<h3>Abstract</h3> <p>In the 19th century, with the rapid succession of revolutions and regimes, time was lived under the sign of discordance, as historians Fran&ccedil;ois Hartog and Christophe Charle have shown. Technical progress, by reducing geographical distances, is also bringing temporal experiences closer together and encouraging a &quot;sharing of the senses&quot; between different territories, different social groups and different generations. As for the &quot;newspaper civilisation&quot;, it creates periodic rhythms in which news is invented and shared more and more as literacy increases. These new media scans give rise to the day, the week and the month as units of measurement of modernity. So it would be wrong to claim that a linear experience of time has completely replaced the long cycles of the Ancien R&eacute;gime. In fact, the daily and weekly rhythms that structure lifestyles, sociability, work and leisure are cyclical temporal forms, organised around different rituals that, in the field of literary studies, the sociopoetic and ethnocritical approaches have studied in particular. However, the multiplicity of the rhythms of modern life and their recurring conflicts give rise to tensions and discordance from the point of view of both individual and collective experience.&nbsp;In addition, at the crossroads of historical acceleration and the multiplicity of social times, the present is being&nbsp;&nbsp;elusive and the future raises questions, if not concerns. This, according to Hartog, is the hallmark of the modern &#39;regime of historicity&#39;.</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>Au XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, avec la scansion rapide des r&eacute;volutions et des successions de r&eacute;gimes, le temps se vit sous le signe de la discordance, comme l&rsquo;ont montr&eacute; les historiens Fran&ccedil;ois Hartog et Christophe Charle&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>. Les progr&egrave;s techniques, en r&eacute;duisant les distances g&eacute;ographiques, rapprochent &eacute;galement les exp&eacute;riences temporelles et favorisent un &laquo;&nbsp;partage du sensible&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>&nbsp;&raquo; entre diff&eacute;rents territoires, diff&eacute;rents groupes sociaux et diff&eacute;rentes g&eacute;n&eacute;rations. Quant &agrave; &laquo;&nbsp;la civilisation du journal&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>&nbsp;&raquo;, elle cr&eacute;e des rythmes p&eacute;riodiques o&ugrave; s&rsquo;invente une actualit&eacute; de plus en plus partag&eacute;e &agrave; mesure que l&rsquo;alphab&eacute;tisation progresse. Ces nouvelles scansions m&eacute;diatiques font &eacute;merger le jour, la semaine&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>&nbsp;et le mois comme unit&eacute;s de mesure de la modernit&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>. Aussi serait-il erron&eacute; de pr&eacute;tendre qu&rsquo;une exp&eacute;rience lin&eacute;aire du temps s&rsquo;est compl&egrave;tement substitu&eacute;e aux longs cycles de l&rsquo;Ancien R&eacute;gime. En effet, la quotidiennet&eacute; et le rythme hebdomadaire qui structurent les modes de vie, les sociabilit&eacute;s, le travail et le loisir, sont des formes temporelles cycliques, organis&eacute;es autour de diff&eacute;rents rituels que, dans le domaine des &eacute;tudes litt&eacute;raires, les approches sociopo&eacute;tique et ethnocritique ont notamment &eacute;tudi&eacute;s. Cependant, la multiplicit&eacute; des rythmes de la vie moderne et leurs conflits r&eacute;currents entra&icirc;nent tensions et discordances du point de vue de l&rsquo;exp&eacute;rience aussi bien individuelle que collective. En outre, au croisement de l&rsquo;acc&eacute;l&eacute;ration historique et de la multiplicit&eacute; des temps sociaux&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>, le pr&eacute;sent se d&eacute;robe et le devenir interroge, sinon inqui&egrave;te. C&rsquo;est l&agrave;, selon Hartog, le propre du &laquo;&nbsp;r&eacute;gime d&rsquo;historicit&eacute;&nbsp;&raquo; moderne.