<p>Pr&eacute;c&eacute;d&eacute; de diff&eacute;rents pr&eacute;fixes, le mot disciplinaire renvoie &agrave; des d&eacute;finitions diverses, plus ou moins &eacute;loign&eacute;es les unes des autres. Ainsi, selon le&nbsp;<em>Dictionnaire lexicographique</em><a href="#nbp_1" id="footnoteref1_ajoekx0" name="lien_nbp_1" title="Centre national de ressources textuelles et lexicales [en ligne], http://www.cnrtl.fr/portail/ [consulté le 24 mai 2015].">1</a>, la signification d&rsquo;interdisciplinaire est&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] relatif &agrave; plusieurs disciplines, &agrave; plusieurs domaines d&rsquo;&eacute;tude.&nbsp;&raquo; Selon cette source, les termes multidisciplinaire, &laquo;&nbsp;[q]ui concerne plusieurs disciplines ou sp&eacute;cialit&eacute;s<a href="#lien_nbp_2a" id="footnoteref2_cutxlhe" name="lien_nbp_2a" title="Ibidem.">2</a>&nbsp;&raquo;, et pluridisciplinaire &laquo;&nbsp;[o]&ugrave; sont repr&eacute;sent&eacute;es plusieurs disciplines, plusieurs domaines de recherche<a href="#lien_nbp_2b" id="footnoteref2_n9htzx3" name="lien_nbp_2b" title="Ibidem.">2</a>&nbsp;&raquo;, seraient des synonymes. La transdisciplinarit&eacute; quant &agrave; elle, est une &laquo;&nbsp;d&eacute;marche scientifique qui d&eacute;passe les fronti&egrave;res d&rsquo;une discipline<a href="#lien_nbp_2c" id="footnoteref2_uz7lx9d" name="lien_nbp_2c" title="Ibidem.">2</a>&nbsp;&raquo;. Afin d&rsquo;explorer les diff&eacute;rents usages que les chercheurs font de ces concepts, dans cet article, nous nous servirons de la disponibilit&eacute; de donn&eacute;es massives<a href="#lien_nbp_3" id="footnoteref3_mpax0oh" name="lien_nbp_3" title="En 2012, Boyd et Crawford signalaient que la capacité informatique actuelle permet l’extraction, le stockage et la mise en relation de données massives (Big data). Danah Boyd et Kate Crawford, « Critical Questions for Big Data : provocations for a cultural, technological, and scholarly phenomenon », dans Information Communication and Society, vol. 15, n° 5, 2012, p. 662-679.">3</a>, en nous appuyant essentiellement sur la scientom&eacute;trie, afin d&rsquo;&eacute;tudier les modalit&eacute;s de circulation de ces quatre concepts qui refl&egrave;tent les relations entre les champs disciplinaires.</p> <p>Initialement d&eacute;velopp&eacute;e par Derek de Solla Price<a href="#lien_nbp_4" id="footnoteref4_yax2bmy" name="lien_nbp_4" title="Derek John de Solla Price, Little Science, Big Science, New York, Columbia University Press, 1963.">4</a>, la scientom&eacute;trie doit son existence aux instruments mis au point par Eugene Garfield, fondateur de&nbsp;<em>Institute for Scientific Information</em>, aujourd&rsquo;hui&nbsp;<em>Thomson ISI</em>. Actuellement,<em>&nbsp;ISI</em>&nbsp;poss&egrave;de la plus importante base de donn&eacute;es bibliographiques. Cette&nbsp;<em>Web of Knowledge</em><a href="#lien_nbp_5" id="footnoteref5_1zs9lhf" name="lien_nbp_5" title="Thomson, ISI Web of Knowledge [en ligne], www.isiwebofknowledge.com.">5</a>&nbsp;comprend plus de cinquante millions de r&eacute;f&eacute;rences regroup&eacute;es dans trois types d&rsquo;index&nbsp;: celui des sciences, celui des sciences sociales et celui qui regroupe les sciences humaines et les arts. Les deux premiers, cod&eacute;s respectivement SCI et SSCI vont de 1900 &agrave; nos jours. Le dernier, quant &agrave; lui, enregistr&eacute; sous le code A&amp;HCI, couvre la p&eacute;riode allant de 1975 aujourd&rsquo;hui. Dans cette recherche, nous explorerons ces trois index en utilisant la technique de fouille de donn&eacute;es<a href="#lien_nbp_6" id="footnoteref6_zsuc0qq" name="lien_nbp_6" title="Jai Han, Micheline Kamber et Jian Pei, Data Mining : concepts and Techniques, Waltham, Morgan Kaufmann, 2012.">6</a>, dans le but d&rsquo;obtenir des &eacute;chantillons de publications qui portent sur les concepts mentionn&eacute;s. Dans un premier temps, nous &eacute;laborerons des indicateurs scientom&eacute;triques afin d&rsquo;observer le volume de publications, leur distribution linguistique, leur &eacute;volution chronologique, et leur distribution par discipline. En utilisant les th&eacute;ories des citations<a href="#lien_nbp_7" id="footnoteref7_3ywnd5r" name="lien_nbp_7" title="Loet Leydesdorff, « Theories of Citations ? », dans Scientometrics, vol. 43, n° 1 (1998), p. 5-25.">7</a>, nous &eacute;tudierons, dans un deuxi&egrave;me temps, le nombre de fois que ces articles sont cit&eacute;s dans le but d&rsquo;analyser la propagation de ces concepts.</p> <p>Ainsi, cette recherche nous permettra de constater les multiples possibilit&eacute;s d&rsquo;exploiter les ressources num&eacute;riques et d&rsquo;approfondir nos connaissances sur la circulation du concept d&rsquo;interdisciplinarit&eacute; et des termes qui lui sont connexes. Par ailleurs, nous esp&eacute;rons que ce travail constituera une d&eacute;monstration de l&rsquo;importance d&rsquo;utiliser des m&eacute;thodes quantitatives dans l&rsquo;&eacute;tude de voyages conceptuels.</p> <h2>1.<strong>&nbsp;&Eacute;pid&eacute;mies de connaissance et &eacute;pid&eacute;mies d&rsquo;information</strong></h2> <p>Dans le premier chapitre de son livre&nbsp;<em>Little Science, Big Science</em><a href="#lien_nbp_8" id="footnoteref8_1wu07yl" name="lien_nbp_8" title="Derek John de Solla Price, Little Science, Big Science, New York, Columbia University Press, 1963.">8</a>, Derek de Solla Price &eacute;tudie le comportement d&rsquo;une s&eacute;rie de variables, en particulier, le nombre de publications scientifiques p&eacute;riodiques. Il arrive &agrave; la conclusion que l&rsquo;&eacute;volution de la science peut &ecirc;tre repr&eacute;sent&eacute;e par une courbe logistique&nbsp;: au d&eacute;but, nous observons une croissance exponentielle jusqu&rsquo;&agrave; un point d&rsquo;inflexion&nbsp;; &agrave; partir de ce point, le taux de croissance diminue jusqu&rsquo;&agrave; atteindre un niveau de saturation.</p> <p>En poussant plus loin les &eacute;tudes de Price, Diane Crane<a href="#lien_nbp_9" id="footnoteref9_h5itg3i" name="lien_nbp_9" title="Diana Crane, Invisible Colleges : Diffusion of Knowledge in Scientific Communities, Chicago, University of Chicago Press, 1972.">9</a>&nbsp;a analys&eacute; les relations entre la croissance de la connaissance scientifique et la communaut&eacute; qui la sous-tend. Elle est ainsi parvenue &agrave; &eacute;tablir des liens entre le processus de d&eacute;couverte scientifique et le processus social qui a lieu dans les groupes de chercheurs. En ce qui concerne le d&eacute;veloppement des sciences exactes, Crane identifie quatre &eacute;tapes qui, d&rsquo;apr&egrave;s elle, sont directement reli&eacute;es &agrave; la courbe logistique de croissance des publications propos&eacute;e par Price ainsi qu&rsquo;au d&eacute;veloppement des paradigmes de Kuhn<a href="#lien_nbp_10" id="footnoteref10_942owai" name="lien_nbp_10" title="Thomas S. Kuhn, La structure des révolutions scientifiques, Paris, Flammarion, 1983.">10</a>. Cependant, selon Crane, ce type d&rsquo;&eacute;volution caract&eacute;rise seulement les sciences fondamentales, mais n&rsquo;est pas observable ni dans les sciences humaines ni dans la technologie. Il est donc int&eacute;ressant de se demander quelle est la situation lors de la circulation de concepts dans les diff&eacute;rents domaines scientifiques.</p> <p>Dans cette perspective, Kuhn, entendra par paradigme &laquo;&nbsp;les d&eacute;couvertes scientifiques universellement reconnues qui, pour un temps, fournissent &agrave; une communaut&eacute; de chercheurs des probl&egrave;mes types et des solutions<a href="#lien_nbp_11" id="footnoteref11_8rfa7y5" name="lien_nbp_11" title="Ibid., p. 11.">11</a>&nbsp;&raquo;. &Agrave; partir de cette d&eacute;finition du paradigme, il &eacute;tablit des diff&eacute;rences entre le d&eacute;veloppement de la &laquo;&nbsp;science normale&nbsp;&raquo; et les &laquo;&nbsp;r&eacute;volutions scientifiques&nbsp;&raquo;. L&rsquo;une d&rsquo;entre elles est le progr&egrave;s qui a lieu &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur d&rsquo;un paradigme, tandis que les nouveaut&eacute;s scientifiques sont reli&eacute;es &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;anomalies.