<p>Exilé en France depuis l’invasion de l’Ukraine, le KnAM est un petit théâtre expérimental venu de l’Extrême-Orient russe. Depuis près de 20 ans, il est spécialisé dans la production de spectacles documentaires, qui s’inscrivent dans l’air du temps en accordant une place centrale aux récits de vie et aux témoignages individuels. Le travail de la metteure en scène Tatiana Frolova pourrait être qualifié de thérapeutique : elle tente en effet de mettre en lumière l’apathie de la société russe contemporaine en renouant les fils d’une mémoire occultée, celle d’un passé traumatique. Les violences de la période soviétique, dont les traces sont aujourd’hui escamotées, ont, selon elle, figé le pays dans une peur paralysante. Cette contribution se propose de dégager les différents procédés et dispositifs sonores utilisés par le KnAM afin de rendre leur voix aux fantômes du passé comme aux Russes d’aujourd’hui.</p>
<p><strong>Abstract</strong></p>
<p>KnAM is a small experimental theatre from the Russian Far East which went into exile in France after Russia invaded Ukraine. For nearly 20 years, KnAM has produced documentary shows that are in line with to problems by giving a central place to life stories and individual testimonies. The work of stage producer Tatiana Frolova can be described as therapeutic: she attempts to shed light on the indifference of contemporary Russian society by tying up again the threads of a hidden memory, that of a traumatic past. According to her, the country has been paralysed with fear in the wake of the violence of the Soviet period, whose traces have been covered up. This paper aims at bringing out the various practices and sound devices used by the KnAM in order to give their voice back both to the ghosts of the past and present-day Russians.</p>
<p>Keywords : Theatre, Russia, Documentary forms, Testimony, Voices</p>