</p> <p>Dans ce contexte de bouleversement socio-historique et culturel, voire anthropologique, les temps v&eacute;cus sont l&rsquo;objet de nombreux discours et r&eacute;cits, notamment dans la presse qui, avec sa scansion p&eacute;riodique, impose progressivement un rythme et jugule l&rsquo;acc&eacute;l&eacute;ration temporelle post-r&eacute;volutionnaire. Les travaux de la narratologie contemporaine, notamment avec Rapha&euml;l Baroni&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>, ont &eacute;largi la th&eacute;orie du r&eacute;cit ric&oelig;urienne&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>&nbsp;&agrave; diff&eacute;rents m&eacute;dias afin de montrer que nous sommes toujours d&eacute;j&agrave; pris dans des r&eacute;cits, litt&eacute;raires ou non. En effet, le r&eacute;cit est une structure essentielle de l&rsquo;existence quotidienne qui ne s&rsquo;exprime pas seulement dans les fictions litt&eacute;raires. En proposant la notion de fictionnalisation pour penser la presse du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, Marie-&Egrave;ve Th&eacute;renty a montr&eacute; combien le journal est une &laquo;&nbsp;litt&eacute;rature au quotidien&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>&nbsp;&raquo;. Si le temps n&rsquo;existe que racont&eacute; (Ric&oelig;ur), la presse du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, avec sa polyphonie d&eacute;finitoire, fait entendre la multiplicit&eacute; des exp&eacute;riences temporelles qu&rsquo;elle narrativise avec des r&eacute;cits factuels et fictionnels, tout en &oelig;uvrant, avec sa p&eacute;riodicit&eacute;, &agrave; cr&eacute;er un rythme commun sur tout le territoire fran&ccedil;ais.</p> <p>Certes, l&rsquo;av&egrave;nement d&rsquo;un temps partag&eacute;, li&eacute; &agrave; la d&eacute;mocratisation de la soci&eacute;t&eacute; du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, tend &agrave; r&eacute;duire les distances et &agrave; rapprocher groupes sociaux et territoires si l&rsquo;on se place sur le temps long et &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle collective, voire nationale. Les &eacute;carts entre centres urbains et espaces ruraux se resserrent gr&acirc;ce aux progr&egrave;s techniques et &agrave; la scansion m&eacute;diatique, mais de mani&egrave;re tr&egrave;s progressive. Car si l&rsquo;on aborde l&rsquo;exp&eacute;rience temporelle par la lorgnette de l&rsquo;individu, en l&rsquo;occurrence le personnage de fiction, et &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle d&rsquo;une vie, ou d&rsquo;une &laquo;&nbsp;tranche de vie&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est au contraire la difficult&eacute; d&rsquo;adaptation, la solitude, voire la crise qui caract&eacute;risent la trajectoire des personnages principaux face &agrave; &laquo;&nbsp;la bellig&eacute;rance des h&eacute;t&eacute;rochronies&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>&nbsp;&raquo;, selon l&rsquo;heureuse formule de Jean-Marie Privat. Les discordances du temps et les d&eacute;synchronisations des personnages occupent en effet une large place dans les fictions romanesques du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle.</p> <p>Dans une soci&eacute;t&eacute; se transformant &agrave; un rythme acc&eacute;l&eacute;r&eacute; et faisant pour la premi&egrave;re fois aussi fortement l&rsquo;&eacute;preuve de son historicit&eacute;, les romanciers reprennent l&rsquo;imp&eacute;ratif de se faire &laquo;&nbsp;historiens du pr&eacute;sent&nbsp;&raquo;, &agrave; l&rsquo;instar de Stendhal, Balzac, Sand ou encore Souvestre. Or cette &laquo; conqu&ecirc;te du pr&eacute;sent &raquo; par le roman n&rsquo;a pas seulement impliqu&eacute; pour les&nbsp;&oelig;uvres&nbsp;des contenus neufs, mais aussi des mises en forme in&eacute;dites du temps. Plus exactement, les &oelig;uvres tentent de donner forme au temps v&eacute;cu, &agrave; un pr&eacute;sent fuyant, insaisissable, dont la continuit&eacute; avec le pass&eacute; et le futur ne va plus de soi&nbsp;: elles cherchent &agrave; d&eacute;finir ce pr&eacute;sent et &agrave; le d&eacute;limiter, &agrave; le structurer, &agrave; l&rsquo;organiser, &agrave; le mesurer. Calendriers, horloges, montres, pendules peuplent le roman et t&eacute;moignent de l&rsquo;importance de l&rsquo;emploi