<p>Un masque est un objet qui cache une partie ou tout le visage humain. Objet utilis&eacute; au th&eacute;&acirc;tre, il est un instrument du jeu de l&rsquo;acteur. C&rsquo;est ainsi que le masque en sc&egrave;ne doit en quelque sorte dispara&icirc;tre en tant qu&rsquo;objet : il prend vie et devient r&eacute;el. Le spectateur doit le &laquo; reconna&icirc;tre &raquo; en tant que signe de sa propre exp&eacute;rience du r&eacute;el. Si cette reconnaissance n&rsquo;a pas lieu, le spectateur ne voit que l&rsquo;objet et n&rsquo;arrive pas &agrave; faire de lien avec son exp&eacute;rience. Tout semble alors rester du c&ocirc;t&eacute; du faux. C&rsquo;est la combinaison de l&rsquo;art du facteur de masques et de celui de l&rsquo;acteur de faire basculer une transposition du r&eacute;el dans un signe qui d&eacute;clenche des images en lien avec une exp&eacute;rience du spectateur qu&rsquo;il peut alors valider comme r&eacute;elle.&nbsp;<br /> &Agrave; partir de la description de quatre masques con&ccedil;us par Lo&iuml;c Nebreda<a href="#nbp_1" name="lien_nbp_1">1</a>, nous interrogerons le fonctionnement du masque dans son apport au r&eacute;el au moment de la repr&eacute;sentation. C&rsquo;est la fa&ccedil;on m&ecirc;me de concevoir et de fabriquer du facteur de masques qui servira de fil rouge pour comprendre la disparition du masque sur sc&egrave;ne. Autrement dit, nous verrons comment le temps de recherche en amont et la fabrication m&ecirc;me portent l&rsquo;usage du masque.<br /> Dans un premier temps, il s&rsquo;agira donc, pour chacun des quatre masques pr&eacute;sent&eacute;s, de pr&eacute;ciser leur contexte de fabrication. Dans un second temps, nous nous interrogerons sur leur fonction sur sc&egrave;ne : est-ce un masque d&rsquo;apparition qui permet de cr&eacute;er une image, le masque &eacute;tant alors souvent chauss&eacute; &agrave; vue (le mode d&rsquo;apparition) ou sert-il &agrave; cr&eacute;er un personnage sur la dur&eacute;e de la pi&egrave;ce, au cours de laquelle le jeu masqu&eacute; est une composante importante du style du spectacle (le mode de la cr&eacute;ation) ? En analysant la fa&ccedil;on de fabriquer les masques, nous verrons comment la technique de Lo&iuml;c Nebreda anticipe ces deux modes op&eacute;ratoires.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Les effets de r&eacute;el<a href="#nbp_2" name="lien_nbp_2">2</a></h2> <h3><em><strong>Le contexte</strong></em></h3> <p>Les deux premiers masques ont &eacute;t&eacute; fabriqu&eacute;s pour le spectacle<em> Les D&eacute;mons</em> (d&rsquo;apr&egrave;s Dosto&iuml;evski) mis en sc&egrave;ne par Sylvain Creuzevault et pr&eacute;sent&eacute; au th&eacute;&acirc;tre national de l&rsquo;Od&eacute;on, aux ateliers Berthier, dans le cadre du Festival d&rsquo;automne, en 2018 (illustrations 1 et 2).&nbsp;</p> <p><img height="497" src="https://www.numerev.com/img/ck_3046_31_image.png" width="432" /></p> <p>Illustration 1</p> <p><img height="496" src="https://www.numerev.com/img/ck_3046_31_image1.png" width="435" /></p> <p>Illustration 2</p> <p><br /> Lo&iuml;c Nebreda et Sylvain Creuzevault collaborent depuis une quinzaine d&rsquo;ann&eacute;es et ont l&rsquo;habitude de partager la phase pr&eacute;paratoire ensemble. Pour <em>Les D&eacute;mons</em>, le metteur en sc&egrave;ne avait command&eacute; une vingtaine de masques afin de tenter la repr&eacute;sentation d&rsquo;un peuple russe &ndash; c&rsquo;est une des grandes questions du roman de Dosto&iuml;evski. Une s&eacute;rie de questions : &agrave; quoi pourrait ressembler un homme russe crois&eacute; sur le bord de la route ou dans une station-service ? Ou dans un petit restaurant routier ? Comment arriver &agrave; englober tout le territoire russe &agrave; travers cette vingtaine de visages ? a permis de lancer la recherche puis de cr&eacute;er plusieurs dossiers de visages &agrave; partir de photographies, de vid&eacute;os ou reportages, un peu comme un jeu de piste, dans une approche presque documentaire. Lo&iuml;c Nebreda et Sylvain Creuzevault &eacute;changeaient &agrave; distance car le metteur en sc&egrave;ne envoyait aussi des images t&eacute;moignages de lieux de travail, de conditions de vie. La notion de peuple et l&rsquo;univers de Dosto&iuml;evski restent pr&eacute;dominants. &Agrave; partir de plusieurs centaines d&rsquo;images, Lo&iuml;c Nebreda et Sylvain Creuzevault se sont accord&eacute;s sur un dossier d&rsquo;une dizaine d&rsquo;image par masque chacun constituant comme un monde, l&rsquo;id&eacute;e n&rsquo;&eacute;tant pas de reproduire et cat&eacute;goriser des visages ou d&#39;&eacute;tablir