<p>Apr&egrave;s des d&eacute;buts spectaculaires &agrave; Hollywood, marqu&eacute;s notamment par le triomphe critique et public de&nbsp;<em>Little Women</em>&nbsp;(George Cukor, 1933), Katharine Hepburn conna&icirc;t une travers&eacute;e du d&eacute;sert durant la seconde moiti&eacute; des ann&eacute;es 1930, qui aboutit &agrave; sa condamnation en tant que &laquo;poison du box-office&raquo; sur un placard retentissant de l&rsquo;<em>Independent Theatre Owners Association</em>, publi&eacute; en mai 1938 dans le&nbsp;<em>Hollywood Reporter</em><a href="#nbp_1" id="footnoteref1_zj59lsg" name="lien_nbp_1" title="Hollywood Reporter, May 3, 1938, p.5. Sur ce placard, voir Isabelle Dhommée, Les cinq «empoisonneuses»: G. Garbo, J. Crawford, M. Dietrich, M. West, K. Hepburn et les États-Unis des années trente: analyse du phénomène social de la star, Villeneuve d’Ascq: ANRT, [1995] 2002, p.265-274.">1</a>. Pendant cette p&eacute;riode creuse, elle joue tr&egrave;s souvent &agrave; l&rsquo;&eacute;cran des personnages recourant &agrave; l&rsquo;imposture, chose qui ne se reproduira que rarement et de mani&egrave;re ponctuelle dans la suite de sa carri&egrave;re. Comment expliquer la r&eacute;currence de ce th&egrave;me dans les films tourn&eacute;s alors par la star? Quel r&ocirc;le a-t-il jou&eacute; dans l&rsquo;&eacute;volution de sa&nbsp;<em>persona</em><a href="#nbp_2" id="footnoteref2_lqi2uqk" name="lien_nbp_2" title="Comme c’est communément le cas aujourd’hui dans le champ des star studies, nous désignons par persona ce que Richard Dyer nommait «star image» dans son ouvrage fondateur de 1979: la «polysémie structurée» qui résulte de la convergence des différents textes médiatiques produisant des significations sur la star (voir Richard Dyer, Le star-système hollywoodien, Paris, L’Harmattan, 2004, p.62-68).">2</a>&nbsp;au cours de cette seconde moiti&eacute; de d&eacute;cennie?</p> <p>R&eacute;pondre &agrave; ces questions suppose de prendre en compte l&rsquo;image de Hepburn &agrave; la ville durant les premi&egrave;res ann&eacute;es de sa carri&egrave;re, et donc d&rsquo;examiner les textes m&eacute;diatiques extra-filmiques qui contribuent &agrave; l&rsquo;&eacute;laboration de sa&nbsp;<em>persona</em>&nbsp;au m&ecirc;me titre que ses prestations &agrave; l&rsquo;&eacute;cran<a href="#nbp_3" id="footnoteref3_sakkw41" name="lien_nbp_3" title=" Sur la nécessité de prendre en compte ces matériaux extra-filmiques dans l’étude de l’image des stars, voir Richard Dyer, op. cit., p.62-67; Martin Shingler, Star Studies: A Critical Guide, London, BFI, Palgrave Macmillan, 2012, p.20-22.">3</a>. Son comportement vis-&agrave;-vis de la presse est particuli&egrave;rement d&eacute;terminant dans la mesure o&ugrave; il entretient un myst&egrave;re sur sa &laquo;v&eacute;ritable identit&eacute;&raquo; et lui donne l&rsquo;image d&rsquo;une femme aimant se faire passer pour ce qu&rsquo;elle n&rsquo;est pas. En effet, quand elle n&rsquo;ignore pas les journalistes, elle se d&eacute;robe &agrave; leurs questions ou leur r&eacute;pond n&rsquo;importe quoi. Elle s&rsquo;invente &eacute;galement un double auquel elle attribue son histoire personnelle (&laquo;Oh, vous devez me confondre avec l&rsquo;<em>autre</em>&nbsp;Katharine Hepburn<a href="#nbp_4" id="footnoteref4_ue207qy" name="lien_nbp_4" title="«“Oh, you must be mixing me up with that other Katharine Hepburn!” she smiles, when they approach too close to the facts. A swell gag, by the way – invent a “double” and hang your history on her!» (Motion Picture, March 1933, p.36).">4</a>&nbsp;!&raquo;). Quelques mois apr&egrave;s son arriv&eacute;e &agrave; Hollywood, on peut ainsi lire dans le magazine&nbsp;<em>Motion Picture</em>:</p> <p><q>Katharine Hepburn est la plus d&eacute;concertante, et pour beaucoup de journalistes, la plus irritante des jeunes femmes. Elle a cette &laquo;charmante&raquo; petite habitude qui consiste &agrave; inventer des &eacute;normes bobards &agrave; son sujet et &agrave; les r&eacute;pandre autour d&rsquo;elle en les faisant passer pour vrais. Elle a d&eacute;clar&eacute; &agrave; un journaliste qu&rsquo;elle s&rsquo;&eacute;tait mari&eacute;e tellement de fois qu&rsquo;elle &laquo;ne pouvait pas se rappeler&raquo; combien de maris elle avait eu exactement. &Agrave; un autre, elle a &laquo;confi&eacute;&raquo; qu&rsquo;elle n&rsquo;avait jamais &eacute;t&eacute; fianc&eacute;e.&nbsp;<a id="_Hlk487971515" name="_Hlk487971515">&Agrave;</a>&nbsp;un moment, Greta Garbo est sa star favorite, et l&rsquo;instant d&rsquo;apr&egrave;s, elle affirme n&rsquo;avoir jamais eu d&rsquo;autre idole que Helen Hayes. Un jeune journaliste embarrass&eacute; a os&eacute; demander &agrave; la Hepburn si elle &eacute;tait vraiment une femme tr&egrave;s, tr&egrave;s riche. &laquo;Je n&rsquo;arrive vraiment pas &agrave; m&rsquo;en souvenir&raquo;, a-t-elle r&eacute;pondu, &laquo;Qu&rsquo;en pensez-vous<a href="#nbp_5" id="footnoteref5_w7gg9e2" name="lien_nbp_5" title=" «Katharine Hepburn is a most disconcerting, and to many newspaper reporters, a most irritating young woman. She has a “cute” little habit of making up perfectly whopping fibs about herself and passing the information around as authentic facts of her life. She told one reporter that she has been married so many times she “couldn’t remember” the exact number of husbands. To another she “confided” that she had never even been engaged. One moment Greta Garbo is her favorite screen star and the next, she is quoted as saying that Helen Hayes is her only screen idol. One harassed young scribe dared to ask La Hepburn if it was true that she is a very, very rich young woman. “Really,” she answered, “I can’t remember. What do you think?”» (Motion Picture, February 1933, p.98).">5</a>&nbsp;?&raquo;</q></p> <p>Cette citation laisse entrevoir que l&rsquo;agacement suscit&eacute; par Hepburn ne tient pas uniquement au fait que son attitude contribue &agrave; la rendre insaisissable. Les mensonges de la star mentionn&eacute;s par la presse concernent en effet le plus souvent les dimensions de genre et de classe de sa&nbsp;<em>persona</em>. En refusant de r&eacute;v&eacute;ler si elle a ou non un mari et des enfants, elle rend difficile les tentatives de domestication de son image et tend ainsi &agrave; &ecirc;tre d&eacute;finie principalement par sa carri&egrave;re et ses ambitions professionnelles, ce qui l&rsquo;&eacute;carte des normes de f&eacute;minit&eacute; dominantes. Le fait qu&rsquo;elle laisse courir les rumeurs concernant sa fortune suppos&eacute;e renforce la distance qui la s&eacute;pare du public ordinaire en pleine D&eacute;pression. Tandis que les couches les plus d&eacute;favoris&eacute;es luttent contre la mis&egrave;re,&nbsp;<em>Movie Classic</em>&nbsp;raconte que &laquo;Katharine appartient r&eacute;ellement aux grands de ce monde et poss&egrave;de assez d&rsquo;argent pour s&rsquo;acheter des Rolls Royce assorties &agrave; ses chapeaux &ndash; si elle en a envie<a href="#nbp_6" id="footnoteref6_4gwom1u" name="lien_nbp_6" title="«And, by the way, for once those “society girl” stories have basis in fact. Katherine (sic) really belongs to the best people, my dear, and has enough money to buy Rolls Royces to match her hats – if she wishes» (Movie Classic, November 1932, p.11).">6</a>&raquo;. Tr&egrave;s rapidement, son attitude envers les journalistes est reli&eacute;e &agrave; ses origines aristocratiques en &eacute;tant th&eacute;matis&eacute;e comme du snobisme, et ce refus de s&rsquo;offrir au public &eacute;tats-unien est corr&eacute;lativement condamn&eacute; comme &eacute;tant &laquo;anti-am&eacute;ricain<a href="#nbp_7" id="footnoteref7_ye5moex" name="lien_nbp_7" title="«(…) it isn’t American to put your hand in front of your face when the cameras are aiming at you. Not at all. The only Americans who do that are public enemies. Our public idols, on the other hand, including our Presidents, put up with it.» (Screenland, December 1933, p.17)">7</a>&raquo;.</p> <p>La propension de Hepburn &agrave; l&rsquo;imposture cristallise ainsi plusieurs enjeux socio-culturels qui vont sous-tendre les &eacute;volutions de sa&nbsp;<em>persona</em>&nbsp;&agrave; partir du milieu des ann&eacute;es 1930. La star doit en effet adapter son image &agrave; un contexte id&eacute;ologique de reconstruction nationale qui passe notamment par la promotion d&rsquo;un id&eacute;al d&rsquo;appartenance &agrave; la classe moyenne et s&rsquo;accompagne d&rsquo;une r&eacute;affirmation de la domination masculine suite aux bouleversements g&eacute;n&eacute;r&eacute;s par la Crise<a href="#nbp_8" id="footnoteref8_knaqfrb" name="lien_nbp_8" title="Isabelle Dhommée, Les cinq «empoisonneuses», op. cit., p.275-319. Sur la question nationale, voir notamment: Wendy L. Wall, Inventing the “American Way”: The Politics of Consensus from the New Deal to the Civil Rights Movement, New York, Oxford University Press, 2009, p.15-33.">8</a>. Si elle parvient ponctuellement &agrave; infl&eacute;chir sa&nbsp;<em>persona</em>&nbsp;dans le sens de ces id&eacute;aux dominants, la fragilisation progressive de sa popularit&eacute; t&eacute;moigne de sa difficult&eacute; &agrave; s&rsquo;int&eacute;grer &agrave; ce nouveau paysage id&eacute;ologique.</p> <p>Durant cette p&eacute;riode, le th&egrave;me de l&rsquo;imposture est ainsi r&eacute;guli&egrave;rement mobilis&eacute; pour tenter de neutraliser les dimensions probl&eacute;matiques de son image. Cet article se propose donc d&rsquo;examiner les diff&eacute;rentes mani&egrave;res par lesquelles ses films travaillent cette facette controvers&eacute;e de sa&nbsp;<em>persona</em>&nbsp;avec plus ou moins de succ&egrave;s. Apr&egrave;s avoir analys&eacute; les modalit&eacute;s principales de cette op&eacute;ration, nous montrerons comment&nbsp;<em>The Philadelphia Story</em>&nbsp;(George Cukor, 1940), &eacute;norme succ&egrave;s public et critique qui relance sa carri&egrave;re, s&rsquo;est attach&eacute; &agrave; gu&eacute;rir Hepburn de sa propension &agrave; l&rsquo;imposture.&nbsp;</p> <p><strong><em>Morning Glory</em></strong><strong>&nbsp;et&nbsp;<em>Alice Adams</em>: l&rsquo;imposture path&eacute;tique</strong></p> <p>D&egrave;s le troisi&egrave;me film d&rsquo;Hepburn,&nbsp;<em>Morning Glory</em>&nbsp;(Lowell Sherman, 1933), le motif de l&rsquo;imposture appara&icirc;t sous une forme embryonnaire. Sa fonction est d&eacute;j&agrave; de retravailler la&nbsp;<em>persona</em>&nbsp;de la star dont le comportement &agrave; la ville suscite un agacement croissant. En effet, lorsque le film sort sur les &eacute;crans, Hepburn a d&eacute;j&agrave; une r&eacute;putation de &laquo;snob&raquo;. Un article de&nbsp;<em>Photoplay</em>&nbsp;la pr&eacute;sente par exemple comme une actrice regardant Hollywood de haut<a href="#nbp_9" id="footnoteref9_2cwzpsb" name="lien_nbp_9" title="«She has detached herself from all Hollywood. High on a hill built of her own cunning, she stands. And surveys this Hollywood below her. And imagines her skirts are free to it. At its bewildered groping, heart-breaking blunders, she laughs. And laughs. And laughs. She’s smart. She’s shrewd. She’s clever. But she’s forgotten one thing. Hollywood always laughs last. One day she’ll find that out.» (Photoplay, August 1933, p.101)">9</a>. Intimement li&eacute;e &agrave; son appartenance de classe, cette dimension de sa&nbsp;<em>persona</em>&nbsp;creuse le foss&eacute; qui la s&eacute;pare du public populaire. En lui donnant pour la premi&egrave;re fois le r&ocirc;le d&rsquo;une Am&eacute;ricaine ordinaire, alors qu&rsquo;elle avait jou&eacute; des jeunes femmes de l&rsquo;aristocratie anglaise dans&nbsp;<em>A Bill of Divorcement</em>&nbsp;(George Cukor, 1932) et&nbsp;<em>Christopher Strong</em>&nbsp;(Dorothy Arzner, 1933), la RKO amorce avec&nbsp;<em>Morning Glory</em>&nbsp;une red&eacute;finition de son image que parach&egrave;veront&nbsp;<em>Little Women</em>&nbsp;(George Cukor, 1933) et&nbsp;<em>Spitfire</em>&nbsp;(John Cromwell, 1934). Or la strat&eacute;gie ne consiste pas ici &agrave; m&eacute;tamorphoser d&rsquo;embl&eacute;e Hepburn, mais &agrave; s&rsquo;appuyer sur son image &agrave; la ville afin de la pr&eacute;senter comme factice.