du temps chez les personnages. Ce souci de rationalisation du temps est li&eacute; aux contraintes sociales, &eacute;conomiques et g&eacute;ographiques qui p&egrave;sent sur le personnel romanesque, dont les capacit&eacute;s d&rsquo;adaptation &agrave; l&rsquo;<em>ordre</em>&nbsp;du temps sont un enjeu narratif majeur. Nombreuses dans l&rsquo;histoire litt&eacute;raire du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, les histoires de d&eacute;calages et de conflits temporels produisent l&rsquo;&laquo;&nbsp;int&eacute;r&ecirc;t romanesque&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>&nbsp;&raquo;, comme c&rsquo;est le cas dans&nbsp;<em>La Maison du chat-qui-pelote</em>&nbsp;(1829) de Balzac,&nbsp;<em>Madame Bovary&nbsp;</em>(1857) de Flaubert ou encore&nbsp;<em>La Cur&eacute;e&nbsp;</em>(1871) de Zola. Dans les ann&eacute;es 1880, le roman naturaliste des deuxi&egrave;me et troisi&egrave;me g&eacute;n&eacute;rations s&rsquo;en fera une sp&eacute;cialit&eacute;, trait&eacute;e sur un mode ironique et pessimiste, avec des personnages incapables d&rsquo;habiter le pr&eacute;sent, m&ecirc;me dans ses aspects les plus concrets et ordinaires. Si les discordances du temps occupent le roman de m&oelig;urs contemporaines, quelle qu&rsquo;en soit la dominante esth&eacute;tique&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>, c&rsquo;est le roman &agrave; dominante r&eacute;aliste qui probl&eacute;matise de la mani&egrave;re la plus visible et la plus complexe les temps v&eacute;cus et, par cons&eacute;quent, qui invente de nouvelles narrativit&eacute;s.</p> <p>Fran&ccedil;ois&nbsp;Hartog sugg&egrave;re ainsi que le roman r&eacute;aliste s&rsquo;attache avant tout aux &laquo;&nbsp;failles&nbsp;&raquo; du temps moderne&nbsp;: celui-ci r&eacute;v&egrave;le que le pr&eacute;sent, sans s&rsquo;imposer d&rsquo;un coup, en bloc, est fait de temps d&eacute;saccord&eacute;s. &Agrave; partir de ces failles temporelles, le roman cr&eacute;e tant&ocirc;t une monotonie l&eacute;nifiante, tant&ocirc;t des conflits plus ou moins spectaculaires &ndash; ces deux axes faisant le plus souvent l&rsquo;objet d&rsquo;une alternance dans les intrigues. Les temps v&eacute;cus sous le signe de la d&eacute;synchronie sont toujours de puissants leviers narratifs &ndash; et romanesques &ndash; par o&ugrave; les romanciers ont invent&eacute; de nouvelles &eacute;critures du temps&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>. Parmi elles, on peut &eacute;voquer la temporalisation de la vie mat&eacute;rielle&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>, avec des objets-traces qui portent d&rsquo;autres histoires et d&rsquo;autres m&eacute;moires, comme les reliques d&rsquo;<em>Une vie&nbsp;</em>chez Maupassant<em>.&nbsp;</em>La confrontation des g&eacute;n&eacute;rations, quant &agrave; elle, probl&eacute;matise ce que Reinhart Koselleck a appel&eacute; &laquo;&nbsp;la simultan&eacute;it&eacute; du non simultan&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>&nbsp;&raquo;. Enfin, la po&eacute;tique du souvenir met parfois en &eacute;vidence la d&eacute;liaison des vies mais elle peut au contraire permettre au personnage de se recomposer une continuit&eacute; par-del&agrave; la discordance moderne. Le&nbsp;<em>continuum</em>&nbsp;temporel est alors vecteur de coh&eacute;rence identitaire &ndash; du moins le personnage le croit-il.</p> <p>Ces diff&eacute;rentes po&eacute;tiques du temps racont&eacute; invitent &agrave; rouvrir la question du temps r&eacute;aliste que l&rsquo;on a souvent consid&eacute;r&eacute; comme monotone, r&eacute;p&eacute;titif,&nbsp;<em>b&ecirc;tement&nbsp;</em>lin&eacute;aire. &Agrave; cet &eacute;gard, la stupidit&eacute; finale d&rsquo;un Charles Bovary devant &laquo;&nbsp;Tuvache qui passe&nbsp;&raquo;, apr&egrave;s la mort d&rsquo;Emma, ou la folie d&rsquo;un Charles Demailly qui finit compl&egrave;tement amn&eacute;sique &agrave; Charenton, repr&eacute;senteraient le point limite o&ugrave; la quotidiennet&eacute; se renverse en vie primitive, seulement rythm&eacute;e par la&nbsp;<em>biotemporalit&eacute;</em>&nbsp;et les besoins primaires. Stupides, ces deux personnages (sur)vivent dans l&rsquo;&eacute;coulement des jours, des