<p>L&rsquo;&oelig;uvre dramatique d&rsquo;Edmond Rostand se pr&eacute;sente comme un point de rencontre privil&eacute;gi&eacute; entre deux notions &eacute;minemment th&eacute;&acirc;trales : l&rsquo;identit&eacute; et le masque. Le cach&eacute; et le montr&eacute;, l&rsquo;&ecirc;tre et le para&icirc;tre, l&rsquo;incarnation et la repr&eacute;sentation, sous-tendent ensemble les dynamiques des pi&egrave;ces rostandiennes. D&rsquo;une part, la r&eacute;currence des intrigues reposant sur des qu&ecirc;tes identitaires fait de celles-ci un syst&egrave;me dramaturgique &agrave; part enti&egrave;re. Les personnages rostandiens aspirent en effet &agrave; se r&eacute;v&eacute;ler &agrave; eux-m&ecirc;mes et aux autres. D&rsquo;autre part, le th&eacute;&acirc;tre lui-m&ecirc;me offre le moyen n&eacute;cessaire &agrave; la mise en &oelig;uvre de ces qu&ecirc;tes par le biais des jeux de masquage et de leur in&eacute;vitable cons&eacute;quence, les d&eacute;masquements. Si <em>a priori</em> l&rsquo;acte de masquage peut sembler paradoxal ici, puisque r&eacute;v&eacute;ler et cacher sont en soi antinomiques, le d&eacute;masquement qui en d&eacute;coule est pourtant la condition <em>sine qua non</em> de la d&eacute;couverte de soi pour les personnages. S&rsquo;interroger sur l&rsquo;identit&eacute; et le masque chez Rostand revient donc &agrave; mettre en lumi&egrave;re le m&eacute;canisme de cause &agrave; effets dont ils sont les fondements. En l&rsquo;occurrence, les personnages s&rsquo;av&egrave;rent d&eacute;sireux d&rsquo;incarner un &ecirc;tre id&eacute;alis&eacute;, qui n&rsquo;est en fait qu&rsquo;une projection identitaire, un <em>ethos</em> admirable. Parce qu&rsquo;ils sont faillibles, fondamentalement humains souvent plus qu&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ques, ces personnages portent cet <em>ethos</em> comme un masque. Ils jouent, feintent et se d&eacute;guisent en esp&eacute;rant le rendre r&eacute;el. Mais l&rsquo;id&eacute;al est intrins&egrave;quement inatteignable, et le masque inexorablement provisoire. Aussi, les cr&eacute;atures rostandiennes font-elles finalement face &agrave; elles-m&ecirc;mes, &agrave; leur identit&eacute; profonde, une fois celle-ci r&eacute;v&eacute;l&eacute;e par la chute du masque. Nous concentrerons notre &eacute;tude sur cinq pi&egrave;ces. <em>Cyrano de Bergerac</em>, <em>L&rsquo;Aiglon </em>et <em>Chantecler </em>occupent une place de choix dans l&rsquo;&oelig;uvre rostandienne. Nous les comparerons occasionnellement &agrave; une pi&egrave;ce ant&eacute;rieure - <em>Les Romanesques</em><a href="#nbp1" name="lienbp1">1</a>, cr&eacute;&eacute;e en 1894, car elle contient les pr&eacute;misses des questionnements qui jalonnent en outre <em>Cyrano </em>&ndash; ainsi qu&rsquo;&agrave; <em>La Derni&egrave;re Nuit de Don Juan</em><a href="#nbp2" name="lienbp2">2</a> &ndash; parue &agrave; titre posthume &ndash; car elle fait &eacute;cho &agrave; <em>L&rsquo;Aiglon </em>sur plusieurs points.&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <h2>1. Des identit&eacute;s r&ecirc;v&eacute;es&nbsp;</h2> <p>L&rsquo;<em>ethos</em>, dans la rh&eacute;torique antique, d&eacute;signe l&rsquo;image que le locuteur donne de lui par son discours. Selon Aristote, tel qu&rsquo;il le pr&eacute;sente dans sa <em>Rh&eacute;torique</em>, l&rsquo;<em>ethos </em>s&rsquo;appuie sur le discours, le comportement et les m&oelig;urs de l&rsquo;orateur, pour produire un effet sur le public. Le <em>Littr&eacute; </em>rattache justement la notion &agrave; celle de &laquo; m&oelig;urs &raquo;, ἦ&theta;&omicron;&sigmaf; en grec. Dominique Maingueneau en pr&eacute;cise les aspects :</p> <p><q>La rh&eacute;torique antique entendait par&nbsp;&egrave;th&egrave; les propri&eacute;t&eacute;s que se conf&egrave;rent implicitement les orateurs &agrave; travers leur mani&egrave;re de dire : non pas ce qu&rsquo;ils disent explicitement sur eux-m&ecirc;mes, mais la personnalit&eacute; qu&rsquo;ils montrent &agrave; travers leur fa&ccedil;on de s&rsquo;exprimer. Aristote avait esquiss&eacute; une typologie, distinguant la &laquo; phron&egrave;sis &raquo; (avoir l&rsquo;air pond&eacute;r&eacute;), l&rsquo; &laquo; eunoia &raquo; (donner une image agr&eacute;able de soi), l&rsquo; &laquo; aret&egrave; &raquo; (se pr&eacute;senter comme un homme simple et sinc&egrave;re<a href="#nbp3" name="lienbp3">3</a>).</q></p> <p>C&rsquo;est pourquoi, dans le cadre du th&eacute;&acirc;tre rostandien, nous appellerons donc &laquo; <em>ethos </em>&raquo; l&rsquo;image valorisante que les personnages veulent donner d&rsquo;eux-m&ecirc;mes ou l&rsquo;image qu&rsquo;autrui leur attribue. Il s&rsquo;agit d&egrave;s lors d&rsquo;une projection identitaire, d&rsquo;une identit&eacute; qui est r&ecirc;v&eacute;e et qui r&eacute;pond au &laquo; paradoxe d&rsquo;un sujet parlant dont nous ne savons rien au d&eacute;part que son propre discours &raquo; combin&eacute; &agrave; la &laquo; distance entre ce discours et ce que le spectateur apprend par d&rsquo;autres bouches &raquo; de sorte &agrave; g&eacute;n&eacute;rer une &laquo; situation d&rsquo;&eacute;tranget&eacute; qui met en p&eacute;ril le principe de l&rsquo;identit&eacute;<a href="#nbp4" name="lienbp4">4</a> &nbsp;&raquo;. Or, dans le premier tome de <em>Lire le th&eacute;&acirc;tre</em><a href="#nbp5" name="lienbp5">5</a>, Anne Ubersfled indique que les diff&eacute;rents outils de caract&eacute;risation des personnages dramatiques sont pr&eacute;cis&eacute;ment leur individualit&eacute;, leurs discours, les r&eacute;f&eacute;rents historico-sociaux qu&rsquo;ils incarnent et leurs fonctions oxymorique et m&eacute;tonymique. C&rsquo;est &agrave; tout cela que se rattache finalement l&rsquo;<em>ethos</em> des cr&eacute;atures rostandiennes.</p> <p><br /> &Agrave; ce titre, le cas de Cyrano est &eacute;loquent. L&rsquo;image qu&rsquo;il vise &agrave; renvoyer est celle d&rsquo;un po&egrave;te bretteur, politiquement ind&eacute;pendant, philosophiquement libre et sentimentalement romanesque. Les valeurs que le Gascon revendique face au f&acirc;cheux et &agrave; Valvert au premier acte, et qui r&eacute;sonnent &agrave; l&rsquo;acte suivant face &agrave; De Guiche puis dans la tirade des &laquo; Non, merci &raquo;, attestent du fait qu&rsquo;il refuse toute contrainte qu&rsquo;il ne s&rsquo;impose &agrave; lui-m&ecirc;me : &laquo; Moi, c&rsquo;est moralement que j&rsquo;ai mes &eacute;l&eacute;gances. [&hellip;] / Je fais, en traversant les groupes et les ronds, / Sonner les v&eacute;rit&eacute;s comme des &eacute;perons<a href="#nbp6" name="lienbp6">6</a>. &raquo; De m&ecirc;me, au quatri&egrave;me acte, Cyrano fait part aux cadets affam&eacute;s de ses fantasmes identitaires :&nbsp;</p> <p><q>Oui, la pointe, le mot ! / Et je voudrais mourir, un soir, sous un ciel rose, / En faisant un bon mot, pour une belle cause ! / - Oh ! frapp&eacute; par la seule arme noble qui soit, / Et par un ennemi qu&rsquo;on sait digne de soi, / Sur un gazon de gloire et loin d&rsquo;un lit de fi&egrave;vres, / Tomber la pointe au c&oelig;ur en m&ecirc;me temps qu&rsquo;aux l&egrave;vres<a href="#nbp7" name="lienbp7">7</a> !</q></p> <p>Or, le dernier acte confirme bien qu&rsquo;il ne s&rsquo;agit que d&rsquo;une projection. La r&eacute;alit&eacute; est toute autre, et Cyrano le constate avec regret : &laquo; &quot;D&rsquo;un coup d&rsquo;&eacute;p&eacute;e, / Frapp&eacute; par un h&eacute;ros, tomber la pointe au c&oelig;ur !