</p> <p>Adapt&eacute; d&rsquo;une pi&egrave;ce de Zo&euml; Akins, le film est centr&eacute; sur le personnage d&rsquo;Eva Lovelace (Hepburn), une jeune actrice de th&eacute;&acirc;tre ambitieuse et na&iuml;ve venue tenter sa chance &agrave; New-York et qui finit par rencontrer le succ&egrave;s auquel elle aspirait. Le r&ocirc;le est taill&eacute; sur mesure pour Hepburn, non seulement parce que les d&eacute;buts difficiles de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne font &eacute;cho &agrave; ceux de l&rsquo;actrice &agrave; Broadway quelques ann&eacute;es plus t&ocirc;t<a href="#nbp_10" id="footnoteref10_zqz2wz0" name="lien_nbp_10" title="Voir par exemple:The New Movie Magazine, July 1933, p.93 ; Film Weekly, October 20, 1933, p.20; ou le pressbook du film: «In Morning Glory, her role is ideal, in that the difficulties which her Eva Lovelace overcomes are similar in many respect to those which Miss Hepburn conquered in her own march to recognition. For while the red haired star scored a swift triumph in pictures, she had been called upon to make use of all the qualities Sherman extolls, to win the attention and acclaim of Broadway. It was hard-earned.» (Morning Glory pressbook, Margaret Herrick Library).">10</a>, mais aussi et surtout parce que le personnage &eacute;voque par de nombreux aspects l&rsquo;image que Hepburn entretient &agrave; la ville par ses provocations. Eva cultive en effet un accent et des mani&egrave;res d&rsquo;aristocrate (&laquo;Ils me prennent pour une Anglaise chez moi, parce que pour eux, si vous parlez correctement, vous &ecirc;tes soit anglaise soit affect&eacute;e<a href="#nbp_11" id="footnoteref11_7nlle1q" name="lien_nbp_11" title="«I mean, they take me for English at home...where they think you're either English or affected if you try to speak properly.»">11</a>&raquo;). Elle est &laquo;snob&raquo;, tant vis-&agrave;-vis des habitants de sa ville natale (&laquo;Ils sont tr&egrave;s bourgeois &agrave; Franklin et tr&egrave;s provinciaux. L&rsquo;&acirc;me n&rsquo;a aucune libert&eacute; dans un endroit pareil<a href="#nbp_12" id="footnoteref12_urgx8e5" name="lien_nbp_12" title="«They’re very bourgeois in Franklin, and provincial. The soul has no liberty in such a place.»">12</a>&raquo;) qu&rsquo;en mati&egrave;re de go&ucirc;ts vestimentaires (&laquo;Je n&rsquo;aime pas les fourrures, &agrave; moins qu&rsquo;elles soient en zibeline. Je n&rsquo;aime pas le bas de gamme, en particulier lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit de fourrure<a href="#nbp_13" id="footnoteref13_y612xdp" name="lien_nbp_13" title="«I shouldn’t like to go about swathed in furs unless they're sables. I don't like anything cheap, particularly furs.»">13</a>&raquo;) et a une haute id&eacute;e d&rsquo;elle-m&ecirc;me (&laquo;J&rsquo;ai quelque chose de merveilleux en moi, vous verrez<a href="#nbp_14" id="footnoteref14_972eero" name="lien_nbp_14" title="«I’ve something very wonderful in me, you’ll see.»">14</a>&raquo;).</p> <p>Or si la caract&eacute;risation de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne renvoie &agrave; l&rsquo;image d&rsquo;Hepburn, une diff&eacute;rence cruciale r&eacute;side dans le fait qu&rsquo;elle n&rsquo;est pas une v&eacute;ritable aristocrate, comme le sera la Terry de&nbsp;<em>Stage Door</em>&nbsp;(Gregory La Cava, 1937) dont le sc&eacute;nario poss&egrave;de de nombreux points communs avec celui de&nbsp;<em>Morning Glory</em>. En donnant ainsi &agrave; Hepburn le r&ocirc;le d&rsquo;une femme qui cherche &agrave; int&eacute;grer la classe sup&eacute;rieure en imitant ceux qui en font partie, le film tient indirectement un discours sur son image de &laquo;snob&raquo; &agrave; la ville: celle-ci ne serait qu&rsquo;un r&ocirc;le jou&eacute; par la star devant les journalistes et ne correspondrait donc pas &agrave; sa personnalit&eacute; r&eacute;elle. Dans le m&ecirc;me esprit, des articles de magazine expliquent alors que la star excentrique et provocatrice n&rsquo;est pas la v&eacute;ritable Hepburn, mais une performance de cette derni&egrave;re<a href="#nbp_15" id="footnoteref15_wqelecd" name="lien_nbp_15" title="Ce type de discours culminera dans l’article «The Power Behind the Hepburn Throne» (Photoplay, February 1934, p.31, 107-109), dans lequel Laura Harding est présentée comme une femme de l’ombre qui aurait mis en scène les apparitions publiques de Hepburn depuis ses débuts: «Katharine’s every eccentric move is just so much play acting and Laura Harding is her competent scenarist and director» (Ibid., p.31).">15</a>. Une distinction est ainsi faite entre son identit&eacute; fictive de star et son identit&eacute; r&eacute;elle de jeune fille ordinaire<a href="#nbp_16" id="footnoteref16_fr938ld" name="lien_nbp_16" title="Sur ce point, voir l’emblématique: «It Can’t Be I – It Must Be Somebody Else!», The New Movie Magazine, September 1933, p.24-25, 92-95.">16</a>.</p> <p>Le th&egrave;me de l&rsquo;imposture facilite donc la red&eacute;finition de sa&nbsp;<em>persona</em>&nbsp;dans la mesure o&ugrave; il introduit une opposition entre sa personnalit&eacute; &laquo;authentique&raquo; et son image m&eacute;diatique &laquo;factice&raquo;. Les discours tenus par le film et les articles de magazines confirment que ce sont avant tout les dimensions de classe et de genre de son image qui repr&eacute;sentent alors un probl&egrave;me &agrave; r&eacute;soudre. Outre son snobisme, l&rsquo;irr&eacute;v&eacute;rence dont elle fait preuve vis-&agrave;-vis de l&rsquo;institution conjugale est &eacute;galement neutralis&eacute;e gr&acirc;ce &agrave; la distinction entre la &laquo;vraie&raquo; et la &laquo;fausse&raquo; Hepburn. Dans&nbsp;<em>Morning Glory</em>, son personnage commence ainsi par d&eacute;daigner le mariage (&laquo;Vous croyez au mariage? [&hellip;]&nbsp;Pas moi, pas pour les artistes<a href="#nbp_17" id="footnoteref17_po3ott0" name="lien_nbp_17" title="«Do you believe in marriage? […] I don’t. Not for the artists.»">17</a>&raquo;) avant d&rsquo;&ecirc;tre rattrap&eacute;e par ses sentiments, contre lesquels elle doit finalement lutter pour avoir une chance de rester une star. Or l&rsquo;&eacute;volution du personnage au cours du film prend la forme d&rsquo;une r&eacute;v&eacute;lation &ndash; de son talent d&rsquo;actrice, mais &eacute;galement de sa personnalit&eacute; profonde. Son m&eacute;pris du mariage est &eacute;galement &eacute;vacu&eacute; de sa&nbsp;<em>persona</em>&nbsp;dans un article de&nbsp;<em>Modern Screen</em>&nbsp;expliquant qu&rsquo;Hepburn a menti aux journalistes &agrave; ce sujet uniquement pour prot&eacute;ger sa vie priv&eacute;e du monstre m&eacute;diatique dont l&rsquo;indiscr&eacute;tion a d&eacute;truit tant de couples hollywoodiens<a href="#nbp_18" id="footnoteref18_btbi2ok" name="lien_nbp_18" title="«Katharine lied about her marriage. But it was a gallant lie. And there was a gallant reason behind all her evasions. […] It was because she was frantic with anxiety about Ludlow Smith. It was because she loved him so much and valued her marriage so highly that, in the confusion and haste of arriving home from abroad, she let a sort of school-girl panic seep into her heart.» (Modern Screen, October 1933, p.17).">18</a>.</p> <p>Malgr&eacute; cette entreprise d&rsquo;adoucissement de son image, le comportement de la star &agrave; la ville continue d&rsquo;irriter. Son absence &agrave; la sixi&egrave;me c&eacute;r&eacute;monie des Oscars, o&ugrave; elle est r&eacute;compens&eacute;e pour sa performance dans&nbsp;<em>Morning Glory</em>, renforce sa r&eacute;putation de &laquo;snob&raquo;<a href="#nbp_19" id="footnoteref19_ddyih5q" name="lien_nbp_19" title="Voir par exemple: L.A. Herald, January 20, 1934; L.A. Examiner, January 18, 1934; L.A. Times, January 25, 1934; Picture Play, June 1934, p.53. En 1935, des lectrices de Picture Play regrettent que son talent soit «miné par des poses affectées et une attitude égoïste de “petite fille gâtée” envers son public«A great actress whose undoubted talent is marred by theatrical posing and a selfish, ‘spoiled-little-girl’ attitude toward her public.» (Picture Play, November 1935, p.6).">19</a>&raquo;. Alors que&nbsp;<em>Break of Hearts</em>&nbsp;(Philip Moeller, 1935) se r&eacute;v&egrave;le un &eacute;chec au box-office, un journaliste de&nbsp;<em>Photoplay</em>&nbsp;se demande si &laquo;Hepburn n&rsquo;est pas en train de ruiner sa propre carri&egrave;re&raquo; &agrave; coup d&rsquo;&laquo;excentricit&eacute;s&raquo; et de &laquo;poses&raquo; qui n&rsquo;amusent plus personne<a href="#nbp_20" id="footnoteref20_a7ogyuh" name="lien_nbp_20" title="«For a long time Hepburn’s worshipping public thought her caprices cute. But now many think she hold her one-ring circus too long»; «Do Hollywood stars commit career suicide? Do they hang themselves with their own gayly spun webs of eccentricities – acts – attitudes – poses – temperamental displays?» («Is Hepburn Killing her Own Career?», Photoplay, September 1935, p.38-39, 99-100).">20</a>. Pour lui, la star doit prendre conscience que &laquo;le public ne demande pas grand-chose aujourd&rsquo;hui, &agrave; part de la sinc&eacute;rit&eacute;<a href="#nbp_21" id="footnoteref21_xfc2jgd" name="lien_nbp_21" title="«The public demands little of its idols – movie or otherwise – these days – except sincerity.» (Ibid., p. 39).">21</a>&raquo;. M&ecirc;me si elle a cess&eacute; de mentir &agrave; la presse, son image reste donc plac&eacute;e sous le signe de l&rsquo;inauthenticit&eacute; et de l&rsquo;artifice, alors que les nouveaux id&eacute;aux de f&eacute;minit&eacute; valorisent au contraire la sinc&eacute;rit&eacute;, la simplicit&eacute; et le naturel<a href="#nbp_22" id="footnoteref22_rizj8es" name="lien_nbp_22" title="Voir notamment: Isabelle Dhommée, Les cinq «empoisonneuses», op. cit., p.290-293.">22</a>.</p> <p>Afin d&rsquo;exorciser cet aspect probl&eacute;matique de son image &ndash; et plus largement son identit&eacute; de classe et de genre en contradiction croissante avec le contexte id&eacute;ologique du milieu de la d&eacute;cennie &ndash;, la RKO lui donne un r&ocirc;le proche de celui qu&rsquo;elle avait tenu dans&nbsp;<em>Morning Glory</em>. Alors que le th&egrave;me de l&rsquo;imposture restait relativement peu d&eacute;velopp&eacute; dans le film de 1933, qui se concentrait sur la m&eacute;tamorphose de l&rsquo;aspirante com&eacute;dienne en grande actrice, il est au c&oelig;ur d&rsquo;<em>Alice Adams</em>&nbsp;(George Stevens, 1935), o&ugrave; elle incarne une nouvelle fois une Am&eacute;ricaine ordinaire qui cherche &agrave; int&eacute;grer la haute soci&eacute;t&eacute; en imitant ceux qui en font partie. Il s&rsquo;agit encore de renvoyer les aspects probl&eacute;matiques de sa&nbsp;<em>persona</em>&nbsp;du c&ocirc;t&eacute; du faux. De la m&ecirc;me mani&egrave;re qu&rsquo;Alice, cette &laquo;&nbsp;fille qui n&rsquo;a jamais &eacute;t&eacute; authentique, m&ecirc;me vis-&agrave;-vis d&rsquo;elle-m&ecirc;me<a href="#nbp_23" id="footnoteref23_wr1mxq2" name="lien_nbp_23" title="« Here is an exquisitely balanced performance-within-a-performance that fully captures the twisted feelings of a girl who is never real even to herself. » (Liberty, September 21, 1935).">23</a>&raquo;, s&rsquo;est invent&eacute; une vie et s&rsquo;est donn&eacute; des airs d&rsquo;aristocrate parce qu&rsquo;elle voulait &ecirc;tre aim&eacute;e, Hepburn n&rsquo;est peut-&ecirc;tre elle aussi qu&rsquo;une Am&eacute;ricaine ordinaire qui s&rsquo;est construit une image publique provocatrice uniquement pour se faire remarquer<a href="#nbp_24" id="footnoteref24_nff5um7" name="lien_nbp_24" title="Voir tous les discours qui, à la même époque, présentent Hepburn comme une experte dans l’art de la publicité: Hollywood, September 1935, p.34, 56-58; The New Movie Magazine, March 1935, p.63; MovieClassic, March 1935, p.25.">24</a>. Les traces de r&eacute;ception du film confirment la r&eacute;ussite de l&rsquo;op&eacute;ration et permettent de pr&eacute;ciser la fonction que joue ici le th&egrave;me de l&rsquo;imposture.&nbsp;</p> <p>Comme celui de&nbsp;<em>Morning Glory</em>, le ton d&rsquo;<em>Alice Adams&nbsp;</em>est un m&eacute;lange d&rsquo;humour et de pathos<a href="#nbp_25" id="footnoteref25_6h2uues" name="lien_nbp_25" title="Voir par exemple: «Humor and pathos are skillfully intermingled» (Preview comments, George Stevens papers, Margaret Herrick Library); «Laughable yet heartbreaking» (Picture Play, November 1935, p.55); «Humor and wistful pathos» (New York Post, in Homer Dickens, The Films of Katharine Hepburn, New York: Citadel Press, 1990, p.69); etc.">25</a>, qui invite le public &agrave; adopter un regard distanci&eacute; et/ou empathique vis-&agrave;-vis de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne. Les deux sc&egrave;nes les plus longues et les plus travaill&eacute;es &ndash; celles du bal et du d&icirc;ner &ndash; tournent autour de l&rsquo;humiliation d&rsquo;Alice qui ne parvient pas &agrave; faire illusion et dont l&rsquo;imposture est imm&eacute;diatement perc&eacute;e &agrave; jour. Si une partie du public hostile &agrave; la star a pris plaisir &agrave; ce spectacle, sa dimension path&eacute;tique a &eacute;galement &eacute;mu et facilit&eacute; une identification avec Hepburn<a href="#nbp_26" id="footnoteref26_xlr7sns" name="lien_nbp_26" title="Voir par exemple ce témoignage d’une spectatrice publié par Silver Screen: «Every girl has been a wall-flower at some time or other in her life and how, oh dreadfully, we understand Alice’s humiliation when no one asks her to dance. Praise must go immediately to George Stevens, the director, for the magnificent way in which he directed the entire picture, but especially the party sequence, which had the men in the theatre simply roaring with laughter, but the women sort of choking back sobs – you and you and I all have very poignant memories of similar parties.» (Silver Screen, October 1935, p.54).">26</a>. Quelques mois apr&egrave;s la sortie du film, un journaliste de&nbsp;<em>Screenland</em>&nbsp;raconte comment la star a finalement r&eacute;ussi &agrave; se d&eacute;faire de la r&eacute;putation qui lui collait &agrave; la peau. Apr&egrave;s avoir pr&eacute;sent&eacute; cette image m&eacute;diatique comme une cr&eacute;ation monstrueuse qui lui a &eacute;chapp&eacute; (&laquo;[elle] avait, sans s&rsquo;en rendre compte, cr&eacute;&eacute; un Frankenstein<a href="#nbp_27" id="footnoteref27_op6u9fq" name="lien_nbp_27" title="«So Katharine had unwittingly created a Frankenstein. She had been putting on an act for a very limited and professional audience, and suddenly discovered that the whole country had been, as it were, looking on and listening in! That it had already accepted the eccentric character she had created as the real Katharine Hepburn!» (Screenland, March 1936, p.70).">27</a>&raquo;), l&rsquo;article explique que c&rsquo;est gr&acirc;ce &agrave; ses performances poignantes qu&rsquo;elle a r&eacute;ussi &agrave; renverser la vapeur, en se faisant aimer pour ce qu&rsquo;elle est vraiment &ndash; une jeune femme &laquo;franche&raquo;, &laquo;chaleureuse&raquo;, &laquo;sinc&egrave;re&raquo;, &laquo;humaine&raquo;, etc. &ndash;, &agrave; l&rsquo;&eacute;cran comme &agrave; la ville<a href="#nbp_28" id="footnoteref28_rsdlzmg" name="lien_nbp_28" title="«People did not laugh at Katharine’s serious scenes. In some manner, her remarkable screen presence reached out, gripped them, touched their hearts with a poignant tang. In gratitude, rather than fear for the future, Katharine then passionately swung to an opposite extreme in her private life […]. All her around-the-lot pose and pretense was gone. […] she now became frank, happy and warmly human […]. Now Katharine resumed the dungarees again, in a passion for utter sincerity. […] she’d let people see the actual truth about herself […]» (Screenland, March 1936, p.70).">28</a>.