<p>Longtemps associé à un genre populaire qui s’opposerait à la littérature savante, considéré comme une sous-littérature, le roman policier fait aujourd’hui l’objet d’un procès de légitimation, montrant ainsi comment le regard social porté sur un genre littéraire se modifie. Le genre est une notion mixte, qui peut être définie de façon interne, c’est-à-dire en tenant compte des « règles du genre », en fait des procédures d’écriture et des thématiques communes à un ensemble d’œuvres et de façon externe en faisant intervenir des éléments extérieurs aux œuvres, qui sont les modes de fonctionnement sélectifs des agents du champ littéraire, éditeurs, auteurs et lecteurs. L’appartenance générique attribuée aux œuvres détermine leur distribution et leur répartition dans le champ littéraire, le genre fonctionnant comme un principe classificatoire discriminant. C’est ainsi que le roman policier, du fait de ses caractéristiques génériques, tant intrinsèques comme ses codes narratifs et ses contraintes d’écriture qu’extrinsèques comme son public longtemps considéré à tort comme exclusivement populaire, s’est vu enfermé dans la paralittérature. Or, à présent, il se produit un déplacement de tout un pan de la production littéraire policière contemporaine, qui fait l’objet d’un procès de légitimation le rattachant à la littérature légitime dont il est présenté désormais comme une forme dérivée.</p>