<p>La litt&eacute;rature de jeunesse est toujours soumise au contexte de sa production et de sa r&eacute;ception. En cela, il semble que les caract&eacute;ristiques constitutives de l&rsquo;&oelig;uvre &ndash; l&rsquo;intrigue, la construction des personnages, le discours &ndash; ne peuvent &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;es ind&eacute;pendamment de son destinataire suppos&eacute;. Concernant la litt&eacute;rature pour jeunes adultes, l&rsquo;enjeu premier est de tenter de d&eacute;terminer l&rsquo;&eacute;tendue du public vis&eacute;, parall&egrave;lement au public adolescent, d&eacute;j&agrave; largement vis&eacute; par l&rsquo;&eacute;dition jeunesse et qui ne semble par cons&eacute;quent pouvoir &ecirc;tre exclu de cette &eacute;tude. A l&rsquo;oppos&eacute;, m&ecirc;me s&rsquo;il faut constater que de nombreux adultes lisent des romans pour adolescents ou jeunes adultes, il ne peut s&rsquo;agir d&rsquo;un &eacute;l&eacute;ment constitutif d&rsquo;une possible d&eacute;finition de ces genres, dans la mesure o&ugrave; toute &oelig;uvre jeunesse aura toujours une vis&eacute;e de lecture par l&rsquo;adulte, que ce soit dans un objectif de plaisir, de prescription ou de recherche. Mais l&rsquo;&acirc;ge du lectorat-cible n&rsquo;importe pas tant dans ses limites que dans le fondement de cette d&eacute;marche &eacute;ditoriale.</p> <p>Par ailleurs, il s&rsquo;agira d&rsquo;observer les codes narratifs et &eacute;ditoriaux auxquels appartiennent ces romans, afin de tenter de d&eacute;finir un ensemble de crit&egrave;res marquant l&rsquo;appartenance de ces titres &agrave; la litt&eacute;rature de jeunesse. A quoi doit-on la cat&eacute;gorisation de collections historiquement destin&eacute;es aux adolescents telles que &laquo;&nbsp;Macadam&nbsp;&raquo; chez Milan Jeunesse, &laquo;&nbsp;Wiz&nbsp;&raquo; chez Albin Michel Jeunesse ou encore &laquo;&nbsp;doAdo&nbsp;&raquo; aux &Eacute;ditions du Rouergue en litt&eacute;rature pour jeunes adultes&nbsp;? De m&ecirc;me, pourquoi un auteur tel que John Green, v&eacute;ritable portraitiste de l&rsquo;adolescence, voit aujourd&rsquo;hui ses romans redirig&eacute;s vers un public de jeunes adultes&nbsp;?</p> <p>L&rsquo;ampleur de ce ph&eacute;nom&egrave;ne &eacute;ditorial se mesure ainsi par cette redirection pr&eacute;m&eacute;dit&eacute;e de tout un pan de la litt&eacute;rature de jeunesse vers un public plus large et plus &acirc;g&eacute; d&rsquo;une part, et d&rsquo;autre part par l&rsquo;approbation de ce m&ecirc;me public, marqu&eacute;e par la pr&eacute;dominance de ces romans dans les meilleures ventes litt&eacute;raires. Cette l&eacute;gitimation passe &eacute;galement par les prescripteurs habituels&nbsp;&ndash; biblioth&eacute;caires, libraires, enseignants &ndash;, mais ceux-ci semblent en partie supplant&eacute;s par l&rsquo;appropriation du concept de transm&eacute;dialit&eacute; par ces jeunes publics eux-m&ecirc;mes. Ainsi, si la notion d&rsquo;une litt&eacute;rature &agrave; destination d&rsquo;un lectorat de jeunes adultes n&rsquo;est pas nouvelle, elle pose toujours question quant &agrave; sa place r&eacute;elle dans le monde de l&rsquo;&eacute;dition francophone.</p> <p>&nbsp;</p> <h2><strong>1. Litt&eacute;rature pour jeunes adultes&nbsp;: une passerelle symbolique</strong></h2> <p>&nbsp;</p> <p>Apr&egrave;s avoir &eacute;t&eacute; un adulte comme les autres, l&rsquo;adolescent, dans les soci&eacute;t&eacute;s contemporaines occidentales, a pris une place de plus en plus importante, et ce ph&eacute;nom&egrave;ne se r&eacute;v&egrave;le notamment dans la prise en compte de ce public dans les productions litt&eacute;raires. C&rsquo;est dans la premi&egrave;re moiti&eacute; du XX<sup>e</sup> si&egrave;cle que les premi&egrave;res collections et premiers titres sont publi&eacute;s &agrave; l&rsquo;attention des lecteurs adolescents, &agrave; commencer par &laquo;&nbsp;La Biblioth&egrave;que verte&nbsp;&raquo; chez Hachette en 1923, au d&eacute;part plut&ocirc;t tourn&eacute;e vers les r&eacute;&eacute;ditions de classiques, ou encore &laquo;&nbsp;Signe de piste&nbsp;&raquo; en 1937, initi&eacute;e par le mouvement scout et fond&eacute;e autour du roman d&rsquo;aventure. L&rsquo;apr&egrave;s-guerre voit ensuite l&rsquo;essor des romans de science-fiction et policiers. Une nouvelle collection aussi voit le jour &laquo;&nbsp;Marabout Junior&nbsp;&raquo;, essentiellement connue pour avoir lanc&eacute; la s&eacute;rie <em>Bob Morane</em>. Par la suite, un &eacute;lan important s&rsquo;&eacute;tendant sur les ann&eacute;es 1960 &agrave; 1980 voit le jour, initiant les jeunes lecteurs aux romans aux th&eacute;matiques sociales. La publication aux &Eacute;tats-Unis en 1951 de <em>L&rsquo;Attrape-C&oelig;ur</em> de J.D. Salinger, et l&rsquo;apparition de son personnage Holden Caulfield, semble &ecirc;tre &agrave; l&rsquo;origine de ce nouveau courant. Son h&eacute;ros, un jeune homme de 17 ans, est un personnage en errance, seul et d&eacute;sorient&eacute;, impulsif et fascin&eacute; par la sexualit&eacute;. En dessinant le portrait d&rsquo;un adolescent &agrave; travers son milieu social et en explorant sa conscience, l&rsquo;auteur initie un genre diff&eacute;rent qui tourne autour de th&egrave;mes difficiles en lien direct avec la soci&eacute;t&eacute; et per&ccedil;u par le regard imm&eacute;diat du jeune h&eacute;ros. Bien que d&rsquo;abord destin&eacute; &agrave; un public adulte, ce texte est g&eacute;n&eacute;ralement pr&eacute;sent&eacute; comme le roman-source des <em>problem novels,</em> qui s&rsquo;attachent &agrave; traiter des th&egrave;mes tels que la drogue, la mort, la sexualit&eacute;, l&rsquo;homosexualit&eacute;, les conflits familiaux ou les difficult&eacute;s sociales et &eacute;motionnelles, &agrave; travers le point de vue d&rsquo;un protagoniste adolescent. Cette cat&eacute;gorie d&rsquo;&oelig;uvres, d&eacute;sormais nomm&eacute;es &laquo;&nbsp;romans-miroir&nbsp;&raquo;, s&rsquo;impose au fil des d&eacute;cennies.