave; l&rsquo;argot dans son texte. Il y a aussi des abr&eacute;viations &laquo;&nbsp;<em>ess vee pee&nbsp;</em><a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>&nbsp;&raquo; et des langues &eacute;trang&egrave;res&nbsp;: &laquo;&nbsp;Que Quiere decir&nbsp;? Qu&rsquo;est-ce que &ccedil;a veut dire, Was bedeutet ein <em>progger&nbsp;</em><a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>.&nbsp;&raquo; En plus d&rsquo;utiliser du vocabulaire propre &agrave; l&rsquo;informatique, Barth r&eacute;alise, &agrave; l&rsquo;occasion, une <em>ekphrasis</em> du site Web imaginaire de <em>TOFO II (The Original Floating Opera II)</em> :</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Cependant nous cliquons sur <em>http://www.tofo2.org</em> ce soir-l&agrave; sur notre antique Macintosh, lent comme une tortue, juste pour jeter un &oelig;il, et finalement trouvons une page d&rsquo;accueil pas-trop-mal-faite, [&hellip;] on y voit c&ocirc;te &agrave; c&ocirc;te des photos du <em>showboat</em> (&agrave; gauche) en cale &agrave; Snug Harbor par temps calme et (&agrave; droite) malmen&eacute; par les vagues de Zulu &agrave; Ararat Shoal. En dessous d&rsquo;elles, des liens hypertextes exclamatoires vers des sujets comme<br /> <em>&mdash;</em> <em><u>Des nouvelles d&rsquo;Ararart!</u><br /> &mdash;&nbsp;<u>Le Showboat de Chesapeake, une pr&eacute;sentation historique&nbsp;!</u><br /> &mdash; <u>COMING SOON!!! </u></em><u>La com&eacute;die musicale</u><em><u> (CS!!!</u></em><u>CM<em>)</em></u><br /> et<br /> &mdash; <em><u>Du 9 septembre 1999 au bug de l&rsquo;an 2000 </u></em><em><u>&mdash; </u></em><em><u>et au-del&agrave;&nbsp;!</u></em><br /> En faisant d&eacute;filer vers le bas, nous trouvons au pied de la page l&rsquo;&eacute;nigmatique ligne de cr&eacute;dit de la page d&rsquo;accueil <a href="mailto:Ditsy@BigBitsy.HFI"><em>Ditsy@BigBitsy.HFI</em></a><em>.</em> [&hellip;] par souci d&rsquo;exp&eacute;rimentation, nous cliquons sur <em><u>CS!!!</u></em><u>CM</u> et comme souvent avec les sites Web, plus de menus de menus sont propos&eacute;s (<em>Avant-premi&egrave;res, Apr&egrave;s-premi&egrave;res, Critiques, Pr&eacute;sentations&nbsp;</em><a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>).</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Le Web et ses sites sont donc cit&eacute;s de mani&egrave;re tr&egrave;s directe dans <em>Coming Soon!!! </em>A Narrative<em>.</em> Les structures hypertextuelles et leurs hyperliens sont aussi un objet d&rsquo;inspiration. On trouve &agrave; plusieurs reprises, en fin de chapitre, des embranchements en forme de simulation d&rsquo;hypertexte&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>. Par exemple, trois boutons sont illustr&eacute;s en page 8. Ils repr&eacute;sentent autant de possibilit&eacute;s de parcours pour le lecteur. Avec le premier bouton, qui poss&egrave;de la forme d&rsquo;un cercle, le lecteur peut continuer l&rsquo;histoire, ou il peut, avec le troisi&egrave;me bouton, choisir &laquo;&nbsp;<em>less</em>&nbsp;&raquo;, ou &laquo;&nbsp;<em>something</em>&nbsp;&raquo; avec le troisi&egrave;me. Des alternatives pour le moins vagues. Le premier bouton est s&eacute;lectionn&eacute;, ce qui tombe bien puisque le livre compte encore trois cent quatre-vingt-dix pages&nbsp;! L&rsquo;embranchement hypertextuel n&rsquo;est qu&rsquo;un effet de surface, le lecteur n&rsquo;a pas vraiment de choix &agrave; sa disposition, sinon peut-&ecirc;tre celui d&rsquo;interrompre sa lecture et de refermer le livre. Le texte ne fait que feindre des possibilit&eacute;s puisque l&rsquo;auteur, dont la pr&eacute;sence d&eacute;miurgique est omnipr&eacute;sente, a d&eacute;j&agrave; tout pr&eacute;m&eacute;dit&eacute;&nbsp;: le lecteur continuera de lire. En page 251, trois autres boutons sont propos&eacute;s, le lecteur est somm&eacute;, en ancien anglais, de choisir entre les dates 1996, 1997 et 1998.</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Cliquez o&ugrave; vous le souhaitez, l&rsquo;ami<br /> &laquo;&nbsp;Vous ne souhaitez rien !&nbsp;&raquo;<br /> Amen, permettez-moi alors. [Le <em>narrateur &laquo;&nbsp;clique&nbsp;&raquo; sur &laquo;&nbsp;1996&nbsp;&raquo;, &agrave; la suite de quoi se mat&eacute;rialise &laquo;&nbsp;sur l&rsquo;&eacute;cran&nbsp;&raquo; un chronomenu virtuel en tricolonne </em>:]&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a></p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Encore une fois, le choix du lecteur est nul et c&rsquo;est le narrateur qui d&eacute;cide et clique. &Eacute;videmment, dans un livre, il n&rsquo;y a rien &agrave; cliquer. Ces boutons, propos&eacute;s dans un texte imprim&eacute;, apparaissent comme une impasse, mais il reste &agrave; savoir s&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;une impasse pour l&rsquo;hypertextualit&eacute;, pour le livre ou pour la litt&eacute;rature contemporaine.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="2_La_mise_en_abyme_et_la_conscience_mediatique">2. La mise en abyme et la conscience m&eacute;diatique</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Le r&eacute;cit de Barth multiplie les jeux r&eacute;f&eacute;rentiels et m&eacute;tafictionnels, ench&acirc;ssant les mises en abyme du livre, de l&rsquo;hypertexte et de leur lecture. Dans cette optique, au d&eacute;but du roman, le texte met en sc&egrave;ne sa r&eacute;ception par un narrateur qui d&eacute;couvre une disquette dans un sac en plastique&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Et c&rsquo;est l&agrave; (quelques pages apr&egrave;s) que j&rsquo;interviens&nbsp;: d&eacute;marr&eacute; Big Bitsy, d&eacute;zip&eacute; le zip et gliss&eacute; dans&nbsp;sa fente ce programm&eacute; de programme, puis s&eacute;same ouvre-toi en un double clique de souris sur son ic&ocirc;ne triplement exclamatoire. Trouv&eacute;e dans la fen&ecirc;tre, comme 4 au carr&eacute; sur mon moniteur, une de ces mini ic&ocirc;nes de d&eacute;part appel&eacute;es Lis Moi, cliqueticlique et qu&rsquo;est-ce qui appara&icirc;t devant mes yeux &eacute;bahis, le texte que vous venez juste de lire (si vous l&rsquo;avez lu, tr&egrave;s cher) &ndash; je veux dire Lis moi, &laquo;&nbsp;Appelle-moi b&ecirc;ta,&nbsp;&raquo; etc.