<h2>1.<strong>L’unanime : les métamorphoses d’un concept</strong></h2>
<p>Le concept d’unanime est l’œuvre de Jules Romains : le terme désigne toutes les formes collectives d’individualité, tous les groupes doués d’une vie organique et d’une sensibilité semblables à celles de la personne humaine. Le mot lui-même, bien sûr, est bien plus ancien ; mais Romains pour autant ne s’est pas privé de toute innovation lexicale : car c’est lui qui a élevé l’unanime à la dignité de substantif, et cet emploi est si peu fréquent que les dictionnaires, aujourd’hui encore, hésitent à l’accueillir. Tout juste trouve-t-on la mention de l’emploi spécial que Romains fait du mot, et d’ailleurs la définition donnée est très inexacte : « Sentiment collectif propre à un milieu<span style="font-size: 13.3333px;"> </span>», nous dit le <em>Trésor de la langue française</em>. Passe encore pour le « milieu » (à condition de ne pas entendre le terme dans un sens strictement social, et de considérer que tout ce qui réunit, essentiellement ou circonstanciellement, de manière durable ou éphémère, plusieurs individus, est un « milieu »). Mais l’unanime n’est pas un sentiment collectif, c’est un être (doué de sentiment, il est vrai).</p>