</p> <p>De nombreuses collections continuent de voir le jour, proposant une gamme de romans r&eacute;alistes mais aussi issus de l&rsquo;imaginaire, et donnant ainsi une nouvelle forme au roman d&rsquo;apprentissage, cherchant &agrave; mettre en sc&egrave;ne des adolescents &agrave; un moment charni&egrave;re de leur existence, face &agrave; des &eacute;v&egrave;nements &ndash; plus ou moins tragiques &ndash; d&rsquo;un quotidien contemporain ou pass&eacute;, ou d&rsquo;un autre monde. Cette fin de XXe si&egrave;cle a vu de grands &eacute;diteurs s&rsquo;int&eacute;resser nouvellement &agrave; ce public, tels que Thierry Magnier (<em>Romans adolescents</em>), Gallimard Jeunesse (<em>Scripto</em>), Flammarion Jeunesse (<em>Tribal</em>), Le Rouergue Jeunesse (<em>doAdo</em>).</p> <p>La notion de litt&eacute;rature pour jeunes adultes, quant &agrave; elle, n&rsquo;a &eacute;t&eacute; adopt&eacute;e par l&rsquo;&eacute;dition fran&ccedil;aise que tr&egrave;s r&eacute;cemment, &agrave; la suite des pays anglo-saxons qui s&rsquo;int&eacute;ressent &agrave; ce public &eacute;largi, les <em>young adults</em>, depuis plusieurs d&eacute;cennies d&eacute;j&agrave;. La d&eacute;termination de cette cat&eacute;gorie de lecteurs, volontairement vis&eacute;e ou non par les politiques &eacute;ditoriales, demeure difficile &agrave; pr&eacute;ciser. Comme l&rsquo;indique l&rsquo;expression &eacute;vocatrice de&nbsp;litt&eacute;rature passerelle, ou <em>cross-age</em> chez les anglo-saxons, cet ensemble semble recouvrir plusieurs g&eacute;n&eacute;rations. Ces r&eacute;cits visent-ils ainsi un lectorat de grands adolescents et de jeunes entrants dans la vie adulte, faisant alors de ce courant le cadet de la plus r&eacute;cente encore litt&eacute;rature <em>new adult</em>, qui ne vise que les lecteurs adultes &acirc;g&eacute;s d&rsquo;une trentaine d&rsquo;ann&eacute;es au plus&nbsp;? Ou bien s&rsquo;agit-il tout simplement d&rsquo;une nouvelle d&eacute;nomination de l&rsquo;habituelle litt&eacute;rature fictionnelle pour adolescents, elle-m&ecirc;me lue par de nombreux adultes&nbsp;?</p> <p>Pour Daniel Delbrassine, qui pr&eacute;face en 2002 l&rsquo;ouvrage de D&eacute;borah Danblon <em>Lisez jeunesse&nbsp;! La litt&eacute;rature pour adolescents et jeunes adultes</em>, &laquo;&nbsp;ces collections visent un public de lecteurs en &acirc;ge d&rsquo;&eacute;cole secondaire, et parfois-au-del&agrave;.&nbsp;&raquo;, d&eacute;finissant ainsi le public-cible comme de &laquo;&nbsp;grands adolescents<a href="#nbp1" id="footnoteref1_tk1yaik" name="liennbp1" title="Déborah, Danblon, Lisez jeunesse ! La littérature pour adolescents et jeunes adultes, Bruxelles, Éditions Luc Pire, 2002, p.8.">1</a>&raquo;. De son c&ocirc;t&eacute;, Sophie Winter, dans un article pour la revue <em>InterCDI</em>, tente d&rsquo;apporter plus de pr&eacute;cisions. Selon elle, la litt&eacute;rature de jeunesse s&rsquo;adresse &agrave; des adolescents jusqu&rsquo;&agrave; 14 ans, tandis que la litt&eacute;rature pour jeunes adultes vise un public allant de &laquo;&nbsp;ces grands adolescents, souvent lyc&eacute;ens<a href="#nbp2" id="footnoteref2_3h6ldrx" name="liennbp2" title="Sophie Winter, « Quelle littérature pour les jeunes adultes ? », InterCDI, 250 / n° spécial 2014, p.46.">2</a>&raquo; aux jeunes &acirc;g&eacute;s de 25 ans, qu&rsquo;elle consid&egrave;re &ecirc;tre le d&eacute;but de l&rsquo;&acirc;ge adulte. En r&eacute;alit&eacute;, cette cible des 15-25 ans, bien qu&rsquo;elle ne corresponde pas de mani&egrave;re restrictive &agrave; l&rsquo;&acirc;ge des lecteurs puisqu&rsquo;il est admis que de nombreux lecteurs situ&eacute;s hors de cette tranche ont adopt&eacute; cette litt&eacute;rature, apparait comme une consid&eacute;ration &eacute;ditoriale. Cette tranche d&rsquo;&acirc;ge, bien qu&rsquo;h&eacute;t&eacute;roclite, est&nbsp;consid&eacute;r&eacute;e comme une g&eacute;n&eacute;ration de&nbsp;grands consommateurs et donc vis&eacute;e prioritairement par le <em>marketing</em> publicitaire. Cette p&eacute;riode de construction identitaire est synonyme pour les annonceurs de moment id&eacute;al pour fid&eacute;liser ce public, les clients de demain, en le faisant adh&eacute;rer &agrave; un concept, une id&eacute;e, une marque. R&eacute;cemment donc, les &eacute;diteurs ont eux aussi int&eacute;gr&eacute; ce m&eacute;canisme en lan&ccedil;ant des collections destin&eacute;es directement aux jeunes adultes. De la m&ecirc;me mani&egrave;re, il s&rsquo;est&nbsp;alors agi de cr&eacute;er un produit cibl&eacute;, capable de correspondre aux besoins et aux envies de ce public, et de d&eacute;velopper des strat&eacute;gies de communication adapt&eacute;es. Dans la forme d&rsquo;une part, cela passe d&rsquo;abord par une couverture attrayante et moderne, afin de s&eacute;duire le lecteur avant m&ecirc;me d&rsquo;avoir lu le r&eacute;sum&eacute;. Ainsi, nombreuses sont les collections, &agrave; l&rsquo;image de la collection &laquo;&nbsp;Medium&nbsp;&raquo; de l&rsquo;&Eacute;cole des Loisirs par exemple, &agrave; avoir revu leurs maquettes ces derni&egrave;res ann&eacute;es. D&rsquo;autre part, si la litt&eacute;rature pour jeunes adultes n&rsquo;&eacute;chappe pas aux histoires m&ecirc;lant romance et fantastique, l&rsquo;un des crit&egrave;res pr&eacute;dominants semble de proposer des contenus &eacute;nergiques, des histoires audacieuses et des textes rythm&eacute;s. Par ailleurs, bien que l&rsquo;attrait de nouveaux publics et la fid&eacute;lisation des lecteurs passent toujours par les pairs et les prescripteurs, les &eacute;diteurs savent aussi utiliser les r&eacute;seaux sociaux et les sites communautaires comme le site <em>Lecture Academy</em> de Hachette. Ainsi, il semble que l&rsquo;apparition de cette d&eacute;nomination de litt&eacute;rature pour jeunes adultes ne d&eacute;signe pas r&eacute;ellement un nouveau public mais correspond en grande partie &agrave; une prise de conscience des &eacute;diteurs et &agrave; leur adaptation &agrave; des principes <em>marketing</em> d&eacute;j&agrave; en place dans d&rsquo;autres domaines.