<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>&nbsp;&ndash; [&hellip;]</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">La mise en abyme du livre et de sa lecture est totale&nbsp;: comme le narrateur sur son &eacute;cran, le lecteur de <em>Coming Soon!!! </em>A Narrative a vu cette ic&ocirc;ne dans son livre. Le glissement de l&rsquo;hypertexte au livre s&rsquo;op&egrave;re dans cette sp&eacute;cularit&eacute;. Le roman de Barth et celui trouv&eacute; sur la disquette se superposent, ils se replient l&rsquo;un sur l&rsquo;autre. Barth met en sc&egrave;ne un roman hypertextuel qui ressemble &agrave; son roman imprim&eacute;. Ainsi, en plus de repr&eacute;senter le duel m&eacute;diatique contemporain entre livre et informatique &agrave; travers l&rsquo;opposition de ses personnages, il l&rsquo;incarne dans une mise en abyme de la m&eacute;diatisation du texte de <em>Coming Soon&nbsp;!!! </em>A Narrative&nbsp;: entre le texte trouv&eacute; par le narrateur sur disquette et le texte lu dans le livre de Barth par le lecteur. Au-del&agrave; de l&rsquo;homonymie entre l&rsquo;&oelig;uvre de Barth et la disquette, elle aussi intitul&eacute;e <em>Coming Soon!!!, </em>les deux m&eacute;dias proposent des textes d&eacute;butant sur la m&ecirc;me ic&ocirc;ne injonctive&nbsp;: &laquo;&nbsp;Read Me&nbsp;&raquo;. Le livre, tel qu&rsquo;il est pr&eacute;sent entre les mains du lecteur, fait donc une apparition fictionnelle dans l&rsquo;univers di&eacute;g&eacute;tique, mais sous une forme m&eacute;diatique diff&eacute;rente. <em>Coming Soon!!!</em> est mis en abyme dans une sp&eacute;cularit&eacute; que Lucien D&auml;llenbach, dans <em>Le R&eacute;cit sp&eacute;culaire</em>, qualifierait de &laquo;&nbsp;r&eacute;duplication simple&nbsp;&raquo;. Lucien D&auml;llenbach identifie trois figures essentielles de la mise en abyme&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">[&hellip;] qui sont la <em>r&eacute;duplication simple </em>(fragment qui entretient avec l&rsquo;&oelig;uvre qui l&rsquo;inclut un rapport de similitude), la <em>r&eacute;duplication &agrave; l&rsquo;infini</em> (fragment qui entretient avec l&rsquo;&oelig;uvre qui l&rsquo;inclut un rapport de similitude et qui ench&acirc;sse lui-m&ecirc;me un fragment qui&hellip;, et ainsi de suite) et la <em>r&eacute;duplication</em> <em>aporistique</em> (fragment cens&eacute; inclure l&rsquo;&oelig;uvre qui l&rsquo;inclut) <a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">C&rsquo;est &agrave; partir de ces figures qu&rsquo;il &eacute;labore une d&eacute;finition plurielle de la mise en abyme dont l&rsquo;objectif est de les inclure toutes les trois&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] est mise en abyme tout miroir interne r&eacute;fl&eacute;chissant l&rsquo;ensemble du r&eacute;cit par r&eacute;duplication simple, r&eacute;p&eacute;t&eacute;e ou sp&eacute;cieuse&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>&nbsp;<em>&nbsp;</em>&raquo;. <em>Coming Soon!!! </em>A Narrative nous met bel et bien face &agrave; un objet r&eacute;flexif, puisque le roman offre &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de son r&eacute;cit principal un autre <em>Coming Soon!!!</em>, une &oelig;uvre en miroir. Toutefois la similitude entre les <em>Coming Soon!!!</em> n&rsquo;est pas totale, puisqu&rsquo;un changement de m&eacute;dia est effectu&eacute;&nbsp;: on passe du livre &agrave; la disquette. Et c&rsquo;est dans ce va-et-vient m&eacute;diatique, op&eacute;r&eacute; dans le roman &agrave; travers les mises en abyme, que s&rsquo;&eacute;labore la r&eacute;flexion sur l&rsquo;hybridation m&eacute;diatique du texte litt&eacute;raire.</p> <p style="text-align: justify;">D&rsquo;un point de vue narratologique <em>Coming Soon!!! </em>A Narrative est compos&eacute; d&rsquo;une pluralit&eacute; de r&eacute;cits ench&acirc;ss&eacute;s dont il n&rsquo;est pas toujours ais&eacute; d&rsquo;identifier le narrateur&nbsp;: entre Aspirant, Emeritus et un &eacute;trange narrateur se pr&eacute;sentant au tout d&eacute;but du roman comme &laquo;&nbsp;(<em>The Phantom&nbsp;</em><a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>&nbsp;????&nbsp;&raquo;. Toutefois, le lecteur r&eacute;alise rapidement que ce dernier poss&egrave;de bien des points communs avec John Barth puisqu&rsquo;il s&rsquo;av&egrave;re &ecirc;tre lui aussi l&rsquo;auteur d&rsquo;un <em>COMING SOON&nbsp;!!! </em>A Narrative. Le roman du fant&ocirc;me ne diff&egrave;re de celui poss&eacute;d&eacute; par le lecteur, que par la police de caract&egrave;re de son titre, int&eacute;gralement en majuscules.</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Donc : il ne me reste plus ici qu&rsquo;&agrave; &eacute;crire au stylo cette phrase de cl&ocirc;ture de (ma partie) Partie III de <em>COMING SOON!!! A NARRATIVE </em>et ensuite de dire adios une bonne fois pour toute &agrave; mon loyal stylo.<br /> Phrase faite<br /> Loyal stylo !<br /> Fid&egrave;le stylo, dis-je ! Ind&eacute;fectible outil !<br /> <em>He, stylo !&hellip;<br /> Stylo ?</em><br /> [ic&ocirc;ne] FIN&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a></p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Nous pouvons douter de la fiabilit&eacute; du narrateur et de son identit&eacute;, comme du crayon avec lequel il &eacute;crit. La fiction peut &ecirc;tre cr&eacute;&eacute;e sur n&rsquo;importe quel support d&rsquo;&eacute;criture, livre ou hypertexte, par n&rsquo;importe quel outil, crayon ou informatique. Chez Barth, les pratiques d&rsquo;&eacute;criture romanesque, mises en abyme, multiplient les supports m&eacute;diatiques. Il y a <em>Coming Soon&nbsp;!!! A N</em><em>ARRATIVE</em> de Barth qui est un livre et il y a la disquette intitul&eacute;e <em>Coming Soon!!!</em>, comme il y a Aspirant, auteur d&rsquo;hypertextes, et Emeritus, auteur de livres.