<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:150%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En 1997, trente ans après ses débuts poétiques, Vénus Khoury-Ghata fait publier une <i>Anthologie personnelle</i> aux éditions Actes Sud, qui reprend un ensemble de poèmes issus de recueils allant de 1968 à 1992 et intègre aussi quelques textes inédits. Dès le seuil de l’œuvre, avec l’insertion d’une préface, le regard rétrospectif de la poète sur son parcours apparaît : elle retrace brièvement les circonstances qui ont vu l’émergence de l’écriture poétique, qui l’ont suscitée, qui l’ont nourrie. L’entrée dans l’œuvre se fait pourtant à rebours, les sections ne sont pas présentées dans un ordre chronologique mais selon une logique antéchronologique, allant des textes les plus récents, introduits par la section inédite « Basse enfance », aux textes les plus anciens. La question de la mémoire fait partie des thèmes récurrents de l’écriture khoury-ghatienne ; il nous a donc paru fécond d’étendre cet horizon constant du texte à l’élaboration même de l’anthologie, objet étroitement lié à la mémoire des textes. Ce qui nous intéresse plus particulièrement, c’est la manière dont le regard rétrospectif active une mémoire sélective, singulière, tournée vers l’œuvre passée, et reconfigurée dans le « présent ». Cet aspect se manifeste particulièrement chez Vénus Khoury-Ghata, dont la poésie est marquée par une quête constante de ce qui demeure enfoui, qu’il s’agisse des souvenirs d’enfance, de la mémoire collective, des langues ancestrales, mais aussi des morts, des ruines, de tout ce que le paysage et le temps vont recouvrir. De la même manière, les textes, dans l’auto-anthologie, font l’objet d’une fouille, d’une exhumation de la part de la poète, qui les redispose dans une nouvelle œuvre.</span></span></span></span></p>