<h1 align="center" style="text-align:center; text-indent:-21.6pt; margin-top:16px; margin-bottom:8px; margin-left:29px"><span style="font-size:12pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-weight:normal"><i>Masques num&eacute;riques. Quand l&rsquo;image se (d&eacute;)masque</i></span></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">En 2004, la sortie du <i>P&ocirc;le Express </i>(<i>The Polar Express</i>, Robert Zemeckis) a permis au public de se familiariser avec la notion de &quot;<i>performance capture</i>&quot;, h&eacute;riti&egrave;re directe de la <i>motion capture </i>(le terme anglo-saxon &laquo;&nbsp;<i>mocap&nbsp;</i>&raquo; d&eacute;signe ces deux techniques de mani&egrave;re indiff&eacute;r&eacute;e). Cette substitution terminologique souligne l&#39;importance conf&eacute;r&eacute;e au jeu et la repr&eacute;sentation de l&#39;acteur dans le d&eacute;veloppement de cette nouvelle technique. Alors que la <i>motion capture </i>consistait en l&rsquo;enregistrement num&eacute;rique des attitudes, gestes, mouvements et postures de l&rsquo;acteur et leur transposition sur un personnage de synth&egrave;se, la <i>performance capture </i>ajoute &agrave; ce principe un syst&egrave;me d&rsquo;enregistrement du visage. Comme l&#39;explique Justin Baillargeon&nbsp;: </span></span></span></span></p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;[L]a <i>performance capture </i>se concentre sur les expressions faciales d&#39;un acteur, tandis que la <i>motion capture </i>capte uniquement les mouvements corporels. Les moindres expressions du visage sont enregistr&eacute;es, puis implant&eacute;es au maquillage num&eacute;rique d&#39;un avatar de synth&egrave;se, &agrave; l&#39;aide de marqueurs positionn&eacute;s sur le visage d&#39;un acteur. La <i>performance capture </i>se d&eacute;marque alors de la <i>motion capture </i>par l&#39;implication totale d&#39;un acteur durant le tournage du film [&hellip;], ainsi que par mall&eacute;abilit&eacute; et sa constante &eacute;volution.<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="Appelnotedebasdep1" style="vertical-align:super"><span class="Appelnotedebasdep1" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:black">[1]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo; </span></span></span></span></p> </blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">En se concentrant sur le visage de l&rsquo;acteur, la <i>performance capture </i>reprendrait &agrave; son compte une double-fonction propre au masque que nous souhaiterions d&eacute;velopper au sein de cet article. Une fonction plastique, d&rsquo;abord, en lien avec l&rsquo;acte de modelage ou de cr&eacute;ation d&rsquo;un faci&egrave;s&nbsp;; une fonction symbolique, ensuite, en lien avec l&rsquo;interpr&eacute;tation du masque comme objet unique, dot&eacute; d&rsquo;une personnalit&eacute; propre qui lui assure son autonomie esth&eacute;tique. &Agrave; partir de l&rsquo;exemple du masque num&eacute;rique, nous verrons que ces deux fonctions ne sont pas antinomiques mais assurent une compl&eacute;mentarit&eacute; qui se place sous le signe d&rsquo;une r&eacute;versibilit&eacute; discursive et visuelle. Parce que d&eacute;termin&eacute; par les expressions faciales d&rsquo;un acteur, nous verrons que le masque de synth&egrave;se assure d&rsquo;abord la reconnaissance de certains traits individuels qui renvoient principalement &agrave; l&rsquo;identit&eacute; de l&rsquo;acteur. N&eacute;anmoins, nous verrons que le masque de synth&egrave;se en tant qu&rsquo;objet plastique se pr&eacute;sente &eacute;galement comme une image tout &agrave; la fois capable de soutenir des intentions qui le d&eacute;passent et de projeter un imaginaire qui lui est propre. Enfin, nous verrons que loin de s&rsquo;opposer, ces deux approches &eacute;tablissent une fusion &agrave; m&ecirc;me de soutenir une d&eacute;finition du masque comme image virtuel.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">Nous verrons alors qu&rsquo;au cin&eacute;ma, le masque num&eacute;rique peut se faire le signe d&rsquo;un infilm&eacute; propre &agrave; ce que </span>Jean-Louis Leutrat consid&eacute;rait comme l&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;&quot;invisible relatif&quot;&nbsp;&raquo; propre &agrave; l&#39;image cin&eacute;matographique et &agrave; son aptitude &agrave; &laquo;&nbsp;d&eacute;passer le simple enregistrement du r&eacute;el, (&hellip;) &agrave; &quot;flotter&quot; devant le regard, &agrave; se d&eacute;masquer&nbsp;; dans la mesure o&ugrave; une autre image en elle, et parfois plusieurs, superposent leur chant au sien<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="Marquenotebasdepage1" style="vertical-align:super"><span class="Marquenotebasdepage1" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[2]</span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <h2 style="text-indent:-28.8pt; margin-top:16px; margin-bottom:8px; margin-left:38px"><span style="font-size:12pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-weight:normal"><a name="__RefHeading___Toc444626614"></a><a name="_Toc138789135">Un plaisir de reconnaissance</a> </span></span></span></span></h2> <p class="MsoBodyText" style="text-align:justify; margin-bottom:8px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">&nbsp; L&#39;un des plaisirs pris par le spectateur devant <i>Le</i> <i>P&ocirc;le