&quot;&hellip; / - Oui, je disais cela !... Le destin est railleur !... / Et voil&agrave; que je suis tu&eacute; dans une emb&ucirc;che, / Par-derri&egrave;re, par un laquais, d&rsquo;un coup de b&ucirc;che<a href="#nbp8" name="lienbp8">8</a>. &raquo; En effet, l&rsquo;<em>ethos</em>, par essence, n&rsquo;est qu&rsquo;une image. Et le principal obstacle qui fragilise les contours de celle de Cyrano est ce nez &laquo; qui d&rsquo;un quart d&rsquo;heure en tous lieux [le] pr&eacute;c&egrave;de<a href="#nbp9" name="lienbp9">9</a>. &raquo; Jean-Baptiste Manuel, dans son ouvrage sur Rostand, explique ainsi que &laquo; Le nez, c&rsquo;est l&rsquo;obstacle, le masque qui emp&ecirc;che d&rsquo;&ecirc;tre reconnu pour ce que l&rsquo;on est. Le nez, c&rsquo;est la peur panique de n&rsquo;&ecirc;tre pas institu&eacute; en tant qu&rsquo;individu<a href="#npb10" name="lienbp10">10</a>. &raquo; De la m&ecirc;me fa&ccedil;on, Pierre Citti, dans sa pr&eacute;face de l&rsquo;&eacute;dition de poche de la pi&egrave;ce, souligne que &laquo; toute chair est un masque pour l&rsquo;&acirc;me, et comme le nez de Pinocchio, plus il d&eacute;figure et plus il la r&eacute;v&egrave;le &ndash; ici en la contraignant au sublime<a href="#npb11" name="lienbp11">11</a>. &raquo; D&egrave;s lors, pour couvrir son nez, cette faille, ce masque involontaire derri&egrave;re lequel Cyrano ne se reconna&icirc;t pas, le Gascon doit rev&ecirc;tir d&rsquo;autres masques, volontaires cette fois car davantage conformes &agrave; ses id&eacute;aux. Mais le Gascon n&rsquo;est pas un cas isol&eacute; dans l&rsquo;&oelig;uvre rostandienne. Effectivement, Chantecler se trouve lui aussi en proie &agrave; une tension interne entre son identit&eacute; et la fa&ccedil;on dont il se r&ecirc;ve. L&rsquo;<em>ethos</em> qu&rsquo;il revendique, d&rsquo;abord pour lui-m&ecirc;me avant de l&rsquo;exposer au grand jour, est celui d&rsquo;une cr&eacute;ature privil&eacute;gi&eacute;e par la nature, dont le don est de faire lever le soleil. Chantecler s&rsquo;id&eacute;alise et se projette en faiseur d&rsquo;aurore. &laquo; La Terre parle en moi comme dans une conque ; / Et je deviens, cessant d&rsquo;&ecirc;tre un oiseau quelconque, / Le porte-voix en quelque sorte officiel / Par quoi le cri du sol s&rsquo;&eacute;chappe vers le ciel<a href="#nbp12" name="lienbp12">12</a> ! &raquo; se raconte-t-il devant la Faisane. Cependant, l&agrave; encore, l&rsquo;<em>ethos</em> est fragilis&eacute; par la r&eacute;alit&eacute;. Chantecler n&rsquo;est <em>qu</em>&rsquo;un coq. Avec ou sans lui, l&rsquo;aube vient inexorablement. Les masques, ici aussi, doivent intervenir pour que la qu&ecirc;te identitaire du personnage puisse aboutir, tout comme pour les protagonistes des <em>Romanesques</em>. En effet, dans toute la premi&egrave;re partie de la pi&egrave;ce, ils se r&ecirc;vent &laquo; parangons d&rsquo;amour aux types &eacute;ternels<a href="#nbp13" name="lienbp13">13</a>. &raquo; &nbsp;L&rsquo;image qu&rsquo;ils projettent d&rsquo;eux-m&ecirc;mes s&rsquo;appuie sur les illustres amants de V&eacute;rone dont l&rsquo;histoire abreuve leurs fantasmes identitaires : &laquo; C&rsquo;est pourquoi Juliette et Rom&eacute;o c&rsquo;est nous, / Et c&rsquo;est pourquoi nous nous aimons comme des fous ! / Et je brave &agrave; la fois, malgr&eacute; leur haine aigu&euml;, / Pasquinot-Capulet, Bergamin-Montaigu&euml;<a href="#nbp14" name="lienbp14">14</a> ! &raquo; Et pourtant, la pi&egrave;ce bascule lorsqu&rsquo;ils r&eacute;alisent que leur amour est des plus communs. Les jeux de masques interviennent l&agrave; encore pour combler l&rsquo;&eacute;cart entre l&rsquo;identit&eacute; r&ecirc;v&eacute;e et la r&eacute;alit&eacute;.</p> <p><br /> Nous retrouvons le m&ecirc;me sch&eacute;ma avec l&rsquo;Aiglon. Le Duc autrichien, blond et p&acirc;le, se r&ecirc;ve digne fils de Napol&eacute;on. D&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, Franz tente de b&acirc;tir son <em>ethos</em>. Il &laquo; cultive tout ce qu&rsquo;il a de fran&ccedil;ais, et le d&eacute;voile au grand jour de mani&egrave;re spectaculaire d&egrave;s qu&rsquo;il prend conscience de son h&eacute;ritage paternel<a href="#nbp15" name="lienbp15">15</a> &raquo; d&eacute;crit Sylvain Ledda dans sa pr&eacute;sentation de la pi&egrave;ce. De nombreuses sc&egrave;nes viennent &eacute;tayer cette id&eacute;e. Citons, en outre, le dialogue avec Prokesch dans lequel Franz confie lire tous les livres se r&eacute;f&eacute;rant &agrave; son p&egrave;re, la le&ccedil;on d&rsquo;histoire donn&eacute;e &agrave; ses deux professeurs, la revendication de son territoire devant son grand-p&egrave;re, la dispute qui suit directement celle-ci ou encore celle avec Marie-Louise au cours desquelles le Duc de Reichstadt fait appel aux aigles d&rsquo;or et au sang corse pour contrer les aigles noirs et le sang autrichien. D&egrave;s lors, l&rsquo;identit&eacute; r&ecirc;v&eacute;e par l&rsquo;Aiglon se confronte &agrave; la r&eacute;alit&eacute;. La blondeur est &agrave; Franz ce que le nez est &agrave; Cyrano : un masque involontaire, qui doit &ecirc;tre &agrave; son tour cach&eacute; sous des masques volontaires pour esp&eacute;rer incarner son ethos, et le transformer, de ce fait, en identit&eacute;.&nbsp;</p> <p><br /> Bien qu&rsquo;il s&rsquo;agisse d&rsquo;une pi&egrave;ce inachev&eacute;e, <em>La Derni&egrave;re Nuit de Don Juan</em> repose sur un principe similaire. Don Juan t&eacute;moigne d&rsquo;une part de la m&ecirc;me volont&eacute; que les autres personnages &eacute;voqu&eacute;s de se fa&ccedil;onner un <em>ethos </em>admirable. Il r&ecirc;ve d&rsquo;&ecirc;tre un mythe, une l&eacute;gende. Il se d&eacute;peint comme &laquo; Le seul h&eacute;ros qu&rsquo;admire au fond l&rsquo;humanit&eacute;<a href="#nbp16" name="lienbp16">16</a> ! &raquo; Ainsi, Madeleine Roussel dans son &eacute;tude de la pi&egrave;ce pr&eacute;cise que :&nbsp;</p> <p><q>Don Juan, non content d&rsquo;appara&icirc;tre comme un h&eacute;ros litt&eacute;raire, <strong>veut<a href="#nbp17" name="lienpb17">17&nbsp;</a></strong>en &ecirc;tre un ; il s&rsquo;applique &agrave; bien jouer son r&ocirc;le et &agrave; donner &agrave; son existence harmonieuse unit&eacute; et ach&egrave;vement esth&eacute;tique [&hellip;]. Le h&eacute;ros veut [&hellip;] aller jusqu&rsquo;au bout de son destin, jusqu&rsquo;&agrave; la damnation spectaculaire qui est, pour le mythe qu&rsquo;il incarne, une apoth&eacute;ose &agrave; rebours<a href="#nbp18" name="lienbp18">18</a>.</q></p> <p>Mais cette image n&rsquo;est qu&rsquo;un vide, plus encore sans doute que celle de Cyrano, Chantecler ou le Duc de Reichstadt, car l&rsquo;identit&eacute; m&ecirc;me de Don Juan est sans fondement. Il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;un simple &eacute;cart entre son &ecirc;tre et son <em>ethos</em> qui l&rsquo;emp&ecirc;cherait d&rsquo;incarner ce qu&rsquo;il souhaite. Don Juan est sa faille, il est son propre obstacle, et ses masques sont aussi vains que lui-m&ecirc;me. &laquo; Tu n&rsquo;as rien vu ! Tu n&rsquo;as rien su ! Tu n&rsquo;as rien eu<a href="#nbp19" name="lienbp19">19</a> ! &raquo; le d&eacute;construit le Diable. &laquo; Je t&rsquo;emporte, dupe, humili&eacute;, modeste<a href="#nbp20" name="lienbp20">20</a>&hellip; &raquo; ajoute-t-il. &laquo; Car tu n&rsquo;es qu&rsquo;une angoisse ! / Une angoisse malgr&eacute; l&rsquo;orgueil que tu cabras<a href="#nbp21" name="lienbp21">21</a> &raquo; conclut l&rsquo;Ombre blanche. Transform&eacute; en marionnette par le Diable, Don Juan se r&eacute;duit &agrave; la mat&eacute;rialisation de son antonomase. Son identit&eacute; se r&eacute;sume &agrave; un masque, ou une poup&eacute;e de guignol, dans la peau de qui n&rsquo;importe quel s&eacute;ducteur peut se glisser.