&nbsp;Sa performance dans&nbsp;<em>Alice Adams</em>&nbsp;a ainsi contribu&eacute; &agrave; conf&eacute;rer de l&rsquo;authenticit&eacute; &agrave; son image<a href="#nbp_29" id="footnoteref29_70bakh9" name="lien_nbp_29" title="Peu après la sortie du film, une journaliste de Modern Screen défend l’actrice contre ceux qui l’accusent de n’être qu’une «imitatrice» en mettant en avant sa performance dans Alice Adams comme preuve qu’elle est une «artiste authentique» («Hepburn – Artist or Imitator?», Modern Screen, January 1936, p.28-29).">29</a>. Une spectatrice du film d&eacute;clare &agrave; la star, dans un courrier publi&eacute; par&nbsp;<em>Movie Classic</em>: &laquo;[&hellip;]&nbsp;je vous adore pour votre talent, votre imagination, votre capacit&eacute; d&rsquo;empathie et votre personnalit&eacute;. Je ne comprends pas pourquoi je n&rsquo;avais jamais senti auparavant votre chaleur et votre profondeur, votre authenticit&eacute;<a href="#nbp_30" id="footnoteref30_npgbak3" name="lien_nbp_30" title="«I revere Booth Tarkington for that human, touching, real story, but you – I love you for your artistry, your imagination, your understanding and personality. I cannot think why I never before sensed your warmth and depth, your genuineness.» (Movie Classic, January 1936, p.74).">30</a>&raquo;.&nbsp; &nbsp;</p> <p>Qu&rsquo;elles suscitent le rire ou l&rsquo;empathie, les impostures de Hepburn dans&nbsp;<em>Morning Glory</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Alice Adams</em>&nbsp;sont r&eacute;duites au statut de simulacre clairement distinct de la personnalit&eacute; authentique de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne. D&eacute;nu&eacute;es de toute valeur positive, elles sont imm&eacute;diatement d&eacute;masqu&eacute;es et ne permettent donc pas &agrave; Hepburn d&rsquo;acqu&eacute;rir un pouvoir gr&acirc;ce &agrave; la ma&icirc;trise de son image, comme c&rsquo;est le cas &agrave; la ville et dans d&rsquo;autres films de la p&eacute;riode que nous allons examiner maintenant.</p> <p><strong><em>The Little Minister</em></strong><strong>&nbsp;et&nbsp;<em>Quality Street</em>: le pouvoir de l&rsquo;imposture</strong></p> <p>Tous deux adapt&eacute;s d&rsquo;une pi&egrave;ce de James M. Barrie du m&ecirc;me nom,&nbsp;<em>The Little Minister</em>&nbsp;(Richard Wallace, 1934) et&nbsp;<em>Quality Street</em>&nbsp;(George Stevens, 1937) mobilisent un dispositif &agrave; double d&eacute;tente qui laisse d&rsquo;abord Hepburn obtenir l&rsquo;ascendant sur d&rsquo;autres personnages &agrave; la faveur d&rsquo;une imposture, pour lui retirer ensuite ce pouvoir. Le premier film se d&eacute;roule sur fond de r&eacute;volte populaire dans l&rsquo;&Eacute;cosse des ann&eacute;es 1840. La star y tient le r&ocirc;le de Babbie, la pupille d&rsquo;un riche propri&eacute;taire foncier, qui se d&eacute;guise en boh&eacute;mienne pour participer aux luttes ouvri&egrave;res. D&rsquo;embl&eacute;e, le film associe l&rsquo;imposture de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne &agrave; son insoumission au pouvoir patriarcal, incarn&eacute; par son tuteur, Lord Rintoul, auquel elle dissimule ses escapades &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur du ch&acirc;teau, loin de la sph&egrave;re domestique, et par le nouveau pasteur du village, Gavin Dishart, qu&rsquo;elle domine dans le rapport de s&eacute;duction et dont elle parvient &agrave; faire ce qu&rsquo;elle veut. Ainsi, c&rsquo;est en tant que boh&eacute;mienne qu&rsquo;elle prend la t&ecirc;te d&rsquo;une r&eacute;volte de villageois et parvient ainsi &agrave; &eacute;branler l&rsquo;alliance masculine constitu&eacute;e de Dishart, Lord Rintoul et des capitalistes de Glasgow qui veulent imposer leur loi par la force aux tisserands de Thrumbs. Babbie ne se contente donc pas d&rsquo;&eacute;chapper au contr&ocirc;le des hommes mais repr&eacute;sente de surcro&icirc;t une r&eacute;elle menace pour l&rsquo;ordre patriarcal et capitaliste en minant l&rsquo;autorit&eacute; de ses repr&eacute;sentants.</p> <p>Apr&egrave;s avoir &eacute;t&eacute; tr&egrave;s complaisant vis-&agrave;-vis du comportement de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne, le film la montre se soumettre spontan&eacute;ment au pasteur, dont elle est tomb&eacute;e amoureuse, et br&ucirc;ler ses habits de boh&eacute;mienne. Outre qu&rsquo;il met fin &agrave; ses impostures, ce geste symbolise son all&eacute;geance au patriarcat, puisque le costume &eacute;tait &agrave; la fois celui de la r&eacute;volutionnaire qui se rebellait contre les hommes de pouvoir, et de la &laquo;tentatrice&raquo; qui a s&eacute;duit activement le pasteur, mettant en p&eacute;ril sa r&eacute;putation et sa place. Cette domestication/neutralisation de Hepburn &agrave; l&rsquo;&eacute;cran t&eacute;moigne de la menace que repr&eacute;sente son &eacute;cart aux normes de f&eacute;minit&eacute; en cette p&eacute;riode de r&eacute;affirmation de l&rsquo;ordre de genre suite aux perturbations g&eacute;n&eacute;r&eacute;es par la D&eacute;pression<a href="#nbp_31" id="footnoteref31_5th72zg" name="lien_nbp_31" title="Sur la perturbation de l’ordre de genre générée par la Dépression, voir: Jules Sandeau, «Retour sur les films de gangsters hollywoodiens des années 30: codage et décodage de masculinités marginalisées», Genre en séries: cinéma, télévision, médias [En ligne], n°1, mars 2015. Sur la réaffirmation de la domination masculine à partir du milieu de la décennie, voir: Isabelle Dhommée, Les cinq «empoisonneuses», op. cit., p. 275-319.">31</a>. Non contente d&rsquo;incarner des h&eacute;ro&iuml;nes difficilement assimilables par le patriarcat &ndash; voir notamment&nbsp;<em>Christopher Strong</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Spitfire&nbsp;</em>&ndash;, elle affiche &agrave; la ville une ind&eacute;pendance de plus en plus probl&eacute;matique. Apr&egrave;s avoir racont&eacute; pendant des mois &agrave; la presse qu&rsquo;elle &eacute;tait c&eacute;libataire, Hepburn divorce de Ludlow Smith en mai 1934 et proclame n&rsquo;avoir aucune intention de se remarier<a href="#nbp_32" id="footnoteref32_9bym5se" name="lien_nbp_32" title="Photoplay, July 1934, p.69.">32</a>.</p> <p>Insaisissable en tant que femme insoumise, Babbie l&rsquo;est aussi du point de vue de son appartenance de classe, comme en t&eacute;moigne la sc&egrave;ne o&ugrave; Dishart s&rsquo;avoue d&eacute;concert&eacute; par sa m&eacute;tamorphose en femme distingu&eacute;e<a href="#nbp_33" id="footnoteref33_0yy7d0h" name="lien_nbp_33" title="«I do not understand you. On the hill and in the square, you spoke as broadly as any woman in Thrumbs. Now you fling a cloak over your shoulders and become a fine lady.»">33</a>. Cette duplicit&eacute; sociale est ce qui fait sa force, puisque c&rsquo;est gr&acirc;ce &agrave; elle qu&rsquo;elle s&rsquo;impose comme une figure de proue de la r&eacute;volte populaire et qu&rsquo;elle berne Lord Rintoul, dont elle trahit les int&eacute;r&ecirc;ts de classe sans qu&rsquo;il ne la soup&ccedil;onne. Apr&egrave;s avoir valoris&eacute; la capacit&eacute; de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne &agrave; circuler entre les classes, le film l&rsquo;oblige finalement &agrave; choisir son camp. Elle abandonne ainsi son ch&acirc;teau pour aller vivre parmi les gens ordinaires. Comme beaucoup d&rsquo;h&eacute;ro&iuml;nes de com&eacute;die de la p&eacute;riode<a href="#nbp_34" id="footnoteref34_cbonioh" name="lien_nbp_34" title="Voir par exempleIt Happened One Night (Frank Capra, 1934), The Gilded Lily (Wesley Ruggles,1935), Hands Across the Table (Mitchell Leisen, 1935), Naughty Marietta (Robert Z. Leonard&amp;W.S. Van Dyke, 1935), My Man Godfrey (Gregory La Cava, 1936), Love on the Run (W. S. Van Dyke, 1936), etc.">34</a>, Babbie d&eacute;laisse ainsi son riche pr&eacute;tendant pour se tourner vers un&nbsp;&laquo;homme du peuple<a href="#nbp_35" id="footnoteref35_1huy9d6" name="lien_nbp_35" title="Il faut entendre «peuple» au sens le plus large du terme ici. Les «hommes du peuple» que les films de la période opposent aux membres de la classe dominante sont d’ailleurs rarement des prolétaires et appartiennent plutôt à la classe moyenne.">35</a>&raquo;.</p> <p>Le film va m&ecirc;me plus loin en r&eacute;v&eacute;lant que l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne n&rsquo;appartient pas r&eacute;ellement &agrave; la classe sup&eacute;rieure, puisqu&rsquo;elle est en v&eacute;rit&eacute; une fille de boh&eacute;mienne qui a &eacute;t&eacute; recueillie et &eacute;lev&eacute;e par Lord Rintoul. La veille du mariage pr&eacute;vu avec son tuteur, elle se regarde dans le miroir &ndash; acte qui symbolise ses doutes au sujet de son identit&eacute; de classe &ndash;, puis s&rsquo;avance vers la fen&ecirc;tre de sa tour d&rsquo;ivoire pour contempler avec amertume le village en contrebas. Cette image fait directement &eacute;cho au portrait de la star en &laquo;snob&raquo; toisant Hollywood du haut de son Olympe aristocratique<a href="#nbp_36" id="footnoteref36_z2l0yay" name="lien_nbp_36" title="Voir l’article de Photoplay cité plus haut (August 1933, p. 101).">36</a>. Sauf que Hepburn ne rit plus ici mais souffre au contraire d&rsquo;&ecirc;tre prisonni&egrave;re de sa classe. Ainsi, le film la fait non seulement &laquo;redescendre sur terre&raquo;, mais il la construit de surcro&icirc;t comme une victime de sa condition sociale privil&eacute;gi&eacute;e, discours que l&rsquo;on retrouve notamment dans un article publi&eacute; par&nbsp;<em>Motion Picture</em>&nbsp;quelques mois apr&egrave;s la sortie du film<a href="#nbp_37" id="footnoteref37_qxkrzhb" name="lien_nbp_37" title="«Hepburn is a Shy Faun», Motion Picture, March 1935, p.21-22, 62.">37</a>&nbsp;et dans&nbsp;<em>Mary of Scotland</em>&nbsp;(John Ford, 1936)<a href="#nbp_38" id="footnoteref38_3xt83pw" name="lien_nbp_38" title="Jules Sandeau, «Katharine Hepburn en reine de cœur: Mary of Scotland (John Ford, 1936)», Revue LISA/LISA e-journal [En ligne], vol. XIV, n°2, 2016, 22.">38</a>.