Express</i> tient &agrave; la possibilit&eacute; de reconna&icirc;tre, derri&egrave;re ses multiples avatars de synth&egrave;se, les traits de Tom Hanks, la star du film. Aussi la premi&egrave;re apparition de l&#39;acteur film&eacute; en <i>performance capture</i> se devait-elle d&#39;&ecirc;tre mise en sc&egrave;ne. &Agrave; la mani&egrave;re de Greta Garbo dans <i>Anna Kar&eacute;nine </i>(<i>Anna Karenina</i>, Clarence Brown, 1935), c&#39;est &agrave; travers la vapeur d&#39;un train qu&rsquo;appara&icirc;t pour la premi&egrave;re fois le visage de Tom Hanks, derri&egrave;re celui, synth&eacute;tique, d&#39;un contr&ocirc;leur de train. Les yeux en amande, les sourcils hauss&eacute;s et la position du faci&egrave;s, l&eacute;g&egrave;rement baiss&eacute; par rapport &agrave; celle du regard<i>,</i> ne mentent pas&nbsp;: c&#39;est bien le visage de Hanks qui fut &agrave; l&#39;origine de celui du personnage de synth&egrave;se. Ce qui permet au spectateur d&#39;authentifier la pr&eacute;sence de l&#39;acteur tient donc &agrave; la fois au mim&eacute;tisme de son apparence (la forme des yeux) et &agrave; la reconnaissance d&#39;une posture actorale que l&#39;on peut consid&eacute;rer comme une signature de l&#39;acteur. Cette remarque permet imm&eacute;diatement de lever un <i>a priori </i>en ce qui concerne la nature du masque de synth&egrave;se qui vise moins ici &agrave; produire un r&eacute;plique hyperr&eacute;aliste du visage de l&rsquo;acteur qu&rsquo;&agrave; composer une forme qui tout en imitant certains d&eacute;tails de son faci&egrave;s se pr&eacute;sente comme forme suffisamment souple pour laisser la r&eacute;ussite de cette strat&eacute;gie de reconnaissance en partie au jeu de l&rsquo;acteur et &agrave; ses expressions faciales en particulier.&nbsp; </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">La comparaison avec Garbo ne tient donc qu&#39;un temps. Car dans le film de Brown, il ne s&#39;agit pas tant de faire reconna&icirc;tre les traits de l&#39;actrice que de <i>spectaculariser</i> son apparition en jouant du principal attribut de la star&nbsp;: le visage film&eacute; en gros plan. Christian Viviani parle sur ce point d&#39;&nbsp;&laquo;&nbsp;images iconiques&nbsp;&raquo;, soit des images qui &laquo;&nbsp;ont souvent la <i>star </i>pour centre&nbsp;: leur but est de la donner &agrave; voir en instaurant comme une mise en suspens de l&#39;intrigue ou une esth&eacute;tique de l&#39;&eacute;motion comparable aux arabesques du <i>bel canto</i>.<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="Appelnotedebasdep1" style="vertical-align:super"><span class="Appelnotedebasdep1" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:black">[3]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo; Comme extrait du film, l&#39;acteur doit parvenir &agrave; cr&eacute;er une certaine intimit&eacute; avec le spectateur par le seul biais de &laquo;&nbsp;la force du regard et du micro-geste facial.<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="Appelnotedebasdep1" style="vertical-align:super"><span class="Appelnotedebasdep1" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:black">[4]</span></span></span></span></span></a> &raquo;</span><i> </i></span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">Si le gros plan de Garbo correspond bien &agrave; cette id&eacute;e, celui de Hanks n&#39;en rel&egrave;ve qu&#39;en partie. Car &agrave; travers ce plan d&#39;introduction, c&#39;est moins la star que l&#39;acteur qui appara&icirc;t &agrave; l&#39;&eacute;cran. Il s&rsquo;agit moins de suspendre l&rsquo;intrigue que de faire du plaisir de reconnaissance l&rsquo;un des moteurs de la fiction. Cette remarque permet de distinguer la valeur du gros plan de la star de celle de l&rsquo;acteur (star ou non) film&eacute; par le biais de la <i>performance capture </i>et donc rev&ecirc;tue d&rsquo;un masque de synth&egrave;se. L&agrave; o&ugrave; l&rsquo;objectif du c&eacute;r&eacute;monial qui accompagne l&rsquo;apparition du gros plan de Garbo consiste &agrave; offrir le visage de la star au public, celui du <i>P&ocirc;le Express </i>tient plut&ocirc;t &agrave; la r&eacute;v&eacute;lation de la r&eacute;ussite d&rsquo;un effet sp&eacute;cial qui n&rsquo;offre pas imm&eacute;diatement la pr&eacute;sence du visage mais sugg&egrave;re sa pr&eacute;sence. Cette diff&eacute;rence </span>la distinction propos&eacute;e par Jean-Christophe Bailly entre &laquo;&nbsp;<i>l&rsquo;image-suspens&nbsp;</i>&raquo; et &laquo;&nbsp;<i>l&rsquo;image-directive&nbsp;</i><a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[5]</span></span></span></span></a>&raquo;. Alors que la premi&egrave;re engage un travail d&rsquo;interpr&eacute;tation qui doit se d&eacute;velopper sur la longueur, la seconde fait co&iuml;ncider l&rsquo;apparence visible et sa signification et neutralise de fait son interpr&eacute;tation. Cette cat&eacute;gorisation pourrait &ecirc;tre reprise pour approfondir notre comparaison entre le gros plan de Garbo dans le film de Brown et celui de Hanks dans celui de Zemekis. L&agrave; o&ugrave; le suspens qui affecte la mise en sc&egrave;ne du premier se r&eacute;sout &agrave; travers l&rsquo;apparition du gros plan de la star, celui du second se redouble au contraire par la repr&eacute;sentation du visage synth&eacute;tique de l&rsquo;acteur. C&rsquo;est ici, nous semble-t-il, que l&rsquo;effet de synth&egrave;se lorsqu&rsquo;il se greffe au visage se rapproche le plus s&ucirc;rement de la fonction suspensive du masque faisant co&iuml;ncider le principe d&rsquo;exposition avec celui d&rsquo;une dissimulation, sa capacit&eacute; de monstration avec sa fonction de voilement. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Ces modifications num&eacute;riques d&eacute;passent les simples modifications apport&eacute;es par le maquillage traditionnel pour red&eacute;finir la visag&eacute;it&eacute;-m&ecirc;me de l&rsquo;actrice selon un recouvrement fragmentaire propre &agrave; la nature trou&eacute;e du masque dont l&rsquo;homog&eacute;n&eacute;it&eacute; est atteinte par les trous qui percent sa surface pour toujours laisser transpara&icirc;tre par fragments la figure de son porteur. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Cette figure trou&eacute;e est comme r&eacute;activ&eacute;e par <span style="color:black">la principale (r)&eacute;volution apport&eacute;e par la <i>performance capture&nbsp;</i>: la possibilit&eacute; d&#39;engendrer un regard de synth&egrave;se mu par une force humaine. Comme l&#39;a bien remarqu&eacute; S&eacute;bastien Denis, les capteurs faciaux de la <i>performance capture </i>permettent d&#39;abord &laquo;&nbsp;d&#39;interpr&eacute;ter les &uml;vraies&uml; &eacute;motions des acteurs pour les retranscrire dans la chair num&eacute;rique de leurs &uml;avatars&uml;. Dans cette configuration, les yeux ont une importance capitale pour porter l&#39;attention du spectateur, et une des diff&eacute;rences fondamentales de traitement entre <i>motion capture </i>et <i>performance capture </i>se situe au niveau de l&#39;animation des yeux des &uml;avatars&uml; des acteurs.<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><span class="Appelnotedebasdep1" style="vertical-align:super"><span class="Appelnotedebasdep1" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:black">[6]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo; </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">Pour illustrer les cons&eacute;quences de cette &eacute;volution technologique, nous pourrions analyser les introductions propos&eacute;es par le diptyque <i>La Plan&egrave;te des singes&nbsp;: Les Origines </i>(<i>Rise of the Planet of the Apes</i>, Rupert Wyatt, 2011)/<i>La Plan&egrave;te des singes&nbsp;: L&#39;Affrontement </i>(<i>Dawn of the Planet of the Apes</i>, Matt Reeves, 2014) qui articule ce passage entre la <i>motion </i>et la <i>performance capture </i>&agrave; travers l&rsquo;emploi du motif du regard. Dans ces deux films, c&#39;est en effet le regard d&#39;Andy Serkis, interpr&egrave;te du singe C&eacute;sar, qui introduit la fiction, un principe qui, &agrave; trois ann&eacute;es de distance, accuse certaines nuances.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">Le premier film s&#39;ouvre sur la capture de jeunes chimpanz&eacute;s dans une for&ecirc;t. Dans cette sc&egrave;ne, le personnage de C&eacute;sar est interpr&eacute;t&eacute; par un vrai singe. Par le biais d&#39;un zoom, la cam&eacute;ra se rapproche de son visage, puis recentre le cadrage sur la pupille de l&#39;animal. Un <i>cut </i>nous ram&egrave;ne &agrave; l&rsquo;&oelig;il du chimpanz&eacute;, sauf que celui-ci appartient &agrave; pr&eacute;sent &agrave; un singe de synth&egrave;se, ce que r&eacute;v&egrave;le un zoom arri&egrave;re nous montrant C&eacute;sar, cette fois-ci interpr&eacute;t&eacute; par Serkis, se soumettre &agrave; une exp&eacute;rience dans la cellule d&#39;un laboratoire<i>.</i> Ici, la qualit&eacute; photo-r&eacute;aliste de la gestuelle du primate n&#39;est pas seulement due &agrave; l&#39;interpr&eacute;tation de l&#39;acteur mais r&eacute;sulte d&#39;un face-&agrave;-face entre un &ecirc;tre r&eacute;el et sa r&eacute;plique de synth&egrave;se, dont le montage <i>cut </i>cherche d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment &agrave; fusionner les statuts dans la conscience du spectateur. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">Apr&egrave;s une courte s&eacute;quence explicative permettant de raccorder les deux films, <i>La Plan&egrave;te des singes&nbsp;: L&#39;Affrontement</i> s&#39;ouvre &agrave; nouveau sur les pupilles de C&eacute;sar. Plus de singe r&eacute;el ici, seul le regard de Serkis, capt&eacute; par une petite cam&eacute;ra plac&eacute;e au niveau de ses yeux, subsiste. Plein de d&eacute;fiance, celui-ci semble entra&icirc;ner le mouvement de cam&eacute;ra qui s&#39;&eacute;loigne progressivement de lui. Plus besoin alors de caution photo-r&eacute;aliste pour assurer la vraisemblance simienne de ce visage. La tension dramatique de la sc&egrave;ne est prise en charge par le regard de l&#39;acteur et par lui seul<i>.