&nbsp;</p> <h2>2. Identit&eacute;s masqu&eacute;es</h2> <p>Par d&eacute;finition, le masque est un objet recouvrant et repr&eacute;sentant parfois tout ou partie du visage, qui est port&eacute; dans diverses occasions de la vie sociale. On le porte, par exemple, pour se d&eacute;guiser ou se dissimuler, pour repr&eacute;senter un r&ocirc;le (comme au th&eacute;&acirc;tre) ou incarner le sacr&eacute; (dans les c&eacute;r&eacute;monies religieuses). Par ailleurs, on peut d&eacute;signer par &laquo; masque &raquo; le visage consid&eacute;r&eacute; du point de vue de sa morphologie ou de son apparence, de son expressivit&eacute; ou de ce qu&#39;il exprime de la personnalit&eacute; de quelqu&#39;un (&eacute;tat physique ou &eacute;motionnel, caract&eacute;ristique d&#39;un personnage, d&#39;un type de personnage ou de personnalit&eacute;). En ce sens, nous rassemblons sous la notion de &laquo; masques &raquo; non seulement des &eacute;l&eacute;ments d&rsquo;ordre pratique qui permettent de se d&eacute;guiser ou de se cacher (travestissements), &nbsp;mais aussi les proc&eacute;d&eacute;s qui ont trait au mensonge et au subterfuge. En somme, le masque permet aux personnages de para&icirc;tre quelqu&rsquo;un d&rsquo;autre ou de devenir quelqu&rsquo;un d&rsquo;autre. Il constitue en ce sens &agrave; la fois la manifestation concr&egrave;te de l&rsquo;<em>ethos</em>, cette identit&eacute; r&ecirc;v&eacute;e, et le meilleur moyen trouv&eacute; par les personnages de s&rsquo;en rapprocher. Ces derniers, &ecirc;tres de papier sans psych&eacute; propre comme nous le rappelle Anne Ubersfeld<a href="#nbp22" name="lienbp22">22</a>, sont cependant construits &agrave; partir de la tension entre les notions d&rsquo;individu, d&rsquo;&acirc;me et de masque. En ce sens, Rostand prend appui sur &nbsp;ses pr&eacute;d&eacute;cesseurs dix-neuvi&egrave;mistes qui jouaient de l&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute; entre personne et personnage, comme le rappelle George Zaragoza dans <em>Le Personnage de th&eacute;&acirc;tre</em><a href="#nbp23" name="lienbp23">23</a>. C&rsquo;est pourquoi les jeux de dupes sont nombreux chez Rostand et sont mis en place &agrave; diff&eacute;rents niveaux.&nbsp;</p> <p><br /> En premier lieu, &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle de l&rsquo;intrigue, les masques prennent la forme de complots. Dans <em>Cyrano de Bergerac</em>, par exemple, ces complots sont d&rsquo;ordre amoureux.&nbsp;</p> <p>Christian et Cyrano, pour s&eacute;duire Roxane lors de la sc&egrave;ne du balcon dans le troisi&egrave;me acte s&rsquo;allient. Le pacte est scell&eacute; &agrave; l&rsquo;acte pr&eacute;c&eacute;dent lorsque les deux jeunes hommes se rencontrent : &laquo; Cyrano : Roxane n&rsquo;aura pas de d&eacute;sillusions ! / Dis, veux-tu qu&rsquo;&agrave; nous deux nous la s&eacute;duisions ? / Veux-tu sentir passer, de mon pourpoint de buffle / Dans ton pourpoint brod&eacute;, l&rsquo;&acirc;me que je t&rsquo;insuffle<a href="#nbp24" name="lienbp24">24</a>!... &raquo; Notons que Cyrano porte de fait le masque de Christian et avec la complicit&eacute; de ce dernier.&nbsp;</p> <p><br /> En parall&egrave;le, dans <em>Les Romanesques</em>, les deux enfants sont de connivence pour duper leurs parents. Ils se retrouvent en cachette sur le mur qui s&eacute;pare leur jardin pour s&rsquo;aimer. Dans un m&ecirc;me temps, les p&egrave;res s&rsquo;allient pour se jouer de leurs enfants et renforcer l&rsquo;amour que Sylvette et Percinet se portent. Ils se masquent tels deux vieux ennemis. Ce complot est explicit&eacute; par cet &eacute;change :&nbsp;</p> <p><q>Bergamin : Brusquons le d&eacute;no&ucirc;ment / Se frottant les mains / Ha ! ha ! tous les deux veufs, et p&egrave;res m&ecirc;mement, / Moi, d&rsquo;un fils qu&rsquo;une m&egrave;re un peu trop romanesque / Appela Percinet&hellip; / Pasquinot : Oui, c&rsquo;est un nom grotesque. / Bergamin : Toi, d&rsquo;un tendron r&ecirc;veur, Sylvette, &acirc;me d&rsquo;azur ! / Quel &eacute;tait notre but, le seul ? / Pasquinot : &Ocirc;ter ce mur. / Bergamin : Pour vivre ensemble&hellip; / Pasquinot : Et fondre en une nos deux terres<a href="#npb25" name="lienbp25">25</a>.</q></p> <p>Outre les enjeux amoureux, on rel&egrave;ve des jeux de masques davantage politis&eacute;s dans <em>L&rsquo;Aiglon </em>et <em>Chantecler</em>. Dans la premi&egrave;re pi&egrave;ce, Metternich tire les ficelles. &laquo; Ah ! mais c&rsquo;est qu&rsquo;il me sert &agrave; diriger la France, / Mon petit colonel ! Car de sa bo&icirc;te &ndash; cric ! - / Je le sors aussit&ocirc;t qu&rsquo;oubliant Metternich, / On penche &agrave; gauche, et &ndash; crac ! &ndash; d&egrave;s qu&rsquo;on revient &agrave; droite, / Je rentre mon petit colonel dans sa bo&icirc;te<a href="#npb26" name="lienbp26">26</a> &raquo; explique-t-il &agrave; Gentz au premier acte. Cependant, les Bonapartistes r&eacute;torquent au quatri&egrave;me acte. Metternich l&rsquo;apprend par Sedlinsky : &laquo; Metternich <em>&agrave; Sedlinsky</em> : Un complot, dites-vous ? / Sedlinsky : Pour le Duc, dans ce bal<a href="#nbp27" name="lienbp27">27</a>. &raquo; C&rsquo;est ainsi que Franz se retrouve exfiltr&eacute; du bal pour se rendre &agrave; Wagram, premi&egrave;re &eacute;tape de son p&eacute;riple pour regagner la France. Pour finir, dans la derni&egrave;re pi&egrave;ce jou&eacute;e de Rostand, le Merle d&eacute;nonce les masques des Nocturnes qui orchestrent un complot contre Chantecler : &laquo; Ils veulent &ndash; l&rsquo;&eacute;clairage &eacute;tant trop fort pour eux - / Faire couper&hellip; / Chantecler : Quoi donc ? / Le Merle : Le compteur ! / Chantecler : Le ?... / Le Merle : Ta gorge<a href="#nbp28" name="lienbp28">28</a> ! &raquo; Mais certains oiseaux dans l&rsquo;entourage m&ecirc;me de Chantecler rev&ecirc;tent le masques du complot comme le montre le double jeu du Dindon :&nbsp;</p> <p><q>Le Chat : Et m&ecirc;me il y a, noirs veilleurs taciturnes, / Quelques oiseaux du jour qui sont pour les Nocturnes ! / Le Dindon, <strong>s&rsquo;avan&ccedil;ant au milieu d&rsquo;un groupe furtif qui feignait seulement de dormir dans la basse-cour</strong> : C&rsquo;est ce soir, chers yeux ronds ? Vous irez ? / Les Chats-Huants : Nous irons<a href="#nbp29" name="lienbp29">29</a> !</q></p> <p>En l&rsquo;occurrence, la conjuration se concr&eacute;tise par l&rsquo;intervention, lors de la r&eacute;ception chez la Pintade, d&rsquo;un Pile-Blanc, coq de combat, qui dissimule derri&egrave;re ses pattes des lames cens&eacute;es vaincre Chantecler. De ce fait, le masque du complot s&rsquo;accompagne de jeux de costumes et de d&eacute;guisements. Dans son <em>Esth&eacute;tique de l&rsquo;identit&eacute; dans le th&eacute;&acirc;tre fran&ccedil;ais</em>, Georges Forestier t&eacute;moigne de ces corr&eacute;lations :</p> <p><q>Doter une personnage d&rsquo;un d&eacute;guisement conscient, c&rsquo;est, en effet, soit lui faire simplement <strong>affirmer </strong>qu&rsquo;il est un autre (simple dissimulation d&rsquo;identit&eacute;) ; soit le faire <strong>para&icirc;tre </strong>physiquement d&eacute;guis&eacute; (d&eacute;guisement magique, costume, barbe) ; soit enfin lui faire <strong>montrer </strong>qu&rsquo;il est d&eacute;guis&eacute; en lui faisant cacher son visage (masque, voile, ou casque<a href="#nbp30" name="lienbp30">30</a>).