<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">En 2004, la sortie du <i>P&ocirc;le Express </i>(<i>The Polar Express</i>, Robert Zemeckis) a permis au public de se familiariser avec la notion de </span>&ldquo;<i><span style="color:black">performance capture</span></i>&rdquo;<span style="color:black">, h&eacute;riti&egrave;re directe de la </span>&ldquo;<i><span style="color:black">motion capture</span></i>&rdquo;<i> </i><span style="color:black">(le terme anglo-saxon </span>&ldquo;<i><span style="color:black">mocap</span></i>&rdquo; <span style="color:black">d&eacute;signe ces deux techniques de mani&egrave;re indiff&eacute;renci&eacute;e). Cette substitution terminologique souligne l&rsquo;importance conf&eacute;r&eacute;e au jeu et &agrave; la repr&eacute;sentation de l&rsquo;acteur dans le d&eacute;veloppement de cette nouvelle technique. Alors que la <i>motion capture </i>consistait en l&rsquo;enregistrement num&eacute;rique des attitudes, gestes, mouvements et postures de l&rsquo;acteur et en leur transposition sur un personnage de synth&egrave;se, la <i>performance capture </i>ajoute &agrave; ce principe un syst&egrave;me d&rsquo;enregistrement du visage. Comme l&rsquo;explique Justin Baillargeon&nbsp;: &laquo;&nbsp;[L]a <i>performance capture </i>se concentre sur les expressions faciales d&rsquo;un acteur, tandis que la <i>motion capture </i>capte uniquement les mouvements corporels. Les moindres expressions du visage sont enregistr&eacute;es, puis implant&eacute;es au maquillage num&eacute;rique d&rsquo;un avatar de synth&egrave;se, &agrave; l&rsquo;aide de marqueurs positionn&eacute;s sur le visage d&rsquo;un acteur. La <i>performance capture </i>se d&eacute;marque alors de la <i>motion capture </i>par l&rsquo;implication totale d&rsquo;un acteur durant le tournage du film (&hellip;), ainsi que </span><w:sdt id="495230187" sdttag="goog_rdk_4"></w:sdt><span style="color:black">par sa mall&eacute;abilit&eacute; et </span><span style="color:black">[par] </span><span style="color:black">sa constante &eacute;volution<a href="#note1" name="lien1">1</a></span><span style="color:black">&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">En se concentrant sur le visage de l&rsquo;acteur, la <i>performance capture </i>reprendrait &agrave; son compte une double-fonction propre au masque que nous souhaiterions d&eacute;velopper au sein de cet article. Une fonction plastique, d&rsquo;abord, en lien avec l&rsquo;acte de modelage ou de cr&eacute;ation d&rsquo;un faci&egrave;s&nbsp;; une fonction symbolique, ensuite, en lien avec l&rsquo;interpr&eacute;tation du masque comme objet unique, dot&eacute; d&rsquo;une personnalit&eacute; propre qui lui assure son autonomie esth&eacute;tique. &Agrave; partir de l&rsquo;exemple du masque num&eacute;rique, nous verrons que ces deux fonctions ne sont pas antinomiques mais assurent une compl&eacute;mentarit&eacute; qui se place sous le signe d&rsquo;une r&eacute;versibilit&eacute; discursive et visuelle. Nous verrons que le masque de synth&egrave;se en tant qu&rsquo;objet plastique se pr&eacute;sente comme une image tout &agrave; la fois capable de soutenir des intentions qui les d&eacute;passent et de projeter un imaginaire qui lui est propre. Parce qu&rsquo;il est</span> <span style="color:black">d&eacute;termin&eacute; par les expressions faciales d&rsquo;un acteur, nous verrons que le masque de synth&egrave;se assure d&rsquo;abord la reconnaissance de certains traits individuels qui renvoient principalement &agrave; l&rsquo;identit&eacute; de l&rsquo;acteur. Enfin, nous verrons que loin de s&rsquo;opposer, ces deux approches &eacute;tablissent une fusion &agrave; m&ecirc;me de soutenir une d&eacute;finition du masque comme image virtuel</span><w:sdt id="1472797076" sdttag="goog_rdk_8"><span style="color:black">le</span></w:sdt><span style="color:black">.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><w:sdt id="-1595467794" sdttag="goog_rdk_9"></w:sdt><span style="color:black">Nous verrons alors qu&rsquo;au cin&eacute;ma, le masque num&eacute;rique peut se faire le signe d&rsquo;un infilm&eacute; propre &agrave; ce que </span>Jean-Louis Leutrat consid&eacute;rait comme l&rsquo;&laquo;&nbsp;invisible relatif&nbsp;&raquo; <span style="color:black">consubstantiel &agrave; l</span>&rsquo;image cin&eacute;matographique et &agrave; son aptitude &agrave; &laquo;&nbsp;d&eacute;passer le simple enregistrement du r&eacute;el, (&hellip;) &agrave; <w:sdt id="1833944156" sdttag="goog_rdk_16">&ldquo;</w:sdt>flotter<w:sdt id="1684395434" sdttag="goog_rdk_17">&rdquo;</w:sdt> devant le regard, &agrave; se d&eacute;masquer&nbsp;; dans la mesure o&ugrave; une autre image en elle, et parfois plusieurs, superposent leur chant au sien<a href="#note2" name="lien2">2</a>&nbsp;&raquo;. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2 style="text-align: justify;">Une plasticit&eacute; duelle</h2> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Le masque num&eacute;rique se d&eacute;marque du masque traditionnel par une mall&eacute;abilit&eacute; qui</span><w:sdt id="-1573880756" sdttag="goog_rdk_20"><span style="color:black">,</span></w:sdt><span style="color:black"> sans totalement se d&eacute;faire de la surface</span><w:sdt id="-1039585057" sdttag="goog_rdk_21"><span style="color:black">,</span></w:sdt><span style="color:black"> insiste sur la valeur de la perc&eacute;e du motif du trou. &Agrave; la diff&eacute;rence du masque antique dont Roland Barthes avait bien rappel&eacute; la force d&rsquo;expression permettant de</span> saisir &laquo;&nbsp;une v&eacute;ritable &ldquo;essence concr&egrave;te&rdquo; de la Douleur<a href="#note3" name="lien3">3</a>&nbsp;&raquo;. Le masque arbor&eacute; par les com&eacute;diens de l&rsquo;Antiquit&eacute; prenait ainsi une valeur de marqueur qui recompose les traits du faci&egrave;s afin de les emmurer &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur d&rsquo;une &eacute;motion univoque mais non d&eacute;nu&eacute;e d&rsquo;une certaine complexit&eacute;. Anna Paladino et Manuela Becilli rappellent ainsi que&nbsp;: &laquo;&nbsp;Dans les trag&eacute;dies de la Gr&egrave;ce Antique, [&hellip;] [l]e masque, rigide et inanim&eacute;, &eacute;tait le v&eacute;hicule qui permettait aux forces c&eacute;lestes et souterraines de se manifester &agrave; travers une forme reconnaissable sans an&eacute;antir les spectateurs, en les effrayant et en les divertissant. Donc, il avait en lui une dualit&eacute; de valeur&nbsp;: d&rsquo;une part, c&rsquo;&eacute;tait un &eacute;l&eacute;ment de divertissement parce que chacune p&eacute;trifiait/immortalisait un aspect du caract&egrave;re humain et en faisait une caricature. D&rsquo;autre part, le masque effrayait parce que<w:sdt id="-1697776005" sdttag="goog_rdk_27">,</w:sdt> derri&egrave;re lui<w:sdt id="406497093" sdttag="goog_rdk_28">,</w:sdt> se cachait une entit&eacute; qui ob&eacute;it &agrave; un rythme et une logique terribles et impitoyables, intraitables pour la s&eacute;r&eacute;nit&eacute; du quotidien<a href="#note4" name="lien4">4</a>&nbsp;&raquo;.