<h3>Abstract</h3> <p>The paper describes how did radio producers manage to create new patterns in the France Culture show&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>.&nbsp;This show wasn&rsquo;t an artistic broadcast as&nbsp;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</em>, but, in fact, radio practitioners were free to explore new processes.&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p align="JUSTIFY" lang="de-DE">Nous sommes &agrave; la fin des ann&eacute;es 1990. Ou au d&eacute;but des ann&eacute;es 2000. Je suis dans une cellule de montage en compagnie d&rsquo;une r&eacute;alisatrice de l&rsquo;&eacute;mission&nbsp;<em>Surpris par la nuit</em>, dont Alain Veinstein est le responsable (&eacute;mission qui a succ&eacute;d&eacute; &agrave;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;dans la grille de France Culture, en 1999). La r&eacute;alisatrice re&ccedil;oit un appel, c&rsquo;est un &eacute;crivain c&eacute;l&egrave;bre. La r&eacute;alisatrice lui parle quelques instants, puis raccroche. Elle se tourne vers moi, et me dit d&rsquo;abord que cet &eacute;crivain doit produire un&nbsp;<em>Surpris par la nuit</em>, et ensuite qu&rsquo;il a eu une id&eacute;e pour cette &eacute;mission, et qu&rsquo;elle va ainsi devoir r&eacute;server un appareil d&rsquo;enregistrement pour l&rsquo;accompagner faire un entretien quelque part, et (ou) prendre du son d&rsquo;ambiance.</p> <p align="JUSTIFY">Pareille entame pour un article de recherche peut &eacute;tonner. Alors, il convient de r&eacute;v&eacute;ler pourquoi un tel choix. Premi&egrave;rement, le recours au &laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo; dans ce premier paragraphe permet de rappeler que j&rsquo;ai aussi une activit&eacute; radiophonique, et que j&rsquo;ai travaill&eacute; pour Alain Veinstein et Colette Fellous, deux des responsables de l&rsquo;&eacute;mission&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, dont il va &ecirc;tre question dans les lignes qui suivent. Je pr&eacute;f&egrave;re que le lecteur soit inform&eacute; de ce fait, m&ecirc;me si je ne ferai pas r&eacute;f&eacute;rence &agrave; mes &eacute;missions dans l&rsquo;article qui suit. Deuxi&egrave;mement, quelle est la signification de ce micro-r&eacute;cit, description anodine d&rsquo;une situation o&ugrave; des professionnels travaillent&nbsp;? Et dont l&rsquo;identit&eacute; de deux des trois protagonistes n&rsquo;est pas r&eacute;v&eacute;l&eacute;e&nbsp;? Commen&ccedil;ons par r&eacute;pondre &agrave; la deuxi&egrave;me question&nbsp;: si l&rsquo;anonymat est requis, c&rsquo;est parce l&rsquo;&eacute;mission de cet &eacute;crivain ne se fera finalement pas. Il y a lieu, par cons&eacute;quent, de rester discret. Quant &agrave; la premi&egrave;re question, voici la r&eacute;ponse en guise d&rsquo;explication. Intrigu&eacute; par ce coup de t&eacute;l&eacute;phone, je demande &agrave; la r&eacute;alisatrice en quoi consiste ce projet d&rsquo;&eacute;mission. Elle m&rsquo;explique qu&rsquo;Alain Veinstein veut tenter de nouvelles exp&eacute;riences radiophoniques avec un &eacute;crivain. Plut&ocirc;t que de se soumettre aux conditions de production des &eacute;missions, c&rsquo;est-&agrave;-dire de devoir programmer deux ou trois jours d&rsquo;enregistrement bien &agrave; l&rsquo;avance pour recueillir la mati&egrave;re de l&rsquo;&eacute;mission, l&rsquo;&eacute;crivain pourra demander &agrave; un r&eacute;alisateur de le rejoindre d&egrave;s qu&rsquo;il a l&rsquo;opportunit&eacute; d&rsquo;enregistrer quelqu&rsquo;un. L&rsquo;id&eacute;e sous-jacente, c&rsquo;est de r&eacute;duire le d&eacute;lai entre l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une id&eacute;e, ou d&rsquo;une envie, et sa fixation sur la bande magn&eacute;tique (ou peut-&ecirc;tre est-on d&eacute;j&agrave; pass&eacute; au num&eacute;rique, je ne me souviens plus). Ainsi, la radio s&rsquo;assouplit, et se met au service de la cr&eacute;ation. Comme je l&rsquo;ai annonc&eacute;, cette &eacute;mission ne s&rsquo;est finalement pas faite. Peut-&ecirc;tre &eacute;tait-il difficile de r&eacute;pondre &agrave; toutes les intuitions de l&rsquo;&eacute;crivain dans l&rsquo;heure. Peut-&ecirc;tre aussi que cette histoire semble relever d&rsquo;un autre &acirc;ge. Aujourd&rsquo;hui, les appareils d&rsquo;enregistrement sont plus l&eacute;gers, moins on&eacute;reux, et nombreux sont les &eacute;crivains qui s&rsquo;en sont dot&eacute;s, soit pour enregistrer les autres, soit pour fixer des pens&eacute;es ou des d&eacute;buts de roman. Mais si j&rsquo;ai souhait&eacute; relater cette histoire, c&rsquo;est qu&rsquo;elle me semble correspondre au projet radiophonique d&rsquo;Alain Veinstein qui a toujours souhait&eacute; que les &eacute;crivains s&rsquo;emparent de la radio pour appr&eacute;hender le r&eacute;el. Et si cette tentative n&rsquo;a pas fonctionn&eacute; dans cet exemple introductif, de nombreuses exp&eacute;riences viennent a contrario d&eacute;montrer que cette volont&eacute; de mettre l&rsquo;&eacute;crivain &laquo;&nbsp;au travail&nbsp;&raquo; et de s&rsquo;engager pour le m&eacute;dia sonore a produit de nombreuses &eacute;missions qui sont devenues des parts importantes de notre patrimoine radiophonique. Cet article se propose de revenir sur quelques exemples de dispositifs d&rsquo;&eacute;criture propres &agrave;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>.</p> <p align="JUSTIFY"><em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, contrairement &agrave; l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</em>&nbsp;(ACR), ne s&rsquo;inscrit pas&nbsp;<em>a priori</em>&nbsp;dans le champ des &eacute;missions de cr&eacute;ation. Il n&rsquo;est jamais fait r&eacute;f&eacute;rence, ni dans l&rsquo;&eacute;mission, ni dans les propos des praticiens qui l&rsquo;on con&ccedil;ue, &agrave; un &laquo;&nbsp;art radiophonique&nbsp;&raquo; dont elle pourrait se r&eacute;clamer. Les dispositifs formels ne sont pas mis en avant comme dans l&rsquo;ACR cr&eacute;&eacute; par Alain Trutat et Jean Tardieu, et longtemps coordonn&eacute; par Ren&eacute; Farabet.