</q></p> <p>Les identit&eacute;s se dissimulent et se brouillent donc aussi mat&eacute;riellement. En outre, dans <em>La Derni&egrave;re Nuit de Don Juan</em>, le Diable, d&rsquo;une part, est costum&eacute; en montreur de marionnettes pour app&acirc;ter le s&eacute;ducteur, tandis que, d&rsquo;autre part, il s&rsquo;appuie sur les mille-et-trois ombres masqu&eacute;es pour venir &agrave; bout de Don Juan. Dans <em>L&rsquo;Aiglon</em>, les Bonapartistes profitent du bal costum&eacute; organis&eacute; par Metternich pour mettre leur plan &agrave; ex&eacute;cution. Ainsi, la Comtesse Camerata se retrouve d&eacute;guis&eacute;e en Duc de Reichstadt pendant que ce dernier se dissimule sous le manteau de Gentz. &laquo; Elle [la Comtesse] a sous son manteau ton habit blanc [&hellip;] / Elle te ressemblait, d&eacute;j&agrave;, de silhouette, / Mais depuis qu&rsquo;elle a teint en blond ses cheveux noirs, / Prince, elle te ressemble &agrave; tromper les miroirs<a href="#nbp31" name="lienbp31">31</a>! &raquo; explique Fanny &agrave; Franz. Et d&rsquo;ajouter : &laquo; Donc, pendant qu&rsquo;on jouera, / <em>Elle montre, &agrave; gauche, la porte du petit th&eacute;&acirc;tre</em> / l&agrave;, <em>Michel et Christine</em>, / Tu changes de manteau, vite, avec ta cousine&hellip; / Le Duc, <em>comprenant </em>: Je me masque<a href="#nbp32" name="lienbp31">32</a>. &raquo; Ces masques sont motiv&eacute;s par deux objectifs parmi ceux &eacute;num&eacute;r&eacute;s dans <em>Esth&eacute;tique de l&rsquo;identit&eacute;</em> de Georges Forestier, &agrave; savoir la &laquo; fuite &raquo; pour le Duc et la &laquo; d&eacute;livrance &raquo; pour les bonapartistes. &nbsp;</p> <p><br /> De leurs c&ocirc;t&eacute;s, les auxiliaires des complots amoureux ne sont pas en reste. Cyrano dissimule sa blessure sous un large feutre au dernier acte, se donnant l&rsquo;occasion ultime de lire la lettre d&rsquo;adieu qu&rsquo;il a &eacute;crite au nom de Christian. Deux actes plus t&ocirc;t, il se cachait d&eacute;j&agrave; sous sa cape et son chapeau sous le balcon de Roxane pour lui faire croire qu&rsquo;il &eacute;tait Christian. Dans les deux cas, cela rejoint les motivations du d&eacute;guisement que sont l&rsquo;&laquo; approche<a href="#nbp33" name="lienbp33">33</a> &raquo; et la &laquo; conqu&ecirc;te &raquo; &eacute;voqu&eacute;es par Georges Forestier. Puis, il r&eacute;it&eacute;rait, cette fois face &agrave; De Guiche &ndash; lui-m&ecirc;me masqu&eacute; d&rsquo;ailleurs &ndash;pour le ralentir et permettre &agrave; Roxane d&rsquo;&eacute;pouser le baron. En parall&egrave;le, le spadassin Straforel, dans <em>Les Romanesques</em>, se change en brigand lors du faux enl&egrave;vement de Sylvette, donnant l&rsquo;occasion aux quatre comploteurs, parents et enfants, d&rsquo;accepter le mariage qu&rsquo;ils d&eacute;sirent tous en secret. &Agrave; nouveau lorsque le mariage est remis en question, Straforel se d&eacute;guise en noble, sous le costume d&rsquo;un ma&ccedil;on, pour faire comprendre &agrave; Sylvette que ses r&ecirc;ves romanesques sont trop loin de son identit&eacute; v&eacute;ritable. &laquo; Vous me prenez pour un ma&ccedil;on ? Exquis ! / C&rsquo;est exquis ! &ndash; Sachez donc que je suis le marquis / D&rsquo;Astafiorquercita, fol esprit, c&oelig;ur malade, / Qui cherche &agrave; pimenter l&rsquo;existence trop fade, / Et voyage, fa&ccedil;on de chevalier errant / Auquel est un r&ecirc;veur, un po&egrave;te, adh&eacute;rent<a href="#nbp34" name="lienbp34">34</a> ! &raquo; s&rsquo;exclame-t-il au dernier acte.&nbsp;</p> <p><br /> Il est donc int&eacute;ressant de constater &agrave; quel point les personnages rostandiens sont des porteurs de masques, et que ceci est directement li&eacute; &agrave; leur qu&ecirc;te identitaire. Tant&ocirc;t, un seul masque suffit pour jouer le myst&egrave;re, comme pour les invit&eacute;s du bal orchestr&eacute; par Metternich ou le Diable chez Don Juan. Tant&ocirc;t, le masque est double car le physique des personnages repr&eacute;sente d&eacute;j&agrave; pour eux un masque, &agrave; masquer donc. &laquo; Le nez de Cyrano, ce complexe au milieu de sa figure appara&icirc;t donc comme un v&eacute;ritable masque qui ne peut &ecirc;tre &ocirc;t&eacute;<a href="#nbp35" name="lienbp35">35</a> &raquo; &eacute;crit Philippe Bulinge dans un article &eacute;tudiant la pi&egrave;ce. &laquo; La s&eacute;duction de Don Juan est un masque qu&rsquo;il faut lui arracher pour atteindre sa r&eacute;alit&eacute; ; elle est une apparence brillante dont les autres &ndash; et le h&eacute;ros lui-m&ecirc;me &ndash; sont victimes<a href="#nbp36" name="lienbp36">36</a> &raquo; analyse encore Madeleine Roussel. &Agrave; son tour le Duc de Reichstadt s&rsquo;&eacute;crie : &laquo; - P&egrave;re, il faut que tu dormes / Tranquille, car j&rsquo;ai tout, - m&ecirc;me tes uniformes ! / Oui, j&rsquo;ai l&rsquo;air de porter un uniforme blanc. / Eh bien ! ce n&rsquo;est pas vrai, c&rsquo;est faux : je fais semblant<a href="#nbp37" name="lienbp37">37</a> !&nbsp;</p> <p><br /> Jeux de masques sur jeux de masques, notons finalement que la superposition ne s&rsquo;arr&ecirc;te pas l&agrave;. Car sur sc&egrave;ne, les com&eacute;diens eux-m&ecirc;mes, pour devenir les personnages rostandiens, doivent se trouver masqu&eacute;s. L&rsquo;incarnation m&ecirc;me de ces identit&eacute;s, donc, induit le masquage. Sans nez, comment distinguer Cyrano d&rsquo;un simple coup d&rsquo;&oelig;il ? &laquo; Car au th&eacute;&acirc;tre, coll&eacute; sur le visage familier de Coquelin, Le Bargy, Jean Piat et Depardieu, ce nez est un masque<a href="#nbp38" name="lienbp38">38</a> &raquo; t&eacute;moigne Pierre Citti. Et les multiples adaptations de la pi&egrave;ce sur sc&egrave;ne comme au cin&eacute;ma ne d&eacute;rogent pas &agrave; la r&egrave;gle<a href="#nbp39" name="lienbp39">39</a>. Citons de fa&ccedil;on tr&egrave;s contemporaine le masque port&eacute; par St&eacute;phane Dauch de la compagnie du Grenier de Babouchka, qui a re&ccedil;u le prix du Festival d&rsquo;Avignon 2014 de la r&eacute;v&eacute;lation masculine dans le r&ocirc;le-titre dans l&rsquo;adaptation de <em>Cyrano </em>par Jean-Philippe Daguerre. Dans ce spectacle jou&eacute; depuis dix ans et install&eacute; au th&eacute;&acirc;tre Ranelagh &agrave; Paris, le masque du protagoniste se situe &agrave; mi-chemin entre le nez postiche et le loup. Ceci renforce donc le caract&egrave;re myst&eacute;rieux et cach&eacute; du personnage, au-del&agrave; de son seul nez particulier.&nbsp;De m&ecirc;me, les versions cin&eacute;matographiques et sc&eacute;niques d&rsquo;<em>Edmond</em>, orchestr&eacute;es par Alexis Michalik, r&eacute;activent le lien entre le r&ocirc;le de Cyrano, l&rsquo;acteur Coquelin et le masque grotesque. En effet, alors qu&rsquo;il pr&eacute;sente au com&eacute;dien la pi&egrave;ce qui n&rsquo;est pas encore &eacute;crite, le personnage de Rostand pose les yeux sur ce masque au long nez accroch&eacute; &agrave; un mur et improvise &agrave; partir de lui le r&ocirc;le cyranien cens&eacute; convaincre Coquelin. Dans un m&ecirc;me ordre d&rsquo;id&eacute;e, le soir de la premi&egrave;re, alors qu&rsquo;il se pr&eacute;pare en loge, le personnage de Coquelin se trouve ridicule avec son nez postiche, et il n&rsquo;ose se rendre sur sc&egrave;ne que gr&acirc;ce aux encouragements du personnage de Maria Legault charg&eacute;e du r&ocirc;le de Roxane.&nbsp; Il en va de m&ecirc;me avec <em>Chantecler </em>car dans cette pi&egrave;ce l&rsquo;ampleur du masquage des com&eacute;diens est encore plus cons&eacute;quente. &laquo; En fait, cette pi&egrave;ce &eacute;tait et reste injouable. C&rsquo;&eacute;tait une gageure th&eacute;&acirc;trale impossible &agrave; soutenir [&hellip;]. &nbsp;Ce titre, on le lira toujours ; on le repr&eacute;sentera rarement<a href="#nbp40" name="lienbp40">40</a> &raquo; constate en ce sens Philippe Bulinge dans sa pr&eacute;sentation de la pi&egrave;ce. La vision sc&eacute;nographique de Rostand, qui aspire &agrave; l&rsquo;incarnation parfaite des oiseaux de basse-cour par des hommes, est d&eacute;mesur&eacute;e. En t&eacute;moignent non seulement ses propres croquis, mais aussi les photographies de l&rsquo;&eacute;poque. Le poids des costumes, les positions des com&eacute;diens &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur des armatures, et la difficult&eacute; &agrave; interpr&eacute;ter leurs textes, cach&eacute;s sous les masques animaliers, sont &eacute;voqu&eacute;s de fa&ccedil;on r&eacute;currente dans les journaux et entrevues. Triple masque donc pour les com&eacute;diens, aspirant &agrave; incarner des personnages rostandiens, qui portent d&eacute;j&agrave; sur eux des masques involontaires, et y ajoutent des masques n&eacute;cessaires &agrave; l&rsquo;expression de leur identit&eacute;. Or, si comme le pense Jean Starobinsky &laquo; Le cach&eacute; est l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;une pr&eacute;sence<a href="#nbp41" name="lienbp41">41</a> &raquo;, le masquage porte fondamentalement en lui l&rsquo;identit&eacute; d&eacute;masqu&eacute;e.