<h2>Introduction</h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">La notion de <i>character overhaul </i>(&laquo;&nbsp;personnage remani&eacute;&nbsp;&raquo;), invent&eacute;e par Jason Mittell pour l&rsquo;analyse des personnages de s&eacute;ries t&eacute;l&eacute;vis&eacute;es, subsume sous un seul terme des r&eacute;alit&eacute;s multiples. Les &laquo;&nbsp;remaniements&nbsp;&raquo; peuvent avoir pour objet des d&eacute;doublements, des changements d&rsquo;identit&eacute;s, mais aussi des &eacute;changes de corps entre deux personnages. L&rsquo;&eacute;change de corps est en lui-m&ecirc;me un &laquo;&nbsp;remaniement&nbsp;&raquo; de personnage recouvrant des modalit&eacute;s narratives, actorales et esth&eacute;tiques tr&egrave;s diverses.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Pour Florent Favard, l&rsquo;&eacute;change de corps serait une &laquo;&nbsp;substitution compl&egrave;te&nbsp;&raquo;, et r&eacute;ciproque, de l&rsquo;identit&eacute; de deux personnages (1). La r&eacute;ciprocit&eacute; de la &laquo;&nbsp;substitution compl&egrave;te&nbsp;&raquo; nous semble plus proche de ce que </span></span></span><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Favard</span></span></span> nomme le &laquo;&nbsp;remplacement du corps&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Il s&rsquo;agit de ces moments o&ugrave; un personnage &ndash; plus pr&eacute;cis&eacute;ment, son esprit, son &quot;&acirc;me&quot;, ou quoi que ce soit qui fonde son identit&eacute; &ndash; se retrouve projet&eacute; dans un autre <span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">corps que celui d&rsquo;origine (2). &raquo; Dans les faits, l&agrave; o&ugrave; Favard &eacute;tablit une diff&eacute;rence conceptuelle entre la &laquo;&nbsp;substitution compl&egrave;te&nbsp;&raquo; et le &laquo;&nbsp;remplacement du corps&nbsp;&raquo;, nous voyons plut&ocirc;t une simple diff&eacute;rence de perspective envers le m&ecirc;me ph&eacute;nom&egrave;ne. En effet, si un personnage A &eacute;change son corps avec un personnage B, alors, du point de vue du personnage A, il y a &laquo;&nbsp;remplacement du corps&nbsp;&raquo;, mais, du point de vue du personnage B, il y a &laquo;&nbsp;substitution compl&egrave;te&nbsp;&raquo; de son identit&eacute;&nbsp;: A &laquo;&nbsp;remplace&nbsp;&raquo; son corps avec celui de B en se &laquo;&nbsp;substituant compl&egrave;tement&nbsp;&raquo; &agrave; l&rsquo;identit&eacute; de B. C&rsquo;est pourquoi l&rsquo;&laquo;&nbsp;&eacute;change de corps&nbsp;&raquo;, qui nous semble &ecirc;tre un ph&eacute;nom&egrave;ne suffisamment coh&eacute;rent en lui-m&ecirc;me, sera envisag&eacute; sans &ecirc;tre &eacute;cartel&eacute; entre plusieurs notions diff&eacute;rentes (&laquo;&nbsp;substitution compl&egrave;te &nbsp;&raquo; <i>et</i> &laquo;&nbsp;remplacement du corps&nbsp;&raquo;). De plus, Favard se focalise sur les &laquo;&nbsp;remaniements&nbsp;&raquo; feuilletonnants, &agrave; partir d&rsquo;une perspective narratologique, tandis que nous int&eacute;grons &agrave; nos analyses les &laquo;&nbsp;remaniements&nbsp;&raquo; &eacute;pisodiques d&rsquo;un point de vue esth&eacute;tique et actoral. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">L&rsquo;objectif de l&rsquo;article consiste &agrave; &eacute;claircir les implications filmiques et actorales du personnage t&eacute;l&eacute;vis&eacute; &laquo;&nbsp;remani&eacute;&nbsp;&raquo; lors des situations d&rsquo;&eacute;changes de corps. Pour ce faire, nous envisageons le corps du personnage comme une &laquo;&nbsp;image&nbsp;&raquo; (au sens deleuzien du terme) engag&eacute;e dans un rapport de forces avec d&rsquo;autres &laquo;&nbsp;images&nbsp;&raquo; (3). Le personnage serait donc une &laquo;&nbsp;image&nbsp;&raquo;, en tant qu&rsquo;il est incarn&eacute; par un acteur, ind&eacute;pendamment de la fa&ccedil;on dont cette &laquo;&nbsp;image&nbsp;&raquo; est ensuite film&eacute;e par une cam&eacute;ra (4). </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">D&egrave;s lors que le &laquo;&nbsp;remaniement&nbsp;&raquo; concerne, en premier lieu, le corps du personnage, quelle est la contribution r&eacute;elle de l&rsquo;acteur dans la modulation (5) de l&rsquo;&laquo;&nbsp;image&nbsp;&raquo; du personnage &laquo;&nbsp;modifi&eacute;&nbsp;&raquo;&nbsp;? Si la dimension actorale semble essentielle &agrave; l&rsquo;analyse, le format narratif l&rsquo;est tout autant puisqu&rsquo;il d&eacute;termine la mise en s&eacute;rie, plus ou moins prononc&eacute;e, du remaniement. Comment la s&eacute;rialit&eacute;, propre &agrave; chaque &oelig;uvre, module-t-elle le remaniement&nbsp;? Nous remarquons que le remaniement &eacute;pisodique n&rsquo;implique pas une cl&ocirc;ture de l&rsquo;&eacute;pisode sur lui-m&ecirc;me mais engage souvent la &laquo;&nbsp;m&eacute;moire&nbsp;&raquo; de la s&eacute;rie. L&rsquo;&eacute;change de corps pose aussi la question du &laquo;&nbsp;point de vue&nbsp;&raquo; en ce qu&rsquo;il peut &ecirc;tre per&ccedil;u selon deux modalit&eacute;s principales&nbsp;: &agrave; partir de la subjectivit&eacute; du personnage remani&eacute; ou &agrave; partir du point de vue de l&rsquo;instance narratrice nomm&eacute;e ocularisation z&eacute;ro par la narratologie filmique (6). Nous &eacute;tudions donc la fa&ccedil;on dont l&rsquo;ocularisation adopt&eacute;e affecte la dimension actorale du &laquo;&nbsp;remaniement&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Pour r&eacute;pondre &agrave; ces questions, nous nous basons sur un corpus d&rsquo;&oelig;uvres appartenant aux &laquo;&nbsp;genres de l&rsquo;imaginaire&nbsp;&raquo; (7), tout en privil&eacute;giant une grande diversit&eacute; esth&eacute;tique afin d&rsquo;affiner au maximum la tentative de typologie des &eacute;changes de corps les plus fr&eacute;quemment rencontr&eacute;s. Les s&eacute;ries retenues le sont alors principalement pour le traitement qu&rsquo;elles font de l&rsquo;&eacute;change de corps, chacune illustrant une tendance singuli&egrave;re&nbsp;: de l&rsquo;&eacute;pisode autonome o&ugrave; aucun personnage principal n&rsquo;est concern&eacute;, jusqu&rsquo;&agrave; des doubles &eacute;pisodes affectant le personnage principal de la s&eacute;rie. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">La trajectoire d&rsquo;analyse s&rsquo;arrime aux ouvertures m&eacute;thodologiques offertes par l&rsquo;analyse actorale, entendue dans son sens restreint d&rsquo;&eacute;tude des gestes &oelig;uvrant &agrave; des effets potentiellement &laquo;&nbsp;d&eacute;familiarisants&nbsp;&raquo; envers le personnage. Nous voyons dans une premi&egrave;re partie que l&rsquo;&eacute;change de corps n&rsquo;induit pas n&eacute;cessairement un renouvellement des formes actorales. C&rsquo;est &agrave; partir de la notion d&rsquo;ocularisation que nous &eacute;tudions les raisons esth&eacute;tiques qui emp&ecirc;chent l&rsquo;&eacute;mergence de ce que nous nommons une &laquo;&nbsp;d&eacute;familiarisation actorale&nbsp;&raquo;. Ce premier temps de l&rsquo;analyse consiste principalement en un remaniement de la notion d&rsquo;ocularisation en vue de l&rsquo;analyse des &eacute;changes de corps s&eacute;riels. Nous &eacute;tudions, dans une deuxi&egrave;me partie, les situations o&ugrave; le renouvellement des formes actorales est manifeste. Ce second temps de l&rsquo;analyse se focalise en grande partie sur la signification des formes gestuelles adopt&eacute;es par les acteurs. Nous terminons notre analyse sur une r&eacute;capitulation des ocularisations adopt&eacute;es, des formats narratifs privil&eacute;gi&eacute;s, et des gestes employ&eacute;s afin de formaliser un cadre d&rsquo;analyse des personnages t&eacute;l&eacute;vis&eacute;s &laquo;&nbsp;remani&eacute;s&nbsp;&raquo; le plus complet possible.</span></span></span></span></p> <h2>1. D&eacute;familiarisation actorale absente</h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><i><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Buffy contre les vampires</span></i><i> </i>(8) <span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">est une s&eacute;rie avec deux occurrences notables d&rsquo;&eacute;change de corps. La premi&egrave;re intervient tr&egrave;s t&ocirc;t dans la fiction, d&egrave;s l&rsquo;&eacute;pisode 3, et affecte deux personnages inconnus du public, tandis que la seconde est plus tardive, et affecte deux personnages principaux. Se trouvent, entre ces deux p&ocirc;les, quelques propositions esth&eacute;tiques interm&eacute;diaires&nbsp;: une s&eacute;rialit&eacute; plus ou moins mobilis&eacute;e et un travail actoral plus ou moins visible. </span></span></span></span></p> <h3>1.1. &Eacute;changes de corps en ocularisation fixe</h3> <p class="MsoBodyText" style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Nous apprenons en fin de S01E03 de<i> Buffy contre les vampires&nbsp;</i>(9)<i> </i>que le personnage d&rsquo;Amy est en r&eacute;alit&eacute; bloqu&eacute; dans le corps de sa propre m&egrave;re, tandis que cette derni&egrave;re profite du corps de sa fille gr&acirc;ce &agrave; un proc&eacute;d&eacute; magique ayant permis l&rsquo;ex&eacute;cution d&rsquo;un &eacute;change de corps. Le personnage d&rsquo;Amy vient d&rsquo;&ecirc;tre introduit dans la s&eacute;rie, tout comme celui de sa m&egrave;re. De plus, l&rsquo;&eacute;change de corps est strictement contenu dans le cadre de l&rsquo;&eacute;pisode. Ce &laquo;&nbsp;remaniement&nbsp;&raquo; de personnage ne fait appel ni &agrave; une m&eacute;moire s&eacute;rielle ni &agrave; une (d&eacute;)familiarisation actorale. Nous appelons &laquo;&nbsp;familiarisation actorale&nbsp;&raquo; la familiarit&eacute; qu&rsquo;acquiert suppos&eacute;ment le public avec l&rsquo;acteur incarnant son personnage dans le temps, plus ou moins long, de la diffusion de la s&eacute;rie. La succession des &eacute;pisodes, et le temps long de la diffusion d&rsquo;une s&eacute;rie t&eacute;l&eacute;vis&eacute;e, <i>familiarisent</i>, pour le public, la fa&ccedil;on dont un acteur choisit d&rsquo;incarner son personnage&nbsp;: le ton de sa voix, sa diction, ses postures, ses mani&egrave;res d&rsquo;&ecirc;tres, sa fa&ccedil;on de marcher, ses expressions faciales, etc. Puisque nous n&rsquo;avons jamais vu les personnages avant cet &eacute;pisode de <i>Buffy contre les vampires</i>, alors il n&rsquo;y a pas eu de processus de familiarisation actorale avant une hypoth&eacute;tique &laquo;&nbsp;d&eacute;familiarisation actorale&nbsp;&raquo; suite &agrave; l&rsquo;&eacute;change de corps. La &laquo;&nbsp;d&eacute;familiarisation actorale&nbsp;&raquo; est, &agrave; l&rsquo;inverse, le processus de reformulation gestuelle op&eacute;r&eacute; par un acteur suite au &laquo;&nbsp;remaniement&nbsp;&raquo; (quel qu&rsquo;il soit) de son personnage. Cette reformulation gestuelle <i>d&eacute;familiarise</i> le rapport que le public entretient avec un acteur. La <i>d&eacute;familiarisation actorale </i>pr&eacute;suppose donc une <i>familiarisation actorale </i>pr&eacute;alable (10). Cet exemple de <i>Buffy contre les vampires</i> est le <i>degr&eacute; de</i> <i>personnage remani&eacute; par &eacute;change de corps</i> <i>le plus faible possible&nbsp;</i>: &eacute;pisodique et sans s&eacute;rialit&eacute;, aucune &laquo;&nbsp;image&nbsp;&raquo; de personnage connu, donc aucune d&eacute;familiarisation actorale possible.