</p> <p style="text-align: justify;">Notons que la mise en abyme, ainsi que le remarque Anne-Marie Boisvert, est un topos r&eacute;current dans les hypertextes. Ceux-ci proc&egrave;dent souvent, en effet, d&rsquo;&laquo;&nbsp;une conception de l&rsquo;&eacute;criture comme autor&eacute;flexive. Raconter une histoire, cela passe au second plan&nbsp;: plut&ocirc;t que de tendre un miroir au monde, l&rsquo;&eacute;criture se regarde et se raconte elle-m&ecirc;me en train de se faire, si on peut dire&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;&oelig;uvre de Stuart Moulthrop, <em>Victory Garden&nbsp;</em><a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>, pourrait en &ecirc;tre l&rsquo;exemple, puisqu&rsquo;elle th&eacute;matise le labyrinthe en m&ecirc;me temps qu&rsquo;elle reproduit sa forme. Et, au jeu de la mise en abyme, mais aussi de la m&eacute;tafiction, on sait que Barth, auteur phare du postmodernisme, est pass&eacute; ma&icirc;tre. Il joue m&ecirc;me, ironiquement, de cette tendance m&eacute;tafictionnelle &agrave; travers le discours du personnage d&rsquo;Emeritus&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Finalement (en tous cas ensuite), j&rsquo;ai mes raisons d&rsquo;interroger la profondeur et le s&eacute;rieux de l&rsquo;engagement d&rsquo;Aspirant &ndash; pas envers son art [&hellip;] mais &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la narration Telle qu&rsquo;on La Conna&icirc;t, et m&ecirc;me &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de ce qui maintenant est devenu la tradition du roman postmoderne, (c&rsquo;est- &agrave;-dire ces effets de poudre aux yeux cit&eacute;s pr&eacute;c&eacute;demment [&hellip;] &ndash; ces proc&eacute;d&eacute;s qui peuvent nous faire languir pour Jane Austen, Charles Dickens, voire Trollope et Henry James, n&rsquo;importe qui capable de nous raconter une bonne histoire sans nous rappeler en permanence que ce ne sont que des mots sur du papier. M&ecirc;me ces proc&eacute;d&eacute;s &ndash; qui pour Hop Johnson sont des citations ironiques provenant moins d&rsquo;espi&egrave;gles proto-Postmodernes comme Laurence Sterne et Denis Diderot, Edgar Poe et Jan Potocki, que de Postmodernistes contemporains qui eux-m&ecirc;mes r&eacute;orchestrent ironiquement ces pionniers &ndash; Aspirant d&eacute;ploie ses ressources avec une certaine impatience, comme l&rsquo;&eacute;chauffement illusoire d&rsquo;un virtuose ennuy&eacute; avant l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement principal, la V&eacute;ritable Action&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Les <em>proto-Postmodernes</em> cit&eacute;s ici sont surtout des &eacute;crivains hyper-conscients du m&eacute;dia sur lequel ils s&rsquo;exercent. Une conscience que le roman de John Barth poss&egrave;de r&eacute;solument. D&egrave;s ses premi&egrave;res pages, les aspects m&eacute;diatiques sp&eacute;cifiques du livre sont mis en valeur. Ceci s&rsquo;effectue notamment gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;explicitation des diff&eacute;rents seuils, en haut &agrave; gauche de chaque page&nbsp;: &laquo; <u>Sa page de titre, son titre, son sous-titre&nbsp;:</u>&nbsp;&raquo; (&nbsp;<em><u>Its title page, title, subtitle:</u></em>, p.iii), &laquo;&nbsp;S<u>es information l&eacute;gales, ISBN, que sais-je&nbsp;</u>:&nbsp;&raquo; (<em><u>Its copyright info, ISBN, whatever&nbsp;:</u></em><u>,</u>&nbsp; p.iv),&nbsp;&laquo;&nbsp;<u>Sa d&eacute;dicace&nbsp;:&nbsp;</u>&raquo; ( <em><u>Its dedication&nbsp;:</u></em>, p.v). Dans ces exemples, le possessif &nbsp;<em><u>Its</u></em>&nbsp; d&eacute;signe le livre, dont la pr&eacute;sence physique est alors soulign&eacute;e. En m&ecirc;me temps, ces interventions parfois d&eacute;sinvoltes font entrer le p&eacute;ritexte &eacute;ditorial dans la fiction &eacute;labor&eacute;e par John Barth. La page vii est le sommaire de <em>Coming Soon!!! </em>A Narrative pr&eacute;sent&eacute; par &laquo; Vous &Ecirc;tes Ici&nbsp;: <u>Son plan</u>&nbsp;:&nbsp;&raquo; (<em>You Are Here: <u>Its tentative</u>&nbsp;:</em>). Cette phrase propose une adresse au lecteur assez incongrue dans un roman. Celui qui lit ces mots se trouve en effet sur cette page vii, une &eacute;vidence qui ram&egrave;ne l&rsquo;attention vers le volume du livre comme espace et&nbsp;porte &agrave; consid&eacute;rer la page de sommaire comme un plan de cet espace. Le sommaire, &agrave; l&rsquo;instar de tout le roman, propose une pluralit&eacute; de polices de caract&egrave;res, on trouve des mots en gras, en italique, soulign&eacute;s, en majuscules, etc. Encore une fois, c&rsquo;est l&rsquo;attention &agrave; la mat&eacute;rialit&eacute; qui est au centre de <em>Coming Soon!!! </em>A Narrative et celle-ci se r&eacute;v&egrave;le par opposition avec l&rsquo;hypertexte, dans un duel qu&rsquo;Aspirant et Emeritus personnifient.</p> <h2 style="text-align: justify;"><span id="3_La_fin_du_livre_et_la_litterature_de_lepuisement">3. La fin du livre et la litt&eacute;rature de l&rsquo;&eacute;puisement</span><br /> &nbsp;</h2> <p style="text-align: justify;">Si l&rsquo;hypertextualit&eacute; dont parle Barth dans <em>Coming Soon!!! </em>A Narrative est aujourd&rsquo;hui d&eacute;pass&eacute;e par l&rsquo;hyperm&eacute;dia, il n&rsquo;en reste pas moins que le conflit g&eacute;n&eacute;rationnel et technologique qui est au c&oelig;ur du roman est encore tout &agrave; fait r&eacute;v&eacute;lateur. Ce qu&rsquo;Emeritus reproche &agrave; Aspirant c&rsquo;est son postmodernisme, son amour des labyrinthes et de la m&eacute;tafiction&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Pour J. Hopkins Johnson, et de son propre aveu, l&rsquo;action se trouve ailleurs que sur la page imprim&eacute;e. Provisoirement, du moins, elle se trouve dans le labyrinthe &agrave; construire soi-m&ecirc;me de l&rsquo;e-fiction, o&ugrave; les descriptions d&rsquo;emplois traditionnels de l&rsquo;auteur et du lecteur (ou, pourrait-on dire de D&eacute;dale et Th&eacute;s&eacute;e) demandent &agrave; &ecirc;tre reconsid&eacute;r&eacute;es, o&ugrave; l&rsquo;ordre narratif tombe en d&eacute;liquescence dans une anarchie virtuelle, o&ugrave; le D&eacute;but, le Milieu, la Fin perdent