&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;laisse avant tout le souvenir d&rsquo;un ton, celui de la personnalit&eacute; de ses producteurs, des types de parole entendues, que le souvenir d&rsquo;ambitieuses innovations formelles. Et pourtant&hellip; De mani&egrave;re plus sous-jacente que d&rsquo;autres &eacute;missions de cr&eacute;ation, les num&eacute;ros de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;se sont eux aussi construits comme un espace d&rsquo;audace et de cr&eacute;ation. Et m&ecirc;me si l&rsquo;on ne peut rejoindre totalement le charg&eacute; de r&eacute;alisation Mehdi El Hadj quand il pr&eacute;sente chaque num&eacute;ro comme un &laquo; prototype [<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>] &raquo;, il existe suffisamment d&rsquo;exemples pour attester de cette qu&ecirc;te d&rsquo;un renouveau radiophonique. En outre, l&rsquo;expression &laquo; cr&eacute;ation radiophonique &raquo; est suffisamment floue pour que l&rsquo;on puisse choisir, en tant que chercheur, d&rsquo;int&eacute;grer&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;dans le champ des &eacute;missions de cr&eacute;ation. Et, apr&egrave;s tout, celle-ci, tout comme l&rsquo;ACR, affiche la m&ecirc;me volont&eacute; de s&rsquo;inscrire en rupture avec le paysage radiophonique dominant, et m&ecirc;me avec les autres &eacute;missions de France Culture [<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>].</p> <h2 align="JUSTIFY">1.&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, &eacute;mission de flux<br /> &nbsp;</h2> <p align="JUSTIFY"><em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;est une &eacute;mission &laquo;&nbsp;de flux&nbsp;&raquo;, de par son rythme de diffusion&nbsp;: 1h20, puis 1h, de 1978 &agrave; 1999, chaque soir de la semaine, ou quatre jours par semaine. Chaque num&eacute;ro est davantage une &eacute;mission d&rsquo;une s&eacute;rie qu&rsquo;une &oelig;uvre &agrave; proprement parler, contrairement &agrave; l&rsquo;ACR davantage pr&eacute;sent&eacute; comme un objet artistique. Une certaine h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; caract&eacute;rise l&rsquo;ensemble de la production&nbsp;: d&rsquo;un point de vue th&eacute;matique, des num&eacute;ros s&rsquo;inscrivent dans des s&eacute;ries (souvent compos&eacute;es de cinq &eacute;missions), tandis que certains sont des &eacute;l&eacute;ments unitaires. D&rsquo;un point de vue plus formel l&rsquo;unit&eacute; fait aussi d&eacute;faut, car certains num&eacute;ros (les moins nombreux) rel&egrave;vent du champ des magazines r&eacute;alis&eacute;s en studio quand d&rsquo;autres s&rsquo;apparentent au contraire au secteur des documentaires (m&ecirc;me si ce terme n&rsquo;est jamais mentionn&eacute; dans l&rsquo;&eacute;mission, les praticiens parlant davantage d&rsquo;&laquo;&nbsp;&eacute;mission &eacute;labor&eacute;e&nbsp;&raquo; pour d&eacute;finir une &eacute;mission n&eacute;cessitant un travail d&rsquo;enregistrement sur le terrain, de montage, et de mixage). Certains num&eacute;ros sont d&eacute;coup&eacute;s en deux parties quand d&rsquo;autres d&eacute;roulent leur fil sur toute l&rsquo;&eacute;mission. Ce que l&rsquo;on retrouve en revanche, d&rsquo;un num&eacute;ro &agrave; l&rsquo;autre, ce sont des interviews ‒ ou entretiens, pour reprendre le terme utilis&eacute; par les praticiens de l&rsquo;&eacute;mission&nbsp;‒ qui s&rsquo;entrem&ecirc;lent, dans lesquelles les protagonistes se confient. En cela, l&rsquo;&eacute;mission n&rsquo;a jamais &eacute;t&eacute; un espace de &laquo;&nbsp;promotion&nbsp;&raquo; dans lequel les participants venaient s&rsquo;exprimer autour de leur production culturelle. Comment, dans ce cas, d&eacute;finir l&rsquo;identit&eacute; de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques&nbsp;</em>&agrave; travers ses dispositifs d&rsquo;&eacute;criture&nbsp;?</p> <h2 align="JUSTIFY">2.&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, l&rsquo;&eacute;mission des &eacute;crivains<br /> &nbsp;</h2> <p align="JUSTIFY">D&egrave;s la cr&eacute;ation de l&rsquo;&eacute;mission, en 1978, Alain Veinstein, le cr&eacute;ateur de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, choisit de confier la production des &eacute;missions &agrave; des &eacute;crivains&nbsp;[<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>]. M&ecirc;me si ce principe souffre d&rsquo;exceptions, la pr&eacute;sence r&eacute;currente d&rsquo;un petit noyau d&rsquo;&eacute;crivains dans la conception de ces &eacute;missions, et le nombre de num&eacute;ros produits par eux durant les premi&egrave;res ann&eacute;es, prouvent que le cap a &eacute;t&eacute; tenu. Parmi les &eacute;crivains et/ou hommes de lettres pr&eacute;sents d&egrave;s la cr&eacute;ation du programme, on trouve Jean Daive, Nicole-Lise Bernheim, Olivier Kaeppelin, Jean-Pierre Milovanoff, Franck Venaille, Laure Adler,&hellip; Patrick Dupont produit aussi un certain nombre d&rsquo;&eacute;missions, avant de se tourner vers le journalisme. Colette Fellous, elle-m&ecirc;me &eacute;crivaine, qui reprend les r&ecirc;nes de l&rsquo;&eacute;mission en 1989, prolongera le travail avec ces &eacute;crivains, mais ouvrira davantage les portes de l&rsquo;&eacute;mission &agrave; des producteurs d&rsquo;autres univers. Cet engagement des &eacute;crivains est parfois impressionnant de par la dur&eacute;e (parfois plus d&rsquo;une dizaine d&rsquo;ann&eacute;es comme pour Venaille, Kaeppelin, ou pour Milovanoff qui cessera m&ecirc;me d&rsquo;&eacute;crire des romans durant cette exp&eacute;rience). Jean Daive, tout en continuant &agrave; &eacute;crire, deviendra un homme de radio jusqu&rsquo;&agrave; sa retraite dans les ann&eacute;es 2000.</p> <p align="JUSTIFY">J&rsquo;ai montr&eacute;, dans un pr&eacute;c&eacute;dent article [<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>], que le cr&eacute;ateur des&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques&nbsp;</em>souhaitait par l&agrave; &eacute;loigner l&rsquo;&eacute;mission du registre journalistique. J&rsquo;y ai aussi rappel&eacute; que c&rsquo;&eacute;tait une certaine conception du journalisme qui &eacute;tait ici rejet&eacute;e, celle que l&rsquo;on appelle aujourd&rsquo;hui &laquo;&nbsp;hard news&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;information&nbsp;&raquo;, ou &laquo;&nbsp;actualit&eacute;&nbsp;&raquo;. Mais, en r&eacute;alit&eacute;, ce parti pris d&rsquo;associer des &eacute;crivains &agrave; des productions m&eacute;diatiques rappelle aussi bien les contributions d&rsquo;illustres romanciers fran&ccedil;ais au journalisme (Hugo, Balzac, Zola), ceux qu&rsquo;on a souvent qualifi&eacute; d&rsquo;&eacute;crivains du r&eacute;el ou de naturalistes, que les apports d&rsquo;autres courants tel que le New Journalism aux &Eacute;tats-Unis dans les ann&eacute;es 1960 et 1970 (avec par exemple le r&ocirc;le de Tom Wolfe ou de Norman Mailer). En cela, selon moi, le rejet du terme &laquo;&nbsp;journalisme&nbsp;&raquo; &agrave;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;montre surtout que les deux professions n&rsquo;ont cess&eacute; de s&rsquo;&eacute;loigner l&rsquo;une de l&rsquo;autre dans le secteur journalistique majoritaire, et que le programme, comme prenant acte de ce divorce, veut privil&eacute;gier le regard personnel et se d&eacute;tourner de l&rsquo;objectivit&eacute;. Par cons&eacute;quent, si les producteurs de Nuits magn&eacute;tiques traitent de th&eacute;matiques qui peuvent recouper celles des journalistes, leur approche diff&egrave;re radicalement&nbsp;: dans&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, on ne donne pas de chiffres, on ne cite g&egrave;re d&rsquo;&eacute;tudes, on ne cherche pas &agrave; privil&eacute;gier les sources institutionnelles reconnues, ni &agrave; veiller &agrave; l&rsquo;&eacute;quilibre des sources contradictoires. Les t&eacute;moins s&rsquo;expriment en leur nom propre, et se racontent.