&nbsp;La cristallisation &eacute;motionnelle caract&eacute;ristique du masque s&rsquo;accorde ainsi avec la projection d&rsquo;un imaginaire qui lui est propre, faisant de lui moins un outil mis au service de l&rsquo;art de l&rsquo;acteur qu&rsquo;un motif autonome poss&eacute;dant son propre mode de (trans)figuration. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Plus qu&rsquo;&agrave; la rigidit&eacute; du masque antique alors, le masque num&eacute;rique se rapporterait &agrave; la souplesse du voile qui se superpose aux traits de l&rsquo;acteur pour afficher une surface <i>a priori </i>neutre mais mobile et en cela sensible aux variations &eacute;motionnelles que projettent sur elle les intentions dramatiques du jeu de l&rsquo;acteur. <span style="color:black">Cette articulation du motif du voile avec le jeu de l&rsquo;acteur que r&eacute;activerait le masque num&eacute;rique s&rsquo;inscrit dans </span>une g&eacute;n&eacute;alogie de la repr&eacute;sentation artistique dont les origines pourraient remonter au motif du &laquo;&nbsp;voile de Timanthe<a href="#note5" name="lien5">5</a>&nbsp;&raquo;.<w:sdt id="-1036269862" sdttag="goog_rdk_30"></w:sdt> Ce motif<w:sdt id="1243604823" sdttag="goog_rdk_36">,</w:sdt> qui traversa les r&eacute;flexions des historiens de l&rsquo;art de l&rsquo;Antiquit&eacute; au XIX<w:sdt id="1981812510" sdttag="goog_rdk_41"><sup>e</sup></w:sdt> si&egrave;cle, se rapporte &agrave; une repr&eacute;sentation du sacrifice d&rsquo;Iphig&eacute;nie attribu&eacute; au peintre grec Timanthe qui, selon les &eacute;crits, d&eacute;cida de figurer la d&eacute;tresse du personnage d&rsquo;Agamemnon en dissimulant son visage derri&egrave;re un voile.<w:sdt id="1318924930" sdttag="goog_rdk_46"> </w:sdt><w:sdt id="-181670021" sdttag="goog_rdk_47"></w:sdt><w:sdt id="489296239" sdttag="goog_rdk_50"><w:sdt id="-1929647498" sdttag="goog_rdk_49"></w:sdt></w:sdt>L&rsquo;appr&eacute;hension de ce geste pictural &eacute;volue au fil des si&egrave;cles. Massimo Leone remarque qu&rsquo;aux XVI<sup>e</sup> et XVII<sup>e</sup> si&egrave;cles &laquo;&nbsp;l&rsquo;effet Timanthe&nbsp;&raquo; devient une &laquo;&nbsp;m&eacute;taphore artistique de la figure rh&eacute;torique connue comme aposiop&egrave;se [qui] a lieu lorsqu&rsquo;un fragment de discours est d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment laiss&eacute; incomplet afin de v&eacute;hiculer l&rsquo;impression de ne pas vouloir ou de ne pas pouvoir l&rsquo;achever, et afin de stimuler ceux qui le re&ccedil;oivent &agrave; le compl&eacute;ter suivant leur imagination<a href="#note6" name="lien6">6</a>&nbsp;&raquo;. Le masque num&eacute;rique partage avec le voile cette plasticit&eacute; mouvante qui participe moins au recouvrement total du visage qu&rsquo;&agrave; sa fragmentation, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; son d&eacute;coupage esth&eacute;tique qui participe pleinement du plaisir de reconnaissance &eacute;voqu&eacute; au d&eacute;but de cet article tout en modifiant sensiblement son orientation. Car si le jeu d&rsquo;identification demeure op&eacute;rant, il se charge d&eacute;sormais d&rsquo;une part de frustration cons&eacute;cutive au voilement de certaines particularit&eacute;s physionomiques de l&rsquo;acteur. On peut ainsi songer aux modifications num&eacute;riques apport&eacute;es au visage de Nicole Kidman dans <i>Destroyer </i>(Karyn Kusama, 2018). Les traits creus&eacute;s et les yeux cern&eacute;s de Kidman d&eacute;figurent les qualit&eacute;s de son faci&egrave;s pour subvertir l&rsquo;iconicit&eacute; du gros plan de la star et le c&eacute;r&eacute;monial qui s&rsquo;y rattache en alt&eacute;rant le plaisir de reconnaissance spectatoriel. Mais les modifications apport&eacute;es au visage de Kidman dans <i>Destroyer </i>ressortissent-elles encore du masque ? Comme les artifices traditionnels du maquillage, le voile recouvre le faci&egrave;s sans le remplacer totalement. Sa puissance est moins celle de la transfiguration que celle d&rsquo;une apparente neutralisation de l&rsquo;expression. Le voile comme le maquillage, pourtant, s&rsquo;inscrivent bien dans la dialectique du masque, se superposant au faci&egrave;s tout en sugg&eacute;rant quelque chose de sa pr&eacute;sence.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Pour James Naremore, &laquo; symbole m&ecirc;me du th&eacute;&acirc;tre, le maquillage est ce qui reste du masque<a href="#note7" name="lien7">7</a></span><w:sdt id="-1880539269" sdttag="goog_rdk_77">&nbsp;</w:sdt><span style="color:black">&raquo;. Il faut n&eacute;anmoins employer ces deux termes avec pr&eacute;caution. Le masque th&eacute;&acirc;tral n&rsquo;est pas exactement le maquillage cin&eacute;matographique. Christian Biet et Christophe Triau pr&eacute;conisent en effet de ne pas confondre le maquillage avec le masque, car ce dernier &laquo; ne colle pas &agrave; la peau : il instaure une alt&eacute;rit&eacute; sur le corps du com&eacute;dien. &raquo; Artificiel et plastique, le masque exprime une valeur symbolique, mais &laquo; parce qu&rsquo;il est syst&eacute;matiquement engag&eacute; dans une entreprise de d&eacute;r&eacute;alisation et parce qu&rsquo;il est radicalement autre, le masque d&eacute;passe &agrave; la fois le mim&eacute;tique et le symbolique pour s&rsquo;offrir comme une image cod&eacute;e, mat&eacute;rielle, plastique, qui peut renvoyer &agrave; l&rsquo;en-de&ccedil;&agrave; et &agrave; l&rsquo;au-del&agrave; de l&rsquo;humain<a href="#note8" name="lien8">8</a>&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Pour illustrer cette interaction entre &laquo;&nbsp;en-de&ccedil;&agrave;&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;au-del&agrave;&nbsp;&raquo; de l&rsquo;humain que r&eacute;activerait la notion de masque num&eacute;rique, nous pourrions analyser les introductions propos&eacute;es par le diptyque <i>La Plan&egrave;te des singes&nbsp;: Les Origines </i>(<i>Rise of the Planet of the Apes</i>, Rupert Wyatt, 2011) /&nbsp;<i>La Plan&egrave;te des singes&nbsp;: L&rsquo;Affrontement </i>(<i>Dawn of the Planet of the Apes</i>, Matt Reeves, 2014) qui articule ce passage entre la <i>motion </i>et la <i>performance capture </i>&agrave; travers l&rsquo;emploi du motif du visage et plus particuli&egrave;rement celui des yeux dont le cadrage frontal permet de renforcer l&rsquo;intensit&eacute; expressive. Dans ces deux films, c&rsquo;est en effet le regard d&rsquo;Andy Serkis, interpr&egrave;te du singe C&eacute;sar, qui introduit la fiction, un principe qui, &agrave; trois ann&eacute;es de distance, accuse certaines nuances.