</p> <h2>3. Identit&eacute;s r&eacute;v&eacute;l&eacute;es&nbsp;</h2> <p>Nous avons jusqu&rsquo;ici &eacute;tabli que, tout d&rsquo;abord, les personnages rostandiens &eacute;taient en qu&ecirc;te de leur identit&eacute;, et que, d&rsquo;autre part, ils exploitaient de multiples masques. Nous avons d&eacute;fini que la qu&ecirc;te aspirait &agrave; r&eacute;v&eacute;ler l&rsquo;&ecirc;tre qui se cherchait, &agrave; lui-m&ecirc;me et aux autres. &Agrave; l&rsquo;inverse, le masque tend &agrave; cacher celui qui le porte. Cependant, nous pouvons observer que ce paradoxe n&rsquo;est pas un obstacle &agrave; la qu&ecirc;te identitaire, comme on pourrait s&rsquo;y attendre. Le d&eacute;masquement appara&icirc;t comme l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute; du masquage, l&rsquo;identit&eacute; comme l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute; du masque. &laquo; Ainsi, un va-et-vient, un rythme s&rsquo;&eacute;tablit entre la v&eacute;rit&eacute; int&eacute;rieure et l&rsquo;illusion ; le p&ocirc;le de la sinc&eacute;rit&eacute; se d&eacute;place sans cesse, il est tant&ocirc;t &agrave; la surface du masque, tant&ocirc;t cach&eacute; en-dessous<a href="#nbp42" name="lienbp42">42</a>&raquo;, &eacute;nonce Georges Buraud. Ce dernier s&rsquo;interroge encore &agrave; ce sujet. Qu&rsquo;est-ce que le masque, &eacute;crit-il, &laquo; sinon une allusion &agrave; un &ecirc;tre qui se cache et veut appara&icirc;tre sous un aspect de son choix &agrave; la fois mensonger et sinc&egrave;re, mensonger parce que diff&eacute;rent, sinc&egrave;re parce que ce visage nouveau est en m&ecirc;me temps un aveu et une d&eacute;livrance ? &raquo; La v&eacute;ritable question n&rsquo;est donc pas de savoir si, chez Rostand, une identit&eacute; est oui ou non r&eacute;v&eacute;l&eacute;e lors du d&eacute;masquement, si le masque a oui ou non &eacute;t&eacute; efficace au cours de la qu&ecirc;te, mais bel et bien si cette identit&eacute; finalement mise &agrave; nue convient ou non aux personnages qui la d&eacute;couvrent. &nbsp;</p> <p><br /> Parmi les personnages rostandiens, nous pouvons distinguer deux groupes : ceux dont l&rsquo;identit&eacute; r&eacute;v&eacute;l&eacute;e s&rsquo;est rapproch&eacute;e de leur id&eacute;al &ndash; ou bien dont l&rsquo;id&eacute;al s&rsquo;est adapt&eacute; &agrave; la r&eacute;alit&eacute; &ndash; et ceux qui ont purement et simplement &eacute;chou&eacute; &agrave; devenir ce qu&rsquo;ils esp&eacute;raient. Le premier groupe de personnages se trouve donc apte &agrave; s&rsquo;&eacute;lever, tandis que le second en est incapable, bien que les uns comme les autres cherchent &agrave; se caract&eacute;riser tout au long de la pi&egrave;ce.</p> <p><em>Via </em>le masque, les personnages rostandiens aspirent &agrave; se r&eacute;aliser en tant que personnes, car seul le masquage &ndash; qui induit le d&eacute;masquement &ndash; peut conduire &agrave; cette r&eacute;alisation.&nbsp;</p> <p>En l&#39;occurrence, notons que Franz et Don Juan rivalisent dans l&rsquo;&eacute;chec. A contrario, les Romanesques, Cyrano et Chantecler r&eacute;ussissent &agrave; s&rsquo;&eacute;lever. Ce que partagent ces derniers se traduit en un mot : l&rsquo;action. Ils portent en eux un go&ucirc;t de l&rsquo;effort, une motivation suffisante, qui les pousse &agrave; agir, et donc &agrave; se cr&eacute;er. Chantecler se d&eacute;peint ainsi aux couleurs de l&rsquo;action, de la vie et de la gaiet&eacute; : &laquo; Soyons gai d&rsquo;&ecirc;tre Coq ! [&hellip;] Je suis beau. Je suis fier. Je marche. Je m&rsquo;arr&ecirc;te. / J&rsquo;esquisse une gambade ou de brusques &eacute;carts ! [&hellip;] / &Agrave;&nbsp;demain les soucis ! M&acirc;chonnons un brin d&rsquo;orge ! / Soyons gai<a href="#nbp43" name="lienbp43">43</a> ! &raquo; Cyrano lui ressemble. Citons en outre Philippe Bulinge dont l&rsquo;&eacute;tude de la pi&egrave;ce rend parfaitement compte des &eacute;l&eacute;ments qui nous int&eacute;ressent ici : &laquo; Le Cyrano masqu&eacute; est l&rsquo;expression de la force interne d&rsquo;un Cyrano intime qui s&rsquo;invente un personnage meilleur et le rend vivant par ses actes<a href="#nbp44" name="lienbp44">44</a>. &raquo; Alors que Le Bret le gronde d&rsquo;avoir d&eacute;pens&eacute; tout son argent &agrave; rembourser le public du th&eacute;&acirc;tre - &laquo; Jeter ce sac, quelle sottise ! &raquo; - c&rsquo;est bien l&rsquo;action que Cyrano revendique en r&eacute;torquant &laquo; Mais quel geste<a href="#nbp45" name="lienbp45">45</a> !... &raquo; &Agrave; nouveau, reprenons les mots de Bulinge : &laquo; Para&icirc;tre est le moteur d&rsquo;une profonde motivation : se rendre admirable, c&rsquo;est se rendre digne d&rsquo;admiration. Et l&rsquo;admiration voulue n&rsquo;est pas la fascination hyst&eacute;rique d&rsquo;une foule qui se laisse prendre &agrave; ce qui brille, mais l&rsquo;identification &agrave; un h&eacute;ros, celui qui agit<a href="#nbp46" name="lienbp46">46</a>. &raquo; De fait, le panache est le squelette de la personnalit&eacute;&nbsp;que Cyrano a construite. C&rsquo;est une identit&eacute; r&eacute;v&eacute;l&eacute;e &laquo; sublime &raquo; et &laquo; g&eacute;n&eacute;reuse &raquo; selon les mots de Roxane.&nbsp;</p> <p>De leur c&ocirc;t&eacute;, plut&ocirc;t que de s&rsquo;&eacute;lever vers leur id&eacute;al, Sylvette et Percinet s&rsquo;accommodent d&rsquo;une identit&eacute; r&eacute;aliste. Alors qu&rsquo;au deuxi&egrave;me acte des <em>Romanesques</em>, Sylvette d&eacute;plorait de &laquo; [rentrer] dans le rang banal des jeunes filles<a href="#nbp47" name="lienbp47">47</a> &raquo; et Percinet de se faire le &laquo; bon petit fianc&eacute; des familles<a href="#nbp48" name="lienbp48">48</a>&nbsp;&raquo; parce qu&rsquo;ils craignaient de ne pouvoir se plaire ainsi, ils r&eacute;alisent au dernier acte que cette identit&eacute; est celle qui leur convient le mieux. Au lieu de s&rsquo;offusquer, ils d&eacute;duisent ensemble :&nbsp;</p> <p><q>Sylvette : Vois-tu, la po&eacute;sie est au c&oelig;ur des amants : / Elle n&rsquo;&eacute;mane pas des seuls &eacute;v&eacute;nements. / [&hellip;] Percinet : Car elle peut broder, lorsqu&rsquo;elle aime, notre &acirc;me, / De v&eacute;ritables fleurs sur une fausse trame. / [&hellip;] Sylvette : La po&eacute;sie, amour, mais nous f&ucirc;mes des fous / De la chercher ailleurs lorsqu&rsquo;elle &eacute;tait en nous<a href="#nbp49" name="lienbp49">49</a> !</q></p> <p>Percinet et sa fianc&eacute;e renoncent &agrave; jouer le &laquo; cher et divin drame<a href="#nbp50" name="lienbp50">50</a> &raquo;, comprenant qu&rsquo;il ne peut &ecirc;tre qu&rsquo;un masque.