une typologie mais de cr&eacute;er &agrave; t&acirc;tons des supports &eacute;vocateurs, d&eacute;clencheurs d&rsquo;imaginaires. Pour le masque de la vieille femme russe (illustration 2), le point de d&eacute;part &eacute;tait une photographie qu&rsquo;il avait rep&eacute;r&eacute;e, celle d&rsquo;une vieille femme qui se trouvait dans une caisse de pension et venait r&eacute;clamer sa retraite. Le corps portait la pr&eacute;carit&eacute; : la fatigue des traits, les racines non faites&hellip; Enfin, tous les masques fabriqu&eacute;s n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; utilis&eacute;s lors du spectacle et certains com&eacute;diens en ont port&eacute; plusieurs.</p> <h3>&nbsp;</h3> <h3><em><strong>La fabrication : un homme jeune (illustration 1), une vieille femme (illustration 2)</strong></em></h3> <p>Cette s&eacute;rie de vingt masques est particuli&egrave;re parce qu&rsquo;elle n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; faite sur mesure et peut donc convenir &agrave; diff&eacute;rents visages. Habituellement, Lo&iuml;c Nebreda travaille &agrave; partir de l&rsquo;empreinte des visages des acteurs. Le masque de l&rsquo;homme jeune (illustration 1) est comme un casque (une cagoule) &agrave; enfiler : il y a une partie &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re qui se ferme avec un syst&egrave;me de boutonnage. Pour la vieille femme, c&rsquo;est un masque qui prend la face, avec un foulard qui cache l&rsquo;arri&egrave;re de la t&ecirc;te.<br /> Les &eacute;tapes de fabrication sont souvent les m&ecirc;mes. Il y a tout d&rsquo;abord un modelage en terre : pour cette s&eacute;rie, Lo&iuml;c Nebreda en a cr&eacute;&eacute; une vingtaine. Puis il utilise des feuilles thermoplastiques<a href="#nbp_3" name="lien_nbp_3">3</a> (qui sont chauff&eacute;es &agrave; 200&deg; C) pour recouvrir le modelage, celles-ci en &eacute;pousant ainsi tous les reliefs. Refroidi, le modelage est retir&eacute; et la base du masque, &agrave; mi-chemin entre anatomie et surface place, appara&icirc;t sous forme d&rsquo;une fine &eacute;paisseur : cette base n&rsquo;entre pas dans tous les d&eacute;tails de l&rsquo;anatomie, ce qui sera corrig&eacute; plus tard, &agrave; la peinture, par des raccords en trompe-l&rsquo;&oelig;il.&nbsp;</p> <p>Ensuite intervient la phase de d&eacute;coupe, de consolidation et de finition : pour maintenir le contour du masque, il installe un fil en laiton, identique &agrave; celui employ&eacute; pour les chapeaux, en l&rsquo;incrustant dans la mati&egrave;re.&nbsp;Les syst&egrave;mes de fixation sont pos&eacute;s : pour un casque, il faut un syst&egrave;me de boutonnage/agrafage &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re ; pour un masque comme celui de la vieille femme, ce sont des &eacute;lastiques, &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re qui permettent de l&rsquo;enfiler facilement. Puis il faut alors passer un liant acrylique qui va permettre &agrave; la peinture de tenir &agrave; la surface. Enfin peut intervenir le travail de peinture, qui comprend une succession de couches : Lo&iuml;c Nebreda travaille par transparence. Il faut d&rsquo;abord trouver un fond puis, avec de nombreuses applications, parfois appliqu&eacute;es &agrave; l&rsquo;&eacute;ponge d&eacute;coup&eacute;e, apporter du relief, de la mati&egrave;re au rendu lisse du d&eacute;part. C&rsquo;est ainsi que si l&rsquo;on regarde le masque de pr&egrave;s, dans le d&eacute;tail, il para&icirc;t plus grossier et moins r&eacute;aliste &ndash; moins proche de la texture d&rsquo;un vrai visage &ndash; alors que vu &agrave; distance, sur sc&egrave;ne, il donne parfaitement le change. Pour ce type de masque &agrave; &laquo; effet de r&eacute;el &raquo;, le volume et les d&eacute;tails des yeux sont peints en trompe l&rsquo;&oelig;il : au centre un trou est fait au niveau de la pupille, de cette fa&ccedil;on, les acteurs peuvent voir et s&rsquo;orienter. Une lentille en plastique transparent du diam&egrave;tre de l&rsquo;iris est coll&eacute;e &agrave; la surface de l&rsquo;&oelig;il afin de donner la brillance du regard.</p> <h2><br /> Les personnages<a href="#nbp_4" name="lien_nbp_4">4</a></h2> <h3><em><strong>Le contexte</strong></em></h3> <p>Les deux autres masques pr&eacute;sent&eacute;s sont tr&egrave;s diff&eacute;rents par leur forme et leur usage. Ils ont &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;s pour des compagnies qui travaillent essentiellement en ext&eacute;rieur, avec des structures am&eacute;nag&eacute;es avec des gradins pour accueillir le public, et qui participent &agrave; de nombreux festivals des arts de la rue.