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Le premier film s&rsquo;ouvre sur la capture de jeunes chimpanz&eacute;s dans une for&ecirc;t. Dans cette sc&egrave;ne, le personnage de C&eacute;sar est interpr&eacute;t&eacute; par un vrai singe. Par le biais d&rsquo;un zoom, la cam&eacute;ra se rapproche de son visage, puis recentre le cadrage sur la pupille de l&rsquo;animal. Un <i>cut </i>nous ram&egrave;ne &agrave; l&rsquo;&oelig;il du chimpanz&eacute;, sauf que celui-ci appartient &agrave; pr&eacute;sent &agrave; un singe de synth&egrave;se, ce que r&eacute;v&egrave;le un zoom arri&egrave;re nous montrant C&eacute;sar, cette fois-ci interpr&eacute;t&eacute; par Serkis, se soumettre &agrave; une exp&eacute;rience dans la cellule d&rsquo;un laboratoire<i>.</i> Ici, la qualit&eacute; photo-r&eacute;aliste de la gestuelle du primate n&rsquo;est pas seulement due &agrave; l&rsquo;interpr&eacute;tation de l&rsquo;acteur mais r&eacute;sulte d&rsquo;un face-&agrave;-face entre un &ecirc;tre r&eacute;el et sa r&eacute;plique de synth&egrave;se, dont le montage <i>cut </i>cherche d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment &agrave; fusionner les statuts dans la conscience du spectateur. </span><w:sdt id="321087545" sdttag="goog_rdk_115"></w:sdt><span style="color:black">Apr&egrave;s une courte s&eacute;quence explicative permettant de raccorder les deux films, <i>La Plan&egrave;te des singes&nbsp;: L&rsquo;Affrontement</i> s&rsquo;ouvre &agrave; nouveau sur les pupilles de C&eacute;sar. Plus de singe r&eacute;el ici, seul le regard de Serkis, capt&eacute; par une petite cam&eacute;ra plac&eacute;e au niveau de ses yeux, subsiste. Plein de d&eacute;fiance, celui-ci semble entra&icirc;ner le mouvement de cam&eacute;ra qui s&rsquo;&eacute;loigne progressivement de lui. Plus besoin alors de caution photo-r&eacute;aliste pour assurer la vraisemblance simienne de ce visage. La tension dramatique de la sc&egrave;ne est prise en charge par le regard de l&rsquo;acteur et par lui seul<i>.</i> </span>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">La <i>performance capture </i>permet donc de faire du regard de l&rsquo;acteur, Andy Serkis, le principal moteur cr&eacute;ateur de la s&eacute;quence de <i>La Plan&egrave;te des singes&nbsp;: L&rsquo;Affrontement</i>. Cette modification permet &agrave; nouveau de revenir au masque et au rapport entretenu par le trou et la surface formulant un dialogue constant entre les ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;introjection et de projection. Dans la s&eacute;quence pr&eacute;cit&eacute;e, le regard de la cr&eacute;ature de synth&egrave;se <i>r&eacute;fl&eacute;chit</i> ses douleurs du pass&eacute; (introjection) et, fort de cette exp&eacute;rience, <i>projette</i> &agrave; l&rsquo;&eacute;cran son masque de synth&egrave;se. La mise en sc&egrave;ne n&rsquo;est plus &agrave; l&rsquo;origine de la valeur dramatique du geste, elle en est tributaire, le mouvement de la cam&eacute;ra &eacute;tant comme d&eacute;termin&eacute; par l&rsquo;orientation que lui donne l&rsquo;interpr&eacute;tation scopique de l&rsquo;acteur. Dans cette perspective, la valeur introjective et projective du regard troue bien la surface du masque mais moins pour l&rsquo;absoudre que pour l&rsquo;approfondir d&rsquo;une dimension suppl&eacute;mentaire. La <i>performance capture </i>nous rappelle que le masque se fait semblable &agrave; toute image dont Georges Didi-Huberman a bien rappel&eacute; la valeur de partage consubstantielle &agrave; sa force d&rsquo;&eacute;videment&nbsp;: &laquo;&nbsp;</span>Un &eacute;videment qui ne concerne plus du tout le monde de l&rsquo;artefact ou du simulacre, un &eacute;videment qui touche l&agrave;, devant moi, l&rsquo;in&eacute;vitable par excellence (&hellip;) &ndash; le sens in&eacute;luctable de la perte ici &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre&nbsp;&raquo;. Le masque se pr&eacute;sente donc &agrave; la fois comme un objet utilitaire et un motif esth&eacute;tique, un objet sur lequel on porte son regard et une image qui projette dans les deux interstices qui la surmontent son propre regard.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <w:sdt id="2060822431" sdttag="goog_rdk_137"></w:sdt></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Or, ce regard prend forme dans un intervalle semblable &agrave; une perte qui correspond &agrave; l&rsquo;interpr&eacute;tation de l&rsquo;acteur, soit &agrave; la repr&eacute;sentation d&rsquo;une d&eacute;pense en acte. Sur ce point, la s&eacute;quence de <i>The Mask </i>(Chuck Russell, 1994) mettant en sc&egrave;ne la premi&egrave;re transformation de Stanley Ipkiss (Jim Carrey) se pr&eacute;sente comme un cas exemplaire. L&rsquo;ensemble de la mise en sc&egrave;ne s&rsquo;organise autour du masque magique de couleur verte que s&rsquo;appr&ecirc;te &agrave; porter le personnage. L&rsquo;un des premiers plans nous montre ainsi Stanley tenir le masque entre ses mains devant un miroir. Le masque est ici rendu &agrave; sa seule fonction utilitaire&nbsp;: simple objet dont le pouvoir de projection se limite &agrave; une valeur sp&eacute;culaire. C&rsquo;est au moment o&ugrave; Stanley rev&ecirc;tira le masque que celui-ci affirmera sa force agissante d&rsquo;image. Par le biais de la technique du <i>morphing</i><w:sdt id="89358525" sdttag="goog_rdk_139">,</w:sdt><i> </i>qui consiste &agrave; modifier num&eacute;riquement une partie d&rsquo;un objet ou d&rsquo;un &eacute;l&eacute;ment anatomique, le masque semble se greffer de force <span style="color:black">sur le </span>visage de l&rsquo;interpr&egrave;te tandis que celui-ci se d&eacute;bat en vain. Sa gestuelle et ses d&eacute;placements &agrave; travers