<h2>1.<strong>L&rsquo;unanime&nbsp;: les m&eacute;tamorphoses d&rsquo;un concept</strong></h2> <p>Le concept d&rsquo;unanime est l&rsquo;&oelig;uvre de Jules Romains&nbsp;: le terme d&eacute;signe toutes les formes collectives d&rsquo;individualit&eacute;, tous les groupes dou&eacute;s d&rsquo;une vie organique et d&rsquo;une sensibilit&eacute; semblables &agrave; celles de la personne humaine. Le mot lui-m&ecirc;me, bien s&ucirc;r, est bien plus ancien&nbsp;; mais Romains pour autant ne s&rsquo;est pas priv&eacute; de toute innovation lexicale&nbsp;: car c&rsquo;est lui qui a &eacute;lev&eacute; l&rsquo;unanime &agrave; la dignit&eacute; de substantif, et cet emploi est si peu fr&eacute;quent que les dictionnaires, aujourd&rsquo;hui encore, h&eacute;sitent &agrave; l&rsquo;accueillir. Tout juste trouve-t-on la mention de l&rsquo;emploi sp&eacute;cial que Romains fait du mot, et d&rsquo;ailleurs la d&eacute;finition donn&eacute;e est tr&egrave;s inexacte&nbsp;: &laquo;&nbsp;Sentiment collectif propre &agrave; un milieu<sup><a href="#nbp_1" id="note_1" name="lien_nbp_1" title="Aller à la note de bas de page n°1">1</a></sup>&nbsp;&raquo;, nous dit le&nbsp;<em>Tr&eacute;sor de la langue fran&ccedil;aise</em>. Passe encore pour le &laquo;&nbsp;milieu&nbsp;&raquo; (&agrave; condition de ne pas entendre le terme dans un sens strictement social, et de consid&eacute;rer que tout ce qui r&eacute;unit, essentiellement ou circonstanciellement, de mani&egrave;re durable ou &eacute;ph&eacute;m&egrave;re, plusieurs individus, est un &laquo;&nbsp;milieu&nbsp;&raquo;). Mais l&rsquo;unanime n&rsquo;est pas un sentiment collectif, c&rsquo;est un &ecirc;tre (dou&eacute; de sentiment, il est vrai).</p> <p>Romains n&rsquo;a pas donn&eacute; de v&eacute;ritable d&eacute;finition de l&rsquo;unanime. Comme souvent avec lui, il faut d&eacute;duire la th&eacute;orie de la pratique, la d&eacute;finition des descriptions. Romains anime d&rsquo;innombrables unanimes&nbsp;: les plus strictement d&eacute;crits sont ceux de sa jeunesse &ndash; l&rsquo;<em>&Ecirc;tre en marche</em><sup><a href="#nbp_2" id="note_2" name="lien_nbp_2" title="Aller à la note de bas de page n°2">2</a></sup>, les&nbsp;<em>Puissances de&nbsp;</em><em>Paris</em><sup><a href="#nbp_3" id="note_3" name="lien_nbp_3" title="Aller à la note de bas de page n°3">3</a></sup>, la diligence de&nbsp;<em>Mort de quelqu&rsquo;un</em><sup><a href="#nbp_4" id="note_4" name="lien_nbp_4" title="Aller à la note de bas de page n°4">4</a></sup>.</p> <p>L&rsquo;unanime est alors un groupe, dont l&rsquo;unit&eacute; organique r&eacute;sulte de l&rsquo;interaction entre un milieu et une s&eacute;rie d&rsquo;individus. Il existe deux types d&rsquo;unanimes&nbsp;: il y a d&rsquo;abord ces r&eacute;unions d&rsquo;individus, en quelque sorte contraints de s&rsquo;agr&eacute;ger les uns aux autres par un certain agencement &agrave; la fois physique et psychique de l&rsquo;environnement. Mais le mouvement peut &ecirc;tre inverse aussi bien&nbsp;: un individu, ou un groupe, du fait de son mouvement, peut imposer au milieu qu&rsquo;il traverse une &acirc;me allog&egrave;ne, et ainsi unanimiser un ensemble d&rsquo;entit&eacute;s disparates. Toujours est-il que, dans un cas comme dans l&rsquo;autre, l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment physique domine l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment psychique&nbsp;: c&rsquo;est une circonstance physique qui forme l&rsquo;unanime, et l&rsquo;unanime a ceci de particulier que, contrairement &agrave; d&rsquo;autres groupements humains, il per&ccedil;oit par les sens, et non simplement par l&rsquo;id&eacute;e, le monde qui l&rsquo;entoure.</p> <p>Puis, les unanimes &eacute;voluent, et se lib&egrave;rent progressivement de la mati&egrave;re. L&rsquo;histoire que conte&nbsp;<em>Psych&eacute;</em><sup><a href="#nbp_5" id="note_5" name="lien_nbp_5" title="Aller à la note de bas de page n°5">5</a></sup>&nbsp;est exemplaire&nbsp;: Lucienne et Pierre Febvre font l&rsquo;exp&eacute;rience d&rsquo;une intense communion charnelle avant d&rsquo;apprendre &agrave; se rejoindre, par-del&agrave; la distance qui les s&eacute;pare (car Pierre Febvre est commissaire de bord sur un paquebot transatlantique), par la force de l&rsquo;esprit. De m&ecirc;me, les &laquo;&nbsp;nobles de droit naturel<sup><a href="#nbp_6" id="note_6" name="lien_nbp_6" title="Aller à la note de bas de page n°6">6</a></sup>&nbsp;&raquo; et les &laquo;&nbsp;honn&ecirc;tes gens<sup><a href="#nbp_7" id="note_7" name="lien_nbp_7" title="Aller à la note de bas de page n°7">7</a></sup>&nbsp;&raquo; dont Jules Romains fait l&rsquo;&eacute;loge dans&nbsp;<em>Les Hommes de bonne volont&eacute;</em>&nbsp;sont forc&eacute;s de s&rsquo;affranchir des contingences physiques&nbsp;: ce qui les r&eacute;unit, c&rsquo;est une id&eacute;e, une morale, m&ecirc;me. Quant au contact qui s&rsquo;&eacute;tablit entre les vivants et les morts ou entre les Terriens et les extra-terrestres dans les fictions d&rsquo;apr&egrave;s-guerre (<em>D&eacute;m&ecirc;l&eacute;s avec la mort et le temps</em>,&nbsp;<em>Violation de fronti&egrave;res</em><sup><a href="#nbp_8" id="note_8" name="lien_nbp_8" title="Aller à la note de bas de page n°8">8</a></sup>), il est ontologique. Le terrain de rencontre entre ceux qui sont et ceux qui furent, entre ceux qui peuplent la Terre et ceux qui habitent (hypoth&eacute;tiquement) des provinces infiniment lointaines de l&rsquo;univers, c&rsquo;est l&rsquo;&Ecirc;tre. Les d&eacute;funts, certes, ne sont plus&nbsp;: mais c&rsquo;est l&agrave;, aux yeux de Romains, une conception &eacute;troitement temporelle des choses, et justement, si un contact est possible avec les d&eacute;funts, c&rsquo;est que le temps est une illusion.</p> <p>Voici donc un premier mode de voyage des concepts, &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur d&rsquo;une &oelig;uvre et d&rsquo;une pens&eacute;e&nbsp;: le concept &eacute;volue, en fonction principalement des &eacute;v&eacute;nements historiques auxquels est confront&eacute; son cr&eacute;ateur. Car Romains a &eacute;t&eacute; oblig&eacute;, devant le spectacle hideux des masses nazies et fascistes, de reconna&icirc;tre que, priv&eacute;s de morale, les unanimes pouvaient &ecirc;tre extr&ecirc;mement malfaisants. Et les douer de morale, n&rsquo;&eacute;tait-ce pas les vouer &agrave; la morale, et plus g&eacute;n&eacute;ralement au moral&nbsp;&ndash; d&rsquo;o&ugrave; ce mouvement probl&eacute;matique de d&eacute;sincarnation et de spiritualisation progressives d&rsquo;un concept qui change de nature au fil des d&eacute;sillusions politiques et sociales de celui qui l&rsquo;a invent&eacute;, ou d&eacute;couvert&nbsp;?</p> <h2>2.<strong>Voyages interdisciplinaires</strong></h2> <p>Pour original qu&rsquo;il soit, ce concept n&rsquo;est pas toutefois une cr&eacute;ation&nbsp;<em>ex nihilo</em>&nbsp;: la preuve en est que, dans cette m&ecirc;me p&eacute;riode de transition entre le XIX<sup>&egrave;</sup>&nbsp;et le XX<sup>&egrave;</sup>&nbsp;si&egrave;cles, Durkheim d&eacute;veloppait l&rsquo;id&eacute;e de la solidarit&eacute; organique, qui est &agrave; la sociologie ce que la vie unanime est &agrave; la litt&eacute;rature. La critique, peu scrupuleuse, s&rsquo;y est souvent tromp&eacute;e, mais Jules Romains ne doit rien, directement, &agrave; Durkheim. Les apparences induisent en erreur&nbsp;: oui, Jules Romains &eacute;tait &eacute;l&egrave;ve rue d&rsquo;Ulm quand Durkheim y professait. Mais&nbsp;<em>La Vie unanime</em>&nbsp;fut enti&egrave;rement &eacute;crite avant que Romains ne prenne la moindre connaissance de la pens&eacute;e de Durkheim. Romains, dans la pr&eacute;face qu&rsquo;il ajoute en 1925 au recueil de ses vingt ans, vilipende le z&egrave;le malvenu de ceux qui se h&acirc;tent d&rsquo;&eacute;tablir des filiations l&agrave; o&ugrave; il n&rsquo;y en a pas. Le lien entre unanimisme et sociologie est moins palpable, et donc plus en conformit&eacute; avec la substance des deux doctrines, l&rsquo;une scientifique, l&rsquo;autre po&eacute;tique. Certes, Romains et Durkheim se ressemblent, mais cette unanimit&eacute; spirituelle n&rsquo;avait pas besoin de circonstances mat&eacute;rielles pour s&rsquo;accomplir. Pour Romains, c&rsquo;est tr&egrave;s simple, Durkheim n&rsquo;est rien d&rsquo;autre que le &laquo;&nbsp;Descartes de l&rsquo;unanimisme<sup><a href="#nbp_9" id="note_9" name="lien_nbp_9" title="Aller à la note de bas de page n°9">9</a></sup>&nbsp;&raquo;. Dans les pages plus ou moins th&eacute;oriques qui concluent&nbsp;<em>Puissances de Paris</em>, il ne dit pas autre chose. Unanimisme et sociologie sont comme l&rsquo;adret et l&rsquo;ubac d&rsquo;une m&ecirc;me pens&eacute;e. D&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; la pratique, de l&rsquo;autre la th&eacute;orie&nbsp;; sur un versant, la description, sur l&rsquo;autre la d&eacute;finition. La s&eacute;paration est m&ecirc;me, un temps, plus radicale, entre la vie physique des groupes telle que l&rsquo;envisage Romains et leur vie morale dont Durkheim s&rsquo;empare. &laquo;&nbsp;L&rsquo;unanimisme est d&rsquo;essence po&eacute;tique [&hellip;] La sociologie est une science<sup><a href="#nbp_10" id="note_10" name="lien_nbp_10" title="Aller à la note de bas de page n°10">10</a></sup>&nbsp;&raquo;, nous dit Romains, qui trace ainsi la ligne de d&eacute;marcation tr&egrave;s nette entre son &oelig;uvre et celle de Durkheim. Ce qui distingue l&rsquo;unanimisme, c&rsquo;est qu&rsquo;il trouve &laquo;&nbsp;dans la sensibilit&eacute;, dans l&rsquo;exp&eacute;rience intuitive et &eacute;mue, son origine et sa nourriture<sup><a href="#nbp_11" id="note_11" name="lien_nbp_11" title="Aller à la note de bas de page n°11">11</a></sup>&nbsp;&raquo;. Comme le r&eacute;sume Anna Boschetti, qui consid&egrave;re la question du point de vue de la sociologie de la litt&eacute;rature, &laquo;&nbsp;la notion d&rsquo;&nbsp;&ldquo;unanime&rdquo; [&hellip;] s&rsquo;inscrit [&hellip;] dans une th&eacute;matique d&rsquo;&eacute;poque &agrave; laquelle&nbsp;<em>Psychologie des foules&nbsp;</em>de Gustave Le Bon a conf&eacute;r&eacute; d&egrave;s 1895 une forme savante<sup><a href="#nbp_12" id="note_12" name="lien_nbp_12" title="Aller à la note de bas de page n°12">12</a></sup>&nbsp;&raquo;.</p> <p>Cette unanimit&eacute; synchronique entre des concepts forg&eacute;s par deux disciplines plut&ocirc;t compl&eacute;mentaires que concurrentes s&rsquo;appuie sur une histoire commune, ou plut&ocirc;t sur deux h&eacute;r&eacute;dit&eacute;s parall&egrave;les. L&rsquo;unanime et les concepts qui aboutissent &agrave; lui sont au c&oelig;ur d&rsquo;un transfert bilat&eacute;ral continu entre litt&eacute;rature et (proto-)sociologie. On assiste en effet &agrave; la double condensation de deux s&eacute;ries jumelles de concepts diffus&nbsp;: dans le domaine de la philosophie sociale se cristallisent les id&eacute;es des pr&eacute;-sociologues, depuis Aristote jusqu&rsquo;&agrave; Montesquieu&nbsp;; quant &agrave; Romains, il est &agrave; l&rsquo;&eacute;vidence l&rsquo;h&eacute;ritier de Victor Hugo, qui fit de &laquo;&nbsp;l&rsquo;homme<sup><a href="#nbp_13" id="note_13" name="lien_nbp_13" title="Aller à la note de bas de page n°13">13</a></sup>&nbsp;&raquo;, et non d&rsquo;<em>un</em>&nbsp;homme le h&eacute;ros des&nbsp;<em>Mis&eacute;rables</em>.