leur sens et leur ordre imm&eacute;morial, et o&ugrave; ce vieux machin qu&rsquo;est l&rsquo;intrigue-pr&eacute;figuration et reprises, apog&eacute;e et r&eacute;solution cathartique, laisse la place &agrave; un bidouillage al&eacute;atoire&nbsp;qui lib&egrave;re de la tyrannie de la lin&eacute;arit&eacute; &ndash; ce qui pour certains d&rsquo;entre nous &eacute;quivaut &agrave; lib&eacute;rer Th&eacute;s&eacute;e de l&rsquo;indispensable fil d&rsquo;Ariane&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Barth reprend les caract&eacute;ristiques de l&rsquo;hypertexte tel qu&rsquo;il est d&eacute;crit par Landow, Joyce et Moulthrop&nbsp;: un texte labyrinthique, fragmentaire, offrant la &laquo;&nbsp;libert&eacute;&nbsp;&raquo; au lecteur et o&ugrave; ce dernier devient lui-m&ecirc;me &eacute;crivain par sa participation, un texte rhizomatique selon Deleuze et Guattari&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>. Il oppose, avec beaucoup d&rsquo;ironie, l&rsquo;hypertexte &agrave; la narrativit&eacute; qu&rsquo;on pourrait qualifier de classique. Pour Emeritus, l&rsquo;e-fiction est la sir&egrave;ne du cyberespace (<em>cyberspatial siren&nbsp;</em><a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>), tra&icirc;tresse qui vous endort de sa belle voix avant de vous mener &agrave; votre perte. Emeritus qualifie Aspirant de virus pr&ecirc;t &agrave; corrompre la litt&eacute;rature dans l&rsquo;e-fiction&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">[&hellip;] de l&rsquo;avis d&rsquo;Aspirant la fiction &eacute;lectronique elle-m&ecirc;me n&rsquo;est rien d&rsquo;autre que le m&eacute;dium de transition entre la litt&eacute;rature imprim&eacute;e (mais aussi le th&eacute;&acirc;tre, le cin&eacute;ma, la t&eacute;l&eacute;vision, le drame, peut-&ecirc;tre la vie m&ecirc;me) et la nouvelle J&eacute;rusalem qu&rsquo;est la r&eacute;alit&eacute; virtuelle. En ai-je assez dit&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>&nbsp;?</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Et d&rsquo;ajouter que John Hopkins (Aspirant) appelle la fiction imprim&eacute;e, &laquo; vieux m&eacute;dia moribond&nbsp;&raquo; (<em>old moribund medium&nbsp;</em><a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>). John Barth met non seulement en sc&egrave;ne le d&eacute;bat sur la substitution des m&eacute;dias anciens par les nouveaux, mais aussi, et surtout, il d&eacute;crit la peur de la mort tant de fois annonc&eacute;e du livre. L&rsquo;hypertextualit&eacute; et par extension la technologie, id&eacute;ologiquement et de mani&egrave;re sous-jacente, imposent une menace sur une certaine forme d&rsquo;humanit&eacute; (prise ici dans sa polys&eacute;mie, celui des sciences-humaines, comme par extension de l&rsquo;humain). Barth, dans <em>Coming Soon!!! </em>A Narrative, joue de mani&egrave;re tr&egrave;s pertinente avec cette pol&eacute;mique et ce d&eacute;bat. Emeritus incarne cette crainte&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;"><em>Fiction-I</em> [la fiction imprim&eacute;e]. Je crois, comme vous l&rsquo;avez peut-&ecirc;tre entendu, que les 300 ans de l&rsquo;&Acirc;ge d&rsquo;or de la litt&eacute;rarit&eacute; bourgeoise, personnifi&eacute;e par l&rsquo;ascendant du Roman, comme medium de divertissement et d&rsquo;art, a atteint son sommet quelque part autour de 1895 et s&rsquo;est inexorablement essouffl&eacute; &agrave; travers les si&egrave;cles et depuis que sa part d&rsquo;audience s&rsquo;est r&eacute;duite, d&rsquo;abord &agrave; cause du cin&eacute;ma et de la radio, puis de la t&eacute;l&eacute;vision et du magn&eacute;toscope et plus r&eacute;cemment &agrave; cause du r&eacute;seau informatique interactif et un jour prochain &agrave; cause de la R&eacute;alit&eacute; virtuelle &eacute;lectronique. Je crois, non pas que le roman soit mort (une exag&eacute;ration de ces onanistes Modernistes de la premi&egrave;re moiti&eacute; du si&egrave;cle), mais qu&rsquo;il est vou&eacute; &agrave; devenir, avec le reste de la litt&eacute;rature imprim&eacute;e, un plaisir pour go&ucirc;t particulier, comme la po&eacute;sie, le tir &agrave; l&rsquo;arc, aller &agrave; l&rsquo;op&eacute;ra et le dressage &eacute;questre&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Si, pour le professeur, le chant du cygne du roman est une exag&eacute;ration, il n&rsquo;en reste pas moins que la fiction et la litt&eacute;rature, tout comme le livre, sont &agrave; un point charni&egrave;re de leur Histoire. Le texte de Barth para&icirc;t en 2001 et son action se situe au moment symbolique du passage &agrave; l&rsquo;an 2000. Une fin de mill&eacute;naire qui a suscit&eacute; un grand nombre de discours apocalyptiques, tous plus farfelus les uns que les autres, mais qui reste le berceau d&rsquo;un imaginaire de la fin auquel la litt&eacute;rature contemporaine ne peut que se confronter. C&rsquo;est ce que fait John Barth.</p> <p style="text-align: justify;">Il est cependant important de noter que, dans <em>Coming Soon!!! </em>A Narrative<em>, </em>le conflit semble se r&eacute;gler quand Aspirant finit par produire un roman int&eacute;grant sous forme d&rsquo;imitation des boutons et des formes hypertextuelles&nbsp;: un &laquo;&nbsp;<u>roman faussement-&eacute;lectronique</u>&nbsp;&raquo;&nbsp;(<em><u>faux-electronic novel</u></em>&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>). Un livre qui ressemble &agrave; un hypertexte, un livre qui ressemble ind&eacute;niablement &agrave; celui que le lecteur tient entre ses mains.