le champ mettent en &eacute;vidence le processus d&rsquo;&eacute;puisement &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre. Cette lutte aboutit &agrave; la r&eacute;ussite de la greffe&nbsp;: l&rsquo;interpr&egrave;te fait face &agrave; la cam&eacute;ra, son visage d&eacute;sormais recouvert d&rsquo;une p&acirc;te de latex de couleur verte qui &eacute;pouse parfaitement les traits de son visage. Si le personnage ne cherche d&eacute;sormais plus &agrave; se d&eacute;faire du masque, cet accord ne signifie pas pour autant l&rsquo;arr&ecirc;t total de la d&eacute;pense. Conf&eacute;rant &agrave; son h&ocirc;te des super-pouvoirs qui lui permettent d&rsquo;allonger et de d&eacute;former les membres de son corps, le masque se pr&eacute;sente comme un outil d&rsquo;&eacute;puisement. La s&eacute;quence de lutte se poursuit donc mais sous une forme diff&eacute;rente, se localisant d&eacute;sormais dans cet &eacute;cart invisible qui fonde le contact entre la texture de la peau et celle du masque, aboutissant &agrave; une fusion imparfaite fond&eacute;e sur la dialectique du visuel propre &agrave; la nature de l&rsquo;image. Gaston Bachelard a bien rappel&eacute; en quoi le masque pouvait se constituer comme un espace conflictuel travaill&eacute; par la tension &laquo;&nbsp;entre les deux p&ocirc;les du cach&eacute; et du montr&eacute;&nbsp;&raquo;, soit &laquo;&nbsp;une zone o&ugrave; les compromis sont incessants, au centre m&ecirc;me d&rsquo;une v&eacute;ritable dialectique de la simplification et de la multiplicit&eacute;&nbsp;&raquo;, et &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de laquelle se joindrai<w:sdt id="930941223" sdttag="goog_rdk_140">en</w:sdt>t &laquo;&nbsp;en quelque mani&egrave;re le masque inerte et le visage vivant<a href="#note9" name="lien9">9</a>&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Les technologies du num&eacute;rique (<i>performance capture</i>, <i>morphing</i>) permettraient ainsi de r&eacute;soudre la diff&eacute;rence</span> <span style="color:black">entre&nbsp; masque et maquillage &eacute;voqu&eacute;e par Christian Biet et Christophe Triau&nbsp; en conf&eacute;rant au </span><span style="color:black">second les propri&eacute;t&eacute;s de d&eacute;r&eacute;alisation du premier. Si Yannick Lemari&eacute; remarquait qu&rsquo;au cin&eacute;ma&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le masque est aussi &ndash; et surtout &ndash; la manifestation d&rsquo;une int&eacute;riorit&eacute; probl&eacute;matique&nbsp;&raquo;, d&eacute;voilant &laquo;&nbsp;ce que l&rsquo;on cache d&rsquo;ordinaire, et que, pour une fois, on expose sans retenue<a href="#note10" name="lien10">10</a>&nbsp;&raquo;, ce ph&eacute;nom&egrave;ne d&rsquo;une int&eacute;riorit&eacute; expos&eacute;e devient plus crucial</span> <span style="color:black">encore &agrave; l&rsquo;&egrave;re du num&eacute;rique. Car le masque num&eacute;rique rel&egrave;ve d&rsquo;abord d&rsquo;une virtualit&eacute; qui renforce tout &agrave; la fois son lien avec l&rsquo;artificialit&eacute; du maquillage et valorise la valeur imageante de cette surface qui se propose de se superposer au faci&egrave;s. Pour Bachelard, le virtuel ouvre &agrave; une &laquo;&nbsp;ph&eacute;nom&eacute;nologie de la simulation, du faux-semblant&nbsp;&raquo; qui s&rsquo;articule autour d&rsquo;une appr&eacute;hension des masques comme &laquo;&nbsp;partiels, inachev&eacute;s, fuyants, sans cesse pris et repris, toujours inchoatifs<a href="#note11" name="lien11">11</a>&nbsp;&raquo;. Il resterait alors &agrave; comprendre comment le num&eacute;rique a pu r&eacute;activer cette partialit&eacute; du masque tout en ouvrant la question de l&rsquo;identification &agrave; de nouvelles probl&eacute;matiques formelles et narratives. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2 style="text-align: justify;">Un plaisir de reconnaissance</h2> <p style="border:none; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">L&rsquo;un des plaisirs pris par le spectateur devant <i>Le</i> <i>P&ocirc;le Express</i> tient &agrave; la possibilit&eacute; de reconna&icirc;tre, derri&egrave;re ses multiples avatars de synth&egrave;se, les traits de Tom Hanks, la star du film. Aussi la premi&egrave;re apparition de l&rsquo;acteur</span><w:sdt id="-1920942602" sdttag="goog_rdk_149"><span style="color:black">,</span></w:sdt><span style="color:black"> film&eacute; en <i>performance capture</i></span><w:sdt id="-78068460" sdttag="goog_rdk_150"><i><span style="color:black">,</span></i></w:sdt><span style="color:black"> se devait-elle d&rsquo;&ecirc;tre mise en sc&egrave;ne. &Agrave; la mani&egrave;re de Greta Garbo dans <i>Anna Kar&eacute;nine </i>(<i>Anna Karenina</i>, Clarence Brown, 1935), c&rsquo;est &agrave; travers la vapeur d&rsquo;un train qu&rsquo;appara&icirc;t pour la premi&egrave;re fois le visage de Tom Hanks, derri&egrave;re celui, synth&eacute;tique, d&rsquo;un contr&ocirc;leur de train. Les yeux en amande, les sourcils hauss&eacute;s et la position du faci&egrave;s, l&eacute;g&egrave;rement baiss&eacute; par rapport &agrave; celle du regard<i>,</i> ne mentent pas&nbsp;: c&rsquo;est bien le visage de Hanks qui fut &agrave; l&rsquo;origine de celui du personnage de synth&egrave;se. Ce qui permet au spectateur d&rsquo;authentifier la pr&eacute;sence de l&rsquo;acteur tient donc &agrave; la fois </span><span style="color:black">&agrave; la ressemblance </span><span style="color:black">(la forme des yeux) et &agrave; la reconnaissance d&rsquo;une posture actorale que l&rsquo;on peut consid&eacute;rer comme une signature de l&rsquo;acteur. Cette remarque permet imm&eacute;diatement de lever un <i>a priori </i>en ce qui concerne la nature du masque de synth&egrave;se qui vise moins ici &agrave; produire un</span><w:sdt id="-284345839" sdttag="goog_rdk_173"><span style="color:black">e</span></w:sdt><span style="color:black"> r&eacute;plique hyperr&eacute;aliste du visage de l&rsquo;acteur qu&rsquo;&agrave; composer une forme qui</span><w:sdt id="-65343133" sdttag="goog_rdk_174"><span style="color:black">,</span></w:sdt><span style="color:black"> tout en imitant certains d&eacute;tails de son faci&egrave;s</span><w:sdt id="-516238408" sdttag="goog_rdk_175"><span style="color:black">,</span></w:sdt><span style="color:black"> se pr&eacute;sente comme suffisamment souple pour laisser la r&eacute;ussite de cette strat&eacute;gie de reconnaissance en partie au jeu de l&rsquo;acteur et &agrave; ses expressions faciales en particulier.