</p> <p>Le premier a &eacute;t&eacute; fabriqu&eacute; pour la Compagnie Th&eacute;&acirc;tre Nomade et le spectacle <em>Le Caf&eacute;</em> (adaptation d&rsquo;apr&egrave;s Goldoni), pr&eacute;sent&eacute; en 2014<a href="#nbp_5" name="lien_nbp_5">5</a>&nbsp;(illustration 3). Il a &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute; pour le com&eacute;dien qui jouait le gar&ccedil;on de caf&eacute; : une sorte de &laquo;&nbsp;garnement&nbsp;&raquo;&nbsp;tr&egrave;s vif, ayant de nombreux petits boulots, et pour lequel une r&eacute;f&eacute;rence &eacute;t&eacute; faite au personnage d&rsquo;Arlequin<a href="#nbp_6" name="lien_nbp_6">6</a>, avec cette t&acirc;che rouge caract&eacute;ristique, que l&rsquo;on retrouve sur les masques d&rsquo;Arlequin. Il fallait aussi traduire cette vivacit&eacute; et cette intelligence avec le front et les arcades bomb&eacute;s.</p> <p><img height="547" src="https://www.numerev.com/img/ck_3046_31_image2.png" width="410" /></p> <p>Illustration 3</p> <p><br /> Le second a &eacute;t&eacute; con&ccedil;u pour la Compagnie Annibal et ses &eacute;l&eacute;phants et le spectacle <em>L&rsquo;&Eacute;trange cas du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde</em>, pr&eacute;sent&eacute; en 2021<a href="#nbp_7" name="lien_nbp_7">7</a> (illustration 4). Il a &eacute;t&eacute; fabriqu&eacute; pour le com&eacute;dien qui jouait la m&egrave;re du docteur Jekyll, c&rsquo;est-&agrave;-dire un personnage de l&rsquo;Angleterre Victorienne, plut&ocirc;t strict, s&rsquo;inqui&eacute;tant beaucoup pour son fils, avec une pointe d&rsquo;excentricit&eacute; &ndash; ce fard &agrave; paupi&egrave;re bleu et des sourcils bien &eacute;pil&eacute;s. Au d&eacute;part, il y a donc ce personnage assez typ&eacute;, jou&eacute; dans la rue, dans un environnement qui suppose un jeu soutenu. L&rsquo;adaptation a &eacute;t&eacute; &laquo; trait&eacute;e comme une bande dessin&eacute;e vivante<a href="#nbp_8" name="lien_nbp_8">8</a> &raquo; et le spectacle avait la particularit&eacute; d&rsquo;avoir &eacute;t&eacute; con&ccedil;u en collaboration avec une dessinatrice de bande-dessin&eacute;e, Eirini Skoura, qui travaillait depuis Ath&egrave;nes<a href="#nbp_9" name="lien_nbp_9">9</a>. Laquelle a dessin&eacute; des planches qui ont servi pour r&eacute;aliser les d&eacute;cors. Il y avait donc cette volont&eacute; d&rsquo;un traitement type &laquo; bande dessin&eacute;e &raquo;, pour les personnages comme pour les d&eacute;cors ou les costumes. La dessinatrice a &eacute;labor&eacute; des planches avec des propositions de silhouettes, de costumes, de caract&egrave;res. Lo&iuml;c Nebreda s&rsquo;est appuy&eacute; sur ces visuels produits par quelqu&rsquo;un d&rsquo;autre, ce qui est un cheminement atypique puisque justement, la phase pr&eacute;paratoire &ndash; la recherche de formes, de visages, de d&eacute;tails anatomiques &ndash; est un moment essentiel dans la pratique du facteur de masques.</p> <p><img height="499" src="https://www.numerev.com/img/ck_3046_31_image3.png" width="374" /></p> <p>Illustration 4</p> <h3><br /> <em><strong>La fabrication</strong></em></h3> <p><br /> Ces deux demi-masques ont &eacute;t&eacute; faits sur mesure. Il y a d&rsquo;abord eu une prise d&rsquo;empreinte du visage du com&eacute;dien avec des bandes pl&acirc;tr&eacute;es, ainsi que la prise de photographies et de diff&eacute;rentes mesures. Une r&eacute;plique de la t&ecirc;te a pu &ecirc;tre ensuite fabriqu&eacute;e. La l&egrave;vre sup&eacute;rieure et le regard constituent les deux difficult&eacute;s principales : la position de la l&egrave;vre sup&eacute;rieure, dans le masque, doit &ecirc;tre calcul&eacute;e de mani&egrave;re &agrave; &ecirc;tre parfaitement ajust&eacute;e &agrave; la l&egrave;vre sup&eacute;rieure du com&eacute;dien et le regard devra pouvoir ressortir correctement. La bonne r&eacute;alisation de l&rsquo;empreinte est essentielle pour &eacute;viter que, par la suite, le masque ne rentre trop, ne soit douloureux au niveau des yeux ou fasse comme une boursouflure au niveau de la l&egrave;vre. En parall&egrave;le, les &eacute;changes continuent avec le metteur en sc&egrave;ne pour constituer un r&eacute;pertoire de formes, &agrave; partir de photographiques ou vid&eacute;os.