mois, des ann&eacute;es. Cette temporalit&eacute; biologique surgit aussi, en mode autoparodique, dans quelques r&eacute;cits naturalistes o&ugrave; les gaz que tel personnage laisse &eacute;chapper, Monsieur Mercier chez Robert Caze&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>&nbsp;ou J&eacute;sus-Christ chez Zola&nbsp;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>, donnent un tempo organique au r&eacute;cit. Mais ces&nbsp;<em>cas</em>&nbsp;ne sont qu&rsquo;un exemple des exp&eacute;riences temporelles du personnage r&eacute;aliste&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>&nbsp;et la&nbsp;<em>stupidit&eacute;</em>&nbsp;d&rsquo;un Bovary ou d&rsquo;un Demailly suspend le roman &ndash; son temps et son r&eacute;cit &ndash; au moment m&ecirc;me o&ugrave; il s&rsquo;ach&egrave;ve. Pour en arriver l&agrave;, le Charles des Goncourt n&rsquo;aura cess&eacute; de vivre en d&eacute;calage avec ses contemporains, que ce soit dans la sph&egrave;re intime ou sociale, tandis que celui de Flaubert aura, d&egrave;s le d&eacute;but du r&eacute;cit,&nbsp;<em>termin&eacute;</em>&nbsp;son roman en se mariant et en s&rsquo;installant&nbsp;: la suite de l&rsquo;histoire, il la vivra depuis un hors temps romanesque&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>. Ces exemples de romans d&eacute;-romanc&eacute;s, peu &agrave; peu d&eacute;barrass&eacute;s des structures narratives qui pouvaient dramatiser l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement, montrent qu&rsquo;il s&rsquo;agit pr&eacute;cis&eacute;ment l&agrave; d&rsquo;une mise en question du temps moderne.</p> <p>Ces quelques exemples de relations entre temps v&eacute;cus et temps racont&eacute;s montrent que le roman r&eacute;aliste fait cohabiter des temps h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes et pluriels, situ&eacute;s tant&ocirc;t &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re-plan, dans l&rsquo;imparfait des descriptions de lieux et d&rsquo;objets, tant&ocirc;t au premier plan des intrigues o&ugrave; les discordances du temps sont &agrave; l&rsquo;origine des rebondissements ou, &agrave; tout le moins, des relances du r&eacute;cit. Depuis la marge ou le centre de l&rsquo;intrigue, &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re-plan ou au premier plan de la sc&egrave;ne romanesque, le roman du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle propose un&nbsp;<em>discours narratif</em>&nbsp;sur les exp&eacute;riences temporelles de la modernit&eacute;. &Agrave; ce titre, on peut dire avec Philippe Dufour que le roman&nbsp;<em>pense&nbsp;</em>le temps&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>.</p> <p>Ce dossier propose donc d&rsquo;explorer les temporalit&eacute;s romanesques, largement v&eacute;cues et racont&eacute;es sous le signe de la discordance au XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, afin de montrer que la r&eacute;ponse r&eacute;aliste et plus largement romanesque au r&eacute;gime d&rsquo;historicit&eacute; moderne est loin d&rsquo;&ecirc;tre uniforme. Elle engage au contraire un renouvellement de la narrativit&eacute;, laquelle enregistre les bouleversements de l&rsquo;exp&eacute;rience temporelle.</p> <h2><strong>1. Asynchronies, d&eacute;synchronies : d&eacute;calages temporels</strong><br /> &nbsp;</h2> <p>L&rsquo;article d&rsquo;Isabelle Daunais, qui ouvre le dossier, s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; &laquo; l&rsquo;&eacute;loignement du pass&eacute; &raquo; que creusent les transformations sociales et les progr&egrave;s techniques au XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle. &Agrave; partir de l&rsquo;analyse de deux sc&egrave;nes de bal, dans&nbsp;<em>Sarrasine</em>&nbsp;de Balzac et&nbsp;<em>Madame Bovary&nbsp;</em>de Flaubert, elle met en &eacute;vidence les r&eacute;ponses oppos&eacute;es des deux auteurs, la liaison d&rsquo;une part, la d&eacute;liaison d&rsquo;autre part ; des r&eacute;ponses qui ont certes &agrave; voir &ndash; justement ! &ndash; avec un effet de g&eacute;n&eacute;ration entre les deux &eacute;crivains, mais qui s&rsquo;expliquent surtout par leur esth&eacute;tique respective. L&agrave; o&ugrave; Balzac travaille &agrave;&nbsp;<em>r&eacute;parer</em>&nbsp;l&rsquo;&eacute;loignement du pass&eacute;, Flaubert rompt les liens entre pass&eacute; et pr&eacute;sent, comme si la parataxe qui caract&eacute;rise son &eacute;criture valait aussi sur le plan temporel et historique. &Agrave; l&rsquo;heure o&ugrave; la mesure du temps est boulevers&eacute;e, &eacute;crire les temps v&eacute;cus sous le signe de l&rsquo;asynchronie, c&rsquo;est inventer de nouvelles fa&ccedil;ons de les raconter.