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Ce mod&egrave;le peut subir une variation lorsque l&rsquo;&eacute;change de corps concerne un personnage d&eacute;j&agrave; introduit dans le r&eacute;cit. Dans <i>Supernatural </i>(S05E12) (11), il s&rsquo;agit encore d&rsquo;un &eacute;change de corps &eacute;pisodique, mais qui affecte &agrave; la fois l&rsquo;un des personnages principaux et un personnage nouvellement introduit dans l&rsquo;&eacute;pisode. La s&eacute;rialit&eacute; est donc engag&eacute;e puisque nous sommes tr&egrave;s familiaris&eacute;s avec l&rsquo;acteur du personnage principal, ainsi qu&rsquo;avec les enjeux narratifs pass&eacute;s, actuels et &agrave; venir. Cependant, aucune d&eacute;familiarisation actorale n&rsquo;est manifeste au cours de l&rsquo;&eacute;pisode. En effet, l&rsquo;&eacute;change de corps peut faire l&rsquo;objet de deux traitements visuels oppos&eacute;s. Dans le premier, nous voyons ce que voient les autres personnages dans la fiction. C&rsquo;est ce que la narratologie filmique nomme l&rsquo;ocularisation z&eacute;ro. L&rsquo;ocularisation z&eacute;ro est l&rsquo;instance narratrice ext&eacute;rieure &agrave; la di&eacute;g&egrave;se. Dans le cas d&rsquo;un &eacute;change de corps en ocularisation z&eacute;ro, l&rsquo;acteur ne joue plus son personnage attitr&eacute;, mais joue le personnage se trouvant, temporairement, dans le corps de son personnage attitr&eacute;. C&rsquo;est le cas de notre pr&eacute;c&eacute;dent exemple de <i>Buffy contre les vampires</i> o&ugrave; l&rsquo;actrice joue d&rsquo;abord Amy puis joue la m&egrave;re d&rsquo;Amy dans le corps de sa fille.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Dans le second traitement visuel possible, nous n&rsquo;avons plus une perception &laquo;&nbsp;objective&nbsp;&raquo; (ocularisation z&eacute;ro) de la situation, mais une perception &laquo;&nbsp;subjective&nbsp;&raquo;. Il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;une ocularisation interne (voir &agrave; travers les yeux du personnage) (12), mais une sorte d&rsquo;ocularisation z&eacute;ro (le personnage est toujours visible dans le champ) filtr&eacute;e par la subjectivit&eacute; du personnage. Nous pourrions appeler cela une ocularisation subjective. En r&eacute;sum&eacute;, lorsque nous voyons le personnage principal Sam Winchester dans le corps de Gary, c&rsquo;est toujours l&rsquo;acteur associ&eacute; &agrave; Sam qui est visible, tandis que, lorsque nous voyons le personnage de Gary dans le corps de Sam, c&rsquo;est toujours l&rsquo;acteur associ&eacute; &agrave; Gary qui est visible. &nbsp;Dans ce cadre esth&eacute;tique de l&rsquo;&eacute;change de corps, l&rsquo;acteur continue de jouer son personnage attitr&eacute;, malgr&eacute; l&rsquo;&eacute;change de corps, puisque la perception de la cam&eacute;ra est celle du personnage&nbsp;: la fa&ccedil;on dont le personnage se per&ccedil;oit lui-m&ecirc;me. Cette perception mentale de soi, malgr&eacute; les changements perceptibles du corps, pourrait &ecirc;tre rapproch&eacute;e de ce que l&rsquo;anthropologue David Le Breton nomme le &laquo;&nbsp;visage de r&eacute;f&eacute;rence&nbsp;&raquo; (13). Le &laquo;&nbsp;visage de r&eacute;f&eacute;rence&nbsp;&raquo; est l&rsquo;image mentale id&eacute;ale que se fait un individu de son visage, malgr&eacute; la progressive alt&eacute;ration de ce dernier par les affres de la vieillesse. Cependant, ce n&rsquo;est pas une unique subjectivit&eacute; qui est mise en jeu, mais bien les deux subjectivit&eacute;s concern&eacute;es par l&rsquo;&eacute;change de corps. L&rsquo;ocularisation subjective alterne donc entre les deux subjectivit&eacute;s sans prendre position en faveur de l&rsquo;une ou de l&rsquo;autre.<b> </b></span></span></span></span></p> <p class="MsoCaption" style="text-align:justify; margin-top:8px; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="font-style:italic"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="font-style:normal">La s&eacute;rie travaille un paradoxe visuel en donnant &agrave; voir la &laquo;&nbsp;r&eacute;alit&eacute;&nbsp;&raquo; de l&rsquo;&eacute;change de corps par l&rsquo;entremise des miroirs. L&rsquo;ocularisation &eacute;tant pass&eacute;e au crible des &laquo;&nbsp;visages de r&eacute;f&eacute;rence&nbsp;&raquo; des personnages, ce sont alors les miroirs qui disent la &laquo;&nbsp;v&eacute;rit&eacute;&nbsp;&raquo; de l&rsquo;&eacute;change de corps&nbsp;: le personnage face au miroir, et le public face &agrave; son &eacute;cran, d&eacute;couvrent souvent en m&ecirc;me temps l&rsquo;apparence r&eacute;elle du corps &laquo;&nbsp;&eacute;chang&eacute;&nbsp;&raquo;. La sc&egrave;ne introductive de cet &eacute;pisode de </span></span><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Supernatural</span><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="font-style:normal">, enti&egrave;rement tourn&eacute;e face &agrave; un miroir, rend alors possible la manifestation d&rsquo;une d&eacute;familiarisation actorale puisque Gary n&rsquo;est pas incarn&eacute; par son acteur attitr&eacute;, mais par l&rsquo;acteur de Sam Winchester. Bien que nous sommes toujours en ocularisation subjective, la sc&egrave;ne face au miroir cr&eacute;e donc un semblant d&rsquo;ocularisation z&eacute;ro. De plus, puisqu&rsquo;il s&rsquo;agit de l&rsquo;introduction de l&rsquo;&eacute;pisode, le principe de l&rsquo;&eacute;change de corps n&rsquo;est pas &eacute;tabli et la d&eacute;familiarisation actorale ne trouve donc pas de justification di&eacute;g&eacute;tique. Le public est donc forc&eacute; d&rsquo;&eacute;mettre des hypoth&egrave;ses, en accord avec le monde fictionnel (les hypoth&egrave;ses peuvent faire appel au r&eacute;pertoire du fantastique ou de la fantasy), mais sans assurance aucune quant &agrave; leur validit&eacute;. Le plan final concluant la s&eacute;quence introductive amorce le programme esth&eacute;tique de l&rsquo;&eacute;pisode&nbsp;: un panoramique lat&eacute;ral basculant de l&rsquo;impression d&rsquo;ocularisation z&eacute;ro (permise par le miroir) &agrave; l&rsquo;ocularisation subjective de Gary dans le corps de Sam.