&nbsp;</p> <p>Ensuite vient la fabrication du masque &agrave; partir des feuilles thermoplastiques, qui permet d&rsquo;obtenir une base pour le masque, qui est test&eacute;e avec le com&eacute;dien, pour v&eacute;rifier le confort et pour pouvoir essayer les perruques et pour r&eacute;fl&eacute;chir aux syst&egrave;mes de de fermeture &ndash; comme un essayage de costume. La prise d&rsquo;empreinte et le modelage en terre sont primordiaux car ils permettent, d&egrave;s le d&eacute;part, d&rsquo;&ecirc;tre le plus juste possible et de d&eacute;finir la distance du visage au masque<a href="#nbp_10" name="lien_nbp_10">10</a>. Lors de l&rsquo;essayage, Lo&iuml;c Nebreda contr&ocirc;le le niveau des paupi&egrave;res et de la bouche. Il recherche aussi les points d&rsquo;appui car le masque va reposer sur le visage du com&eacute;dien : il faut que la tension permette au masque de se poser, de se caler correctement sur le visage. Puis vient la phase de coloration. Par exemple, pour le personnage f&eacute;minin, il fallait r&eacute;aliser une carnation tr&egrave;s p&acirc;le : c&rsquo;est une femme &acirc;g&eacute;e qui vit dans son appartement londonien et sort peu. Comme nous l&rsquo;avons indiqu&eacute;, c&rsquo;est par un travail de transparence, d&rsquo;accumulation de couches fines de peintures, que le facteur de masques obtient la coloration recherch&eacute;e<a href="#nbp_11" name="lien_nbp_11">11</a>. Lorsque le demi-masque est install&eacute;, le maquillage permet de cr&eacute;er une continuit&eacute; entre la teinte du masque et le bas du visage. Pour que le regard ressorte mieux, le contour des yeux est fait en noir.</p> <p>&nbsp;</p> <h3><em><strong>Le mode apparition </strong></em><strong>versus </strong><em><strong>le mode cr&eacute;ation</strong></em></h3> <p>Dans <em>Les D&eacute;mons</em>, pour la vieille femme russe, par exemple, la com&eacute;dienne arrivait masqu&eacute;e sur sc&egrave;ne. Elle produisait une action tr&egrave;s minimale : elle faisait le m&eacute;nage, pendant que les autres com&eacute;diens continuaient &agrave; jouer. La com&eacute;dienne, avec son corps, &eacute;tait &agrave; la fois cette femme-l&agrave;, avec ce fichu-l&agrave;, avec cette bouche pinc&eacute;e et en m&ecirc;me temps, toutes les vieilles femmes russes qui ont trim&eacute; toute leur vie &ndash; &agrave; la fois un personnage particulier et g&eacute;n&eacute;rique. Pour d&rsquo;autres masques, les com&eacute;diens les mettaient &agrave; vue, souvent dans un moment o&ugrave; la focalisation &eacute;tait ailleurs. Les com&eacute;diens n&rsquo;&eacute;taient pas toujours masqu&eacute;s.<br /> Le mode d&rsquo;action du masque est ici celui de l&rsquo;apparition. Que le masque soit chauss&eacute; &agrave; vue ou non, peu importe : il permet simplement de changer rapidement de visage, de multiplier ainsi les personnages et les situations sur sc&egrave;ne. Le masque en jeu dispara&icirc;t puisqu&rsquo;il d&eacute;clenche ici un imaginaire. En chaussant le masque &agrave; vue, la m&eacute;tamorphose du com&eacute;dien en personnage est rendue visible ; elle permet la multiplication rapide des personnages sur sc&egrave;ne et la production de nouvelles situations, comme des sortes de tableau &ndash; de grandes sc&egrave;nes. Interchangeable, le masque d&rsquo;apparition fonctionne sur le registre des images ; il n&rsquo;a pas une intention psychologique, par exemple : &laquo; On s&rsquo;est rendu compte qu&rsquo;une suite de masques, dans leur apparition, &eacute;tait d&eacute;j&agrave; en soi toute une histoire. Et que c&rsquo;&eacute;tait suffisant. Juste une s&eacute;rie d&rsquo;images possibles de l&rsquo;homme qui questionnent ses origines, comme une s&eacute;rie de tableaux masqu&eacute;s<a href="#nbp_12" name="lien_nbp_12">12</a>. &raquo;<br /> Ce qui est troublant, c&rsquo;est que ces masques &agrave; &laquo; effet de r&eacute;el &raquo;, vus de pr&egrave;s, ont un aspect assez brut, avec le traitement de la peinture choisi par Lo&iuml;c Nebreda. Mais en tant que spectateur, vus de plus loin donc, ils poss&egrave;dent un v&eacute;ritable &laquo; effet de r&eacute;el &raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire que nous pouvons penser, sans h&eacute;siter, qu&rsquo;il s&rsquo;agit du vrai visage des com&eacute;diens. Et cet effet est suffisant pour que le spectateur puisse valider cette exp&eacute;rience comme r&eacute;elle.&nbsp;<br /> L&rsquo;usage des demi-masques, dans les spectacles <em>Le Caf&eacute;</em> ou <em>L&rsquo;&Eacute;trange cas du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde</em>, ne s&rsquo;&eacute;tablit pas sur le m&ecirc;me registre. Le masque sert alors &agrave; cr&eacute;er un personnage sur la dur&eacute;e de la pi&egrave;ce, au cours de laquelle le jeu masqu&eacute; est une composante importante du style du spectacle, d&rsquo;autant plus qu&rsquo;il s&rsquo;agit ici de th&eacute;&acirc;tre parl&eacute; : le demi-masque laisse libre la mobilit&eacute; du visage. C&rsquo;est le mode de la cr&eacute;ation : le masque est un &eacute;l&eacute;ment essentiel dans la cr&eacute;ation du personnage.