</p> <p>Cependant, cette notion de lectorat &eacute;largi, et la confusion qu&rsquo;elle am&egrave;ne quant &agrave; une distinction entre lecteur adolescent et lecteur jeune adulte n&rsquo;est pas indistincte de plusieurs probl&eacute;matiques. Pour commencer, elle peut &eacute;galement &ecirc;tre associ&eacute;e &agrave; un ph&eacute;nom&egrave;ne sociologique non n&eacute;gligeable dans les soci&eacute;t&eacute;s occidentales. Il concerne le d&eacute;calage de l&rsquo;entr&eacute;e dans l&rsquo;&acirc;ge adulte, de plus en plus tardive, comme le montrait d&eacute;j&agrave; en 2000 une enqu&ecirc;te de l&rsquo;Insee<a href="#nbp3" id="footnoteref3_ww6w321" name="liennbp3" title="Olivier Galland, Entrer dans la vie adulte : des étapes toujours plus tardives mais resserrées, Économie et statistiques, n° 337-338, 2000.">3</a>. Les &eacute;tapes cl&eacute;s &ndash; la fin des &eacute;tudes, le d&eacute;part du foyer parental, l&rsquo;autonomie financi&egrave;re, la stabilit&eacute; familiale &ndash; sont franchies &agrave; des &acirc;ges plus avanc&eacute;s et prolongent donc la position adolescente du jeune. L&rsquo;apparition d&rsquo;une cat&eacute;gorie litt&eacute;raire interm&eacute;diaire, permettant de repr&eacute;senter cet &eacute;tat d&rsquo;entre-deux, n&rsquo;apparait alors plus aussi inopin&eacute;e.</p> <p>Ainsi, si le contexte soci&eacute;tal semble coh&eacute;rent, il faut aussi expliquer la notion de litt&eacute;rature passerelle associ&eacute;e &agrave; ce genre destin&eacute; aux jeunes adultes. Le secteur de la litt&eacute;rature pour adolescents et jeunes adultes appara&icirc;t comme l&rsquo;un des plus lucratifs, puisqu&rsquo;il concerne 7,2% des exemplaires vendus en 2014 selon le Syndicat National de l&rsquo;&Eacute;dition (en comparaison, les romans contemporains g&eacute;n&eacute;ralistes repr&eacute;sentent 14,2% des ventes)<a href="#nbp4" id="footnoteref4_b45s27c" name="liennbp4" title="Les chiffres clés de l’édition 2015, données 2014, Syndicat National de l’Édition [En ligne], http://www.lemotif.fr/fichier/motif_fichier/672/fichier_fichier_chiffrescles_juin2015.sne.pdf, 2015 [consulté le 14/06/2016].">4</a>. Ces chiffres importants sont &agrave; compl&eacute;ter par ceux de la derni&egrave;re &eacute;tude men&eacute;e en 2015 par l&rsquo;Ipsos &agrave; la demande du Centre National du Livre, intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;Les Fran&ccedil;ais et La Lecture<a href="#nbp5" id="footnoteref5_q8ufz3p" name="liennbp5" title="Les Français et La Lecture, Centre National du Livre [En ligne], http://www.centrenationaldulivre.fr/fr/ressources/etudes_rapports_et_chiffres/les_francais_et_la_lecture/, 2015 [consulté le 12/06/2016].">5</a>&raquo;, qui indique que 35% des 15-24 ans lisent tous les jours ou presque, chiffre cependant inf&eacute;rieur &agrave; toutes les autres classes d&rsquo;&acirc;ge sup&eacute;rieures. Mais d&rsquo;autres donn&eacute;es, celles concernant les pratiques de lectures des adolescents, ne doivent pas &ecirc;tre n&eacute;glig&eacute;es. En 2011, 33,5% des enfants de 11 ans d&eacute;claraient lire un livre quotidiennement, tandis qu&rsquo;ils n&rsquo;&eacute;taient plus que 18% &agrave; 13 ans et 14% &agrave; 15 ans<a href="#nbp6" id="footnoteref6_n0h39ch" name="liennbp6" title="Sylvie Octobre ; Nathalie Berthomier, « L’enfance des loisirs. Éléments de synthèse », Culture études, 2011, p. 2.">6</a>. Cette tendance n&eacute;gative constat&eacute;e au moment de l&rsquo;entr&eacute;e dans l&rsquo;adolescence repart donc nettement &agrave; la hausse chez les jeunes adultes. De plus, le rapport du CNL exprimant &eacute;galement le fait que les types de lectures privil&eacute;gi&eacute;es des 15-24 ans concernent la science-fiction, le fantastique et l&rsquo;<em>heroic fantasy</em>, genres qui, nous le verrons, sont pr&eacute;dominants dans l&rsquo;&eacute;dition pour jeunes adultes, am&egrave;ne par cons&eacute;quent &agrave; l&rsquo;hypoth&egrave;se d&rsquo;un lien int&eacute;ressant entre le renouveau de l&rsquo;engouement post-adolescence pour la litt&eacute;rature et ce ph&eacute;nom&egrave;ne &eacute;ditorial. De ce fait l&rsquo;un des enjeux de la litt&eacute;rature pour jeunes adultes semble &ecirc;tre, pour les prescripteurs comme pour les lecteurs eux-m&ecirc;mes, de permettre la sortie d&rsquo;une litt&eacute;rature de l&rsquo;enfance tout en pr&eacute;servant ou en r&eacute;activant une habitude de lecture sur le chemin de l&rsquo;&acirc;ge adulte.</p> <p>&nbsp;</p> <h2><strong>2. Les diff&eacute;rentes formes de la litt&eacute;rature pour jeunes adultes</strong></h2> <p>&nbsp;</p> <p>La litt&eacute;rature pour l&rsquo;enfant, l&rsquo;adolescent ou le jeune adulte &ndash; en termes g&eacute;n&eacute;riques, la litt&eacute;rature de jeunesse &ndash; a la particularit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre initialement examin&eacute;e par le biais de son lectorat suppos&eacute;, rel&eacute;guant alors au second plan les consid&eacute;rations litt&eacute;raires, esth&eacute;tiques, discursives. Bertrand Ferrier, dans <em>Tout n&rsquo;est pas litt&eacute;rature&nbsp;!</em>, replace cette branche &eacute;ditoriale dans sa fonction d&rsquo;&oelig;uvre litt&eacute;raire et d&eacute;cline les trois caract&eacute;ristiques qui, selon lui, justifient le caract&egrave;re litt&eacute;raire de ces &oelig;uvres. La premi&egrave;re tient au vocabulaire employ&eacute;, &laquo; accessible mais non n&eacute;cessairement pauvre&nbsp;&raquo;, stipulant que &laquo;&nbsp;le manque de vocabulaire n&rsquo;est pas r&eacute;ductible au jeune public&nbsp;; il n&rsquo;est qu&rsquo;une variable parmi d&rsquo;autres<a href="#nbp7" id="footnoteref7_ismsn32" name="liennbp7" title="Bertrand Ferrier, Tout n’est pas littérature ! La littérarité à l’épreuve des romans pour la jeunesse, Rennes, P.U.R., coll. Interférences, 2009, p. 155-156.">7</a>. &raquo; Le deuxi&egrave;me &eacute;l&eacute;ment touche &agrave; la syntaxe, &laquo;&nbsp;intelligible mais non syst&eacute;matiquement norm&eacute;e&nbsp;&raquo;, puisque, pour Bertrand Ferrier, &laquo;&nbsp;l&rsquo;exigence de clart&eacute; sp&eacute;cifique aux livres pour jeunes lecteurs n&rsquo;impose pas d&rsquo;&ecirc;tre toujours respectueux des r&egrave;gles grammaticales<a href="#nbp8" id="footnoteref8_lnw6177" name="liennbp8" title="Ibidem, p. 221.">8</a>. &raquo; Enfin, la litt&eacute;rarit&eacute; dans le roman pour la jeunesse se manifeste &eacute;galement &laquo;&nbsp;par le recours &agrave; diff&eacute;rents registres<a href="#nbp9" id="footnoteref9_30dcxmw" name="liennbp9" title="Ibid., p. 261.">9</a>&raquo;, particuli&egrave;rement oral et &eacute;crit. Ce groupement d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments permet de faire le constat de la corr&eacute;lation qui existe entre toutes les litt&eacute;ratures d&rsquo;un point de vue formel, et confirme la difficult&eacute; de faire r&eacute;ellement la distinction entre un roman pour adolescents et un roman pour jeunes adultes par le biais de tels crit&egrave;res.