</p> <p>La trajectoire de Babbie r&eacute;pond ainsi aux articles publi&eacute;s dans les mois pr&eacute;c&eacute;dant la sortie du film, qui insistaient sur le foss&eacute; de classe entre Hepburn et les habitants de sa ville natale, Hartford<a href="#nbp_39" id="footnoteref39_s282ljh" name="lien_nbp_39" title="«Oh, Hepburn, Behave!», Picture Play, May 1934, p.32-33, 57; «Hartford Resents Hepburn!», Picture Play, September 1934, p.30, 62.">39</a>. On y apprenait par exemple qu&rsquo;un grand nombre d&rsquo;entre eux &eacute;taient tellement agac&eacute;s par &laquo;l&rsquo;attitude de la star vis-&agrave;-vis des fans et de la publicit&eacute;&raquo; qu&rsquo;ils lui auraient bien volontiers administr&eacute; &laquo;une bonne fess&eacute;e<a href="#nbp_40" id="footnoteref40_l9lb22q" name="lien_nbp_40" title="«An open letter from one of her home-towners tells Katharine how proud they are – and how much they’d like to spank her for her attitude toward fans and publicity […]. For the butcher, the baker, and the candlestick maker, to say nothing of their respective wives and daughters hereabouts, all have a desire to administer to Hartford’s one and only star a good spanking […]» (Picture Play, May 1934, p.32).">40</a>&raquo;, ou encore que la raison pour laquelle les &laquo;petites gens&raquo; de Hartford &eacute;taient la plupart du temps indiff&eacute;rents au succ&egrave;s de &laquo;leur star&raquo;, tiendrait avant tout &agrave; une diff&eacute;rence de condition entre les &laquo;citadins ordinaires&raquo; et la jeune privil&eacute;gi&eacute;e qui &laquo;est n&eacute;e dans un milieu aristocratique et y a pass&eacute; toute sa vie<a href="#nbp_41" id="footnoteref41_qnr6keq" name="lien_nbp_41" title="«To begin with, Katharine Hepburn admittedly is, and always has been, of the “upper crust,” and it goes without saying that she would be more sympathetically regarded had she been a working girl who had made good. As it is, she had everything necessary to a girl’s happiness to begin with, so what she has achieved in addition has, therefore, lost considerable of its attractiveness for the average girl in Hartford. […] Katharine Hepburn was born in an aristocratic set and has lived in it all her life. She is apart from the average residents, those who have to save their nickels and dimes to see a Hepburn picture, or any other picture.» (Picture Play, September 1934, p.30, 62).">41</a>&raquo;. L&rsquo;insistance est mise sur la dimension g&eacute;ographique de cette distance sociale<a href="#nbp_42" id="footnoteref42_atyiu6q" name="lien_nbp_42" title="«To them her home is “somewhere up on Bloomfield Avenue”, which is in that ritzy locality on the outskirts of the city. And the Hepburn summer home is at Saybrook Point, Fenwick, Connecticut, a colony of Hartford’s select families. Thus, at every turn, Katharine Hepburn is taken out of any atmosphere that could be sympathetic to those people who comprise picture audiences» (Picture Play, September 1934, p.62).">42</a>. De la m&ecirc;me mani&egrave;re,&nbsp;<em>The Little Minister</em>&nbsp;place Babbie dans un ch&acirc;teau sur les hauteurs, isol&eacute; du village. En montrant l&rsquo;aristocrate descendre de sa colline pour aller vivre parmi le peuple, le film tente ainsi de rapprocher la &laquo;snob&raquo; qu&rsquo;est Hepburn du public populaire.&nbsp;</p> <p>Si Babbie quitte d&eacute;finitivement le monde dans lequel elle a &eacute;t&eacute; &eacute;lev&eacute;e, elle ne redevient pas une boh&eacute;mienne pour autant, comme le souligne la sc&egrave;ne o&ugrave; elle br&ucirc;le ses habits de gitane. Cet acte ne symbolise donc pas seulement sa soumission au pouvoir masculin, mais &eacute;galement son int&eacute;gration d&eacute;finitive &agrave; la communaut&eacute; nationale. De la m&ecirc;me mani&egrave;re que Babbie doit se d&eacute;barrasser de son identit&eacute; d&rsquo;&eacute;trang&egrave;re rebelle, Hepburn doit elle aussi en finir avec son comportement &laquo;anti-am&eacute;ricain&raquo; vis-&agrave;-vis de la presse, qui la rapproche de stars &eacute;trang&egrave;res comme Garbo et Dietrich. La condamnation des impostures de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne s&rsquo;inscrit ainsi dans le processus de reconstruction nationale qui s&rsquo;op&egrave;re alors. Apr&egrave;s s&rsquo;&ecirc;tre appuy&eacute; sur l&rsquo;image de Hepburn en montrant Babbie exceller dans l&rsquo;art de la com&eacute;die et du d&eacute;guisement, le film finit donc par neutraliser ses dimensions probl&eacute;matiques.</p> <p>On retrouve le m&ecirc;me dispositif dans&nbsp;<em>Quality Street</em>&nbsp;qui enferme Hepburn dans la sph&egrave;re romantique &agrave; la suite de&nbsp;<em>Break of Hearts</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Alice Adams</em>. Situ&eacute; dans l&rsquo;Angleterre du d&eacute;but du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, le film raconte l&rsquo;histoire de Phoebe Throssel (Hepburn), une jeune femme vivant avec sa s&oelig;ur ain&eacute;e. Amoureuse du fringant Dr. Brown (Franchot Tone), elle s&rsquo;attend &agrave; ce qu&rsquo;il lui demande sa main. Mais, &agrave; sa grande d&eacute;ception, il lui annonce fi&egrave;rement qu&rsquo;il s&rsquo;est engag&eacute; dans l&rsquo;arm&eacute;e. Lorsque le Dr. Brown revient dix ans plus tard, il a des paroles malheureuses sur l&rsquo;air &laquo;fatigu&eacute;<a href="#nbp_43" id="footnoteref43_uwis37g" name="lien_nbp_43" title="«You look so… so tired.»">43</a>&raquo; de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne qui est consciente d&rsquo;avoir &laquo;perdu tout son charme<a href="#nbp_44" id="footnoteref44_hrl808s" name="lien_nbp_44" title="«Susan, I’ve lost all my looks.» ">44</a>&raquo;. Elle d&eacute;cide alors de se faire passer pour sa propre ni&egrave;ce, Livvy, une jeune femme s&eacute;duisante et s&eacute;ductrice, afin de se venger du Dr. Brown. Mais lorsqu&rsquo;elle est sur le point d&rsquo;&eacute;conduire ce dernier en le renvoyant &agrave; son &acirc;ge avanc&eacute;, il lui r&eacute;v&egrave;le qu&rsquo;il a toujours &eacute;t&eacute; amoureux de Phoebe. Apr&egrave;s avoir d&eacute;couvert l&rsquo;imposture, le Dr. Brown y met fin et propose &agrave; sa bien-aim&eacute;e de l&rsquo;&eacute;pouser, ce qu&rsquo;elle accepte en parvenant difficilement &agrave; retenir son &eacute;motion.</p> <p>Comme dans&nbsp;<em>The Little Minister</em>, l&rsquo;imposture est ici un moyen pour l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne d&rsquo;acqu&eacute;rir du pouvoir. Lorsqu&rsquo;elle se fait passer pour Livvy, Phoebe gagne en assurance et domine les hommes dans le rapport de s&eacute;duction. Or le film condamne ce comportement par l&rsquo;interm&eacute;diaire du Dr. Brown (&laquo;Nul doute que ces flirts vous amusent, mais ne vous est-il jamais venu &agrave; l&rsquo;esprit qu&rsquo;ils puissent faire souffrir les autres<a href="#nbp_45" id="footnoteref45_c14fw7o" name="lien_nbp_45" title="«No doubt these varying flirtations amuse you. Has it never occurred to you that they may hurt others?»">45</a>&nbsp;?&raquo;). L&rsquo;enjeu est donc encore une fois de retirer &agrave; Hepburn le pouvoir que lui conf&egrave;re l&rsquo;imposture. Cette d&eacute;possession appara&icirc;t notamment ici dans le fait que l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne initie involontairement la mascarade<a href="#nbp_46" id="footnoteref46_xiac05c" name="lien_nbp_46" title="Phoebe ne la portait que pour elle et sa sœur, en souvenir du passé. Le Dr. Brown débarque alors à l’improviste. Prise au dépourvu, la domestique introduit Phoebe comme étant la nièce de Phoebe et initie ainsi la mascarade.">46</a>&nbsp;dont elle finit de surcro&icirc;t par perdre le contr&ocirc;le, avant d&rsquo;&ecirc;tre sauv&eacute;e par le docteur qui &eacute;jecte symboliquement Livvy hors de la maison et permet ainsi &agrave; Phoebe de redevenir la femme passive et soumise aux hommes qu&rsquo;elle &eacute;tait au d&eacute;but.</p> <p>Cependant, &agrave; la diff&eacute;rence de&nbsp;<em>Morning Glory</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Alice Adams</em>,&nbsp;<em>The Little Minister</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Quality Street</em>&nbsp;ne renvoient pas compl&egrave;tement l&rsquo;imposture de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne du c&ocirc;t&eacute; du faux. Babbie se r&eacute;v&egrave;le en effet une femme v&eacute;ritablement proche du peuple, tandis que le d&eacute;guisement de Phoebe lui permet de retrouver le charme qu&rsquo;elle avait perdu. Mais si l&rsquo;imposture se voit conf&eacute;rer en partie un r&ocirc;le positif dans ces deux films, c&rsquo;est uniquement dans la mesure o&ugrave; elle conforme Hepburn aux nouveaux id&eacute;aux de classe et de genre. En effet, ses origines aristocratiques posent un probl&egrave;me croissant en cette p&eacute;riode o&ugrave; la nation se reconstruit autour d&rsquo;un mod&egrave;le d&rsquo;appartenance &agrave; la classe moyenne, et son refus d&rsquo;&ecirc;tre &eacute;rotis&eacute;e par le biais des costumes qu&rsquo;elle porte &agrave; l&rsquo;&eacute;cran entre &eacute;galement en contradiction avec l&rsquo;&eacute;volution des repr&eacute;sentations des actrices au cours de la seconde moiti&eacute; de la d&eacute;cennie<a href="#nbp_47" id="footnoteref47_qfqxbye" name="lien_nbp_47" title="En ce qui concerne le refus de Hepburn d’être érotisée, voir par exemple cet article du magazine Hollywood publié trios mois avant la sortie de Quality Street: «On a number of occasions, her producers and advisers have suggested that she do a part where she could throw on some strictly modern lure – sex-appeal, or whatever you want to call it – by the fairly simple method of taking off some of those proverbial high collars of hers, to reveal her neck and her shoulders. They also suggested that she might take a few inches off her long gowns to show shapely legs. […] This, Miss Hepburn let it be known, was exactly what she did not want to be» (Hollywood, December 1936, p.25). Conformément aux normes de représentation des corps féminins qui s’imposent progressivement au cours de la seconde moitié de la décennie, elle sera érotisée au tournant des années 1940, notamment dans The Philadelphia Story et Woman of The Year (George Stevens, 1942).">47</a>.</p> <p>Sorti en 1935,&nbsp;<em>Sylvia Scarlett&nbsp;</em>(George Cukor) s&rsquo;&eacute;carte significativement de ce sch&eacute;ma. Non seulement l&rsquo;imposture de la star n&rsquo;y est pas clairement condamn&eacute;e, mais elle tend &agrave; acqu&eacute;rir ici une valeur pleinement positive en tant qu&rsquo;instrument d&rsquo;&eacute;mancipation.</p> <p><strong><em>Sylvia Scarlett</em></strong><strong>: l&rsquo;imposture &eacute;mancipatrice</strong></p> <p>Hepburn incarne ici une jeune femme qui se d&eacute;guise en gar&ccedil;on afin de fuir la France avec son p&egrave;re recherch&eacute; par la police. Au cours de ses p&eacute;r&eacute;grinations, elle rencontre un artiste, Michael Fane (Brian Aherne), qui se d&eacute;clare troubl&eacute; par sa pr&eacute;sence et dont elle tombe amoureuse. Si le fait que Michael soit d&rsquo;abord s&eacute;duit par Sylvester &ndash; c&rsquo;est-&agrave;-dire par l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne travestie &ndash; contribue &agrave; l&rsquo;atmosph&egrave;re&nbsp;<em>queer</em>&nbsp;du film, la cr&eacute;dibilit&eacute; et l&rsquo;attractivit&eacute; de Hepburn en homme s&rsquo;en trouvent &eacute;galement renforc&eacute;es. Le&nbsp;<em>Time</em>&nbsp;commente ainsi: &laquo;<em>Sylvia Scarlett&nbsp;</em>r&eacute;v&egrave;le, chose int&eacute;ressante, que Katharine Hepburn est mieux en gar&ccedil;on qu&rsquo;en femme<a href="#nbp_48" id="footnoteref48_1ttnqs4" name="lien_nbp_48" title="«Sylvia Scarlett reveals the interesting fact that Katharine Hepburn is better looking as a boy than as a woman» (Time, in Homer Dickens, The Films of Katharine Hepburn, op.cit., p.74).">48</a>&raquo;. Alors que le film &eacute;tait encore en production, les&nbsp;<em>fan magazines</em>&nbsp;annon&ccedil;aient d&eacute;j&agrave; la r&eacute;ussite de la transformation effectu&eacute;e par la star pour le r&ocirc;le<a href="#nbp_49" id="footnoteref49_x70udfj" name="lien_nbp_49" title="« She wears boys’ clothes in this, her next picture, and looks exactly like your seventeen-year-old brother.» (Screenland, November 1935, p.61).">49</a>.&nbsp;<em>Silver Screen</em>&nbsp;raconte l&rsquo;affolement d&rsquo;un figurant quand celui-ci tombe nez &agrave; nez avec &laquo;un jeune inconnu&raquo; en train de fouiller la loge et d&rsquo;ouvrir le sac de la star&hellip; l&rsquo;inconnu en question s&rsquo;av&eacute;rant bien s&ucirc;r &ecirc;tre Hepburn elle-m&ecirc;me<a href="#nbp_50" id="footnoteref50_0cro65m" name="lien_nbp_50" title="«The cast and director of Sylvia Scarlett got quite a scare the other day when an excited extra came dashing on the set and screamed that a strange young man was in Katharine’s dressing room rummaging around her top drawer and even opening her bag. The “strange young man” turned out to be no less than Katie herself […]» (Silver Screen, November 1935, p.58).">50</a>. Profitant pleinement des avantages que lui offre cette nouvelle identit&eacute;, l&rsquo;actrice se plait &agrave; d&eacute;ambuler autour d&rsquo;Hollywood sans &ecirc;tre reconnue de ses fans et joue au golf tous les soirs &agrave; Santa Monica dans un parfait anonymat<a href="#nbp_51" id="footnoteref51_19quwdk" name="lien_nbp_51" title="«For the first time Hepburn has been able to trot around Hollywood to her heart’s content without being stared at by the fans. And don’t think she isn’t taking advantage of this. It seems that every night for two weeks she went to one of those golf driving ranges out in Santa Monica and never once did they discover her identity.» (Silver Screen, November 1935, p.58).">51</a>.