</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">[&hellip;] la version qui a &eacute;t&eacute; distribu&eacute;e et critiqu&eacute;e dans les s&eacute;minaires &eacute;tait compos&eacute;e ordinairement de pages imprim&eacute;es, conventionnellement format&eacute;es &agrave; l&rsquo;exception de la pr&eacute;sence occasionnelle d&rsquo;imitation, non d&eacute;nu&eacute;e d&rsquo;intelligence, de, comment-les-appeler&nbsp;? &ndash; boutons d&rsquo;options&nbsp;? &ndash; des bidules informatiques ici ou l&agrave; dans le texte. [&hellip;] Il les jugea globalement, comme &eacute;tant de l&rsquo;ordre d&rsquo;une amusante am&eacute;lioration du r&eacute;cit plut&ocirc;t que d&rsquo;une distraction de ce-dernier &ndash; une &eacute;vocation des premi&egrave;res simulations lin&eacute;aires d&rsquo;effets non lin&eacute;aires par les modernistes&nbsp;<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;imprim&eacute; et la fiction, pour Barth, ne sont pas vraiment menac&eacute;s de mort. Il s&rsquo;agit pour l&rsquo;auteur contemporain de relever le d&eacute;fi, tout en tenant compte de l&rsquo;histoire litt&eacute;raire (d&eacute;sign&eacute;e dans la citation par ces textes modernes comme <em>Tristram Shandy</em> de Sterne ou <em>Jacques le fataliste</em> de Diderot). C&rsquo;est ce que Barth explique lui-m&ecirc;me dans &laquo;&nbsp;The Literature of Exhaustion&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Par &laquo;&nbsp;&eacute;puisement&nbsp;&raquo; je ne d&eacute;signe pas quelque chose d&rsquo;aussi us&eacute; que le sujet de la d&eacute;cadence physique, morale, ou intellectuelle, seulement l&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;usure de certaines formes, ou l&rsquo;&eacute;puisement ressenti &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de certaines possibilit&eacute;s &ndash; mais en aucun cas une cause de d&eacute;sespoir&nbsp;<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">La litt&eacute;rature de l&rsquo;&eacute;puisement n&rsquo;est pas de l&rsquo;ordre de la mort du litt&eacute;raire, mais de la reconnaissance de ce qui a d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; fait et ne peut donc plus &ecirc;tre r&eacute;alis&eacute; de nouveau sans impliquer une r&eacute;p&eacute;tition qui tiendrait de l&rsquo;absurde. Dans son article, Barth fait tout particuli&egrave;rement l&rsquo;&eacute;loge de Jorge Luis Borges et de Samuel Beckett&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Une des choses modernes &agrave; propos de ces deux auteurs c&rsquo;est qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&acirc;ge des ultimit&eacute;s et de la &laquo;&nbsp;solution finale&nbsp;&raquo; &ndash; du moins de ce qui se ressent comme des ultimit&eacute;s, dans toutes choses, de l&rsquo;armement &agrave; la th&eacute;ologie, dans la d&eacute;shumanisation c&eacute;l&eacute;br&eacute;e de la soci&eacute;t&eacute; et l&rsquo;histoire du roman &ndash; leur &oelig;uvre, chacune &agrave; leur mani&egrave;re, refl&egrave;te et traite de cette ultimit&eacute;, &agrave; la fois techniquement et th&eacute;matiquement&nbsp;<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">La litt&eacute;rature de l&rsquo;&eacute;puisement n&rsquo;est donc pas la fin de la litt&eacute;rature, mais une litt&eacute;rature qui traite de sa fin. Voil&agrave; justement le propos de <em>Coming Soon!!! </em>A Narrative. Il s&rsquo;agit pour l&rsquo;auteur contemporain d&rsquo;avoir conscience de tout ce qui a &eacute;t&eacute; fait en litt&eacute;rature et en art, et d&rsquo;en prendre acte, tout comme il doit tenir compte de sa propre soci&eacute;t&eacute;. Selon Barth, la cr&eacute;ation doit s&rsquo;effectuer &agrave; partir de ce savoir. L&rsquo;auteur postmoderne est caract&eacute;ris&eacute; par son hyper-conscience mais aussi par sa capacit&eacute; &agrave; int&eacute;grer ce qui l&rsquo;entoure, ici l&rsquo;hyperm&eacute;dia, quand bien m&ecirc;me il ne produit que des textes imprim&eacute;s.</p> <p style="text-align: justify;">Dans son article, Barth critique par ailleurs les arts interm&eacute;diatiques. Il rejette tout particuli&egrave;rement la d&eacute;finition de l&rsquo;interm&eacute;dialit&eacute; que donne Dick Higgins dans &laquo;&nbsp;Intermedia&nbsp;&raquo;. Selon Barth, les &oelig;uvres interm&eacute;diatiques ne reconnaissent pas leur dette &agrave; l&rsquo;art pass&eacute; et ne font que reproduire sous le couvert de la nouveaut&eacute; ce qui a d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; fait:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Cependant, l&rsquo;Art et ses formes et techniques, vivent dans l&rsquo;histoire et certainement changent aussi. Je suis d&rsquo;accord avec une remarque attribu&eacute;e &agrave; Saul Below, qui d&eacute;clare que d&rsquo;&ecirc;tre techniquement &agrave; la page est la caract&eacute;ristique la moins importante d&rsquo;un &eacute;crivain &ndash; m&ecirc;me si j&rsquo;ajouterai que cette caract&eacute;ristique de moindre importance puisse &ecirc;tre n&eacute;anmoins essentielle. En tous cas, &ecirc;tre techniquement d&eacute;pass&eacute; est probablement un v&eacute;ritable d&eacute;faut&nbsp;: la sixi&egrave;me symphonie de Beethoven ou la Cath&eacute;drale de Chartres, si on les cr&eacute;ait aujourd&rsquo;hui, pourrait s&rsquo;av&eacute;rer simplement embarrassantes&nbsp;<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>&nbsp; [&hellip;]</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Nul ne doute que les travaux list&eacute;s dans le catalogue de <em>Something Else Press</em>&nbsp;entrent pour Barth dans la cat&eacute;gorie &laquo;&nbsp;embarras&nbsp;&raquo;. <em>Coming Soon!!! </em>A Narrative, en tant que livre &eacute;crit &agrave; l&rsquo;heure de l&rsquo;hyperm&eacute;dia, est techniquement <em>out of date</em>, mais conscient, gr&acirc;ce &agrave; son jeu avec l&rsquo;hypertextualit&eacute; (<em>up to date</em>), de ce paradoxe. Et c&rsquo;est en cela qu&rsquo;il est postmoderne selon Barth et qu&rsquo;il appartient &agrave; la litt&eacute;rature de l&rsquo;&eacute;puisement. Il t&eacute;moigne de la culture contemporaine, de la cyberculture, dans lesquelles le livre poss&egrave;de une place. Barth reprend alors l&rsquo;exemple de la sixi&egrave;me symphonie de Beethoven&nbsp;<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>, son ex&eacute;cution &agrave; l&rsquo;heure actuelle pourrait ne pas &ecirc;tre embarrassante si elle &eacute;tait r&eacute;alis&eacute;e avec ironie. C&rsquo;est l&rsquo;ironie, le recul, ou encore la mise en abyme et la m&eacute;tatextualit&eacute; qui sauvent du psittacisme. De m&ecirc;me que le livre, dans <em>Coming Soon!!! </em>A Narrative, l&rsquo;op&eacute;ra flottant est un &laquo;&nbsp;m&eacute;dia&nbsp;&raquo; menac&eacute;, il ne remporte plus le succ&egrave;s qu&rsquo;il a connu auparavant. Pour pallier cet &eacute;chec, les spectacles du <em>showboat</em> se font postmodernes&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">&laquo;&nbsp;Alors on est postmodernes ou quoi&nbsp;?