</i> </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">La <i>performance capture </i>permet donc de faire du regard de l&rsquo;acteur, Andy Serkis, le principal moteur cr&eacute;ateur de la s&eacute;quence de <i>La Plan&egrave;te des singes&nbsp;: L&rsquo;Affrontement</i>. Cette modification permet &agrave; nouveau de revenir au masque et au rapport entretenu par le trou et la surface formulant un dialogue constant entre les ph&eacute;nom&egrave;nes d&#39;introjection et de projection. Dans la s&eacute;quence pr&eacute;cit&eacute;e, le regard de la cr&eacute;ature de synth&egrave;se <i>r&eacute;fl&eacute;chit</i> ses douleurs du pass&eacute; (introjection) et, fort de cette exp&eacute;rience, <i>projette</i> &agrave; l&rsquo;&eacute;cran son masque de synth&egrave;se. La mise en sc&egrave;ne n&#39;est plus &agrave; l&#39;origine de la valeur dramatique du geste, elle en est tributaire, le mouvement de la cam&eacute;ra &eacute;tant comme d&eacute;termin&eacute; par l&#39;orientation que lui donne l&#39;interpr&eacute;tation scopique de l&#39;acteur. Dans cette perspective, la valeur introjective et projective du regard troue bien la surface du masque mais moins pour l&rsquo;absoudre que pour l&rsquo;approfondir d&rsquo;une dimension suppl&eacute;mentaire. La <i>performance capture </i>nous rappelle que le masque se fait semblable &agrave; toute image dont Georges Didi-Huberman a bien rappel&eacute; la valeur de partage consubstantielle &agrave; sa force d&rsquo;&eacute;videment&nbsp;: &laquo;&nbsp;</span>Un &eacute;videment qui ne concerne plus du tout le monde de l&rsquo;artefact ou du simulacre, un &eacute;videment qui touche l&agrave;, devant moi, l&rsquo;in&eacute;vitable par excellence (&hellip;) &ndash; le sens in&eacute;luctable de la perte ici &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre&nbsp;&raquo;. Le masque se pr&eacute;sente donc &agrave; la fois comme un objet utilitaire et un motif esth&eacute;tique, un objet sur lequel on porte son regard et une image qui projette dans les deux interstices qui la surmontent son propre regard. Or, ce regard prend forme dans un intervalle qui prend la forme d&rsquo;une perte qui correspond &agrave; l&rsquo;interpr&eacute;tation de l&rsquo;acteur, soit &agrave; la repr&eacute;sentation d&rsquo;une d&eacute;pense en acte. Sur ce point, la s&eacute;quence de <i>The Mask </i>(Chuck Russell, 1994) mettant en sc&egrave;ne la premi&egrave;re transformation de Stanley Ipkiss (Jim Carrey) se pr&eacute;sente comme un cas exemplaire. L&rsquo;ensemble de la mise en sc&egrave;ne s&rsquo;organise autour du masque magique de couleur verte que s&rsquo;appr&ecirc;te &agrave; porter le personnage. L&rsquo;un des premiers plans nous montre ainsi Stanley tenir le masque entre ses mains devant un miroir. Le masque est ici rendu &agrave; sa seule fonction utilitaire&nbsp;: simple objet dont le pouvoir de projection se limite &agrave; une valeur sp&eacute;culaire. C&rsquo;est au moment o&ugrave; Stanley rev&ecirc;tira le masque que celui-ci affirmera sa force agissante d&rsquo;image. Par le biais de la technique du <i>morphing </i>qui consiste &agrave; modifier num&eacute;riquement une partie d&rsquo;un objet ou d&rsquo;un &eacute;l&eacute;ment anatomique, le masque semble se greffer de force au visage de l&rsquo;interpr&egrave;te tandis que celui-ci se d&eacute;bat en vain. Sa gestuelle et ses d&eacute;placements &agrave; travers le champ mettent en &eacute;vidence le processus d&rsquo;&eacute;puisement &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre. Cette lutte aboutit &agrave; la r&eacute;ussite de la greffe&nbsp;: l&rsquo;interpr&egrave;te fait face &agrave; la cam&eacute;ra, son visage d&eacute;sormais recouvert d&rsquo;une p&acirc;te de latex de couleur verte qui &eacute;pouse parfaitement les traits de son visage. Si le personnage ne cherche d&eacute;sormais plus &agrave; se d&eacute;faire du masque, cet accord ne signifie pas pour autant l&rsquo;arr&ecirc;t total de la d&eacute;pense. Conf&eacute;rant &agrave; son h&ocirc;te des super-pouvoirs qui lui permettent d&rsquo;allonger et de d&eacute;former les membres de son corps, le masque se pr&eacute;sente comme un outil d&rsquo;&eacute;puisement. La s&eacute;quence de lutte se poursuit donc mais sous une forme diff&eacute;rente, se localisant d&eacute;sormais dans cet &eacute;cart invisible qui fonde le contact entre la texture de la peau et celle du masque, aboutissant &agrave; une fusion imparfaite fond&eacute;e sur la dialectique du visuel propre &agrave; la nature de l&rsquo;image. Gaston Bachelard a bien rappel&eacute; en quoi le masque pouvait se constituer comme un espace conflictuel travaill&eacute; par la tension &laquo;&nbsp;entre les deux p&ocirc;les du cach&eacute; et du montr&eacute;&nbsp;&raquo;, soit &laquo;&nbsp;une zone o&ugrave; les compromis sont incessants, au centre m&ecirc;me d&rsquo;une v&eacute;ritable dialectique de la simplification et de la multiplicit&eacute;&nbsp;&raquo;, et &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de laquelle se joindrait &laquo;&nbsp;en quelque mani&egrave;re le masque inerte et le visage vivant<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[7]</span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">Cette jonction ou cette fusion rappelle a &eacute;t&eacute; parfaitement mise en sc&egrave;ne dans <i>Avatar </i>(James Cameron</span><span style="color:black">, 2009), premier film &agrave; remplacer les capteurs faciaux des acteurs film&eacute;s en <i>performance capture</i> par une mini cam&eacute;ra HD arrim&eacute;e &agrave; leur combinaison permettant aux animateurs d&#39;amplifier le rendu de leurs expressions faciales. La mise en sc&egrave;ne de la transformation de Jake Sully (Sam Worthington) en son avatar Na&#39;vi se confond avec celle de l&#39;acteur en son double de synth&egrave;se. Le cin&eacute;aste se focalise sur le regard de l&#39;acteur, zoomant sur ses yeux ouverts, puis ferm&eacute;s. La dynamique du mouvement de la focale se prolonge &agrave; travers une image de synth&egrave;se repr&eacute;sentant les membranes du cerveau du personnage. Ce court passage s&#39;ach&egrave;ve sur une mise au point qui correspond &agrave; l&#39;ouverture des yeux de Jake devenu Na&#39;vi. &Agrave; cette vision subjective r&eacute;pond un contrechamp r&eacute;v&eacute;lant l&#39;identit&eacute; du d&eacute;positaire du regard&nbsp;: le visage, mais surtout les yeux d&#39;une &eacute;trange cr&eacute;ature bleut&eacute;e dont les traits rappellent ceux du Jake humain.