</p> <p>Par ailleurs, la qualit&eacute; d&rsquo;&laquo;&nbsp;archi-genre<a href="#nbp10" id="footnoteref10_c9fdey7" name="liennbp10" title="Bruno Blanckeman, « Idéologie(s) et roman(s) au XXIe siècle », Gilles Béhotéguy, Christiane Connan-Pintado et Gersende Plissonneau (dir.), Idéologie(s) et roman pour la jeunesse au XXIe siècle, Bordeaux, P.U. Bordeaux, coll. Modernités, 2015, p. 28.">10</a>&raquo;&nbsp; du roman pour jeunes adultes, &agrave; l&rsquo;instar du roman &agrave; destination d&rsquo;un public adulte, n&rsquo;est pas &agrave; d&eacute;montrer non plus. On retrouve notamment parmi les genres de l&rsquo;imaginaire, les plus pl&eacute;biscit&eacute;s actuellement, des romans fantastiques, de science-fiction, de <em>fantasy</em>. Deux sous-genres apparaissent particuli&egrave;rement surexploit&eacute;s, donnant presque &agrave; eux seuls un cadre &agrave; la litt&eacute;rature pour jeunes adultes&nbsp;: la dystopie, d&eacute;mocratis&eacute;e par la trilogie <em>Hunger games</em>, et la <em>bit lit</em>, dont la saga <em>Twilight</em> fut la premi&egrave;re d&rsquo;une longue s&eacute;rie de romans mettant en sc&egrave;ne la rencontre de jeunes personnages avec des vampires. L&rsquo;&eacute;tude men&eacute;e par Babelio en 2012<a href="#nbp11" id="footnoteref11_jzyz8tj" name="liennbp11" title="Le Lecteur jeune adulte, Babelio, [En ligne] http://fr.slideshare.net/Babelio/etude-lecture-jeune-adulte, 2012 [consulté le 12/06/2016].">11</a> indiquait que la litt&eacute;rature pour jeunes adultes &eacute;tait associ&eacute;e majoritaire &agrave; la science-fiction et &agrave; la <em>fantasy</em>, suivie plus loin par la litt&eacute;rature f&eacute;minine ou <em>chick-lit</em> et par les romans contemporains, autrement dit les romans r&eacute;alistes pla&ccedil;ant leur protagoniste dans un contexte similaire &agrave; celui du lecteur. De plus, au-del&agrave; d&rsquo;une simple d&eacute;marcation entre r&eacute;alisme et imaginaire, la litt&eacute;rature destin&eacute;e aux jeunes adultes propose des collections caract&eacute;ris&eacute;es par un certain m&eacute;lange des genres du roman. Par exemple, la collection Exprim&rsquo;, chez Sarbacane, m&ecirc;le couramment des th&eacute;matiques sociales et des &eacute;v&eacute;nements surnaturels, comme dans <em>Good Morning, Mr Paprika&nbsp;!</em> de Lucie Land ou <em>100 000 canards par un doux soir d&rsquo;orage</em> de Thomas Carreras. De m&ecirc;me, la collection Thriller, de Rageot, fait cohabiter dans de nombreuses &oelig;uvres des enqu&ecirc;tes men&eacute;es dans le monde r&eacute;el, mais o&ugrave; les personnages sont confront&eacute;s &agrave; des &eacute;l&eacute;ments fantastiques ou de science-fiction.</p> <p>Ces diff&eacute;rents &eacute;l&eacute;ments ne divergent pas de mani&egrave;re notable de la litt&eacute;rature &eacute;dit&eacute;e pour un public adulte. En revanche, l&rsquo;un des enjeux de tout roman pour la jeunesse est de pr&eacute;senter au lecteur des protagonistes qui lui ressemblent et qui traversent les m&ecirc;mes &eacute;preuves, li&eacute;es &agrave; une crise identitaire ou sociale ou &agrave; divers &eacute;v&eacute;nements perturbateurs, m&ecirc;me si celles-ci peuvent &ecirc;tre camoufl&eacute;es dans un univers imaginaire. Pour cela, la litt&eacute;rature pour jeunes adultes se distingue dans sa forme, &agrave; l&rsquo;instar d&rsquo;une litt&eacute;rature de l&rsquo;enfance et de l&rsquo;adolescence, par l&rsquo;&acirc;ge de son ou de ses personnages principaux qui d&eacute;signe ainsi un lectorat cible. Ce proc&eacute;d&eacute; permet d&rsquo;ajuster les th&eacute;matiques abord&eacute;es, l&rsquo;environnement dans laquelle se situe l&rsquo;histoire, ainsi que la forme du discours. C&rsquo;est pourquoi de nombreux romans, class&eacute;s initialement comme romans pour adolescents, se voient int&eacute;gr&eacute;s &agrave; la cat&eacute;gorie de la litt&eacute;rature pour jeunes adultes. Un h&eacute;ros lyc&eacute;en, ou en &acirc;ge de l&rsquo;&ecirc;tre, rentre dans les crit&egrave;res d&eacute;finis pr&eacute;c&eacute;demment. De m&ecirc;me, on trouve d&eacute;sormais des collections ax&eacute;es vers un public jeunesse proposant des personnages plus &acirc;g&eacute;s encore. C&rsquo;est souvent le cas de la collection Exprim&rsquo; de Sarbacane, dans laquelle les personnages ont souvent une vingtaine d&rsquo;ann&eacute;es ou Black Moon chez Hachette qui peut parfois proposer des <em>thrillers</em> autour de jeunes &eacute;tudiants &agrave; l&rsquo;universit&eacute;. Les auteurs cherchent avant tout &agrave; attirer le lecteur par le biais de personnages du m&ecirc;me &acirc;ge ou un peu plus &acirc;g&eacute;s ayant les m&ecirc;mes pr&eacute;occupations que lui, tout en s&rsquo;assurant d&rsquo;une grande proximit&eacute; avec le r&eacute;el par l&rsquo;utilisation d&rsquo;un &laquo;&nbsp;syst&egrave;me de repr&eacute;sentations communes dont les romans sont le vecteur<a href="#nbp12" id="footnoteref12_tidfej5" name="liennbp12" title="Marie-Hélène Routisseau, Des romans pour le jeunesse ? Décryptage, Paris, Belin, Guide Belin, 2008, p.101.">12</a>&raquo; et par l&rsquo;usage d&rsquo;un point de vue interne. L&rsquo;utilisation d&rsquo;un langage, de r&eacute;f&eacute;rences culturelles comme par exemple les marques ou la musique, ou encore l&rsquo;introduction de moyens de communication pris&eacute;s par les jeunes dans la forme m&ecirc;me du r&eacute;cit sont des moyens d&rsquo;attirer ce public et de le sensibiliser aux th&eacute;matiques abord&eacute;es.