</p> <p>Cependant, le mod&egrave;le de diffusion de Price n&rsquo;est pas toujours le plus repr&eacute;sentatif des ph&eacute;nom&egrave;nes de diffusion des connaissances. Sous certaines conditions, notamment lorsque nous nous &eacute;loignons de la &laquo;&nbsp;science normale&nbsp;&raquo; pour suivre la terminologie de Kuhn, d&rsquo;autres mod&egrave;les semblent mieux d&eacute;crire l&rsquo;&eacute;volution des donn&eacute;es.</p> <p>Dans sa th&egrave;se portant sur l&rsquo;&eacute;volution des sp&eacute;cialit&eacute;s en physique, Albert Tabah<a href="#lien_nbp_12" id="footnoteref12_q739w8m" name="lien_nbp_12" title="Albert N. Tabah, Information Epidemics and the Growth of Physics, Montréal, McGill Ph.D., University Graduate School of Library and Information Studies, 1996.">12</a>&nbsp;&eacute;tudie les fr&eacute;quences mensuelles des publications par sous-sp&eacute;cialit&eacute;s. Il s&rsquo;agit d&rsquo;investigation des sous-disciplines qui montrent une croissance tr&egrave;s rapide dans de tr&egrave;s courts d&eacute;lais. Il d&eacute;termine que &laquo;&nbsp;literature growth in physics does not necessarily follow either an exponential or a linear pattern. It varies and it fluctuates. The mechanism largely depends on the time period and the subject matter at hand<a href="#lien_nbp_13" id="footnoteref13_jegwxq6" name="lien_nbp_13" title="Ibid., p. 195.">13</a>&nbsp;&raquo;. Il devient &eacute;vident pour l&rsquo;auteur que ni le mod&egrave;le de croissance introduit par Price, ni l&rsquo;id&eacute;e de &laquo;&nbsp;mode&nbsp;&raquo; propos&eacute;e par Crane ne correspondent &agrave; ses donn&eacute;es. Tabah d&eacute;cide alors de se tourner vers les mod&egrave;les &eacute;pid&eacute;miologiques dont plusieurs ont pour but l&rsquo;analyse de la dynamique de propagation des maladies qui affectent les humains, les animaux et les plantes.</p> <p>L&rsquo;&eacute;laboration des diff&eacute;rents mod&egrave;les permettant la compr&eacute;hension, l&rsquo;&eacute;valuation, la pr&eacute;diction et le contr&ocirc;le des &eacute;pid&eacute;mies s&rsquo;av&egrave;re &ecirc;tre un d&eacute;fi de taille qui s&rsquo;&eacute;tend des th&eacute;ories math&eacute;matiques et biom&eacute;dicales jusqu&rsquo;aux aspects pratiques, en passant par les probl&egrave;mes de collecte et de traitement de donn&eacute;es<a href="#lien_nbp_14" id="footnoteref14_uzrm512" name="lien_nbp_14" title="Dans « Epidemics : Models and Data », Denise Mollison, Valerie Isham et Bryan Grenfell présentent une excellente étude comparée de différents modèles épidémiologiques. Suivi de nombreux commentaires scientifiques, ce document constitue une excellente mise au point sur la diversité et les caractéristiques des modèles épidémiologiques. Denise Mollison, Valerie Isham et Bryan Grenfell, « Epidemics : Models and Data », Journal of the Royal Statistical Society Seris a-Statistics in Society, n° 157, (1994), p. 115-49.">14</a>. La pertinence d&rsquo;utiliser des mod&egrave;les &eacute;pid&eacute;miologiques afin de d&eacute;crire de multiples situations de propagation a &eacute;t&eacute; &eacute;tablie par divers auteurs<a href="#lien_nbp_15" id="footnoteref15_8ruloe3" name="lien_nbp_15" title="Dans sa thèse de doctorat, Albert Tabah présente une bibliographie critique de ce sujet qui couvre de nombreux textes de 1855 à 1992. Selon l’auteur, les processus épidémiques ont été comparés pour la première fois à la transmission des idées en 1855 par Sir Bernard Brodie. Albert N. Tabah, Information Epidemics and the Growth of Physics, Montréal, McGill Ph.D. University Graduate School of Library and Information Studies, 1996.">15</a>. &Eacute;videmment, il faut noter une diff&eacute;rence significative&nbsp;: &laquo;&nbsp;in the case of infectious diseases the desired state is one of stability or decrease while in the case of transmission of ideas an unstable state, i.e. an epidemic state may be desirable<a href="#lien_nbp_16" id="footnoteref16_d5bsnfz" name="lien_nbp_16" title="William Goffman, et Vaun A. Newill, « Communication and Epidemic Processes », dans Proceedings of the Royal Society of London Series a-Mathematical and Physical Sciences, vol. 298, n° 1454 (1967), p. 320.">16</a>. &raquo;</p> <p>En ce qui concerne le d&eacute;veloppement des sous-sp&eacute;cialit&eacute;s de la physique, Albert Tabah distingue deux types d&rsquo;&eacute;pid&eacute;mie&nbsp;: l&rsquo;information et la connaissance. La premi&egrave;re correspond &agrave; un &eacute;v&eacute;nement particulier, temporaire et tr&egrave;s visible que Tabah appelle l&rsquo;&eacute;pid&eacute;mie d&rsquo;information. Par contre, l&rsquo;&eacute;pid&eacute;mie de connaissance se pr&eacute;sente plut&ocirc;t sous la forme d&rsquo;une cha&icirc;ne d&rsquo;articles influents. D&rsquo;apr&egrave;s Tabah, alors que l&rsquo;on observe le plus souvent le premier type de ph&eacute;nom&egrave;ne, le deuxi&egrave;me est bien plus rare et entra&icirc;ne de profonds changements dans la discipline en question, voire la naissance d&rsquo;une nouvelle sous-discipline.</p> <p>Il faut noter que, en ce qui concerne les sous-disciplines de croissance acc&eacute;l&eacute;r&eacute;e, Tabah s&rsquo;inspire des &eacute;tudes de Budd et Hurt<a href="#lien_nbp_17" id="footnoteref17_ig8p2r7" name="lien_nbp_17" title="ohn M. Budd, « Citations and Knowledge Claims : Sociology of Knowledge as a Case in Point », Journal of Information Science, vol. 25, n° 4 1999) p. 265-74. J. M. Budd et C. D. Hurt, « Superstring Theory – Information-Transfer in an Emerging Field », Scientometrics, vol. 21, n° 1 (1991), p. 87-98. C. D. Hurt et J. M. Budd, « Modeling the Literature of Superstring Theory – a Case of Fast Literature », Scientometrics, vol. 24, n° 3 (1992), p. 471-80.">17</a>. Ces deux auteurs, en analysant l&rsquo;&eacute;volution de la th&eacute;orie des supercordes, affirment que&nbsp;:</p> <p><q>An entirely different class of literature seems to exist beyond or separate from the &lsquo;normal&rsquo; literature such as suggested by Price&hellip; Price and others, we feel, are essentially correct in describing &lsquo;normal&rsquo; science. What we propose is an exploration of the anomalous in science literature<a href="#lien_nbp_18" id="footnoteref18_j2g85xb" name="lien_nbp_18" title="Hurt et Budd 1992, op.cit., p. 479.">18</a>.</q></p> <p>Tabah pousse plus loin son &eacute;tude sur les &eacute;pid&eacute;mies d&rsquo;information et &eacute;tablit que &laquo;&nbsp;the rapidity in the genesis of an information epidemic will follow one of two models at hand, either the contagion model or the catalyst model<a href="#lien_nbp_19" id="footnoteref19_59twca6" name="lien_nbp_19" title="Tabah, op.cit., p. 252.">19</a>&nbsp;&raquo;. &Agrave; la diff&eacute;rence du mod&egrave;le de contagion &eacute;pid&eacute;mique, o&ugrave; un individu est porteur d&rsquo;un virus, le mod&egrave;le catalytique met en lumi&egrave;re des &eacute;pid&eacute;mies qui r&eacute;sultent de la confluence d&rsquo;une s&eacute;rie de facteurs qui sont pr&eacute;sents dans une soci&eacute;t&eacute;<a href="#lien_nbp_20" id="footnoteref20_efll393" name="lien_nbp_20" title="C’est le cas de nombreuses maladies contemporaines, telles que l’hypertension artérielle, l’hypercholestérol ou le diabète, dont la propagation découle des conditions de vie dans les pays développés et non pas de la présence d’un virus.">20</a>.