<p align="center" style="text-align:center; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, "sans-serif""><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">« Identités rêvées, identités révélées, dans le théâtre d’Edmond Rostand »</span></span></span></b></span></span></span></p>
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<p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, "sans-serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">L’étude se propose d’analyser un aspect spécifique de la quête identitaire dans le théâtre d’Edmond Rostand. En effet, l’œuvre dramatique rostandienne s’appuie continuellement sur la question de l’identité, couplée à une dialectique « masque et démasquement ». </span></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, "sans-serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Notons que quel que soit le chemin emprunté par les personnages et quelle que soit leur évolution, il n’est pas question de se retrouver, de retrouver son identité perdue. Il n’y a pas chez Rostand de « scène de reconnaissance » dans laquelle un héros découvre ses véritables origines ou les véritables liens qu’il entretient avec tel ou tel autre personnage. Les personnages rostandiens connaissent leurs noms et savent d’où ils viennent. Ils n’ignorent pas leur individualité. Ce qu’ils cherchent, en revanche, c’est à se caractériser.</span></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, "sans-serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Aussi s’agira-t-il de montrer tout d’abord que les personnages rostandiens sont en quête d’une identité rêvée. Celle-ci nait d’un désir de gloire et d’admiration. Les protagonistes se projettent en héros. Cependant, chez Rostand, l’être est faillible, et ce d’autant plus qu’il aspire – en vain – à être identique à l’idéal qu’il poursuit. Pour pallier cet écart entre identité réelle et identité rêvée, les personnages se tournent vers la construction d’une <i>persona</i>. Celle-ci est, d’une part, inspirée de la rhétorique antique. Elle se présente comme la combinaison de qualités oratoires, d’une réputation et d’un <i>ethos</i> valorisants. De plus, elle est, de façon plus moderne, un masque. <i>Via</i> ce masque, les personnages rostandiens aspirent à se réaliser en tant que personnes, car seul le masquage – qui induit le démasquement – peut conduire à cette réalisation.</span></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, "sans-serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""> Le paradoxe se fait jour ici. </span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Certes, le démasquement – systématique et nécessaire – est-il partiellement un échec de cette <i>persona</i>. Effectivement, il témoigne du fait que le masque n’est plus efficace, ne cache plus, ne trompe plus, au point de devoir être retiré. Mais, <i>a contrario</i>, le dévoilement s’avère être une marque de réussite de l’entreprise de masquage, puisqu’il correspond à un moment de révélation identitaire.</span></span></span> <span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Dès lors, la véritable question n’est donc pas de savoir si une identité est oui ou non révélée lors du démasquement, si le masque a oui ou non été efficace au cours de la quête, mais bel et bien si cette identité finalement mise à nue convient ou non aux personnages qui la découvrent.</span></span></span></span></span></span></p>
<p style="text-align:justify; text-indent:35.4pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, "sans-serif""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Or, nous pouvons identifier deux cheminements distincts chez les personnages rostandiens. Leurs personnalités et leurs évolutions les guident inconsciemment vers leur idéal, ou bien les en éloigne. Ainsi, nous pouvons établir une comparaison entre les idéaux identitaires des protagonistes et leurs véritables identités une fois les masques tombés. Par conséquent, se distinguent ceux dont l’identité révélée s’est rapprochée de leur idéal – ou bien dont l’idéal s’est adapté à la réalité – et ceux qui ont purement et simplement échoué à devenir ce qu’ils espéraient. Le premier groupe de personnages, composé de ceux qui entrent en action, se trouve apte à s’élever. En revanche, le second en est incapable. À cause de leur passivité ou de leur vacuité, ces autres personnages ne peuvent se réaliser. Leur identité est en fait révolue. </span></span></span></span></span></span></p>