</p> <p>&nbsp;</p> <h2><strong>3. Mutations de la litt&eacute;rature de jeunesse et nouveaux mod&egrave;les de l&eacute;gitimit&eacute;</strong></h2> <p>&nbsp;</p> <p>La litt&eacute;rature pour jeunes adultes, en tant que segment important de la litt&eacute;rature de jeunesse, en est &eacute;galement la marque d&rsquo;une &eacute;volution importante. On constate notamment un &eacute;loignement progressif des r&egrave;gles impos&eacute;es par la loi du 16 juillet 1949, relative &agrave; la protection de la jeunesse. Cette loi, &eacute;dit&eacute;e au milieu du XXe si&egrave;cle, est toujours en vigueur de nos jours et d&eacute;finit les limites fix&eacute;es quant au contenu des &oelig;uvres publi&eacute;es. L&rsquo;article 2, notamment, est embl&eacute;matique de la volont&eacute; de contr&ocirc;le des &eacute;crits et des images &agrave; destination d&rsquo;un jeune public&nbsp;:</p> <p><q><em>&nbsp;Les publications vis&eacute;es &agrave; l&rsquo;article 1er ne doivent comporter aucune illustration, aucun r&eacute;cit, aucune chronique, aucune rubrique, aucune insertion pr&eacute;sentant sous un jour favorable le banditisme, le mensonge, le vol, la paresse, la l&acirc;chet&eacute;, la haine, la d&eacute;bauche ou tous actes qualifi&eacute;s de crimes ou d&eacute;lits de nature &agrave; d&eacute;moraliser l&rsquo;enfance ou la jeunesse, ou &agrave; inspirer ou entretenir des pr&eacute;jug&eacute;s ethniques. Elles ne doivent comporter aucune publicit&eacute; ou annonce pour des publications de nature &agrave; d&eacute;moraliser l&rsquo;enfance ou la jeunesse<a href="#nbp13" id="footnoteref13_noay07f" name="liennbp13" title="Loi n°49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse.">13</a>. </em></q></p> <p>Il faut constater aujourd&rsquo;hui une prise en compte bien moindre de ces recommandations. Les th&eacute;matiques abord&eacute;es dans les romans pour grands adolescents et jeunes adultes sont de plus en plus graves et vari&eacute;es, principalement dans ceux issus de la veine r&eacute;aliste dure, o&ugrave; ces th&egrave;mes sont trait&eacute;s de fa&ccedil;on plut&ocirc;t abrupte. Cette tendance hyperr&eacute;aliste, &agrave; l&rsquo;origine pratiqu&eacute;e par les Anglo-Saxons, ne cherche &agrave; &eacute;viter ou &eacute;dulcorer aucun sujet. De m&ecirc;me, les textes de l&rsquo;imaginaire, comme ceux d&eacute;veloppant un univers dystopique, n&rsquo;h&eacute;sitent plus &agrave; mettre en sc&egrave;ne des &eacute;pisodes tr&egrave;s violents. Bien que le h&eacute;ros se batte g&eacute;n&eacute;ralement contre un syst&egrave;me abusif et pour r&eacute;tablir un &eacute;quilibre plus juste, les descriptions peuvent &ecirc;tre suffisamment sanglantes et d&eacute;taill&eacute;es pour aller &agrave; l&rsquo;encontre de ce qu&rsquo;instaure cette loi. Ainsi, m&ecirc;me s&rsquo;il est de coutume de dire que la litt&eacute;rature de jeunesse est indissociable d&rsquo;un discours politiquement correct, il semble que d&eacute;sormais, de par ses th&eacute;matiques plus sombres, ce constat ne peut plus &ecirc;tre g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;. Certaines collections, labellis&eacute;es pour grands adolescents et jeunes adultes, osent proposer des textes violents tant au niveau des sujets abord&eacute;s que de leurs conclusions hors des sentiers battus de la morale g&eacute;n&eacute;ralement admise par notre soci&eacute;t&eacute;. Ceci est le cas, par exemple, du roman de Guillaume Gu&eacute;raud <em>Je mourrai pas gibier</em>, qui d&eacute;crit sans fioritures l&rsquo;explosion d&rsquo;une violence extraordinaire, au cours d&rsquo;un texte qui s&rsquo;ach&egrave;ve sans aucune remise en cause &eacute;thique et donc loin d&rsquo;une conclusion morale et rassurante, alors que la litt&eacute;rature de jeunesse, en tant que litt&eacute;rature d&rsquo;initiation, est toujours envisag&eacute;e sur un mod&egrave;le constructif et bas&eacute;e sur une fin positive et morale.</p> <p>Cette &eacute;volution se poursuit d&eacute;sormais au sein de certaines maisons d&rsquo;&eacute;dition qui affranchissent des collections sp&eacute;cifiques &ndash; Exprim&rsquo; chez Sarbacane, doAdo aux &Eacute;ditions du Rouergue, ou encore la plus r&eacute;cente collection R chez Robert Laffont &ndash; de cette loi. En ne l&rsquo;inscrivant plus &agrave; la fin de chaque ouvrage, les &eacute;diteurs laissent une libert&eacute; plus grande &agrave; l&rsquo;auteur et l&rsquo;incitent ainsi &agrave; s&rsquo;&eacute;loigner de l&rsquo;autocensure qui r&eacute;git encore souvent son travail. N&eacute;anmoins, il faut noter que la disparition de cette mention ne signifie pas que la commission de surveillance et de contr&ocirc;le ne s&rsquo;int&eacute;resse pas &agrave; ces &oelig;uvres, puisque celle-ci a pour mission d&rsquo;&eacute;tudier toutes les publications susceptibles d&rsquo;&ecirc;tre lues par des jeunes, incluant les romans, les bandes dessin&eacute;es et la presse publi&eacute;s dans des collections jeunesse mais aussi adultes.</p> <p>Au-del&agrave; de ces consid&eacute;rations juridiques, certains &eacute;diteurs jouent &eacute;galement avec l&rsquo;&acirc;ge de leur lectorat en permettant une grande porosit&eacute; entre les collections pour adultes et pour adolescents. Initialement r&eacute;serv&eacute; &agrave; des titres plus classiques, ce proc&eacute;d&eacute; est repris pour des romans contemporains. Gallimard, principal acteur sur ce terrain, propose ainsi plusieurs titres, tels que la s&eacute;rie du <em>Clan des Otori</em> de Lian Hearn ou celle de Philip Pullman <em>A la crois&eacute;e des mondes</em>, en grand format jeunesse et en format poche adulte. <em>Eon et le douzi&egrave;me dragon</em>, de Alison Goodman est, quant &agrave; lui, paru simultan&eacute;ment en 2009 aux &Eacute;ditions Gallimard Jeunesse et &agrave; La Table Ronde.</p> <p>Ces &eacute;volutions ont n&eacute;cessairement un impact sur le travail de prescription des professionnels. Le succ&egrave;s aupr&egrave;s du public de nombreux titres, le plus souvent anglophones, et de leurs adaptations cin&eacute;matographiques qui, &agrave; l&rsquo;exception des &oelig;uvres de John Green, sont issus de la veine de l&rsquo;imaginaire et construits en cycles ou s&eacute;ries, a d&eacute;clench&eacute; un v&eacute;ritable ph&eacute;nom&egrave;ne commercial. Cet engouement est en effet r&eacute;percut&eacute; par un d&eacute;ferlement &eacute;ditorial de nouvelles collections et soulign&eacute; par un renouveau <em>marketing</em>&nbsp;:</p> <p><q><em>&nbsp;Les codes graphiques ont eux-m&ecirc;mes &eacute;volu&eacute;, tout comme les noms des collections. Il s&rsquo;agit de gommer les attributs &laquo;&nbsp;jeunesse&nbsp;&raquo;. Ainsi, les photographies remplacent les illustrations&nbsp;; des logos au design moderne &eacute;vincent les mentions &laquo;&nbsp;jeunesse&nbsp;&raquo; en couverture ou sur les quatri&egrave;mes, etc. Le roman pour adolescent a rev&ecirc;tu des attributs hybrides, lui permettant de s&rsquo;ins&eacute;rer dans les diff&eacute;rents rayons des librairies et des biblioth&egrave;ques<a href="#nbp14" id="footnoteref14_cz8c5br" name="liennbp14" title="Claire Anne, « La littérature « jeunes adultes », une invention marketing ? », Nathan Jeunesse [En ligne] http://blog.nathan.fr/jeunesse/2013/08/la-litterature-jeunes-adultes-une-invention-marketing/, 2013 [consulté le 22/06/2016].">14</a>. </em></q></p> <p>Cette surproduction oblige ainsi &agrave; se poser la question de la place de ces ouvrages dans les rayonnages, notamment des points de vente. En librairie, on constate l&rsquo;apparition autour de 2010 d&rsquo;espaces sp&eacute;cifiques pour &laquo;&nbsp;Ados et <em>Young Adults</em>&nbsp;&raquo;, soit &laquo;&nbsp;int&eacute;gr[&eacute;s] dans le rayon de la jeunesse&nbsp;&raquo;, soit sorti &laquo;&nbsp;de la lecture junior pour l&rsquo;implanter &agrave; mi-chemin entre la jeunesse et la SF-<em>fantasy</em>&nbsp;adulte<a href="#nbp15" id="footnoteref15_xqhkmm4" name="liennbp15" title="« L’implantation des rayons « Ados et Young Adults » en librairie », Lecture Jeunesse [En ligne] http://www.lecturejeunesse.org/articles/limplantation-de-rayons-ados-young-adults-en-librairie/, 2013">15</a>&raquo;, dans le but de les rendre plus visibles et d&rsquo;accroitre les ventes.</p> <p>En biblioth&egrave;que, la question se pose d&rsquo;autant plus que le r&ocirc;le de prescription et la mission d&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la lecture y sont pr&eacute;pond&eacute;rants. Certains &eacute;tablissements, comme par exemple l&rsquo;espace &laquo;&nbsp;Intermezzo&nbsp;&raquo; au sein de la m&eacute;diath&egrave;que Jos&eacute; Cabanis de Toulouse, font &eacute;galement le choix de r&eacute;server une section passerelle, permettant &agrave; la fois aux jeunes lecteurs de s&rsquo;y retrouver dans l&rsquo;offre qui leur est initialement destin&eacute;e, aux adultes de s&rsquo;int&eacute;resser &agrave; une autre litt&eacute;rature et aux faibles lecteurs de trouver des ouvrages pouvant correspondre &agrave; leur niveau de lecture. Plusieurs probl&eacute;matiques sont alors &agrave; prendre en compte, comme la constitution du fonds qui induit la notion de d&eacute;termination d&rsquo;un public pr&eacute;cis pour chaque titre, ou encore l&rsquo;organisation de l&rsquo;espace et de la signal&eacute;tique. Ce dernier point est strat&eacute;gique, puisqu&rsquo;il s&rsquo;agit de prendre en compte l&rsquo;envie et la capacit&eacute; du public adolescent &agrave; s&rsquo;&eacute;loigner ou non de la section jeunesse pour potentiellement s&rsquo;int&eacute;grer &agrave; la section adulte. Cependant, l&rsquo;&eacute;volution actuelle des biblioth&egrave;ques tend &agrave; r&eacute;soudre progressivement cette question. Cette innovation consiste notamment &agrave; rassembler dans un m&ecirc;me espace les collections jeunesse et adultes. De cette mani&egrave;re, toutes les &eacute;ditions et tous les degr&eacute;s de lecture sont &agrave; la disposition de tous les publics, facilitant alors, par l&rsquo;effacement des barri&egrave;res physiques, le passage de la litt&eacute;rature de l&rsquo;enfance &agrave; celle de l&rsquo;adolescence puis &agrave; la litt&eacute;rature g&eacute;n&eacute;raliste.</p> <p>Quoiqu&rsquo;il en soit, les prescripteurs que sont les biblioth&eacute;caires ne rejettent pas ce ph&eacute;nom&egrave;ne, mais participent au contraire &agrave; son amplification et &agrave; sa p&eacute;rennit&eacute;, comme l&rsquo;indique le Barom&egrave;tre des pr&ecirc;ts et des acquisitions en biblioth&egrave;ques 2015 produit par le Service du Livre et de la Lecture du Minist&egrave;re de la Culture et de la Communication<a href="#nbp16" id="footnoteref16_l0iphet" name="liennbp16" title="Baromètre des prêts et des acquisitions en bibliothèque – 2015 [En ligne] http://www.culturecommunication.gouv.fr/Politiques-ministerielles/Livre-et-Lecture/Actualites/Barometre-des-prets-et-des-acquisitions-en-bibliotheque-2015, Ministère de la Culture et de la Communication, 2016 [consulté le 11/06/2016].">16</a>. Il regroupe dans une m&ecirc;me liste l&rsquo;ensemble des documents jeunesse, tous &acirc;ges confondus. En termes d&rsquo;acquisition, on constate que l&rsquo;on trouve, sur&nbsp;les dix premiers titres, huit ouvrages destin&eacute;s &agrave; un public de grands adolescents / jeunes adultes, dont les trois tomes de la s&eacute;rie&nbsp;<em>L&rsquo;&Eacute;preuve</em>&nbsp;de James Dashner et les quatre tomes (parus simultan&eacute;ment cette ann&eacute;e-l&agrave;) de la s&eacute;rie fran&ccedil;aise&nbsp;<em>U4</em>.&nbsp;&Agrave; noter &eacute;galement la neuvi&egrave;me place du tome 3 de la s&eacute;rie des&nbsp;<em>Autodafeurs</em>&nbsp;de Marine Carteron et la onzi&egrave;me du dernier <em>opus</em> de&nbsp;<em>Divergente</em>,&nbsp;<em>Divergente racont&eacute; par Quatre</em>. En termes d&rsquo;emprunts par les lecteurs, la tendance est moins visible, puisqu&rsquo;elle concerne &eacute;videmment des titres contenus dans l&rsquo;ensemble des fonds des biblioth&egrave;ques et donc pas uniquement des nouveaut&eacute;s. N&eacute;anmoins, les s&eacute;ries pr&eacute;c&eacute;demment &eacute;voqu&eacute;es restent tr&egrave;s bien plac&eacute;es, tout comme des s&eacute;ries cultes comme&nbsp;<em>Harry Potter</em>&nbsp;ou&nbsp;<em>Hunger Games.</em><em>&nbsp;</em>Et malgr&eacute; la pr&eacute;pond&eacute;rance des &oelig;uvres s&eacute;rielles issues des genres de l&rsquo;imaginaire, le document le plus emprunt&eacute; par les lecteurs est le roman r&eacute;aliste de John Green,&nbsp;<em>Nos &eacute;toiles contraires</em>, dont la promotion a &eacute;t&eacute;&nbsp;d&eacute;cupl&eacute;e par son adaptation cin&eacute;matographique.