<br /> Le masque lui-m&ecirc;me, une fois port&eacute;, se m&eacute;tamorphose aussi : il cesse de n&rsquo;&ecirc;tre qu&rsquo;un objet pour se fondre dans le visage. Il dispara&icirc;t dans le personnage : il ne s&rsquo;agit pas de ne plus voir le demi-masque, il s&rsquo;agit de l&rsquo;oublier en tant qu&rsquo;objet. Dans un entretien avec Jo&euml;lle Gayot, Val&eacute;rie Dr&eacute;ville explique qu&rsquo;&laquo; un r&ocirc;le, c&rsquo;est comme une suite de chambres avec des portes, on est pass&eacute; ailleurs<a href="#nbp_13" name="lien_nbp_13">13</a>. &raquo; Le masque est un artifice &ndash; un moyen de passer ailleurs. C&rsquo;est un facilitateur, un acc&eacute;l&eacute;rateur pour aller vers une transposition du r&eacute;el, laquelle est un traitement plastique du r&eacute;el. Quand la transposition est r&eacute;ussie, le spectateur peut alors valider comme r&eacute;elle l&rsquo;exp&eacute;rience qu&rsquo;il est en train de vivre. Pour <em>L&rsquo;&Eacute;trange cas du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde</em>, l&rsquo;univers de la bande dessin&eacute;e apportait un imaginaire assez codifi&eacute;. Toutefois, pour permettre la transposition, Lo&iuml;c Nebreda a cherch&eacute; &agrave; r&eacute;aliser des demi-masques qui ne bloqueraient pas les personnages dans ce qu&rsquo;ils &eacute;taient, en cherchant une synth&egrave;se artifice/v&eacute;rit&eacute;. Pour le personnage de la m&egrave;re du Dr. Jekyll par exemple, il a combin&eacute; des effets de r&eacute;el avec une touche graphique. D&rsquo;ailleurs, il explique souvent qu&rsquo;il essaie toujours de r&eacute;duire au maximum les effets des masques. Il cherche &agrave; ne conserver que ce qui sera indispensable pour que le personnage puisse appara&icirc;tre. Parfois, le masque peut para&icirc;tre surcharg&eacute;, alors qu&rsquo;en fait, il a &eacute;t&eacute; travaill&eacute; dans un esprit de r&eacute;duction. Tout d&eacute;pend ensuite de la mise en sc&egrave;ne et du travail des acteurs.</p> <p>&nbsp;</p> <h3><em><strong>Lo&iuml;c Nebreda, entre &laquo; le visible et l&rsquo;invisible </strong></em><strong><a href="#nbp_14" name="lien_nbp_14">14</a></strong><em><strong>&raquo;</strong></em></h3> <p>M&ecirc;me si &agrave; l&rsquo;origine de ces quatre masques, il y a une commande, ils restent le fruit d&rsquo;un travail de cr&eacute;ation, qui n&rsquo;est jamais r&eacute;ductible &agrave; une mise en &eacute;quation entre la commande et le r&eacute;sultat. La ma&icirc;trise des techniques de fabrication, par Lo&iuml;c Nebreda, est importante, mais demeure secondaire : elle sert principalement &agrave; faciliter la cr&eacute;ation. Laquelle se nourrit du myst&egrave;re du visage, dans ce qu&rsquo;il a de visible et d&rsquo;invisible, dans ce qu&rsquo;il a de lisible et de cach&eacute; &ndash; dans sa nudit&eacute; et sa duplicit&eacute;.</p> <p><q>Que nous dit le visage de la personne ? &Agrave;&nbsp;la fois beaucoup, et en m&ecirc;me temps on sait bien que c&rsquo;est p&eacute;rilleux de trop se fier &agrave; un ressenti, ou de vouloir &eacute;tablir des cat&eacute;gories. Il est plut&ocirc;t question de visible et d&rsquo;invisible, d&rsquo;un &eacute;quilibre d&rsquo;impressions et de traces, d&rsquo;une dimension humaine mouvante, fugace, parfois trompeuse. C&rsquo;est ce que je cherche &agrave; capter&hellip; M&ecirc;me pour des masques &agrave; forte charge comique ou humoristique, le masque ne doit pas r&eacute;duire le personnage &agrave; un clich&eacute;, &agrave; un code. &Agrave;&nbsp;chaque &eacute;tape du travail, je vise une proposition po&eacute;tique &eacute;pur&eacute;e, vivante, qui r&eacute;sonne aujourd&rsquo;hui, et en m&ecirc;me temps ouverte, en suspension. Le dialogue futur du masque et de l&rsquo;acteur devra permettre au spectateur de projeter ses propres images, &ecirc;tre un support capable de d&eacute;clencher l&rsquo;imagination. De mani&egrave;re &agrave; favoriser ce processus, je me suis peu &agrave; peu int&eacute;ress&eacute; &agrave; la t&ecirc;te enti&egrave;re, aux chevelures et je continue de chercher des solutions techniques qui m&ecirc;lent mati&egrave;res brutes (tissus, fibres v&eacute;g&eacute;tales, carton) et composites (silicones et r&eacute;sines)<a href="#nbp_15" name="lien_nbp_15">15</a>.