</p> <p>Inspir&eacute; par les travaux de Tabah, Ackermann<a href="#lien_nbp_21" id="footnoteref21_gpyb5aq" name="lien_nbp_21" title="Eric Ackermann, « Indicators of Failed Information Epidemics in the Scientific Journal Literature: A Publication Analysis of Polywater and Cold Nuclear Fusion », Scientometrics, vol. 66, n° 3 (2006), p. 451-66.">21</a>&nbsp;propose un ensemble d&rsquo;indicateurs bibliom&eacute;triques afin d&rsquo;&eacute;tudier les &eacute;pid&eacute;mies d&rsquo;information manqu&eacute;es<a href="#lien_nbp_22" id="footnoteref22_1msrdh1" name="lien_nbp_22" title="Dans le but d’éclaircir le comportement des épidémies d’information manquées, Ackermann en étudie deux : les recherches sur Polywater et les recherches sur la fusion nucléaire froide. Il utilise les publications indexées par le SCI pour ces deux sous-spécialités, de 1962 à 1974 dans le premier cas et de 1989 à 2001 dans le deuxième cas. Ensuite, il calcule une série d’indicateurs qui, d’après l’auteur, caractériseraient ce type de comportement. Pour finir, il affirme « The bibliometric understanding of the literatures of failed information epidemics is still rudimentary. The identification and analysis of additional failed epidemics in the scientific literature will be required before their unique properties can be isolated and definitively identified ». Ackermann, op.cit., p. 464.">22</a>. Il commence par clarifier une ambig&uuml;it&eacute; d&eacute;tect&eacute;e dans la th&egrave;se de Tabah. Ackermann souscrit pleinement &agrave; la d&eacute;finition de l&rsquo;&eacute;pid&eacute;mie de connaissance de Tabah&nbsp;:</p> <p><q>A&nbsp;<em>knowledge epidemic</em>&nbsp;evolves out of an existing information epidemic by ongoing, sustained publication, producing a permanent knowledge growth that either creates a new scientific specialty &hellip; or revitalizes an existing field through the acceptance of a new theory<a href="#lien_nbp_23" id="footnoteref23_cs6w4kg" name="lien_nbp_23" title="Ackermann, op. cit., p. 452.">23</a>.</q></p> <p>Cependant, il introduit la distinction suivante, &agrave; notre avis tr&egrave;s utile&nbsp;:</p> <p><q>in this study an&nbsp;<em>information epidemic</em>&nbsp;will refer to the overall phenomena of epidemic growth in a given scientific literature, a&nbsp;<em>knowledge epidemic</em>&nbsp;will remain as defined above, while an&nbsp;<em>unsuccessful (or failed) information epidemic</em>&nbsp;will refer to an epidemic pattern of publication that ended without evolving into a knowledge epidemic<a href="#lien_nbp_24" id="footnoteref24_hzyl5cc" name="lien_nbp_24" title="Ibid., p. 452.">24</a>.</q></p> <p>&Agrave; travers l&rsquo;analyse des s&eacute;ries de publications qui contiennent dans le titre les mots-cl&eacute;s qui renvoient aux diff&eacute;rents types de relations entre les disciplines, nous &eacute;tudions les modalit&eacute;s de circulation de ceux-ci, en particulier, dans le but de d&eacute;terminer si nous sommes devant une &eacute;pid&eacute;mie de la connaissance ou bien simplement d&rsquo;un ph&eacute;nom&egrave;ne temporaire.</p> <h2>2.<strong>&nbsp;</strong><strong>Indicateurs bibliom&eacute;triques</strong></h2> <p>Il existe deux cat&eacute;gories d&rsquo;indicateurs. Ceux de la premi&egrave;re cat&eacute;gorie re&ccedil;oivent le nom d&rsquo;indicateurs descriptifs ou d&rsquo;indicateurs d&rsquo;activit&eacute;. Ceux de la seconde cat&eacute;gorie sont les indicateurs relationnels. &laquo;&nbsp;Les premiers fournissent des donn&eacute;es sur le volume et l&rsquo;impact des activit&eacute;s de recherche, tandis que les seconds recherchent les liens et les interactions entre chercheurs et domaines, de mani&egrave;re &agrave; d&eacute;crire les contenus des activit&eacute;s et leur &eacute;volution<a href="#lien_nbp_25" id="footnoteref25_od6rdr1" name="lien_nbp_25" title="Michel Callon, Jean-Pierre Courtial et Hervé Penan, La Scientométrie, Que Sais-Je ?, n° 2727, Paris, Presses Universitaires de France, 1993, p. 39.">25</a>.&nbsp;&raquo; Les indicateurs peuvent &ecirc;tre mesur&eacute;s &agrave; plusieurs niveaux d&rsquo;agr&eacute;gation&nbsp;: chercheurs, groupe de recherche, institut, pays, discipline.</p> <p>Le plus simple des indicateurs descriptifs est le d&eacute;nombrement des publications ou de brevets. Un autre indicateur descriptif est le d&eacute;nombrement des citations. Celui-ci correspond au nombre de fois qu&rsquo;un texte est cit&eacute; dans une autre publication. Suppos&eacute;ment, cet indicateur signale la qualit&eacute; d&rsquo;une publication. Cependant, cet argument a &eacute;t&eacute; longuement d&eacute;battu et il en r&eacute;sulte qu&rsquo;il est pr&eacute;f&eacute;rable de le consid&eacute;rer comme un indicateur de visibilit&eacute;. De plus, comme le signalent Callon et&nbsp;<em>al.&nbsp;</em>: &laquo;&nbsp;Des investigations encore plus fines peuvent &ecirc;tre tent&eacute;es en retournant aux contextes de citation de mani&egrave;re &agrave; faire ressortir la transformation ou la confirmation des &eacute;nonc&eacute;s, les transferts et les emprunts de techniques exp&eacute;rimentales<a href="#lien_nbp_26" id="footnoteref26_7fufp7l" name="lien_nbp_26" title="Ibid., p. 60.">26</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p>&Agrave; son tour, le plus simple des indicateurs relationnels est la cosignature de publications. Un des probl&egrave;mes que pose cet indicateur est la diff&eacute;rence d&rsquo;habitudes de publication dans les diff&eacute;rentes disciplines.</p> <p>Afin de pallier les d&eacute;faillances de l&rsquo;indicateur des citations, Henri Small a cr&eacute;&eacute; celui des cocitations. Il s&rsquo;agit de comptabiliser le nombre de fois o&ugrave; deux citations apparaissent simultan&eacute;ment dans les articles. Cette co&iuml;ncidence de r&eacute;f&eacute;rences signalerait un lien plus &eacute;troit entre les documents qui les contiennent. Une autre m&eacute;thode pour rem&eacute;dier aux probl&egrave;mes de l&rsquo;indicateur des citations a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;e par Michel Callon. Plut&ocirc;t que de s&rsquo;int&eacute;resser aux r&eacute;f&eacute;rences, il propose la comptabilisation des co-occurrences de mots contenus dans les documents. &laquo;&nbsp;Plus les mots co-occurrent fr&eacute;quemment dans des textes diff&eacute;rents et plus les probl&egrave;mes de recherche et les connexions entre ces probl&egrave;mes se renforcent<a href="#lien_nbp_27" id="footnoteref27_0staf7m" name="lien_nbp_27" title="Ibid., p. 81.">27</a>.&nbsp;&raquo; Alors que l&rsquo;indicateur des cocitations permet l&rsquo;obtention d&rsquo;un r&eacute;seau d&rsquo;auteurs, celui des co-occurrences se traduit en un r&eacute;seau de mots associ&eacute;s dont la force d&eacute;pend du nombre de co-occurrences dans les diff&eacute;rents documents. Cependant, comme le souligne Loet Leydesdorff<a href="#lien_nbp_29" id="footnoteref28_0h08jz2" name="lien_nbp_28" title="Leydesdorff, op. cit.">28</a>, l&rsquo;utilisation des mots-cl&eacute;s est de nature tr&egrave;s vari&eacute;e, rendrait pr&eacute;f&eacute;rable l&rsquo;utilisation de l&rsquo;analyse des citations pour &eacute;tudier l&rsquo;&eacute;volution de la science.</p> <p>Le facteur d&rsquo;impact est un indicateur qui porte sur les p&eacute;riodiques. D&eacute;velopp&eacute; par le&nbsp;<em>ISI</em>&nbsp;dans le&nbsp;<em>Journal of Citation Reports</em>, il<a href="#lien_nbp_29" id="footnoteref29_pde1n6w" name="lien_nbp_29" title="Pour une discussion sur les différents types de facteurs d’impact et ce qu’ils mesurent, voir Peter Vinkler, « Characterization of the Impact of Sets of Scientific Papers : The Garfield (Impact) Factor », Journal of the American Society for Information Science and Technology, vol. 55, n° 5 (2004), p. 431-435.">29</a>&nbsp;correspond au &laquo;&nbsp;nombre de citations de tout type d&rsquo;articles, sur 2 ans, concernant le premier auteur, divis&eacute; par le nombre d&rsquo;articles &eacute;dit&eacute;s &agrave; l&rsquo;exception des &eacute;ditoriaux, lettres, r&eacute;sum&eacute;s de congr&egrave;s<a href="#lien_nbp_30" id="footnoteref30_r6bxqg2" name="lien_nbp_30" title="Valérie Devaux, « Veille : l’évaluation de la recherche », Dossiers de synthèse documentaire [en ligne], CNRS-INIST2007, 2002, http://veille.inist.fr/.">30</a>&raquo;.