</p> <p>Cela dit, la prescription d&eacute;passe d&eacute;sormais le cadre traditionnel du libraire-biblioth&eacute;caire-enseignant. On sait que les conseils des pairs, particuli&egrave;rement &agrave; ces &acirc;ges de grande socialisation, sont majeurs dans l&rsquo;acquisition de r&eacute;flexes culturels, et il faut constater que ceux-ci prennent depuis quelques ann&eacute;es un caract&egrave;re moins confidentiel et plus largement reconnu. Le blog et les forums ont bien s&ucirc;r un succ&egrave;s substantiel dans le partage d&rsquo;avis litt&eacute;raires entre adolescents, mais ce sont les<em> booktubers</em> qui sont aujourd&rsquo;hui &agrave; l&rsquo;origine d&rsquo;une diffusion massive de chroniques vid&eacute;o, visibles sur la plateforme <em>Youtube</em>, &agrave; l&rsquo;attention de v&eacute;ritables communaut&eacute;s de fans. Essentiellement utilis&eacute; par des lecteurs jeunes adultes, ce proc&eacute;d&eacute;, extr&ecirc;mement interactif par l&rsquo;usage qu&rsquo;il peut aussi faire des r&eacute;seaux sociaux, trouve sa d&eacute;finition entre la critique et la promotion de romans dont il peut donner une visibilit&eacute; importante. Cette forme de m&eacute;diation prend le dessus aupr&egrave;s des jeunes sur des m&eacute;dias plus traditionnels.</p> <p>Par ailleurs, ces jeunes adultes s&rsquo;approprient &eacute;galement le terrain de l&rsquo;&eacute;criture. Parmi les auteurs habituels publi&eacute;s dans ce secteur, de nombreux jeunes de moins de 25 ans &eacute;mergent et connaissent un succ&egrave;s important, surtout dans la cat&eacute;gorie des romans dits f&eacute;minins. Certains d&rsquo;entre eux apparaissent m&ecirc;me particuli&egrave;rement exceptionnels par leur jeune &acirc;ge, comme par exemple l&rsquo;italienne Alice Ranucci de 17 ans, dont le roman <em>Dans le silence de ton c&oelig;ur</em> est publi&eacute; cette ann&eacute;e chez Hachette Romans. En 2016 &eacute;galement, Morgan Bicail, 15 ans, voit son ouvrage <em>Phone play</em> &eacute;dit&eacute; par les &eacute;ditions Robert Laffont, apr&egrave;s avoir &eacute;t&eacute; &eacute;crit sur <em>Wattpad</em>, un site d&rsquo;&eacute;criture tr&egrave;s utilis&eacute; par les adolescents et &eacute;cum&eacute; par les &eacute;diteurs &agrave; la recherche de jeunes talents. Ainsi, l&rsquo;utilisation strat&eacute;gique du secteur jeunes adultes des &eacute;diteurs d&rsquo;une part et l&rsquo;utilisation qu&rsquo;en font les prescripteurs d&rsquo;autre part pour lutter contre l&rsquo;abandon des pratiques de lecture par les adolescents s&rsquo;accompagnent d&eacute;sormais de ces nouveaux usages, laissant apparaitre progressivement une v&eacute;ritable litt&eacute;rature con&ccedil;ue par et pour les jeunes adultes.</p> <p>D&rsquo;ailleurs, ce ph&eacute;nom&egrave;ne de rajeunissement notable des auteurs d&rsquo;une litt&eacute;rature &agrave; destination d&rsquo;un public de jeunes adultes est int&eacute;ressant dans la mesure o&ugrave; l&rsquo;on semble s&rsquo;&eacute;loigner encore de l&rsquo;un des principes de la litt&eacute;rature jeunesse, qui consiste en la transmission d&rsquo;un discours produit par un auteur adulte &agrave; un lecteur en construction. Habituellement, le fait qu&rsquo;un auteur adulte s&rsquo;adresse &agrave; un lecteur enfant ou adolescent, puis que des prescripteurs adultes autorisent ou non la lecture, indique que les intentions de la litt&eacute;rature de jeunesse vont bien au-del&agrave; du plaisir du lecteur. Avant tout, il s&rsquo;agit de veiller &agrave; transmettre certaines valeurs propres &agrave; nos soci&eacute;t&eacute;s et &agrave; fournir aux jeunes lecteurs des mod&egrave;les de comportements, risquant alors de retrouver dans les romans concern&eacute;s un discours unique, socialement et politiquement correct, par le biais de personnages adultes bien-pensants et de jeunes h&eacute;ros-citoyens d&eacute;fendant le respect de valeurs humanistes universelles. &Eacute;crite par un auteur du m&ecirc;me &acirc;ge que le personnage et que le lecteur suppos&eacute;, une &oelig;uvre serait <em>a priori</em> moins tent&eacute;e par l&rsquo;&eacute;cueil du roman &agrave; th&egrave;se et des personnages caricaturaux et sans profondeur, m&ecirc;me s&rsquo;il faut constater qu&rsquo;il s&rsquo;agit plus souvent de transmettre les m&ecirc;mes id&eacute;es en se d&eacute;marquant n&eacute;anmoins du poids de l&rsquo;auteur adulte qui peut peser sur la r&eacute;ception d&rsquo;un roman.</p> <p>Pourtant, s&rsquo;il faut bien s&ucirc;r constater la disparition du postulat d&rsquo;&eacute;ducation propre &agrave; la litt&eacute;rature de jeunesse ainsi qu&rsquo;une plus grande ind&eacute;pendance dans le discours, la litt&eacute;rature pour jeunes adultes n&rsquo;en demeure pas moins &agrave; destination d&rsquo;une partie des adolescents, aussi proches de l&rsquo;&acirc;ge adulte soient-ils. De ce fait, les enjeux ne peuvent diverger en totalit&eacute;. Cette cat&eacute;gorie de romans se d&eacute;veloppe souvent dans un contexte plus sombre et plus dur, lequel se pr&eacute;sente et s&rsquo;analyse diff&eacute;remment en fonction du genre litt&eacute;raire dans lequel s&rsquo;inscrit le r&eacute;cit, mais ne se d&eacute;tache pas enti&egrave;rement des principes vertueux de la litt&eacute;rature de jeunesse. A l&rsquo;exception de quelques titres o&ugrave; des personnages, comme Martial dans <em>Je mourrai pas gibier</em> de Guillaume Gu&eacute;raud ou Noah dans <em>Laisse br&ucirc;ler</em> d&rsquo;Antoine Dole, ach&egrave;vent leur parcours sans aucun espoir et dans une violence inou&iuml;e, le lecteur assiste le plus souvent &agrave; une issue heureuse du r&eacute;cit, ou <em>a minima</em> &agrave; une fin nantie d&rsquo;espoir. Les grandes s&eacute;ries telles que <em>Hunger Games</em>, <em>Harry Potter</em> ou encore <em>Entre chiens et loups</em> de Malory Blackman, comme les romans r&eacute;alistes &agrave; succ&egrave;s de John Green du c&ocirc;t&eacute; anglophone et de Cl&eacute;mentine Beauvais du c&ocirc;t&eacute; francophone, font traverser &agrave; leurs h&eacute;ros des &eacute;preuves d&rsquo;une grande difficult&eacute;, en les confrontant notamment souvent &agrave; la mort voire &agrave; la destruction de leur monde, mais se concluent du c&ocirc;t&eacute; de la paix (m&ecirc;me relative), de la vie et de la justice. Comme la litt&eacute;rature de jeunesse, la litt&eacute;rature pour jeunes adultes semble demeurer un moyen d&rsquo;initiation &agrave; la vie adulte et d&rsquo;apprentissage des relations sociales. L&rsquo;histoire est toujours l&rsquo;occasion de d&eacute;montrer l&rsquo;accomplissement du h&eacute;ros, lequel peut sans doute faire face &agrave; autant de barri&egrave;res que le h&eacute;ros adulte mais dont l&rsquo;&eacute;preuve aboutit g&eacute;n&eacute;ralement &agrave; un succ&egrave;s aussi significatif que dans le cas d&rsquo;un h&eacute;ros enfant. Ainsi, sous couvert de distraction plus que d&rsquo;instruction, et dans un style bien moins &eacute;difiant et moralisateur, il s&rsquo;agit toujours de guider le lecteur vers une certaine maturit&eacute; et un syst&egrave;me de valeurs auquel adh&eacute;rer, et de lui proposer des personnages auxquels s&rsquo;identifier.