</p> <p>La place nous manque pour analyser la lente formation de la discipline sociologique, et des concepts qui lui sont propres. Notons toutefois le d&eacute;veloppement, &agrave; partir des essais de Le Bon et de Tarde<sup><a href="#nbp_14" id="note_14" name="lien_nbp_14" title="Aller à la note de bas de page n°14">14</a></sup>, des notions de&nbsp;<em>foule</em>&nbsp;d&rsquo;abord, puis de&nbsp;<em>public</em>&nbsp;&ndash; notion qui d&eacute;passe &laquo;&nbsp;celle de foule, dans la mesure o&ugrave; elle fait l&rsquo;&eacute;conomie de la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;une co-pr&eacute;sence mat&eacute;rielle<sup><a href="#nbp_15" id="note_15" name="lien_nbp_15" title="Aller à la note de bas de page n°15">15</a></sup>&nbsp;&raquo;. Le Bon et Tarde proposent une psychologie collective, qui sera jug&eacute;e bien trop n&eacute;buleuse par Durkheim, qui y substitue &laquo;&nbsp;une v&eacute;ritable &eacute;tude du fait social<sup><a href="#nbp_16" id="note_16" name="lien_nbp_16" title="Aller à la note de bas de page n°16">16</a></sup>&nbsp;&raquo;, mais sur laquelle Freud apporte des lumi&egrave;res nouvelles (dans&nbsp;<em>Malaise dans la culture</em><sup><a href="#nbp_17" id="note_17" name="lien_nbp_17" title="Aller à la note de bas de page n°17">17</a></sup>, bien s&ucirc;r, mais aussi dans un texte intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Psychanalyse collective et analyse du moi<sup><a href="#nbp_18" id="note_18" name="lien_nbp_18" title="Aller à la note de bas de page n°18">18</a></sup>&nbsp;&raquo;). L&rsquo;approche de Freud, motiv&eacute;e par le cataclysme de la Grande Guerre, est en grande partie &eacute;thique. Il d&eacute;crit les deux pouss&eacute;es concurrentes d&rsquo;&Eacute;ros &ndash; qui favorise la formation de &laquo;&nbsp;groupements, familles, tribus, susceptibles de tenir ensemble<sup><a href="#nbp_19" id="note_19" name="lien_nbp_19" title="Aller à la note de bas de page n°19">19</a></sup>&nbsp;&raquo; et l&rsquo;&eacute;largissement progressif du champ d&rsquo;action de cette morale de la coh&eacute;sion (depuis la famille jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;humanit&eacute;) &ndash; et de Thanatos &ndash; qui conduit &agrave; la cr&eacute;ation de groupes (comme l&rsquo;arm&eacute;e) tr&egrave;s coh&eacute;rents, mais qui suscitent &laquo;&nbsp;un sentiment moral&nbsp;&raquo; qui s&rsquo;impose &laquo;&nbsp;au d&eacute;triment de l&rsquo;attitude &eacute;thique que nous pouvons avoir vis-&agrave;-vis de l&rsquo;humanit&eacute; enti&egrave;re<sup><a href="#nbp_20" id="note_20" name="lien_nbp_20" title="Aller à la note de bas de page n°20">20</a></sup>&nbsp;&raquo;.</p> <p>Jules Romains, toutefois, pr&eacute;f&egrave;re se r&eacute;clamer de Bergson. Cette dette avou&eacute;e a son importance dans la perspective que nous avons adopt&eacute;e. Selon Paul Souday, &laquo;&nbsp;M. Gilbert Maire (<em>Revue critique des id&eacute;es et des livres</em>) [&hellip;] refuse [&agrave; Romains] le droit de se r&eacute;clamer de M. Bergson<sup><a href="#nbp_21" id="note_21" name="lien_nbp_21" title="Aller à la note de bas de page n°21">21</a></sup>&nbsp;&raquo;. Romains ne s&rsquo;embarrasse pas pour si peu&nbsp;: si on l&rsquo;en croit, Bergson a purement et simplement &laquo;&nbsp;donn&eacute; la justification m&eacute;taphysique<sup><a href="#nbp_22" id="note_22" name="lien_nbp_22" title="Aller à la note de bas de page n°22">22</a></sup>&nbsp;&raquo; de l&rsquo;unanimisme. Aude Leblond a montr&eacute; d&rsquo;ailleurs au prix de quelle &laquo;&nbsp;confusion [volontaire] entre nature et soci&eacute;t&eacute;<sup><a href="#nbp_23" id="note_23" name="lien_nbp_23" title="Aller à la note de bas de page n°23">23</a></sup>&nbsp;&raquo; Romains a fait de la pens&eacute;e bergsonienne le pi&eacute;destal sur lequel devait s&rsquo;&eacute;lever l&rsquo;unanimisme. Jules Romains &eacute;crit que</p> <p><q>&nbsp;<em>L&rsquo;&Eacute;volution cr&eacute;atrice</em>&nbsp;de Bergson [&hellip;] appara&icirc;t [&hellip;] comme le couronnement et la synth&egrave;se, dans la mesure o&ugrave; une synth&egrave;se &eacute;tait possible, de l&rsquo;effort que venaient de prodiguer plusieurs g&eacute;n&eacute;rations pour penser clairement, et toutefois avec une profusion fid&egrave;le, le monde obscur o&ugrave; nous sommes<sup><a href="#nbp_24" id="note_24" name="lien_nbp_24" title="Aller à la note de bas de page n°24">24</a></sup>.</q></p> <p>&nbsp;Romains, note Aude Leblond, ignore &agrave; dessein que &laquo;&nbsp;le propos central de l&rsquo;ouvrage de Bergson n&rsquo;est pas [&hellip;] l&rsquo;&eacute;volution de la soci&eacute;t&eacute;, mais celle des corps vivants et des esp&egrave;ces<sup><a href="#nbp_25" id="note_25" name="lien_nbp_25" title="Aller à la note de bas de page n°25">25</a></sup>&nbsp;&raquo;.</p> <p>Quoiqu&rsquo;il en soit de ce syncr&eacute;tisme quelque peu cavalier dont Romains se rend coupable, l&rsquo;unanimisme se fonde sur l&rsquo;id&eacute;e qu&rsquo;il existe un &laquo;&nbsp;<em>continu</em>&nbsp;psychique<sup><a href="#nbp_26" id="note_26" name="lien_nbp_26" title="Aller à la note de bas de page n°26">26</a></sup>&nbsp;&raquo;, ou, selon les mots de David Shew Wilson, une &laquo;&nbsp;&acirc;me diffuse<sup><a href="#nbp_27" id="note_27" name="lien_nbp_27" title="Aller à la note de bas de page n°27">27</a></sup>&nbsp;&raquo;. Romains voudrait croire (sans l&rsquo;oser tout &agrave; fait) &agrave; une sorte de psychisme total&nbsp;: ce milieu psychique sans ruptures, non seulement les &acirc;mes humaines y seraient plong&eacute;es, mais l&rsquo;&ecirc;tre tout entier, m&ecirc;me en ses parties apparemment inanim&eacute;es. Bergson, &agrave; l&rsquo;&eacute;vidence, n&rsquo;est pas loin, et la critique ne s&rsquo;y est dans l&rsquo;ensemble pas tromp&eacute;e, que ce soit Rom&eacute;o Arbour dans son essai intitul&eacute;&nbsp;<em>Henri Bergson et les lettres fran&ccedil;aises</em><sup><a href="#nbp_28" id="note_28" name="lien_nbp_28" title="Aller à la note de bas de page n°28">28</a></sup>&nbsp;ou E. Zeisel dans son &eacute;tude intitul&eacute;e&nbsp;<em>Jules Romains und Henri Bergson</em><sup><a href="#nbp_29" id="note_29" name="lien_nbp_29" title="Aller à la note de bas de page n°29">29</a></sup>.</p> <h2>3.<strong>Cristallisation d&rsquo;un concept hybride</strong></h2> <p>Voici pour les dettes philosophiques de Romains. Litt&eacute;rairement parlant, la situation est plus complexe. L&rsquo;unanime est &agrave; la crois&eacute;e des chemins conceptuels&nbsp;: il est la cristallisation d&rsquo;un concept latent, celui de personnage collectif, qui lui-m&ecirc;me est le r&eacute;sultat d&rsquo;une hybridation &ndash; puisque le destin du personnage est, sinon par d&eacute;finition, du moins par tradition, l&rsquo;illustration d&rsquo;une norme, qu&rsquo;elle soit &eacute;v&eacute;nementielle (Aristote) ou sociale (les classiques).</p> <p>Parler de personnage collectif, c&rsquo;est prendre le risque du paradoxe, voire de la contradiction&nbsp;: car on peut consid&eacute;rer que, si le personnage ne fait sens que dans la mesure o&ugrave; il interagit avec le milieu humain qui l&rsquo;entoure ou qui l&rsquo;englobe, il ne peut cependant s&rsquo;identifier &agrave; lui qu&rsquo;au prix d&rsquo;une remise en question fondamentale de la notion m&ecirc;me de personnage. L&rsquo;environnement collectif dans lequel le personnage se meut est r&eacute;gi par des lois, et le personnage se d&eacute;finit par rapport &agrave; elles, soit qu&rsquo;il en soit repr&eacute;sentatif, soit au contraire que, du fait de son irr&eacute;ductible individualit&eacute;, il cr&eacute;e une zone de perturbation et de d&eacute;viance dans le jeu normal des r&egrave;gles. Que l&rsquo;individu exceptionnel, qui trouble l&rsquo;ordre commun, ne puisse &ecirc;tre collectif, c&rsquo;est une &eacute;vidence, et il n&rsquo;est pas n&eacute;cessaire que nous nous y attardions. Mais la relation entre le personnage exemplaire et la norme qu&rsquo;il illustre est plus int&eacute;ressante. On pourrait dire, dans cette perspective, que tout personnage est l&eacute;gion. Le destin arch&eacute;typal du personnage de la fiction aristot&eacute;licienne n&rsquo;est que la moyenne des destins encombr&eacute;s de scories circonstancielles de tous ceux dont la chronique raconte l&rsquo;histoire. Il y a le personnage de r&eacute;f&eacute;rence, dont l&rsquo;histoire est r&eacute;duite &agrave; la puret&eacute; des encha&icirc;nements de cause &agrave; cons&eacute;quence, et il y a tous ses doubles imparfaits&nbsp;: seulement l&rsquo;ordre mim&eacute;tique est en quelque sorte invers&eacute;, et c&rsquo;est la r&eacute;alit&eacute; qui refl&egrave;te laborieusement la fiction impeccable. Ici, donc, le personnage doit &ecirc;tre un, et unique&nbsp;: car c&rsquo;est dans le d&eacute;sordre du multiple que l&rsquo;accessoire se m&ecirc;le &agrave; l&rsquo;essentiel. Mais sa solitude est tr&egrave;s relative, puisqu&rsquo;il est tous les autres, tels qu&rsquo;ils seraient s&rsquo;ils se trouvaient soulag&eacute;s du poids de l&rsquo;adventice. C&rsquo;est le paradoxe de tous les personnages exemplaires&nbsp;: cette norme, cette r&eacute;f&eacute;rence qu&rsquo;ils illustrent les condamne &agrave; une solitude surpeupl&eacute;e. Il en va de m&ecirc;me pour les classiques&nbsp;: la norme s&rsquo;augmente d&rsquo;un jugement, de statistique elle devient imp&eacute;rative, mais cela ne change rien, ou presque, au sort du personnage. Le voil&agrave; engag&eacute; dans une situation morale exemplaire, et le voil&agrave; lui-m&ecirc;me exemplaire (au sens moral du terme), si du moins son cr&eacute;ateur est assez complaisant pour le montrer tel qu&rsquo;il devrait &ecirc;tre plut&ocirc;t que tel qu&rsquo;il est. Toujours est-il qu&rsquo;il se trouve une fois de plus r&eacute;duit &agrave; &ecirc;tre ce que les autres sont, mais avec plus de puret&eacute;, plus d&rsquo;intensit&eacute;.