<p>La France du XIX<sup>e</sup> siècle vit un régime de discordance des temps. La modernité se pense sous le signe de l’accélération ; à ce tempo fiévreux, surreprésenté dans la presse comme dans la culture livresque (littérature, essais, mémoires), s’oppose le rythme lent et cyclique des campagnes, fondé sur la répétition et la tradition. D’où la construction, dans la fiction comme dans les imaginaires sociaux, d’un diptyque en contrepoint. L’ambition épistémologique et totalisante de la fiction ne saurait cependant sacrifier aux seuls clichés des « romans vertueux et champêtres ». Dans une visée ethnologique, certains écrivains entendent construire une représentation totale de la vie paysanne : cette investigation amène à relativiser voire à invalider l’idée selon laquelle les territoires ruraux seraient restés à l’écart de l’histoire. D’où un dispositif critique où le hors-temps de l’idylle, strictement territorialisé, s’oppose à une société rurale clivée, entretenant avec la modernité (sociale, économique, politique) un rapport complexe et idéologiquement contrasté.</p>