</p> <p>Enfin, voici comment Madeleine Roussel caract&eacute;rise Don Juan, avec une s&eacute;v&eacute;rit&eacute; &eacute;clairante pour notre &eacute;tude :&nbsp;</p> <p><q>Dans le domaine de l&rsquo;amour o&ugrave; il se croyait ma&icirc;tre, le h&eacute;ros de <strong>La Derni&egrave;re Nuit&hellip; </strong>accumule donc les &eacute;checs. Il n&rsquo;a pas connu l&rsquo;&eacute;panouissement qu&rsquo;apporte un sentiment profond, satisfait ou d&eacute;&ccedil;u ; en traitant l&rsquo;amour comme un plaisir, il a oubli&eacute; d&rsquo;y chercher le bonheur. La r&eacute;v&eacute;lation de son ignorance r&eacute;elle des femmes, et de leur sup&eacute;riorit&eacute; sur lui, le fait appara&icirc;tre comme un faux grand esprit, pr&eacute;tentieux et ridicule, bien d&eacute;pouill&eacute; des prestiges qui faisaient de lui un fascinant mod&egrave;le. Mais en devenant ridicule, il ne cesse pas d&rsquo;&ecirc;tre condamnable ; s&rsquo;il n&rsquo;a pas s&eacute;duit les femmes comme il s&rsquo;en vantait, il n&rsquo;en avait pas moins l&rsquo;intention constante et d&eacute;lib&eacute;r&eacute;e. Ainsi le s&eacute;ducteur d&eacute;masqu&eacute; appara&icirc;t tel que le voit Rostand, dans sa m&eacute;diocre et sombre r&eacute;alit&eacute; : volontairement pervers et inconsciemment risible<a href="#nbp51" name="lienbp51">51</a>.</q></p> <p>&nbsp;&Agrave; cause de l&rsquo;habitude qui est la sienne, Don Juan se condamne &agrave; ne jamais pouvoir incarner son <em>ethos</em>. Pire, il s&rsquo;emp&ecirc;che de pouvoir ne serait-ce que lui ressembler. Yves Moraud remarque :</p> <p><q>Il arrive qu&rsquo;&agrave; force de se masquer et de se d&eacute;doubler, de travestir ses sentiments parmi d&rsquo;autres qui cachent les leurs, de confondre le jeu avec la r&eacute;alit&eacute; ou plut&ocirc;t de fuir la r&eacute;alit&eacute; dans le jeu, l&rsquo;individu en vient &agrave; se dissoudre, &agrave; ne plus savoir quelle est son identit&eacute; ni quelles sont ses raisons d&rsquo;exister<a href="#nbp52" name="lienbp52">52</a>.&nbsp;</q></p> <p>En effet, le masque de Don Juan, c&rsquo;est la s&eacute;duction. Son id&eacute;al, &ecirc;tre une l&eacute;gende. Son identit&eacute; v&eacute;ritable, le vide, ou comme le mentionne Polichinelle &ndash; double de Don Juan &ndash; la paillardise.&nbsp;<br /> Des enjeux similaires sont notables dans <em>L&rsquo;Aiglon</em>. Franz sent en lui le poids de sa l&eacute;gende, celle du fils de Napol&eacute;on. Or, cette l&eacute;gende est &laquo; marqu&eacute;e par le sceau de la subjectivit&eacute; : elle est le signe d&rsquo;une profonde inad&eacute;quation entre la r&eacute;alit&eacute; des faits, la r&eacute;alit&eacute; du moment &agrave; vivre et v&eacute;cu, et la r&eacute;alit&eacute; des r&ecirc;ves, des d&eacute;sirs d&rsquo;un homme, lui-m&ecirc;me d&eacute;positaire de la l&eacute;gende<a href="#nbp53" name="lienbp53">53</a>. &raquo; Si plut&ocirc;t que de se noyer dans son mythe, comme le fait Don Juan, le Duc conserve une certaine lucidit&eacute; qui le rappelle au r&eacute;el, il ne dispose pas, par sa faiblesse physique en tout premier lieu, de l&rsquo;&eacute;nergie et de la force d&rsquo;un Cyrano ou d&rsquo;un Chantecler. Gentz se prend &agrave; deviner en Franz &laquo; Quelqu&rsquo;un qui souffre, au lieu de prendre / Le doux parti de vivre en prince jeune et tendre<a href="#nbp54" name="lienbp54">54</a>. &raquo; Finalement, les mots de Marie-Louise au dernier acte sont int&eacute;ressants &agrave; relever : &laquo; J&rsquo;&eacute;tais &ndash; est-ce ma faute ?- / Trop petite, &agrave; c&ocirc;t&eacute; de vos r&ecirc;ves trop grands<a href="#nbp55" name="lienbp55">55</a> ! &raquo; Or, nous devons souligner&nbsp;la ressemblance physique entre Franz et sa m&egrave;re, qui pr&eacute;cis&eacute;ment l&rsquo;emp&ecirc;che d&rsquo;&ecirc;tre le digne fils de Bonaparte.&nbsp;</p> <p>Ainsi, la question de l&rsquo;identit&eacute; et des masques chez Rostand laisse appara&icirc;tre un sch&eacute;ma r&eacute;current dans son &oelig;uvre. Les intrigues reposent sur des qu&ecirc;tes identitaires. Or, il n&rsquo;y a pas chez Rostand de &laquo; sc&egrave;ne de reconnaissance &raquo; dans laquelle un h&eacute;ros d&eacute;couvre ses v&eacute;ritables origines ou les v&eacute;ritables liens qu&rsquo;il entretient avec tel ou tel autre personnage. Les protagonistes rostandiens connaissent leurs noms et savent d&rsquo;o&ugrave; ils viennent. Ils n&rsquo;ignorent pas leur individualit&eacute;. Ce qu&rsquo;ils cherchent, en revanche, c&rsquo;est &agrave; se caract&eacute;riser, &agrave; s&rsquo;incarner. C&rsquo;est pourquoi, ils visent un <em>ethos </em>&eacute;tabli par leurs id&eacute;aux, et cet objectif les poussent &agrave; l&rsquo;action. Par cons&eacute;quent, les personnages sont conduits &agrave; arborer diff&eacute;rents masques pour se trouver eux-m&ecirc;mes. Nous avons &eacute;voqu&eacute; ici deux formes de masques, les complots &ndash; puisqu&rsquo;ils servent l&rsquo;intrigue et donc la qu&ecirc;te identitaire &ndash; et les costumes &ndash; puisqu&rsquo;ils consistent &agrave; pr&eacute;senter un autre visage, et donc une autre identit&eacute;. N&eacute;anmoins, l&rsquo;&oelig;uvre rostandienne regorge de jeux de masques de natures plus vari&eacute;es encore et dont les enjeux ne se limitent pas &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle de la fiction th&eacute;&acirc;trale.&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <hr /> <p><strong>Notes et r&eacute;f&eacute;rences</strong></p> <p>Bibliographie</p> <p><em><strong>1) Corpus &eacute;tudi&eacute;</strong></em></p> <p>Rostand Edmond, <em>Chantecler</em> [1910], pr&eacute;sentation par Philippe Bulinge, Paris, GF Flammarion, 2006.<br /> Rostand Edmond, <em>Cyrano de Bergerac</em> [1897], Paris, Le livre de poche, &laquo; Le th&eacute;&acirc;tre de poche &raquo;, pr&eacute;face, notes et commentaires par Pierre Citti, 1990.<br /> Rostand Edmond, <em>La Derni&egrave;re Nuit de Don Juan</em> [1921], Paris, Eug&egrave;ne Fasquelles, 1921.<br /> Rostand Edmond, <em>L&rsquo;Aiglon </em>[1900], pr&eacute;sentation par Sylvain Ledda, Paris, GF Flammarion, 2018.<br /> Rostand Edmond, <em>Les Romanesques</em> [1894], &OElig;uvres compl&egrave;tes illustr&eacute;es, Paris, Pierre Lafitte et Cie, 1911.</p> <p><em><strong>2) Ouvrages critiques sur Rostand cit&eacute;s dans l&rsquo;article&nbsp;</strong></em></p> <p>Bulinge Philippe, &laquo; La L&eacute;gende picturale napol&eacute;onienne dans <em>L&rsquo;Aiglon </em>d&rsquo;Edmond Rostand &raquo;, 2002, [en ligne]&nbsp;<a href="http://www.edmond-rostand.com/legende.pdf">http://www.edmond-rostand.com/legende.pdf</a>,&nbsp;<http: legende.pdf="" www.edmond-rostand.com="">consult&eacute; en avril 2021.<br /> Bulinge Philippe, &laquo; L&rsquo;H&eacute;ritage de <em>La Samaritaine </em>dans <em>Cyrano de Bergerac</em> d&rsquo;Edmond Rostand &raquo;, 1998, [en ligne]&nbsp;<a href="http://www.edmond-rostand.com/cyrano.PDF">http://www.edmond-rostand.com/cyrano.PDF</a>,&nbsp;<http: cyrano.pdf="" www.edmond-rostand.com="">consult&eacute; en avril 2021.<br /> Manuel Jean-Baptiste, <em>Edmond Rostand, &Eacute;crivain imaginaire</em>, Anglet, Atlantica, 2003.<br /> Roussel Madeleine, <em>Une &OElig;uvre ignor&eacute;e d&rsquo;Edmond Rostand : La Derni&egrave;re Nuit de Don Juan</em>, Acad&eacute;mie des Sciences et des Lettres de Montpellier, 2005.</http:></http:></p> <p><em><strong>3) Ouvrages de critique th&eacute;&acirc;trale cit&eacute;s dans l&rsquo;article</strong></em></p> <p>Ubersfeld&nbsp;Anne, <em>Lire le th&eacute;&acirc;tre I </em>[1977], Paris, Belin, 1996.<br /> Ubersfeld&nbsp;Anne, <em>Lire le th&eacute;&acirc;tre II</em>, L&rsquo;&Eacute;cole du spectateur [1981], Paris, Belin, 1996.<br /> Ubersfeld&nbsp;Anne, <em>Lire le th&eacute;&acirc;tre III</em>, Le dialogue de th&eacute;&acirc;tre, Paris, Belin, 1996.