<p>Le long format, plus long à produire, est décroché du flux de l’actualité. Par conséquent, ses modes de diffusion sont plus lents, sa lecture prend aussi davantage de temps. Pour toutes ces raisons, le temps, déjà long, du reportage gagne à être prolongé pour être rentabilisé. On constate ainsi que de nombreux longs formats sont réécrits pour être réédités, éditorialisés sous d’autres formes. Cet article se propose d’aborder les réécritures de longs formats à travers cette question de la temporalité : temporalité de la production (enquête et écriture), temporalité de la diffusion (éditorialisation sur des supports très différents, périodiques ou non, papier ou numériques) et temporalité des pratiques de lecture selon le support. L’étude s’appuie sur le cas du reportage en immersion d’Alexandre Kauffmann dans une brigade policière spécialisée qui enquête sur les overdoses à Paris. Cette immersion a donné lieu à trois longs formats sur trois supports bien différents en moins de deux ans : l’article long pour un grand quotidien, le livre de non-fiction dans une maison d’édition qui se réclame du journalisme littéraire et le feuilleton d’information pour un média spécialisé dans le journalisme narratif.</p>