</p> <p>Il est des cas diff&eacute;rents cependant&nbsp;: Jean Valjean, par exemple, n&rsquo;est pas qu&rsquo;un arch&eacute;type. Sa trajectoire morale, certes, est irr&eacute;prochable, et parfaitement repr&eacute;sentative de la morale non-violente de Victor Hugo. Jean Valjean est un hors-la-loi converti au bien par l&rsquo;exemple. Que Monseigneur Bienvenu lui tende la joue gauche, qu&rsquo;il lui offre ses chandeliers en r&eacute;ponse au vol de son argenterie, et voil&agrave; Jean Valjean honteux de ses forfaits pass&eacute;s (pourtant bien pardonnables), et capable de tous les sacrifices &ndash; de celui m&ecirc;me de sa libert&eacute;, pour sauver Champmathieu des gal&egrave;res, de celui m&ecirc;me de sa vie, pour ne pas peser &agrave; Cosette et Marius. Voici donc le roman d&rsquo;un homme. Mais &agrave; c&ocirc;t&eacute; de Jean Valjean, Javert, l&rsquo;incorruptible, l&rsquo;irr&eacute;pr&eacute;hensible, Th&eacute;nardier, le mod&egrave;le de l&rsquo;homme populacier, le porte-drapeau de l&rsquo;ochlocratie, suffisent &agrave; prouver que les&nbsp;<em>Mis&eacute;rables</em>&nbsp;sont plus que le roman d&rsquo;un homme, et qu&rsquo;Hugo a voulu, sans doute, &eacute;crire le roman des hommes. Pourtant, lui-m&ecirc;me choisit une autre formule encore&nbsp;: il a donn&eacute; le roman de &laquo;&nbsp;l&rsquo;homme&nbsp;&raquo;. Le voil&agrave;, le personnage multiple, &agrave; la fois un et touffu, que la R&eacute;volution promettait&nbsp;: l&rsquo;homme hugolien, continu&eacute; par d&rsquo;impalpables et infinis prolongements d&rsquo;esprit, l&rsquo;homme foisonnant, qui ne se r&eacute;duit &agrave; aucun mod&egrave;le, ni royal, ni populaire, et qui pourtant&nbsp;<em>fait corps</em>&nbsp;au point qu&rsquo;on n&rsquo;a besoin que d&rsquo;un singulier pour le d&eacute;signer. Mais cet homme est encore une id&eacute;e. On ne peut le saisir dans son existence physique. Il faudra attendre un po&egrave;te pour que s&rsquo;animent des groupes lourds de mati&egrave;re. Le jeune Romains e&ucirc;t &eacute;t&eacute; au d&eacute;sespoir de faire honte &agrave; un Verhaeren&hellip; On a voulu voir dans&nbsp;<em>La</em>&nbsp;<em>Vie unanime</em>, outre l&rsquo;&oelig;uvre d&rsquo;un &eacute;l&egrave;ve de Durkheim, le po&egrave;me du Whitman fran&ccedil;ais. Mais c&rsquo;est chez Verhaeren, sans doute, qu&rsquo;il faut chercher les germes les moins lointains de la po&eacute;sie unanime. Les&nbsp;<em>Campagnes hallucin&eacute;es</em>, les&nbsp;<em>Villes tentaculaires</em>, les&nbsp;<em>Villages illusoires</em>, autant d&rsquo;unanimes avant l&rsquo;heure, qui eussent fait d&rsquo;excellents personnages romainsiens. Il n&rsquo;est que de s&rsquo;arr&ecirc;ter sur les premi&egrave;res strophes du po&egrave;me inaugural des&nbsp;<em>Campagnes hallucin&eacute;es</em>&nbsp;pour s&rsquo;en convaincre absolument. C&rsquo;est&nbsp;<em>La Ville</em>&nbsp;qui en est l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne. Quoi de plus romainsien que cet &ecirc;tre multiple qui s&rsquo;&eacute;l&egrave;ve au-dessus du flou de la campagne, et qui s&rsquo;&eacute;l&egrave;ve lui-m&ecirc;me, par la vertu de son propre effort, &agrave; la dignit&eacute; d&rsquo;organisme&nbsp;? Voil&agrave; une ville animale, qui a un corps, qui sent, et qui agit, qui communique m&ecirc;me&nbsp;:</p> <p><q>Du fond des brumes<br /> Avec tous ses &eacute;tages en voyage<br /> Jusques au ciel, vers de plus hauts &eacute;tages,<br /> Comme d&rsquo;un r&ecirc;ve, elle s&rsquo;exhume.</q></p> <p><q>L&agrave;-bas,<br /> Ce sont des ponts muscl&eacute;s de fer [&hellip;]</q></p> <p><q>Ses murs se dessinent pareils &agrave; une arm&eacute;e<br /> Et ce qui vient d&rsquo;elle encore de brume et de fum&eacute;e<br /> Arrive en appels clairs vers les campagnes.</q></p> <p><q>C&rsquo;est la ville tentaculaire,<br /> La pieuvre ardente<sup><a href="#nbp_30" id="note_30" name="lien_nbp_30" title="Aller à la note de bas de page n°30">30</a></sup></q></p> <p>&nbsp;La Ville de Verhaeren manque de constance dans son unit&eacute; organique. Mais voil&agrave; cependant des accents tr&egrave;s romainsiens. Romains, pourtant, n&rsquo;avait que huit ans au moment de la parution du recueil. Et ce n&rsquo;est que quelque quatorze ans plus tard qu&rsquo;il &eacute;crira les derniers vers de la&nbsp;<em>Vie unanime</em>. Il nous donne lui aussi son portrait de la ville&nbsp;: elle a, presque comme celle de son a&icirc;n&eacute;, un &laquo;&nbsp;poitrail&nbsp;&raquo;, un &laquo;&nbsp;torse<sup><a href="#nbp_31" id="note_31" name="lien_nbp_31" title="Aller à la note de bas de page n°31">31</a></sup>&nbsp;&raquo;. Chez Verhaeren, les chemins &laquo;&nbsp;s&rsquo;en vont &agrave; l&rsquo;infini/ Vers elle<sup><a href="#nbp_32" id="note_32" name="lien_nbp_32" title="Aller à la note de bas de page n°32">32</a></sup>&nbsp;&raquo;. Chez Romains, &laquo;&nbsp;les innombrables forces confluent<sup><a href="#nbp_33" id="note_33" name="lien_nbp_33" title="Aller à la note de bas de page n°33">33</a></sup>&nbsp;&raquo;. Et quoi de plus tentaculaire que cette ville qui va &laquo;&nbsp;grouiller comme les b&ecirc;tes&nbsp;&raquo;, puis &laquo;&nbsp;couvrir / L&rsquo;espace de ses rampements lourds<sup><a href="#nbp_34" id="note_34" name="lien_nbp_34" title="Aller à la note de bas de page n°34">34</a></sup>&nbsp;&raquo;&nbsp;?</p> <p>Voici donc l&rsquo;unanime invent&eacute;&nbsp;: ce personnage qui est plus, et moins, qu&rsquo;une soci&eacute;t&eacute;&nbsp;; qui n&rsquo;est pas une simple r&eacute;union abstraite de personnes morales, et qui, par l&agrave;-m&ecirc;me, parce qu&rsquo;il est physique, d&eacute;pend des circonstances, se meut dans l&rsquo;&eacute;ph&eacute;m&egrave;re, le plus souvent, et le fortuit. Le groupe unanime &laquo;&nbsp;n&rsquo;est pas qu&rsquo;un total arithm&eacute;tique, ou une d&eacute;signation collective<sup><a href="#nbp_35" id="note_35" name="lien_nbp_35" title="Aller à la note de bas de page n°35">35</a></sup>&nbsp;&raquo;. On ne le d&eacute;couvre pas &laquo;&nbsp;par d&eacute;duction abstraite, ou par exp&eacute;rience rationnelle<sup><a href="#nbp_36" id="note_36" name="lien_nbp_36" title="Aller à la note de bas de page n°36">36</a></sup>&nbsp;&raquo;. Romains est cat&eacute;gorique&nbsp;: &laquo;&nbsp;il faut que nous connaissions les groupes qui nous englobent non par une observation ext&eacute;rieure, mais par une conscience organique<sup><a href="#nbp_37" id="note_37" name="lien_nbp_37" title="Aller à la note de bas de page n°37">37</a></sup>.&nbsp;&raquo;</p> <p>La d&eacute;couverte des groupes unanimes est en effet le fruit d&rsquo;une v&eacute;ritable r&eacute;v&eacute;lation&nbsp;: Romains conna&icirc;t son chemin de Damas &agrave; la sortie du lyc&eacute;e Condorcet, dans la rue d&rsquo;Amsterdam, un soir de l&rsquo;automne 1903. Cette rencontre avec les nouveaux dieux, &agrave; qui il adressera bient&ocirc;t un&nbsp;<em>Premier livre de pri&egrave;res</em><sup><a href="#nbp_38" id="note_38" name="lien_nbp_38" title="Aller à la note de bas de page n°38">38</a></sup>, il ne l&rsquo;a cont&eacute;e, allusivement, que dans un po&egrave;me du&nbsp;<em>Voyage des amants</em>, intitul&eacute; &laquo;&nbsp;En revenant du lyc&eacute;e &raquo; :</p> <p><q>Nous &eacute;tions deux, mon camarade et moi,<br /> Qui montions, un soir, la rue d&rsquo;Amsterdam [&hellip;]</q></p> <p><q>Rue d&rsquo;Amsterdam&nbsp;! Voil&agrave; soudain<br /> Que nous pensons &agrave; ce nom-l&agrave;&nbsp;!<br /> Voil&agrave; soudain que nous pensons<br /> &Agrave; cette ville&nbsp;!</q></p> <p><q>Oui, nous pensons distinctement<br /> Que la rue o&ugrave; est notre corps<br /> S&rsquo;appelle du nom d&rsquo;Amsterdam<sup><a href="#nbp_39" id="note_39" name="lien_nbp_39" title="Aller à la note de bas de page n°39">39</a></sup>.</q></p> <p>Romains ne fut jamais de ces po&egrave;tes qui se &laquo;&nbsp;nourri[ssen]t de la s&egrave;ve des livres<sup><a href="#nbp_40" id="note_40" name="lien_nbp_40" title="Aller à la note de bas de page n°40">40</a></sup>&nbsp;&raquo;, et les ressemblances qu&rsquo;on peut remarquer entre lui et Verhaeren par exemple, ou m&ecirc;me Whitman, ne sont jamais purement verbales, elles prennent source dans une exp&eacute;rience commune quoique dispers&eacute;e dans le temps et l&rsquo;espace.</p> <h2>4.<strong>Le m&eacute;ta-concept et sa transcription litt&eacute;raire</strong></h2> <p>Mais il est temps que, de l&rsquo;unanime, nous passions &agrave; l&rsquo;unanimisme. On aurait tort (et les critiques, nous le verrons un peu plus loin, se sont souvent donn&eacute; ce tort) de penser que l&rsquo;unanimisme est une &eacute;cole litt&eacute;raire. Certes, on peut consid&eacute;rer que, du fait de la&nbsp;<em>situation&nbsp;</em>(au sens sociologique du terme) de son cr&eacute;ateur, l&rsquo;unanimisme joue un r&ocirc;le important dans l&rsquo;histoire collective de la litt&eacute;rature&nbsp;: Anna Boschetti note ainsi que le &laquo;&nbsp;discours th&eacute;orique dont Romains accompagne son &oelig;uvre, avec l&rsquo;autorit&eacute; que lui conf&egrave;re son statut de normalien, agr&eacute;g&eacute; de philosophie, a [&hellip;] une large part dans sa perc&eacute;e rapide.&nbsp;[&hellip;] Gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;influence que Romains exerce sur le groupe de l&rsquo;Abbaye et sur des revues ouvertes aux jeunes comme la&nbsp;<em>Revue litt&eacute;raire de Paris et de Champagne&nbsp;</em>et&nbsp;<em>Les Bandeaux d&rsquo;or</em>, l&rsquo;Unanimisme appara&icirc;t comme une &eacute;cole&nbsp;<sup><a href="#nbp_41" id="note_41" name="lien_nbp_41" title="Aller à la note de bas de page n°41">41</a></sup>.&nbsp;&raquo;</p> <p>Mais Jules Romains est le seul unanimiste, ou presque. Il avait l&rsquo;ambition, c&rsquo;est vrai, de r&eacute;unir autour de lui toute une g&eacute;n&eacute;ration. Il a suffisamment d&eacute;velopp&eacute; le th&egrave;me de la&nbsp;<em>g&eacute;n&eacute;ration nouvelle et [de] son unit&eacute;</em><sup><a href="#nbp_42" id="note_42" name="lien_nbp_42" title="Aller à la note de bas de page n°42">42</a></sup>. Il aurait vu, sans doute, pulluler avec joie les &eacute;pigones. En dehors du fragile Chennevi&egrave;re (que Romains a tant aim&eacute; d&rsquo;amiti&eacute;, mais dont le g&eacute;nie n&rsquo;&eacute;tait pas assez puissant pour rivaliser avec celui de son encombrant camarade)&nbsp;; de l&rsquo;ind&eacute;pendant Pierre-Jean Jouve&nbsp;; et du lointain Loranger (po&egrave;te qu&eacute;b&eacute;cois, qui s&rsquo;apparente sous quelques aspects &agrave; Romains), personne (du moins dans l&rsquo;espace de la langue fran&ccedil;aise) pour entourer Romains, pour former avec lui le groupe unanime des unanimistes.</p> <p>D&rsquo;ailleurs, l&rsquo;unanimisme, Romains ne le concevait pas comme une &eacute;cole litt&eacute;raire. Il avait trop d&rsquo;ambition pour se contenter de si peu. L&rsquo;unanimisme, pour lui, n&rsquo;est, dans son principe, pas moins ample que le &laquo;&nbsp;rationalisme&nbsp;&raquo;, le &laquo;&nbsp;christianisme&nbsp;&raquo;, ou le &laquo;&nbsp;bouddhisme<sup><a href="#nbp_43" id="note_43" name="lien_nbp_43" title="Aller à la note de bas de page n°43">43</a></sup>&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est une certaine &laquo;&nbsp;attitude de l&rsquo;esprit&nbsp;&raquo;, un certain &laquo;&nbsp;rythme de la d&eacute;marche intellectuelle&nbsp;&raquo;, une &laquo;&nbsp;attitude g&eacute;n&eacute;rale de tout l&rsquo;&ecirc;tre pensant, capable de donner les produits les plus divers&nbsp;&raquo;, ou encore &laquo;&nbsp;un des grands&nbsp;<em>styles&nbsp;</em>de l&rsquo;humanit&eacute; apte &agrave; marquer de son empreinte toute la pens&eacute;e, toute la vie, toutes les &oelig;uvres de l&rsquo;homme&nbsp;: philosophie, religion, litt&eacute;rature, art, politique, conduite quotidienne, et cela dans une suite de temps que rien ne limite d&rsquo;avance<sup><a href="#nbp_44" id="note_44" name="lien_nbp_44" title="Aller à la note de bas de page n°44">44</a></sup>&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est une v&eacute;ritable r&eacute;g&eacute;n&eacute;ration de l&rsquo;homme, et par cons&eacute;quent du monde qu&rsquo;il habite et per&ccedil;oit, que l&rsquo;unanimisme promet&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les groupes ne continueront pas l&rsquo;&oelig;uvre des animaux et de l&rsquo;homme&nbsp;; ils recommenceront tout pour leur besoin, et pendant qu&rsquo;ils accro&icirc;tront la conscience de leur chair, ils referont l&rsquo;image du monde<sup><a href="#nbp_46" id="note_45" name="lien_nbp_45" title="Aller à la note de bas de page n°45">45</a></sup>.