&nbsp;&raquo; demanda Sher quelque part en chemin. Car nous utilisions les vrais noms des performeurs sur sc&egrave;ne, et nous demandions directement au public si un <em>showboat</em> pouvait flotter avec succ&egrave;s &agrave; l&rsquo;&egrave;re du num&eacute;rique, et si oui, est-ce &agrave; travers la route de la nostalgie [&hellip;] ou gr&acirc;ce &agrave; des effets sp&eacute;ciaux de haute technologie, du moins autant que nous &eacute;tions capable d&rsquo;en faire. En bref, nous parlions et chantions au sujet de ce que nous &eacute;tions en train de faire au moment o&ugrave; nous le faisions, aussi bien qu&rsquo;au sujet de notre m&eacute;dium, et nous faisons de ce m&eacute;tar&eacute;cit et m&eacute;tacommentaire une partie int&eacute;grante du spectacle&nbsp;<a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;"><em>Coming Soon!!! </em>A Narrative n&rsquo;est donc pas tant un roman de la fin du livre qu&rsquo;une m&eacute;ditation sur cette fin et la peur qu&rsquo;elle engendre. Le roman en cela est une figure de l&rsquo;imaginaire de la fin&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">Parler d&rsquo;imaginaire implique que la fin doive &ecirc;tre con&ccedil;ue avant tout comme une pens&eacute;e, une repr&eacute;sentation. Si certains discours l&rsquo;inscrivent comme un &eacute;v&eacute;nement [&hellip;], elle n&rsquo;est jamais qu&rsquo;un fantasme, constitu&eacute;e de figure et d&rsquo;une logique de mise en r&eacute;cit, fond&eacute;e sur des sc&eacute;narios catastrophe [&hellip;]&nbsp;<a href="#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Cette d&eacute;finition rejoint ce que Barth entend par litt&eacute;rature de l&rsquo;&eacute;puisement. Non pas une litt&eacute;rature sur sa fin mais une litt&eacute;rature sur la fin. <em>Coming Soon!!! </em>A NARRATIVE<em>,</em> &agrave; l&rsquo;image du roman de Novelist Emeritus, est cens&eacute; &ecirc;tre le dernier de John Barth, mais il ne s&rsquo;agit pas pour autant d&rsquo;un requiem. D&rsquo;ailleurs, le texte se cl&ocirc;t sur une figure d&rsquo;espoir et de renouveau. De mani&egrave;re tr&egrave;s freudienne, les parents d&rsquo;Aspirant meurent&nbsp;: il peut entrer dans l&rsquo;&acirc;ge adulte, lib&eacute;r&eacute; aussi de son rival de professeur. Hopkins est avec Sher qui est enceinte. L&rsquo;an 2000 est arriv&eacute; sans &laquo;&nbsp;bug&nbsp;&raquo; majeur et la vie continue inexorablement. Le roman se termine sur la d&eacute;cision d&rsquo;Aspirant de r&eacute;&eacute;crire <em>TOFO&nbsp;II</em>&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify; padding-left: 30px;">J&rsquo;ai d&eacute;j&agrave; une Nouvelle Id&eacute;e pour le d&eacute;but du roman&nbsp;: ce vieux schnoque d&rsquo;Hick Fen d&rsquo;un certain &acirc;ge et d&rsquo;un certain sexe &ndash; une sorte de Tiresias des fonds marins avec la voix trainante et nasillarde du bas de la c&ocirc;te &ndash; trouve dans un sac en plastique ziploc une disquette &eacute;tiquet&eacute;e COMING SOON&nbsp;!!! dansant sur l&rsquo;eau comme l&rsquo;enfant Mo&iuml;se dans l&rsquo;herbe du mar&eacute;cage apr&egrave;s l&rsquo;ouragan Zoulou&nbsp;<a href="#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a>.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">C&rsquo;est ainsi que commence le <em>Coming Soon!!! </em>A NARRATIVE de John Barth. On retrouve encore une fois l&rsquo;ic&ocirc;ne inaugurale Read Me. La boucle est boucl&eacute;e, tout peut recommencer.</p> <h3 style="text-align: justify;">Notes<br /> &nbsp;</h3> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a> Edna Farber, <em>Show Boat</em>, New York, Doubleday, 1926.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a> Nous entendons principalement par cette premi&egrave;re g&eacute;n&eacute;ration, les auteurs de chez Eastgate System.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a> John Barth, <em>Coming Soon!!! </em>A Narrative, Boston/ New York, Houghton Mifflin Company, 2001, p. 1.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a> <em>Ibid.</em></p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a> <em>Id.</em>, p. 3.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a> Sauf mention contraire, c&rsquo;est moi qui traduis les citations tir&eacute;es des &eacute;crits de John Barth&nbsp;; &ldquo;[&hellip;] a Zip drive here, a modem there, here a keyboard, there a 17&rsquo;&rsquo; color monitor and a laser printer and a CD-ROM gizmo&rdquo; (<em>Id.</em>, p.&nbsp;6).</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a> <em>Id</em>., p. 1.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a> <em>Id.</em>, p. 2.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a> <em>Id.</em>, p. 327-328. &ldquo;We do however click up <em><u>http://www.tofo2.org</u></em> that evening on our vintage, tortoise-paced Macintosh, just to have a look, and in time&rsquo;s fullness find a not-badly-put-together homepage [&hellip;] featuring side-by-side photos of the showboat (<em>L</em>) snug in Snug Harbor in calmer days, and (<em>R</em>) bashed by Zulu-waves on Ararat Shoal. Beneath them, exclamatory hot-links to such topics as</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;"><em>&mdash; <u>The News from Ararat!</u><br /> &mdash; <u>Chesapeake Showboats: A Historical Overview!</u><br /> &mdash; <u>COMING SOON !!! </u></em><u>The Musical<em> (CS!!!</em>TM<em>)</em></u><br /> <em>and<br /> &mdash; <u>From 9/9/99 to Y2K</u>&mdash;<u>and beyond!</u></em></p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Scrolling down, we find at the page&rsquo;s foot the enigmatic credit line <em>Homepage by </em><a href="mailto:Ditsy@BigBitsy.HFI"><em>Ditsy@BigBitsy.HFI</em></a> [&hellip;] Experimentally, we click on <em><u>CS!!!