</p> <p>&nbsp;</p> <table> <thead> <tr> <th>Cat&eacute;gories d&rsquo;indicateurs</th> <th>Indicateurs</th> <th>Fonctions</th> </tr> </thead> <tbody> <tr> <td>Descriptifs</td> <td>D&eacute;nombrement des articles <p>&nbsp;</p> <p>D&eacute;nombrement des citations</p> <p>D&eacute;nombrement des brevets</p> </td> <td>Mesurer le volume et le dynamisme de la recherche &agrave; diff&eacute;rents niveaux d&rsquo;agr&eacute;gation.</td> </tr> <tr> <td>Relationnels</td> <td>Cosignatures <p>&nbsp;</p> <p>Cocitations</p> <p>Mots associ&eacute;s</p> <p>Facteur d&rsquo;impact</p> </td> <td>Mettre en lumi&egrave;re les interactions entre les acteurs des syst&egrave;mes nationaux et internationaux de science et technologie.</td> </tr> </tbody> </table> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: center;">Tableau n&deg; 1&nbsp;: Indicateurs bibliom&eacute;triques</p> <p>Dans cette &eacute;tude, nous analyserons, en premier lieu, l&rsquo;&eacute;volution des publications relatives aux concepts en question &agrave; travers le d&eacute;nombrement des documents et, en deuxi&egrave;me lieu, leur propagation &agrave; travers le d&eacute;nombrement des citations dont ces documents sont l&rsquo;objet.</p> <h2>3.<strong>&nbsp;</strong><strong>&Eacute;chantillons</strong></h2> <p>En nous basant sur la technique des mots-cl&eacute;s, nous avons obtenu des indicateurs bibliom&eacute;triques. Dans&nbsp;<em>ISI Web of Knowledge</em>, nous avons s&eacute;lectionn&eacute; les r&eacute;f&eacute;rences qui contiennent dans le titre les troncatures interdisciplinar*, multidisciplinar*, pluridisciplinar* et transdisciplinar*<a href="#lien_nbp_31" id="footnoteref31_kac1ezy" name="lien_nbp_31" title="Toutes les recherches sont en anglais, puisque, dans cette base de données, les titres des publications sont traduits en anglais, indépendamment de la langue du document original.">31</a>. Nous avons consid&eacute;r&eacute; seulement les types de documents qui correspondent essentiellement &agrave; la transmission des connaissances, &agrave; savoir, les articles, les notes et les&nbsp;<em>reviews</em>. Afin d&rsquo;&eacute;viter des ann&eacute;es incompl&egrave;tes, la derni&egrave;re ann&eacute;e que nous avons consid&eacute;r&eacute;e est 2014. Initialement, (voir tableau n&deg; 2, nous avons obtenu les publications pour les trois index confondus, sciences exactes (SCI), sciences sociales (SSCI), sciences humaines et arts (A&amp;HCI). Nous avons aussi identifi&eacute; les chevauchements des termes.</p> <p>&nbsp;</p> <table> <thead> <tr> <th>&nbsp;</th> <th>Interdisciplinar*</th> <th>Multidisciplinar*</th> <th>Pluridisciplinar*</th> <th>Transdisciplinar*</th> </tr> </thead> <tbody> <tr> <td>Interdisciplinar*</td> <td>6407</td> <td>&nbsp;</td> <td>&nbsp;</td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td>Multidisciplinar*</td> <td>28</td> <td>6390</td> <td>&nbsp;</td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td>Pluridisciplinar*</td> <td>0</td> <td>0</td> <td>28</td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td>Transdisciplinar*</td> <td>18</td> <td>9</td> <td>0</td> <td>487</td> </tr> </tbody> </table> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: center;">Tableau n&deg; 2 : D&eacute;nombrement et chevauchement des publications<br /> Source :&nbsp;<em>Web of Knowledge</em>&nbsp;1900-2014</p> <p>Nous observons que les plus hautes fr&eacute;quences se trouvent dans les publications qui contiennent les troncatures interdisciplinar* et multidisciplinar*. Le chevauchement des termes n&rsquo;est pas tr&egrave;s significatif. Par ailleurs, il existe 8 publications qui contiennent dans le titre les troncatures interdisciplinar*, multidisciplinar* et transdisciplinar*. Il n&rsquo;existe pas de document contenant les quatre termes dans le titre. Afin de mieux comprendre l&rsquo;importance relative de ces diff&eacute;rents concepts, nous avons s&eacute;par&eacute; les donn&eacute;es par type d&rsquo;index. Le graphique n&deg; 1 correspond aux quatre &eacute;chantillons pour chaque index.</p> <figure> <figcaption> <p style="text-align: left;">Graphique n&deg; 1 : &Eacute;chantillons par index<br /> Source :&nbsp;<em>Web of Knowledge&nbsp;</em>1900-2014</p> </figcaption> </figure> <p>Nous observons une grande disparit&eacute; entre les &eacute;chantillons. Le nombre de publications qui portent multidisciplinar* dans le titre en sciences exactes est le plus &eacute;lev&eacute;, suivi par le nombre de publications qui portent interdisciplinar* dans ce m&ecirc;me index. Viennent ensuite les publications ayant pour titre interdisciplinar* et multidisciplinar* en sciences sociales. L&rsquo;&eacute;chantillon transdisciplinar* en sciences sociales est plus important qu&rsquo;en sciences exactes. Les &eacute;chantillons de l&rsquo;index en sciences humaines et arts sont consid&eacute;rablement plus petits pour les quatre concepts. Ce qui refl&egrave;te tr&egrave;s clairement la plus petite couverture de cet index, qui date seulement de 1975, vis-&agrave;-vis des deux autres qui s&rsquo;&eacute;tendent de 1900 au pr&eacute;sent. Ainsi, dans le but d&rsquo;&eacute;tudier l&rsquo;&eacute;volution chronologique des concepts, nous analyserons chaque index s&eacute;par&eacute;ment. Cependant, pr&eacute;alablement, nous analyserons la distribution linguistique des donn&eacute;es.</p> <h2>4.<strong>&nbsp;Langue de publication</strong></h2> <p>Le graphique n&deg; 2 repr&eacute;sente l&rsquo;importance relative des principales langues de publication de chaque &eacute;chantillon.</p> <figure><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://alepreuve.org/sites/alepreuve/files/Ferrer-02.png" width="600" /> <figcaption>Graphique n&deg; 2 : Distribution linguistique<br /> Source :&nbsp;<em>Web of Knowledge</em>&nbsp;1900-2014</figcaption> </figure> <p>La s&eacute;rie interdisciplinar* est publi&eacute;e en 25 langues. Parmi celles-ci, l&rsquo;anglais correspond &agrave; 79% de la s&eacute;rie, suivi de l&rsquo;allemand, 15%, le fran&ccedil;ais, 2%, l&rsquo;espagnol, le russe et le portugais, 1% chacune. La s&eacute;rie multidisciplinar* est publi&eacute;e en 19 langues diff&eacute;rentes&nbsp;; majoritairement en anglais, 93%, suivi du fran&ccedil;ais, 3%, de l&rsquo;allemand, 2%, et de l&rsquo;espagnol, 1%. La s&eacute;rie pluridisciplinar* est publi&eacute;e exclusivement en deux langues&nbsp;: fran&ccedil;ais, 68%, et anglais, 32%. Finalement, les langues de publication de la s&eacute;rie transdisciplinar* sont huit, dont l&rsquo;anglais, 90%, l&rsquo;allemand, 4%, le fran&ccedil;ais et l&rsquo;espagnol, 2% chacune. Les autres langues n&rsquo;atteignent pas 1% des &eacute;chantillons.</p> <h2>5.<strong>&nbsp;&Eacute;volution chronologique</strong></h2> <p>Dans le graphique n&deg; 3, nous observons l&rsquo;&eacute;volution des quatre s&eacute;ries en sciences exactes. Les publications avec interdisciplinar* ou multidisciplinar* dans le titre commencent &agrave; para&icirc;tre au d&eacute;but des ann&eacute;es 1950 et montrent une importante croissance depuis le milieu des ann&eacute;es 1990. La s&eacute;rie multidisciplinar* a d&eacute;pass&eacute; les 500 publications annuelles en 2013, alors que la s&eacute;rie interdisciplinar* a d&eacute;pass&eacute; les 300 publications en 2014. Les deux autres s&eacute;ries d&eacute;marrent beaucoup plus tardivement et montrent un nombre r&eacute;duit de publications.