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:black">Cet &eacute;pisode nous introduit donc &agrave; la dissociation des points de vue entre la fa&ccedil;on dont se per&ccedil;oivent les personnages et la perception des autres personnages dans la fiction. Avec l&rsquo;ocularisation subjective, le public bascule du c&ocirc;t&eacute; de la subjectivit&eacute; v&eacute;cue par Sam et Gary au d&eacute;triment de la perception des autres personnages.</span></span></span></span></span></p> <h2>2. D&eacute;familiarisation actorale pr&eacute;sente</h2> <p class="Contenudetableau" style="text-align:justify; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:normal"><span style="font-family:&quot;Liberation Serif&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Un &eacute;change de corps en ocularisation z&eacute;ro affectant des personnages principaux engage n&eacute;cessairement une forte s&eacute;rialit&eacute; ainsi qu&rsquo;une possible d&eacute;familiarisation actorale. Les &eacute;tudes actorales cin&eacute;matographiques ont classifi&eacute; certaines traditions de jeu &agrave; partir de la fonction des gestes employ&eacute;s : le cin&eacute;ma muet serait, en partie, un cin&eacute;ma du geste cod&eacute; (14), tandis que les tenants de l&rsquo;Actor&rsquo;s Studio seraient partisans de gestes plus &laquo;&nbsp;naturalistes&nbsp;&raquo; (15), sans oublier les h&eacute;ritiers de Fran&ccedil;ois Delsarte adeptes d&rsquo;une gestualit&eacute; tr&egrave;s expressive non naturaliste (16). Si la d&eacute;familiarisation actorale devient centrale dans certains &eacute;pisodes en ocularisation z&eacute;ro, alors quelle signification attribuer aux gestes par rapport au parcours s&eacute;riel du personnage t&eacute;l&eacute;vis&eacute; ? Autrement dit, quels sens leur attribuer&nbsp;? Et quels rapports entretiennent-ils avec la s&eacute;rialit&eacute; de l&rsquo;&oelig;uvre&nbsp;? </span></span></span></span></p> <h3>2.1. Signification stable du geste comme ic&ocirc;ne dans <em>Stargate SG1</em></h3> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Dans l&rsquo;&eacute;pisode S02E17 de <i>Stargate SG1</i> (17)<i>, </i>l&rsquo;&eacute;change de corps a lieu entre deux personnages principaux&nbsp;: le colonel Jack O&rsquo;Neill et le Jaffa (un extraterrestre) pr&eacute;nomm&eacute; Teal&rsquo;c. L&rsquo;&eacute;change de corps concerne, cette fois-ci, deux personnages largement connus du public puisque pr&eacute;sents dans tous les &eacute;pisodes. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">La familiarisation actorale est relativement appuy&eacute;e dans <i>Stargate SG1 </i>puisque chaque acteur poss&egrave;de un r&eacute;pertoire limit&eacute; d&rsquo;expressions faciales, de gestes, de r&eacute;pliques, dans lequel il puise r&eacute;guli&egrave;rement. Teal&rsquo;c ne poss&egrave;de aucune expression faciale (hormis les tr&egrave;s rares sc&egrave;nes o&ugrave; le personnage est &eacute;mu) et parle, d&rsquo;une voix grave monotone, un anglais appliqu&eacute; ne pratiquant pas les contractions usuelles (il dira dans l&rsquo;&eacute;pisode&nbsp;: &laquo;&nbsp;We <i>did not </i>make progress&nbsp;&raquo;). Il se contente g&eacute;n&eacute;ralement de pencher lentement la t&ecirc;te (vers la droite ou la gauche) lorsqu&rsquo;il regarde quelque chose avec un air impassible, le tout parfois accompagn&eacute; d&rsquo;un sourcil lev&eacute;. Un rapprochement avec Spock dans <i>Star Trek TOS</i> (18)<i> </i>ne semble pas incongru d&rsquo;un point de vue th&eacute;matique, narratif, et actoral. Spock et Teal&rsquo;c sont des extraterrestres avec un statut d&rsquo;<i>outsiders</i> par rapport &agrave; l&rsquo;&eacute;quipage humain, et sont tous les deux en position d&rsquo;assister un personnage principal (Spock est le bras droit de Kirk, comme Teal&rsquo;C est le bras droit de O&rsquo;Neill)<i>. </i>Enfin, ils sont incarn&eacute;s par des acteurs &eacute;laborant avec insistance un constant &laquo;&nbsp;sous-jeu&nbsp;&raquo;. L&rsquo;&eacute;motion principale des deux personnages est la surprise&nbsp;: une &eacute;motion rendue manifeste par le simple soul&egrave;vement ostensible du sourcil droit. Le sourcil lev&eacute; de Teal&rsquo;c serait un h&eacute;ritage du &laquo;&nbsp;sous-jeu&nbsp;&raquo; propre &agrave; Spock. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">O&rsquo;Neill est, en tous points, un personnage &agrave; l&rsquo;oppos&eacute; de Teal&rsquo;c. Il est &eacute;motif et parle fort avec des intonations appuy&eacute;es. Il pratique aussi r&eacute;guli&egrave;rement la grimace lorsqu&rsquo;il s&rsquo;efforce d&rsquo;&ecirc;tre sarcastique. O&rsquo;Neill utilise beaucoup ses mains lorsqu&rsquo;il parle, alors que Teal&rsquo;c les garde la plupart du temps le long de son corps. D&egrave;s lors, l&rsquo;&eacute;change de corps en ocularisation z&eacute;ro consiste principalement &agrave; transf&eacute;rer le r&eacute;pertoire gestuel d&rsquo;un acteur sur un autre : l&rsquo;acteur impassible jouant habituellement Teal&rsquo;c se met soudainement &agrave; adopter le r&eacute;pertoire gestuel expressif d&rsquo;O&rsquo;Neill puisque ce dernier est momentan&eacute;ment dans le corps de Teal&rsquo;c (notamment les grimaces). </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Martine Joly rappelle que l</span><span class="Accentuationforte" style="font-weight:bold"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="font-weight:normal">a caract&eacute;ristique &eacute;l&eacute;mentaire du signe est d&rsquo;&ecirc;tre pr&eacute;sent &agrave; la place de quelque chose d&rsquo;autre&nbsp;: &laquo;&nbsp;quelque chose est l&agrave;, <i>in praesentia</i>, que je per&ccedil;ois (un geste, une couleur, un objet), qui me renseigne sur quelque chose d&rsquo;absent ou d&rsquo;imperceptible, d&rsquo;<i>in absentia</i></span></span></span> (19)<span class="Accentuationforte" style="font-weight:bold"><i><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="font-weight:normal">.