&nbsp;&raquo; L&rsquo;unanimisme, donc, n&rsquo;est pas un concept, du moins tant qu&rsquo;il n&rsquo;&eacute;chappe pas &agrave; Romains&nbsp;: c&rsquo;est une attitude, un style, une posture essentielle fond&eacute;e sur l&rsquo;exp&eacute;rience d&rsquo;un concept. L&rsquo;unanimisme ne devient concept qu&rsquo;une fois que la critique ou la th&eacute;orie s&rsquo;en emparent. Et qu&rsquo;en font-elles&nbsp;? Le plus souvent, une &eacute;cole litt&eacute;raire, ou peu s&rsquo;en faut. Symbolisme, unanimisme, surr&eacute;alisme, on a tendance &agrave; confondre les simples courants litt&eacute;raires et les mouvements qui voudraient engager l&rsquo;homme dans un devenir global. C&rsquo;est d&rsquo;autant plus curieux que, s&rsquo;il existe bel et bien une orthodoxie litt&eacute;raire du surr&eacute;alisme, avec le clerg&eacute; qui s&rsquo;ensuit, il n&rsquo;y a pas d&rsquo;&Eacute;glise unanimiste (il y manque aussi bien les institutions que le personnel). La critique pourrait se d&eacute;fendre en soutenant qu&rsquo;il a exist&eacute; un unanimisme su&eacute;dois. Tout au long du XX<sup>&egrave;</sup>&nbsp;si&egrave;cle, la litt&eacute;rature su&eacute;doise s&rsquo;est laiss&eacute; influencer par&nbsp;<em>Mort de quelqu&rsquo;un</em>, et par les&nbsp;<em>Hommes de bonne volont&eacute;</em>. Les &oelig;uvres d&rsquo;Artur Lundkvist, d&rsquo;Elin W&auml;gner, de Rudolf V&auml;rnlund, d&rsquo;Eyvind Johnson, de Kerstin Ekman et de tant d&rsquo;autres sont l&agrave; pour en t&eacute;moigner. Le travail d&rsquo;Eva-Karin Josefson<sup><a href="#nbp_46" id="note_46" name="lien_nbp_46" title="Aller à la note de bas de page n°46">46</a></sup>&nbsp;sur le sujet vient soutenir&nbsp;<em>a posteriori</em>&nbsp;les th&egrave;ses de ceux qui laissent entendre que l&rsquo;unanimisme se comporte en &eacute;cole litt&eacute;raire. Seulement, ceux qui voulurent circonscrire ainsi l&rsquo;unanimisme au seul champ des lettres n&rsquo;avaient pas la moindre id&eacute;e de cette floraison scandinave. Et puis, il faut dire que l&rsquo;influence de Romains en Su&egrave;de est avant tout th&eacute;matique et technique&nbsp;: d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, on r&eacute;cup&egrave;re le sch&eacute;ma narratif fondamental de&nbsp;<em>Mort de quelqu&rsquo;un</em>&nbsp;(le petit homme qui meurt et qui s&rsquo;en trouve grandi), on le r&eacute;cup&egrave;re et on le r&eacute;interpr&egrave;te &agrave; la lumi&egrave;re d&rsquo;une m&eacute;taphysique qui, le plus souvent, n&rsquo;a rien d&rsquo;unanimiste&nbsp;; et bien s&ucirc;r, on r&eacute;investit le proc&eacute;d&eacute; simultan&eacute;iste, qui na&icirc;t chez Romains de la foi unanimiste, mais peut aussi bien (les exemples divers de Dos Passos, de Musil, de Sartre<sup><a href="#nbp_47" id="note_47" name="lien_nbp_47" title="Aller à la note de bas de page n°47">47</a></sup>&nbsp;et de nombreux autres, dont les Su&eacute;dois, le prouvent) s&rsquo;en d&eacute;prendre.</p> <p>Les critiques ont cependant un second argument plus s&eacute;rieux, quoique tout aussi r&eacute;futable, &agrave; leur disposition. C&rsquo;est Romains en personne qui le leur fournit, quand il &eacute;crit que l&rsquo;influence d&rsquo;un &eacute;crivain ne se mesure pas au nombre de ses imitateurs. Romains avoue, de-ci de-l&agrave;, avoir subi de ces influences invisibles. &Agrave; &Eacute;mile Henriot, il confie notamment que &laquo;&nbsp;Rimbaud et Paul Claudel ont pressenti la vertu de l&rsquo;expression imm&eacute;diate<sup><a href="#nbp_48" id="note_48" name="lien_nbp_48" title="Aller à la note de bas de page n°48">48</a></sup>&nbsp;&raquo; qui sera l&rsquo;un des fondements de l&rsquo;unanimisme litt&eacute;raire. L&rsquo;ascendant d&rsquo;un auteur, donc, doit &ecirc;tre profond, et discret&nbsp;: son &oelig;uvre doit avoir rendu possibles de nouvelles fa&ccedil;ons de voir et d&rsquo;&eacute;crire, sans pour autant qu&rsquo;on puisse d&eacute;celer formellement la filiation qui fait de ses cadets ses d&eacute;biteurs. Mais justement, cela prouve que ce n&rsquo;est pas en tant qu&rsquo;il serait un ph&eacute;nom&egrave;ne litt&eacute;raire que l&rsquo;unanimisme pourrait peser sur l&rsquo;avenir de la litt&eacute;rature. C&rsquo;est bien au contraire comme attitude impalpable de l&rsquo;esprit qu&rsquo;il impose aux &oelig;uvres de l&rsquo;homme, en particulier artistiques et litt&eacute;raires, une d&eacute;marche parfois nouvelle.</p> <p>Il est ind&eacute;niable cependant que de l&rsquo;unanimisme d&eacute;coule (dans l&rsquo;&oelig;uvre de Romains, et, au sens strict, dans la sienne seule) une nouvelle s&eacute;rie de pratiques litt&eacute;raires, fond&eacute;es sur un nouveau jeu de concepts gravitant autour de celui d&rsquo;unanime (simultan&eacute;isme, d&eacute;ification, vie psychique, chacun de ces termes ayant un sens particulier sous la plume de Romains). Il n&rsquo;est pas faux, par cons&eacute;quent, de consid&eacute;rer l&rsquo;unanimisme comme un m&eacute;ta-concept litt&eacute;raire, qui subsume des concepts &agrave; la fois th&eacute;matiques et techniques. Mais ce n&rsquo;est l&agrave; qu&rsquo;une d&eacute;finition partielle, et quelque peu &eacute;troite, de l&rsquo;unanimisme, et le tort de la critique est de s&rsquo;en contenter.</p> <h2>5.<strong>Un m&eacute;ta-concept d&eacute;pouill&eacute; par la critique</strong></h2> <p>La premi&egrave;re phrase de l&rsquo;article &laquo;&nbsp;Unanimisme&nbsp;&raquo; dans l&rsquo;<em>Encyclop&eacute;die Universalis&nbsp;</em>est symptomatique&nbsp;: &laquo;&nbsp;Avec le naturisme, l&rsquo;int&eacute;gralisme et l&rsquo;&eacute;cole romane, l&rsquo;unanimisme est l&rsquo;un des mouvements po&eacute;tiques qui s&rsquo;engouffrent dans le vide ressenti apr&egrave;s la disparition du symbolisme et avant l&rsquo;apparition du surr&eacute;alisme en France<sup><a href="#nbp_49" id="note_49" name="lien_nbp_49" title="Aller à la note de bas de page n°49">49</a></sup>.&nbsp;&raquo; Serge Faucherau, de son c&ocirc;t&eacute;, annonce clairement la couleur d&egrave;s le titre de son essai&nbsp;:&nbsp;<em>Expressionisme, dada, surr&eacute;alisme et autres ismes</em><sup><a href="#nbp_50" id="note_50" name="lien_nbp_50" title="Aller à la note de bas de page n°50">50</a></sup>. Il n&rsquo;h&eacute;site pas &agrave; r&eacute;duire tous ces mouvements &agrave; leur seul suffixe. L&eacute;on Somville est plus incisif, tout&nbsp;<em>isme</em>&nbsp;pour lui est une &laquo;&nbsp;banni&egrave;re&nbsp;&raquo;. Son r&eacute;pertoire est le suivant&nbsp;: &laquo;&nbsp;int&eacute;gralisme, humanisme, impulsionnisme, visionnarisme,&nbsp;unanimisme, paroxysme, futurisme<sup><a href="#nbp_51" id="note_51" name="lien_nbp_51" title="Aller à la note de bas de page n°51">51</a></sup>.&nbsp;&raquo; Chacun y va de sa nomenclature propre, plus ou moins ample. Jean Weisberger, qui tient compte des tentatives qui ont vu le jour en Am&eacute;rique latine, &eacute;num&egrave;re, outre l&rsquo;unanimisme, les avant-gardes suivantes&nbsp;: &laquo;&nbsp;futurisme, dada&iuml;sme, cr&eacute;ationnisme, cubisme [&hellip;] surr&eacute;alisme [&hellip;], n&eacute;grisme, indig&eacute;nisme, nativisme<sup><a href="#nbp_52" id="note_52" name="lien_nbp_52" title="Aller à la note de bas de page n°52">52</a></sup>.&nbsp;&raquo; Mais c&rsquo;est sans doute Robert Sabatier qui donne la liste la plus large, quoiqu&rsquo;elle demeure (par la force des choses) incompl&egrave;te, des &eacute;coles qui s&rsquo;&eacute;panouissent (beaucoup pour s&rsquo;&eacute;vanouir tr&egrave;s vite) au d&eacute;but du XX<sup>&egrave;</sup>&nbsp;si&egrave;cle&nbsp;:</p> <p><q>Humanisme, Naturisme, Synth&eacute;tisme, Synchronisme, Simultan&eacute;isme, Impulsionnisme, Int&eacute;gralisme, Paroxysme, Synoptisme, Dynamisme, Dramatisme, Musicisme, Unanimisme, Primitivisme, Intensisme, Druidisme, Sinc&eacute;risme, Harmonisme, Spiritualisme, sans oublier les groupes futuristes, dada&iuml;stes, surr&eacute;alistes<sup><a href="#nbp_53" id="note_53" name="lien_nbp_53" title="Aller à la note de bas de page n°53">53</a></sup>.</q></p> <p>Il se cr&eacute;e de la sorte un m&eacute;ta-paradigme, o&ugrave; se rangent tous les mouvements &agrave; ambition paradigmatique.</p> <p>Ils sont rares, parmi les critiques influents, &agrave; s&rsquo;&ecirc;tre montr&eacute;s moins cavaliers, et plus clairvoyants. Il y a par exemple Andr&eacute; Cuisenier, le thurif&eacute;raire de Jules Romains, et l&rsquo;historien de l&rsquo;unanimisme. Il y a aussi Albert Thibaudet, qui, s&rsquo;il s&rsquo;est relativement peu occup&eacute; de Romains, a parl&eacute; de lui avec lucidit&eacute;, et sans parti pris. Car ceux qui ont bien voulu consid&eacute;rer l&rsquo;unanimisme comme autre chose qu&rsquo;une &eacute;cole litt&eacute;raire, ont pour certains d&eacute;cr&eacute;t&eacute; que le but unique de Romains &eacute;tait d&rsquo;appuyer par la th&eacute;orie son ambition dictatoriale d&eacute;lirante. Les apparences, h&eacute;las, sont contre Romains&nbsp;: sans doute aurait-il d&ucirc; s&rsquo;abstenir, dans les&nbsp;<em>Sept myst&egrave;res du destin de l&rsquo;Europe</em>, de pr&eacute;tendre qu&rsquo;une certaine jeunesse voyait en lui le possible&nbsp;<em>F&uuml;hrer&nbsp;</em>fran&ccedil;ais &ndash; tout en se d&eacute;fendant d&rsquo;aimer plus &laquo;&nbsp;la tyrannie qu&rsquo;on exerce [que] celle qu&rsquo;on subit<sup><a href="#nbp_54" id="note_54" name="lien_nbp_54" title="Aller à la note de bas de page n°54">54</a></sup>&nbsp;&raquo;. Koenraad Geldof n&rsquo;a pas tort de noter sur le ton de la mod&eacute;ration qu&rsquo;il subsiste chez Romains &laquo;&nbsp;une marge d&rsquo;ambivalence &agrave; l&rsquo;&eacute;gard [&hellip;] du fascisme<sup><a href="#nbp_55" id="note_55" name="lien_nbp_55" title="Aller à la note de bas de page n°55">55</a></sup>&nbsp;&raquo;. D&rsquo;autres, en revanche, manquent de mesure en &eacute;crivant que Romains avait adopt&eacute; la &laquo;&nbsp;carri&egrave;re d&rsquo;introducteur du fascisme en France<sup><a href="#nbp_56" id="note_56" name="lien_nbp_56" title="Aller à la note de bas de page n°56">56</a></sup>&nbsp;&raquo;. Il est vrai que c&rsquo;est lui qui a provoqu&eacute; la rencontre &agrave; Paris entre les dignitaires du r&eacute;gime nazi et la jeunesse fran&ccedil;aise, avant la guerre &ndash; rencontre dont il &eacute;crivit plus tard qu&rsquo;elle fut sans complaisance, alors qu&rsquo;&Eacute;tiemble, pr&eacute;sent dans la salle, se plaint, dans un essai tr&egrave;s cruel et pourtant peu partisan, sur, contre et cependant &agrave; certains &eacute;gards pour Romains, que les questions quelque peu g&ecirc;nantes qu&rsquo;il avait fait parvenir au pr&eacute;sident de s&eacute;ance de bonne volont&eacute; aient &eacute;t&eacute; escamot&eacute;es<sup><a href="#nbp_57" id="note_57" name="lien_nbp_57" title="Aller à la note de bas de page n°57">57</a></sup>.