</p> <p><br /> <em><strong>4) Ouvrages et articles sur le th&egrave;me des masques et de l&rsquo;identit&eacute; cit&eacute;s dans l&rsquo;article</strong></em></p> <p>Buraud Georges, <em>Les Masques</em> [1948], Paris, Les Belles Lettres,&nbsp;&laquo; &nbsp;Encre Marine &raquo;, 2014.<br /> Goffman&nbsp;Erving, <em>La Mise en sc&egrave;ne de la vie quotidienne, 1. La Pr&eacute;sentation de soi</em>, traduction par A. Accardo, Paris, Les &Eacute;ditions de Minuit, 1973.<br /> Maingueneau&nbsp;Dominique, <em>Le Contexte de l&rsquo;&OElig;uvre litt&eacute;raire, &Eacute;nonciation, &Eacute;crivain, Soci&eacute;t&eacute;</em>, Paris, Bordas, 1993.<br /> Moraux&nbsp;Yves, <em>Masques et jeux dans le th&eacute;&acirc;tre comique en France entre 1685 et 1730</em>, Lille, Atelier Reproduction des th&egrave;ses, 1977.<br /> Starobinski&nbsp;Jean, <em>L&rsquo;&OElig;il vivant </em>[1961], Paris, Gallimard, 1999.</p> <hr /> <p><a href="#lienbp1" name="nbp1">1</a> Dans <em>Les Romanesques</em>, Rostand met en sc&egrave;ne deux duos : d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, les jeunes amoureux Sylvette et Percinet, de l&rsquo;autre leurs p&egrave;res respectifs, Pasquinot et Bergamin. Ces derniers, amis et voisins, cherchent &agrave; fondre leurs deux terres par le biais du mariage de leurs enfants. Mais conscients du caract&egrave;re trop &laquo; romanesque &raquo; de ces jeunes gens incapables d&rsquo;accepter un mariage banalement arrang&eacute;, les p&egrave;res montent un stratag&egrave;me. Ils font croire &agrave; leur profonde inimiti&eacute;. Persuad&eacute;s de braver les interdits, les enfants se r&ecirc;vent en dignes h&eacute;ritiers de Rom&eacute;o et Juliette et se retrouvent chaque nuit en cachette sur le mur qui s&eacute;pare leurs jardins. L&rsquo;intervention d&rsquo;un spadassin nomm&eacute; Straforel permettra tout &agrave; la fois de renforcer les secrets de chacun et de r&eacute;v&eacute;ler les v&eacute;rit&eacute;s. Successivement, les fian&ccedil;ailles se trouveront officialis&eacute;es, puis rompues, et de nouveau d&eacute;sir&eacute;es par les jeunes gens revenus de leurs fantasmes et pr&ecirc;ts &agrave; embrasser la r&eacute;alit&eacute;.&nbsp;</p> <p><a href="#lienbp2" name="nbp2">2</a> <em>La Derni&egrave;re Nuit de Don &nbsp;Juan</em> s&rsquo;inscrit dans le prolongement direct de la pi&egrave;ce de Moli&egrave;re, puisqu&rsquo;elle s&rsquo;ouvre sur la descente en Enfer de Don Juan guid&eacute; par la Statue du Commandeur. Cependant, bon n&eacute;gociant, Don Juan obtient du Diable dix ans de vie suppl&eacute;mentaires en &eacute;change d&rsquo;une multitude d&rsquo;&acirc;mes corrompues par ses soins. La d&eacute;cennie &eacute;coul&eacute;e, le Diable se pr&eacute;sente d&rsquo;abord au s&eacute;ducteur sous les traits d&rsquo;un marionnettiste. Comprenant ce qui se joue, Don Juan fait le pari d&rsquo;identifier chacune de ses mille-et-trois conqu&ecirc;tes qui apparaissent sous la forme d&rsquo;ombres masqu&eacute;es invit&eacute;es par le Diable. Mais il &eacute;chouera de bout en bout. Le Diable le confrontera &agrave; son vide int&eacute;rieur, l&rsquo;absence de trace qu&rsquo;il laissera sur le monde et surtout sur les femmes, et le condamnera &agrave; une m&eacute;tamorphose en marionnette, bien loin des &eacute;piques et glorieuses flammes infernales que le s&eacute;ducteur pensait m&eacute;riter.</p> <p><a href="#lienbp3" name="nbp3">3</a>&nbsp;Dominique Maingueneau, <em>Le Contexte de l&rsquo;&oelig;uvre litt&eacute;raire, &eacute;nonciation, &eacute;crivain, soci&eacute;t&eacute;</em>, Paris, Bordas, 1993, p. 137-138.</p> <p><a href="#lienbp4" name="nbp4">4 </a>&nbsp;Anne Ubersfeld, <em>Lire le th&eacute;&acirc;tre III, Le dialogue de th&eacute;&acirc;tre</em>, Paris, Belin, 1996, p. 58.</p> <p><a href="#lienbp5" name="nbp5">5 </a>&nbsp;Anne Ubersfeld, <em>Lire le th&eacute;&acirc;tre I</em> [1977], Paris, Belin, 1996.</p> <p><a href="#lienbp6" name="nbp6">6&nbsp;</a>&nbsp;Edmond Rostand, <em>Cyrano de Bergerac</em> [1897], Paris, Le Livre de poche, &laquo; Le th&eacute;&acirc;tre de poche &raquo;, pr&eacute;face, notes et commentaires par Pierre Citti, 1990, p. 92.&nbsp;</p> <p><a href="#lienbp7" name="nbp7">7&nbsp;</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p. 257.</p> <p><a href="#lienbp8" name="nbp8">8&nbsp;</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p. 343.</p> <p><a href="#lienbp9" name="nbp9">9 </a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p. 105.</p> <p><a href="#lienbp10" name="npb10">10&nbsp;</a>&nbsp;Jean-Baptiste Manuel, <em>Edmond Rostand, &Eacute;crivain imaginaire</em>, Anglet, Atlantica, 2003, p. 105.</p> <p><a href="#lienbp11" name="npb11">11</a>&nbsp;Edmond Rostand, <em>Cyrano de Bergerac</em>, <em>op. cit.</em>, p. 30.</p> <p><a href="#lienbp12" name="nbp12">12&nbsp;</a>&nbsp;Edmond Rostand, <em>Chantecler </em>[1910], pr&eacute;sentation par Philippe Bulinge, Paris, GF Flammarion, 2006, p. 168-169.</p> <p><a href="#lienbp13" name="nbp13">13</a>&nbsp;Edmond Rostand, <em>Les Romanesques</em> [1894], <em>&OElig;uvres compl&egrave;tes illustr&eacute;es</em>, Paris, Pierre Lafitte et Cie, 1911, p. 68.</p> <p><a href="#lienbp14" name="nbp14">14&nbsp;</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p. 5.</p> <p><a href="#lienbp15" name="nbp15">15</a>&nbsp;Edmond Rostand, <em>L&rsquo;Aiglon</em> [1900], pr&eacute;sentation par Sylvain Ledda, Paris, GF Flammarion, 2018, p. 15.</p> <p><a href="#" name="nbp16">16&nbsp;</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p. 59.</p> <p><a href="#" name="nbp17">17</a>&nbsp;La critique souligne.</p> <p><a href="#" name="nbp18">18</a>&nbsp;Madeleine Roussel, Une &oelig;uvre&nbsp;ignor&eacute;e d&rsquo;Edmond Rostand : <em>La Derni&egrave;re Nuit de Don Juan</em>, Acad&eacute;mie des Sciences et des Lettres de Montpellier, 2005, p. 143. Roussel souligne &laquo; veut &raquo;.</p> <p><a href="#lienbp19" name="nbp19">19&nbsp;</a>&nbsp;Edmond Rostand, <em>La Derni&egrave;re Nuit de Don Juan</em>, <em>op. cit.</em>, p. 87.</p> <p><a href="#lienbp20" name="nbp20">20&nbsp;</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p. 93.&nbsp;</p> <p><a href="#lienbp21" name="nbp21">21&nbsp;</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p. 112-113.</p> <p><a href="#lienbp22" name="nbp22">22</a>&nbsp;Anne Ubersfeld, <em>Lire le th&eacute;&acirc;tre I</em>,<em> op. cit.&nbsp;</em></p> <p><a href="#lienbp23" name="nbp23">23</a>&nbsp;Georges Zaragoza, <em>Le Personnage de th&eacute;&acirc;tre</em>, Paris, Armand Colin, 2006.</p> <p><a href="#lienbp24" name="nbp24">24</a>&nbsp;Edmond Rostand, <em>Cyrano de Bergerac</em>,<em> op. cit.</em>, p. 179.</p> <p><a href="#" name="npb25">25</a>&nbsp;Edmond Rostand, <em>Les Romanesques</em>, <em>op. cit.</em>, p. 20-21.</p> <p><a href="#lienbp26" name="npb26">26&nbsp;</a>&nbsp;Edmond Rostand, <em>L&rsquo;Aiglon,</em> <em>op. cit.</em>, p. 66.&nbsp;</p> <p><a href="#lienbp27" name="nbp27">27</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p. 258-259&nbsp;</p> <p><a href="#lienbp28" name="nbp28">28&nbsp;</a>&nbsp;Edmond Rostand, <em>Chantecler</em>, <em>op. cit.</em>, p. 200.&nbsp;</p> <p><a href="#lienbp29" name="nbp29">29</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p. 131.</p> <p><a href="#lienbp30" name="nbp30">30</a>&nbsp;Georges Forestier, <em>Esth&eacute;tique de l&rsquo;identit&eacute; dans le th&eacute;&acirc;tre fran&ccedil;ais (1580-1680), Le D&eacute;guisement et ses avatars</em>, Gen&egrave;ve, Droz, 1988, p. 50.</p> <p><a href="#lienbp31" name="nbp31">31&nbsp;</a>&nbsp;Edmond Rostand, <em>L&rsquo;Aiglon</em>, <em>op. cit.</em>, p. 287.&nbsp;</p> <p><a href="#lienbp32" name="nbp32">32</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p. 287.