<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Lorsqu'un individu revêt d’un masque modelé à son image la tête d'un automate, se perçoit-t-il en Pygmalion ou en Victor Frankenstein ? S'abandonne-t-il aux fantasmes d’un amour secret et fiévreux, ou bien plonge-t-il dans une forme extrême d'observation froide, jusqu'à révéler dans sa créature une vision inédite de l’humain ?</span></span></span></p>
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<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Un acteur se dissimule, se transforme, se révèle ou s’exalte à travers des masques, devenant un autre qu'il ne connaît pas. Mais qu'en est-il du robot qui se pare d'une apparence humaine ? Que devient-il ? Tout d'abord, nous nous demanderons si le robot est un acteur. Ou plutôt, quel genre d'acteur est-il ? Ensuite, nous nous demanderons s'il se transforme en être humain. Les réponses à ces questions sont aussi équivoques que les questions elles-mêmes.</span></span></span></p>
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<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Le corps du robot est un espace vivant, que l'artiste arrange selon sa propre image, afin de s'y rencontrer, de s’interroger lui-même. Et que ressent donc le spectateur, témoin de ces diverses métamorphoses ? Un être non humain revêtu d'un visage humain, comparé à un être humain arborant un visage non humain, semble engendrer des effets artistiques inversés. Cependant, est-il possible que, dans toutes les dimensions, ces expressions opposées ne fusionnent jamais dans la perception du public, qu'elles ne deviennent jamais identiques ? Ou sont-elles la concrétisation perceptible de l’antinomie ?</span></span></span></p>
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<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Cet article se consacrera à l'analyse d'œuvres théâtrales telles que <i>Uncanny Valley</i> de Stefan Kaegi, <i>Le Théâtre des oreilles</i> de Zaven Paré et <i>Sayônara</i> d'Oriza Hirata, qui examinent l’art scénique avec des robots humanoïdes ou des masques humains animés par projection. Ainsi, nous analyserons comment le "masque" continue à rayonner lorsqu’il ne dissimule aucun visage vivant.</span></span></span></p>
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<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Au sein de ces explorations théâtrales novatrices, nous entendons, derrière les masques humains, les robots qui tentent de s'exprimer. Ils racontent des poèmes à l’humain, interrogent le langage de l’humain, et remettent en question leur propre existence, ainsi que celle de leur créateur. Sans aucun doute, ils peuvent manier avec élégance ou maladresse la grammaire humaine, parfois même avec une pointe d'humour. Troublé, le public entend des voix sans respiration et contemple des corps sans origine. Plus les créateurs perfectionnent ces masques, plus le public souhaite les déchirer d'un seul geste. Les identités de l'artiste et du spectateur, sur des niveaux différents, sont mises en doute par le masque. </span></span></span></p>
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<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Lorsque l'humain n'est plus au centre de la scène, n'est plus l'appelant, mais devient le masque de sa propre création et se retrouve ainsi interpelé, quelles répercussions cela engendre-t-il sur cette scène problématique ? C'est la question que cet article tentera d'explorer, de dévoiler.</span></span></span></p>
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<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b>Notice biographique :</b></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Yucheng PENG, doctorante en études théâtrales et spectacle vivant, se spécialise dans la recherche sur l'utilisation des robots et de l'intelligence artificielle sur la scène contemporaine. Son travail de thèse est sous la direction de Didier Plassard. </span></span></span></p>
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<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b>Bibliographie (à propos de la théorie du masque) :</b></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Buraud, Georges. <i>Les Masques Essai</i>. 1948.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Filacanapa, Giulia, Guy Freixe, and Brigitte Le Guen-Pollet. <i>Le Masque Scénique Dans L'Antiquité Pratiques Anciennes Et Contemporaines</i>. 2022. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Freixe, Guy. <i>Les Utopies Du Masque Sur Les Scènes Européennes Du XXe Siècle</i>, 2010.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Martinetti, Anne. <i>"Le Masque" Histoire D'une Collection</i>. Amiens: Encrage, 1997. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Sagel, Paul-André, and Nicolas Raccah. <i>Le Théâtre Du Monde Une Histoire Des Masques</i>. Paris: Les Belles Lettres Archimbaud, 2009</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Sagel, Paul-André, Nicolas Raccah, and Delphine Lanneshoa. <i>L'éloge Du Masque</i>. Paris: Jacques-Marie Laffont (JML), 2004.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Marino, Gabriele. <i>Cultures of the (masked) Face</i>, Sign Systems Studies 49.3-4 (2021): 318-37. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">JOURDAN-PEYRONY, Jessica<i>. </i><i>« L’identité à travers le masque »</i>, Revue française de psychanalyse, vol. 83, n°2, Presses Universitaires de France, 2019, p. 429-441.</span></span></span></p>
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<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b>Corpus (les spectacles principaux):</b></span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Kaegi Stefan, <i>Unccanny Valley, </i>2019.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Paré Zavan, <i>Le Théâtre des Oreilles, </i>1999.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif">Oriza Hirata, <i>Sayônara, </i>2012.</span></span></span></p>
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