&nbsp;</q></p> <p><br /> L&rsquo;id&eacute;e n&rsquo;est jamais de reproduire ou de cat&eacute;goriser des visages ou d&rsquo;&eacute;tablir des typologies. Il n&rsquo;y a pas non plus de psychologie avec les masques. Ce sont des formes plastiques, comme des coquilles vides. Ce qui ouvre les usages d&rsquo;un masque, c&rsquo;est la fixit&eacute; de sa forme &ndash; une fixit&eacute;, toutefois, qui est en suspension. C&rsquo;est ainsi que le masque de la vieille femme russe (illustration 4) peut faire preuve d&rsquo;un caract&egrave;re acari&acirc;tre, &eacute;teint, soucieux, triste, r&eacute;sign&eacute;, amus&eacute;, d&eacute;tach&eacute;, indiff&eacute;rent&hellip; selon ce que va en faire la com&eacute;dienne sur sc&egrave;ne.<br /> Il s&rsquo;agit de cr&eacute;er, &agrave; t&acirc;tons, avec une part intuitive, des supports &eacute;vocateurs, comme dans une s&eacute;ance d&rsquo;improvisation. Les &eacute;changes pr&eacute;paratoires avec les metteurs en sc&egrave;ne sont ainsi absorb&eacute;s par le propre imaginaire de Lo&iuml;c Nebreda, lequel s&rsquo;enrichit en permanence par son observation personnelle des visages. Lorsqu&rsquo;il est face au travail, dans la recherche plastique, dans la fabrication-m&ecirc;me, il se sent comme un acteur en plateau, dans la m&ecirc;me fa&ccedil;on de chercher sur sc&egrave;ne. Il y a d&rsquo;abord une premi&egrave;re impression, puis une reprise de cette impression, comme un encha&icirc;nement de portes, pour passer ailleurs, pour reprendre Val&eacute;rie Dreville. &Agrave;&nbsp;un moment donn&eacute;, donc, le masque appara&icirc;t vraiment. C&rsquo;est ainsi que lorsque Lo&iuml;c Nebreda commence la fabrication, il a une id&eacute;e, certes, qui n&rsquo;est pas encore mat&eacute;rialis&eacute;e, mais qui est plut&ocirc;t pr&eacute;cise : une visualisation claire de ce qu&rsquo;il veut obtenir. Le masque est d&eacute;j&agrave; l&agrave;.</p> <p>&nbsp;</p> <h2><strong>Conclusion</strong></h2> <p>Lo&iuml;c Nebreda a &eacute;t&eacute; form&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;cole Lecoq. Il a lui-m&ecirc;me jou&eacute; avec des masques. Il conna&icirc;t le travail de transposition. Il peut se projeter dans le travail du metteur en sc&egrave;ne. Lors des <em>workshops </em>qu&rsquo;il anime, il m&eacute;nage toujours des moments de jeu avec les stagiaires, afin que ces derniers puissent exp&eacute;rimenter les masques qu&rsquo;ils fabriquent. Il y a cette analogie avec les instruments de musique : est-il possible de fabriquer un instrument sans savoir jouer de la musique ? Sans avoir une id&eacute;e de l&rsquo;usage de l&rsquo;objet fabriqu&eacute; ?<br /> Autrement dit, ce qui est &eacute;labor&eacute; dans l&rsquo;atelier du facteur de masques (sur la base d&rsquo;un travail pr&eacute;alable avec un metteur en sc&egrave;ne, voire avec toute une &eacute;quipe de cr&eacute;ation) anticipe la fiction qui va se d&eacute;ployer ensuite dans le triangle masque/acteur/spectateur, lors des repr&eacute;sentations. Une observation de la vie / du r&eacute;el est &agrave; la source de la cr&eacute;ation et, &agrave; l&rsquo;autre bout du processus, les images d&eacute;clench&eacute;es dans l&rsquo;imaginaire du spectateur ont &eacute;galement la vie / le r&eacute;el comme support. Le masque sert de relais, forme comme un pont entre les deux.&nbsp;Pour l&rsquo;acteur masqu&eacute;, comme pour l&rsquo;interpr&egrave;te d&rsquo;instrument de musique d&rsquo;ailleurs, il y a un retrait (apparent) similaire derri&egrave;re l&rsquo;objet (masque ou instrument), et comme par un effet de boomerang, c&rsquo;est dans ce retrait que l&rsquo;interpr&egrave;te se r&eacute;v&egrave;le.</p> <p style="text-align: right;"><br /> Caroline Bach, en collaboration avec Lo&iuml;c Nebreda (novembre 2023)</p> <hr /> <p><strong>Annexes</strong></p> <p><br /> Quelques photographies pour illustrer les diff&eacute;rentes &eacute;tapes de fabrication.</p> <p><img height="755" src="https://www.numerev.com/img/ck_3046_31_image4.png" width="567" /></p> <p>Modelage en terre de Mme Jekyll, spectacle <em>L&rsquo;&Eacute;trange cas du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde</em> &copy; Lo&iuml;c Nebreda</p> <p><img height="515" src="https://www.numerev.com/img/ck_3046_31_image5.png" width="632" /></p> <p>Thermoplastique brut, spectacle <em>Les D&eacute;mons </em>&copy; Lo&iuml;c Nebreda</p> <p><img height="543" src="https://www.numerev.com/img/ck_3046_31_image6.png" width="724" /></p> <p>Peintures, spectacle <em>L&rsquo;&Eacute;trange cas du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde </em>&copy; Lo&iuml;c Nebreda</p> <p><img height="409" src="https://www.numerev.com/img/ck_3046_31_image7.png" width="727" /></p> <p><br /> Finitions, peinture, Mme Jekyll, spectacle <em>L&rsquo;&Eacute;trange cas du Dr. Jekyll et de Mr. Hyde</em> &copy; Lo&iuml;c Nebreda</p> <p><img src="https://www.numerev.com/img/ck_3046_31_image8.png" style="width: 600px; height: 281px;" /><br /> Derni&egrave;res retouches en loge, spectacle <em>Les D&eacute;mons</em> &copy; Lo&iuml;c Nebreda</p> <p>&nbsp;</p> <hr /> <p><strong>Notes et r&eacute;f&eacute;rences&nbsp;</strong></p> <p><br /> <strong>Bibliographie</strong></p> <p>&laquo; Les Enjeux du masque sur la sc&egrave;ne contemporaine &raquo;, <em>Alternatives th&eacute;&acirc;trales</em>, n&deg;140, mars 2020.