&nbsp; </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">La comparaison avec Garbo ne tient donc qu&rsquo;un temps. Car dans le film de Brown, il ne s&rsquo;agit pas tant de faire reconna&icirc;tre les traits de l&rsquo;actrice que de <i>spectaculariser</i> son apparition en jouant du principal attribut de la star&nbsp;: le visage film&eacute; en gros plan. Christian Viviani parle </span><span style="color:black">&agrave; ce propos </span><span style="color:black">d&rsquo;&laquo;&nbsp;images iconiques&nbsp;&raquo;, soit des images qui &laquo;&nbsp;ont souvent la <i>star </i>pour centre&nbsp;: leur but est de la donner &agrave; voir en instaurant comme une mise en suspens de l&rsquo;intrigue ou une esth&eacute;tique de l&rsquo;&eacute;motion comparable aux arabesques du <i>bel canto</i><a href="#note12" name="lien12">12</a></span><span style="color:black">&nbsp;&raquo; Comme extrait du film, l&rsquo;acteur doit parvenir &agrave; cr&eacute;er une certaine intimit&eacute; avec le spectateur par le seul biais de &laquo;&nbsp;la force du regard et du micro-geste facial<a href="#note13" name="lien13">13</a>&nbsp;</span><span style="color:black">&raquo;</span>.<w:sdt id="-329216450" sdttag="goog_rdk_193"></w:sdt><w:sdt id="1425151576" sdttag="goog_rdk_196">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <w:sdt id="355774678" sdttag="goog_rdk_195"></w:sdt></w:sdt></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Si le gros plan de Garbo correspond bien &agrave; cette id&eacute;e, celui de Hanks n&rsquo;en rel&egrave;ve qu&rsquo;en partie. Car &agrave; travers ce plan d&rsquo;introduction, c&rsquo;est moins la star que l&rsquo;acteur qui appara&icirc;t &agrave; l&rsquo;&eacute;cran. Il s&rsquo;agit moins de suspendre l&rsquo;intrigue que de faire du plaisir de reconnaissance l&rsquo;un des moteurs de la fiction. Cette remarque permet de distinguer la valeur du gros plan de la star de celle de l&rsquo;acteur (star ou non) film&eacute; par le biais de la <i>performance capture </i>et donc </span><span style="color:black">rev&ecirc;tu </span><span style="color:black">d&rsquo;un masque de synth&egrave;se. L&agrave; o&ugrave; l&rsquo;objectif du c&eacute;r&eacute;monial qui accompagne l&rsquo;apparition du gros plan de Garbo consiste &agrave; offrir le visage de la star au public, celui du <i>P&ocirc;le Express </i>tient plut&ocirc;t &agrave; la r&eacute;v&eacute;lation de la r&eacute;ussite d&rsquo;un effet sp&eacute;cial qui n&rsquo;offre pas imm&eacute;diatement la pr&eacute;sence du visage mais sugg&egrave;re sa pr&eacute;sence. Cette diff&eacute;rence </span><span style="color:black">rappelle </span>la distinction propos&eacute;e par Jean-Christophe Bailly entre &laquo;&nbsp;<i>l&rsquo;image-suspens&nbsp;</i>&raquo; et &laquo;&nbsp;<i>l&rsquo;image-directive</i><a href="#note14" name="lien14">14</a><w:sdt id="916991835" sdttag="goog_rdk_210"><sup>&nbsp;</sup></w:sdt>&raquo;. Alors que la premi&egrave;re engage un travail d&rsquo;interpr&eacute;tation qui doit se d&eacute;velopper sur la longueur, la seconde fait co&iuml;ncider l&rsquo;apparence visible et sa signification et neutralise de fait son interpr&eacute;tation. Cette cat&eacute;gorisation pourrait &ecirc;tre reprise pour approfondir notre comparaison entre le gros plan de Garbo dans le film de Brown et celui de Hanks dans celui de Zemeckis. L&agrave; o&ugrave; le suspens qui affecte la mise en sc&egrave;ne du premier se r&eacute;sout &agrave; travers l&rsquo;apparition du gros plan de la star, celui du second se redouble au contraire par la repr&eacute;sentation du visage synth&eacute;tique de l&rsquo;acteur. C&rsquo;est ici, nous semble-t-il, que l&rsquo;effet de synth&egrave;se<w:sdt id="-1815637096" sdttag="goog_rdk_213">,</w:sdt> lorsqu&rsquo;il se greffe <span style="color:black">&agrave; un visage</span><w:sdt id="-1797748663" sdttag="goog_rdk_214">,</w:sdt> se rapproche le plus s&ucirc;rement de la fonction suspensive du masque faisant co&iuml;ncider le principe d&rsquo;exposition avec celui d&rsquo;une dissimulation, sa capacit&eacute; de monstration avec sa fonction de voilement. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ces modifications num&eacute;riques d&eacute;passent les simples modifications apport&eacute;es par le maquillage traditionnel pour red&eacute;finir la visag&eacute;it&eacute;-m&ecirc;me de <w:sdt id="-1248884442" sdttag="goog_rdk_215"></w:sdt><span style="color:black">l&rsquo;acteur </span>selon un recouvrement fragmentaire propre &agrave; la nature trou&eacute;e du masque <span style="color:black">que nous avons d&eacute;j&agrave; mentionn&eacute;e et </span>dont l&rsquo;homog&eacute;n&eacute;it&eacute; est atteinte par les trous qui percent sa surface pour toujours laisser transpara&icirc;tre par fragments la figure de son porteur. <w:sdt id="458842841" sdttag="goog_rdk_216"></w:sdt>Cette figure trou&eacute;e est comme r&eacute;activ&eacute;e par <span style="color:black">la principale (r)&eacute;volution apport&eacute;e par la <i>performance capture&nbsp;</i>: la possibilit&eacute; d&rsquo;engendrer un regard de synth&egrave;se mu par une force humaine. Comme l&rsquo;a bien remarqu&eacute; S&eacute;bastien Denis, les capteurs faciaux de la <i>performance capture </i>permettent d&rsquo;abord &laquo;&nbsp;d&rsquo;interpr&eacute;ter les </span><w:sdt id="833802610" sdttag="goog_rdk_226"><span style="color:black">&ldquo;</span></w:sdt><span style="color:black">vraies</span><w:sdt id="1800256725" sdttag="goog_rdk_228"><span style="color:black">&rdquo;</span></w:sdt> <span style="color:black">&eacute;motions des acteurs pour les retranscrire dans la chair num&eacute;rique de leurs </span><w:sdt id="-1443991395" sdttag="goog_rdk_230"><span style="color:black">&ldquo;</span></w:sdt><span style="color:black">avatars</span><w:sdt id="221564005" sdttag="goog_rdk_232"><span style="color:black">&rdquo;</span></w:sdt><span style="color:black">. Dans cette configuration, les yeux ont une importance capitale pour porter l&rsquo;attention du spectateur, et une des diff&eacute;rences fondamentales de traitement entre <i>motion capture </i>et <i>performance capture </i>se situe au niveau de l&rsquo;animation des yeux des &ldquo;avatars&rdquo; des acteurs<a href="#note15" name="lien15">15</a>&nbsp;&raquo;. </span><w:sdt id="811759084" sdttag="goog_rdk_239"></w:sdt><span style="color:black">Si notre analyse comparative de <i>La Plan&egrave;te des singes&nbsp;: Les Origines </i>et <i>La Plan&egrave;te des singes&nbsp;: L&rsquo;Affrontement </i>nous avait permis d&rsquo;insister sur l&rsquo;impact scopique de cette (r)&eacute;volution technologique, il convient de remarquer que<i> </i>cette nouvelle importance prise par le regard de l&rsquo;acteur </span><span style="color:black">avait d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; parfaitement mise en sc&egrave;ne dans <i>Avatar </i>(James Cameron, 2009). Ce film fut en effet le premier &agrave; </span><span style="color:black">remplacer les capteurs faciaux des acteurs film&eacute;s en <i>performance capture</i> par une mini cam&eacute;ra HD arrim&eacute;e &agrave; leur combinaison permettant aux animateurs d&rsquo;amplifier le rendu de leurs expressions faciales. La mise en sc&egrave;ne de la transformation de Jake Sully (Sam Worthington) en son avatar Na&rsquo;vi se confond avec celle de l&rsquo;acteur en son double de synth&egrave;se. Le cin&eacute;aste se focalise sur le regard de l&rsquo;acteur, zoomant sur ses yeux ouverts, puis ferm&eacute;s. La dynamique du mouvement de la focale se prolonge &agrave; travers une image de synth&egrave;se repr&eacute;sentant les membranes du cerveau du personnage. Ce court passage s&rsquo;ach&egrave;ve sur une mise au point qui correspond &agrave; l&rsquo;ouverture des yeux de Jake devenu Na&rsquo;vi. &Agrave; cette vision subjective r&eacute;pond un contrechamp r&eacute;v&eacute;lant l&rsquo;identit&eacute; du d&eacute;positaire du regard&nbsp;: le visage, mais surtout les yeux d&rsquo;une &eacute;trange cr&eacute;ature bleut&eacute;e dont les traits rappellent ceux du Jake humain.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">La mise en sc&egrave;ne de cette s&eacute;quence rappelle le dispositif sc&eacute;nographique de <i>La Plan&egrave;te des singes&nbsp;: Les Origines</i>. Comme dans le film de Rupert Wyatt, le plan sur les yeux de Sam Worthington ne constitue pas uniquement une caution charnelle en vue de l&rsquo;apparition du masque de synth&egrave;se, mais se pr&eacute;sente plut&ocirc;t comme la premi&egrave;re &eacute;tape d&rsquo;un processus plus complexe. Dans <i>La Plan&egrave;te des singes&nbsp;: Les Origines</i>, le rapport fusionnel des plans s&rsquo;&eacute;tablissait selon un principe mim&eacute;tique, c&rsquo;est-&agrave;-dire selon une ressemblance comprenant en son sein m&ecirc;me une diff&eacute;rence (le singe que je vois ressemble &agrave; mais n&rsquo;est pas celui qui m&rsquo;est montr&eacute; ensuite). Dans <i>Avatar</i>, ce n&rsquo;est pas le mim&eacute;tisme qui prime mais une sorte de concordance absolue, car le regard du Na&rsquo;vi est bien celui de l&rsquo;acteur film&eacute; en <i>performance capture</i>. L&agrave; o&ugrave; <i>La Plan&egrave;te des singes&nbsp;: Les Origines </i>faisait du montage un proc&eacute;d&eacute; d&rsquo;exposition technique affirmant la seule possibilit&eacute; d&rsquo;une ressemblance (aussi accomplie soit-elle), <i>Avatar </i>conserve de l&rsquo;acteur la nature projective d&rsquo;un regard apte &agrave; investir l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; apparente du masque de synth&egrave;se. Or, ce qui se projette au sein de cette s&eacute;quence, c&rsquo;est justement un geste, celui du bras tendu de Jake et de sa main dont les doigts se contractent et se d&eacute;plient. Voil&agrave; bien ce qu&rsquo;accomplit la fusion dialectique du masque : apr&egrave;s la fusion des visages vient celle du geste et donc de l&rsquo;interpr&eacute;tation actorale qui en d&eacute;termine la conduite. On reviendrait alors ici &agrave; la d&eacute;finition du masque propos&eacute; par Roger Caillois&nbsp;qui comparait celui-ci &agrave; un fant&ocirc;me </span>dont l&rsquo;irruption serait &laquo;&nbsp;celle des puissances que l&rsquo;homme redoute et sur lesquelles il ne se sent pas de prise. [L&rsquo;individu masqu&eacute;] incarne alors, temporairement, les puissances effrayantes, il les mime, il s&rsquo;identifie &agrave; elles, et bient&ocirc;t ali&eacute;n&eacute; en proie au d&eacute;lire, il se croit v&eacute;ritablement le dieu dont il s&rsquo;est d&rsquo;abord appliqu&eacute; &agrave; prendre l&rsquo;apparence au moyen d&rsquo;un d&eacute;guisement savant ou pu&eacute;ril. La situation est retourn&eacute;e&nbsp;: c&rsquo;est lui qui fait peur, c&rsquo;est lui la puissance terrible et inhumaine<a href="#note16" name="lien16">16</a>&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Par le d&eacute;doublement qu&rsquo;elle implique, la technique de la <i>perfomance capture </i>reprend &agrave; son compte cette dialectique du masque, assurant tout &agrave; la fois l&rsquo;unit&eacute; m&eacute;thodologique du jeu actoral, et engageant une r&eacute;flexion sur le dialogue identificatoire &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre au sein de la fusion entre la profondeur du regard et la plasticit&eacute; de la surface.&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Le masque cherche ainsi moins &agrave; concr&eacute;tiser une transfiguration qu&rsquo;&agrave; faire voir son processus, ph&eacute;nom&egrave;ne qui correspond bien &agrave; la repr&eacute;sentation de Hanks dans <i>Le P&ocirc;le Express</i> et &agrave; celle de Kidman dans <i>Destroyer</i>. Si le premier b&eacute;n&eacute;ficie d&rsquo;une<w:sdt id="-853643827" sdttag="goog_rdk_294"></w:sdt> recomposition figurative et <w:sdt id="-1984152438" sdttag="goog_rdk_295">si </w:sdt>la seconde subit une d&eacute;figuration, le masque num&eacute;rique oscille toujours entre l&rsquo;en-de&ccedil;&agrave; </span><span style="color:black">et l&rsquo;au-del&agrave; de l&rsquo;acteur. L&rsquo;au-del&agrave;</span><w:sdt id="-1165316888" sdttag="goog_rdk_296"><span style="color:black">,</span></w:sdt><span style="color:black"> c&rsquo;est la <i>performance capture </i>qui masque totalement la pr&eacute;sence de l&rsquo;acteur en le transformant en une figure de synth&egrave;se. L&rsquo;en-de&ccedil;&agrave;, c&rsquo;est le <i>morphing </i>ou le maquillage num&eacute;rique, qui creuse le visage de l&rsquo;acteur, le d&eacute;masque en diminuant l&rsquo;&eacute;paisseur de la peau et en laissant entrevoir les muscles et les os situ&eacute;s sous sa fine pellicule de chair. Entre ces deux polarit&eacute;s, c&rsquo;est la logique du masque qui pr&eacute;domine, alt&eacute;rant la figure actoral</span><w:sdt id="-1285421162" sdttag="goog_rdk_297"><span style="color:black">e</span></w:sdt><span style="color:black"> sans pour autant l&rsquo;annihiler compl&egrave;tement. Ce que le masque num&eacute;rique r&eacute;v&egrave;le alors, c&rsquo;est l&rsquo;&eacute;panouissement du vivant sous la surface qui le recouvre imparfaitement, c&rsquo;est l&rsquo;expansion du mouvement au-del&agrave; d&rsquo;une surface qui ne saurait jamais le contenir totalement.