</u></em><u>TM</u> and, as is the way with websites, are offered more menu-menus (<em><u>Previews.</u> <u>Postviews.</u> <u>Reviews.</u> <u>Over &amp; Underviews</u></em>). &rdquo;</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a> <em>Id.</em>, p. 8, p. 23 et p. 40.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a> <em>Id., </em>p.&nbsp;251.</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">&ldquo;Click were Thou wilt, Mate<br /> &lsquo;Will not!&rsquo;<br /> Amen, Allow me, then. [<em>Narrator </em>&lsquo;<em>clicks</em>&rsquo;<em> on </em>&lsquo;<em>1996</em>&rsquo;<em>, where upon these materializes </em>&lsquo;<em>onscreen</em>&rsquo;<em>a tricolumnar Virtual Chronomenu:</em>]&rdquo;</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a> <em>Id., </em>p.&nbsp;6-7.</p> <p style="text-align: justify;">&ldquo;And here (some pages past) is where I came in: booted up Big Bitsy, unzipzip zipped and slugged in its slot that progg&egrave;d program, then open-sesame&rsquo;d with mouseclicks twain its triply exclamatoried icon. Found in the window thus 4squared upon my monitor one of those Start-Here mini icons called Read Me; clicketyclick and what to my wandering eyes should appear but the text you&rsquo;ve just read (if you&rsquo;ve read it my dear) &mdash; I mean Read Me, &lsquo;Call me Ditsy,&rsquo; et cet &mdash; [&hellip;].&rdquo;</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a> Lucien D&auml;llenbach, <em>Le R&eacute;cit sp&eacute;culaire. Essai sur la mise en abyme</em>, Paris, Seuil, 1977, p.&nbsp;51.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a> <em>Ibid</em>., p.&nbsp;52.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a> John Barth, <em>Coming soon!!! </em>A Narrative, <em>op. cit.</em>, p.&nbsp;23.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a> Id., p. 344.</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">&ldquo;So: There remains but to pen this closing sentence of (my) Part III of <em>COMING SOON!!! </em>A Narrative and then to bid <em>adios</em> for good and all to my trusty pen.<br /> Sentence done.<br /> Trusty pen!<br /> Faithful pen, I say! Unfailing instrument!<br /> <em>Yo, pen ! &hellip; </em><br /> Pen?<br /> [ic&ocirc;ne] THE ENDˮ</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a><sup><sup>&nbsp;</sup></sup>Anne-Marie Boisvert, &laquo;&nbsp;Litt&eacute;rature &eacute;lectronique et hypertexte&nbsp;&raquo;, <em>Auradigital</em>, 24 octobre 2002. &nbsp;En ligne <a href="http://www.auradigital.net/web/Escriptures-hipertextuals/Documents/litterature-electronique-et-hypertexte-anne-marie-boisvert.html" target="_blank">ici</a>.&nbsp;Consult&eacute; le 10 septembre 2006.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a> Stuart Moulthrop, <em>Victory Garden: A Fiction</em>, Watertown (Mass.), Eastgate systems, 1991.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a> John Barth, <em>Coming soon!!! </em>A Narrative, <em>op. cit.</em>, p.&nbsp;13. &ldquo;Finally (anyhow next), I have reason to question the depth and seriousness of the Applicant&rsquo;s commitment &mdash; not to his art, [&hellip;], to Storytelling As We Know It, even to what has by now become the tradition of the Postmodernist novel, (I mean those smoke-and mirror tricks aforecited, [&hellip;] &mdash; devices that can make one long for Jane Austen, Charles Dickens, even Trollope and Henry James, anyone who&rsquo;ll just tell us a good story without forever reminding us that <em>it&rsquo;s only word on paper</em>). Even those devices &mdash; which for Hop Johnson are ironic quotations less from such playful proto-Postmoderns as Laurence Sterne and Denis Diderot, Edgar Poe and Jan Potocki, than from contemporary Postmodernists who themselves are ironically reorchestrating those pioneers &mdash; the Applicant deploys with a kind of impatience, like a bored virtuoso illusionist warming up for the main event, the Real Action.ˮ</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a> <em>Ibid. </em>&ldquo;For J. Hopkins Johnson, by his own acknowledgement, that action is elsewhere than on the printed page. Provisionally, at least, it is in the do-it-yourself labyrinths of ʽe-fictionʼ, where the traditional job-descriptions of ʽauthorʼ and ʽreaderʼ (or, one might say of Daedalus and Theseus) are up for grabs; where narrative order deliquesces into virtual anarchy; where Beginnings, Middles, and Endings lose their longstanding sense and sequence, and such old standbys as plot-foreshadowings and reprises, climax and cathartic resolution, give way to ad-libitum jiggery-p0kery: to ʽfreedom from the tyranny of the lineʼ&nbsp;&mdash; which, to some of us, is tantamount to freeing Theseus from Ariadne&rsquo;s indispensable yarn.ˮ</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a> Gilles Deleuze &amp; F&eacute;lix Guattari, <em>Capitalisme et schizophr&eacute;nie 2 : mille plateaux,</em> Paris, &Eacute;ditions de Minuit, 1980.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a> John Barth, <em>Coming Soon!!!</em>, <em>op. cit.</em>, p. 13.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a> <em>Id.</em>, p. 14. &ldquo;[&hellip;] in Applicant&rsquo;s opinion, electronic fiction itself is but the transitional medium between printed literature (also theatre, cinema, television, drama, perhaps lived life itself) and the New Jerusalem of Electronic Virtual Reality. Enough said?&nbsp;ˮ</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a> <em>Id. </em>p.&nbsp;15.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a>&nbsp;<em>Id.</em>, p. 21-22. &ldquo;<em>P-fiction</em>. I happen to believe, as you may have heard, that the 300-year Golden Age of Bourgeois Literacy, epitomized by the ascendancy of The Novel as a medium of entertainment and art, peaked somewhere in the neighborhood of 1895 and has been inexorably petering through the century since, its market-share of audience attention reduced first by the movies and broadcast radio, then by television and the VCR, more recently by interactive computer networking, and down the road by Electronic Virtual Reality. I happen to believe, not that The Novel is dead (an overstatement by self-titillating Modernists in the century&rsquo;s first half), but that it is destined to become, with the rest of p-lit, ever more a pleasure for special tastes, like poetry, archery, opera-going, equestrian dressage.