</p> <p>Il n&rsquo;en demeure pas moins que Romains fut, d&egrave;s les derniers mois avant la guerre, un z&eacute;lateur irr&eacute;prochable de la d&eacute;mocratie. D&egrave;s 1935, il fait exclure du PEN-Club (dont il devait peu apr&egrave;s diriger la section fran&ccedil;aise, avant d&rsquo;en devenir le pr&eacute;sident international) les repr&eacute;sentants de la litt&eacute;rature allemande, d&eacute;sign&eacute;s par le r&eacute;gime national-socialiste. Il usera aussi de son influence pour &laquo;&nbsp;procurer des visas &agrave; des Juifs allemands<sup><a href="#nbp_58" id="note_58" name="lien_nbp_58" title="Aller à la note de bas de page n°58">58</a></sup>&nbsp;&raquo;. Puis, la guerre ayant &eacute;clat&eacute;, il se r&eacute;fugie &agrave; New-York d&rsquo;abord, et &agrave; Mexico ensuite. Depuis l&rsquo;Am&eacute;rique, il ne cessera de lancer des appels aux Fran&ccedil;ais et aux hommes de bonne volont&eacute;. Il est donc tr&egrave;s faux, malgr&eacute; l&rsquo;ind&eacute;niable vanit&eacute; de Romains, et malgr&eacute; l&rsquo;importance qu&rsquo;il a accord&eacute;e, dans son &oelig;uvre, au &laquo;&nbsp;probl&egrave;me du chef<sup><a href="#nbp_59" id="note_59" name="lien_nbp_59" title="Aller à la note de bas de page n°59">59</a></sup>&nbsp;&raquo;, de r&eacute;duire l&rsquo;unanimisme &agrave; une man&oelig;uvre politique destin&eacute;e &agrave; justifier par anticipation les app&eacute;tits de gloire et de pouvoir suppos&eacute;s de son cr&eacute;ateur. La critique, d&rsquo;ailleurs, e&ucirc;t pu aussi bien insister sur la parent&eacute; possible entre unanimisme et communisme &ndash; et ce d&rsquo;autant plus que le terme d&rsquo;<em>unanimisme</em>&nbsp;n&rsquo;&eacute;tait que le deuxi&egrave;me choix de Romains, qui n&rsquo;avait renonc&eacute;, d&rsquo;accord avec Chennevi&egrave;re, &agrave; celui de<em>&nbsp;communisme&nbsp;</em>qu&rsquo;en raison de ses r&eacute;sonances politiques<sup><a href="#nbp_60" id="note_60" name="lien_nbp_60" title="Aller à la note de bas de page n°60">60</a></sup>. Mais sans doute Romains s&rsquo;est-il montr&eacute; trop cat&eacute;goriquement anti-communiste pour qu&rsquo;on s&rsquo;y trompe.</p> <p>Revenons donc &agrave; Cuisenier et &agrave; Thibaudet. Le premier ne fait que r&eacute;p&eacute;ter ce que dit Romains. Il a choisi le r&ocirc;le, tr&egrave;s honorable, de p&eacute;dagogue de l&rsquo;unanimisme. Thibaudet, lui, est forc&eacute;ment plus libre de ses gestes et de ses mots. Comment commence-t-il son court essai intitul&eacute;&nbsp;<em>Unanimisme</em>&nbsp;? Par une mention du travail d&rsquo;un certain M. Florian-Parmentier qui, &laquo;&nbsp;quelques ann&eacute;es avant la guerre [&hellip;] avait rep&eacute;r&eacute; et d&eacute;crit [&hellip;], dans la litt&eacute;rature de son temps, une trentaine d&rsquo;&eacute;coles en&nbsp;<em>isme</em><sup><a href="#nbp_61" id="note_61" name="lien_nbp_61" title="Aller à la note de bas de page n°61">61</a></sup><em>&nbsp;</em>&raquo;. Thibaudet, heureusement, ne s&rsquo;arr&ecirc;te pas l&agrave;. Il constate que, si l&rsquo;unanimisme comme institution s&rsquo;est peu &agrave; peu d&eacute;lit&eacute;, il n&rsquo;en demeure pas moins que le mouvement d&rsquo;ensemble de l&rsquo;unanimisme litt&eacute;raire vaut mieux, dans sa globalit&eacute;, que les &oelig;uvres particuli&egrave;res qui le composent. Il a donc ce m&eacute;rite de tenter, tout en ne sortant pas de sa sp&eacute;cialit&eacute; litt&eacute;raire, d&rsquo;appr&eacute;hender l&rsquo;unanimisme comme une exp&eacute;rience collective. D&rsquo;ailleurs, apr&egrave;s s&rsquo;&ecirc;tre r&eacute;joui de la quasi-g&eacute;mellit&eacute; entre les&nbsp;<em>Copains</em>&nbsp;de Romains et le&nbsp;<em>Compagnons</em>&nbsp;de Duhamel, Thibaudet temp&egrave;re son enthousiasme&nbsp;: &laquo;&nbsp;En r&eacute;alit&eacute; il n&rsquo;y a qu&rsquo;un unanimiste int&eacute;gral, qui est M. Romains<sup><a href="#nbp_62" id="note_62" name="lien_nbp_62" title="Aller à la note de bas de page n°62">62</a></sup>.&nbsp;&raquo; Ce qui est plus int&eacute;ressant, c&rsquo;est que Thibaudet s&rsquo;attache &agrave; dessiner la g&eacute;n&eacute;alogie de Romains&nbsp;: &laquo;&nbsp;M. Romains n&rsquo;est &eacute;videmment pas le premier artiste qui s&rsquo;efforce de porter sur une &acirc;me collective l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t qui s&rsquo;attache d&rsquo;ordinaire &agrave; une &acirc;me individuelle<sup><a href="#nbp_63" id="note_63" name="lien_nbp_63" title="Aller à la note de bas de page n°63">63</a></sup>.&nbsp;&raquo; Zola, notamment, l&rsquo;a d&rsquo;apr&egrave;s lui pr&eacute;c&eacute;d&eacute; dans cette voie. Seulement Romains est le premier &agrave; avoir syst&eacute;matis&eacute; cette vision du monde, et la d&eacute;marche litt&eacute;raire qui en d&eacute;coule&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;originalit&eacute; de M. Romains consiste [&hellip;] &agrave; ne jamais pr&eacute;senter ses groupes comme des &ecirc;tres spontan&eacute;s et vagues &agrave; la Zola, mais comme des constructions laborieuses, pr&eacute;cises, solides, g&eacute;om&eacute;triques<sup><a href="#nbp_64" id="note_64" name="lien_nbp_64" title="Aller à la note de bas de page n°64">64</a></sup>.&nbsp;&raquo;</p> <p>Car il ne faut pas s&rsquo;y tromper, Zola n&rsquo;est pas unanimiste, contrairement &agrave; ce que veut Paul Souday, qui &eacute;crit, sur un ton bien p&eacute;remptoire&nbsp;: &laquo;&nbsp;Zola [&hellip;] fut certes unanimiste, ayant fait vivre d&rsquo;une vie puissante tant de groupes humains et de foules en mouvement<sup><a href="#nbp_65" id="note_65" name="lien_nbp_65" title="Aller à la note de bas de page n°65">65</a></sup>.&nbsp;&raquo; Le m&ecirc;me Paul Souday n&rsquo;h&eacute;site pas par ailleurs &agrave; opposer Romains &agrave; Taine. Il n&rsquo;est pas plus lucide pour autant &ndash; car il ne semble pas comprendre &agrave; quel point Romains, aussi unanimiste soit-il, ch&eacute;rit l&rsquo;individu&nbsp;: &laquo;&nbsp;M. Jules Romains regarde sans doute Taine comme un individualiste dangereux. Il ne lui suffirait pas de prouver que la personnalit&eacute; d&rsquo;un individu est conditionn&eacute;e par le milieu collectif&nbsp;: il &eacute;limine&nbsp;<em>a priori</em>&nbsp;toute personnalit&eacute;<sup><a href="#nbp_66" id="note_66" name="lien_nbp_66" title="Aller à la note de bas de page n°66">66</a></sup>.&nbsp;&raquo;</p> <p>On ne peut reprocher &agrave; Souday de vider l&rsquo;unanimisme de sa substance. Mais il est trop partial, et s&rsquo;emploie avec trop d&rsquo;acharnement &agrave; prouver en quoi Jules Romains n&rsquo;est pas original, si ce n&rsquo;est par le fait que son unanimisme est &laquo;&nbsp;conscient&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;terriblement radical<sup><a href="#nbp_67" id="note_67" name="lien_nbp_67" title="Aller à la note de bas de page n°67">67</a></sup>&nbsp;&raquo;. &Agrave; qui donc Romains ressemble-t-il, au sens de Paul Souday&nbsp;? Les r&eacute;ponses sont tant&ocirc;t presque blessantes, tant&ocirc;t flatteuses. Romains, sans doute, n&rsquo;a pas d&ucirc; &ecirc;tre ravi d&rsquo;apprendre qu&rsquo;il faisait &laquo;&nbsp;songer tant&ocirc;t &agrave; un Sully Prudhomme plus dense, tant&ocirc;t &agrave; un Copp&eacute;e plus sobre ou &agrave; un Richepin moins truculent<sup><a href="#nbp_68" id="note_68" name="lien_nbp_68" title="Aller à la note de bas de page n°68">68</a></sup>&nbsp;&raquo;. Quant &agrave; l&rsquo;ambition unanimiste de rendre compte des mouvements d&rsquo;&acirc;me collectifs, elle n&rsquo;a, d&rsquo;apr&egrave;s Paul Souday, rien de nouveau. Cette fois, les comparaisons qu&rsquo;il choisit flattent sans doute Romains&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;<em>Iliade</em>&nbsp;est une &eacute;pop&eacute;e unanimiste, puisqu&rsquo;elle oppose au groupe troyen la collectivit&eacute; grecque. Dans toutes les trag&eacute;dies antiques, l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment unanimiste est repr&eacute;sent&eacute; par le ch&oelig;ur<sup><a href="#nbp_69" id="note_69" name="lien_nbp_69" title="Aller à la note de bas de page n°69">69</a></sup>.&nbsp;&raquo; Plus loin encore, Souday s&rsquo;&eacute;vertue &agrave; prouver que l&rsquo;histoire du<em>&nbsp;Bourg r&eacute;g&eacute;n&eacute;r&eacute;&nbsp;</em>est d&eacute;j&agrave; toute enti&egrave;re dans le<em>&nbsp;Docteur Ox&nbsp;</em>de Jules Verne. On n&rsquo;est pas oblig&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre convaincu.</p> <h2>6.<strong>Vulgarisation de l&rsquo;unanimisme</strong></h2> <p>Voici, donc, pour la r&eacute;ception savante mais non sp&eacute;cialis&eacute;e. Parall&egrave;lement, il y a aussi celle, plus sommaire, des dictionnaires. D&egrave;s 1925, Romains s&rsquo;inqui&eacute;tait. Le temps &eacute;tait venu des premi&egrave;res &laquo;&nbsp;d&eacute;finition[s] en trois lignes<sup><a href="#nbp_70" id="note_70" name="lien_nbp_70" title="Aller à la note de bas de page n°70">70</a></sup>&nbsp;&raquo; de l&rsquo;unanimisme. Que nous disent de l&rsquo;unanimisme les dictionnaires aujourd&rsquo;hui&nbsp;? En France, quasiment tous le prennent pour ce qu&rsquo;il a &eacute;t&eacute;, et non pour ce qu&rsquo;il a voulu &ecirc;tre, pour un courant litt&eacute;raire et non pour un &laquo;&nbsp;style de l&rsquo;humanit&eacute;&nbsp;&raquo;. Le&nbsp;<em>Larousse</em>&nbsp;est concis, et exact, litt&eacute;rairement parlant&nbsp;: l&rsquo;unanimisme est une &laquo;&nbsp;doctrine litt&eacute;raire selon laquelle l&rsquo;&eacute;crivain doit exprimer la vie unanime et collective, l&rsquo;&acirc;me des groupes humains, et ne peindre l&rsquo;individu que pris dans les rapports sociaux. (Cette esth&eacute;tique fut particuli&egrave;rement illustr&eacute;e par Jules Romains<sup><a href="#nbp_71" id="note_71" name="lien_nbp_71" title="Aller à la note de bas de page n°71">71</a></sup>.)&nbsp;&raquo; Le&nbsp;<em>Tr&eacute;sor de la langue fran&ccedil;aise</em>&nbsp;n&rsquo;est pas aussi net. Si Jules Romains n&rsquo;&eacute;tait pas mentionn&eacute;, sa d&eacute;finition conviendrait aussi bien aux pratiques d&rsquo;un Zola&nbsp;:</p> <p><q>Doctrine litt&eacute;raire, con&ccedil;ue par l&rsquo;&eacute;crivain Jules Romains, affirmant le conditionnement des sentiments individuels par l&rsquo;appartenance &agrave; de larges groupes humains et se fixant pour but la description des comportements collectifs et ceux de l&rsquo;individu au sein de la r&eacute;alit&eacute; sociale et dans ses rapports avec les autres<sup><a href="#nbp_72" id="note_72" name="lien_nbp_72" title="Aller à la note de bas de page n°72">72</a></sup>.</q></p> <p>&nbsp;Quant au dictionnaire de l&rsquo;Acad&eacute;mie (dont Romains fut, pendant quelque vingt-six ans), on n&rsquo;y trouve pas trace de l&rsquo;unanimisme.</p> <p>Voyons &agrave; pr&eacute;sent ce que disent quelques dictionnaires &eacute;trangers. Dans l&rsquo;ensemble, les d&eacute;finitions allemandes montrent l&rsquo;unanimisme comme une sensibilit&eacute; particuli&egrave;re au monde, qui s&rsquo;est exprim&eacute;e principalement en litt&eacute;rature. Le dictionnaire&nbsp;<em>Wissen</em>, m&ecirc;me, donne de rapides pr&eacute;cisions historiques sur l&rsquo;&eacute;mergence et la diffusion (limit&eacute;e &agrave; la seule &oelig;uvre de Romains) de l&rsquo;unanimisme&nbsp;:</p> <p><q><em>Von J. Romains (La vie unanime</em>, 1908<em>) begr&uuml;ndete literarische</em>&nbsp;Richtung, die das Leben des einzelnen in seinen Verflechtungen mit der Gemeinschaft aufzeigt und als eine geschlossene Einheit zu erfassen sucht. Der Unanimismus blieb im Wesentlichen auf die Werke seines Begr&uuml;nders beschr&auml;nkt<sup><a href="#nbp_73" id="note_73" name="lien_nbp_73" title="Aller à la note de bas de page n°73">73</a></sup></q></p> <p>Le dictionnaire portugais&nbsp;<em>Dicio</em>&nbsp;est plus int&eacute;ressant, dans la mesure o&ugrave; il semble s&eacute;parer ce dont s&rsquo;occupe l&rsquo;unanimisme (la vie sensible des groupes) de l&rsquo;unanimisme comme repr&eacute;sentation. Mais il se trompe en d&eacute;signant Dos Passos comme un unanimiste. On peut supposer que cette confusion r&eacute;sulte d&rsquo;un syncr&eacute;tisme implicite entre unanimisme et simultan&eacute;isme&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Literatura Escola liter&aacute;ria (s&eacute;c. XX) que se prop&otilde;e a traduzir os sentimentos e as impress&otilde;es de grandes grupos humanos. (Jules Romains, na Fran&ccedil;a, e Dos Passos, nos Estados Unidos da Am&eacute;rica, figuram entre seus representantes</em><sup><a href="#nbp_74" id="note_74" name="lien_nbp_74" title="Aller à la note de bas de page n°74">74</a></sup>.)