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">La mise en sc&egrave;ne de cette s&eacute;quence rappelle le dispositif sc&eacute;nographique de <i>La Plan&egrave;te des singes&nbsp;: Les Origines</i>. Comme dans le film de Rupert Wyatt, le plan sur les yeux de Sam Worthington ne constitue pas uniquement une caution charnelle en vue de l&#39;apparition du masque de synth&egrave;se, mais se pr&eacute;sente plut&ocirc;t comme la premi&egrave;re &eacute;tape d&#39;un processus plus complexe. Dans <i>La Plan&egrave;te des singes&nbsp;: Les Origines</i>, le rapport fusionnel des plans s&#39;&eacute;tablissait selon un principe mim&eacute;tique, c&#39;est-&agrave;-dire selon une ressemblance comprenant en son sein m&ecirc;me une diff&eacute;rence (le singe que je vois ressemble &agrave; mais n&#39;est pas celui qui m&#39;est montr&eacute; ensuite). Dans <i>Avatar</i>, ce n&#39;est pas le mim&eacute;tisme qui prime mais une sorte de concordance absolue, car le regard du Na&#39;vi est bien celui de l&#39;acteur film&eacute; en <i>performance capture</i>. L&agrave; o&ugrave; <i>La Plan&egrave;te des singes&nbsp;: Les Origines </i>faisait du montage un proc&eacute;d&eacute; d&#39;exposition technique affirmant la seule possibilit&eacute; d&#39;une ressemblance (aussi accomplie soit-elle), <i>Avatar </i>conserve de l&#39;acteur la nature projective d&#39;un regard apte &agrave; investir l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; apparente du masque de synth&egrave;se. Or, ce qui se projette au sein de cette s&eacute;quence, c&#39;est justement un geste, celui du bras tendu de Jake et de sa main dont les doigts se contractent et se d&eacute;plient. Voil&agrave; bien ce qu&rsquo;accomplit la fusion dialectique du masque : apr&egrave;s la fusion des visages vient celle du geste et donc de l&#39;interpr&eacute;tation actorale qui en d&eacute;termine la conduite. On reviendrait alors ici &agrave; la d&eacute;finition du masque propos&eacute; par Roger Caillois&nbsp;qui comparait celui-ci &agrave; un fant&ocirc;me dont </span>Roger Caillois dont l&rsquo;irruption serait :</span></span></span></p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">&laquo;&nbsp;celle des puissances que l&rsquo;homme redoute et sur lesquelles il ne se sent pas de prise. [L&rsquo;individu masqu&eacute;] incarne alors, temporairement, les puissances effrayantes, il les mime, il s&rsquo;identifie &agrave; elles, et bient&ocirc;t ali&eacute;n&eacute; en proie au d&eacute;lire, il se croit v&eacute;ritablement le dieu dont il s&rsquo;est d&rsquo;abord appliqu&eacute; &agrave; prendre l&rsquo;apparence au moyen d&rsquo;un d&eacute;guisement savant ou pu&eacute;ril. La situation est retourn&eacute;e&nbsp;: c&rsquo;est lui qui fait peur, c&rsquo;est lui la puissance terrible et inhumaine.<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[8]</span></span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;</span></span></span></p> </blockquote> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">Par le d&eacute;doublement qu&rsquo;elle implique, la technique de la <i>perfomance capture </i>reprend &agrave; son compte cette dialectique du masque, assurant tout &agrave; la fois l&rsquo;unit&eacute; m&eacute;thodologique du jeu actoral, et engageant une r&eacute;flexion sur le dialogue identificatoire &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre au sein de la fusion entre la profondeur du regard et la plasticit&eacute; de la surface.&nbsp; C&rsquo;est justement sur ce point que nous souhaiterions approfondir notre analyse de l&rsquo;ontologie du masque num&eacute;rique. </span></span></span></span></p> <h2 style="text-indent:-28.8pt; margin-top:16px; margin-bottom:8px; margin-left:38px"><span style="font-size:12pt"><span style="break-after:avoid"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="font-weight:normal">Une plasticit&eacute; duelle</span></span></span></span></h2> <p class="MsoBodyText" style="margin-bottom:8px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">Le masque num&eacute;rique se d&eacute;marque du masque traditionnel par une mall&eacute;abilit&eacute; qui sans totalement se d&eacute;faire de la surface insiste sur la valeur de la perc&eacute;e propre au motif du trou. &Agrave; la diff&eacute;rence du masque antique dont Roland Barthes </span><span style="color:black">avait bien rappel&eacute; la force d&rsquo;expression permettant de</span> saisir &laquo;&nbsp;une v&eacute;ritable &quot;essence concr&egrave;te&quot; de la Douleur<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[9]</span></span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;. Le masque arbor&eacute; par les com&eacute;diens de l&rsquo;Antiquit&eacute; prenait ainsi une valeur de marqueur qui recompose les traits du faci&egrave;s afin de les emmurer &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur d&rsquo;une &eacute;motion univoque