</p> <p align="JUSTIFY">Il nous faut ici pr&eacute;ciser que cette volont&eacute; de &laquo;&nbsp;personnaliser&nbsp;&raquo; chaque &eacute;mission, en s&rsquo;appuyant sur le regard du producteur, ne signifie pas pour autant que ce point de vue y est affich&eacute; d&rsquo;une mani&egrave;re explicite. De la m&ecirc;me fa&ccedil;on, les &eacute;crivains ne se racontent pas non plus beaucoup, de surcro&icirc;t &agrave; la premi&egrave;re personne du singulier (de tous les &eacute;crivains qu&rsquo;on a cit&eacute;s, c&rsquo;est sans doute Franck Venaille qui se raconte le plus). L&rsquo;exploration du moi intime, et le recours au &laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo; des producteurs n&rsquo;est alors pas aussi pr&eacute;sent qu&rsquo;aujourd&rsquo;hui dans les &eacute;missions de radio, et il faudra attendre les ann&eacute;es 2000, et notamment l&rsquo;apparition du podcast Arte Radio pour le voir se d&eacute;velopper. Cette remarque nous permet de pr&eacute;ciser que les &eacute;crivains-producteurs, comme l&rsquo;ensemble des producteurs de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, ont souvent eu tendance &agrave; &laquo;&nbsp;s&rsquo;effacer&nbsp;&raquo; derri&egrave;re les t&eacute;moignages des interview&eacute;s, pr&eacute;f&eacute;rant orchestrer en coulisses &agrave; travers les diff&eacute;rentes &eacute;tapes de conception. Comme exemple-type, citons ce num&eacute;ro, o&ugrave; l&rsquo;on entend tr&egrave;s peu la productrice, &laquo;&nbsp;C&rsquo;est pour savoir o&ugrave; je vais que je marche&nbsp;&raquo; de Monica Fantini&nbsp;[<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>], compos&eacute; de micro-t&eacute;moignages d&rsquo;anonymes qui racontent leur vie de tous les jours. Et quand on entend les &eacute;crivains s&rsquo;exprimer au micro, c&rsquo;est souvent en tant qu&rsquo;observateur omniscient, d&rsquo;o&ugrave; la ressemblance aussi avec certains &laquo; micros &raquo; r&eacute;dig&eacute;s par les journalistes. De nombreuses exceptions sont pourtant &agrave; relever. Le cin&eacute;aste Robert Kramer, auteur de plusieurs num&eacute;ros dans les ann&eacute;es 1990, s&rsquo;appuie sur sa propre histoire dans les deux &eacute;pisodes de &laquo;&nbsp;De pr&egrave;s de loin&nbsp;[<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>] &raquo;. Certaines &eacute;missions de Michel Pomar&egrave;de t&eacute;moignent aussi d&rsquo;une tendance affich&eacute;e d&rsquo;exposer de mani&egrave;re plus frontale la personnalit&eacute; du producteur. Citons comme exemple &laquo;&nbsp;La liquidation, mourir m&rsquo;ennuie&nbsp;[<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>&nbsp;&raquo;, dans laquelle le producteur rend visite &agrave; ses parents pour les interroger des &eacute;l&eacute;ments de sa biographie. Ou encore &laquo;&nbsp;Le faux fr&egrave;re. Contre-attaque &agrave; Ithaque&nbsp;&raquo; o&ugrave; il revient sur sa naissance et la g&eacute;mellit&eacute;&nbsp;[<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>].</p> <h2 align="JUSTIFY">3.&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, l&rsquo;interdiction de l&rsquo;&eacute;criture<br /> &nbsp;</h2> <p align="JUSTIFY">La confiance accord&eacute;e aux &eacute;crivains par Alain Veinstein s&rsquo;accompagne d&rsquo;une mission &agrave; relever&nbsp;: celle de concevoir des &eacute;missions avec les mots des autres, en recueillant leur parole, plut&ocirc;t que par l&rsquo;entremise de leurs propres textes. Un tel projet peut sembler iconoclaste. En effet, demander &agrave; un &eacute;crivain de ne plus s&rsquo;exprimer avec son langage initial, son &eacute;criture, ne va pas a priori de soi. Comme si on leur demandait de jouer &agrave; contre-emploi. Et &agrave; quoi peut bien s&rsquo;attendre le cr&eacute;ateur de l&rsquo;&eacute;mission quand il confie d&rsquo;aussi grands espaces d&rsquo;expression &agrave; ceux qui se sont illustr&eacute;s dans l&rsquo;&eacute;criture, ou qui la promeuvent dans des revues&nbsp;? Quelles sont les hypoth&egrave;ses conscientes et inconscientes, qui peuvent bien sous-tendre son projet radiophonique&nbsp;? Peut-&ecirc;tre l&rsquo;id&eacute;e selon laquelle ce tropisme litt&eacute;raire va influencer leur travail radiophonique, alors &eacute;mergent. Le pari semble audacieux, car ce qui est demand&eacute; &agrave; ces &eacute;crivains, c&rsquo;est de faire de la radio, et non de s&rsquo;appuyer sur un savoir-faire d&rsquo;&eacute;crivain. L&rsquo;&eacute;crivain doit ainsi s&rsquo;emparer d&rsquo;un sujet, d&rsquo;un th&egrave;me, ou d&rsquo;une question, et partir &agrave; la rencontre des t&eacute;moins pour recueillir leur parole, et la restituer sous une forme radiophonique. L&rsquo;activit&eacute; solitaire de l&rsquo;&eacute;crivain c&egrave;de la place &agrave; un travail collectif (plus proche en cela du journalisme) et au respect de nombreuses contraintes li&eacute;es &agrave; la production d&rsquo;un programme radiophonique et &agrave; sa ligne &eacute;ditoriale.</p> <p align="JUSTIFY">Si les &eacute;crivains les plus r&eacute;guliers de l&rsquo;&eacute;mission vont respecter ces consignes, on peut cependant relever l&rsquo;existence d&rsquo;&eacute;missions constitu&eacute;es de lectures de textes r&eacute;dig&eacute;s par les auteurs-producteurs, comme la s&eacute;rie &laquo;&nbsp;Fontaine du jouvence, je ne boirais jamais de ton eau&nbsp;[<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>] &raquo; de Jean-Pierre Milovanoff, ou de nombreux num&eacute;ros con&ccedil;us par Franck Venaille. Chez ce dernier, par ailleurs tr&egrave;s inspir&eacute; par le conteur radiophonique St&eacute;phane Pizella [<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>], le travail d&rsquo;&eacute;crivain et le travail de producteur radiophonique finissent presque par se confondre, car Franck Venaille utilise sa voix comme un mat&eacute;riau, comme une composante de son &eacute;criture, et sa diction comme un instrument de musique. &Agrave; l&rsquo;inverse, ses textes litt&eacute;raires prennent alors une &laquo;&nbsp;coloration radiophonique &raquo; particuli&egrave;re.