</p> <p>Le jeu de l&rsquo;actrice contribue fortement &agrave; la faire passer comme plus &laquo;naturellement&raquo; masculine. En effet, elle ne force pas du tout le trait lorsqu&rsquo;elle est travestie en jeune homme &ndash; comme elle le faisait par exemple dans la pi&egrave;ce de th&eacute;&acirc;tre de&nbsp;<em>Little Women</em>&nbsp;&ndash; et, &agrave; l&rsquo;inverse, sur-joue la f&eacute;minit&eacute; dans la sc&egrave;ne centrale o&ugrave; elle tente de (re)devenir une femme pour s&eacute;duire Michael &ndash; battements de cils, air effarouch&eacute; et ing&eacute;nu, sourire niais, etc. Alors que l&rsquo;on ne voit jamais Sylvia apprendre &agrave; se comporter comme un gar&ccedil;on, son acc&egrave;s &agrave; la f&eacute;minit&eacute; est conditionn&eacute; par une &eacute;ducation (&laquo;Tu dois apprendre les ficelles du m&eacute;tier<a href="#nbp_52" id="footnoteref52_1clxwsf" name="lien_nbp_52" title="«You’ve got to learn the tricks of the trade.»">52</a>&raquo;, lui explique Michael). Son &laquo;naturel&nbsp;masculin&raquo; revient d&rsquo;ailleurs au galop d&egrave;s qu&rsquo;elle se rel&acirc;che un peu, comme lorsqu&rsquo;elle s&rsquo;assoit en &eacute;cartant les jambes. Sylvia semble ainsi plus authentique quand elle se travestit que lorsqu&rsquo;elle se conforme au genre qui lui a &eacute;t&eacute; assign&eacute; &agrave; la naissance (&laquo;J&rsquo;aurais d&ucirc; rester un gar&ccedil;on, je ne suis faite que pour &ccedil;a<a href="#nbp_53" id="footnoteref53_ubj31jn" name="lien_nbp_53" title="«I should have stayed as a boy. It’s all I’m fit for.»">53</a>&raquo;). Paradoxalement, c&rsquo;est lorsqu&rsquo;elle recourt &agrave; l&rsquo;imposture que l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne est la plus &laquo;vraie&raquo;, tandis que ses tentatives d&rsquo;en sortir sont plac&eacute;es sous le signe de l&rsquo;artificialit&eacute;.</p> <p>Alors que le travestissement visait au d&eacute;part &agrave; duper la police, il perd progressivement son lien avec cette imposture originelle pour acqu&eacute;rir une valeur en lui-m&ecirc;me, en tant que moyen d&rsquo;exp&eacute;rimenter les possibles en termes de genre. Au lieu de montrer l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne choisir l&rsquo;une des deux identit&eacute;s de genre d&eacute;finies par le patriarcat, le film la laisse finalement se construire hors de cette binarit&eacute; exclusive. En effet, comme l&rsquo;ont montr&eacute; notamment Stephen Groark et Andrew Britton<a href="#nbp_54" id="footnoteref54_3dp6ji9" name="lien_nbp_54" title="Stephen Groark, «George Cukor’s Sylvia Scarlett», The Velvet Light Trap, 3, 1971-1972, p.19-22; Andrew Britton, Katharine Hepburn: Star as Feminist, New York, Columbia University Press, 2003, p.97-99. Voirégalement Andrea Weiss, «‘A Queer Feeling When I Look at You’: Hollywood Stars and Lesbian Spectatorship in the 1930s», in Christine Gledhill (ed.), Stardom: Industry of Desire, London and New York, Routledge, 1991, p.297.">54</a>, Sylvia d&eacute;laisse aussi bien la f&eacute;minit&eacute; domin&eacute;e qu&rsquo;elle incarne dans le prologue et dans la sc&egrave;ne o&ugrave; elle tente de s&eacute;duire Michael, que la masculinit&eacute; dominante &agrave; laquelle elle aspirait suite &agrave; sa rencontre avec Monkley (Cary Grant), un escroc qui devient rapidement son complice et son compagnon de route. Jamais le film ne consid&egrave;re la f&eacute;minit&eacute; conventionnelle comme une option s&eacute;rieuse pour l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne, non seulement parce que Hepburn la caricature &agrave; chaque fois qu&rsquo;elle l&rsquo;incarne, mais aussi parce qu&rsquo;elle devient un repoussoir &agrave; travers la figure de Maudie (Dennie Moore), introduite comme une femme na&iuml;ve et pleurnicheuse qui se laisse abuser par les hommes et en souffre. La masculinit&eacute; personnifi&eacute;e par Monkley n&rsquo;est pas non plus pr&eacute;sent&eacute;e comme satisfaisante pour l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne. Si elle adh&egrave;re au d&eacute;part &agrave; la philosophie de l&rsquo;escroc selon laquelle l&rsquo;humanit&eacute; se divise, comme le r&egrave;gne animal, en dominants et domin&eacute;s, Sylvia s&rsquo;en distancie rapidement, en particulier &agrave; cause de la misogynie qu&rsquo;elle renferme<a href="#nbp_55" id="footnoteref55_0tpk7yn" name="lien_nbp_55" title="Voir la scène où elle se declare dégoutée par la vision misogyne que Monkley a des femmes («If I was a girl, I’d see myself dead before I got mixed up with you»), mais aussi et surtout celle où elle refuse d’instrumentaliser Maudie («I’m sick of the whole thing. I thought it was fun at first. I thought it was being like a highwayman. But when it comes to getting a poor servant girl out of her job... I’m not having any»).">55</a>.</p> <p>Apr&egrave;s avoir exp&eacute;riment&eacute; chacun des r&ocirc;les de genre traditionnels, l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne choisit finalement une troisi&egrave;me voie qui &eacute;chappe &agrave; cette alternative ali&eacute;nante. Le film pr&eacute;sente cette &eacute;volution comme une renaissance au moyen de deux &eacute;v&eacute;nements hautement symboliques&nbsp;: la mort de son p&egrave;re et la r&eacute;surrection de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne par l&rsquo;eau<a href="#nbp_56" id="footnoteref56_6dbm4rw" name="lien_nbp_56" title="Voir Andrew Britton, Katharine Hepburn, op. cit., p. 99.">56</a>. &Agrave; partir de l&agrave;, les costumes qu&rsquo;elle porte &ndash; qui symbolisent les r&ocirc;les sociaux masculin et f&eacute;minin &ndash; ne semblent plus affecter son identit&eacute;. Apr&egrave;s un moment de transition en v&ecirc;tements de deuil, elle remet successivement la robe dans laquelle elle avait &eacute;t&eacute; &eacute;duqu&eacute;e &agrave; la f&eacute;minit&eacute; quelques sc&egrave;nes plus t&ocirc;t, puis les v&ecirc;tements masculins de son travestissement en Sylvester, sans que ces transformations soient accompagn&eacute;es d&rsquo;un quelconque changement dans son comportement. Dans la mesure o&ugrave; l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne y subit les m&ecirc;mes m&eacute;tamorphoses que depuis le d&eacute;but du film mais dans l&rsquo;ordre inverse, on peut lire ces sc&egrave;nes comme un retour &agrave; une identit&eacute; de genre situ&eacute;e en de&ccedil;&agrave; de la dichotomie masculin/f&eacute;minin impos&eacute;e par le patriarcat. Sylvia finit d&rsquo;ailleurs dans une tenue neutre d&rsquo;un point de vue genr&eacute;: un grand manteau noir qui recouvre tout son corps.</p> <p>Contrairement aux films examin&eacute;s plus haut,&nbsp;<em>Sylvia Scarlett</em>&nbsp;conf&egrave;re donc une valeur pleinement positive &agrave; l&rsquo;imposture de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne, puisqu&rsquo;elle lui permet de s&rsquo;&eacute;manciper de sa condition de femme puis de la binarit&eacute; de genre. La v&eacute;ritable identit&eacute; de Hepburn ne s&rsquo;impose pas ici contre l&rsquo;imposture, mais plut&ocirc;t &agrave; travers elle. Le caract&egrave;re subversif de ce discours transparait dans l&rsquo;examen de la r&eacute;ception du film. Dans la lign&eacute;e de certains mat&eacute;riaux promotionnels, la critique de&nbsp;<em>Movie Classic</em>&nbsp;d&eacute;crit ainsi l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne comme &laquo;une fille n&eacute;e pour &ecirc;tre une actrice, qui se d&eacute;guise en gar&ccedil;on pour aider son escroc de p&egrave;re, devient membre d&rsquo;une troupe d&rsquo;acteurs ambulants, et finit par r&eacute;v&eacute;ler sa f&eacute;minit&eacute;<a href="#nbp_57" id="footnoteref57_j29gml6" name="lien_nbp_57" title="«Sylvia Scarlett presents Katharine Hepburn as a girl, born to be an actress, who disguises herself as a boy in order to help her knavish father, becomes a member of a wandering troupe of players, and eventually reveals her womanliness.» (Movie Classic, March 1936, p.22).">57</a>&raquo;. Le travestissement est ramen&eacute; ici &agrave; une pure performance d&rsquo;&laquo;actrice&raquo; et donc d&eacute;connect&eacute; de la qu&ecirc;te identitaire de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne. Alors qu&rsquo;il est dans le film un moyen pour elle d&rsquo;explorer les possibles en termes de genre, ce r&eacute;sum&eacute; le r&eacute;duit &agrave; un &laquo;d&eacute;guisement&raquo; qu&rsquo;elle finit par abandonner pour &laquo;r&eacute;v&eacute;ler sa f&eacute;minit&eacute;&raquo;, con&ccedil;ue ainsi comme sa &laquo;v&eacute;ritable nature&raquo;. Cette lecture d&eacute;formante du film, que l&rsquo;on retrouve sous la plume d&rsquo;autres critiques, t&eacute;moigne de la radicalit&eacute; du discours tenu par le film sur le genre, qui a d&ucirc; rester illisible pour une bonne partie du public de l&rsquo;&eacute;poque.</p> <p>Le d&eacute;calage de&nbsp;<em>Sylvia Scarlett</em>&nbsp;avec le contexte de r&eacute;affirmation de l&rsquo;ordre de genre qui caract&eacute;rise le milieu de la d&eacute;cennie a contribu&eacute; &agrave; son &eacute;chec critique et public. En valorisant l&rsquo;imposture d&rsquo;Hepburn comme un instrument d&rsquo;&eacute;mancipation, le film prend le contrepied de&nbsp;<em>Morning Glory</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Alice Adams</em>, mais &eacute;galement de&nbsp;<em>The Little Minister</em>, qui contrebalan&ccedil;ait le pouvoir que l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne retirait de ses mascarades par un retour &agrave; l&rsquo;ordre final. L&rsquo;&eacute;chec du film de Cukor s&rsquo;explique donc peut-&ecirc;tre en partie par sa trop grande complaisance vis-&agrave;-vis de la propension de la star &agrave; l&rsquo;imposture, tandis que la capacit&eacute; des trois autres films &agrave; g&eacute;rer cette dimension controvers&eacute;e de son image a s&ucirc;rement jou&eacute; en leur faveur<a href="#nbp_58" id="footnoteref58_1yt3s8z" name="lien_nbp_58" title="En ce qui concerne Quality Street, les traces de réception indiquent que c’est principalement en tant que film en costume qu’il ne réalise pas une bonne performance au box-office. Voir par exemple: «Let us have Katie as a modern young woman, not as Phoebe or Mary Stuart» (Photoplay, July 1937, p.119).">58</a>. La r&eacute;ception de&nbsp;<em>Bringing Up Baby</em>&nbsp;(Howard Hawks, 1938) et de&nbsp;<em>The Philadelphia Story</em>&nbsp;(George Cukor, 1940) corrobore cette hypoth&egrave;se. Le premier, qui permet &agrave; la star de donner libre cours &agrave; ses excentricit&eacute;s, re&ccedil;oit un accueil critique mitig&eacute; et se r&eacute;v&egrave;le le film de Hepburn le plus d&eacute;sastreux &eacute;conomiquement pour la RKO avec&nbsp;<em>Sylvia Scarlett</em><a href="#nbp_59" id="footnoteref59_59pif4s" name="lien_nbp_59" title="Sylvia Scarlett et Bringing Up Baby font respectivement perdre 362 000 et 365 000 dollars au studio («RKO Film Grosses, 1929-1951: the C.J. Tevlin ledger», Historical Journal of Popular Film, Radio and Television, 14(1), 1994).">59</a>. &Agrave; l&rsquo;inverse, le second triomphe en reprenant le dispositif &agrave; double d&eacute;tente de&nbsp;<em>The Little Minister</em>.</p> <p><strong>De&nbsp;<em>Bringing Up Baby</em>&nbsp;&agrave;&nbsp;<em>The Philadelphia Story</em>: mettre fin &agrave; l&rsquo;imposture</strong></p> <p>Si l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne incarn&eacute;e par Hepburn dans&nbsp;<em>Bringing Up Baby</em>&nbsp;est d&eacute;peinte comme une h&eacute;riti&egrave;re impulsive, gaffeuse et t&ecirc;te-en-l&rsquo;air, elle est &eacute;galement caract&eacute;ris&eacute;e comme une femme mettant en place des stratag&egrave;mes pour obtenir ce qu&rsquo;elle d&eacute;sire, ce qui l&rsquo;apparente aux &laquo;<em>female tricksters</em>&raquo; analys&eacute;es par Lori Landay, dont la Jean Harrington de&nbsp;<em>The Lady Eve</em>&nbsp;(Preston Sturges, 1941) est probablement l&rsquo;incarnation la plus embl&eacute;matique<a href="#nbp_60" id="footnoteref60_mb7xgml" name="lien_nbp_60" title="Lori Landay, Madcaps, Screwballs, and Con Women: The Female Trickster in American Culture, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1998.">60</a>. Tout au long du film, Susan recourt ainsi au mensonge et &agrave; l&rsquo;imposture avec une initiative et un savoir-faire croissants. Lorsqu&rsquo;elle simule l&rsquo;attaque du l&eacute;opard au t&eacute;l&eacute;phone ou embrouille l&rsquo;agent de police qui veut lui mettre un proc&egrave;s-verbal pour stationnement interdit, elle ne fait que r&eacute;agir &agrave; un &eacute;v&eacute;nement impr&eacute;vu qui lui donne une id&eacute;e (sa chute dans la premi&egrave;re sc&egrave;ne, et le fait que le l&eacute;opard change de voiture dans la seconde). Au contraire, c&rsquo;est elle qui a l&rsquo;id&eacute;e de subtiliser les v&ecirc;tements de David (Cary Grant) pendant qu&rsquo;il se douche puis de jouer l&rsquo;innocente lorsqu&rsquo;il les lui demande. Cet&nbsp;<em>empowerment</em>&nbsp;de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne atteint son apog&eacute;e dans la sc&egrave;ne de la prison o&ugrave; elle parvient &agrave; &eacute;chapper aux forces de l&rsquo;ordre en se faisant passer pour &laquo;Swingin&rsquo; Door Susie&raquo;.