<p>Artistique (fausses œuvres d’art) ou historique (fausses archives, faux documents), la falsification – et ses conséquences heuristiques, esthétiques, économiques et politiques – est bien présente dans le discours scientifique moderne et contemporain, notamment celui de l’historien ou de l’historien d’art. Il s’agirait même, pour citer Th. Lenain, d’une « obsession», d’une angoisse qui justifie le développement à la fois de techniques toujours plus fines de détection de la fraude, et, corrélativement, d’un discours de condamnation et de dénigrement du faussaire et de son œuvre. Outre la persistance, dans le discours scientifique, de l’image du faussaire comme artiste manqué et frustré, nombre de textes minimisent l’impact de la falsification sur le marché de l’art comme sur la recherche académique, ou affirment, <em>in fine</em>, sa relative innocuité : il n’existerait pas de faux parfait, <em>l’œil </em>finirait toujours, avec le temps, par triompher. Il en ressort, en filigrane, un portrait du faussaire à la fois fascinant par son génie mimétique et médiocre par son statut de pâle copiste, auquel l’érudit vient opposer la rigueur de son savoir et l’acuité de ses talents d’observation.</p>