Dans le domaine des effets spéciaux et visuels, l’image de synthèse a succédé aux prothèses de latex pour répondre à la double-ambition narrative et plastique incarnée par le masque au cinéma, et plus généralement dans le domaine des arts visuels. Cet article cherchera à analyser les variations et les récurrences du masque de synthèse à travers la problématique du voilement et du dévoilement qu’il appose aux images en mouvement. Agente de composition fictionnelle par les possibilités de personnification qu’elle convoque, l’image de synthèse participe également à projet de défiguration qui touche à la fois à la surface et à l’intériorité des figures et des plans cinématographiques. Cette défiguration touche à la fois la présence et la représentation des acteurs et la nature même de l’image en se greffant et en superposant un prisme supplémentaire à ses représentations. De motif à dynamique audiovisuelle, la valeur de masque de l’image de synthèse réactive et approfondit le concept du « cache » bazinien pour proposer une réflexion sur l’interaction entre profondeur et surface. Cet article se proposera ainsi dans un premier temps à définir la façon dont l’image de synthèse a pu altérer la représentation du masque comme objet cinématographique et accessoire réévaluant la valeur du visage dans la construction narrative et esthétique du film. Dans un second temps, il s’agira de comprendre comment le masque en tant qu’effet visuel permet de réinterpréter certains principes des régimes représentationnels propres à l’image cinématographique.