</p> <p>Or les nouvelles exp&eacute;riences temporelles ne sont pas le propre de la capitale et des centres urbains auxquels on oppose souvent les territoires ruraux &ndash; la fameuse &laquo;&nbsp;province&nbsp;&raquo; &ndash; qui seraient rest&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;cart du temps moderne et de l&rsquo;histoire. &Agrave; travers les &oelig;uvres de Balzac, Sand et Nerval, Corinne Saminadayar-Perrin revient sur cette id&eacute;e re&ccedil;ue et montre au contraire que ces &eacute;crivains-ethnologues repr&eacute;sentent une soci&eacute;t&eacute; rurale cliv&eacute;e, &laquo;&nbsp;entretenant avec la modernit&eacute; (sociale, &eacute;conomique, politique) un rapport complexe et id&eacute;ologiquement contrast&eacute;&nbsp;&raquo;. La lenteur des rythmes naturels, le rythme des saisons et l&rsquo;&eacute;vasion dans le merveilleux des contes et l&eacute;gendes caract&eacute;risent le temps des campagnes qui, cependant, n&rsquo;est absolument pas un&nbsp;<em>hors temps</em>. Au contraire, s&rsquo;y exp&eacute;rimentent d&rsquo;autres v&eacute;cus, d&rsquo;autres partages et d&rsquo;autres rapports &agrave; l&rsquo;histoire.</p> <p>Dans son article, Laure Demougin examine quant &agrave; elle les modes d&rsquo;apparition de la culture m&eacute;diatique dans la fiction romanesque &agrave; partir d&rsquo;une phrase type, &laquo;&nbsp;Il apprit dans le journal&nbsp;&raquo;, qui fait surgir l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement dans la di&eacute;g&egrave;se&nbsp;<em>via</em>&nbsp;la presse. Avec un corpus vaste et vari&eacute; en termes d&rsquo;esth&eacute;tique et de notori&eacute;t&eacute;, l&rsquo;article d&eacute;montre que le journal est un embrayeur temporel qui d&eacute;ploie diff&eacute;rentes modalit&eacute;s narratives : d&eacute;crochage, cl&ocirc;ture, coup de th&eacute;&acirc;tre. La vari&eacute;t&eacute; des romans &eacute;tudi&eacute;s t&eacute;moigne de l&rsquo;ampleur du ph&eacute;nom&egrave;ne au XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle et du caract&egrave;re central, toutes esth&eacute;tiques confondues, de la p&eacute;riodicit&eacute; m&eacute;diatique non seulement comme nouvelle exp&eacute;rience du temps mais aussi comme support de nouvelles narrativit&eacute;s romanesques. &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</p> <h2><strong>2. Rythmes et temps du personnel romanesque</strong><br /> &nbsp;</h2> <p>Si les personnages principaux imposent plus volontiers leur temps au r&eacute;cit, les articles d&rsquo;Eva Le Saux et de V&eacute;ronique Samson montrent que les romans sont en r&eacute;alit&eacute; compos&eacute;s de divers contretemps. Ces deux contributions s&rsquo;int&eacute;ressent aux vies possibles repr&eacute;sent&eacute;es respectivement par les figurants et par les personnages secondaires, dont la pr&eacute;sence romanesque particuli&egrave;re op&egrave;re comme un dispositif critique qui interroge le temps de la modernit&eacute; depuis ses marges.</p> <p>Eva Le Saux s&rsquo;arr&ecirc;te d&rsquo;abord sur les figurants dans&nbsp;<em>Manette Salomon</em>&nbsp;des fr&egrave;res Goncourt et dans&nbsp;<em>L&rsquo;&Eacute;ducation sentimentale</em>&nbsp;de Flaubert, de mani&egrave;re &agrave; montrer que l&rsquo;exp&eacute;rience historique de la foule agit sur les temporalit&eacute;s romanesques. Les figurants feraient avant tout &eacute;prouver la mesure de l&rsquo;instant &ndash; un instant qui peut n&eacute;anmoins &ecirc;tre charg&eacute; des traces de dur&eacute;es plus longues, mettant ainsi en tension le temps racont&eacute; (tr&egrave;s bref) et le temps v&eacute;cu (seulement entraper&ccedil;u par les lecteurs). Les deux romans permettent de faire ressortir la multiplicit&eacute; temporelle de ce qui pouvait para&icirc;tre comme un simple arri&egrave;re-plan aux aventures des protagonistes.