</p> <p>Cependant, la s&eacute;rie qui porte transdisciplinar* dans le titre a exp&eacute;riment&eacute; une certaine augmentation &agrave; partir des ann&eacute;es 2000.</p> <p>Du point de vue cumulatif, (graphique n&deg; 4) nous observons que les s&eacute;ries multidisciplinar* et interdisciplinar* ont atteint un point, vers le milieu des ann&eacute;es 1990, &agrave; partir duquel leur taux de croissance ne cesse d&rsquo;augmenter. Ainsi, elles sont loin d&rsquo;avoir atteint un taux plus stable qui pourrait indiquer un plafonnement de la croissance.</p> <figure><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://alepreuve.org/sites/alepreuve/files/Ferrer-03.png" width="600" /> <figcaption>Graphique n&deg; 3 : Publications annuelles en sciences exactes<br /> Source :&nbsp;<em>Web of Knowledge</em>&nbsp;1900-2014</figcaption> </figure> <figure><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://alepreuve.org/sites/alepreuve/files/Ferrer-04.png" width="600" /> <figcaption>Graphique n&deg; 4 : Publications cumul&eacute;es en sciences exactes<br /> Source :&nbsp;<em>Web of Knowledge</em>&nbsp;1900-2014</figcaption> </figure> <p>Le graphique n&deg; 5 repr&eacute;sente les quatre s&eacute;ries en sciences sociales. Bien que les s&eacute;ries interdisciplinar* et multidisciplinar* montrent quelques publications depuis la fin des ann&eacute;es 1940, c&rsquo;est &agrave; partir du milieu des ann&eacute;es 1970 que nous observons des publications annuelles plus importantes. Cependant, ce n&rsquo;est qu&rsquo;au 21<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle que ces s&eacute;ries montrent des augmentations significatives dans le nombre de documents publi&eacute;s.</p> <figure><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://alepreuve.org/sites/alepreuve/files/Ferrer-05.png" width="600" /> <figcaption>Graphique n&deg; 5 : Publications annuelles en sciences sociales<br /> Source :&nbsp;<em>Web of Knowledge</em>&nbsp;1900-2014</figcaption> </figure> <p>Par ailleurs, la s&eacute;rie transdisciplinar*, dont la premi&egrave;re r&eacute;f&eacute;rence date de 1970, &eacute;volue positivement &agrave; partir du milieu des ann&eacute;es 1990. L&rsquo;indicateur interdisciplinar* a d&eacute;pass&eacute; les 100 publications annuelles en 2008 et celui de multidisciplinar* en 2011, alors que l&rsquo;indicateur transdisciplinar* n&rsquo;a pas encore atteint les 50 publications annuelles. La s&eacute;rie pluridisciplinar* est embryonnaire.</p> <p>Le graphique n&deg; 6 correspond aux publications cumul&eacute;es des quatre s&eacute;ries en sciences sociales. Nous confirmons que les s&eacute;ries interdisciplinar* et multidisciplinar* sont en pleine croissance depuis les ann&eacute;es 1970, alors que la s&eacute;rie transdisciplinar* commence &agrave; cumuler des publications au d&eacute;but du 21<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle.&nbsp;<em>A priori</em>, en observant l&rsquo;augmentation des taux de croissance de ces trois tendances, nous serions au d&eacute;but de la propagation de ces termes.</p> <figure><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://alepreuve.org/sites/alepreuve/files/Ferrer-06.png" width="600" /> <figcaption>Graphique n&deg; 6 : Publications cumul&eacute;es en sciences sociales<br /> Source :&nbsp;<em>Web of Knowledge</em>&nbsp;1900-2014</figcaption> </figure> <p>Par rapport &agrave; l&rsquo;&eacute;volution de ces concepts dans les sciences humaines et les arts, (voir graphique n&deg; 7), nous poss&eacute;dons des donn&eacute;es seulement &agrave; partir de 1975. Dans ce cas, nous observons que la s&eacute;rie interdisciplinar* se d&eacute;marque clairement des autres.</p> <figure><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://alepreuve.org/sites/alepreuve/files/Ferrer-07.png" width="600" /> <figcaption>Graphique n&deg; 7 : Publications annuelles en sciences humaines et arts<br /> Source :&nbsp;<em>Web of Knowledge</em>&nbsp;1975-2014</figcaption> </figure> <p>L&rsquo;indicateur des publications qui portent interdisciplinar* dans le titre, tout en d&eacute;crivant une &eacute;volution en scie, montre une tendance croissante depuis 1975 et une augmentation plus importante depuis 2009. &Agrave; partir de cette date, cette s&eacute;rie d&eacute;passe les 35 publications annuelles. La s&eacute;rie multidisciplinar* &eacute;volue positivement depuis quelques ann&eacute;es et, en 2011, elle a franchi les 10 publications annuelles. Pendant cette m&ecirc;me p&eacute;riode, la s&eacute;rie transdisciplinar* montre une l&eacute;g&egrave;re tendance &agrave; la hausse. Tout comme en sciences exactes et en sciences sociales, la s&eacute;rie pluridisciplinar* t&eacute;moigne du stade embryonnaire de ce concept.</p> <p>Le graphique n&deg; 8 repr&eacute;sente les indicateurs des publications cumul&eacute;es en sciences humaines et arts. Nous appr&eacute;cions la croissance positive de la s&eacute;rie interdisciplinar* et l&rsquo;augmentation cumulative insignifiante des trois autres s&eacute;ries.</p> <figure><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://alepreuve.org/sites/alepreuve/files/Ferrer-08.png" width="600" /> <figcaption>Graphique n&deg; 8 : Publications cumul&eacute;es en sciences humaines et arts<br /> Source :&nbsp;<em>Web of Knowledge</em>&nbsp;1975-2014</figcaption> </figure> <p>L&rsquo;analyse de l&rsquo;&eacute;volution chronologique des s&eacute;ries nous permet de constater que l&rsquo;interdisciplinarit&eacute; montre une tendance positive dans tous les index. Par ailleurs, en sciences exactes, ce concept est devanc&eacute; par celui de multidisciplinarit&eacute;, tandis qu&rsquo;en sciences sociales, son &eacute;volution est accompagn&eacute;e par celle de la multidisciplinarit&eacute; et, ces derni&egrave;res ann&eacute;es, par celle de la transdisciplinarit&eacute;. En sciences humaines et arts, le seul concept qui a une pr&eacute;sence et une augmentation importantes est celui de l&rsquo;interdisciplinarit&eacute;.</p> <h2>6.<strong>&nbsp;</strong><strong>Distribution disciplinaire</strong></h2> <p>La distribution des &eacute;chantillons par discipline est obtenue selon le classement que&nbsp;<em>Web of Knowledge</em>&nbsp;fait des p&eacute;riodiques o&ugrave; sont publi&eacute;s les documents. Dans le cas des sciences exactes, le graphique n&deg; 9 correspond aux disciplines qui couvrent 90% des publications de la s&eacute;rie multidisciplinar* et le graphique n&deg; 10 celles de la s&eacute;rie interdisciplinar*.</p> <figure><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://alepreuve.org/sites/alepreuve/files/Ferrer-09.png" width="600" /> <figcaption>Graphique n&deg; 9 : Distribution de la s&eacute;rie multidisciplinar* en sciences exactes<br /> Source :&nbsp;<em>Web of Knowledge</em>&nbsp;1900-2014</figcaption> </figure> <figure><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://alepreuve.org/sites/alepreuve/files/Ferrer-10.png" width="600" /> <figcaption>Graphique n&deg; 10 : Distribution de la s&eacute;rie interdisciplinar* en sciences exactes<br /> Source :&nbsp;<em>Web of Knowledge</em>&nbsp;1900-2014</figcaption> </figure> <p>Dans les deux cas, nous observons une forte pr&eacute;sence de disciplines de la sant&eacute;&nbsp;: chirurgie, m&eacute;decine g&eacute;n&eacute;rale interne, oncologie, p&eacute;diatrie, soins de sant&eacute;, neurologie, cardiologie, pharmacologie. D&rsquo;autres domaines r&eacute;currents sont&nbsp;: g&eacute;nie, g&eacute;ologie, &eacute;cologie.</p> <p>Les graphiques n&deg; 11, n&deg; 12 et n&deg; 13 correspondent respectivement, aux distributions par discipline des s&eacute;ries interdisciplinar*, multidisciplinar* et transdisciplinar* en sciences sociales. L&rsquo;&eacute;ducation, la psychologie et la biblioth&eacute;conomie sont des disciplines pr&eacute;sentes dans les trois &eacute;chantillons.