</p> <p align="JUSTIFY">Les autres &laquo;&nbsp;traces litt&eacute;raires&nbsp;&raquo; que l&rsquo;on trouve dans le programme sont de courts textes que les &eacute;crivains &eacute;crivent (et lisent souvent eux-m&ecirc;mes) en guise d&rsquo;introduction, de transition et parfois de conclusion des &eacute;missions, proc&eacute;d&eacute; que l&rsquo;on n&rsquo;entend gu&egrave;re &agrave; l&rsquo;ACR, o&ugrave; le producteur demeure souvent muet &agrave; l&rsquo;antenne. Parmi les textes les plus r&eacute;currents figurent bien s&ucirc;r les chapeaux &eacute;crits par les trois grands producteurs-coordinateurs de l&rsquo;&eacute;mission&nbsp;: Alain Veinstein, Laure Adler et Colette Fellous. Personnalis&eacute;es, et souvent ind&eacute;pendantes de la suite du contenu, ces invitations &agrave; &eacute;couter le programme ont plusieurs fonctions&nbsp;: pr&eacute;senter le sommaire de l&rsquo;&eacute;mission du jour et/ou de semaine, t&eacute;moigner de l&rsquo;humeur du moment, raconter des histoires. Il est ainsi amusant de constater qu&rsquo;Alain Veinstein choisit cette espace pour renseigner sur l&rsquo;objectif de Nuits magn&eacute;tiques (le choix des musiques par exemple) et d&eacute;fendre le programme quand celui-ci semble contest&eacute; par certains auditeurs. Cette pr&eacute;sence des producteurs responsables de l&rsquo;&eacute;mission s&rsquo;av&egrave;re n&eacute;anmoins discr&egrave;te puisqu&rsquo;elle se limite en r&egrave;gle g&eacute;n&eacute;rale &agrave; une fois par semaine durant toute l&rsquo;existence de l&rsquo;&eacute;mission. Les autres jours, ce sont des voix diff&eacute;rentes qui accueillent les auditeurs, comme pour mieux faire appara&icirc;tre la dimension collective de l&rsquo;&eacute;mission.</p> <p align="JUSTIFY">Durant ces premi&egrave;res ann&eacute;es, une des autres particularit&eacute;s de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques&nbsp;</em>est d&rsquo;inviter ceux qui ont con&ccedil;u des programmes &agrave; raconter comment s&rsquo;est effectu&eacute; le processus de production. Ce n&rsquo;est pas syst&eacute;matique, mais assez fr&eacute;quent. Ces entretiens s&rsquo;av&egrave;rent particuli&egrave;rement pr&eacute;cieux pour le chercheur qui se penche sur ces programmes plusieurs dizaines d&rsquo;ann&eacute;es plus tard, puisqu&rsquo;ils renseignent sur les choix op&eacute;r&eacute;s lors de la conception des &eacute;missions. Citons ici l&rsquo;entretien avec Nicole-Lise Bernheim pour sa s&eacute;rie &laquo;&nbsp;L&rsquo;Espace des hommes [<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>]&nbsp;&raquo;, dans laquelle elle raconte ses motivations pour traiter la th&eacute;matique des relations femmes/hommes, et celui avec Olivier Kaeppelin introduisant la couverture d&rsquo;un fait divers, dans lequel il s&rsquo;exprime sur la port&eacute;e sociale de ce genre journalistique, et sur la fonction du langage dans le r&eacute;cit radiophonique&nbsp;[<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>]. De la m&ecirc;me fa&ccedil;on, l&rsquo;&eacute;mission anniversaire des dix ans de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;est pr&eacute;cieuse dans la mesure o&ugrave; elle permet &agrave; certains producteurs de l&rsquo;&eacute;mission (Laure Adler, Jean-Pierre Milovanoff, Olivier Kaeppelin, Franck Venaille, ainsi qu&rsquo;&agrave; Bruno Sourcis, l&rsquo;un des r&eacute;alisateurs historiques du programme) de s&rsquo;exprimer sur leur rapport &agrave; la radio et/ou &agrave; l&rsquo;&eacute;mission&nbsp;[<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>].</p> <p align="JUSTIFY">Mais si les &eacute;crivains ne peuvent pas imprimer leur marque dans l&rsquo;&eacute;mission gr&acirc;ce &agrave; leur mat&eacute;riau privil&eacute;gi&eacute;, comment s&rsquo;y prennent-ils pour personnaliser les &eacute;missions&nbsp;? Comment r&eacute;inventent-ils un dispositif d&rsquo;&eacute;criture&nbsp;?</p> <p align="JUSTIFY">Par &laquo;&nbsp;dispositif d&rsquo;&eacute;criture&nbsp;&raquo; radiophonique, on n&rsquo;entendra pas ici l&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;une forme pr&eacute;-&eacute;tablie, mais celle d&rsquo;un choix op&eacute;r&eacute; pour mettre en forme une &eacute;mission &agrave; partir de la mati&egrave;re recueillie, ce qui correspond davantage aux pratiques professionnelles observ&eacute;es dans ce programme. Ces dispositifs d&rsquo;&eacute;criture sont donc moins apparents, et plus complexes &agrave; identifier dans&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;que dans les &eacute;missions de l&rsquo;ACR. Il convient par cons&eacute;quent de rep&eacute;rer des propri&eacute;t&eacute;s propres &agrave; chaque num&eacute;ro de l&rsquo;&eacute;mission.</p> <h2 align="JUSTIFY">4. Dispositifs d&rsquo;&eacute;criture : caract&eacute;ristiques fr&eacute;quentes<br /> &nbsp;</h2> <h3 align="JUSTIFY">4. 1. L&rsquo;exploration d&rsquo;une th&eacute;matique</h3> <p align="JUSTIFY">&Agrave;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, ce sont les producteurs-&eacute;crivains qui choisissent les sujets qu&rsquo;ils souhaitent traiter. En cela, ils ne ressemblent pas aux journalistes de&nbsp;<em>hard news</em>&nbsp;qui doivent traiter des questions li&eacute;es &agrave; l&rsquo;actualit&eacute; quel que soit l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t personnel port&eacute; &agrave; ces questions. Se plonger dans les archives de l&rsquo;Ina pour recenser leurs productions, c&rsquo;est dresser un portrait en creux de chacun. Nicole-Lise Bernheim s&rsquo;int&eacute;resse aux relations entre les femmes et les hommes, &agrave; la place des Abbesses, aux histoires de train&hellip; Jean Daive aux nuages, aux poules, &agrave; la Goutte-d&rsquo;Or, &agrave; Belleville, aux disparitions&hellip; Olivier Kaeppelin aux h&ocirc;tels, aux banlieues, aux masques, au cirque, aux faits divers&hellip; Jean-Pierre Milovanoff aux Tziganes, aux fugueurs, aux braqueurs, aux &eacute;leveurs d&rsquo;ours&hellip; Franck Venaille &agrave; la Flandres, &agrave; Trieste, au sport&hellip; Cette &eacute;num&eacute;ration quelque peu subjective n&rsquo;est bien s&ucirc;r pas exhaustive, et une monographie des travaux de chaque producteur serait n&eacute;cessaire pour rendre justice &agrave; la diversit&eacute; des th&egrave;mes retenus dans l&rsquo;&eacute;mission. Certains producteurs peuvent se r&eacute;approprier des genres journalistiques, comme le fait divers (Olivier Kaeppelin, qui s&rsquo;attarde sur plusieurs histoires peu m&eacute;diatis&eacute;es, ou Daniel Mermet qui lui consacre un magazine intitul&eacute;&nbsp;<em>Chiens &eacute;cras&eacute;s</em>&nbsp;en 1979) ou le sport (Franck Venaille, avec le magazine&nbsp;<em>Mi-temps</em>, entre 1984 et 1985).