</p> <p>Freixe Guy,&nbsp;&laquo; P&eacute;dagogie du jeu masqu&eacute; : transformer le geste ordinaire en po&egrave;me sc&eacute;nique &raquo;, <a href="https://www.erudit.org/fr/revues/annuaire/2018-n63-64-annuaire05147/1067746ar/">https://www.erudit.org/fr/revues/annuaire/2018-n63-64-annuaire05147/1067746ar/</a> [en ligne], consult&eacute; le 13 septembre 2023.</p> <p><em><strong>&Eacute;missions / Documentaires</strong></em></p> <p><em>Une &icirc;le</em>, texte et mise en sc&egrave;ne de Fran&ccedil;ois Cervantes,&nbsp;Didier Monturat (sculpture des masques),&nbsp;Compagnie L&rsquo;Entreprise, <a href="https://www.dailymotion.com/video/xcaklb">https://www.dailymotion.com/video/xcaklb</a>.</p> <p>&laquo; Val&eacute;rie Dreville : la m&eacute;tamorphose du com&eacute;dien. &raquo;, <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/une-saison-au-theatre/valerie-dreville-la-metamorphose-du-comedien-1011815">https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/une-saison-au-theatre/valerie-dreville-la-metamorphose-du-comedien-1011815</a> [en ligne], consult&eacute; le 10 septembre 2023.</p> <p>&nbsp;</p> <hr /> <p><a href="#lien_nbp_1" name="nbp_1">1 </a>&nbsp;Form&eacute; &agrave; la cr&eacute;ation th&eacute;&acirc;trale &agrave; l&rsquo;&eacute;cole Jacques Lecoq &agrave; Paris et bri&egrave;vement aupr&egrave;s de Donato Sartori &agrave; Padoue, Lo&iuml;c Nebreda s&rsquo;est rapidement orient&eacute; vers la cr&eacute;ation de masques en collaboration avec de nombreux metteurs en sc&egrave;ne : notamment Christophe Laparra, Sylvain Creuzevault, Karl Eberhard, Sandrine Anglade, Lionel Gonzalez, Mikael Serre, Samuel Achache, Jeanne Candel, Lionel Dray, Coraline Cauchi et Leonor Canales. &nbsp;Ces rencontres l&rsquo;ont amen&eacute; &agrave; poursuivre une recherche qui s&rsquo;est rapidement &eacute;loign&eacute;e de la commedia dell&rsquo;arte, alliant utilisation de mat&eacute;riaux composites et naturels. Autodidacte, Lo&iuml;c Nebreda exerce depuis 2000 : il a re&ccedil;u en 2009 le prix &laquo; Pour l&rsquo;Intelligence de la Main/Talents d&rsquo;Exception &raquo; de la fondation Bettencourt-Schueller. https://Lo&iuml;cnebreda.com.</p> <p><a href="#lien_nbp_2" name="nbp_2">2 </a>&nbsp;Cette appellation a &eacute;t&eacute; choisie par Lo&iuml;c Nebreda lui-m&ecirc;me pour regrouper un ensemble de masques s&rsquo;appuyant sur un effet de r&eacute;el.</p> <p><a href="#lien_nbp_3" name="nbp_3">3</a> Avant le thermoplastique, Lo&iuml;c Nebreda a d&rsquo;abord beaucoup utilis&eacute; le silicone, recherchant un rendu tr&egrave;s r&eacute;aliste avec l&rsquo;implantation poil par poil, par exemple : il voulait vraiment, alors, &agrave; imiter la r&eacute;alit&eacute;. Il a abandonn&eacute; le silicone pour plusieurs raisons : la toxicit&eacute; de certaines &eacute;tapes, le temps de travail et le budget qu&rsquo;il n&eacute;cessitait. De surcro&icirc;t, il trouve qu&rsquo;un travail de peinture avec du trompe l&rsquo;&oelig;il &ndash; un style de peinture plus l&acirc;ch&eacute;, avec moins de r&eacute;alisme minutieux &ndash; donne une meilleure illusion de vie sur sc&egrave;ne. Enfin, la manipulation des feuilles de thermoplastique est plus rapide. &nbsp;</p> <p><a href="#lien_nbp_4" name="nbp_4">4</a> Cette appellation a &eacute;t&eacute; choisie par Lo&iuml;c Nebreda pour regrouper des masques qui incarnent des personnages pr&eacute;cis.</p> <p><a href="#lien_nbp_5" name="nbp_5">5</a>&nbsp;Voir <a href="https://www.theatre-nomade.fr/diaporama-c1ndq">https://www.theatre-nomade.fr/diaporama-c1ndq</a>,&nbsp;consult&eacute; le 18 octobre 2023.</p> <p><a href="#lien_nbp_6" name="nbp_6">6</a> Cette marque rouge au coin du front fait r&eacute;f&eacute;rence &agrave; l&rsquo;origine d&eacute;moniaque d&rsquo;Arlequin et aux cornes qui auraient &eacute;t&eacute; coup&eacute;es.