</p> <p>Par ailleurs, nous observons l&rsquo;existence de certains chevauchements entre les disciplines de l&rsquo;index des sciences exactes et celui des sciences sociales, celles, notamment, de l&rsquo;&eacute;cologie, de l&rsquo;environnement et de l&rsquo;&eacute;ducation sont pr&eacute;sentes dans les deux index.</p> <figure><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://alepreuve.org/sites/alepreuve/files/Ferrer-11.png" width="600" /> <figcaption>Graphique n&deg; 11 : Distribution de la s&eacute;rie interdisciplinar* en sciences sociales<br /> Source :&nbsp;<em>Web of Knowledge</em>&nbsp;1900-2014</figcaption> </figure> <figure><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://alepreuve.org/sites/alepreuve/files/Ferrer-12.png" width="600" /> <figcaption>Graphique n&deg; 12 : Distribution de la s&eacute;rie multidisciplinar* en sciences sociales<br /> Source :&nbsp;<em>Web of Knowledge</em>&nbsp;1900-2014&lt;</figcaption> </figure> <figure><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://alepreuve.org/sites/alepreuve/files/Ferrer-14.png" width="600" /> <figcaption>Graphique n&deg; 13 : Distribution de la s&eacute;rie transdisciplinar* en sciences sociales<br /> Source :&nbsp;<em>Web of Knowledge</em>&nbsp;1900-2014</figcaption> </figure> <p>En ce qui concerne les sciences humaines et les arts, nous avons consid&eacute;r&eacute; seulement la distribution de la s&eacute;rie interdisciplinar*, graphique n&deg; 14. Neuf disciplines couvrent 91% de l&rsquo;&eacute;chantillon. Nous constatons que 25% de l&rsquo;&eacute;chantillon correspond &agrave; des publications en litt&eacute;rature.</p> <figure><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://alepreuve.org/sites/alepreuve/files/Ferrer-13.png" width="600" /> <figcaption>Graphique n&deg; 14 : Distribution de la s&eacute;rie interdisciplinar* en sciences humaines et arts<br /> Source :&nbsp;<em>Web of Knowledge</em>&nbsp;1975-2014</figcaption> </figure> <h2>7.<strong>&nbsp;Citation des publications</strong></h2> <p>Afin de mesurer l&rsquo;impact des publications, nous utiliserons le nombre de fois que chaque publication est cit&eacute;e. Le graphique n&deg; 15 nous permet d&rsquo;observer le nombre de publications qui citent les documents qui constituent les s&eacute;ries de chaque index.</p> <p>Avec presque 83&nbsp;000 citations, les publications qui appartiennent &agrave; la s&eacute;rie multidisciplinar* en sciences exactes montrent la plus importante propagation des termes &agrave; l&rsquo;&eacute;tude. Viennent ensuite les s&eacute;ries interdisciplinar* en sciences exactes, 41&nbsp;000 citations, et les s&eacute;ries interdisciplinar*, 28&nbsp;000 citations, et multidisciplinar*, 22&nbsp;000 citations, en sciences sociales. Cit&eacute;es respectivement plus de 4&nbsp;000 fois et plus de 3&nbsp;000 fois, les publications des s&eacute;ries transdisciplinar* en sciences sociales et en sciences exactes montrent aussi une importante propagation.</p> <figure><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://alepreuve.org/sites/alepreuve/files/Ferrer-15.png" width="600" /> <figcaption>Graphique n&deg; 15 : D&eacute;nombrement des citations<br /> Source :&nbsp;<em>Web of Knowledge</em>&nbsp;1900-2014</figcaption> </figure> <p>Cependant, le nombre total de citations correspond &agrave; la propagation globale d&rsquo;un concept, mais ne tient pas compte du volume de l&rsquo;&eacute;chantillon d&rsquo;origine. Afin de corriger cette situation et d&rsquo;&eacute;valuer l&rsquo;impact normalis&eacute; de chaque concept, nous avons aussi obtenu la moyenne des citations par publication. Ainsi, le graphique n&deg; 16 correspond au nombre de fois en moyenne que chaque publication des s&eacute;ries est cit&eacute;e. Nous observons que les publications des sciences sont plus cit&eacute;es que celles appartenant aux autres index, en particulier les publications en arts et sciences humaines. Cette situation est due, au moins en partie, &agrave; la fen&ecirc;tre temporelle plus &eacute;troite de cette s&eacute;rie. Les publications les plus cit&eacute;es sont celles de la s&eacute;rie multidisciplinar* en sciences, en moyenne 14,68 fois, suivies des publications de la s&eacute;rie transdisciplinar* aussi en sciences, 13,70 fois. Les s&eacute;ries multidisciplinar* et transdisciplinar* en sciences sociales sont aussi tr&egrave;s souvent cit&eacute;es, 12,98 fois et 12,84 fois, respectivement. Les documents de l&rsquo;&eacute;chantillon pluridisciplinar* sont rarement cit&eacute;s, toutes disciplines confondues.</p> <p>Le graphique n&deg; 17 repr&eacute;sente l&rsquo;&eacute;volution chronologique des quatre concepts, ind&eacute;pendamment de l&rsquo;index disciplinaire. Vers la fin des ann&eacute;es 1970, les publications des s&eacute;ries multidisciplinar* et interdisciplinar* sont cit&eacute;es plus de 100 fois par ann&eacute;e. Depuis la fin des ann&eacute;es 1990, les citations des documents de ces deux s&eacute;ries ne cessent d&rsquo;augmenter.</p> <p>Les citations des publications de la s&eacute;rie transdisciplinar* montrent une importante augmentation depuis la fin des ann&eacute;es 1990. Les citations des documents qui portent sur la pluridisciplinarit&eacute; sont peu nombreuses et n&rsquo;&eacute;voluent pas significativement dans le temps.</p> <figure><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://alepreuve.org/sites/alepreuve/files/Ferrer-16.png" width="600" /> <figcaption>Graphique n&deg; 16 : Moyenne de citations<br /> Source :&nbsp;<em>Web of Knowledge</em>&nbsp;1900-2014&lt;</figcaption> </figure> <figure><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://alepreuve.org/sites/alepreuve/files/Ferrer-17.png" width="600" /> <figcaption>Graphique n&deg; 17 : Citations annuelles<br /> Source :&nbsp;<em>Web of Knowledge</em>&nbsp;1900-2014</figcaption> </figure> <p>Nous constatons ainsi que, quantitativement, les concepts de multidisciplinarit&eacute; et d&rsquo;interdisciplinarit&eacute;, et plus r&eacute;cemment de transdisciplinarit&eacute;, se propagent &agrave; travers les citations, et ce, de plus en plus vite.</p> <h2>8.&nbsp;<strong>Analyse qualitative</strong></h2> <p>Maintenant, en observant les dix publications les plus cit&eacute;es pour les s&eacute;ries d&rsquo;interdisciplinarit&eacute;, de multidisciplinarit&eacute; et de transdisciplinarit&eacute;, nous constatons que, dans le cas des sciences et des sciences sociales, il s&rsquo;agit de textes qui portent sur des pratiques, notamment dans le domaine de la sant&eacute;.</p> <p>Par contre, parmi les dix textes les plus cit&eacute;s en arts et sciences humaines, il y en a deux qui s&rsquo;attaquent &agrave; la notion m&ecirc;me d&rsquo;interdisciplinarit&eacute;. Avec 60 citations &agrave; cette date, l&rsquo;article de Jerry A. Jacobs et Scott Frickel &laquo;&nbsp;Interdisciplinarity&nbsp;: A Critical Assessment<a href="#lien_nbp_32" id="footnoteref32_9rtqwuh" name="lien_nbp_32" title="Jerry A. Jacobs and Scott Frickel, « Interdisciplinarity : A Critical Assessment », Annual Review of Sociology, n° 35 (2009), p. 43-65.">32</a>&nbsp;&raquo; formule une th&eacute;orisation du concept d&lsquo;interdisciplinarit&eacute;. Avec le m&ecirc;me nombre de citations, l&rsquo;article de Hugh Petrie, &laquo;&nbsp;Do You See What I See ? The Epistemology of Interdisciplinary Inquiry<a href="#lien_nbp_33" id="footnoteref33_xyy8p6t" name="lien_nbp_33" title="Hugh G. Petrie, «Do You See What I See ? The Epistemology of Interdisciplinary Inquiry », Journal of Aesthetic Education, vol. 10, n° 1 (1976), p. 29-43.">33</a>&nbsp;&raquo; se penche sur les diff&eacute;rences entre interdisciplinarit&eacute; et multidisciplinarit&eacute;, sur les conditions n&eacute;cessaires &agrave; la r&eacute;ussite des &eacute;quipes de recherche qui traversent les fronti&egrave;res entre les disciplines et sur l&rsquo;importance des m&eacute;taphores pour &eacute;tablir des relations entre les concepts qui proviennent de domaines diff&eacute;rents. &Eacute;tant donn&eacute; que ces articles se trouvent aux troisi&egrave;me et quatri&egrave;me places de la s&eacute;rie sciences humaines et arts, nous pouvons en d&eacute;duire que la discussion conceptuelle attire encore de fa&ccedil;on importante l&rsquo;attention des chercheurs. Ainsi, nous confirmons que la propagation des termes &agrave; l&rsquo;&eacute;tude se trouve &agrave; des stades diff&eacute;rents selon l&rsquo;index analys&eacute;.