</p> <h3 align="JUSTIFY">4. 2. La conception d&rsquo;un sujet</h3> <p align="JUSTIFY">Dans &laquo;&nbsp;Les Nuages&nbsp;&raquo; (Jean Daive)&nbsp;[<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>], c&rsquo;est la juxtaposition de propos d&rsquo;interview&eacute;s au statut tr&egrave;s diff&eacute;rent (artistes, experts scientifiques, t&eacute;moins anonymes), r&eacute;unis autour de ce sujet, qui constitue l&rsquo;originalit&eacute; de l&rsquo;&eacute;mission, et qui &eacute;tonne l&rsquo;auditeur, peu habitu&eacute; &agrave; entendre une telle h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute;.</p> <p align="JUSTIFY">Ce que semble avant tout rechercher Alain Veinstein quand il confie la production d&rsquo;&eacute;missions &agrave; des &eacute;crivains, c&rsquo;est leur regard subjectif, leurs imaginaires, leurs repr&eacute;sentations, qu&rsquo;ils sont invit&eacute;s &agrave; int&eacute;grer &agrave; la conception des &eacute;missions, tant dans la p&eacute;riode de pr&eacute;paration et d&rsquo;&eacute;laboration des sujets que dans la mani&egrave;re de mener des entretiens, et de les juxtaposer.</p> <h3 align="JUSTIFY">4. 3. La &laquo; s&eacute;lection &raquo; des voix</h3> <p align="JUSTIFY">Dire que&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;poss&egrave;de un ton particulier, souvent associ&eacute; &agrave; la confession radiophonique, c&rsquo;est aussi rappeler que ce sont les voix des t&eacute;moins qui contribuent &agrave; cr&eacute;er une intimit&eacute; particuli&egrave;re. Il n&rsquo;est donc pas &eacute;tonnant d&rsquo;entendre le r&eacute;alisateur Mehdi El Hadj confier que certains producteurs &laquo; s&eacute;lectionnaient &raquo; leurs interview&eacute;s au t&eacute;l&eacute;phone, en &eacute;coutant leur voix [<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>]. Et s&rsquo;il n&rsquo;est gu&egrave;re possible de relater comment le choix de chaque interview&eacute; s&rsquo;op&eacute;rait, il para&icirc;t certain que cela reposait sur une forme d&rsquo;empathie ; qu&rsquo;il ne suffisait pas d&rsquo;avoir quelque chose &agrave; dire pour s&rsquo;exprimer aux&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, mais qu&rsquo;il fallait aussi savoir comment le dire&nbsp;: ce qui comptait pour les &eacute;crivains-producteurs n&rsquo;&eacute;tait pas tant une comp&eacute;tence de l&rsquo;interview&eacute; qu&rsquo;un grain de voix, un ton utilis&eacute;, des mots choisis pour s&rsquo;exprimer. Aussi, entendre des paroles dans&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, c&rsquo;est entrer dans des partis pris de chaque producteur, d&eacute;cidant subjectivement des crit&egrave;res retenus pour int&eacute;grer tel ou tel &agrave; une &eacute;mission.</p> <h3 align="JUSTIFY">4. 4. La mani&egrave;re de conduire un entretien</h3> <p align="JUSTIFY">Le mode de questionnement des producteurs de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;constitue en soi un dispositif d&rsquo;&eacute;criture (m&ecirc;me si leurs questions ne sont en g&eacute;n&eacute;ral pas gard&eacute;es au montage), et c&rsquo;est en interviewant que chacun d&rsquo;eux produit la forme propre de l&rsquo;&eacute;mission et son &eacute;criture sp&eacute;cifique (ton, rythme, couleur, intensit&eacute; dramatique&hellip;).</p> <p align="JUSTIFY">Toujours chez Jean Daive, on retiendra &agrave; titre d&rsquo;exemple la s&eacute;rie de cinq &eacute;missions sur la poule [<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>], o&ugrave; le producteur pose d&rsquo;anodines questions sur cet animal (son alimentation, son sommeil&hellip;), lors d&rsquo;interviews-fleuves avec des sp&eacute;cialistes scientifiques, comme si le producteur voulait &eacute;puiser son sujet en apparence plut&ocirc;t &laquo; l&eacute;ger &raquo;, et cr&eacute;er une forme de d&eacute;calage humoristique. L&rsquo;auditeur peut avoir l&rsquo;impression d&rsquo;&eacute;couter une &eacute;mission scientifique mais le ton et le contenu de certaines questions indiquent qu&rsquo;il faut donc aussi &eacute;couter l&rsquo;&eacute;mission de mani&egrave;re parfois ironique. Jean Daive conserve m&ecirc;me au montage l&rsquo;avant-interview (quand l&rsquo;interview&eacute; pense que celle-ci n&rsquo;a pas commenc&eacute;).</p> <p align="JUSTIFY">Int&eacute;ressant aussi : le choix du lieu de l&rsquo;interview, qui participe de l&rsquo;atmosph&egrave;re d&rsquo;une &eacute;mission ou de sa dramaturgie. Quand Jean Daive interviewe une jeune femme et son fr&egrave;re dans une voiture du quartier de la Goutte-d&rsquo;Or, c&rsquo;est la quasi-clandestinit&eacute; de cet entretien qui marque&nbsp;[<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>].</p> <h2 align="JUSTIFY">5. Dispositifs sp&eacute;cifiques<br /> &nbsp;</h2> <p align="JUSTIFY">Si la plupart des num&eacute;ros de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;ne se construisent pas autour de formes particuli&egrave;res, une &eacute;coute plus attentive fait &eacute;merger des &eacute;missions caract&eacute;ris&eacute;es par des parti pris esth&eacute;tiques plus saillants, ou par des dispositifs plus apparents. Certains de ces dispositifs s&rsquo;inscrivent en rupture avec les codes de l&rsquo;&eacute;mission, comme telle &eacute;mission de Claude Risac en 1979 dans laquelle une femme &eacute;voque un chagrin d&rsquo;amour au t&eacute;l&eacute;phone&nbsp;[<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>] ; d&rsquo;autres invitent &agrave; s&rsquo;interroger sur ce qui constitue l&rsquo;identit&eacute; m&ecirc;me de l&rsquo;&eacute;mission, comme celles qui dialoguent avec le cin&eacute;ma comme pour mieux affirmer la sp&eacute;cificit&eacute; du m&eacute;dia radiophonique, soit en adoptant la forme &eacute;crite d&rsquo;un film, le sc&eacute;nario, soit en imaginant des films jamais tourn&eacute;s, ou en accueillant la bande-son d&rsquo;une &oelig;uvre r&eacute;alis&eacute;e pour le grand &eacute;cran&nbsp;[<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>].</p> <p align="JUSTIFY">Plut&ocirc;t que de pr&eacute;tendre &agrave; l&rsquo;exhaustivit&eacute;, je souhaite ici mettre en avant quelques exemples qui traduisent cette ambition exp&eacute;rimentale de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, moins forte qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;ACR certes, mais r&eacute;elle. On notera &agrave; ce propos que si Yann Parantho&euml;n, l&rsquo;un des artistes sonores les plus c&eacute;l&egrave;bres, a surtout compos&eacute; ses &oelig;uvres innovantes pour l&rsquo;ACR, on retrouve son nom dans quelques&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;des ann&eacute;es 1990&nbsp;: &laquo;&nbsp;Demain, c&rsquo;est Paris-Roubaix&nbsp;&raquo; (1995), &laquo;&nbsp;L&rsquo;effraie&nbsp;&raquo; (1995), &laquo;&nbsp;Ir&egrave;ne Zack&nbsp;&raquo; (1998), &laquo;&nbsp;Le comptoir de Marie&nbsp;&raquo; (1998), &laquo;&nbsp;Et si on la tournait&nbsp;&raquo; (1999).