</p> <p><a href="#lien_nbp_7" name="nbp_7">7</a>&nbsp;Voir <a href="https://annibal.annibal-lacave.com/les-spectacles/letrange-cas-du-dr-jekyll-et-de-mr-hyde/">https://annibal.annibal-lacave.com/les-spectacles/letrange-cas-du-dr-jekyll-et-de-mr-hyde/</a>, consult&eacute; le 17 octobre 2023. Le dossier &agrave; t&eacute;l&eacute;charger sur le site est tr&egrave;s fourni.</p> <p><a href="#lien_nbp_8" name="nbp_8">8</a>&nbsp;Voir <a href="https://drive.google.com/file/d/19Vj_u7iBdYq6bjKbIiM47NXzIHsP_UfE/view">https://drive.google.com/file/d/19Vj_u7iBdYq6bjKbIiM47NXzIHsP_UfE/view</a>, p. 3.</p> <p><a href="#lien_nbp_9" name="nbp_9">9</a>&nbsp;Toute la pr&eacute;paration du spectacle s&rsquo;est faite pendant le premier confinement, en 2020.</p> <p><a href="#lien_nbp_10" name="nbp_10">10 </a>&nbsp;Il y a la possibilit&eacute; de faire de petits ajustements en r&eacute;chauffant certaines parties, mais ils sont limit&eacute;s.</p> <p><a href="#lien_nbp_11" name="nbp_11">11 </a>&nbsp;Il existe d&rsquo;autres techniques de coloration, comme l&rsquo;aplat par exemple.</p> <p><a href="#lien_nbp_12" name="nbp_12">12 </a>&nbsp;&laquo; Masquer le visage pour plonger dans l&rsquo;inconnu. &raquo;, entretien avec Josef Nadj, <em>in</em> &laquo; Les Enjeux du masque sur la sc&egrave;ne contemporaine &raquo;, <em>Alternatives th&eacute;&acirc;trales</em>, n&deg;140, mars 2020, p. 51.</p> <p><a href="#lien_nbp_13" name="nbp_13">13</a>&nbsp;&laquo; Val&eacute;rie Dr&eacute;ville : la m&eacute;tamorphose du com&eacute;dien &raquo;, entretien avec Jo&euml;lle Gayot, France Culture, 2018,&nbsp;<a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/une-saison-au-theatre/valerie-dreville-la-metamorphose-du-comedien-1011815">https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/une-saison-au-theatre/valerie-dreville-la-metamorphose-du-comedien-1011815</a>, consult&eacute; le 15 septembre 2023.</p> <p><a href="#lien_nbp_14" name="nbp_14">14 </a>&nbsp;Voir <a href="https://loicnebreda.com/fr/le-visible-et-linvisible/">https://loicnebreda.com/fr/le-visible-et-linvisible/</a>, consult&eacute; le 15 septembre 2023.</p> <p><a href="#lien_nbp_15" name="nbp_15">15 </a><i>&nbsp;Ibid</i>.</p> <p>&nbsp;</p> <hr /> <h2><b>&Agrave; propos de l&rsquo;autrice</b></h2> <p><a href="https://carolinebach.fr">https://carolinebach.fr</a><br /> Caroline Bach est dipl&ocirc;m&eacute;e de l&rsquo;E.N.S.P. (Arles) et docteure en histoire de l&rsquo;art (qualification MCF, section 18). Elle est membre associ&eacute;e du LIFAM (Laboratoire Innovation Formes Architectures Milieux), &agrave; l&rsquo;ENSA de Montpellier. &laquo; C&eacute;dric Martigny, la photographie au travail &raquo; est son dernier texte paru pour le num&eacute;ro 13 de la Revue ITTI (Images du travail, travail des images) en 2022 et qui avait comme th&eacute;matique suivante : &laquo; L&rsquo;apparence au travail au prisme des images. &raquo; Par ailleurs, depuis plusieurs ann&eacute;es, elle poursuit un travail artistique qui porte sur la fa&ccedil;on dont le travail fa&ccedil;onne le territoire et nos vies (https://carolinebach.fr). Givors au confluent du Gier et du Rh&ocirc;ne, avec un texte de Gilles Verneret &laquo; &Agrave;&nbsp;quoi r&ecirc;ve Givors aujourd&rsquo;hui &raquo; (&eacute;ditions La Cabane, 2022), pr&eacute;sente la s&eacute;rie qui sera montr&eacute;e au Bleu du Ciel (Lyon) en octobre 2023. L&rsquo;ouvrage Dites-nous comment survivre &agrave; notre condition, sur la s&eacute;rie &eacute;ponyme, est sorti aux &eacute;ditions LOCO (2015) avec un texte de Dominique Baqu&eacute; &laquo; T&eacute;moigner des luttes ouvri&egrave;res &raquo;.</p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>En collaboration avec Lo&iuml;c Nebreda</strong></p> <p><a href="https://loicnebreda.com/fr/">https://loicnebreda.com/fr/</a><br /> Form&eacute; &agrave; la cr&eacute;ation th&eacute;&acirc;trale &agrave; l&rsquo;&eacute;cole Jacques Lecoq &agrave; Paris et bri&egrave;vement aupr&egrave;s de Donato Sartori &agrave; Padoue, Lo&iuml;c Nebreda s&rsquo;est rapidement orient&eacute; vers la cr&eacute;ation de masques en collaboration avec de nombreux metteurs en sc&egrave;ne : notamment Christophe Laparra, Sylvain Creuzevault, Karl Eberhard, Sandrine Anglade, Lionel Gonzalez, Mikael Serre, Samuel Achache, Jeanne Candel, Lionel Dray, Coraline Cauchi, Leonor Canales. Ces rencontres l&rsquo;ont amen&eacute; &agrave; poursuivre une recherche qui s&rsquo;est rapidement &eacute;loign&eacute;e de la commedia dell&rsquo;arte, alliant utilisation de mat&eacute;riaux composite et naturels. Autodidacte, il a re&ccedil;u en 2009 le prix &laquo; Pour l&rsquo;Intelligence de la Main/Talents d&rsquo;Exception &raquo; de la fondation Bettencourt-Schueller.</p>