</p> <h2>9.<strong>&nbsp;Conclusions</strong></h2> <p>&Agrave; travers l&rsquo;analyse quantitative des publications contenues dans la plus importante base bibliographique scientifique, nous avons analys&eacute; la trajectoire de quatre concepts qui renvoient aux relations entre les disciplines. Alors que du point de vue lexicologique les termes interdisciplinaire, multidisciplinaire et pluridisciplinaire sembleraient &ecirc;tre des synonymes, nous observons que leur pr&eacute;sence dans les titres des publications acad&eacute;miques est assez divergente. Globalement, mesur&eacute;e par le nombre de publications qui portent ces termes dans le titre, les concepts d&rsquo;interdisciplinarit&eacute; et de multidisciplinarit&eacute; ont une pr&eacute;sence &eacute;quivalente. Cependant, la pluridisciplinarit&eacute; occupe une place infime et, selon la distribution linguistique des documents, semble &ecirc;tre un terme utilis&eacute; de pr&eacute;f&eacute;rence en langue fran&ccedil;aise.</p> <p>Au niveau des sous-ensembles, nous constatons que les concepts de multidisciplinarit&eacute; et d&rsquo;interdisciplinarit&eacute; montrent une importante pr&eacute;sence dans les publications annuelles, en sciences exactes et en sciences sociales, depuis les ann&eacute;es 1990. Aussi, l&rsquo;utilisation du noum&egrave;ne de transdisciplinarit&eacute; commence &agrave; augmenter en sciences sociales depuis le 21<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle. Dans le cas des sciences humaines et arts, le seul terme qui montre une forte pr&eacute;sence et une &eacute;volution positive est celui d&rsquo;interdisciplinarit&eacute;. Cette augmentation est &eacute;vidente depuis le d&eacute;but de la s&eacute;rie, soit 1975.</p> <p>En ce qui concerne la distribution par discipline, en sciences exactes, nous observons une forte pr&eacute;sence des domaines de la sant&eacute; pour les s&eacute;ries qui ont multidisciplinarit&eacute; et interdisciplinarit&eacute; dans le titre. En sciences sociales, la psychologie, l&rsquo;&eacute;ducation et la biblioth&eacute;conomie occupent une place centrale dans les s&eacute;ries relatives &agrave; l&rsquo;interdisciplinarit&eacute;, la multidisciplinarit&eacute; et la transdisciplinarit&eacute;. En sciences humaines et arts, la litt&eacute;rature est le domaine le plus important dans la s&eacute;rie des publications qui porte le mot-cl&eacute; interdisciplinarit&eacute; dans le titre.</p> <p>Par rapport aux citations des publications des index en sciences exactes et en sciences sociales, les documents qui contiennent les mots-cl&eacute;s multidisciplinarit&eacute; ou interdisciplinarit&eacute; dans le titre sont fortement cit&eacute;s, en termes absolus et en moyenne. Par ailleurs, pour ces deux index, la moyenne de citations des publications relatives &agrave; la transdisciplinarit&eacute; est aussi importante. Dans le cas des sciences humaines et arts, la seule s&eacute;rie qui montre un taux moyen de citation significatif est celle de la multidisciplinarit&eacute;. Ainsi, les concepts relatifs &agrave; l&rsquo;interdisciplinarit&eacute; et la multidisciplinarit&eacute; circulent de fa&ccedil;on importante en sciences exactes et en sciences sociales. R&eacute;cemment, la s&eacute;rie de publications qui porte sur la transdisciplinarit&eacute; montre aussi les signes d&rsquo;une propagation consid&eacute;rable. En regardant les taux de croissance de ces diff&eacute;rentes s&eacute;ries, nous pourrions avancer que leur d&eacute;veloppement se trouve en pleine expansion.</p> <p>En ce qui concerne les sciences humaines et les arts, la situation est semblable, tout en se trouvant &agrave; un stade ant&eacute;rieur. Ici, nous observons que les pratiques de croisement des disciplines sont moins d&eacute;velopp&eacute;es et que, au contraire, la discussion autour de sa pertinence demeure un enjeu majeur. Afin de d&eacute;passer cette &eacute;tape, il serait souhaitable d&rsquo;encourager les chercheurs &agrave; faire de la recherche inter/multi/trans/disciplinaire. Dans ce sens, il nous semble fondamental de les inciter &agrave; travailler en &eacute;quipe, une pratique qui est beaucoup moins courante en sciences humaines et arts qu&rsquo;en sciences et en sciences sociales. Il en est de m&ecirc;me pour la cosignature des publications. Aussi, puisque nous savons que les concepts se propagent d&rsquo;une fa&ccedil;on analogue aux &eacute;pid&eacute;mies, il faudrait augmenter le nombre de p&eacute;riodiques orient&eacute;s vers la publication de r&eacute;sultats qui d&eacute;coulent du croisement des disciplines. Il serait &eacute;galement souhaitable de multiplier les rencontres scientifiques multidisciplinaires, afin de faciliter la diffusion orale de la recherche et de promouvoir la constitution de r&eacute;seaux de chercheurs plus larges et plus durables. Le chercheur qui choisit de traverser les fronti&egrave;res disciplinaires prend des risques plus importants qu&rsquo;en restant dans son domaine traditionnel, il faudrait donc am&eacute;liorer ces conditions de recherche et de diffusion des r&eacute;sultats.</p> <hr /> <h2>Notes et r&eacute;f&eacute;rences</h2> <p><a href="#lien_nbp_1" name="nbp_1">1</a>&nbsp;Centre national de ressources textuelles et lexicales [en ligne],&nbsp;<a href="http://www.cnrtl.fr/portail/">http://www.cnrtl.fr/portail/&nbsp;</a>[consult&eacute; le 24 mai 2015].</p> <p><a href="https://alepreuve.org/content/circulation-des-concepts-interdisciplinarite-multidisciplinarite-pluridisciplinarite-et#footnoteref2_cutxlhe">2</a><br /> <a href="#lien_nbp_2a" name="nbp_2a">a</a><br /> <a href="#lien_nbp_2b" name="nbp_2b">b</a><br /> <a href="#lien_nbp_2c" name="nbp_2c">c</a><br /> <em>Ibidem</em>.</p> <p><a href="#lien_nbp_3" name="nbp_3">3</a>&nbsp;En 2012, Boyd et Crawford signalaient que la capacit&eacute; informatique actuelle permet l&rsquo;extraction, le stockage et la mise en relation de donn&eacute;es massives (<em>Big data</em>). Danah Boyd et Kate Crawford, &laquo;&nbsp;Critical Questions for Big Data&nbsp;: provocations for a cultural, technological, and scholarly phenomenon&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Information Communication and Society</em>, vol.&nbsp;15, n&deg;&nbsp;5, 2012, p.&nbsp;662-679.</p> <p><a href="#lien_nbp_4" name="nbp_4">4</a>&nbsp;Derek John de Solla Price,&nbsp;<em>Little Science</em>,<em>&nbsp;Big Science</em>, New York, Columbia University Press, 1963.</p> <p><a href="#lien_nbp_5" name="nbp_5">5</a>&nbsp;Thomson,&nbsp;<em>ISI Web of Knowledge&nbsp;</em>[en ligne],&nbsp;<a href="http://www.isiwebofknowledge.com/">www.isiwebofknowledge.com</a>.</p> <p><a href="#lien_nbp_6" name="nbp_6">6</a>&nbsp;Jai Han, Micheline Kamber et Jian Pei,&nbsp;<em>Data Mining&nbsp;: concepts and Techniques</em>, Waltham, Morgan Kaufmann, 2012.</p> <p><a href="#lien_nbp_7" name="nbp_7">7</a>&nbsp;Loet Leydesdorff, &laquo;&nbsp;Theories of Citations&nbsp;?&nbsp;&raquo;, dans<em>&nbsp;Scientometrics</em>, vol.