&nbsp;</span></span></i></span><span class="Accentuationforte" style="font-weight:bold"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="font-weight:normal">&raquo; Il devient clair que le geste fonctionne ici comme un signe puisque, en reprenant la formule de Peirce r&eacute;sum&eacute;e par Joly, un signe c&rsquo;est &laquo;&nbsp;quelque chose [un geste] tenant lieu de quelque chose [un personnage] pour quelqu&rsquo;un [le public] sous quelque rapport ou &agrave; quelque titre [un r&eacute;pertoire gestuel]</span></span></span> (20)<span class="Accentuationforte" style="font-weight:bold"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="font-weight:normal">.&nbsp;&raquo; Le geste comme signe est alors une &laquo;&nbsp;ic&ocirc;ne&nbsp;&raquo;, toujours au sens de Peirce. Selon Claudine Tiercelin, </span></span></span><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">l&rsquo;ic&ocirc;ne repr&eacute;sente son objet par sa similarit&eacute;&nbsp;: il &laquo;&nbsp;<span style="color:black">renvoie &agrave; un objet en vertu de caract&egrave;res qui lui sont propres (21).&nbsp;&raquo; Pour Umberto Eco, </span>&laquo;&nbsp;L&rsquo;<i>ic&ocirc;ne </i>est un signe qui renvoie &agrave; son objet en vertu d&rsquo;une ressemblance, du fait que ses propri&eacute;t&eacute;s intrins&egrave;ques correspondent d&rsquo;une certaine fa&ccedil;on aux propri&eacute;t&eacute;s de cet objet (22).&nbsp;&raquo; </span><span class="Accentuationforte" style="font-weight:bold"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="font-weight:normal">Le geste fonctionne alors comme un signe iconique, </span></span></span><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">c&rsquo;est-&agrave;-dire un signe qui renvoie sans &eacute;quivoque &agrave; une identit&eacute; pr&eacute;&eacute;tablie et clairement identifi&eacute;e gr&acirc;ce &agrave; une &laquo;&nbsp;relation de similarit&eacute;&nbsp;&raquo;, et une &laquo;&nbsp;ressemblance qualitative&nbsp;&raquo;, entre deux acteurs effectuant les m&ecirc;mes gestes</span> (23)<span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">. Le sourcil lev&eacute; associ&eacute; &agrave; Teal&rsquo;c, par le processus de familiarisation actorale ayant cours pendant deux saisons, devient une &laquo;&nbsp;ic&ocirc;ne&nbsp;&raquo;, lorsqu&rsquo;il est repris par l&rsquo;acteur d&rsquo;O&rsquo;Neill, parce qu&rsquo;il signifie visuellement le changement d&rsquo;identit&eacute; malgr&eacute; l&rsquo;ocularisation z&eacute;ro. Cependant, Peirce dit explicitement que l&rsquo;ic&ocirc;ne est une image mentale&nbsp;: </span><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">&laquo;&nbsp;Peirce est ainsi amen&eacute; &agrave; dire que l&rsquo;ic&ocirc;ne n&rsquo;existe que dans la conscience, m&ecirc;me si, par facilit&eacute;, l&rsquo;on &eacute;tend le nom d&rsquo;ic&ocirc;ne &agrave; des objets externes produisant une ic&ocirc;ne dans la conscience</span> (24)<span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">.&nbsp;&raquo; L&rsquo;ic&ocirc;ne ne concerne pas uniquement la relation du geste au personnage absent. En tant que le signe est, pour Peirce, une relation triadique, l&rsquo;ic&ocirc;ne implique la relation entre le geste et le personnage absent telle qu&rsquo;interpr&eacute;t&eacute;e par le public et/ou les personnages (25). Il faut alors &ecirc;tre en mesure de distinguer qui sont les interpr&egrave;tes du geste comme signe iconique&nbsp;: soit il y a une inad&eacute;quation des perceptions entre le public de la s&eacute;rie et les personnages dans la fiction (le public interpr&egrave;te le geste comme signe, mais pas les personnages dans la fiction), soit il y a bien une ad&eacute;quation des perceptions (les personnages, ainsi que le public, interpr&egrave;tent de la m&ecirc;me fa&ccedil;on le geste comme signe). De ce fait, <i>Stargate SG1 </i>pr&eacute;sente alors le cas d&rsquo;une ad&eacute;quation des perceptions. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">S&rsquo;il suffit d&rsquo;un geste pour identifier le personnage, alors la s&eacute;rie t&eacute;l&eacute;vis&eacute;e semble r&eacute;duire la singularit&eacute; humaine &agrave; un simple mani&eacute;risme gestuel. Le m&ecirc;me dispositif r&eacute;ducteur est mis en &oelig;uvre dans la s&eacute;rie <i>Smallville</i> (26)<i> </i>avec Clark Kent temporairement dans le corps de Lionel Luthor, et inversement. L&rsquo;acteur attitr&eacute; de Clark s&rsquo;approprie donc le r&eacute;pertoire gestuel de Luthor. Le personnage a chang&eacute; de tenue pour privil&eacute;gier la chemise de Lionel, et prend les m&ecirc;mes postures corporelles que ce dernier&nbsp;: main gauche dans la poche, verre de whisky dans la main droite, et expression faciale de suffisance. Cependant, d&rsquo;un point de vue narratif, le personnage de Lionel ne sort pas indemne de son exp&eacute;rience d&rsquo;&eacute;change de corps. Il se trouve miraculeusement gu&eacute;ri de son cancer, une &eacute;tape importante dans l&rsquo;&eacute;volution du personnage en cours de saison 4. Les gestes employ&eacute;s restent alors toujours envisageables comme des &laquo;&nbsp;ic&ocirc;nes&nbsp;&raquo; faisant signe en direction d&rsquo;une identit&eacute; stable (Lionel Luthor), mais cette stabilit&eacute; sera remise en question puisque le personnage basculera temporairement du r&ocirc;le d&rsquo;antagoniste comploteur &agrave; celui de philanthrope g&eacute;n&eacute;reux (avant de reprendre son r&ocirc;le d&rsquo;antagoniste en fin de saison 4). Avec <i>Smallville</i>, les gestes restent des signes iconiques au sein de l&rsquo;&eacute;pisode d&rsquo;&eacute;change de corps, mais le processus narratif de la saison est celui d&rsquo;une &eacute;volution, temporaire, du personnage