</p> <h3 align="JUSTIFY"><b>5.1. Interventions en direct</b></h3> <p align="JUSTIFY">Premier exemple&nbsp;: dans une s&eacute;rie de cinq &eacute;pisodes [<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>], Franck Venaille intervient en direct deux fois dans l&rsquo;&eacute;mission, gr&acirc;ce &agrave; un micro HF, pour raconter ce qu&rsquo;il voit dans plusieurs lieux parisiens. Le dispositif surprend car les interventions en direct &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur des studios ne sont gu&egrave;re utilis&eacute;es dans le programme, davantage &eacute;labor&eacute; en studio &agrave; partir d&rsquo;un mat&eacute;riau recueilli sur le terrain. Ce dispositif fait davantage penser aux grammaires des journaux d&rsquo;information, o&ugrave; les envoy&eacute;s sp&eacute;ciaux relatent ce qu&rsquo;ils voient dans n&rsquo;importe quel endroit du monde o&ugrave; il &laquo; se passe&nbsp;&raquo; quelque chose en terme d&rsquo;actualit&eacute;. Mais, dans cette s&eacute;rie d&rsquo;interventions, Venaille ne relate pas d&rsquo;&eacute;v&eacute;nements comme dans les journaux d&rsquo;information. Il d&eacute;crit les faits anodins qui se passent devant lui comme le faisait Georges Perec dans&nbsp;<em>Tentative de description de choses vues au Carrefour de Mabillon le 19 mai 1978</em>&nbsp;[<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>], ACR demeur&eacute; c&eacute;l&egrave;bre [<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>].</p> <p align="JUSTIFY">Dans ce type de dispositif, pas d&rsquo;&eacute;criture pr&eacute;alable, ni de rencontre programm&eacute;e, ni de montage ni de mixage, le producteur-&eacute;crivain travaille sans filet, et ne dispose que de sa propre pens&eacute;e, de ses propres sentiments et impressions, et de sa propre voix pour raconter le monde qui lui fait face. C&rsquo;est comme si l&rsquo;&eacute;crivain avait emprunt&eacute; une nouvelle identit&eacute; professionnelle&nbsp;: l&rsquo;&eacute;crivain-producteur ne s&rsquo;exprime plus &agrave; travers l&rsquo;&eacute;criture qui renvoie &agrave; l&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;un texte, et donc &agrave; un temps diff&eacute;r&eacute;, mais il communique &agrave; travers une oralit&eacute; de l&rsquo;instant, sorte de &laquo;&nbsp;t&ecirc;te-&agrave;-t&ecirc;te&nbsp;&raquo; sonore avec l&rsquo;auditeur. C&rsquo;est sans doute dans ce type d&rsquo;&eacute;mission que se traduit de mani&egrave;re la plus flagrante la volont&eacute; d&rsquo;Alain Veinstein de voir un r&eacute;el m&eacute;diatis&eacute; par l&rsquo;&eacute;crivain, plong&eacute; dans un r&eacute;el dont il est cens&eacute; rendre compte [<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>].</p> <h3 align="JUSTIFY">5.2. Enqu&ecirc;tes</h3> <p align="JUSTIFY">Le dispositif de type &laquo;&nbsp;enqu&ecirc;te&nbsp;&raquo; est quant &agrave; lui privil&eacute;gi&eacute; dans ce nombreuses &eacute;missions. Non pas, comme dans le &laquo;&nbsp;journalisme d&rsquo;investigation&nbsp;&raquo;, pour r&eacute;v&eacute;ler des faits inconnus, voire des secrets, mais pour construire de mani&egrave;re ludique une intrigue qui charpente l&rsquo;&eacute;mission. De nombreux &eacute;pisodes adoptent les codes de l&rsquo;enqu&ecirc;te dans cet esprit, dans une veine souvent parodique ou l&eacute;g&egrave;re.</p> <p align="JUSTIFY">Dans &laquo;&nbsp;Mais o&ugrave; est donc pass&eacute; le tableau [<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>]&nbsp;&raquo;, Simon Guibert et Alexandre H&eacute;raud revisitent le genre docu-fiction, et nous emm&egrave;nent dans l&rsquo;univers du march&eacute; de l&rsquo;art &agrave; travers l&rsquo;histoire d&rsquo;un tableau imaginaire. Pour cela, le r&eacute;cit (r&eacute;el ou fictionnel, on ne sait pas tr&egrave;s bien) s&rsquo;appuie sur un personnage narrateur qui tente de savoir si un tableau qu&rsquo;il a h&eacute;rit&eacute; est un authentique Vermeer.</p> <p align="JUSTIFY">Le dispositif fictionnel est lui aussi utilis&eacute; dans &laquo;&nbsp;Jazzoduc&nbsp;&raquo;, &eacute;mission sur le jazz mais dans laquelle Alexandre H&eacute;raud raconte aussi sa vie sentimentale [<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>], et fait jouer une com&eacute;dienne qui incarne une ancienne petite amie.</p> <p align="JUSTIFY">Toujours dans le registre du docu-fiction, dans &laquo;&nbsp;Finalement les ann&eacute;es 1980 ont &eacute;t&eacute; voluptueuses&nbsp;&raquo;, Patrick Dupont et Erik Emptaz proposent un magazine r&eacute;trospectif, comme si les ann&eacute;es 1980 avaient d&eacute;j&agrave; eu lieu : &laquo; Dans un instant, plus rien ne sera comme avant. Cette &eacute;mission, si vous l&rsquo;acceptez, va d&rsquo;un seul coup d&rsquo;un seul, vous faire prendre dix ans. [&hellip;] Alors, si vous n&rsquo;&ecirc;tes pas d&rsquo;accord, &eacute;teignez tout de suite votre r&eacute;cepteur, parce qu&rsquo;apr&egrave;s ce sera trop tard. Pas de regrets ? Vous &ecirc;tes pr&ecirc;ts&nbsp;[<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>]. &raquo;</p> <p align="JUSTIFY">Dans &laquo;&nbsp;Paul Strand, le jeune homme contrari&eacute; [<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>] &raquo;, l&rsquo;&eacute;crivain et critique Michel Boujut (par ailleurs exp&eacute;rimentateur radiophonique assez prolixe) s&rsquo;empare du dispositif-enqu&ecirc;te pour partir &agrave; la recherche d&rsquo;un homme qui, dans sa jeunesse, a &eacute;t&eacute; mod&egrave;le pour le photographe Paul Strand. Si l&rsquo;&eacute;mission porte avant tout sur la g&eacute;n&eacute;alogie d&rsquo;une photo et de son contexte, elle permet aussi au producteur de concevoir un dispositif en forme de roman policier, et l&rsquo;auditeur s&rsquo;interroge jusqu&rsquo;au bout de l&rsquo;&eacute;mission pour savoir si Michel Boujut a bien retrouv&eacute; ce myst&eacute;rieux mod&egrave;le.