&nbsp;43, n&deg;&nbsp;1 (1998), p.&nbsp;5-25.</p> <p><a href="#lien_nbp_8" name="nbp_8">8</a>&nbsp;Derek John de Solla Price,&nbsp;<em>Little Science, Big Science</em>, New York, Columbia University Press, 1963.</p> <p><a href="#lien_nbp_9" name="nbp_9">9</a>&nbsp;Diana Crane,&nbsp;<em>Invisible Colleges : Diffusion of Knowledge in Scientific Communities</em>, Chicago, University of Chicago Press, 1972.</p> <p><a href="#lien_nbp_10" name="nbp_10">10</a>&nbsp;Thomas S. Kuhn,&nbsp;<em>La structure des r&eacute;volutions scientifiques</em>, Paris, Flammarion, 1983.</p> <p><a href="#lien_nbp_11" name="nbp_11">11</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;11.</p> <p><a href="#lien_nbp_12" name="nbp_12">12</a>&nbsp;Albert N. Tabah,&nbsp;<em>Information Epidemics and the Growth of Physics</em>, Montr&eacute;al, McGill Ph.D., University Graduate School of Library and Information Studies, 1996.</p> <p><a href="#lien_nbp_13" name="nbp_13">13</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;195.</p> <p><a href="#lien_nbp_14" name="nbp_14">14</a>&nbsp;Dans &laquo;&nbsp;Epidemics&nbsp;: Models and Data&nbsp;&raquo;, Denise Mollison, Valerie Isham et Bryan Grenfell pr&eacute;sentent une excellente &eacute;tude compar&eacute;e de diff&eacute;rents mod&egrave;les &eacute;pid&eacute;miologiques. Suivi de nombreux commentaires scientifiques, ce document constitue une excellente mise au point sur la diversit&eacute; et les caract&eacute;ristiques des mod&egrave;les &eacute;pid&eacute;miologiques. Denise Mollison, Valerie Isham et Bryan Grenfell, &laquo;&nbsp;Epidemics&nbsp;: Models and Data&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Journal of the Royal Statistical Society Seris a-Statistics in Society</em>, n&deg;&nbsp;157, (1994), p.&nbsp;115-49.</p> <p><a href="#lien_nbp_15" name="nbp_15">15</a>&nbsp;Dans sa th&egrave;se de doctorat, Albert Tabah pr&eacute;sente une bibliographie critique de ce sujet qui couvre de nombreux textes de 1855 &agrave; 1992. Selon l&rsquo;auteur, les processus &eacute;pid&eacute;miques ont &eacute;t&eacute; compar&eacute;s pour la premi&egrave;re fois &agrave; la transmission des id&eacute;es en 1855 par Sir Bernard Brodie. Albert N. Tabah,&nbsp;<em>Information Epidemics and the Growth of Physics</em>, Montr&eacute;al, McGill Ph.D. University Graduate School of Library and Information Studies, 1996.</p> <p><a href="#lien_nbp_16" name="nbp_16">16</a>&nbsp;William Goffman, et Vaun A. Newill, &laquo;&nbsp;Communication and Epidemic Processes&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Proceedings of the Royal Society of London Series a-Mathematical and Physical Sciences</em>, vol.&nbsp;298, n&deg;&nbsp;1454 (1967), p.&nbsp;320.</p> <p><a href="#lien_nbp_17" name="nbp_17">17</a>&nbsp;John M. Budd, &laquo;&nbsp;Citations and Knowledge Claims&nbsp;: Sociology of Knowledge as a Case in Point&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Journal of Information Science</em>, vol.&nbsp;25, n&deg;&nbsp;4 1999) p.&nbsp;265-74. J. M. Budd et C. D. Hurt, &laquo;&nbsp;Superstring Theory &ndash; Information-Transfer in an Emerging Field&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Scientometrics</em>, vol.&nbsp;21, n&deg;&nbsp;1 (1991), p.&nbsp;87-98. C. D. Hurt et J. M. Budd, &laquo;&nbsp;Modeling the Literature of Superstring Theory &ndash; a Case of Fast Literature&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Scientometrics</em>, vol.&nbsp;24, n&deg;&nbsp;3 (1992), p.&nbsp;471-80.</p> <p><a href="#lien_nbp_18" name="nbp_18">18</a>&nbsp;Hurt et Budd 1992,&nbsp;<em>op.cit.</em>, p. 479.</p> <p><a href="#lien_nbp_19" name="nbp_19">19</a>&nbsp;Tabah,&nbsp;<em>op.cit.,</em>&nbsp;p.&nbsp;252.</p> <p><a href="#lien_nbp_20" name="nbp_20">20</a>&nbsp;C&rsquo;est le cas de nombreuses maladies contemporaines, telles que l&rsquo;hypertension art&eacute;rielle, l&rsquo;hypercholest&eacute;rol ou le diab&egrave;te, dont la propagation d&eacute;coule des conditions de vie dans les pays d&eacute;velopp&eacute;s et non pas de la pr&eacute;sence d&rsquo;un virus.</p> <p><a href="#lien_nbp_21" name="nbp_21">21</a>&nbsp;Eric Ackermann, &laquo;&nbsp;Indicators of Failed Information Epidemics in the Scientific Journal Literature: A Publication Analysis of Polywater and Cold Nuclear Fusion&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Scientometrics</em>, vol.&nbsp;66, n&deg;&nbsp;3 (2006), p.&nbsp;451-66.</p> <p><a href="#lien_nbp_22" name="nbp_22">22</a>&nbsp;Dans le but d&rsquo;&eacute;claircir le comportement des &eacute;pid&eacute;mies d&rsquo;information manqu&eacute;es, Ackermann en &eacute;tudie deux&nbsp;: les recherches sur Polywater et les recherches sur la fusion nucl&eacute;aire froide. Il utilise les publications index&eacute;es par le SCI pour ces deux sous-sp&eacute;cialit&eacute;s, de 1962 &agrave; 1974 dans le premier cas et de 1989 &agrave; 2001 dans le deuxi&egrave;me cas. Ensuite, il calcule une s&eacute;rie d&rsquo;indicateurs qui, d&rsquo;apr&egrave;s l&rsquo;auteur, caract&eacute;riseraient ce type de comportement. Pour finir, il affirme &laquo;&nbsp;The bibliometric understanding of the literatures of failed information epidemics is still rudimentary. The identification and analysis of additional failed epidemics in the scientific literature will be required before their unique properties can be isolated and definitively identified&nbsp;&raquo;. Ackermann,&nbsp;<em>op.cit</em>., p.&nbsp;464.</p> <p><a href="#lien_nbp_23" name="nbp_23">23</a>&nbsp;Ackermann,&nbsp;<em>op. cit.</em>, p. 452.</p> <p><a href="#lien_nbp_24" name="nbp_24">24</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p. 452.</p> <p><a href="#lien_nbp_25" name="nbp_25">25</a>&nbsp;Michel Callon, Jean-Pierre Courtial et Herv&eacute; Penan,&nbsp;<em>La Scientom&eacute;trie</em>, Que Sais-Je ?, n&deg; 2727, Paris, Presses Universitaires de France, 1993, p.&nbsp;39.</p> <p><a href="#lien_nbp_26" name="nbp_26">26</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;60.</p> <p><a href="#lien_nbp_27" name="nbp_27">27</a>&nbsp;<em>Ibid</em>., p.&nbsp;81.</p> <p><a href="#lien_nbp_28" name="nbp_28">28</a>&nbsp;Leydesdorff,&nbsp;<em>op. cit</em>.</p> <p><a href="#lien_nbp_29" name="nbp_29">29</a>&nbsp;Pour une discussion sur les diff&eacute;rents types de facteurs d&rsquo;impact et ce qu&rsquo;ils mesurent, voir Peter Vinkler, &laquo;&nbsp;Characterization of the Impact of Sets of Scientific Papers&nbsp;: The Garfield (Impact) Factor&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Journal of the American Society for Information Science and Technology</em>, vol.&nbsp;55, n&deg;&nbsp;5 (2004), p.&nbsp;431-435.</p> <p><a href="#lien_nbp_30" name="nbp_30">30</a>&nbsp;Val&eacute;rie Devaux, &laquo;&nbsp;Veille&nbsp;: l&rsquo;&eacute;valuation de la recherche&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Dossiers de synth&egrave;se documentaire&nbsp;</em>[en ligne], CNRS-INIST2007, 2002,&nbsp;<a href="http://veille.inist.fr/">http://veille.inist.fr/</a>.</p> <p><a href="#lien_nbp_31" name="nbp_31">31</a>&nbsp;Toutes les recherches sont en anglais, puisque, dans cette base de donn&eacute;es, les titres des publications sont traduits en anglais, ind&eacute;pendamment de la langue du document original.</p> <p><a href="#lien_nbp_32" name="nbp_32">32</a>&nbsp;Jerry A. Jacobs and Scott Frickel, &laquo;&nbsp;Interdisciplinarity&nbsp;: A Critical Assessment&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Annual Review of Sociology</em>, n&deg;&nbsp;35 (2009), p.&nbsp;43-65.</p> <p><a href="#lien_nbp_33" name="nbp_33">33</a>&nbsp;Hugh G. Petrie, &laquo;Do You See What I See ? The Epistemology of Interdisciplinary Inquiry&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Journal of Aesthetic Education</em>, vol.&nbsp;10, n&deg;&nbsp;1 (1976), p.&nbsp;29-43.</p>