<p>Quoiqu’il constitue une catégorie hétérogène où se côtoient des sous-genres différents (roman à énigme, <em>thriller</em>, espionnage, roman noir, policier historique, etc.) et des perspectives opposées (pôle commercial sans prétention littéraire <em>vs.</em> pôle plus intellectuel, à l’image du champ littéraire tel que le décrit Pierre Bourdieu), le polar constitue un genre bien identifié avec des collections spécifiques et des codes narratologiques et visuels propres. Il s’agit donc moins d’interroger la classification de livres comme polars que le classement dont le genre fait l’objet, au sens à la fois matériel et symbolique du terme, et qui renvoie au degré de légitimité qui lui est associé. Le roman policier a en effet progressivement changé de statut au cours des dernières décennies. À ce processus de légitimation ont participé différentes instances, parmi lesquelles les bibliothèques. La place accordée aujourd’hui au roman policier dans les bibliothèques constitue à la fois un des indices et un des instruments de cette légitimation.</p>