</p> <p><a href="#lienbp33" name="nbp33">33</a>&nbsp;Georges Forestier, <em>Esth&eacute;tique de l&rsquo;identit&eacute; dans le th&eacute;&acirc;tre fran&ccedil;ais</em>, <em>op. cit.</em>, p. 113.</p> <p><a href="#lienbp34" name="nbp34">34</a>&nbsp;Edmond Rostand, <em>Les Romanesques</em>, <em>op. cit.</em>, p. 81. <span style="display: none;">&nbsp;</span></p> <p><a href="#lienbp35" name="nbp35">35</a>&nbsp;Philippe Bulinge, &laquo;&nbsp;L&rsquo;H&eacute;ritage de <em>La Samaritaine</em> dans <em>Cyrano de Bergerac</em> d&rsquo;Edmond Rostand<em>&nbsp;</em>&raquo;, 1998, [en ligne]&nbsp;<a href="http://www.edmond-rostand.com/cyrano.pdf">http://www.edmond-rostand.com/cyrano.PDF</a>,&nbsp; consult&eacute; en avril 2021.&nbsp;</p> <p><a href="#lienbp36" name="nbp36">36</a>&nbsp;Madeleine Roussel, <em>Une &OElig;uvre ignor&eacute;e d&rsquo;Edmond Rostand : </em>La Derni&egrave;re Nuit de Don Juan, Acad&eacute;mie des Sciences et des Lettres de Montpellier, 2005, p. 152.</p> <p><a href="#lienbp37" name="nbp37">37</a>&nbsp;Edmond Rostand, <em>L&rsquo;Aiglon</em>, <em>op. cit.</em>, p. 217.&nbsp;L&rsquo;uniforme blanc est litt&eacute;ralement son &laquo; costume &raquo; d&rsquo;Autrichien. Or, il devient au quatri&egrave;me acte plus th&eacute;&acirc;tral encore en servant de &laquo; d&eacute;guisement &raquo; &agrave; la Comtesse&nbsp;Camerata chang&eacute;e en Franz. Ce m&ecirc;me masque passe donc de l&rsquo;involontaire au volontaire selon le personnage qui le rev&ecirc;t.</p> <p><a href="#lienbp38" name="nbp38">38</a>&nbsp;Edmond Rostand, <em>Cyrano de Bergerac</em>, <em>op. cit.</em>, p. 29.</p> <p><a href="#lienbp39" name="nbp39">39</a>&nbsp;Certaines repr&eacute;sentations &eacute;tendent le port du masque aux autres personnages, lorsque le nombre d&rsquo;acteurs sur sc&egrave;ne est inf&eacute;rieur au nombre de r&ocirc;les &agrave; jouer. C&rsquo;est le cas de la Compagnie de deux lunes dirig&eacute;e par Maryan Liver proposant deux com&eacute;diens en sc&egrave;ne lors du festival d&rsquo;Avignon 2022. De Guiche, en outre &eacute;tait repr&eacute;sent&eacute; par un immense visage port&eacute; par les acteurs devant eux. Il en va de m&ecirc;me avec la version du metteur en sc&egrave;ne Bastien Ossart pour ses trois com&eacute;diennes, produits par le Th&eacute;&acirc;tre Les Pieds nus, lors du festival d&rsquo;Avignon 2023. Cette fois, De Guiche mais aussi Ragueneau et la du&egrave;gne se trouvaient repr&eacute;sent&eacute;s par des masques. L&rsquo;&eacute;t&eacute; 2023 est aussi marqu&eacute; par les propositions de balades th&eacute;&acirc;trales donn&eacute;es au mus&eacute;e Rostand, &agrave; Cambo-les-Bains, o&ugrave; la compagnie Irrinigar masque Montfleury dans <em>Cyrano</em>, d&rsquo;une part, mais aussi les Nocturnes dans <em>Chantecler</em>, d&rsquo;autre part.</p> <p><a href="#lienbp40" name="nbp40">40</a>&nbsp;Edmond Rostand, <em>Chantecler</em>,<em> op. cit.</em>, p. 10-11.</p> <p><a href="#lienbp41" name="nbp41">41</a>&nbsp;Jean Starobinski, <em>L&rsquo;&OElig;il vivant</em> [1961], Paris, Gallimard, 1999, p. 10.</p> <p><a href="#lienbp42" name="nbp42">42</a>&nbsp;Georges Buraud, <em>Les Masques</em> [1948], Paris, Les Belles Lettres,&nbsp;&laquo;&nbsp;Encre Marine &raquo;, 2014, p. 10.&nbsp;</p> <p><a href="#lienbp43" name="nbp43">43</a>&nbsp;Edmond Rostand, <em>Chantecler</em>,<em> op. cit.</em>, p. 79-80</p> <p><a href="#lienbp44" name="nbp44">44</a>&nbsp;Philippe Bulinge, &laquo;&nbsp;L&rsquo;H&eacute;ritage de <em>La Samaritaine</em> dans <em>Cyrano de Bergerac </em>d&rsquo;Edmond Rostand &raquo;,<em> op. cit.</em>, p. 86.&nbsp;</p> <p><a href="#lienbp45" name="nbp45">45</a>&nbsp;Edmond Rostand, <em>Cyrano de Bergerac</em>, <em>op. cit.</em>, p. 100.</p> <p><a href="#lienbp46" name="nbp46">46</a>&nbsp;Philippe Bulinge, &laquo;&nbsp;L&rsquo;H&eacute;ritage de <em>La Samaritaine </em>dans <em>Cyrano de Bergerac</em> d&rsquo;Edmond Rostand &raquo;,<em> op. cit.</em>, p. 70.</p> <p><a href="#lienbp47" name="nbp47">47</a>&nbsp;Edmond Rostand, <em>Les Romanesques</em>, <em>op. cit.</em>, p. 67.</p> <p><a href="#lienbp48" name="nbp48">48</a>&nbsp;<em>Ibid.</em></p> <p><a href="#lienbp49" name="nbp49">49</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p. 97.</p> <p><a href="#lienbp50" name="nbp50">50</a><em>&nbsp;Ibid.</em>, p. 68.</p> <p><a href="#lienbp51" name="nbp51">51</a>&nbsp;Madeleine Roussel, <em>Une &oelig;uvre&nbsp;ignor&eacute;e d&rsquo;Edmond Rostand : </em>La Derni&egrave;re Nuit de Don Juan, <em>op. cit.</em>, p. 174.</p> <p><a href="#lienbp52" name="nbp52">52</a>&nbsp;Yves Moraux, <em>Masques et jeux dans le th&eacute;&acirc;tre comique en France entre 1685 et 1730</em>, Lille, Atelier Reproduction des th&egrave;ses, 1977, p. 140.</p> <p><a href="#lienbp53" name="nbp53">53</a>&nbsp;Philippe Bulinge, &laquo;&nbsp;La L&eacute;gende picturale napol&eacute;onienne dans <em>L&rsquo;Aiglon </em>d&rsquo;Edmond Rostand&nbsp;&raquo;, 2002,&nbsp;<a href="http://www.edmond-rostand.com/legende.pdf">http://www.edmond-rostand.com/legende.pdf</a> [en ligne] (<http: legende.pdf="" www.edmond-rostand.com="">consult&eacute; en avril 2021), p. 8.</http:></p> <p><a href="#lienbp54" name="nbp54">54</a>&nbsp;Edmond Rostand, <em>L&rsquo;Aiglon</em>, <em>op. cit.</em>, p. 91.</p> <p><a href="#lienbp55" name="nbp55">55</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p. 382.</p> <hr /> <h2><strong>&Agrave; propos de l</strong>&rsquo;<strong>autrice</strong></h2> <p><span new="" roman="" style="font-size: 12pt; font-family: " times="">J&rsquo;ai fait mes ann&eacute;es d&rsquo;hypokh&acirc;gne et de kh&acirc;gne &agrave; Aix-en-Provence. J&rsquo;ai poursuivi en troisi&egrave;me ann&eacute;e de licence &agrave; la Sorbonne, Paris IV. De retour &agrave; Aix, j&rsquo;ai pass&eacute; mon dipl&ocirc;me de master Recherches en litt&eacute;rature. Je me suis alors pench&eacute;e sur le th&eacute;&acirc;tre de Rostand pour mon m&eacute;moire secondaire de deuxi&egrave;me ann&eacute;e, tandis que j&rsquo;&eacute;tudiais depuis deux ans les romans-jeunesse de Jean-Claude Mourlevat dans le cadre de mes m&eacute;moires principaux. J&rsquo;ai obtenu mon agr&eacute;gation de Lettres modernes en 2015. Depuis, j&rsquo;enseigne en lyc&eacute;e sur Avignon, apr&egrave;s avoir &eacute;t&eacute; titularis&eacute;e &agrave; Montpellier &agrave; l&rsquo;issue de mon stage, o&ugrave; j&rsquo;ai &eacute;galement obtenu mon master M&eacute;tiers de l&rsquo;Enseignement. Apr&egrave;s sept ans dans l&rsquo;enseignement secondaire, j&rsquo;ai ressenti le besoin et l&rsquo;envie d&rsquo;&eacute;voluer. J&rsquo;ai retrouv&eacute; Rostand et me suis inscrite en doctorat &agrave; Aix-Marseille Universit&eacute; &agrave; la rentr&eacute;e 2021. Je travaille sur le sujet &laquo;&nbsp;Qu&ecirc;te identitaire, maques et d&eacute;masquements dans le th&eacute;&acirc;tre d&rsquo;Edmond Rostand&nbsp;&raquo;. Mes recherches m&rsquo;ont donn&eacute; l&rsquo;occasion d&rsquo;&ecirc;tre publi&eacute;e en 2023 dans la revue </span><em><span new="" roman="" style="font-size: 12pt; font-family: " times="">Th&eacute;&acirc;tres du Monde</span></em><span new="" roman="" style="font-size: 12pt; font-family: " times="">, avec un article intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Le corps dans le th&eacute;&acirc;tre d&rsquo;Edmond Rostand&nbsp;&raquo;,</span><span new="" roman="" style="font-size: 12pt; font-family: " times=""> ainsi que dans la</span><em><span new="" roman="" style="font-size: 12pt; font-family: " times=""> Revue roumaine d&rsquo;&eacute;tudes francophones</span></em><span new="" roman="" style="font-size: 12pt; font-family: " times="">, avec l&rsquo;article &laquo;&nbsp;Personnages et jeux de r&ocirc;les dans le th&eacute;&acirc;tre d&rsquo;Edmond Rostand&nbsp;&raquo;.</span></p>