</p> <p>L&rsquo;article de V&eacute;ronique Samson propose lui aussi une r&eacute;flexion sur le syst&egrave;me des personnages, dont les oppositions serviraient &agrave; exprimer la coexistence, dans un m&ecirc;me pr&eacute;sent, de temporalit&eacute;s diff&eacute;rentes. Trois personnages anachroniques appuient cette r&eacute;flexion, qui appelle certainement &agrave; &ecirc;tre prolong&eacute;e par d&rsquo;autres exemples&nbsp;: Mlle de Varandeuil dans&nbsp;<em>Germinie Lacerteux</em>&nbsp;des fr&egrave;res Goncourt, ainsi que la tante et la m&egrave;re de Jeanne dans&nbsp;<em>Une vie</em>&nbsp;de Maupassant. La pr&eacute;sence intermittente de ces trois personnages semble bel et bien d&eacute;termin&eacute;e par le fait que le pr&eacute;sent ne leur appartient plus, qu&rsquo;ils ont d&eacute;pass&eacute; ce qui aurait d&ucirc; &ecirc;tre le terme de leur vie et qu&rsquo;ils ne peuvent donc plus s&rsquo;inscrire dans le temps de l&rsquo;intrigue.</p> <h2><strong>3. Le corps, le temps, l&rsquo;histoire</strong><br /> &nbsp;</h2> <p>Les deux derniers articles du dossier abordent les temporalit&eacute;s du personnage romanesque d&rsquo;au plus pr&egrave;s, en cherchant &agrave; montrer comment le temps peut prendre corps et devenir chair. Mathieu Roger-Lacan revisite d&rsquo;abord la notion de &laquo; chronotope &raquo;, forg&eacute;e par Mikha&iuml;l Bakhtine et reprise par Henri Mitterand, pour poser la question de son application au visage mutil&eacute; de l&rsquo;abb&eacute; de La Croix-Jugan, revenant des guerres de la chouannerie, dans&nbsp;<em>L&rsquo;Ensorcel&eacute;e</em>&nbsp;de Barbey d&rsquo;Aurevilly. Son article expose les nombreuses strates historiques figur&eacute;es par la d&eacute;figuration du personnage, tout en actualisant une notion th&eacute;orique trop peu interrog&eacute;e.</p> <p>Cette articulation du corps et de l&rsquo;histoire se retrouve &eacute;galement dans la contribution de V&eacute;ronique Cnockaert, qui cl&ocirc;t le dossier par une &eacute;tude d&rsquo;<em>Une page d&rsquo;amour</em>&nbsp;de Zola. Dans ce roman, la maladie de la petite Jeanne en vient &agrave; imposer sa cadence aux autres personnages, mais aussi &agrave; la composition romanesque plus g&eacute;n&eacute;ralement. La chronologie est emport&eacute;e par la scansion des phases de la d&eacute;g&eacute;n&eacute;rescence : le &laquo; r&eacute;gime temporel &raquo; de la maladie rejoint alors les anachronismes du paysage parisien tel que d&eacute;crit par Zola dans ce m&ecirc;me roman. V&eacute;ronique Cnockaert montre ainsi la rencontre des temporalit&eacute;s intimes et historiques sous le signe de la discordance, pour faire appara&icirc;tre, tout comme les autres &oelig;uvres &eacute;tudi&eacute;es dans ce dossier, le &laquo; conflit des temps &raquo; qui serait selon les historiens du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle la donne nouvelle des contemporains.</p> <h3><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h3> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Fran&ccedil;ois Hartog,&nbsp;<em>R&eacute;gimes d&rsquo;historicit&eacute;. Pr&eacute;sentisme et exp&eacute;riences du temps</em>, Paris, Seuil, 2003&nbsp;; Christophe Charle,&nbsp;<em>Discordance des temps. Une br&egrave;ve histoire de la modernit&eacute;</em>, Paris, Armand Colin, &laquo; Le Temps des id&eacute;es &raquo;, 2011 ; Fran&ccedil;ois Hartog,&nbsp;<em>Chronos. L&rsquo;Occident aux prises avec le Temps</em>, Paris, Gallimard, 2020.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;Jacques Ranci&egrave;re,&nbsp;<em>Le Partage du sensible. Esth&eacute;tique et politique</em>, Paris, La Fabrique &eacute;ditions, 2000.</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;Dominique Kalifa, Philippe R&eacute;gnier, Marie-&Egrave;ve Th&eacute;renty et Alain Vaillant (dir.),&nbsp;<em>La Civilisation du journal. Histoire culturelle et litt&eacute;raire de la presse fran&ccedil;aise au XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle</em>, Paris, Nouveau Monde &Eacute;ditions, 2011.