</p> <p align="JUSTIFY">Dans &laquo; Enqu&ecirc;te sur un &eacute;crivain au dessus de tout soup&ccedil;on &raquo;, Laure Adler et Alain Veinstein choisissent aussi l&rsquo;enqu&ecirc;te pour une plong&eacute;e dans le monde de l&rsquo;&eacute;dition&nbsp;[<a href="#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a>]. Dans l&rsquo;introduction, comme pour mieux d&eacute;noncer les pratiques douteuses du milieu de l&rsquo;&eacute;dition, Alain Veinstein confie que l&rsquo;&eacute;mission aurait d&ucirc; &ecirc;tre pr&eacute;sent&eacute;e par un &eacute;crivain (en r&eacute;alit&eacute; fictif), Jean-Marie Deng, mais que celui-ci est introuvable depuis pr&egrave;s quarante-huit heures. L&rsquo;auditeur cr&eacute;dule peut bien entendu &eacute;couter cette &eacute;mission en &eacute;tant persuad&eacute; que cet auteur est bien r&eacute;el, et qu&rsquo;il a effectivement disparu.</p> <p align="JUSTIFY">Dans &laquo;&nbsp;D&eacute;tective, le m&eacute;tier &agrave; filer<a href="#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a>&nbsp;&raquo;, Michel Pomar&egrave;de, lui aussi auteur de nombreuses exp&eacute;rimentations sonores dans Nuits magn&eacute;tiques, demande &agrave; l&rsquo;&eacute;crivaine Camille Laurens de se transformer en d&eacute;tective priv&eacute; pour mener une enqu&ecirc;te fictive. Comme dans l&rsquo;&eacute;mission de Michel Boujut, l&rsquo;&eacute;crivaine troque son identit&eacute; d&rsquo;&eacute;crivain contre celle d&rsquo;un enqu&ecirc;teur qui interviewe les t&eacute;moins pour r&eacute;soudre une &eacute;nigme<a href="#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a>.</p> <h3 align="JUSTIFY">5.3. Entretien-repas</h3> <p align="JUSTIFY">Dans &laquo; Ce soir je d&icirc;ne avec F&eacute;dor&nbsp;[<a href="#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a>]&nbsp;&raquo;, Lorette Nob&eacute;court opte pour un dispositif rare &agrave; la radio : l&rsquo;entretien-repas. Tous ceux qu&rsquo;elle a choisis dans son &eacute;mission sont enregistr&eacute;s &laquo; &agrave; table &raquo;. Peut-&ecirc;tre le choix de ce dispositif original est-il li&eacute; &agrave; l&rsquo;interrogation formul&eacute;e en d&eacute;but d&rsquo;&eacute;mission, &agrave; savoir l&rsquo;impossibilit&eacute; de se comprendre &agrave; travers l&rsquo;entretien, et qui reprend le th&egrave;me du livre qu&rsquo;elle vient alors de publier [<a href="#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a>]. &laquo; Dans la conversation, il y a la preuve imm&eacute;diate que l&rsquo;autre ne nous comprend pas &raquo; annonce-t-elle d&egrave;s le d&eacute;but de l&rsquo;&eacute;mission. Produite par une &eacute;crivaine qui n&rsquo;a jamais fait partie du pool des producteurs r&eacute;guliers de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, ce num&eacute;ro insolite agit comme une forme de dynamitage de l&rsquo;int&eacute;rieur du principe m&ecirc;me du programme, &agrave; savoir l&rsquo;id&eacute;e que les &eacute;crivains disent quelque chose du monde en dialoguant avec les t&eacute;moins. Dans &laquo; Ce soir je d&icirc;ne avec F&eacute;dor&nbsp;&raquo;, Lorette Nob&eacute;court d&eacute;fend l&rsquo;id&eacute;e qu&rsquo;on ne se comprend au contraire qu&rsquo;avec les livres, et jamais vraiment dans les &eacute;changes oraux, comme s&rsquo;il fallait en revenir &agrave; l&rsquo;&eacute;criture pour rompre la solitude et l&rsquo;incompr&eacute;hension.</p> <p align="JUSTIFY">Tous les exemples cit&eacute;s montrent que si&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;ne se revendique pas&nbsp;<em>a priori</em>&nbsp;comme une &eacute;mission de cr&eacute;ation, cet espace radiophonique a n&eacute;anmoins &eacute;t&eacute; utilis&eacute; par les producteurs et les r&eacute;alisateurs pour inventer des dispositifs originaux. Durant la derni&egrave;re saison de l&rsquo;&eacute;mission, des num&eacute;ros r&eacute;guliers intitul&eacute;s &laquo;&nbsp;Copi&eacute; r&ecirc;v&eacute; coll&eacute;&nbsp;&raquo; (1998-1999), compos&eacute;s de formats courts, permettent une r&eacute;invention de l&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;&eacute;mission, et annoncent l&rsquo;&egrave;re des podcasts des deux d&eacute;cennies suivantes. De nombreux producteurs se saisissent du dispositif pour se confronter au genre de l&rsquo;auto-fiction de mani&egrave;re plus directe que dans les formats plus longs.</p> <h2 align="JUSTIFY"><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h2> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>Entretien r&eacute;alis&eacute; par moi avec Mehdi El Hadj, pour&nbsp;<a href="https://www.franceculture.fr/emissions/sur-les-docks-14-15/france-culture-50-ans-24-nuits-magnetiques-bonsoir">une &eacute;mission</a>&nbsp;de&nbsp;<i>Sur les docks</i>&nbsp;sur les&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>, diffus&eacute;e le 3 septembre 2013. R&eacute;alisation : Anna Szmuc.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>Pour une pr&eacute;sentation plus g&eacute;n&eacute;rale de l&rsquo;&eacute;mission, lire le m&eacute;moire de master 2 de Clara Lacombe en Histoire culturelle,&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques. La radio libre du service public&nbsp;? 1978-1999,&nbsp;</i>Pascal Ory (dir.), universit&eacute; Panth&eacute;on-Sorbonne, 2016.</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>L&rsquo;&eacute;mission sera coordonn&eacute;e par Laure Adler &agrave; partir de 1983, &agrave; nouveau par Alain Veinstein entre 1988 et 1990, et par Colette Fellous &agrave; partir de 1990.</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>Christophe Deleu, &laquo;&nbsp;&ldquo;Nuits magn&eacute;tiques&ldquo;&nbsp;: quand les &eacute;crivains d&eacute;couvrent la radio&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<i>Politique, culture et radio dans le monde francophone. Le r&ocirc;le des intellectuel(le)s</i>, Alain Clavien&nbsp;&amp; Nelly Valsangiacomo (dir), Lausanne,&nbsp;&Eacute;ditions Antipodes, &laquo;&nbsp;GRHIC&nbsp;&raquo;, 2018, p. 131-144.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a><i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;du 3 juin 1999. R&eacute;alisation&nbsp;: Nathalie Battus.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a><i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;des 7 et 8 novembre 1991. R&eacute;alisation&nbsp;: Clotilde Pivin.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a><i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;du 19 f&eacute;vrier 1999. R&eacute;alisation&nbsp;: Anne-Pascale Desvignes.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a><i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;du 48 f&eacute;vrier 1999. R&eacute;alisation&nbsp;: Vincent Decque.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a><i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;du 30 avril au 4 mai 1979. R&eacute;alisation&nbsp;: Yvette Tuchband.