&nbsp;&raquo;</p> <p>Le dictionnaire italien&nbsp;<em>Il Nuovo de Mauro</em>&nbsp;est le seul &agrave; pr&eacute;senter l&rsquo;unanimisme &agrave; la fois comme une id&eacute;e et comme un courant litt&eacute;raire. Il donne m&ecirc;me deux d&eacute;finitions du terme, l&rsquo;une philosophique, l&rsquo;autre litt&eacute;raire. Il est &agrave; regretter, cependant, que la seconde d&eacute;finition semble ignorer les possibilit&eacute;s romanesques qu&rsquo;offre l&rsquo;unanimisme&nbsp;:</p> <p><q><em>TS filos. dottrina filosofico-letteraria fondata sul pensiero del letterato francese J. Romains, basata sull&rsquo;idea che il singolo individuo trovi la sua piena realizzazione nella partecipazione e subordinazione all&rsquo;anima collettiva di un gruppo, di una comunit&agrave; | TS lett. estens., in poesia, tendenza a esprimere la coscienza collettiva di una comunit&agrave; piuttosto che le emozioni del singolo</em><sup><a href="#nbp_75" id="note_75" name="lien_nbp_75" title="Aller à la note de bas de page n°75">75</a></sup><em>.</em></q></p> <p>La conception unanimiste, donc, n&rsquo;est pas seulement simplifi&eacute;e, mais d&eacute;form&eacute;e par ceux qui se chargent de la mettre &agrave; la disposition du grand public. Il est d&rsquo;ailleurs curieux de constater que la critique s&eacute;rieuse et la critique de vulgarisation commettent la m&ecirc;me erreur ou presque&nbsp;: car r&eacute;duire l&rsquo;unanimisme &agrave; son suffixe, c&rsquo;est, du fait du contexte culturel de sa naissance, le condamner &agrave; n&rsquo;&ecirc;tre qu&rsquo;une &eacute;cole litt&eacute;raire.</p> <h2>7.<strong>L&rsquo;unanimisme en perspective</strong></h2> <p>Tous, cependant, n&rsquo;ont pas &eacute;t&eacute; infid&egrave;les &agrave; l&rsquo;unanimisme tel que l&rsquo;avait forg&eacute; Romains. Dans les vingt derni&egrave;res ann&eacute;es, la critique universitaire v&eacute;ritablement sp&eacute;cialis&eacute;e a su reconsid&eacute;rer l&rsquo;unanimisme sans trahir son concepteur, elle a su rester proche de la v&eacute;rit&eacute; originelle sans donner dans le psittacisme hagiographique. Voyons ce que nous disent quelques universitaires de l&rsquo;unanimisme. Ils sont (sans jeu sur les mots) relativement unanimes. S&rsquo;appuyant sur la pr&eacute;face que Jules Romains a r&eacute;dig&eacute;e pour la version am&eacute;ricaine de&nbsp;<em>Mort de quelqu&rsquo;un</em>, Aude Leblond, tout en repla&ccedil;ant l&rsquo;unanimisme dans une perspective historique (ou, plus exactement, tout en pr&eacute;cisant son rapport au mouvement de l&rsquo;histoire litt&eacute;raire), &eacute;tablit une distinction tr&egrave;s nette entre la forme simultan&eacute;iste, qui, de fait, est d&rsquo;avant-garde, et la substance unanimiste, qui, quoiqu&rsquo;elle ait &eacute;t&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;poque de son &eacute;mergence tr&egrave;s nouvelle, ne t&eacute;moigne en rien, de la part de son inventeur ou de son d&eacute;couvreur, d&rsquo;un quelconque souci d&rsquo;&ecirc;tre moderne. La &laquo;&nbsp;relecture&nbsp;&raquo;, par Romains lui-m&ecirc;me, &laquo;&nbsp;de l&rsquo;unanimisme en classicisme est fond&eacute;e sur un recul de la question de la forme, sur laquelle Jules Romains fait pr&eacute;valoir radicalement l&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;un contenu id&eacute;ologique et le souci de la r&eacute;ception<sup><a href="#nbp_76" id="note_76" name="lien_nbp_76" title="Aller à la note de bas de page n°76">76</a></sup>&nbsp;&raquo;.</p> <p>Ailleurs, Aude Leblond s&rsquo;essaie &agrave; comparer l&rsquo;unanimisme romainsien &agrave; l&rsquo;humanisme renouvel&eacute; que r&ecirc;ve Benjamin Cr&eacute;mieux. C&rsquo;est l&rsquo;occasion pour elle de pr&eacute;ciser les relations probl&eacute;matiques que l&rsquo;unanimisme entretient avec le positivisme. Car il ne faut pas oublier que, tout impr&eacute;gn&eacute;e de vie psychique qu&rsquo;elle soit, l&rsquo;&oelig;uvre de Romains est celle d&rsquo;un rationaliste (qui, non ennemi de la complexit&eacute;, admettait l&rsquo;existence d&rsquo;une sph&egrave;re sur-rationnelle). Aude Leblond, donc, tout en le resituant au c&oelig;ur de l&rsquo;&eacute;conomie conceptuelle de l&rsquo;&eacute;poque, tente de montrer comment l&rsquo;unanimisme s&rsquo;inscrit dans ce que l&rsquo;auteur des&nbsp;<em>Hommes de bonne volont&eacute;&nbsp;</em>aurait sans doute appel&eacute; l&rsquo;<em>univers de Jules Romains</em>&nbsp;: l&rsquo;unanimisme &laquo;&nbsp;permet de faire communiquer la vie sociale avec l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un totalisme, qui exige de ne pas se cantonner au sec exercice de la raison positiviste&nbsp;: le sentiment unanime est au fondement d&rsquo;un nouveau mysticisme<sup><a href="#nbp_77" id="note_77" name="lien_nbp_77" title="Aller à la note de bas de page n°77">77</a></sup>&nbsp;&raquo;. Aude Leblond aborde donc l&rsquo;unanimisme comme tout autre chose qu&rsquo;un mouvement ou qu&rsquo;une &eacute;cole litt&eacute;raire. C&rsquo;est pour elle &laquo;&nbsp;une doctrine visant &agrave; fonder une communaut&eacute;<sup><a href="#nbp_78" id="note_78" name="lien_nbp_78" title="Aller à la note de bas de page n°78">78</a></sup>&nbsp;&raquo;. Se fondant sur la pens&eacute;e de Vincent Kauffman, elle note que, du fait m&ecirc;me de son efficacit&eacute; sociale d&eacute;sir&eacute;e, l&rsquo;unanimisme est forc&eacute;ment &laquo;&nbsp;religieux&nbsp;&raquo;. Elle n&rsquo;h&eacute;site pas &agrave; &eacute;crire que Romains avait l&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;ambition de fonder, avec l&rsquo;unanimisme, une nouvelle religion la&iuml;que<sup><a href="#nbp_79" id="note_79" name="lien_nbp_79" title="Aller à la note de bas de page n°79">79</a></sup>&nbsp;&raquo;. Christian Donadille a d&rsquo;ailleurs montr&eacute; comment, tout en en reprenant certains &eacute;l&eacute;ments (Romains d&eacute;veloppe notamment une pens&eacute;e de l&rsquo;hypostase), l&rsquo;unanimisme se voulait le concurrent du christianisme<sup><a href="#nbp_80" id="note_80" name="lien_nbp_80" title="Aller à la note de bas de page n°80">80</a></sup>.</p> <p>&Ccedil;&agrave; et l&agrave;, Aude Leblond se risque &agrave; formuler des hypoth&egrave;ses plus hasardeuses, mais qui ne s&rsquo;&eacute;loignent jamais des termes dans lesquels Romains a pos&eacute; la question unanimiste. Elle note, par exemple, faisant &eacute;cho &agrave; l&rsquo;all&eacute;geance consentie par Romains &agrave; Bergson, que la &laquo;&nbsp;doctrine unanimiste peut &ecirc;tre interpr&eacute;t&eacute;e comme un avatar po&eacute;tique de la philosophie de l&rsquo;&eacute;lan vital<sup><a href="#nbp_81" id="note_81" name="lien_nbp_81" title="Aller à la note de bas de page n°81">81</a></sup>&nbsp;&raquo;. &laquo;&nbsp;Doctrine unanimiste&nbsp;&raquo; peut para&icirc;tre un rapprochement de mots regrettable. Mais on appr&eacute;ciera ailleurs &laquo;&nbsp;conception unanime<sup><a href="#nbp_82" id="note_82" name="lien_nbp_82" title="Aller à la note de bas de page n°82">82</a></sup>&nbsp;&raquo; &ndash; car l&rsquo;unanimisme est en effet, nous l&rsquo;avons d&eacute;j&agrave; sugg&eacute;r&eacute;, beaucoup moins un concept (trop abstrait, trop fixe) qu&rsquo;une conception (souple, fluide, engag&eacute;e dans la chair psychique du monde), et il est exact d&rsquo;&eacute;crire que la &laquo;&nbsp;<em>doxa</em>&nbsp;de l&rsquo;unanimisme est po&eacute;tique plus que doctrinale<sup><a href="#nbp_83" id="note_83" name="lien_nbp_83" title="Aller à la note de bas de page n°83">83</a></sup>&nbsp;&raquo;. Aude Leblond a aussi ce m&eacute;rite de souligner que, l&rsquo;unanimisme &eacute;tant un &laquo;&nbsp;style de l&rsquo;humanit&eacute;&nbsp;&raquo;, il doit moins aux lectures qu&rsquo;a pu faire Romains qu&rsquo;&agrave; certaines exp&eacute;riences qu&rsquo;il a v&eacute;cues. L&rsquo;&Eacute;glise, puis l&rsquo;arm&eacute;e, voil&agrave; &laquo;&nbsp;les deux groupes que Romains juge d&eacute;cisifs dans la gen&egrave;se de l&rsquo;unanimisme, tant ils l&rsquo;ont profond&eacute;ment impr&eacute;gn&eacute; enfant [ou jeune homme] &ndash; le troisi&egrave;me &eacute;l&eacute;ment essentiel &eacute;tant la ville de Paris elle-m&ecirc;me<sup><a href="#nbp_84" id="note_84" name="lien_nbp_84" title="Aller à la note de bas de page n°84">84</a></sup>&nbsp;&raquo;.</p> <p>L&rsquo;ouvrage dirig&eacute; par Dominique Viart,&nbsp;<em>Jules Romains et les &eacute;critures de la simultan&eacute;it&eacute;</em>, est extr&ecirc;mement riche &eacute;galement. D&egrave;s l&rsquo;introduction, Dominique Viart prend ses distances avec toute tentative d&rsquo;enfermer l&rsquo;unanimisme dans les limites &eacute;troites d&rsquo;un concept&nbsp;: &laquo;&nbsp;&ldquo;l&rsquo;essence po&eacute;tique&rdquo; de cette notion&nbsp;&raquo;, nous dit-il, &laquo;&nbsp;se d&eacute;rob[e] &agrave; toute tentative de d&eacute;finition<sup><a href="#nbp_85" id="note_85" name="lien_nbp_85" title="Aller à la note de bas de page n°85">85</a></sup>&nbsp;&raquo;. Il fait &eacute;cho &agrave; la fois &agrave; No&euml;l Martin-Deslias et &agrave; Koenraad Geldof. Le premier souligne le caract&egrave;re prot&eacute;iforme de la doctrine unanimiste (qu&rsquo;on peine &agrave; d&eacute;finir non &agrave; cause de sa mati&egrave;re insaisissable, mais parce qu&rsquo;elle ne se limite pas &agrave; une discipline et qu&rsquo;elle pr&eacute;tend &ecirc;tre praticable par toutes)&nbsp;: &laquo;&nbsp;l&rsquo;unanimisme est &agrave; la fois une conception philosophique, une th&eacute;orie de l&rsquo;art, une attitude pratique<sup><a href="#nbp_86" id="note_86" name="lien_nbp_86" title="Aller à la note de bas de page n°86">86</a></sup>.&nbsp;&raquo; Quant au second, il affirme plus g&eacute;n&eacute;ralement que &laquo;&nbsp;l&rsquo;unanimisme est une r&eacute;alit&eacute; plurielle<sup><a href="#nbp_87" id="note_87" name="lien_nbp_87" title="Aller à la note de bas de page n°87">87</a></sup>&nbsp;&raquo;. Il s&rsquo;applique cependant &agrave; d&eacute;finir de quoi s&rsquo;occupe l&rsquo;unanimisme, et de quelle id&eacute;e du monde, ou plut&ocirc;t de l&rsquo;homme et des hommes dans le monde, il se nourrit&nbsp;: l&rsquo;unanimisme, r&eacute;sume-t-il,</p> <p><q>d&eacute;fend, dans un geste de&nbsp;<em>fondation</em>, la possibilit&eacute;-r&eacute;alit&eacute; d&rsquo;une forme de socialit&eacute; d&rsquo;essence spirituelle [&hellip;] qui, tout en surmontant les n&eacute;gations philosophiques ou id&eacute;ologiques tant du social que de l&rsquo;individuel, vise &agrave; (r)&eacute;tablir le sens communautaire sans d&eacute;mentir la pertinence de l&rsquo;existence et de l&rsquo;action individuelles<sup><a href="#nbp_88" id="note_88" name="lien_nbp_88" title="Aller à la note de bas de page n°88">88</a></sup>.