</p> <p>Le film ravive ainsi le penchant de Hepburn pour l&rsquo;imposture sans jamais chercher &agrave; le r&eacute;guler. Comme dans&nbsp;<em>The Little Minister</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Quality Street</em>, les mensonges et mascarades de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne lui permettent d&rsquo;avoir le dessus sur les hommes, mais ce pouvoir est ici valoris&eacute; jusqu&rsquo;au bout. Non seulement les figures d&rsquo;autorit&eacute; masculine bern&eacute;es par Susan sont ridiculis&eacute;es, mais la domination qu&rsquo;elle exerce sur David est finalement pr&eacute;sent&eacute;e comme &eacute;panouissante pour lui, puisqu&rsquo;il avoue avoir pass&eacute; la &laquo;plus belle journ&eacute;e de sa vie&raquo;. Comme l&rsquo;a bien soulign&eacute; Andrew Britton, l&rsquo;humour de&nbsp;<em>Bringing Up Baby</em>&nbsp;a ceci de paradoxal qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;un &laquo;comique de la castration et de l&rsquo;humiliation masculine&raquo; mais &laquo;sans que cela ne soit jamais vraiment ressenti comme tel&raquo;, dans la mesure o&ugrave; &laquo;le processus d&rsquo;humiliation acquiert une signification positive<a href="#nbp_61" id="footnoteref61_5ucp2c9" name="lien_nbp_61" title="«Theoretically, the comedy of Bringing Up Baby is the comedy of male castration and humiliation, yet it is never actually felt as such: the process of ‘humiliation’ acquires a positive meaning, in that it constitutes the condition on which David (Grant) can learn, in the Hawksian terminology, to ‘have fun’» (Andrew Britton, Katharine Hepburn, op. cit., p.182). Voir également Andrew Britton, «Cary Grant: Comedy and Male Desire», in Barry Keith Grant (ed.), Britton on Film, Detroit, Wayne State University Press, 2009, p. 14.">61</a>&raquo;.</p> <p>Un peu plus de deux mois apr&egrave;s la sortie du film, le&nbsp;<em>Hollywood Reporter</em>&nbsp;publie l&rsquo;encadr&eacute; r&eacute;dig&eacute; par l&rsquo;<em>Independant Theatre Owners Association</em>, accusant Hepburn, avec d&rsquo;autres actrices comme Greta Garbo, Mae West ou Marlene Dietrich, d&rsquo;&ecirc;tre un &laquo;poison du box-office&raquo;. Le m&ecirc;me jour, la star re&ccedil;oit un t&eacute;l&eacute;gramme de Pandro Berman regrettant la fin de leur collaboration &agrave; la RKO. Le studio vient en effet de la pousser &agrave; racheter son contrat en lui donnant un r&ocirc;le dans un film de s&eacute;rie B en pr&eacute;paration depuis plusieurs mois,&nbsp;<em>Mother Carey&rsquo;</em><em>s Chicken</em><a href="#nbp_62" id="footnoteref62_785kt3x" name="lien_nbp_62" title="Variety, May 11, 1938, p.8; Richard B., RKO Radio Pictures: A Titan Is Born, Berkeley, Los Angeles, London, University of California Press, 2012, p.152; Isabelle Dhommée, Les cinq «empoisonneuses», op. cit., p.354.">62</a>. Mais Hepburn, alors que sa popularit&eacute; est au plus bas, parvient &agrave; renverser la vapeur en triomphant &agrave; la sc&egrave;ne puis &agrave; l&rsquo;&eacute;cran dans&nbsp;<em>The Philadelphia Story</em>, qui s&rsquo;appuie plus que jamais sur son image &agrave; la ville pour la gu&eacute;rir violemment de ses tares. L&rsquo;attitude de Hepburn vis-&agrave;-vis de la presse et son go&ucirc;t pour l&rsquo;imposture y occupent une place centrale.</p> <p>La star incarne Tracy Lord, une aristocrate de Philadelphie victime de l&rsquo;intrusion de deux journalistes, Mike Connor (James Stewart) et Liz Imbrie (Ruth Hussey), qui se font passer pour des amis de son fr&egrave;re avec la complicit&eacute; de Dexter (Cary Grant), son ex-mari, afin d&rsquo;&eacute;crire un article sur son remariage avec un nouveau riche, George Kittredge (John Howard). Apr&egrave;s avoir perc&eacute; &agrave; jour leur manigance, l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne d&eacute;cide de jouer un tour aux deux reporters. Avec la complicit&eacute; de sa s&oelig;ur et de sa m&egrave;re, elle leur offre une caricature de famille aristocratique conforme aux pr&eacute;jug&eacute;s qu&rsquo;ils nourrissent &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la classe sup&eacute;rieure. Si cette sc&egrave;ne tend &agrave; renvoyer la r&eacute;putation d&rsquo;aristocrate &laquo;snob&raquo; de Hepburn du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;imposture &ndash; et pr&eacute;pare ainsi le terrain &agrave; la th&egrave;se selon laquelle son image m&eacute;diatique dissimule une femme fragile et humaine&nbsp;&ndash;, elle encourage surtout le public &agrave; jouir avec elle de sa mascarade, ce qui revient &agrave; pr&eacute;senter comme jubilatoire l&rsquo;attitude provocatrice qu&rsquo;elle a adopt&eacute;e vis-&agrave;-vis de la presse &agrave; ses d&eacute;buts. Cette imposture conf&egrave;re &agrave; Tracy du pouvoir sur les journalistes, mais aussi au sein de sa famille, notamment parce qu&rsquo;elle profite de la situation pour tourner en d&eacute;rision l&rsquo;autorit&eacute; de son p&egrave;re, Seth Lord, qu&rsquo;elle prive de son statut de patriarche en le faisant passer pour l&rsquo;Oncle Willie. Si toutes ces sc&egrave;nes ressuscitent les dimensions controvers&eacute;es de la&nbsp;<em>persona</em>&nbsp;de Hepburn associ&eacute;es &agrave; son go&ucirc;t pour l&rsquo;imposture, la suite du film va s&rsquo;attacher &agrave; les neutraliser.&nbsp;</p> <p>Significativement, c&rsquo;est le p&egrave;re qui met fin &agrave; la mascarade initi&eacute;e par l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne en r&eacute;affirmant son statut de &laquo;chef de famille<a href="#nbp_63" id="footnoteref63_hntuscp" name="lien_nbp_63" title="Seth Lord: I find very unamusing the stupid, undignified spectacle we’re making of ourselves for the benefit of those two newspaper people. (…) I insist that we inform Connor and the camera lady that we’re all aware of their purpose here. Tracy: All right. I’ll tell them myself. Seth Lord: It’d look better coming from me, don’t you think, as the titular head of the family?">63</a>&raquo;. Cette reprise en main patriarcale s&rsquo;accompagne de deux sc&egrave;nes dans lesquelles Dexter puis Seth Lord condamnent violemment l&rsquo;&eacute;cart de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne &agrave; un id&eacute;al de f&eacute;minit&eacute; aimante, d&eacute;vou&eacute;e et sensuelle. &Eacute;branl&eacute;e par les plaidoyers de ces deux figures masculines, Tracy s&rsquo;enivre au champagne et se laisse charmer par Mike qui la fait descendre de son pi&eacute;destal et la gu&eacute;rit de sa &laquo;frigidit&eacute;&raquo;, r&eacute;v&eacute;lant ainsi l&rsquo;&laquo;&ecirc;tre humain&raquo; et la &laquo;femme de premier ordre<a href="#nbp_64" id="footnoteref64_umgwp6a" name="lien_nbp_64" title="Ces expressions («a first-class humanbeing» / «a first-class woman») sont employées par Dexter un peu plus tôt.">64</a>&raquo; qui sommeillaient en elle. Or cette sc&egrave;ne d&rsquo;amour constitue &eacute;galement l&rsquo;apog&eacute;e de la logique voyeuriste qui sous-tend le film.&nbsp;</p> <p>Malgr&eacute; son regard critique sur la presse &agrave; scandale, le film met en place un dispositif qui s&rsquo;apparente aux articles que l&rsquo;on peut trouver dans ce type de publication. De la m&ecirc;me mani&egrave;re que les magazines annoncent r&eacute;guli&egrave;rement qu&rsquo;ils vont r&eacute;v&eacute;ler en exclusivit&eacute; la v&eacute;ritable personnalit&eacute; des stars &ndash; surtout lorsque celles-ci sont particuli&egrave;rement secr&egrave;tes et insaisissables &ndash;,&nbsp;<em>The Philadelphia Story</em>&nbsp;organise un d&eacute;voilement progressif de la personnalit&eacute; profonde de Tracy et, &agrave; travers elle, de la star qui l&rsquo;incarne. Apr&egrave;s avoir &eacute;tabli que son image d&rsquo;aristocrate &laquo;snob&raquo; n&rsquo;est qu&rsquo;une cr&eacute;ation artificielle dont elle se sert pour prot&eacute;ger sa vie priv&eacute;e contre l&rsquo;intrusion des journalistes, le film r&eacute;v&egrave;le au public la v&eacute;ritable Hepburn qui se cache sous cette carapace. Ainsi, la sc&egrave;ne du t&ecirc;te-&agrave;-t&ecirc;te avec Mike offre un acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;intimit&eacute; &eacute;motionnelle de l&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ne et nous donne le privil&egrave;ge d&rsquo;assister &agrave; un moment particuli&egrave;rement priv&eacute;. La pr&eacute;sence de Dinah qui &eacute;pie la sc&egrave;ne de la fen&ecirc;tre de sa chambre, procure au spectateur le plaisir suppl&eacute;mentaire de savoir Hepburn objet d&rsquo;un regard voyeuriste<a href="#nbp_65" id="footnoteref65_bqukfao" name="lien_nbp_65" title="Le personnage de la petite sœur fonctionne ainsi à plusieurs reprises comme un double diégétique du public qui exprime et alimente les désirs voyeuristes et sadiques de bon nombre des spectateurs de l’époque vis-à-vis d’Hepburn. Lorsque sa mère l’empêche de suivre Dexter et Tracy, elle trépigne: «Please, Mother. Maybe he’s going to sock her!»">65</a>. Les derni&egrave;res images du film parach&egrave;vent cette entreprise. Alors que Tracy et Dexter font face au pr&ecirc;tre, le r&eacute;dacteur en chef de&nbsp;<em>Spy Magazine</em>&nbsp;appara&icirc;t derri&egrave;re Oncle Willie pour voler des photos de la c&eacute;r&eacute;monie. Le contrechamp o&ugrave; apparaissent les protagonistes, pris par surprise, se transforme alors en une photo de magazine, dont les pages tournent jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;apparition du traditionnel &laquo;The End&raquo;. Le clich&eacute; sur lequel elle d&eacute;couvre avec stup&eacute;faction que le journaliste s&rsquo;est introduit &agrave; son mariage et la photographie &agrave; son insu, ent&eacute;rine ainsi l&rsquo;exposition forc&eacute;e de Hepburn au regard de la presse et du public, auquel elle s&rsquo;&eacute;tait d&eacute;rob&eacute;e d&egrave;s son arriv&eacute;e &agrave; Hollywood<a href="#nbp_66" id="footnoteref66_u4udmrw" name="lien_nbp_66" title="Dans le cadre de l’impressionnante campagne promotionnelle accompagnant la sortie de The Philadelphia Story, certaines stratégies publicitaires déployées par les exploitants utilisent des ressorts allant dans le même sens. À Louisville, dans le Kentucky, des employées de bureau reçoivent par exemple des enveloppes marquées d’un «P.S. (Confidentiel)» et contenant une feuille du journal intime de Tracy Lord (Showmen’s Trade Review, February 22, 1941, p.19). Sur une affiche promotionnelle, on peut voir Cary Grant et Katharine Hepburn s’embrasser à l’intérieur d’un trou de serrure (The Philadelphia Story pressbook, Margaret Herrick Library, p.9).">66</a>.</p> <p>Premier film &agrave; aborder explicitement la question du rapport de Hepburn &agrave; la presse,&nbsp;<em>The Philadelphia Story&nbsp;</em>entreprend donc de la gu&eacute;rir &agrave; l&rsquo;&eacute;cran de sa propension &agrave; l&rsquo;imposture avec une fermet&eacute; in&eacute;gal&eacute;e. Le triomphe public et critique du film semble ainsi confirmer que cette dimension de la&nbsp;<em>persona</em>&nbsp;de la star, avec toutes ses connotations probl&eacute;matiques en termes de genre, de classe et d&rsquo;identit&eacute; nationale, devait &ecirc;tre condamn&eacute;e sans ambigu&iuml;t&eacute;. Reste cependant que le dispositif &agrave; double d&eacute;tente mobilis&eacute; par le film offre aussi la possibilit&eacute; de prendre plaisir au tour que Tracy joue aux journalistes, et donc du pouvoir que tire Hepburn de sa ma&icirc;trise de la mascarade. Cette ambivalence, que le film partage avec la plupart des productions hollywoodiennes<a href="#nbp_67" id="footnoteref67_dfq4qq9" name="lien_nbp_67" title="Noël Burch, De la beauté des latrines, Paris, L’Harmattan, 2007, p.165-192.">67</a>, permet ainsi &agrave; la star de s&eacute;duire aussi bien le public enthousiasm&eacute; par ses excentricit&eacute;s, que celui qui lui est plus hostile. En cela, la mani&egrave;re dont&nbsp;<em>The Philadelphia Story&nbsp;</em>r&eacute;sout le probl&egrave;me pos&eacute; par l&rsquo;imposture d&rsquo;Hepburn exemplifie le traitement dont sa&nbsp;<em>persona</em>&nbsp;va &ecirc;tre souvent l&rsquo;objet &agrave; l&rsquo;&eacute;cran, notamment face &agrave; Spencer Tracy, et qui va lui permettre de rencontrer un succ&egrave;s durable sur la base d&rsquo;une image&nbsp;<em>a priori</em>&nbsp;peu consensuelle.</p> <p>&nbsp;</p> <hr /> <p><strong>Notes et r&eacute;f&eacute;rences</strong></p> <p>&nbsp;</p> <p><a href="#lien_nbp_1" name="nbp_1">1</a>&nbsp;<em>Hollywood Reporter</em>, May 3, 1938, p.5. Sur ce placard, voir Isabelle Dhomm&eacute;e,&nbsp;<em>Les cinq &laquo;empoisonneuses&raquo;: G.&nbsp;Garbo, J. Crawford, M. Dietrich, M. West, K.&nbsp;Hepburn et les &Eacute;tats-Unis des ann&eacute;es trente: analyse du ph&eacute;nom&egrave;ne social de la star</em>, Villeneuve d&rsquo;Ascq:&nbsp;ANRT, [1995] 2002, p.265-274.</p> <p><a href="#lien_nbp_2" name="nbp_2">2</a>&nbsp;Comme c&rsquo;est commun&eacute;ment le cas aujourd&rsquo;hui dans le champ des&nbsp;<em>star studies</em>, nous d&eacute;signons par&nbsp;<em>persona</em>&nbsp;ce que Richard Dyer nommait &laquo;<em>star image</em>&raquo;&nbsp;dans son ouvrage fondateur de 1979: la &laquo;polys&eacute;mie structur&eacute;e&raquo; qui r&eacute;sulte de la convergence des diff&eacute;rents textes m&eacute;diatiques produisant des significations sur la star (voir Richard Dyer,&nbsp;<em>Le star-syst&egrave;me hollywoodien</em>, Paris, L&rsquo;Harmattan, 2004, p.62-68).