</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>Entretien r&eacute;alis&eacute; par moi avec Franck Venaille, pour&nbsp;<a href="https://www.franceculture.fr/emissions/sur-les-docks-14-15/france-culture-50-ans-24-nuits-magnetiques-bonsoir">une &eacute;mission</a>&nbsp;de&nbsp;<i>Sur les docks</i>&nbsp;sur les&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>, diffus&eacute;e le 3 septembre 2013.</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a><i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;du 8 mai 1978. R&eacute;alisation&nbsp;: non pr&eacute;cis&eacute;.</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a><i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;du 7 janvier 1982. R&eacute;alisation non pr&eacute;cis&eacute;.</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a><i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;du 4 janvier 1988. R&eacute;alisation&nbsp;: Georges Haddad&egrave;ne.</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a><i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;du 24 au 28 d&eacute;cembre 1979. R&eacute;alisation&nbsp;: Pamela Doussaud.</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>Entretien avec Mehdi El Hadj,&nbsp;<i>op. cit.</i></p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a><i>Nuits magn&eacute;tiques</i>, du 7 au 11 avril 1980. R&eacute;alisation&nbsp;: Pam&eacute;la Doussaud.</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a><i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;du 23 octobre 1979. R&eacute;alisation&nbsp;: Pam&eacute;la Doussaud.</p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>Nuits magn&eacute;tiques du 5 f&eacute;vrier 1979. R&eacute;alisation&nbsp;: Mehdi El Hadj. On est l&agrave; proche d&rsquo;une &eacute;mission de type All&ocirc; Macha, l&rsquo;&eacute;mission-confession de France Inter, et assez loin d&rsquo;une &laquo;&nbsp;Nuit magn&eacute;tique&nbsp;&raquo; habituelle.</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;Franck Venaille &eacute;voque, pour une s&eacute;rie intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;Le cin&eacute;ma invisible&nbsp;&raquo;, des films qui ne se sont pas faits (21-25 mai 1979). Le cin&eacute;aste Robert Kramer imagine la cr&eacute;ation d&rsquo;un personnage nomm&eacute; &Eacute;lise, racont&eacute;e comme dans un projet de sc&eacute;nario (&eacute;mission du 30 juin 1994, r&eacute;al. non pr&eacute;cis&eacute;). Mentionnons encore la diffusion de la bande son de&nbsp;<em>Blue</em>&nbsp;(version fran&ccedil;aise), dernier film de Derek Jarman (d&eacute;c&eacute;d&eacute; du Sida), sorti en 1993, compos&eacute; d&rsquo;une seule image bleue (&eacute;mission du 10 octobre 1994, r&eacute;al. Jacques Taroni).</p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;du 6 au 10 novembre 1978. R&eacute;alisateur&nbsp;: non pr&eacute;cis&eacute;.</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;ACR du 25 f&eacute;vrier 1979. R&eacute;alisation&nbsp;: Marie-Dominique Arrighi et Michel Creis.</p> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a>&nbsp;V. Thomas Baumgartner, &laquo;&nbsp;<a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-10/3269-les-cocotiers-sont-arrives-ou-la-grille-perec">Les cocotiers sont arriv&eacute;s, ou la grille Perec</a>&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Komodo 21</em>, 10 | 2019&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</em>&nbsp;(1969-2001) : la part des &eacute;crivains&nbsp;&raquo;, textes r&eacute;unis par Christophe Deleu, Pierre-Marie H&eacute;ron et Karine Le Bail.</p> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a>&nbsp;Une autre interpr&eacute;tation est aussi possible&nbsp;: peut-&ecirc;tre Franck Venaille a-t-il &eacute;crit certains de ses textes &agrave; l&rsquo;avance et donne-t-il l&rsquo;impression &agrave; l&rsquo;auditeur qu&rsquo;il improvise. Difficile de trancher.</p> <p><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a>&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;du 7 mars 1991. R&eacute;alisateur&nbsp;: Mehdi El Hadj.</p> <p><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a>&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;du 26 juin 1991. R&eacute;alisateur&nbsp;: Mehdi El Hadj.</p> <p><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a>&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;du 13 au 17 octobre 1980. R&eacute;alisation&nbsp;: Mehdi El Hadj.</p> <p><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a>&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>du 16 f&eacute;vrier 1995. R&eacute;alisation&nbsp;: Christine Robert.</p> <p><a href="#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a>&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;du 2 avril 1979. R&eacute;alisation&nbsp;: Pamela Doussaud.</p> <p><a href="#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a><i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;du 17 f&eacute;vrier 1998. R&eacute;alisation&nbsp;: Vincent Decque.</p> <p><a href="#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a>Citons une autre &eacute;mission de Michel Pomar&egrave;de du m&ecirc;me genre, &laquo;&nbsp;B&eacute;n&eacute;dicte ou le d&eacute;senchantement&nbsp;&raquo; (des t&eacute;moins d&rsquo;une disparition sont amen&eacute;s &agrave; parler autant d&rsquo;eux-m&ecirc;mes que de la personne disparue), mais diffus&eacute;e dans<em>&nbsp;Surpris par la nuit</em>&nbsp;et qui symbolise la continuit&eacute; existant entre&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;et ce programme (<em>Surpris par la nuit</em>&nbsp;du 13 f&eacute;vrier 2001, r&eacute;al. Lionel Quantin).</p> <p><a href="#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a><em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;du 30 avril 1999. R&eacute;alisation&nbsp;: Anne-Pascale Desvignes.</p> <p><a href="#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a>&nbsp;<em>La conversation</em>, Grasset, 1998.</p> <h3 align="JUSTIFY" lang="de-DE">Auteur</h3> <p align="JUSTIFY"><strong>Christophe Deleu</strong>&nbsp;est professeur &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de Strasbourg, et directeur du Cuej (Centre Universitaire d&rsquo;enseignement du Journalisme). Il a publi&eacute; plusieurs ouvrages, dont&nbsp;<em>Le documentaire radiophonique</em>&nbsp;(Ina-L&rsquo;Harmattan, 2013). Il est aussi auteur radio, notamment pour France Culture et la RTBF. Il a co-r&eacute;alis&eacute; la s&eacute;rie de podcasts&nbsp;<em>Fins du monde</em>&nbsp;avec Marine Ang&eacute;.&nbsp;&nbsp;Il est&nbsp;pr&eacute;sident de la commission radio de la Soci&eacute;t&eacute; des Gens de Lettres.</p> <h3 align="JUSTIFY"><b>Copyright</b></h3> <p align="JUSTIFY">Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>