</q></p> <p>&nbsp;C&rsquo;est l&agrave;, sans doute, la d&eacute;finition la plus compl&egrave;te de l&rsquo;unanimisme, puisqu&rsquo;elle tient compte &agrave; la fois de la dialectique individu/groupe qui l&rsquo;anime, et du double geste conjointement &eacute;pist&eacute;mologique et cr&eacute;ateur qu&rsquo;il accomplit. L&rsquo;unanimisme, donc, est d&eacute;finissable d&rsquo;un point de vue &laquo;&nbsp;th&eacute;matique&nbsp;&raquo;, mais beaucoup moins d&rsquo;un point de vue &laquo;&nbsp;g&eacute;n&eacute;rique&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;&eacute;nonciati[f]<sup><a href="#nbp_89" id="note_89" name="lien_nbp_89" title="Aller à la note de bas de page n°89">89</a></sup>&nbsp;&raquo;. Dominique Viart donne pourtant une description d&eacute;finitoire de l&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;unanimisme romanesque&nbsp;&raquo; qui, tout en restant g&eacute;n&eacute;rale, indique de mani&egrave;re judicieuse la comp&eacute;n&eacute;tration des &eacute;l&eacute;ments po&eacute;tique et social chez Jules Romains&nbsp;: &laquo;&nbsp;l&rsquo;unanimisme romanesque appara&icirc;t [&hellip;] comme la tentative d&rsquo;une narration sociographique<sup><a href="#nbp_90" id="note_90" name="lien_nbp_90" title="Aller à la note de bas de page n°90">90</a></sup>.&nbsp;&raquo; Plusieurs contributions du volume s&rsquo;attachent ensuite &agrave; d&eacute;crire la fortune non seulement du simultan&eacute;isme (qui, r&eacute;p&eacute;tons-le, conna&icirc;t ses heures de gloire avec Dos Passos et Sartre, mais qui inspire aussi Musil), mais &eacute;galement de l&rsquo;unanimisme, qui &laquo;&nbsp;n&rsquo;est pas un vain mot<sup><a href="#nbp_91" id="note_91" name="lien_nbp_91" title="Aller à la note de bas de page n°91">91</a></sup>&nbsp;&raquo; chez Michel Butor, et dont Galthworthy &eacute;prouve &laquo;&nbsp;la tentation<sup><a href="#nbp_92" id="note_92" name="lien_nbp_92" title="Aller à la note de bas de page n°92">92</a></sup>&nbsp;&raquo;. Car c&rsquo;est l&agrave;, nous y revenons, l&rsquo;une des fa&ccedil;ons les plus complexes et les plus vivantes dont les concepts ou les conceptions voyagent&nbsp;: ils sont appliqu&eacute;s, pratiqu&eacute;s, r&eacute;investis.</p> <p>Nombreux sont les critiques bien intentionn&eacute;s dont nous n&rsquo;avons pas pu citer le travail, depuis Madeleine Berry, dont le&nbsp;<em>Jules Romains</em><sup><a href="#nbp_93" id="note_93" name="lien_nbp_93" title="Aller à la note de bas de page n°93">93</a></sup>&nbsp;aux &Eacute;ditions universitaires fut pr&eacute;fac&eacute; par celui dont elle parlait lui-m&ecirc;me, jusqu&rsquo;&agrave; Olivier Rony, ayant-droit de bonne volont&eacute; et de grande &eacute;rudition. Nous aurions pu nous r&eacute;f&eacute;rer aussi, parmi les &eacute;crivains qui se sont laiss&eacute; discr&egrave;tement influencer par Romains, &agrave; Alfred D&ouml;blin, ou m&ecirc;me &agrave; Claude Simon&hellip; La place nous a fait d&eacute;faut pour les convoquer tous, mais nous avons tent&eacute; de montrer &agrave; quel point le concept d&rsquo;unanime et la conception unanimiste &eacute;taient mobiles. La carri&egrave;re de l&rsquo;unanime et de l&rsquo;unanimisme illustre ainsi &agrave; notre sens de multiples types de voyages conceptuels&nbsp;: la formation d&rsquo;un concept, qui peut &eacute;maner &agrave; la fois d&rsquo;une exp&eacute;rience imm&eacute;diate du monde et d&rsquo;une r&eacute;flexion nourrie par des lectures&nbsp;; la m&eacute;tamorphose progressive d&rsquo;un concept dans l&rsquo;esprit et dans l&rsquo;&oelig;uvre de son cr&eacute;ateur, m&eacute;tamorphose qui d&eacute;pend, au moins en partie, de facteurs historiques et biographiques&nbsp;; la combinaison, rendue possible par un changement de l&rsquo;ordre social, de deux concepts contradictoires&nbsp;; la condensation d&rsquo;un concept latent &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur d&rsquo;une discipline&nbsp;; l&rsquo;&eacute;change conceptuel permanent entre deux disciplines&nbsp;; le passage, par d&eacute;duction, du concept au m&eacute;ta-concept, ou du concept &agrave; la conception&nbsp;; le passage du concept et de la conception &agrave; une technique litt&eacute;raire qui les transcrit, et qui peut &ecirc;tre par la suite exploit&eacute;e par des &eacute;crivains qui se sont absolument d&eacute;tach&eacute;s de la conception originelle&nbsp;; la prise en main, par une discipline critique, d&rsquo;un concept, d&rsquo;un m&eacute;ta-concept ou d&rsquo;une conception qui se voient d&eacute;pouill&eacute;s de certains de leurs &eacute;l&eacute;ments constitutifs pour n&rsquo;&ecirc;tre plus &eacute;tudi&eacute;s qu&rsquo;en fonction des aspects qui leur assurent une parent&eacute; avec d&rsquo;autres objets dont le discours critique s&rsquo;occupe&nbsp;; la vulgarisation du concept, du m&eacute;ta-concept ou de la conception, qui se trouvent simplifi&eacute;s et parfois d&eacute;form&eacute;s &agrave; l&rsquo;usage du grand public&nbsp;; la tentative de description et/ou de d&eacute;finition pluri-dimensionnelle du concept, du m&eacute;ta-concept ou de la conception &agrave; laquelle se livre une critique strictement sp&eacute;cialis&eacute;e&nbsp;; enfin, le r&eacute;investissement pratique de la conception issue du concept par ceux qui entreprennent de l&rsquo;exploiter en litt&eacute;rature, ou plus simplement de la vivre.</p> <hr /> <h2>Notes et r&eacute;f&eacute;rences</h2> <p><a href="#lien_nbp_1" name="nbp_1">1 </a>&laquo;&nbsp;Unanime&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Le Tr&eacute;sor de la langue fran&ccedil;aise informatis&eacute;</em>, [en ligne],&nbsp;<a href="http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=1570905825">http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=1570905825</a>&nbsp;[consult&eacute; le 9 juin 2015].</p> <p><a href="#lien_nbp_2" name="nbp_2">2 </a>Jules Romains,&nbsp;<em>Un &Ecirc;tre en marche</em>, Paris, Mercure de France, 1910.</p> <p><a href="#lien_nbp_3" name="nbp_3">3 </a>Jules Romains,&nbsp;<em>Puissances de Paris</em>, Paris, Figui&egrave;re, 1911.</p> <p><a href="#lien_nbp_4" name="nbp_4">4 </a>Jules Romains,&nbsp;<em>Mort de quelqu&rsquo;un</em>, Paris, Figui&egrave;re, 1911.</p> <p><a href="#lien_nbp_5" name="nbp_5">5 </a>Jules Romains,&nbsp;<em>Psych&eacute;</em>, Paris, Gallimard, 1922-1929.</p> <p><a href="#lien_nbp_6" name="nbp_6">6 </a>Jules Romains,&nbsp;<em>Fran&ccedil;oise</em>&nbsp;(<em>Les Hommes de bonne volont&eacute;</em>, tome&nbsp;XXVI), Paris, Flammarion, 1946, p.&nbsp;64.</p> <p><a href="#lien_nbp_7" name="nbp_7">7 </a>Voir Jules Romains,&nbsp;<em>Le Tapis magique</em>&nbsp;(<em>Les Hommes de bonne volont&eacute;</em>, tome&nbsp;XXV), Paris, Flammarion, 1946, p.&nbsp;58-66.</p> <p><a href="#lien_nbp_8" name="nbp_8">8 </a>Ces deux fictions sont rassembl&eacute;es sous le titre&nbsp;<em>Violation de fronti&egrave;res</em>, Paris, Flammarion, 1951.</p> <p><a href="#lien_nbp_9" name="nbp_9">9 </a>Jules Romains, &laquo;&nbsp;Pr&eacute;face de 1925&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>La Vie unanime</em>, Paris, Gallimard, 1983, p.&nbsp;29.</p> <p><a href="#lien_nbp_10" name="nbp_10">10 </a>Jules Romains, &laquo;&nbsp;Petite introduction &agrave; l&rsquo;unanimisme&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Probl&egrave;mes d&rsquo;aujourd&rsquo;hui</em>, Paris, Kra, 1931, p.&nbsp;172.</p> <p><a href="#lien_nbp_11" name="nbp_11">11&nbsp;</a><em>Ibidem</em>.</p> <p><a href="#lien_nbp_12" name="nbp_12">12 </a>Anna Boschetti,&nbsp;<em>Ismes&nbsp;: Du r&eacute;alisme au postmodernisme</em>&nbsp;[en ligne], Paris, CNRS &Eacute;ditions, 2014, version sans pagination disponible en ligne&nbsp;:&nbsp;<a href="https://books.google.fr/books?id=VXOVAwAAQBAJ&amp;printsec=frontcover&amp;dq=#v=onepage&amp;q&amp;f=false">https://books.google.fr/books?id=VXOVAwAAQBAJ&amp;printsec=frontcover&amp;dq=#v=onepage&amp;q&amp;f=false</a></p> <p><a href="#lien_nbp_13" name="nbp_13">13 </a>Victor Hugo,&nbsp;<em>Les Mis&eacute;rables</em>, volume&nbsp;II, Paris, Gallimard, 1973, p.&nbsp;79.</p> <p><a href="#lien_nbp_14" name="nbp_14">14 </a>On pourra consulter (entre autres ouvrages)&nbsp;: Gustave Le Bon,&nbsp;<em>La Psychologie des foules</em>, 1895 (l&rsquo;&eacute;dition &eacute;lectronique de l&rsquo;UQAC est disponible en ligne&nbsp;:&nbsp;<a href="http://dx.doi.org/doi:10.1522/cla.leg.psy2">http://dx.doi.org/doi:10.1522/cla.leg.psy2</a>)&nbsp;; et Gabriel Tarde,&nbsp;<em>L&rsquo;Opinion et la foule</em>, 1901 (l&rsquo;&eacute;dition de l&rsquo;UQAC est de m&ecirc;me accessible en ligne&nbsp;:&nbsp;<a href="http://dx.doi.org/doi:10.1522/cla.sif.tag.opi">http://dx.doi.org/doi:10.1522/cla.sif.tag.opi</a>).</p> <p><a href="#lien_nbp_15" name="nbp_15">15 </a>Dans sa th&egrave;se consacr&eacute;e aux romans-fleuves du premier XX<sup>&egrave;</sup>&nbsp;si&egrave;cle fran&ccedil;ais (parmi lesquels&nbsp;<em>Les Hommes de bonne volont&eacute;</em>), Aude Leblond d&eacute;taille le d&eacute;veloppement des concepts de foule et de public, de Le Bon &agrave; Freud. Nous nous appuierons donc sur son travail. Voir Aude Leblond, &laquo;&nbsp;Po&eacute;tique du roman-fleuve, de Jean-Christophe &agrave; Maumort&nbsp;&raquo;, th&egrave;se de doctorat, Universit&eacute; de la Sorbonne nouvelle &ndash; Paris III, 2010, p.&nbsp;273.</p> <p><a href="#lien_nbp_16" name="nbp_16">16&nbsp;</a><em>Ibid.</em>, p.&nbsp;271.</p> <p><a href="#lien_nbp_17" name="nbp_17">17 </a>Sigmund Freud,&nbsp;<em>Malaise dans la culture</em>, traduction de P. Cotet, R. Lain&eacute; et J. Stute-Cadiot, Paris, PUF, coll. &laquo;&nbsp;Quadrige&nbsp;&raquo;, 1995.</p> <p><a href="#lien_nbp_18" name="nbp_18">18 </a>Voir Sigmund Freud,&nbsp;<em>Essais de psychanalyse</em>, traduction de S. Jank&eacute;l&eacute;vitch, Paris, Petite Biblioth&egrave;que Payot, 1963, p.&nbsp;83 et suivantes.</p> <p><a href="#lien_nbp_19" name="nbp_19">19 </a>Aude Leblond,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;280.</p> <p><a href="#lien_nbp_20" name="nbp_20">20&nbsp;</a><em>Ibid</em>., p.&nbsp;278.</p> <p><a href="#lien_nbp_21" name="nbp_21">21 </a>Paul Souday, &laquo;&nbsp;L&rsquo;Unanimisme de M. Jules Romains&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Les Livres du temps&nbsp;: deuxi&egrave;me s&eacute;rie</em>, Paris,&nbsp;&Eacute;ditions &Eacute;mile-Paul Fr&egrave;res,&nbsp;1929, p.&nbsp;398.</p> <p><a href="#lien_nbp_22" name="nbp_22">22 </a>&Eacute;mile Henriot, &laquo;&nbsp;L&rsquo;Unanimisme et ses alentours&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>&Agrave; quoi r&ecirc;vent les jeunes gens&nbsp;: enqu&ecirc;te sur la jeunesse litt&eacute;raire</em>, Paris, Honor&eacute; et &Eacute;douard Champion, 1913, p.&nbsp;35.</p> <p><a href="#lien_nbp_23" name="nbp_23">23 </a>Aude Leblond,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;229.</p> <p><a href="#lien_nbp_24" name="nbp_24">24 </a>Jules Romains,&nbsp;<em>Le Colloque de novembre</em>, Paris, Flammarion, 1946, p.&nbsp;16.</p> <p><a href="#lien_nbp_25" name="nbp_25">25 </a>Aude Leblond,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;229.</p> <p><a href="#lien_nbp_26" name="nbp_26">26 </a>Jules Romains, &laquo;&nbsp;Petite introduction &agrave; l&rsquo;unanimisme&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;164.</p> <p><a href="#lien_nbp_27" name="nbp_27">27 </a>David Shew Wilson, &laquo;&nbsp;L&rsquo;&Acirc;me diffuse&nbsp;: The Ethics of Jules Romains&nbsp;&raquo;, m&eacute;moire de master, Montana State University, 1958.</p> <p><a href="#lien_nbp_28" name="nbp_28">28</a> Rom&eacute;o Arbour,&nbsp;<em>Henri Bergson et les lettres fran&ccedil;aises</em>, Paris, Jos&eacute; Corti, 1955.</p> <p><a href="#lien_nbp_29" name="nbp_29">29</a> E.&nbsp;Zeisel, &laquo;&nbsp;Jules Romains und Henri Bergson&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Das Litterarische Echo</em>, XX (1917-1918), Berlin, F. Fontane, p.