mais non d&eacute;nu&eacute;e d&rsquo;une certaine complexit&eacute;. Anna Paladino et Manuela Becilli rappellent ainsi que&nbsp;: </span></span></span></p> <blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">&laquo;&nbsp;Dans les trag&eacute;dies de la Gr&egrave;ce Antique, [&hellip;] [l]e masque, rigide et inanim&eacute;, &eacute;tait le v&eacute;hicule qui permettait aux forces c&eacute;lestes et souterraines de se manifester &agrave; travers une forme reconnaissable sans an&eacute;antir les spectateurs, en les effrayant et en les divertissant. Donc, il avait en lui une dualit&eacute; de valeur&nbsp;: d&rsquo;une part, c&rsquo;&eacute;tait un &eacute;l&eacute;ment de divertissement parce que chacune p&eacute;trifiait/immortalisait un aspect du caract&egrave;re humain et en faisait une caricature. D&rsquo;autre part, le masque effrayait, parce que derri&egrave;re lui se cachait une entit&eacute; qui ob&eacute;it &agrave; un rythme et une logique terribles et impitoyables, intraitables pour la s&eacute;r&eacute;nit&eacute; du quotidien<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[10]</span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;.&nbsp;</span></span></span></p> </blockquote> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">La cristallisation &eacute;motionnelle propre au masque s&rsquo;accorde ainsi avec la projection d&rsquo;un imaginaire qui lui est propre, faisant de lui moins un outil mis au service de l&rsquo;art de l&rsquo;acteur qu&rsquo;un motif autonome poss&eacute;dant son propre mode de (trans)figuration. </span></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Plus qu&rsquo;&agrave; la rigidit&eacute; du masque antique alors, le masque num&eacute;rique se rapporterait &agrave; la souplesse du voile qui se superpose aux traits de l&rsquo;acteur pour afficher une surface <i>a priori </i>neutre mais mobile et en cela sensible aux variations &eacute;motionnelles que projettent sur elle les intentions dramatiques du jeu de l&rsquo;acteur. Sur cette articulation du motif du voile au jeu de l&rsquo;acteur que r&eacute;activerait le masque num&eacute;rique s&rsquo;inscrive dans une g&eacute;n&eacute;alogie de la repr&eacute;sentation artistique dont les origines pourraient remonter au motif du &laquo;&nbsp;voile de Timanthe<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[11]</span></span></a>&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">Ce motif qui traversa les r&eacute;flexions des historiens de l&#39;art de l&#39;Antiquit&eacute; au XIXe si&egrave;cle, se rapporte &agrave; une repr&eacute;sentation du sacrifice d&#39;Iphig&eacute;nie attribu&eacute; au peintre grec Timanthe qui, selon les &eacute;crits, d&eacute;cida de figurer la d&eacute;tresse du personnage d&#39;Agamemnon en dissimulant son visage derri&egrave;re un voile. </span></span></span><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif">L&#39;appr&eacute;hension de ce geste pictural &eacute;volue au fil des si&egrave;cles. Massimo Leone remarque qu&#39;aux XVI et XVIIe si&egrave;cles &laquo;&nbsp;l&#39;effet Timanthe&nbsp;&raquo; devient une &laquo;&nbsp;m&eacute;taphore artistique de la figure rh&eacute;torique connue comme aposiop&egrave;se [qui] a lieu lorsque un fragment de discours est d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment laiss&eacute; incomplet afin de v&eacute;hiculer l&#39;impression de ne pas vouloir ou de ne pas pouvoir l&#39;achever, et afin de stimuler ceux qui le re&ccedil;oivent &agrave; le compl&eacute;ter suivant leur imagination.<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[12]</span></span></a>&nbsp;&raquo; Le masque num&eacute;rique partage avec le voile cette plasticit&eacute; mouvante qui participe moins au recouvrement total du visage qu&rsquo;&agrave; sa fragmentation, c&rsquo;est-&agrave;-dire en son d&eacute;coupage esth&eacute;tique qui participe pleinement au plaisir de reconnaissance &eacute;voqu&eacute; au d&eacute;but de cet article tout en modifiant sensiblement son orientation. Car si le jeu d&rsquo;identification demeure op&eacute;rant, il se charge d&eacute;sormais d&rsquo;une part de frustration cons&eacute;cutif au voilement de certaines particularit&eacute;s physionomiques de l&rsquo;acteur. On peut ainsi songer aux modifications num&eacute;riques apport&eacute;es au visage de Nicole Kidman dans <i>Destroyer </i>(Karyn Kusama, 2018). Les traits creus&eacute;s et les yeux cern&eacute;s de Kidman d&eacute;figurent les qualit&eacute;s de son faci&egrave;s pour subvertir l&rsquo;iconicit&eacute; du gros plan de la star et le c&eacute;r&eacute;monial qui s&rsquo;y rattache en alt&eacute;rant le plaisir de reconnaissance spectatoriel. Mais les modifications apport&eacute;es au visage de Kidman dans <i>Destroyer </i>ressortent-elles encore du masque ? Comme les artifices traditionnelles du maquillage, le voile recouvre le faci&egrave;s sans le remplacer totalement. Sa puissance est moins celle de la transfiguration que celle d&rsquo;une apparente neutralisation de l&rsquo;expression. Le voile comme le maquillage, pourtant, s&rsquo;inscrivent bien dans la dialectique du masque, se superposant au faci&egrave;s tout en sugg&eacute;rant quelque chose de sa pr&eacute;sence.