</p> <p><a href="#lien_nbp_3" name="nbp_3">3</a>&nbsp;Sur la n&eacute;cessit&eacute; de prendre en compte ces mat&eacute;riaux extra-filmiques dans l&rsquo;&eacute;tude de l&rsquo;image des stars, voir Richard Dyer,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.62-67; Martin Shingler,&nbsp;<em>Star Studies: A Critical Guide</em>, London, BFI, Palgrave Macmillan, 2012, p.20-22.</p> <p><a href="#lien_nbp_4" name="nbp_4" style="font-size: 12pt;">4</a>&nbsp;<span style="font-size: 12pt;">&laquo;&ldquo;Oh, you must be mixing me up with that&nbsp;</span><em style="font-size: 12pt;">other</em><span style="font-size: 12pt;">&nbsp;Katharine Hepburn!&rdquo; she smiles, when they approach too close to the facts. A swell gag, by the way &ndash; invent a &ldquo;double&rdquo; and hang your history on her!&raquo; (</span><em style="font-size: 12pt;">Motion Picture</em><span style="font-size: 12pt;">, March 1933, p.36).</span></p> <p><a href="#lien_nbp_5" name="nbp_5">5</a>&nbsp;&laquo;Katharine Hepburn is a most disconcerting, and to many newspaper reporters, a most irritating young woman. She has a &ldquo;cute&rdquo; little habit of making up perfectly whopping fibs about herself and passing the information around as authentic facts of her life. She told one reporter that she has been married so many times she &ldquo;couldn&rsquo;t remember&rdquo; the exact number of husbands. To another she &ldquo;confided&rdquo; that she had never even been engaged. One moment Greta Garbo is her favorite screen star and the next, she is quoted as saying that Helen Hayes is her only screen idol. One harassed young scribe dared to ask La Hepburn if it was true that she is a very, very rich young woman. &ldquo;Really,&rdquo; she answered, &ldquo;I can&rsquo;t remember. What do you think?&rdquo;&raquo; (<em>Motion Picture</em>, February 1933, p.98).</p> <p><a href="#lien_nbp_6" name="nbp_6">6</a>&nbsp;&laquo;And, by the way, for once those &ldquo;society girl&rdquo; stories have basis in fact. Katherine (<em>sic</em>) really belongs to the best people, my dear, and has enough money to buy Rolls Royces to match her hats &ndash; if she wishes&raquo; (<em>Movie Classic</em>, November 1932, p.11).</p> <p><a href="#" name="nbp_7">7</a>&nbsp;&laquo;(&hellip;) it isn&rsquo;t American to put your hand in front of your face when the cameras are aiming at you. Not at all. The only Americans who do that are public enemies. Our public idols, on the other hand, including our Presidents, put up with it.&raquo; (<em>Screenland</em>, December 1933, p.17)</p> <p><a href="#lien_nbp_8" name="nbp_8">8</a>&nbsp;Isabelle Dhomm&eacute;e,&nbsp;<em>Les cinq &laquo;empoisonneuses&raquo;, op. cit</em>., p.275-319. Sur la question nationale, voir&nbsp;notamment: Wendy L. Wall,&nbsp;<em>Inventing the &ldquo;American Way&rdquo;: The Politics of Consensus from the New Deal to the Civil Rights Movement</em>, New York, Oxford University Press, 2009, p.15-33.</p> <p><a href="#lien_nbp_9" name="nbp_9">9</a>&nbsp;&laquo;She has detached herself from all Hollywood. High on a hill built of her own cunning, she stands. And surveys this Hollywood below her. And imagines her skirts are free to it. At its bewildered groping, heart-breaking blunders, she laughs. And laughs. And laughs. She&rsquo;s smart. She&rsquo;s shrewd. She&rsquo;s clever. But she&rsquo;s forgotten one thing. Hollywood always laughs last. One day she&rsquo;ll find that out.&raquo; (<em>Photoplay</em>, August 1933, p.101)</p> <p><a href="#lien_nbp_10" name="nbp_10">10</a>&nbsp;Voir par exemple:<em>The New Movie Magazine</em>, July 1933, p.93&nbsp;;&nbsp;<em>Film Weekly</em>, October 20, 1933, p.20; ou le&nbsp;<em>pressbook</em>&nbsp;du film: &laquo;In&nbsp;<em>Morning Glory</em>, her role is ideal, in that the difficulties which her Eva Lovelace overcomes are similar in many respect to those which Miss Hepburn conquered in her own march to recognition. For while the red haired star scored a swift triumph in pictures, she had been called upon to make use of all the&nbsp;qualities Sherman extolls, to win the attention and acclaim of Broadway. It was hard-earned.&raquo; (<em>Morning Glory pressbook</em>, Margaret Herrick Library).</p> <p><a href="#lien_nbp_11" name="nbp_11">11</a>&nbsp;&laquo;I mean, they take me for English at home...where they think you&#39;re either English or affected if you try to speak properly.&raquo;</p> <p><a href="#lien_nbp_12" name="nbp_12">12</a>&nbsp;&laquo;They&rsquo;re very bourgeois in Franklin, and provincial. The soul has no liberty in such a place.&raquo;</p> <p><a href="#lien_nbp_13" name="nbp_13">13</a>&nbsp;&laquo;I shouldn&rsquo;t like to go about swathed in furs unless they&#39;re sables. I don&#39;t like anything cheap, particularly furs.&raquo;</p> <p><a href="#lien_nbp_14" name="nbp_14">14</a>&nbsp;&laquo;I&rsquo;ve something very wonderful in me, you&rsquo;ll see.&raquo;</p> <p><a href="#lien_nbp_15" name="nbp_15">15</a>&nbsp;Ce type de discours culminera dans l&rsquo;article &laquo;The Power Behind the Hepburn Throne&raquo; (<em>Photoplay</em>, February 1934, p.31, 107-109), dans lequel Laura Harding est pr&eacute;sent&eacute;e comme une femme de l&rsquo;ombre qui aurait mis en sc&egrave;ne les apparitions publiques de Hepburn depuis ses d&eacute;buts: &laquo;Katharine&rsquo;s every eccentric move is just so much play acting and Laura Harding is her competent scenarist and director&raquo; (<em>Ibid</em>., p.31).</p> <p><a href="#lien_nbp_16" name="nbp_16">16</a>&nbsp;Sur ce point, voir l&rsquo;embl&eacute;matique: &laquo;It Can&rsquo;t Be I &ndash; It Must Be Somebody Else!&raquo;,&nbsp;<em>The New Movie Magazine</em>, September 1933, p.24-25, 92-95.</p> <p><a href="#lien_nbp_17" name="nbp_17">17</a>&nbsp;&laquo;Do you believe in marriage? [&hellip;]&nbsp;I don&rsquo;t. Not for the artists.&raquo;</p> <p><a href="#lien_nbp_18" name="nbp_18">18</a>&nbsp;&laquo;Katharine lied about her marriage. But it was a gallant lie. And there was a gallant reason behind all her evasions. [&hellip;]&nbsp;It was because she was frantic with anxiety about Ludlow Smith. It was because she loved him so much and valued her marriage so highly that, in the confusion and haste of arriving home from abroad, she let a sort of school-girl panic seep into her heart.&raquo; (<em>Modern Screen</em>, October 1933, p.17).</p> <p><a href="#lien_nbp_19" name="nbp_19">19</a>&nbsp;Voir par exemple:&nbsp;<em>L.A. Herald</em>, January 20, 1934;&nbsp;<em>L.A. Examiner</em>, January 18, 1934;&nbsp;<em>L.A. Times</em>, January 25, 1934;&nbsp;<em>Picture Play</em>, June 1934, p.53. En 1935, des lectrices de&nbsp;<em>Picture Play</em>&nbsp;regrettent que son talent soit &laquo;min&eacute; par des poses affect&eacute;es et une attitude &eacute;go&iuml;ste de &ldquo;petite fille g&acirc;t&eacute;e&rdquo; envers son public&laquo;A great actress whose undoubted talent is marred by theatrical posing and a selfish, &lsquo;spoiled-little-girl&rsquo; attitude toward her public.&raquo; (<em>Picture Play</em>, November 1935, p.6).</p> <p><a href="#lien_nbp_20" name="nbp_20">20</a>&nbsp;&laquo;For a long time Hepburn&rsquo;s worshipping public thought her caprices cute. But now many think she hold her one-ring circus too long&raquo;; &laquo;Do Hollywood stars commit career suicide? Do they hang themselves with their own gayly spun webs of eccentricities &ndash; acts &ndash; attitudes &ndash; poses &ndash; temperamental displays?&raquo; (&laquo;Is Hepburn Killing her Own Career?&raquo;,&nbsp;<em>Photoplay</em>, September 1935, p.38-39, 99-100).</p> <p><a href="#lien_nbp_21" name="nbp_21">21</a>&nbsp;&laquo;The public demands little of its idols &ndash; movie or otherwise &ndash; these days &ndash; except sincerity.&raquo; (<em>Ibid.</em>, p. 39).</p> <p><a href="#lien_nbp_22" name="nbp_22">22</a>&nbsp;Voir notamment: Isabelle Dhomm&eacute;e,&nbsp;<em>Les cinq &laquo;empoisonneuses&raquo;, op. cit</em>., p.290-293.</p> <p><a href="#lien_nbp_23" name="nbp_23">23</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Here is an exquisitely balanced performance-within-a-performance that fully captures the twisted feelings of a girl who is never real even to herself.&nbsp;&raquo; (<em>Liberty</em>, September 21, 1935).</p> <p><a href="#lien_nbp_24" name="nbp_24">24</a>&nbsp;Voir tous les discours qui, &agrave; la m&ecirc;me &eacute;poque, pr&eacute;sentent Hepburn comme une experte dans l&rsquo;art de la publicit&eacute;:&nbsp;<em>Hollywood</em>, September 1935, p.34, 56-58;&nbsp;<em>The New Movie Magazine</em>, March 1935, p.63;&nbsp;<em>MovieClassic</em>, March 1935, p.25.</p> <p><a href="#lien_nbp_25" name="nbp_25">25</a>&nbsp;Voir par exemple: &laquo;Humor and pathos are skillfully intermingled&raquo; (<em>Preview comments</em>,&nbsp;<em>George Stevens papers</em>, Margaret Herrick Library); &laquo;Laughable yet heartbreaking&raquo; (<em>Picture Play</em>, November 1935, p.55); &laquo;Humor and wistful pathos&raquo; (<em>New York Post</em>, in Homer Dickens,&nbsp;<em>The Films of Katharine Hepburn</em>, New York: Citadel Press, 1990, p.69); etc.</p> <p><a href="#lien_nbp_26" name="nbp_26">26</a>&nbsp;Voir par exemple ce t&eacute;moignage d&rsquo;une spectatrice publi&eacute; par&nbsp;<em>Silver Screen</em>: &laquo;Every girl has been a wall-flower at some time or other in her life and how, oh dreadfully, we understand Alice&rsquo;s humiliation when no one asks her to dance. Praise must go immediately to George Stevens, the director, for the magnificent way in which he directed the entire picture, but especially the party sequence, which had the men in the theatre simply roaring with laughter, but the women sort of choking back sobs &ndash; you and you and I all have very poignant memories of similar parties.&raquo; (<em>Silver Screen</em>, October 1935, p.54).</p> <p><a href="#lien_nbp_27" name="nbp_27">27</a>&nbsp;&laquo;So Katharine had unwittingly created a Frankenstein. She had been putting on an act for a very limited and professional audience, and suddenly discovered that the whole country had been, as it were, looking on and listening in! That it had already accepted the eccentric character she had created as the real Katharine Hepburn!&raquo; (<em>Screenland</em>, March 1936, p.70).</p> <p><a href="#lien_nbp_28" name="nbp_28">28</a>&nbsp;&laquo;People did not laugh at Katharine&rsquo;s serious scenes. In some manner, her remarkable screen presence reached out, gripped them, touched their hearts with a poignant tang. In gratitude, rather than fear for the future, Katharine then passionately swung to an opposite extreme in her private life [&hellip;]. All her around-the-lot pose and pretense was gone. [&hellip;]&nbsp;she now became frank, happy and warmly human [&hellip;]. Now Katharine resumed the dungarees again, in a passion for utter sincerity. [&hellip;]&nbsp;she&rsquo;d let people see the actual truth about herself [&hellip;]&raquo; (<em>Screenland</em>, March 1936, p.70).</p> <p><a href="#lien_nbp_29" name="nbp_29">29</a>&nbsp;Peu apr&egrave;s la sortie du film, une journaliste de&nbsp;<em>Modern Screen</em>&nbsp;d&eacute;fend l&rsquo;actrice contre ceux qui l&rsquo;accusent de n&rsquo;&ecirc;tre qu&rsquo;une &laquo;imitatrice&raquo; en mettant en avant sa performance dans&nbsp;<em>Alice Adams</em>&nbsp;comme preuve qu&rsquo;elle est une &laquo;artiste authentique&raquo; (&laquo;Hepburn &ndash; Artist or Imitator?&raquo;,&nbsp;<em>Modern Screen</em>, January 1936, p.28-29).</p> <p><a href="#lien_nbp_30" name="nbp_30">30</a>&nbsp;&laquo;I revere Booth Tarkington for that human, touching, real story, but you &ndash; I love you for your artistry, your imagination, your understanding and personality. I cannot think why I never before sensed your warmth and depth, your genuineness.&raquo; (<em>Movie Classic</em>, January 1936, p.74).</p> <p><a href="#lien_nbp_31" name="nbp_31">31</a>&nbsp;Sur la perturbation de l&rsquo;ordre de genre g&eacute;n&eacute;r&eacute;e par la D&eacute;pression, voir: Jules Sandeau, &laquo;Retour sur les films de gangsters hollywoodiens des ann&eacute;es 30: codage et d&eacute;codage de masculinit&eacute;s marginalis&eacute;es&raquo;,&nbsp;<em>Genre en s&eacute;ries: cin&eacute;ma, t&eacute;l&eacute;vision, m&eacute;dias</em>&nbsp;[En ligne], n&deg;1, mars 2015. Sur la r&eacute;affirmation de la domination masculine &agrave; partir du milieu de la d&eacute;cennie, voir: Isabelle Dhomm&eacute;e,&nbsp;<em>Les cinq &laquo;empoisonneuses&raquo;, op. cit</em>., p. 275-319.</p> <p><a href="#lien_nbp_32" name="nbp_32">32</a>&nbsp;<em>Photoplay</em>, July 1934, p.69.</p> <p><a href="#lien_nbp_33" name="nbp_33">33</a>&nbsp;&laquo;I do not understand you. On the hill and in the square, you spoke as broadly as any woman in Thrumbs. Now you fling a cloak over your shoulders and become a fine lady.