ˮ</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a> <em>Id.</em>, p. 255.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a> <em>Id.</em>, p. 237. &ldquo;[&hellip;] the version being distributed and critiqued in seminarial instalments was in workaday printed pages, conventionally formatted except for occasional, not-unclever imitations of whatchacallems &mdash;option buttons? &mdash; and suchlike computerish gizmos here and there in the text. [&hellip;] he judged them to be, on the whole, more of an amusing enhancement of the narrative than a distraction from it &ndash;reminiscent of the early Modernists&rsquo; linear simulations of nonlinear effects.ˮ</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a> John Barth, &ldquo;The Literature of Exhaustionˮ, <em>The Friday Book: Essays and Other Nonfiction</em>, New York, Putnam, 1984, p.&nbsp;64. &ldquo;By ʽexhaustionʼ I don&rsquo;t mean anything so tired as the subject of physical, moral or intellectual decadence, only the used-upness of certain forms or the <em>felt</em> exhaustion of certain possibilities &mdash; by no means necessarily a cause for despair.ˮ</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a> <em>Id.</em>, p. 67. &ldquo;One of the modern things about these two writers is that in an age of ultimacies and ʽfinal solutionʼ &mdash; at least <em>felt</em> ultimacies, in everything from weaponry to theology, the celebrated dehumanization of society and the history of the novel &mdash; their work in separate ways reflects and deals with ultimacy, both technically and thematically.&nbsp;ˮ</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a> <em>Id.</em>, p. 66. &ldquo;However, art and its forms and techniques, live in history and certainly do change. I sympathize with a remark attributed to Saul Bellow, that to be technically up-to-date is the least important attribute of a writer &mdash;though I would add that this least important attribute may be nevertheless essential. In any case, to be technically out of date is likely to be a genuine defect: Beethoven&rsquo;s Sixth Symphony or the Chartres cathedral, if executed today, might be simply embarrassing [&hellip;]&nbsp;&raquo;</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a> <em>Id., </em>p.&nbsp;69.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a> John Barth, <em>Coming soon!!! </em>A NARRATIVE, <em>op. cit.</em>, p.&nbsp;169. &nbsp;&ldquo;ʽSo are we Postmodern, or what?ʼ Sher asked somewhere along the way. For we were using the performer&rsquo;s real names onstage, and directly posing the question to the audience whether a showboat show could be floated successfully in the age of electronic digitality, and if so, whether via the nostalgia route [&hellip;] or high-tech special effects, as best we could mount them. In short, we were talking and singing about what we were doing as we did it, as well as about the history of our medium, and making that metanarrative and metacommentary part of the entertainment.ˮ</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a> Bertrand Gervais, <em>L&rsquo;Imaginaire de la fin : temps, mots et signe,</em> Montr&eacute;al, Le Quartanier, 2009, p.&nbsp;13.</p> <p style="text-align: justify;"><a href="#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a> John Barth, <em>Coming soon!!! </em>A NARRATIVE, <em>op. cit.</em>, p.&nbsp;374. &ldquo;I had already a New Idea for the novel&rsquo;s opening: Old-fart Hick Fen progger of uncertain age and gender &mdash; a sort of sub-sea-level Tiresias with the twangy drawl of the lower Shore &mdash; finds Ziploc&trade;&rsquo;d diskette labeled <em>COMING SOON!!!</em> a-bob like baby Moses in the marshgrass after Hurricane Zulu.ˮ</p> <h3 style="text-align: justify;">Bibliographie<br /> &nbsp;</h3> <p style="text-align: justify;">BARTH John,</p> <p style="text-align: justify;">&mdash; &ldquo;The Literature of Exhaustion&rdquo;, <em>The Friday book : essays and other nonfiction</em>, A Perigee Book, New York, Putnam, 1984.</p> <p style="text-align: justify;"><em>&mdash; Coming Soon&nbsp;!!! A Narrative</em>, Boston/ New York, Houghton Mifflin Company, 2001.</p> <p style="text-align: justify;">BOISVERT Anne-Marie, &laquo;&nbsp;Litt&eacute;rature &eacute;lectronique et hypertexte&nbsp;&raquo;, <em>Auradigital</em>, 24 octobre 2002.</p> <p style="text-align: justify;">D&Auml;LLENBACH Lucien, <em>Le R&eacute;cit sp&eacute;culaire. Essai sur la mise en abyme</em>, Paris, Seuil, 1977.</p> <p style="text-align: justify;">DELEUZE Gilles &amp; GUATTARI F&eacute;lix, <em>Capitalisme et schizophr&eacute;nie 2 : mille plateaux,</em> Paris, &Eacute;ditions de Minuit, 1980.</p> <p style="text-align: justify;">FARBER Edna, <em>Show Boat</em>, New York, Doubleday, 1926.</p> <p style="text-align: justify;">GERVAIS&nbsp;Bertrand, <em>L&rsquo;Imaginaire de la fin : temps, mots et signe,</em> Montr&eacute;al, Le Quartanier, 2009.</p> <p style="text-align: justify;">MOULTHROP Stuart, <em>Victory Garden: A Fiction</em>, Watertown (Mass.), Eastgate systems, 1991.</p> <h3 style="text-align: justify;"><span id="Auteur">Autrice</span></h3> <p style="text-align: justify;"><strong>Ana&iuml;s Guilet</strong> est ma&icirc;tre de conf&eacute;rences &agrave; l&rsquo;universit&eacute; Savoie Mont&nbsp;Blanc (Chamb&eacute;ry). Elle est rattach&eacute;e au laboratoire de recherche LLSETI. Sp&eacute;cialis&eacute;e dans les humanit&eacute;s num&eacute;riques, elle est membre associ&eacute; du laboratoire FIGURA, de&nbsp;l&rsquo;UQAM (Qu&eacute;bec). Ses recherches portent&nbsp;sur les esth&eacute;tiques num&eacute;riques et transm&eacute;diatiques, ainsi que sur la place du livre dans la culture contemporaine.&nbsp;Son site Web&nbsp;: <a href="http://www.cyborglitteraire.com/">www.cyborglitteraire.com</a>.</p> </div>