</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;&Agrave; ce sujet, voir Dominique Kalifa et Marie-Eve Th&eacute;renty (dir.), &laquo;&nbsp;La semaine&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Soci&eacute;t&eacute;s et repr&eacute;sentations</em>, n&deg;&nbsp;52, 2021.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;Voir le num&eacute;ro de la revue&nbsp;<em>Romantisme</em>&nbsp;consacr&eacute; &agrave; &laquo;&nbsp;La Mesure du temps&nbsp;&raquo;, Laurent Clauzade (dir.), n&deg;&nbsp;174, 2016/4, URL&nbsp;:&nbsp;<a href="https://www.cairn.info/revue-romantisme-2016-4.htm" target="_blank">https://www.cairn.info/revue-romantisme-2016-4.htm</a>.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;Harmut Rosa,&nbsp;<em>Acc&eacute;l&eacute;ration. Une critique sociale du temps</em>, traduit de l&rsquo;allemand par Didier Renault, Paris, La D&eacute;couverte, &laquo; Th&eacute;orie critique &raquo;, 2010.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;Rapha&euml;l Baroni,&nbsp;<em>La Tension narrative&nbsp;: suspense, curiosit&eacute; et surprise</em>, Paris, Seuil, &laquo; Po&eacute;tique &raquo;, 2007 ;&nbsp;<em>L&rsquo;&OElig;uvre du temps</em>, Paris, Seuil, &laquo; Po&eacute;tique &raquo;, 2009 ;&nbsp;<em>Les Rouages de l&rsquo;intrigue</em>, Gen&egrave;se, Slatkine, 2017.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;Paul Ric&oelig;ur,&nbsp;<em>Temps et r&eacute;cit</em>, 3 t., Paris, Seuil, 1983-1985.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;Marie-&Egrave;ve Th&eacute;renty,&nbsp;<em>La Litt&eacute;rature au quotidien. Po&eacute;tiques journalistiques au XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle</em>, Paris, Seuil, &laquo; Po&eacute;tique &raquo;, 2007.</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;Expression de Jean Jullien dans&nbsp;<em>Le Th&eacute;&acirc;tre vivant&nbsp;: essai th&eacute;orique et pratique</em>, 2&nbsp;t., Paris, Charpentier, 1892-1896.</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;&Agrave; partir d&rsquo;une micro-lecture de&nbsp;<em>Madame Bovary&nbsp;</em>de Flaubert, Jean-Marie Privat a propos&eacute; de lire le XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle comme le th&eacute;&acirc;tre de &laquo;&nbsp;la bellig&eacute;rance des h&eacute;t&eacute;rochronies&nbsp;&raquo;, dans &laquo;&nbsp;Un dimanche, vers six heures, au soleil levant&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Romantisme</em>, &laquo;&nbsp;La Mesure du temps&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>op.&nbsp;cit</em>.</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp;Charles Grivel,&nbsp;<em>Production de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t romanesque</em>, La Haye-Paris, Mouton, 1973.</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;Pour une mise au point sur le roman de m&oelig;urs du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, voir Philippe Hamon et Alexandrine Viboud,&nbsp;<em>Dictionnaire th&eacute;matique du roman de m&oelig;urs en France (1814-1914)</em>, 2&nbsp;t., Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2008.</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&nbsp;Voir Marie-Astrid Charlier,&nbsp;<em>Le Roman et les Jours. Po&eacute;tiques de la quotidiennet&eacute; au XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle</em>, Paris, Classiques Garnier, 2018.</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;Nous renvoyons aux travaux de Marta Caraion, et notamment son monumental&nbsp;<em>Comment la litt&eacute;rature pense les objets. Th&eacute;orie litt&eacute;raire de la culture mat&eacute;rielle</em>, Ceyz&eacute;rieu, Champ Vallon, &laquo; D&eacute;tours &raquo;, 2020.</p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;Reinhart Koselleck,&nbsp;<em>Le futur pass&eacute;. Contribution &agrave; la s&eacute;mantique des temps historiques</em>, traduit de l&rsquo;allemand par Jochen Hoock et Marie-Claire Hoock, Paris, &Eacute;ditions EHESS, 2016, p.&nbsp;151.</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;Robert Caze,&nbsp;<em>La Semaine d&rsquo;Ursule</em>, Paris, Tresse, 1885.</p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;&Eacute;mile Zola,&nbsp;<em>La Terre</em>, Paris, Charpentier, 1887.