</span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">Pour James Naremore, &laquo; symbole m&ecirc;me du th&eacute;&acirc;tre, le maquillage est ce qui reste du masque<a href="#_ftn13" name="_ftnref13" title=""><span class="Appelnotedebasdep1" style="vertical-align:super"><span class="Appelnotedebasdep1" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:black">[13]</span></span></span></span></span></a> &raquo;. Il faut n&eacute;anmoins employer ces deux termes avec pr&eacute;caution. Le masque th&eacute;&acirc;tral n&#39;est pas exactement le maquillage cin&eacute;matographique. Christian Biet et Christophe Triau pr&eacute;conisent en effet de ne pas confondre le maquillage avec le masque, car ce dernier &laquo; ne colle pas &agrave; la peau : il instaure une alt&eacute;rit&eacute; sur le corps du com&eacute;dien. &raquo; Artificiel et plastique, le masque exprime une valeur symbolique, mais &laquo; parce qu&#39;il est syst&eacute;matiquement engag&eacute; dans une entreprise de d&eacute;r&eacute;alisation et parce qu&#39;il est radicalement autre, le masque d&eacute;passe &agrave; la fois le mim&eacute;tique et le symbolique pour s&#39;offrir comme une image cod&eacute;e, mat&eacute;rielle, plastique, qui peut renvoyer &agrave; l&#39;en-de&ccedil;&agrave; et &agrave; l&#39;au-del&agrave; de l&#39;humain<sub><a href="#_ftn14" name="_ftnref14" title=""><span class="Appelnotedebasdep1" style="vertical-align:super"><span class="Appelnotedebasdep1" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:black">[14]</span></span></span></span></span></a></sub> &raquo;. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">Les technologies du num&eacute;rique (<i>performance capture</i>, <i>morphing</i>) permettraient de r&eacute;soudre cette diff&eacute;rence en conf&eacute;rant au maquillage les propri&eacute;t&eacute;s de d&eacute;r&eacute;alisation propre au masque. Si Yannick Lemari&eacute; remarquait qu&rsquo;au cin&eacute;ma&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le masque est aussi &ndash; et surtout &ndash; la manifestation d&rsquo;une int&eacute;riorit&eacute; probl&eacute;matique&nbsp;&raquo;, d&eacute;voilant &laquo;&nbsp;ce que l&rsquo;on cache d&rsquo;ordinaire, et que, pour une fois, on expose sans retenue<a href="#_ftn15" name="_ftnref15" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:black">[15]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;, ce ph&eacute;nom&egrave;ne d&rsquo;une int&eacute;riorit&eacute; expos&eacute;e devient plus cruciale encore &agrave; l&rsquo;&egrave;re du num&eacute;rique. Car le masque num&eacute;rique rel&egrave;ve d&rsquo;abord d&rsquo;une virtualit&eacute; qui renforce tout &agrave; la fois son lien avec l&rsquo;artificialit&eacute; du maquillage et valorise la valeur imageante de cette surface qui se propose de se superposer au faci&egrave;s. Pour Bachelard, le virtuel ouvre &agrave; une &laquo;&nbsp;ph&eacute;nom&eacute;nologie de la simulation, du faux-semblant&nbsp;&raquo; qui s&rsquo;articule autour d&rsquo;une appr&eacute;hension des masques comme &laquo;&nbsp;partiels, inachev&eacute;s, fuyants, sans cesse pris et repris, toujours inchoatifs<a href="#_ftn16" name="_ftnref16" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="color:black">[16]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><span style="color:black">Le masque cherche moins &agrave; concr&eacute;tiser la transfiguration qu&rsquo;&agrave; faire voir son processus, ph&eacute;nom&egrave;ne qui correspond bien &agrave; la repr&eacute;sentation de Hanks dans <i>Le P&ocirc;le Express</i> et &agrave; celle de Kidman dans <i>Destroyer</i>. Si le premier b&eacute;n&eacute;ficie d&rsquo;une refiguration et la seconde subit une d&eacute;figuration, le masque num&eacute;rique oscille toujours entre l&rsquo;en-de&ccedil;&agrave; et l&rsquo;au-del&agrave; de l&rsquo;acteur. L&rsquo;au-del&agrave; c&rsquo;est la <i>performance capture </i>qui masque totalement la pr&eacute;sence de l&rsquo;acteur en le transformant en une figure de synth&egrave;se. L&rsquo;en-de&ccedil;&agrave;, c&rsquo;est le <i>morphing </i>ou le maquillage num&eacute;rique, qui creuse le visage de l&rsquo;acteur, le d&eacute;masque en diminuant l&rsquo;&eacute;paisseur de la peau et en laissant entrevoir les muscles et les os situ&eacute;s sous sa fine pellicule de chair. Entre ces deux polarit&eacute;s, c&rsquo;est la logique du masque qui pr&eacute;domine, alt&eacute;rant la figure actoral sans pour autant l&rsquo;annihiler compl&egrave;tement. Ce que le masque num&eacute;rique r&eacute;v&egrave;le alors, c&rsquo;est l&rsquo;&eacute;panouissement du vivant sous la surface qui le recouvre imparfaitement, c&rsquo;est l&rsquo;expansion du mouvement au-del&agrave; d&rsquo;une surface qui ne saurait jamais le contenir totalement.&nbsp; </span></span></span></span></p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-14.15pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[1]</span></span></a> Justin Baillargeon, &laquo;&nbsp;La capture de mouvement, une nouvelle technologie&nbsp;?&nbsp;&raquo;, in Marco Grosoli et Jean-Baptiste Massuet (dir.), <i>La capture de mouvement ou le modelage de l&#39;invisible</i>, Rennes, Presses universitaires de Rennes, &laquo;&nbsp;Le Spectaculaire&nbsp;&raquo;, 2014, p. 27. </span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-14.15pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[2]</span></span></a> Jean-Louis Leutrat, <i>Un autre visible. Le fantastique du cin&eacute;ma</i>, Lille, De L&#39;Incidence &Eacute;diteur, 2009, p. 47. </span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-14.15pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[3]</span></span></a> Christian Viviani, <i>Le magique et le vrai. L&#39;acteur de cin&eacute;ma, sujet et objet</i>, Aix-en-Provence, Rouge Profond, 2015, p. 91. </span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-14.15pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[4]</span></span></a> &nbsp;<i>Ibid.