&nbsp;83-87.</p> <p><a href="#lien_nbp_30" name="nbp_30">30 </a>&Eacute;mile Verhaeren, &laquo;&nbsp;La Ville&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Les Campagnes hallucin&eacute;es</em>, suivi de&nbsp;<em>Les Villes tentaculaires</em>, Paris, Gallimard, 1982, p.&nbsp;21-24.</p> <p><a href="#lien_nbp_31" name="nbp_31">31 </a>Jules Romains,&nbsp;<em>La Vie unanime</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;82.</p> <p><a href="#lien_nbp_32" name="nbp_32">32 </a>&Eacute;mile Verhaeren,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;24.</p> <p><a href="#lien_nbp_33" name="nbp_33">33 </a>Jules Romains,&nbsp;<em>La Vie unanime</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;82.</p> <p><a href="#lien_nbp_34" name="nbp_34">34&nbsp;</a><em>Ibid</em>., p.&nbsp;83.</p> <p><a href="#lien_nbp_35" name="nbp_35">35 </a>Jules Romains,&nbsp;<em>Puissances de Paris</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;121.</p> <p><a href="#lien_nbp_36" name="nbp_36">36&nbsp;</a><em>Ibidem</em>.</p> <p><a href="#lien_nbp_37" name="nbp_37">37&nbsp;</a><em>Ibid</em>., p.&nbsp;122.</p> <p><a href="#lien_nbp_38" name="nbp_38">38 </a>Jules Romains,&nbsp;<em>Premier livre de pri&egrave;res</em>, Paris, Vers et prose, 1909.</p> <p><a href="#lien_nbp_39" name="nbp_39">39 </a>Jules Romains,&nbsp;<em>Le Voyage des amants</em>, Paris, &Eacute;ditions de la&nbsp;<em>Nouvelle Revue Fran&ccedil;aise</em>, 1920, p.&nbsp;65-66.</p> <p><a href="#lien_nbp_40" name="nbp_40">40 </a>Jules Romains,&nbsp;<em>Saints de notre calendrier</em>, Paris, Flammarion, 1952, p.&nbsp;246.</p> <p><a href="#lien_nbp_41" name="nbp_41">41 </a>Anna Boschetti,&nbsp;<em>op.cit</em>.</p> <p><a href="#lien_nbp_42" name="nbp_42">42 </a>Jules Romains, &laquo;&nbsp;La G&eacute;n&eacute;ration nouvelle et son unit&eacute;&nbsp;&raquo;,<em>&nbsp;Nouvelle Revue Fran&ccedil;aise</em>, n&deg; 7 (ao&ucirc;t 1909), p.&nbsp;30-39.</p> <p><a href="#lien_nbp_43" name="nbp_43">43 </a>Jules Romains, &laquo;&nbsp;Petite introduction &agrave; l&rsquo;unanimisme&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;157-158.</p> <p><a href="#lien_nbp_44" name="nbp_44">44&nbsp;</a><em>Ibid</em>., p.&nbsp;157.</p> <p><a href="#lien_nbp_45" name="nbp_45">45 </a>Jules Romains,&nbsp;<em>Puissances de Paris</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;124.</p> <p><a href="#lien_nbp_46" name="nbp_46">46 </a>Eva-Karin Josefson, &laquo;&nbsp;L&rsquo;Unanimisme en Su&egrave;de &ndash; introducteurs scandinaves et &eacute;crivains su&eacute;dois&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Germanica</em>, n&deg; 34 (2004), p.&nbsp;71-85.</p> <p><a href="#lien_nbp_47" name="nbp_47">47 </a>Voir Dominique Viart [dir.],&nbsp;<em>Jules Romains et les &eacute;critures de la simultan&eacute;it&eacute;</em>, Villeneuve-d&rsquo;Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 1996.</p> <p><a href="#lien_nbp_48" name="nbp_48">48 </a>&Eacute;mile Henriot,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;35.</p> <p><a href="#lien_nbp_49" name="nbp_49">49 </a>V&eacute;ronique Klauber, &laquo;&nbsp;Unanimisme,&nbsp;litt&eacute;rature&nbsp;&raquo;, Encyclop&aelig;dia Universalis, [en ligne].&nbsp;<a href="http://www.universalis.fr/encyclopedie/unanimisme-litterature">http://www.universalis.fr/encyclopedie/unanimisme-litterature</a>&nbsp;[consult&eacute; le 9 juin 2015].</p> <p><a href="#lien_nbp_50" name="nbp_50">50 </a>Serge Fauchereau,&nbsp;<em>Expressionnisme, dada, surr&eacute;alisme et autres ismes</em>, Paris, Deno&euml;l, 2001.</p> <p><a href="#lien_nbp_51" name="nbp_51">51 </a>L&eacute;on Somville,&nbsp;<em>Devanciers du surr&eacute;alisme:&nbsp;les groupes d&rsquo;avant-garde et le mouvement po&eacute;tique</em>, 1912-1925, Gen&egrave;ve, Droz, 1971, p.&nbsp;140.</p> <p><a href="#lien_nbp_52" name="nbp_52">52 </a>Jean Weisberger,&nbsp;<em>Les Avant-gardes litt&eacute;raires au XX<sup>&egrave;</sup>&nbsp;si&egrave;cle</em>, volume&nbsp;I, Amsterdam, John Benjamins Publishing, 1986, p.&nbsp;297.</p> <p><a href="#lien_nbp_53" name="nbp_53">53 </a>Robert Sabatier,&nbsp;<em>Histoire de la po&eacute;sie fran&ccedil;aise du XX<sup>&egrave;</sup>&nbsp;si&egrave;cle</em>, volume&nbsp;I, Paris, Albin Michel, 1982, p.&nbsp;77.</p> <p><a href="#lien_nbp_54" name="nbp_54">54 </a>Jules Romains,&nbsp;<em>Sept myst&egrave;res du destin de l&rsquo;Europe</em>, New-York, &Eacute;ditions de la maison fran&ccedil;aise, 1940, p.&nbsp;208.</p> <p><a href="#lien_nbp_55" name="nbp_55">55 </a>Koenraad Geldof, &laquo;&nbsp;Le Roman unanimiste ou le risque de narrer&nbsp;: pr&eacute;sence du marxisme dans&nbsp;<em>Les Hommes de bonne volont&eacute;</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Probl&egrave;mes europ&eacute;ens</em>&nbsp;de Jules Romains&nbsp;&raquo;, dans Dominique Viart [dir.],&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;90.</p> <p><a href="#lien_nbp_56" name="nbp_56">56 </a>Ces termes sont de G&eacute;rard Serv&egrave;ze. Voir &agrave; ce propos la&nbsp;<em>Correspondance Andr&eacute; Gide &ndash; Jules Romains</em>, Paris, Flammarion, 1976, p.&nbsp;196.</p> <p><a href="#lien_nbp_57" name="nbp_57">57 </a>Voir &Eacute;tiemble, &laquo;&nbsp;Jules Romains ou Le Danger de la d&eacute;ification&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Hygi&egrave;ne des lettres</em>, Paris, Gallimard, 1952, p.&nbsp;125-137</p> <p><a href="#lien_nbp_58" name="nbp_58">58 </a>Zina&iuml;da Schakovskoy,&nbsp;<em>&Agrave; la recherche de Nabokov</em>, Paris, L&rsquo;&Acirc;ge d&rsquo;homme, 2007, p.&nbsp;45.</p> <p><a href="#lien_nbp_59" name="nbp_59">59 </a>Jules Romains,&nbsp;<em>Ai-je fait ce que j&rsquo;ai voulu&nbsp;?</em>, Paris, Wesmael-Charlier, 1964, p.&nbsp;75.</p> <p><a href="#lien_nbp_60" name="nbp_60">60 </a>Ben Stoltzfus, &laquo;&nbsp;Georges Chennevi&egrave;re et l&rsquo;unanimisme (1884-1927)&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Revue des Lettres modernes</em>, n&deg; 111-113 (1965), p.&nbsp;34.</p> <p><a href="#lien_nbp_61" name="nbp_61">61 </a>Albert Thibaudet, &laquo;&nbsp;Unanimisme&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>R&eacute;flexions sur la litt&eacute;rature</em>, Paris, Gallimard, 2007, p.&nbsp;559-560.</p> <p><a href="#lien_nbp_62" name="nbp_62">62&nbsp;</a><em>Ibid</em>., p.&nbsp;562.</p> <p><a href="#lien_nbp_63" name="nbp_63">63&nbsp;</a><em>Ibid</em>., p.&nbsp;564.</p> <p><a href="#lien_nbp_64" name="nbp_64">64&nbsp;</a><em>Ibidem</em>.</p> <p><a href="#lien_nbp_65" name="nbp_65">65 </a>Paul Souday,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;401.</p> <p><a href="#lien_nbp_66" name="nbp_66">66&nbsp;</a><em>Ibid</em>., p.&nbsp;403.</p> <p><a href="#lien_nbp_67" name="nbp_67">67&nbsp;</a><em>Ibid</em>., p.&nbsp;402-403.</p> <p><a href="#lien_nbp_68" name="nbp_68">68&nbsp;</a><em>Ibid</em>., p.&nbsp;400.</p> <p><a href="#lien_nbp_69" name="nbp_69">69&nbsp;</a><em>Ibid</em>., p.&nbsp;401.</p> <p><a href="#lien_nbp_70" name="nbp_70">70 </a>Jules Romains, &laquo;&nbsp;Petite introduction &agrave; l&rsquo;unanimisme&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;152.</p> <p><a href="#lien_nbp_71" name="nbp_71">71 </a>&laquo;&nbsp;Unanimisme&nbsp;&raquo;, dans Le Dictionnaire Larousse, [en ligne]&nbsp;<a href="http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/unanimisme/80520">http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/unanimisme/80520</a>&nbsp;[consult&eacute; le 9 juin 2015].</p> <p><a href="#lien_nbp_72" name="nbp_72">72 </a>&laquo;&nbsp;Unanimisme&nbsp;&raquo;, dans Le Tr&eacute;sor de la langue fran&ccedil;aise informatis&eacute;, [en ligne].&nbsp;<a href="http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=3258837780">http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=3258837780</a>; [consult&eacute; le 9 juin 2015].</p> <p><a href="#lien_nbp_73" name="nbp_73">73 </a>&laquo;&nbsp;Unanimismus&nbsp;&raquo;, dans Wissen.de, [en ligne].&nbsp;<a href="http://www.wissen.de/lexikon/unanimismus">http://www.wissen.de/lexikon/unanimismus</a>&nbsp;[consult&eacute; le 9 juin 2015].</p> <p><a href="#lien_nbp_74" name="nbp_74">74 </a>&laquo;&nbsp;Unanimismo&nbsp;&raquo;, dans Dicio, [en ligne].&nbsp;<a href="http://www.dicio.com.br/unanimismo/">http://www.dicio.com.br/unanimismo/</a>&nbsp;[consult&eacute; le 9 juin 2015].</p> <p><a href="#lien_nbp_75" name="nbp_75">75 </a>&laquo;&nbsp;Unanimismo&nbsp;&raquo;, dans Dizionario italiano De Mauro, [en ligne].&nbsp;<a href="http://dizionario.internazionale.it/parola/unanimismo">http://dizionario.internazionale.it/parola/unanimismo</a>&nbsp;[consult&eacute; le 9 juin 2015].</p> <p><a href="#lien_nbp_76" name="nbp_76">76 </a>Aude Leblond,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;41.</p> <p><a href="#lien_nbp_77" name="nbp_77">77&nbsp;</a><em>Ibid</em>., p.&nbsp;202.</p> <p><a href="#lien_nbp_78" name="nbp_78">78&nbsp;</a><em>Ibid</em>., p.&nbsp;224.</p> <p><a href="#lien_nbp_79" name="nbp_79">79&nbsp;</a><em>Ibid</em>., p.&nbsp;286.</p> <p><a href="#lien_nbp_80" name="nbp_80">80 </a>Christian Donadille, &laquo;&nbsp;Le Refus des embl&egrave;mes et du dogme chr&eacute;tiens dans&nbsp;<em>Mort de quelqu&rsquo;un</em>&nbsp;(1911)&nbsp;&raquo;, dans Dominique Viart [dir.],&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;107-124</p> <p><a href="#lien_nbp_81" name="nbp_81">81 </a>Aude Leblond,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;247.</p> <p><a href="#lien_nbp_82" name="nbp_82">82&nbsp;</a><em>Ibid</em>., p.&nbsp;230.</p> <p><a href="#lien_nbp_83" name="nbp_83">83&nbsp;</a><em>Ibid</em>., p.&nbsp;307.</p> <p><a href="#lien_nbp_84" name="nbp_84">84&nbsp;</a><em>Ibid</em>., p.&nbsp;273.</p> <p><a href="#lien_nbp_85" name="nbp_85">85 </a>Dominique Viart, &laquo;&nbsp;Introduction &ndash; Jules Romains, l&rsquo;unanimisme et la simultan&eacute;it&eacute; narrative&nbsp;&raquo;, dans Dominique Viart [dir.],&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;11.</p> <p><a href="#lien_nbp_86" name="nbp_86">86 </a>No&euml;l Martin-Deslias,&nbsp;<em>Jules Romains (ou Quand les hommes de bonne volont&eacute; se cherchent)</em>, Paris, Nagel, 1951, p.&nbsp;33.</p> <p><a href="#lien_nbp_87" name="nbp_87">87 </a>Koenraad Geldof, &laquo;&nbsp;Le Roman unanimiste ou le risque de narrer&nbsp;: pr&eacute;sence du marxisme dans&nbsp;<em>Les Hommes de bonne volont&eacute;</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Probl&egrave;mes europ&eacute;ens</em>&nbsp;de Jules Romains&nbsp;&raquo;, dans Dominique Viart [dir.],&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;69.</p> <p><a href="#lien_nbp_88" name="nbp_88">88&nbsp;</a><em>Ibid</em>., p.&nbsp;70.</p> <p><a href="#lien_nbp_89" name="nbp_89">89&nbsp;</a><em>Ibid</em>., p.&nbsp;70-71.</p> <p><a href="#lien_nbp_90" name="nbp_90">90 </a>Dominique Viart, &laquo;&nbsp;Introduction &ndash; Jules Romains, l&rsquo;unanimisme et la simultan&eacute;it&eacute; narrative&nbsp;&raquo;, dans Dominique Viart [dir.],&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;11.</p> <p><a href="#lien_nbp_91" name="nbp_91">91&nbsp;</a><em>Ibid</em>., p.&nbsp;16.</p> <p><a href="#lien_nbp_92" name="nbp_92">92 </a>Bernard Jacquin, &laquo;&nbsp;La Tentation de l&rsquo;unanimisme chez Galsworthy&nbsp;&raquo;, dans Dominique Viart [dir.],&nbsp;<em>op. cit</em>., pp.&nbsp;237-248.</p> <p><a href="#lien_nbp_93" name="nbp_93">93 </a>Madeleine Berry,&nbsp;<em>Jules Romains</em>, Paris, &Eacute;ditions Universitaires, 1959.</p>