</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;Sur les &laquo;&nbsp;cas&nbsp;&raquo; et leur rapport &agrave; la temporalit&eacute;, voir Bertrand Marquer,&nbsp;<em>Les Romans de la Salp&ecirc;tri&egrave;re. R&eacute;ception d&rsquo;une sc&eacute;nographie clinique : Jean-Martin Charcot dans l&rsquo;imaginaire fin-de-si&egrave;cle</em>, Gen&egrave;ve, Droz, 2008&nbsp;; voir &eacute;galement deux articles dans Boris Lyon-Caen (dir.),&nbsp;<em>Raisons d&rsquo;agir&nbsp;: les passions et les int&eacute;r&ecirc;ts dans le roman fran&ccedil;ais du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle</em>,&nbsp;<em>Fabula / Les colloque&nbsp;</em>[En ligne], 2020, celui d&rsquo;&Eacute;l&eacute;onore Reverzy, &laquo;&nbsp;Clinique de l&rsquo;Amour chez les Goncourt et Zola. Les cas Germinie L. et Ad&eacute;la&iuml;de F.&nbsp;&raquo;, URL&nbsp;:&nbsp;<a href="https://www.fabula.org/colloques/document6705.php" target="_blank">https://www.fabula.org/colloques/document6705.php</a>&nbsp;; et celui de Marie-Astrid Charlier, &laquo;&nbsp;Asth&eacute;niques et hyst&eacute;riques chez les &ldquo;petits naturalistes&rdquo;&nbsp;: des raisons moyennes d&rsquo;agir&nbsp;?&nbsp;&raquo;, URL&nbsp;:&nbsp;<a href="https://www.fabula.org/colloques/document6707.php">https://www.fabula.org/colloques/document6707.php</a>.</p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;V&eacute;ronique Samson a analys&eacute; cela dans son livre&nbsp;<em>Apr&egrave;s la fin. Gustave Flaubert et le temps du roman</em>, Saint-Denis, Presses Universitaires de Vincennes, &laquo; Culture et Soci&eacute;t&eacute; &raquo;, 2021.</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;Philippe Dufour,&nbsp;<em>Le Roman est un songe</em>, Paris, Seuil, &laquo; Po&eacute;tique &raquo;, 2010 ;&nbsp;<em>Le r&eacute;alisme pense la d&eacute;mocratie</em>, Gen&egrave;ve, La Baconni&egrave;re, &laquo; Langages &raquo;, 2021.</p> <h3>Autrices</h3> <p><strong>Marie-Astrid Charlier</strong>&nbsp;est ma&icirc;tresse de conf&eacute;rences en litt&eacute;rature fran&ccedil;aise du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry Montpellier 3 et membre de l&rsquo;unit&eacute; de recherche RiRRa21. Ses travaux portent sur les naturalismes (roman, nouvelle, th&eacute;&acirc;tre, critique) et plus largement sur l&rsquo;histoire et la po&eacute;tique des genres narratifs, ainsi que sur les liens entre presse et litt&eacute;rature. Elle a notamment publi&eacute; l&rsquo;ouvrage issu de sa th&egrave;se,&nbsp;<em>Le Roman et les Jours. Po&eacute;tiques de la quotidiennet&eacute; au XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle</em>, chez Classiques Garnier en 2018, et codirig&eacute; plusieurs ouvrages collectifs et num&eacute;ros de revue, parmi lesquels&nbsp;: &laquo;&nbsp;Flaubert m&eacute;diatique&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Flaubert. Revue critique et g&eacute;n&eacute;tique</em>, n&deg;25, 2021 (avec Marie-&Egrave;ve Th&eacute;renty) ;&nbsp;<em>Coups de griffe, prises de bec. La satire dans la presse des ann&eacute;es trente</em>, Bruxelles, Les Impressions nouvelles, 2018 (avec Am&eacute;lie Chabrier) ; &laquo;&nbsp;&Eacute;crire le quotidien&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Autour de Vall&egrave;s</em>, n&deg;48, 2018.</p> <p><strong>V&eacute;ronique Samson</strong>&nbsp;enseigne la litt&eacute;rature au C&eacute;gep du Vieux Montr&eacute;al, apr&egrave;s avoir men&eacute; des recherches postdoctorales &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Cambridge et plus r&eacute;cemment au CRP19, &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; Sorbonne Nouvelle. Son livre&nbsp;<em>Apr&egrave;s la fin. Gustave Flaubert et le temps du roman&nbsp;</em>est paru au d&eacute;but de l&rsquo;ann&eacute;e 2021 aux Presses universitaires de Vincennes. Ses recherches portent principalement sur le temps, la m&eacute;moire et l&rsquo;histoire dans le roman r&eacute;aliste du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle. Elle a codirig&eacute; avec Mathieu Roger-Lacan un dossier consacr&eacute; &agrave;&nbsp;<em>1848 et la litt&eacute;rature</em>, paru dans&nbsp;<em>Fabula / Les colloques</em>&nbsp;en 2021.</p> <p><strong>Copyright</strong></p> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>