de Lionel, avant un retour &agrave; son statut initial. Ne peut-on pas </span><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:black">approfondir le rapport entre geste et identit&eacute; &agrave; partir d&rsquo;une &eacute;tude de cas o&ugrave; le geste renverrait, certes, &agrave; une identit&eacute;, mais o&ugrave; cette derni&egrave;re serait pens&eacute;e comme &eacute;volutive&nbsp;? Autrement dit, le geste fait-il toujours signe vers une identit&eacute; fixe, ou peut-il prendre directement en charge la signification d&rsquo;une identit&eacute; &eacute;volutive&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <h3>2.2. Signification &eacute;volutive du geste dans <em>Buffy contre les vampires</em>&nbsp;: de la parodie &agrave; l&rsquo;identification</h3> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:black">L&rsquo;&eacute;volution du personnage est centrale dans l&rsquo;interpr&eacute;tation des gestes que l&rsquo;on est amen&eacute; &agrave; formuler. Dans l&rsquo;&eacute;pisode S04E15-E16 de <i>Buffy contre les vampires </i>(27), le personnage rebelle nomm&eacute; Faith &eacute;change son corps avec l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne principale Buffy. La s&eacute;rialit&eacute; est tr&egrave;s investie puisque les deux personnages sont clairement identifi&eacute;s et connus du public. Nous percevons encore l&rsquo;&eacute;change de corps &agrave; travers une ocularisation z&eacute;ro offrant une forte d&eacute;familiarisation actorale. Dans un premier temps, Faith imite Buffy dans une perspective parodique &agrave; l&rsquo;adresse du public. Les gestes ne sont pas issus du r&eacute;pertoire gestuel de Buffy, mais sont des caricatures propos&eacute;es par Faith qui se moque du positionnement moral de Buffy (&laquo;&nbsp;I&rsquo;m Buffy&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;You can&rsquo;t do that, it&rsquo;s wrong&nbsp;&raquo;). Cette moquerie passe aussi par une succession de courtes grimaces mises en exergues dans de courts plans autonomis&eacute;s. Si</span></span><span class="Accentuationforte" style="font-weight:bold"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:black"><span style="font-weight:normal"> &laquo;&nbsp;le visage est une cristallisation du nom</span></span></span></span> (28)<span class="Accentuationforte" style="font-weight:bold"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:black"><span style="font-weight:normal"> &raquo;, et que le nom de Buffy implique un</span></span></span></span><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:black"> positionnement axiologique, alors il ne suffit pas de r&eacute;p&eacute;ter stupidement son nom face au miroir, mais il faut faire grimacer le visage en question, le triturer face &agrave; la cam&eacute;ra, pour que la d&eacute;rision morale trouve une incarnation visuelle. Par la grimace du visage de Buffy, Faith se situe, en creux, comme un personnage au positionnement axiologique incertain (entre le statut de &laquo;&nbsp;tueuse de vampires&nbsp;&raquo; et d&rsquo;antagoniste dangereuse). De plus, puisque l&rsquo;actrice est face &agrave; son miroir, mais surtout face &agrave; la cam&eacute;ra, il s&rsquo;agit possiblement d&rsquo;une autod&eacute;rision des cr&eacute;ateurs de la s&eacute;rie moquant le positionnement axiologique ind&eacute;fectible de leur cr&eacute;ature fictionnelle : Buffy s&rsquo;exprimerait comme une enfant dans des termes caricaturaux (le bien et le mal). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:black">L&rsquo;identit&eacute; &eacute;volutive de Faith est rendue sensible par la reprise des m&ecirc;mes formules &agrave; la fin du double &eacute;pisode. En fin d&rsquo;&eacute;pisode, lorsque Faith d&eacute;cide de prendre le parti de Buffy, elle &eacute;nonce de nouveau &laquo;&nbsp;I&rsquo;m Buffy&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;because it&rsquo;s wrong&nbsp;&raquo;, non plus dans une perspective parodique mais d&rsquo;auto-conviction. En effet, le &laquo;&nbsp;I&rsquo;m Buffy&nbsp;&raquo; ne s&rsquo;adresse &agrave; personne d&rsquo;autre qu&rsquo;&agrave; elle-m&ecirc;me puisque l&rsquo;actrice fait passer tr&egrave;s subtilement un sentiment de tristesse sur son visage au moment de le prononcer. Faith ne se moque plus ni Buffy ni de ses valeurs, en faisant grimacer son visage, mais regrette de ne pas &ecirc;tre r&eacute;ellement l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne de la s&eacute;rie. M&ecirc;me constat pour le &laquo;&nbsp;because it&rsquo;s wrong&nbsp;&raquo; qui n&rsquo;est plus une adresse au public face-cam&eacute;ra, mais une prise de position convaincue de Faith qui souhaite lutter contre les vampires. Nous sommes alors face &agrave; une cr&eacute;ature fictionnelle hybride puisqu&rsquo;il s&rsquo;agit de Faith reprenant &agrave; son compte les formules de Buffy, et donc ses valeurs morales, tout en ne se d&eacute;barrassant pas de ses propres postures corporelles. Son entr&eacute;e en sc&egrave;ne est en effet caract&eacute;ristique du r&eacute;pertoire gestuel de Faith (repris ici par l&rsquo;actrice de Buffy)&nbsp;: avant-bras lev&eacute; et mouvement du bassin prononc&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:black">Cette identification finale de Faith &agrave; la fonction de Buffy est rendue manifeste lorsqu&rsquo;elle combat Buffy momentan&eacute;ment bloqu&eacute;e dans le corps de Faith. Ce combat n&rsquo;est pas un combat &agrave; prendre litt&eacute;ralement (Faith combattrait Buffy) puisqu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;un combat symbolique entre les deux statuts de Faith : Faith acceptant son r&ocirc;le de &laquo;&nbsp;tueuse de vampires&nbsp;&raquo; (donc le statut de Buffy) face &agrave; son soi pass&eacute; criminel repr&eacute;sent&eacute; par son propre corps occup&eacute; par Buffy. Le combat atteste de la d&eacute;pr&eacute;ciation de soi de Faith plus que d&rsquo;une haine de Buffy &agrave; laquelle elle s&rsquo;est pr&eacute;c&eacute;demment identifi&eacute;e&nbsp;: elle ne frappe pas Buffy, mais se frappe elle-m&ecirc;me comme le prouve le dialogue (c&rsquo;est elle-m&ecirc;me qu&rsquo;elle invective par la formule &laquo;&nbsp;murderous bitch&nbsp;&raquo;). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">L&rsquo;&eacute;change de corps de Faith permet de mettre en exergue son statut de &laquo;&nbsp;personnage r&eacute;actif&nbsp;&raquo; au sens nietzsch&eacute;en du terme. Selon Deleuze, chez Nietzsche, la force r&eacute;active est une force qui d&rsquo;abord &laquo;&nbsp;[&hellip;] s&eacute;pare la force active de ce qu&rsquo;elle peut, qui nie la force active (triomphe des faibles ou des esclaves)&nbsp;; [ensuite] force s&eacute;par&eacute;e de ce qu&rsquo;elle peut, qui se nie elle-m&ecirc;me ou se retourne contre soi (r&egrave;gne des faibles ou des esclaves) (29).&nbsp;&raquo; C&rsquo;est exactement le parcours du personnage de Faith dans ce double &eacute;pisode. Buffy est un &laquo;&nbsp;personnage actif&nbsp;&raquo;, donc un personnage &laquo;&nbsp;[&hellip;] qui affirme sa diff&eacute;rence, qui fait de sa diff&eacute;rence un objet de jouissance et d&rsquo;affirmation (30).&nbsp;&raquo; Buffy n&rsquo;a pas besoin de Faith pour vivre pleinement son identit&eacute; de tueuse de vampires. <i>A contrario</i>, Faith existe surtout par la parodie et la n&eacute;gation de Buffy (c&rsquo;est la fonction de la sc&egrave;ne de miroir dans la salle de bain). Ensuite, Faith finit par se nier elle-m&ecirc;me&nbsp;; elle se retourne contre elle-m&ecirc;me (apr&egrave;s son identification &agrave; Buffy) en frappant son propre corps poss&eacute;d&eacute; par Buffy. Ce n&rsquo;est qu&rsquo;apr&egrave;s avoir &eacute;t&eacute; jusqu&rsquo;au bout de ce sch&eacute;ma nihiliste (nier Buffy comme force active puis se nier soi-m&ecirc;me) que Faith deviendra un personnage actif, mais dans le <i>spin-off</i> <i>Angel</i> (31). Ce devenir du personnage affirme le d&eacute;passement de la filiation nietzsch&eacute;enne puisque, chez le philosophe, une force r&eacute;active ne deviendra jamais active.<i> In fine</i>,<i> Buffy contre les vampires </i>pense l&rsquo;&eacute;change de corps comme le mode d&rsquo;existence du personnage r&eacute;actif&nbsp;: exister par le vol de corps &agrave; des fins de n&eacute;gation plut&ocirc;t que par l&rsquo;affirmation de soi. L&rsquo;&eacute;volution de l&rsquo;identit&eacute; du personnage s&rsquo;accompagne d&rsquo;un changement de sens accord&eacute; aux gestes puisqu&rsquo;une m&ecirc;me expression peut prendre deux sens tr&egrave;s diff&eacute;rents&nbsp;: parodique ou identificatoire. Le geste n&rsquo;est plus une &laquo;&nbsp;ic&ocirc;ne&nbsp;&raquo;, ou une &laquo;&nbsp;image&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire un signe index&eacute; &agrave; une identit&eacute; fixe, mais un signe indiquant l&rsquo;&eacute;volution du parcours du personnage &laquo;&nbsp;r&eacute;actif&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></p> <h2>Conclusion</h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:black">Quelles cons&eacute;quences tirer de nos multiples &eacute;tudes de cas pour l&rsquo;analyse des personnages t&eacute;l&eacute;vis&eacute;s remani&eacute;s<i>&nbsp;</i>? Tout d&rsquo;abord, chaque &laquo;&nbsp;&eacute;change de corps&nbsp;&raquo; peut investir plus ou moins la s&eacute;rialit&eacute;, donc la m&eacute;moire des personnages et du public, en fonction du statut des personnages affect&eacute;s par le remaniement (personnages principaux ou secondaires). Dans ce tableau (voir plus bas), nous distinguons le &laquo;&nbsp;format&nbsp;&raquo; de la &laquo;&nbsp;s&eacute;rialit&eacute;&nbsp;&raquo;. Le format correspond &agrave; la dimension strictement narrative&nbsp;: l&rsquo;&eacute;change de corps n&rsquo;a lieu que dans un seul ou plusieurs &eacute;pisodes (format &eacute;pisodique ou feuilletonnant). La s&eacute;rialit&eacute; concerne plut&ocirc;t le rapport de l&rsquo;&eacute;pisode en question avec la m&eacute;moire de la s&eacute;rie. Une intrigue &eacute;pisodique peut donc fortement investir la s&eacute;rialit&eacute; et, inversement, une intrigue feuilletonnante peut faiblement investir la s&eacute;rialit&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:black">Ensuite, nous avons vu que l&rsquo;ocularisation subjective emp&ecirc;che la d&eacute;familiarisation actorale d&rsquo;advenir puisque l&rsquo;acteur garde la main mise sur son r&ocirc;le (exemple 1). L&rsquo;ocularisation z&eacute;ro introduit donc souvent, mais pas n&eacute;cessairement, la d&eacute;familiarisation actorale, sauf si les personnages sont inconnus du public (exemple 2). Il s&rsquo;agit d&rsquo;une dialectique entre une familiarisation premi&egrave;re envers l&rsquo;acteur jouant un personnage (<i>via </i>un r&eacute;pertoire gestuel plus ou moins fourni) et une d&eacute;familiarisation actorale ult&eacute;rieure. L&rsquo;&eacute;change de corps manifest&eacute; par une d&eacute;familiarisation actorale consiste alors en une migration du r&eacute;pertoire gestuel vers un nouvel acteur. La d&eacute;familiarisation actorale peut &ecirc;tre infiniment variable si l&rsquo;on accepte le principe d&rsquo;une polys&eacute;mie fondamentale de la gestualit&eacute; humaine. Nous avons distingu&eacute; ici, parmi une multitude de possibilit&eacute;s, deux fonctions du geste&nbsp;: le signe iconique se r&eacute;f&eacute;rant &agrave; une identit&eacute; fixe (exemple 3), et le geste &agrave; la signification variable, car se r&eacute;f&eacute;rant &agrave; une identit&eacute; &eacute;volutive (exemple 4).