</p> <p>&nbsp;</p> <p>En d&eacute;finitive, bien que les raisons ayant amen&eacute; les &eacute;diteurs &agrave; repenser la mise en exergue d&rsquo;un pan de la litt&eacute;rature de jeunesse, celui destin&eacute; aux jeunes adultes, soient avant tout li&eacute;es &agrave; une logique commerciale, les effets sur la lecture des jeunes sont v&eacute;rifiables. Ce remod&egrave;lement a permis de cr&eacute;er un nouvel espace de lecture qui, depuis plusieurs ann&eacute;es maintenant, atteint un public large et mobilise de nombreux acteurs pour penser la mise &agrave; disposition de ces &oelig;uvres. Mais, utilis&eacute;e par les prescripteurs tant pour lutter contre l&rsquo;abandon des pratiques de lecture des adolescents que pour illustrer un certain syst&egrave;me de valeur, la litt&eacute;rature pour jeunes adultes demeure, comme l&rsquo;ensemble de la litt&eacute;rature de jeunesse, divis&eacute;e entre une ambition litt&eacute;raire l&eacute;gitime et la responsabilit&eacute; de jouer un r&ocirc;le d&eacute;termin&eacute;.</p> <p>&nbsp;</p> <p>(<em>Biblioth&egrave;que Municipale de Lyon</em>)</p> <p>&nbsp;</p> <hr /> <p><strong>Notes et r&eacute;f&eacute;rences</strong></p> <p><a href="#liennbp1" name="nbp1">1</a> D&eacute;borah, Danblon, <em>Lisez jeunesse&nbsp;! La litt&eacute;rature pour adolescents et jeunes adultes</em>, Bruxelles, &Eacute;ditions Luc Pire, 2002, p.8.</p> <p><a href="#liennbp2" name="nbp2">2</a> Sophie Winter, &laquo;&nbsp;Quelle litt&eacute;rature pour les jeunes adultes&nbsp;?&nbsp;&raquo;, <em>InterCDI</em>, 250 / n&deg; sp&eacute;cial 2014, p.46.</p> <p><a href="#liennbp3" name="nbp3">3</a> Olivier Galland, <em>Entrer dans la vie adulte : des &eacute;tapes toujours plus tardives mais resserr&eacute;es</em>, <em>&Eacute;conomie et statistiques</em>, n&deg; 337-338, 2000.</p> <p><a href="#liennbp4" name="nbp4">4</a> Les chiffres cl&eacute;s de l&rsquo;&eacute;dition 2015, donn&eacute;es 2014, Syndicat National de l&rsquo;&Eacute;dition [En ligne], <a href="http://www.lemotif.fr/fichier/motif_fichier/672/fichier_fichier_chiffrescles_juin2015.sne.pdf">http://www.lemotif.fr/fichier/motif_fichier/672/fichier_fichier_chiffrescles_juin2015.sne.pdf</a>, 2015 [consult&eacute; le 14/06/2016].</p> <p><a href="#liennbp5" name="nbp5">5</a><em> Les Fran&ccedil;ais et La Lecture</em>, Centre National du Livre [En ligne], <a href="http://www.centrenationaldulivre.fr/fr/ressources/etudes_rapports_et_chiffres/les_francais_et_la_lecture/">http://www.centrenationaldulivre.fr/fr/ressources/etudes_rapports_et_chiffres/les_francais_et_la_lecture/</a>, 2015 [consult&eacute; le 12/06/2016].</p> <p><a href="#liennbp6" name="nbp6">6</a> Sylvie Octobre&nbsp;; Nathalie Berthomier, &laquo;&nbsp;L&rsquo;enfance des loisirs. &Eacute;l&eacute;ments de synth&egrave;se&nbsp;&raquo;, <em>Culture &eacute;tudes</em>, 2011, p. 2.</p> <p><a href="#liennbp7" name="nbp7">7</a> Bertrand Ferrier, <em>Tout n&rsquo;est pas litt&eacute;rature&nbsp;! La litt&eacute;rarit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve des romans pour la jeunesse</em>, Rennes, P.U.R., coll. Interf&eacute;rences, 2009, p. 155-156.</p> <p><a href="#liennbp8" name="nbp8">8</a><em> Ibidem, </em>p. 221.</p> <p><a href="#liennbp9" name="nbp9">9</a><em> Ibid.,</em> p. 261.</p> <p><a href="#liennbp10" name="nbp10">10</a> Bruno Blanckeman, &laquo;&nbsp;Id&eacute;ologie(s) et roman(s) au XXI<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, Gilles B&eacute;hot&eacute;guy, Christiane Connan-Pintado et Gersende Plissonneau (dir.), <em>Id&eacute;ologie(s) et roman pour la jeunesse au XXI<sup>e </sup>si&egrave;cle</em>, Bordeaux, P.U. Bordeaux, coll. Modernit&eacute;s, 2015, p. 28.</p> <p><a href="#liennbp11" name="nbp11">11</a><em> Le Lecteur jeune adulte,</em> Babelio, [En ligne] <a href="http://fr.slideshare.net/Babelio/etude-lecture-jeune-adulte">http://fr.slideshare.net/Babelio/etude-lecture-jeune-adulte</a>, 2012 [consult&eacute; le 12/06/2016].</p> <p><a href="#liennbp12" name="nbp12">12</a> Marie-H&eacute;l&egrave;ne Routisseau, <em>Des romans pour le jeunesse&nbsp;? D&eacute;cryptage</em>, Paris, Belin, Guide Belin, 2008, p.101.</p> <p><a href="#liennbp13" name="nbp13">13 </a>Loi n&deg;49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destin&eacute;es &agrave; la jeunesse.</p> <p><a href="#liennbp14" name="nbp14">14 </a>Claire Anne, &laquo;&nbsp;La litt&eacute;rature &laquo;&nbsp;jeunes adultes&nbsp;&raquo;, une invention marketing&nbsp;?&nbsp;&raquo;, Nathan Jeunesse [En ligne] <a href="http://blog.nathan.fr/jeunesse/2013/08/la-litterature-jeunes-adultes-une-invention-marketing/,">http://blog.nathan.fr/jeunesse/2013/08/la-litterature-jeunes-adultes-une-invention-marketing/,</a> 2013 [consult&eacute; le 22/06/2016].</p> <p><a href="#liennbp15" name="nbp15">15</a> &laquo;&nbsp;L&rsquo;implantation des rayons &laquo;&nbsp;Ados et <em>Young Adults</em>&nbsp;&raquo; en librairie&nbsp;&raquo;, Lecture Jeunesse [En ligne] <a href="http://www.lecturejeunesse.org/articles/limplantation-de-rayons-ados-young-adults-en-librairie/">http://www.lecturejeunesse.org/articles/limplantation-de-rayons-ados-young-adults-en-librairie/</a>, 2013</p> <p><a href="#liennbp16" name="nbp16">16</a><em> Barom&egrave;tre des pr&ecirc;ts et des acquisitions en biblioth&egrave;que &ndash; 2015</em>&nbsp;[En ligne] <a href="http://www.culturecommunication.gouv.fr/Politiques-ministerielles/Livre-et-Lecture/Actualites/Barometre-des-prets-et-des-acquisitions-en-bibliotheque-2015">http://www.culturecommunication.gouv.fr/Politiques-ministerielles/Livre-et-Lecture/Actualites/Barometre-des-prets-et-des-acquisitions-en-bibliotheque-2015</a>, Minist&egrave;re de la Culture et de la Communication, 2016 [consult&eacute; le 11/06/2016].</p>