<p>L’ambition totalisante des écrivains réalistes et naturalistes est manifeste lorsque l’on songe aux cycles romanesques que sont la <em>Comédie humaine</em> de Balzac ou encore les <em>Rougon-Macquart</em> de Zola. C’est à des formes d’œuvres-mondes que nous confrontent ces séries de romans : dans le numéro 136 de la revue <em>Romantisme</em> qui porte sur « L’œuvre-monde au XIX<sup>e</sup> siècle », Marie-Ève Thérenty explique dans l’avant-propos que « toutes ces œuvres qui appartiennent au moment réaliste se caractérisent par leur volonté de construire un ‘‘monde’’ qui fasse référence, voire concurrence au monde réel dans toute son amplitude ». Un écrivain comme Zola revendique explicitement cette ambition totalisante à plusieurs reprises dans son œuvre, il écrit ainsi dans sa lettre-préface des <em>Nouveaux Contes à Ninon</em> (1874) : « Je voudrais coucher l’humanité sur une page blanche, tous les êtres, toutes les choses ; une œuvre qui serait l’arche immense ». L’ampleur narrative permise par la forme longue du roman répond à cette volonté de créer un <em>analogon</em> littéraire du monde. Or, l’affirmation de Zola préalablement citée apparaît non pas dans un roman mais dans la préface d’un recueil de nouvelles, ce qui peut paraître quelque peu paradoxal.</p>