</i>, p. 92-93. </span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-14.15pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[5]</span></span></span></span></a> Jean-Christophe Bailly, <i>L&rsquo;imagement</i>, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, &laquo;&nbsp;Fiction &amp; Cie&nbsp;&raquo;, 2020, p. 62-63.</span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-14.15pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[6]</span></span></a> S&eacute;bastien Denis, &laquo;&nbsp;Le devenir-marionnette de l&#39;acteur&nbsp;: la <i>performance capture </i>dans <i>Avatar&nbsp;</i>&raquo;, in Marco Grosoli et Jean-Baptiste Massuet (dir.), <i>La capture de mouvement ou le modelage de l&#39;invisible</i>, <i>op. cit.</i>, p. 175. </span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-14.15pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[7]</span></span></span></span></a> Gaston Bachelard, <i>Le droit de r&ecirc;ver</i>, Paris, Les Presses Universitaires de France, 1970, p. 204.</span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-14.15pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[8]</span></span></span></span></a> <a name="_Hlk480881043">Roger Caillois, <i>Les jeux et les hommes. Le masque et le vertige</i>, Paris, &Eacute;ditions Gallimard, &laquo;&nbsp;Folio/Essais&nbsp;&raquo;, 1967</a>, p. 173. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-14.15pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[9]</span></span></span></span></a> Roland Barthes, &laquo;&nbsp;Pouvoirs de la trag&eacute;die antique&nbsp;&raquo;, <i>Th&eacute;&acirc;tre Populaire</i>, juillet-ao&ucirc;t 1953, repris in Roland Barthes, <i>&OElig;uvres compl&egrave;tes. T. I. 1942-1961</i>, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, 1993, p 263 (c&rsquo;est l&rsquo;auteur qui souligne). </span></span></p> </div> <div id="ftn10"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-14.15pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[10]</span></span></span></span></a> Anna Paladino et Manuela Becilli, &laquo;&nbsp;Devant et derri&egrave;re le masque&nbsp;&raquo;, <i>Imaginaire &amp; Inconscient</i>, n&deg;26, 2010 (article disponible en ligne sur&nbsp;: <a href="https://www.cairn.info/revue-imaginaire-et-inconscient-2010-2-page-35.htm">https://www.cairn.info/revue-imaginaire-et-inconscient-2010-2-page-35.htm</a> </span></span></p> </div> <div id="ftn11"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-14.15pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[11]</span></span></a> Le rapport de ce motif pictural et du geste de l&#39;acteur de cin&eacute;ma a d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; soulign&eacute; par Christophe Damour dans son &eacute;tude consacr&eacute;e &agrave; Al Pacino. Voir&nbsp;:&nbsp; Christophe Damour, <i>Al Pacino. Le dernier trag&eacute;dien</i>, Paris, &Eacute;ditions Scope, 2009, p. 99. </span></span></p> </div> <div id="ftn12"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-14.15pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[12]</span></span></a> Massimo Leone, &laquo;&nbsp;Le voile de Timanthe&nbsp;: essai d&#39;articulation s&eacute;miotique&nbsp;&raquo;, <i>Actes s&eacute;miotiques</i>, n&deg;114, 31/10/2011, article disponible en ligne sur&nbsp;: <a href="http://epublications.unilim.fr/revues/as/1945#ftn1">http://epublications.unilim.fr/revues/as/1945#ftn1</a> </span></span></p> </div> <div id="ftn13"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-14.15pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[13]</span></span></a> <span style="color:black">James Naremore, <i>Acteurs. Le jeu de l&#39;acteur au cin&eacute;ma </i>(trad. Christian Viviani), Rennes, Presses universitaires de Rennes, &laquo;&nbsp;Le Spectaculaire&nbsp;&raquo;, 2014, p. 110.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn14"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[14]</span></span></span></span></a><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:150%"><span style="color:black"> Christian Biet et Christophe Triau, <i>Qu&#39;est-ce que le th&eacute;&acirc;tre ?</i>, Paris, &Eacute;ditions Gallimard, &laquo; Folio Essais &raquo;, 2006, p. 386.</span></span></span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn15"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-14.15pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[15]</span></span></span></span></a> Yannick Lemari&eacute;, &laquo;&nbsp;Le masque de la peur&nbsp;&raquo;, <i>Positif</i>, n&deg;729, septembre 2021, p. 96.</span></span></p> </div> <div id="ftn16"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify; text-indent:-14.15pt; margin-left:19px"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;, serif"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">[16]</span></span></span></span></a>, Gaston Bachelard, <i>Le droit de r&ecirc;ver</i>, <i>op. cit.</i>, p. 204 et 210. </span></span></p> </div> </div>