&nbsp; </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <hr /> <p style="text-align: justify;"><strong>Notes et r&eacute;f&eacute;rences</strong></p> <p style="text-align: justify;"><strong>Bibliographie</strong></p> <p style="text-align:justify"><em><strong><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Ouvrages </span></span></span></span></strong></em></p> <div> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Bachelard&nbsp;Gaston, <i>Le Droit de r&ecirc;ver</i>, Paris, Les Presses Universitaires de France, 1970.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Bailly&nbsp;Jean-Christophe, <i>L&rsquo;Imagement</i>, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, &laquo;&nbsp;Fiction &amp; Cie&nbsp;&raquo;, 2020. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Biet&nbsp;Christian, Triau&nbsp;Christophe, <i>Qu&rsquo;est-ce que le th&eacute;&acirc;tre ?</i>, Paris, &Eacute;ditions Gallimard, &laquo; Folio Essais &raquo;, 2006.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Caillois&nbsp;Roger, <i>Les Jeux et les hommes. Le masque et le vertige</i>, Paris, &Eacute;ditions Gallimard, &laquo;&nbsp;Folio/Essais&nbsp;&raquo;, 1967.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Damour&nbsp;Christophe, <i>Al Pacino. Le dernier trag&eacute;dien</i>, Paris, &Eacute;ditions Scope, 2009. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Grosoli&nbsp;Marco,&nbsp;Massuet&nbsp;Jean-Baptiste (dir.), <i>La Capture de mouvement ou le modelage de l&rsquo;invisible</i>, Rennes, Presses universitaires de Rennes, &laquo;&nbsp;Le Spectaculaire&nbsp;&raquo;, 2014.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Leutrat&nbsp;Jean-Louis, <i>Un autre visible. Le fantastique du cin&eacute;ma</i>, Lille, De L&rsquo;Incidence &Eacute;diteur, 2009.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Naremore James, <i>Acteurs. Le jeu de l&rsquo;acteur au cin&eacute;ma </i>(trad. Christian Viviani), Rennes, Presses universitaires de Rennes, &laquo;&nbsp;Le Spectaculaire&nbsp;&raquo;, 2014.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Viviani&nbsp;Christian, <i>Le Magique et le vrai. L&rsquo;acteur de cin&eacute;ma, sujet et objet</i>, Aix-en-Provence, Rouge Profond, 2015.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><em><strong><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Articles </span></span></span></span></strong></em></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Barthes&nbsp;Roland, &laquo;&nbsp;Pouvoirs de la trag&eacute;die antique&nbsp;&raquo;, <i>Th&eacute;&acirc;tre Populaire</i>, juillet-ao&ucirc;t 1953. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Lemari&eacute;&nbsp;Yannick, &laquo;&nbsp;Le masque de la peur&nbsp;&raquo;, <i>Positif</i>, n&deg;729, septembre 2021.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Massimo&nbsp;Leone, &laquo;&nbsp;Le voile de Timanthe&nbsp;: essai d&rsquo;articulation s&eacute;miotique&nbsp;&raquo;, <i>Actes s&eacute;miotiques</i>, n&deg;114, 2011. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Paladino&nbsp;Anna,&nbsp;Becilli&nbsp;Manuela, &laquo;&nbsp;Devant et derri&egrave;re le masque&nbsp;&raquo;, <i>Imaginaire &amp; Inconscient</i>, n&deg;26, 2010.</span></span></span></span></p> <hr /> <div id="ftn1"> <p style="border:none; text-align:justify"><span new="" roman="" style="" times=""><span style="color: black;"><a href="#lien1" name="note1">1</a><span style="font-size: 10pt;"> Justin Baillargeon, &laquo;&nbsp;La capture de mouvement, une nouvelle technologie&nbsp;?&nbsp;&raquo;, </span></span><w:sdt id="-1159305116" sdttag="goog_rdk_319" style="font-size: 12pt;"><i><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">in</span></span></i></w:sdt><span style="font-size: 10pt;"><span style="color:black"> Marco Grosoli et Jean-Baptiste Massuet (dir.), <i>La Capture de mouvement ou le modelage de l&rsquo;invisible</i>, Rennes, Presses universitaires de Rennes, &laquo;&nbsp;Le Spectaculaire&nbsp;&raquo;, 2014, p. 27. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p style="border:none; text-align:justify"><span new="" roman="" style="" times=""><span style="color: black;"><a href="#lien2" name="note2">2</a><span style="font-size: 10pt;"> Jean-Louis Leutrat, </span><i style="font-size: 10pt;">Un autre visible. Le fantastique du cin&eacute;ma</i><span style="font-size: 10pt;">, Lille, De L&rsquo;Incidence &Eacute;diteur, 2009, p. 47. </span></span></span></p> <p style="border:none; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"><a href="#lien3" name="note3">3</a> Roland Barthes, &laquo;&nbsp;Pouvoirs de la trag&eacute;die antique&nbsp;&raquo;, <i>Th&eacute;&acirc;tre Populaire</i>, juillet-ao&ucirc;t 1953, repris </span></span><w:sdt id="-658305870" sdttag="goog_rdk_324"><i><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">in</span></span></i></w:sdt><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"> Rolan&nbsp; Barthes, <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes. T. I. 1942-1961</i>, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, 1993, </span></span><w:sdt id="1423149122" sdttag="goog_rdk_325"><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">p. 263</span></span></w:sdt> <span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">(c&rsquo;est l&rsquo;auteur qui souligne). </span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p style="border:none; text-align:justify"><span new="" roman="" style="" times=""><span style="color: black;"><a href="#lien4" name="note4">4</a><span style="font-size: 10pt;"> Anna Paladino et Manuela Becilli, &laquo;&nbsp;Devant et derri&egrave;re le masque&nbsp;&raquo;, </span><i style="font-size: 10pt;">Imaginaire &amp; Inconscient</i><span style="font-size: 10pt;">, n&deg;26, 2010 (article disponible en ligne sur&nbsp;: </span></span><a href="https://www.cairn.info/revue-imaginaire-et-inconscient-2010-2-page-35.htm" style="font-size: 12pt;"><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none">https://www.cairn.info/revue-imaginaire-et-inconscient-2010-2-page-35.htm</span></span></span></span></a><span style="font-size: 10pt;"><span style="color:black"> [derni&egrave;re consultation le 03/08/2023]). </span></span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p style="border:none; text-align:justify"><span new="" roman="" style="" times=""><span style="color: black;"><a href="#lien5" name="note5">5</a><span style="font-size: 10pt;"> Le rapport de ce motif pictural et du geste de l&rsquo;acteur de cin&eacute;ma a d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; soulign&eacute; par Christophe Damour dans son &eacute;tude consacr&eacute;e &agrave; Al Pacino. Voir&nbsp;:&nbsp; Christophe Damour, </span><i style="font-size: 10pt;">Al Pacino. Le dernier trag&eacute;dien</i><span style="font-size: 10pt;">, Paris, &Eacute;ditions Scope, 2009, p. 99. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p style="border:none; text-align:justify"><span new="" roman="" style="" times=""><span style="color: black;"><a href="#lien6" name="note6">6</a><span style="font-size: 10pt;"> Massimo Leone, &laquo;&nbsp;Le voile de Timanthe&nbsp;: essai d&rsquo;articulation s&eacute;miotique&nbsp;&raquo;, </span><i style="font-size: 10pt;">Actes s&eacute;miotiques</i><span style="font-size: 10pt;">, n&deg;114, 31/10/2011,&nbsp;</span></span><span style="font-size: 10pt;"><span style="color:black"><span style="text-decoration:none"><span style="text-underline:none"><a href="http://epublications.unilim.fr/revues/as/1945#ftn1" style="font-size: 12pt;">http://epublications.unilim.fr/revues/as/1945#ftn1</a>&nbsp;[en ligne], consult&eacute; le</span></span></span></span><span style="font-size: 10pt;"><span style="color:black">&nbsp;10/10/2018.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p style="border:none; text-align:justify"><span new="" roman="" style="" times=""><span style="color: black;"><a href="#lien7" name="note7">7</a><span style="font-size: 10pt;"> James Naremore, </span><i style="font-size: 10pt;">Acteurs. Le jeu de l&rsquo;acteur au cin&eacute;ma </i><span style="font-size: 10pt;">(trad. Christian Viviani), Rennes, Presses universitaires de Rennes, &laquo;&nbsp;Le Spectaculaire&nbsp;&raquo;, 2014, p. 110.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p style="text-align:justify"><span new="" roman="" style="" times=""><span style="color: black;"><a href="#lien8" name="note8">8</a><span style="font-size: 10pt;"> Christian Biet et Christophe Triau, </span><i style="font-size: 10pt;">Qu&rsquo;est-ce que le th&eacute;&acirc;tre ?</i><span style="font-size: 10pt;">, Paris, &Eacute;ditions Gallimard, &laquo; Folio Essais &raquo;, 2006, p. 386.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p style="border:none; text-align:justify"><span new="" roman="" style="" times=""><span style="color: black;"><a href="#lien9" name="note9">9</a><span style="font-size: 10pt;"> Gaston Bachelard, </span><i style="font-size: 10pt;">Le Droit de r&ecirc;ver</i><span style="font-size: 10pt;">, Paris, Les Presses Universitaires de France, 1970, p. 204.</span></span></span></p> <p style="border:none; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"><a href="#lien10" name="note10">10</a> Yannick Lemari&eacute;, &laquo;&nbsp;Le masque de la peur&nbsp;&raquo;, <i>Positif</i>, n&deg;729, septembre 2021, p. 96.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn11"> <p style="border:none; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><w:sdt id="196277242" sdttag="goog_rdk_336"><a href="#lien11" name="note11">11</a>&nbsp;</w:sdt><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">Gaston Bachelard, <i>Le Droit de r&ecirc;ver</i>, <i>op. cit.</i>, p. 204 et 210. </span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn12"> <p style="border:none; text-align:justify"><span new="" roman="" style="" times=""><span style="color: black;"><a href="#lien12" name="note12">12</a><span style="font-size: 10pt;"> Christian Viviani, </span><i style="font-size: 10pt;">Le Magique et le vrai. L&rsquo;acteur de cin&eacute;ma, sujet et objet</i><span style="font-size: 10pt;">, Aix-en-Provence, Rouge Profond, 2015, p. 91. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn13"> <p style="border:none; text-align:justify"><span new="" roman="" style="" times=""><span style="color: black;"><a href="#lien13" name="note13">13</a><span style="font-size: 10pt;">&nbsp;&nbsp;</span><i style="font-size: 10pt;">Ibid.</i><span style="font-size: 10pt;">, p. 92-93. </span></span></span></p> <p style="border:none; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black"><a href="#lien14" name="note14">14</a> Jean-Christophe Bailly, <i>L&rsquo;Imagement</i>, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, &laquo;&nbsp;Fiction &amp; Cie&nbsp;&raquo;, 2020, p. 62-63.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn15"> <p style="border:none; text-align:justify"><span new="" roman="" style="" times=""><span style="color: black;"><a href="#lien15" name="note15">15</a><span style="font-size: 10pt;"> S&eacute;bastien Denis, &laquo;&nbsp;Le devenir-marionnette de l&rsquo;acteur&nbsp;: la </span><i style="font-size: 10pt;">performance capture </i><span style="font-size: 10pt;">dans </span><i style="font-size: 10pt;">Avatar&nbsp;</i><span style="font-size: 10pt;">&raquo;, </span></span><w:sdt id="81650226" sdttag="goog_rdk_342" style="font-size: 12pt;"><i><span style="font-size:10.0pt"><span style="color:black">in</span></span></i></w:sdt><span style="font-size: 10pt;"><span style="color:black"> Marco Grosoli et Jean-Baptiste Massuet (dir.), <i>La capture de mouvement ou le modelage de l&rsquo;invisible</i>, <i>op. cit.</i>, p. 175. </span></span></span></p> <p style="border:none; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="color:black"><a href="#lien16" name="note16">16</a> Roger Caillois, <i>Les Jeux et les hommes. Le masque et le vertige</i>, Paris, &Eacute;ditions Gallimard, &laquo;&nbsp;Folio/Essais&nbsp;&raquo;, 1967, p. 173. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="border:none; text-align:justify">&nbsp;</p> <hr /> <h2>&Agrave; propos de l&#39;auteur</h2> <p>Jacques Demange est docteur en &eacute;tudes cin&eacute;matographiques et ancien ATER &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Toulouse-Jean Jaur&egrave;s. Essayiste et collaborateur &agrave; la revue <em>Positif</em>, il se sp&eacute;cialise dans l&rsquo;&eacute;tude du jeu d&rsquo;acteur, les technologies du num&eacute;rique, le cin&eacute;ma moderne et les rapports entre litt&eacute;rature et cin&eacute;ma.</p> </div> </div>