&raquo;</p> <p><a href="#lien_nbp_34" name="nbp_34">34</a>&nbsp;Voir par exemple<em>It Happened One Night</em>&nbsp;(Frank Capra, 1934),&nbsp;<em>The Gilded Lily</em>&nbsp;(Wesley Ruggles,1935),&nbsp;<em>Hands Across the Table</em>&nbsp;(Mitchell Leisen, 1935),&nbsp;<em>Naughty Marietta</em>&nbsp;(Robert Z. Leonard&amp;W.S. Van Dyke, 1935),&nbsp;<em>My Man Godfrey</em>&nbsp;(Gregory La Cava, 1936),&nbsp;<em>Love on the Run</em>&nbsp;(W. S. Van Dyke, 1936), etc.</p> <p><a href="#lien_nbp_35" name="nbp_35">35</a>&nbsp;Il faut entendre &laquo;peuple&raquo; au sens le plus large du terme ici. Les &laquo;hommes du peuple&raquo; que les films de la p&eacute;riode opposent aux membres de la classe dominante sont d&rsquo;ailleurs rarement des prol&eacute;taires et appartiennent plut&ocirc;t &agrave; la classe moyenne.</p> <p><a href="#lien_nbp_36" name="nbp_36">36</a>&nbsp;Voir l&rsquo;article de&nbsp;<em>Photoplay</em>&nbsp;cit&eacute; plus haut (August 1933, p. 101).</p> <p><a href="#lien_nbp_37" name="nbp_37">37</a>&nbsp;&laquo;Hepburn is a Shy Faun&raquo;,&nbsp;<em>Motion Picture</em>, March 1935, p.21-22, 62.</p> <p><a href="#lien_nbp_38" name="nbp_38">38</a>&nbsp;Jules Sandeau, &laquo;Katharine Hepburn en reine de c&oelig;ur:&nbsp;<em>Mary of Scotland</em>&nbsp;(John Ford, 1936)&raquo;,&nbsp;<em>Revue LISA/LISA e-journal</em>&nbsp;[En ligne], vol. XIV, n&deg;2,&nbsp;2016, 22.</p> <p><a href="#lien_nbp_39" name="nbp_39">39</a>&nbsp;&laquo;Oh, Hepburn, Behave!&raquo;,&nbsp;<em>Picture Play</em>, May 1934, p.32-33, 57; &laquo;Hartford Resents Hepburn!&raquo;,&nbsp;<em>Picture Play</em>, September 1934, p.30, 62.</p> <p><a href="#lien_nbp_40" name="nbp_40">40</a>&nbsp;&laquo;An open letter from one of her home-towners tells Katharine how proud they are &ndash; and how much they&rsquo;d like to spank her for her attitude toward fans and publicity [&hellip;]. For the butcher, the baker, and the candlestick maker, to say nothing of their respective wives and daughters hereabouts, all have a desire to administer to Hartford&rsquo;s one and only star a good spanking [&hellip;]&raquo; (<em>Picture Play</em>, May 1934, p.32).</p> <p><a href="#lien_nbp_41" name="nbp_41">41</a>&nbsp;&laquo;To begin with, Katharine Hepburn admittedly is, and always has been, of the &ldquo;upper crust,&rdquo; and it goes without saying that she would be more sympathetically regarded had she been a working girl who had made good. As it is, she had everything necessary to a girl&rsquo;s happiness to begin with, so what she has achieved in addition has, therefore, lost considerable of its attractiveness for the average girl in Hartford. [&hellip;]&nbsp;Katharine Hepburn was born in an aristocratic set and has lived in it all her life. She is apart from the average residents, those who have to save their nickels and dimes to see a Hepburn picture, or any other picture.&raquo; (<em>Picture Play</em>, September 1934, p.30, 62).</p> <p><a href="#lien_nbp_42" name="nbp_42">42</a>&nbsp;&laquo;To them her home is &ldquo;somewhere up on Bloomfield Avenue&rdquo;, which is in that ritzy locality on the outskirts of the city. And the Hepburn summer home is at Saybrook Point, Fenwick, Connecticut, a colony of Hartford&rsquo;s select families. Thus, at every turn, Katharine Hepburn is taken out of any atmosphere that could be sympathetic to those people who comprise picture audiences&raquo; (<em>Picture Play</em>, September 1934, p.62).</p> <p><a href="#lien_nbp_43" name="nbp_43">43</a>&nbsp;&laquo;You look so&hellip; so tired.&raquo;</p> <p><a href="#lien_nbp_44" name="nbp_44">44</a>&nbsp;&laquo;Susan, I&rsquo;ve lost all my looks.&raquo;</p> <p><a href="#lien_nbp_45" name="nbp_45">45</a>&nbsp;&laquo;No doubt these varying flirtations amuse you. Has it never occurred to you that they may hurt others?&raquo;</p> <p><a href="#lien_nbp_46" name="nbp_46">46</a>&nbsp;Phoebe ne la portait que pour elle et sa s&oelig;ur, en souvenir du pass&eacute;. Le Dr. Brown d&eacute;barque alors &agrave; l&rsquo;improviste. Prise au d&eacute;pourvu, la domestique introduit Phoebe comme &eacute;tant la ni&egrave;ce de Phoebe et initie ainsi la mascarade.</p> <p><a href="#lien_nbp_47" name="nbp_47">47</a>&nbsp;En ce qui concerne le refus de Hepburn d&rsquo;&ecirc;tre &eacute;rotis&eacute;e, voir par exemple cet article du magazine&nbsp;<em>Hollywood&nbsp;</em>publi&eacute; trios mois avant la sortie de&nbsp;<em>Quality Street</em>: &laquo;On a number of occasions, her producers and advisers have suggested that she do a part where she could throw on some strictly modern lure &ndash; sex-appeal, or whatever you want to call it &ndash; by the fairly simple method of taking off some of those proverbial high collars of hers, to reveal her neck and her shoulders. They also suggested that she might take a few inches off her long gowns to show shapely legs. [&hellip;]&nbsp;This, Miss Hepburn let it be known, was exactly what she did not want to be&raquo; (<em>Hollywood</em>, December 1936, p.25). Conform&eacute;ment aux normes de repr&eacute;sentation des corps f&eacute;minins qui s&rsquo;imposent progressivement au cours de la seconde moiti&eacute; de la d&eacute;cennie, elle sera &eacute;rotis&eacute;e au tournant des ann&eacute;es 1940, notamment dans&nbsp;<em>The Philadelphia Story</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Woman of The Year&nbsp;</em>(George Stevens, 1942).</p> <p><a href="#lien_nbp_48" name="nbp_48">48</a>&nbsp;&laquo;<em>Sylvia Scarlett</em>&nbsp;reveals the interesting fact that Katharine Hepburn is better looking as a boy than as a woman&raquo; (<em>Time</em>, in Homer Dickens,&nbsp;<em>The Films of Katharine Hepburn</em>,&nbsp;<em>op.cit.</em>, p.74).</p> <p><a href="#lien_nbp_49" name="nbp_49">49</a>&nbsp;&laquo; She wears boys&rsquo; clothes in this, her next picture, and looks&nbsp;<em>exactly</em>&nbsp;like your seventeen-year-old brother.&raquo; (<em>Screenland</em>, November 1935, p.61).</p> <p><a href="#lien_nbp_50" name="nbp_50">50</a>&nbsp;&laquo;The cast and director of Sylvia Scarlett got quite a scare the other day when an excited extra came dashing on the set and screamed that a strange young man was in Katharine&rsquo;s dressing room rummaging around her top drawer and even opening her bag. The &ldquo;strange young man&rdquo; turned out to be no less than Katie herself [&hellip;]&raquo; (<em>Silver Screen</em>, November 1935, p.58).</p> <p><a href="#lien_nbp_51" name="nbp_51">51</a>&nbsp;&laquo;For the first time Hepburn has been able to trot around Hollywood to her heart&rsquo;s content without being stared at by the fans. And don&rsquo;t think she isn&rsquo;t taking advantage of this. It seems that every night for two weeks she went to one of those golf driving ranges out in Santa Monica and never once did they discover her identity.&raquo; (<em>Silver Screen</em>, November 1935, p.58).</p> <p><a href="#lien_nbp_52" name="nbp_52">52</a>&nbsp;&laquo;You&rsquo;ve got to learn the tricks of the trade.&raquo;</p> <p><a href="#lien_nbp_53" name="nbp_53">53</a>&nbsp;&laquo;I should have stayed as a boy. It&rsquo;s all I&rsquo;m fit for.&raquo;</p> <p><a href="#lien_nbp_54" name="nbp_54">54</a>&nbsp;Stephen Groark, &laquo;George Cukor&rsquo;s&nbsp;<em>Sylvia Scarlett</em>&raquo;,&nbsp;<em>The Velvet Light Trap</em>, 3, 1971-1972, p.19-22; Andrew Britton,&nbsp;<em>Katharine Hepburn: Star as Feminist,&nbsp;</em>New York, Columbia University Press, 2003, p.97-99. Voir&eacute;galement Andrea Weiss, &laquo;&lsquo;A Queer Feeling When I Look at You&rsquo;: Hollywood Stars and Lesbian Spectatorship in the 1930s&raquo;, in Christine Gledhill (ed.),&nbsp;<em>Stardom: Industry of Desire</em>, London and New York, Routledge, 1991, p.297.</p> <p><a href="#lien_nbp_55" name="nbp_55">55</a>&nbsp;Voir la sc&egrave;ne o&ugrave; elle se declare d&eacute;gout&eacute;e par la vision misogyne que Monkley a des femmes (&laquo;If I was a girl, I&rsquo;d see myself dead before I got mixed up with you&raquo;), mais aussi et surtout celle o&ugrave; elle refuse d&rsquo;instrumentaliser Maudie (&laquo;I&rsquo;m sick of the whole thing. I thought it was fun at first. I thought it was being like a highwayman. But when it comes to getting a poor servant girl out of her job... I&rsquo;m not having any&raquo;).</p> <p><a href="#lien_nbp_56" name="nbp_56">56</a>&nbsp;Voir Andrew Britton,&nbsp;<em>Katharine Hepburn</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p. 99.</p> <p><a href="#lien_nbp_57" name="nbp_57">57</a>&nbsp;&laquo;<em>Sylvia Scarlett</em>&nbsp;presents Katharine Hepburn as a girl, born to be an actress, who disguises herself as a boy in order to help her knavish father, becomes a member of a wandering troupe of players, and eventually reveals her womanliness.&raquo; (<em>Movie Classic</em>, March 1936, p.22).</p> <p><a href="#lien_nbp_58" name="nbp_58">58</a>&nbsp;En ce qui concerne&nbsp;<em>Quality Street</em>, les traces de r&eacute;ception indiquent que c&rsquo;est principalement en tant que film en costume qu&rsquo;il ne r&eacute;alise pas une bonne performance au box-office. Voir par exemple: &laquo;Let us have Katie as a modern young woman, not as Phoebe or Mary Stuart&raquo; (<em>Photoplay</em>, July 1937, p.119).</p> <p><a href="#lien_nbp_59" name="nbp_59">59</a>&nbsp;<em>Sylvia Scarlett</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Bringing Up Baby</em>&nbsp;font respectivement perdre 362&nbsp;000 et 365 000 dollars au studio (&laquo;RKO Film Grosses, 1929-1951: the C.J. Tevlin ledger&raquo;,&nbsp;<em>Historical Journal of Popular Film, Radio and Television</em>, 14(1), 1994).</p> <p><a href="#lien_nbp_60" name="nbp_60">60</a>&nbsp;Lori Landay,&nbsp;<em>Madcaps, Screwballs, and Con Women: The Female Trickster in American Culture</em>, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1998.</p> <p><a href="#lien_nbp_61" name="nbp_61">61</a>&nbsp;&laquo;Theoretically, the comedy of&nbsp;<em>Bringing Up Baby</em>&nbsp;is the comedy of male castration and humiliation, yet it is never actually felt as such: the process of &lsquo;humiliation&rsquo; acquires a positive meaning, in that it constitutes the condition on which David (Grant) can learn, in the Hawksian terminology, to &lsquo;have fun&rsquo;&raquo; (Andrew Britton,&nbsp;<em>Katharine Hepburn</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.182). Voir &eacute;galement Andrew Britton, &laquo;Cary Grant: Comedy and Male Desire&raquo;, in Barry Keith Grant (ed.),&nbsp;<em>Britton on Film</em>, Detroit, Wayne State University Press, 2009, p. 14.</p> <p><a href="#lien_nbp_62" name="nbp_62">62</a>&nbsp;<em>Variety</em>, May 11, 1938, p.8; Richard B.,&nbsp;<em>RKO Radio Pictures: A Titan Is Born</em>, Berkeley, Los Angeles, London, University of California Press, 2012, p.152; Isabelle Dhomm&eacute;e,&nbsp;<em>Les cinq &laquo;empoisonneuses&raquo;</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.354.</p> <p><a href="#lien_nbp_63" name="nbp_63">63</a>&nbsp;<em>Seth Lord</em>: I find very unamusing the stupid, undignified spectacle we&rsquo;re making of ourselves for the benefit of those two newspaper people. (&hellip;) I insist that we inform Connor and the camera lady that we&rsquo;re all aware of their purpose here.</p> <p><em>Tracy</em>: All right. I&rsquo;ll tell them myself.</p> <p><em>Seth Lord</em>: It&rsquo;d look better coming from me, don&rsquo;t you think, as the titular head of the family?</p> <p><a href="#lien_nbp_64" name="nbp_64">64</a>&nbsp;Ces expressions (&laquo;a first-class humanbeing&raquo; / &laquo;a first-class woman&raquo;) sont employ&eacute;es par Dexter un peu plus t&ocirc;t.</p> <p><a href="#lien_nbp_65" name="nbp_65">65</a>&nbsp;Le personnage de la petite s&oelig;ur fonctionne ainsi &agrave; plusieurs reprises comme un double di&eacute;g&eacute;tique du public qui exprime et alimente les d&eacute;sirs voyeuristes et sadiques de bon nombre des spectateurs de l&rsquo;&eacute;poque vis-&agrave;-vis d&rsquo;Hepburn. Lorsque sa m&egrave;re l&rsquo;emp&ecirc;che de suivre Dexter et Tracy, elle tr&eacute;pigne: &laquo;Please, Mother. Maybe he&rsquo;s going to sock her!&raquo;</p> <p><a href="#lien_nbp_66" name="nbp_66">66</a>&nbsp;Dans le cadre de l&rsquo;impressionnante campagne promotionnelle accompagnant la sortie de&nbsp;<em>The Philadelphia Story</em>, certaines strat&eacute;gies publicitaires d&eacute;ploy&eacute;es par les exploitants utilisent des ressorts allant dans le m&ecirc;me sens. &Agrave; Louisville, dans le Kentucky, des employ&eacute;es de bureau re&ccedil;oivent par exemple des enveloppes marqu&eacute;es d&rsquo;un &laquo;P.S. (Confidentiel)&raquo; et contenant une feuille du journal intime de Tracy Lord (<em>Showmen&rsquo;s Trade Review</em>, February 22, 1941, p.19). Sur une affiche promotionnelle, on peut voir Cary Grant et Katharine Hepburn s&rsquo;embrasser &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur d&rsquo;un trou de serrure (<em>The Philadelphia Story pressbook</em>, Margaret Herrick Library, p.9).</p> <p><a href="#lien_nbp_67" name="nbp_67">67</a>&nbsp;No&euml;l Burch,&nbsp;<em>De la beaut&eacute; des latrines</em>, Paris, L&rsquo;Harmattan, 2007, p.165-192.</p>