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:black">En conclusion, il ne s&rsquo;agit nullement d&rsquo;un tableau prescriptif puisque d&rsquo;autres options sont possibles. Par exemple, nous pouvons imaginer qu&rsquo;une ocularisation subjective (exemple 1) soit un enjeu feuilletonnant plut&ocirc;t qu&rsquo;&eacute;pisodique, et qu&rsquo;elle concerne deux personnages connus du public au lieu d&rsquo;un seul. Ce tableau est donc, modestement, une synth&egrave;se des cas analys&eacute;s dont l&rsquo;objectif est tout de m&ecirc;me d&rsquo;offrir un cadre d&rsquo;analyse possible des <i>remaniements des personnages t&eacute;l&eacute;vis&eacute;s en g&eacute;n&eacute;ral</i> et des <i>&eacute;changes de corps en particulier</i>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:9px">&nbsp;</p> <table class="MsoTableGridLight" style="width:657px; border-collapse:collapse; border:none" width="657"> <tbody> <tr> <td style="border-bottom:1px solid #bfbfbf; width:111px; padding:0cm 7px 0cm 7px; border-top:1px solid #bfbfbf; border-right:1px solid #bfbfbf; border-left:1px solid #bfbfbf" valign="top"> <p align="center" class="Contenudetableau" style="text-align:center; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:normal"><span style="font-family:&quot;Liberation Serif&quot;, serif"><u><span style="font-size:13.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Num&eacute;rotation</span></span></u></span></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid #bfbfbf; width:99px; padding:0cm 7px 0cm 7px; border-top:1px solid #bfbfbf; border-right:1px solid #bfbfbf; border-left:none" valign="top"> <p align="center" class="Contenudetableau" style="text-align:center; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:normal"><span style="font-family:&quot;Liberation Serif&quot;, serif"><u><span style="font-size:13.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">S&eacute;rie T&eacute;l&eacute;vis&eacute;e</span></span></u></span></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid #bfbfbf; width:108px; padding:0cm 7px 0cm 7px; border-top:1px solid #bfbfbf; border-right:1px solid #bfbfbf; border-left:none" valign="top"> <p align="center" class="Contenudetableau" style="text-align:center; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:normal"><span style="font-family:&quot;Liberation Serif&quot;, serif"><u><span style="font-size:13.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Ocularisation </span></span></u></span></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid #bfbfbf; width:103px; padding:0cm 7px 0cm 7px; border-top:1px solid #bfbfbf; border-right:1px solid #bfbfbf; border-left:none" valign="top"> <p align="center" class="Contenudetableau" style="text-align:center; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:normal"><span style="font-family:&quot;Liberation Serif&quot;, serif"><u><span style="font-size:13.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Format </span></span></u></span></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid #bfbfbf; width:96px; padding:0cm 7px 0cm 7px; border-top:1px solid #bfbfbf; border-right:1px solid #bfbfbf; border-left:none" valign="top"> <p align="center" class="Contenudetableau" style="text-align:center; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:normal"><span style="font-family:&quot;Liberation Serif&quot;, serif"><u><span style="font-size:13.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">S&eacute;rialit&eacute;</span></span></u></span></span></span></p> <p align="center" class="Contenudetableau" style="text-align:center; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:normal"><span style="font-family:&quot;Liberation Serif&quot;, serif"><span style="font-size:13.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(rapport de force entre images)</span></span></span></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid #bfbfbf; width:140px; padding:0cm 7px 0cm 7px; border-top:1px solid #bfbfbf; border-right:1px solid #bfbfbf; border-left:none" valign="top"> <p align="center" class="Contenudetableau" style="text-align:center; margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:normal"><span style="font-family:&quot;Liberation Serif&quot;, serif"><u><span style="font-size:13.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">&nbsp;Geste/signe</span></span></u><span style="font-size:13.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> (d&eacute;familiarisation actorale)</span></span></span></span></span></p> </td> </tr> <tr> <td style="border-bottom:1px solid #bfbfbf; width:111px; padding:0cm 7px 0cm 7px; border-top:none; border-right:1px solid #bfbfbf; border-left:1px solid #bfbfbf" valign="top"> <p class="Contenudetableau" style="margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:normal"><span style="font-family:&quot;Liberation Serif&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">1</span></span></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid #bfbfbf; width:99px; padding:0cm 7px 0cm 7px; border-top:none; border-right:1px solid #bfbfbf; border-left:none" valign="top"> <p class="Contenudetableau" style="margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:normal"><span style="font-family:&quot;Liberation Serif&quot;, serif"><i><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Supernatural</span></i></span></span></span></p> <p class="Contenudetableau" style="margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:normal"><span style="font-family:&quot;Liberation Serif&quot;, serif"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">(Sam et Gary)</span></span></span></span></p> </td> <td style="border-bottom:1px solid #bfbfbf; width:108px; padding:0cm 7px 0cm 7px; border-top:none; border-right:1px solid #bfbfbf; border-left:none" valign="top"> <p class="Contenudetableau" style="margin-bottom:8px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:normal"><span style=&q